Aller au contenu

Utilisateur:Leeza.belanger/Dorothy Draper

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Introduction[modifier | modifier le code]

Dorothy Draper (22 novembre 1889 - 11 mars 1969) était une décoratrice d'intérieur américaine[1]. Stylistiquement anti-minimaliste et portant aussi le chapeau d'écrivaine sur le design d'intérieur, elle inspira une génération de décorateurs avec son livre Decorating is Fun ! (1939) ; sous-titré « How to be your own decorator ? ».

Dorothy est particulièrement reconnue pour être une des femmes ayant crée et rendu professionnel le domaine du design d'intérieur. Effectivement, aux suites de la révolution industrielle, elle contribua à la distinction et à la rémunération de cette profession.[2]

Dorothy faisait partie de ce groupe de décoratrices d'intérieur influentes et dédiées du XXe siècle qui ont remis en question le rôle de la femme comme exclusivement épouse et mère, et ce, en s'aventurant à l'extérieur de leurs maisons pour entrer celle des autres. Dorothy répandit son talent en se lançant en business et, par le fait même, influença la manière dont les gens pensent leurs espaces intérieurs.[2]

Biographie[modifier | modifier le code]

Histoire personnelle

Dorothy Draper est née Tuckerman à Tuxedo Park. Ses deux parents, Susan Mintrum Tuckerman et Paul Tuckerman, provenaient de grandes familles aristocratiques américaines. Elle fut toujours fière de son héritage et développa très tôt une attitude autoritaire, voire même arrogante, qui contribua à son grand succès.[1]

Au niveau de l'éducation, Dorothy étudie pendant deux années à l'école Brearley, située à New York, mais dit souvent ne pas aimer l'école[1]. Elle indique elle-même n'avoir d'autre formation que d'avoir grandi au milieu de belles choses.

En 1907, au 18 ans de Dorothy, sa mère lui organise une fête avec plus de 400 invités. Le souper est servit à des tables décorées par sa grand-mère avec des roses rouges et roses. Cet esthétisme coloré marque Dorothy alors qu'il deviendra, plusieurs années plus tard et accompagné de feuilles vertes, la marque de commerce de Dorothy Draper & Compagnie.[1] Lors de la même soirée, Dorothy rencontre et danse avec George Draper (à ce moment étudiant en médecine à l'Université Columbia) qu'elle marie cinq ans plus tard, soit en 1912. Leur première maison ensemble est située à New York, à seulement deux rues de celle de deux de leurs amis proches, Eleanor et Franklin D. Roosevelt. Dorothy et Eleonor sont cousines et proches depuis leur enfance. Dorothy est d'ailleurs aussi la cousine de Sister Parish, une décoratrice d'intérieur de renom. De leur côté, George et Franklin se connaissent puisqu'ils ont étudié à la même école à Groton. En 1921, George devient le médecin personnel de son ami Franklin D. Roosevelt alors que ce dernier développe la poliomyélite.[1]

Lorsque les États-Unis entrent en Première Guerre Mondiale en 1917, le mari de Dorothy est recruté par le corps médical de l'armée. Cette dernière le suit jusqu'à Washington avec leurs deux enfants, Diana et George. La famille Draper retourne vivre à New York lorsque la guerre se termine, environ un an plus tard.[1]

Carrière

La carrière de Dorothy débute dans son propre chez-soi. Son mari et elle déménageant souvent dans de différentes résidences à New York, elle décore chacune d'entre elles à son goût. Elle reçoit beaucoup de compliments sur les décors qu'elle crée de la part de ses amis et, plus encore, lors d'une soirée organisée chez elle, un invité aime tellement sa maison qu'il lui propose de l'acheter sur le champ et telle quelle, meubles et décorations inclus. Tous ces retours gratifiants mènent Dorothy a reconnaître ses talents de décoratrice et la motive à ouvrir la Architectural Clearing House en 1925, à New York.[2]

Son premier projet d'envergure arrive en 1928 lorsqu'elle se fait engagée pour designer le hall du Carlyle Hotel, un grand édifice d'appartements situé à New York. Son travail unique dans cet hôtel est ensuite exposé à de nombreux clients commerciaux potentiels (dirigeants d'entreprise, architectes, etc.).[2]

Alors que Dorothy Draper prend de plus en plus le rôle de designer d'intérieur vers la fin des années 1920, elle rencontre des obstacles importants à son lancement en business. Premièrement, en 1929, son mari la quitte subitement pour une femme plus jeune. Dans les mêmes temps, la Grande Dépression affecte grandement son travail alors que la construction et la rénovation des bâtiments sont mises sur pause. Devant toutes ces difficultés, la phrase « une femme est soit heureuse et mariée, soit décoratrice d'intérieur » devient sa devise.[2]

Dorothy ayant perdu son statut de haute société suite à son divorce, elle se retrouve avec peu de ressources financières et doit adopter le rôle typiquement masculin à cette époque d'amener de l'argent à la maison. Elle réussit tout de même à augmenter tranquillement sa liste de clients, et ce, malgré que peu de femmes arrivent à créer leur propre entreprise, même dans de bonnes circonstances. En 1930, elle ouvre la première entreprise américaine de design d'intérieur, Dorothy Draper & Compagnie.[2]

Un des projets distinctifs de la carrière Dorothy est sa décoration de l'hôtel Hampshire House situé à New York, dans le Central Park South, en 1937. Son travail dans cet immeuble s'étalant sur 37 étages est reconnu pour avoir bouleversé le monde du design d'intérieur alors qu'il révèle sa touche distinctive en tant que décoratrice : le « baroque fantaisiste ».[3]

Dorothy met rapidement de côté les contrats résidentiels et se spécialise dans des projets commerciaux, c'est-à-dire souvent des halls d'hôtels et d'immeubles dans la ville de New York. Elle travaille donc majoritairement avec des hommes, laissant de côté les clientes femmes et leurs résidences. Elle trouve que les femmes critiquent trop ses designs et qu'elles souhaitent imposer leur propre style dans ses créations. Dorothy ayant une grande confiance en son propre esthétisme et ses décisions, elle accepte donc uniquement les projets dans lesquelles elle a carte blanche complète. Elle a ainsi très peu de clients individuels étant donné que les personnes prêtes à lui accorder un contrôle total sur leurs maisons sont rares. Cet aspect du cheminement professionnel de Dorothy la distingue des autres décoratrices d'intérieur : au lieu de se concentrer sur les résidences des riches, elle se tourne vers des contrats de lieux publiques, ceux-ci étant fréquentés par un plus large éventail d'américains. Dorothy s'appuie sur les valeurs de la classe moyenne et commence aussi à écrire pour offrir des conseils de design d'intérieur pour aider les gens à se responsabiliser dans la décoration de leur propre maison.[1][2][4]

Dorothy, avec son grand sens des affaires et son approche romantique du design, est considérée comme une pionnière dans le domaine du design commercial. Elle est nommée Femme de l'année en 1948. Ses clients, des hommes d'affaires haut placés, parlent d'elle comme une des premières expertes du design commercial. De plus, un sondage public révèle que son nom était le plus reconnaissable de tous.[4]

Style

Dorothy avait comme devise « Si quelque chose parait bien, c'est que ce l'est. »[1]

Héritage

Au cours de sa carrière, Dorothy repousse les limites de la décoration intérieure et renforce le rôle que prend les femmes dans cet industrie. Effectivement, dans ses débuts, le métier de décoratrice existe à peine et se concentre uniquement sur les milieux résidentiels, et peu de femmes se disant designer. Au moment de sa retraite en 1962, le design d'intérieur est dès lors une grande industrie, la valeur de la femme dans celle-ci étant bien reconnue.[2]

En 2006, de mai à août, le Musée de la ville de New York a présenté une exposition de son travail, nommée « The High Style of Dorothy Draper ». La galerie présentait des aspects remarquables de sa carrière en exposant des dessins rarement vus, des échantillons de ses livres, des photos vintage ainsi que des meubles et d'autres produits évoquant sa touche unique. Ses designs les plus influant étaient aussi exposés (Carlyle Hotel, Hampshire House, Camellia House restaurant, The Greenbrier et Arrowhead Springs Resort & Spa).[5] Cette exposition a eu un énorme succès, plus de 300 000 personnes l'ayant visité dans une période de 6 mois. Il s'agissait de la première fois qu'un honneur aussi grand était offert à un ou une designer d'intérieur.[6]

En 2007, de décembre à juillet, le Women's Museum à Dallas, au Texas, a présenté « In the Pink: The Legendary Life of Dorothy Draper », une exhibition affichant ses designs les plus populaires, caractérisés de flamboyant.[7] Cette exposition est ensuite parue en 2008 au Musée d'Art de Fort Lauderdale en Floride. [6]

En somme, Dorothy Draper est admirée pour sa créativité abondante et son style unique en tant que designer d'intérieur, ainsi que pour sa grande audace en tant que femme d'affaire. En tant que première réelle décoratrice d'intérieur américaine célèbre nationalement, sa carrière est énormément respectée aux États-Unis. [2][3] Elle est considérée comme une inspiration majeure pour de nombreux designer d'intérieur modernes, tels que Kelly Wearstler et Jonathan Adler.[8]

Publications[modifier | modifier le code]

Decorating is Fun!: How to be Your Own Decorator (1939)

Dans ce premier livre, Dorothy offre des conseils de décoration pour chaque pièce de la maison.[4] Faisant usage de son expertise, elle rend la satisfaction d'un domicile bien décoré accessible à chacun. Pour ce faire, elle invite les lecteurs à confronter leurs soucis esthétiques en se penchant sur ces cinq aspects : la couleur, le confort, le courage, l'équilibre et une sélection réfléchie d'accessoires. Ce livre se veut un guide de l'aménagement décoratif alors qu'elle propose des approches adaptées à de nombreux scénarios d'intérieurs différents.[9]

Entertaining is Fun!: How to be a Popular Hostess (1941)

Dorothy publie un second guide de décoration intérieure, cette fois-ci pour les aspirantes hôtes de fête à leur domicile. Elle partage ses astuces et conseils pour un bon divertissement dans une résidence nouvellement décorée en aillant recours à des études de cas et des suivies de solutions. Elle amène les hôtes à surmonter le caractère parfois morne du quotidien en se fiant à sa liste de critères essentiels pour un accueil réussi : une ambiance festive, de la bonne cuisine, des invités agréables, une hôtesse chaleureuse et un élément inattendu.[10]

365 Shortcuts to Home Decorating (1965)

Dans ce troisième livre, Dorothy met de l'avant l'aspect amusant des textures, des détails et des couleurs dans la décoration intérieure. Elle valorise l'utilisation de papier peint, de rayures et de motifs variés pour rehausser l'esthétisme de quelconque pièce et, ainsi, créer une atmosphère vivante et festive.[11]

Liste chronologique des projets[modifier | modifier le code]

  • Carlyle Hotel (1928)
  • Hampshire House Apartments (1937)
  • Arrowhead Springs Hotel (1939)
  • Mayflower, Washington (1941)
  • Coty Salon (1941)
  • Camellia House, Drake Hotel (1943)
  • Quitandinha Hotel & Casino (1944)
  • Fairmont Hotel (1945)
  • Greenbrier Hotel (1946)
  • L’intérieur Chrysler Packard (1952)
  • Restaurant at the Metropolitan Museum of Art (1954)
  • Westhampton Bath and Tennis Club (1957)
  • Hotel International à l’aéroport Kennedy (1958)
  • L'intérieur de l’avion Convair 880 (1960)
  • Westinghouse Dream House, (1964)

[12][8]

Sources[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g et h Adam Lewis, Jeremiah Goodman et Bunny Williams, The great Lady Decorators: the women who defined interior design, 1870 - 1955, Rizzoli, (ISBN 978-0-8478-3336-8)
  2. a b c d e f g h et i Peter Dedek, The Women Who Professionalized Interior Design, Routledge, (ISBN 978-1-003-04150-4, DOI 10.4324/9781003041504/women-professionalized-interior-design-peter-dedek, lire en ligne)
  3. a et b (en-US) « In The Pink », sur Shannongrove Press, Inc., (consulté le )
  4. a b et c (en) John C. Turpin, « Dorothy Draper and the American Housewife: A Study of Class Values and Success », dans The Handbook of Interior Design, Wiley, (ISBN 978-1-4443-3628-3, DOI 10.1002/9781118532409.ch2, lire en ligne), p. 29–45
  5. (en) « The High Style of Dorothy Draper | Museum of the City of New York », sur www.mcny.org (consulté le )
  6. a et b (en) « Dorothy Draper », sur Dorothy Draper & Company (consulté le )
  7. (en) Tammye Nash, « Dallas Voice (Dallas, Tex.), Vol. 23, No. 36, Ed. 1 Friday, January 19, 2007 », sur UNT Digital Library, (consulté le )
  8. a et b (en) Mitchell Owens, « The Surreal Deal », sur The New York Times Magazine, (consulté le )
  9. (en-GB) Condé Nast, « Big Band Theory », sur The World Of Interiors, (consulté le )
  10. (en) Eva Hagberg, « Hostess With the Mostes' Jitters », sur The New York Times, (consulté le )
  11. (en) « The Impeccable Style of Dorothy Draper », sur Snyder Diamond, (consulté le )
  12. (en) Mitchell Owens, « STYLE; Going for Baroque », sur The New York Times Magazine, (consulté le )