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Catholicisme d'ouverture, catholicisme d'identité
Il est devenu courant, dans la sociologie contemporaine et les médias, de parler de catholicismes d’« identité » et d’« ouverture » pour désigner ce qui serait les deux grandes tendances du mouvement catholique contemporain en France, chacune comportant ses courants particuliers. On doit la distinction à Philippe Portier[1].
d'ouverture
tandis que les catholiques d’ouverture estiment qu’il faut prendre en compte, dans le monde d’aujourd’hui, les ferments de progrès, de miséricorde qu’ils y voient. [...] les catholiques d’ouverture considèrent que c’est à partir de la rencontre, du dialogue des consciences, que l’on peut construire le monde, sans qu’une norme préalable vienne boucher les horizons.[2]
le contexte des « années 1968 », qui sont une période d'effervescence pour les catholiques d'ouverture[3]
Les « catholiques d'ouverture », qui veulent réconcilier la gauche et le christianisme et qui deviennent très visibles à partir du Concile, dont ils partagent les options les plus novatrices[4]
l’« ouverture », surtout quand elle est synonyme de sécularisation interne, produit rarement l’énergie religieuse qu’elle consomme et elle vit généralement sans le savoir, et en tout cas sans beaucoup de gratitude, sur les ressources intérieures d’un « catholicisme d’identité » plus ancien, accumulées dans l’enfance sur des bases plus traditionnelles, qu’elle refoule et dépense dans ses opérations[1].
« déclin du catholicisme d’ouverture »[1] - le taux de transmission intergénérationnel de la foi --> faible; la capacité [...] à susciter en son sein des vocations sacerdotales, religieuses et diaconales --> faible[1]
d'identité
que les catholiques d’identité ont une conception plutôt pessimiste du monde tel qu’il va [...] les catholiques d’identité privilégient l’idée qu’il faut construire le social sur des normes objectives[2]
Cette catégorie désigne un réseau divisé en deux sous-groupes charismatiques et restitutionnistes. Ces derniers sont proches de l’Opus Dei, la communauté Saint-Martin, la communauté des frères de Saint-Jean, les Légionnaires du Christ, les Foyers de Charité ainsi que d’autres groupes issus du schisme lefebvriste[5].
Ces « catholiques d’identité » rêvent moins de chrétienté comme leurs aînés intransigeants que de visibilité dans un monde globalisé et communautaire[6].
Les catholiques d’identité restaurent l’Église dans son statut traditionnel de guide de la cité, de defensor civitatis[7].
La Manif pour tous a été perçue par nombre d’analystes comme une manifestation du catholicisme d’identité[5]
problème
Les essais de typologie montrent qu’il est impossible d’isoler un des termes de la problématique de l’autre. Tant les uns se définissent aussi par rapport aux autres : catholicisme d’identité/catholicisme d’ouverture, régime de certitude/régime de témoignage, intransigeant/transigeant[8].
Plus ennuyeux est le fait que, dans le tandem, « identité » et « ouverture » ne renvoient pas exactement à la même chose. D’un côté, il s’agit de la définition de soi ; de l’autre, de l’attitude face au monde moderne. Or, que l’on sache, les catholiques d’« ouverture » ont aussi une « identité », même s’ils n’aiment pas beaucoup le mot, sauf à dire sans doute que leur « identité » est précisément leur « ouverture ». Le succès en 2012 de la somme parue au Seuil sur les « chrétiens de gauche » [D. Pelletier et J.-L. Schlegel (dir.), À la gauche du Christ] sous la direction de Denis Pelletier et Jean-Louis Schlegel, a bien relevé, en un sens, d’un phénomène identitaire des plus classiques. Toute une génération un peu vieillissante y a reconnu avec plaisir et émotion sa propre histoire. Inversement, il est probable que les catholiques d’« identité » sont bien capables aussi d’« ouverture », même s’ils ne s’ouvrent pas aux mêmes problèmes ni aux mêmes personnes, chaque mouvance ayant traditionnellement ses causes favorites et ses héros de la charité préférés[1].
Laurent FRÖLICH, Les catholiques intransigeants en France, Paris, L’Harmattan, 2002.
Mantille
Une femme honnête, par exemple, ne sortira pas tête nue ; même si la tradition le permet pour les femmes de rang sénatorial, Mélanie s’y refuse, car sortir tête nue ou les cheveux dénoués trahit la femme lascive ou frivole, sauf en cas de deuil ou de chagrin et pour apitoyer [43][43]Frivolité : Vie de sainte Mélanie 11 ; Grégoire de Nazianze,…. Et encore faut-il que les cheveux soient cachés par un voile épais, non par une légère mantille qui dévoile les épaules et n’est qu’un artifice de séduction (Jérôme, Ep. 22, 13 et 117, 7 ; Canons d’Hippolyte 18 = Patrologia orientalis 31, 2, p. 374).
21La femme vertueuse n’a pas besoin d’habits dorés, pourpres ou multicolores (Grégoire de Nazianze, Carm. historica 2, 6, v. 3-6 =PG 37, 1542) et la jeune fille qui se voue à la virginité est mise en demeure d’abandonner les vêtements de lin et d’or pour revêtir un palliolum et des habits sombres, signe de renoncement au luxe et au plaisir car le sombre est signe de deuil [44][44]Jean Chrysostome, De statuis 3, 4 (PG 49, 52) ; In Psalmos 110,….
22Cependant, si l’or, la soie, la pourpre, la broderie sont signes de luxe et de mollesse, ils ne traduisent pas nécessairement la débauche. Certes, les Pères de l’Église dénoncent ce luxe inutile et mal employé – comment peut-on porter des chaussures dorées quand les pauvres meurent de fin (Jean Chrysostome, In Matthaeum 49, 6 =PG 58, 503) ? – mais leur auditoire est en grande partie composé de Grands et de riches qui, tout en ayant le goût du faste, peuvent être par ailleurs de bons chrétiens vertueux ; aussi ne commettent-ils pas l’erreur de confondre l’habit du riche et celui du débauché, la parure de la grande dame et celle de la prostituée. Plus que par le luxe, la personne de mauvaise vie se reconnaît par sa façon de s’habiller : la femme frivole porte des manches ajustées, une robe sans plis et des chaussures craquantes (Jérôme, Ep. 22, 13 ; 130, 18), une robe traînante, une tunique décousue qui laisse voir les habits de dessous, une ceinture froncée, une mantille, des chaussures cirées craquantes (Jérôme, Ep. 117, 7 ; sur les chaussures craquantes, voir aussi Ep. 54, 7). Signe de débauche, la tunique ou la robe traînante [45][45]Basile, Hom. (XIV) in ebriosos, 1 (PG 31, 446) ; Grégoire de… ou encore l’habit fin comme une toile d’araignée et transparent [46][46]Grégoire de Nazianze, Carm. historica 2, 6, v. 6-7 (PG 37,…. Et Jean Chrysostome de décrire la courtisane : habit et tunique de coupe spéciale, ceinture ouvragée, chaussures étudiées ; elle porte une robe à petits plis sur la poitrine comme les danseuses, des chaussures noires brillantes terminées en pointe relevée, un voile blanc et une mantille, un nœud qui tantôt cache la poitrine et tantôt la dévoile, des gants comme les tragédiens : elle se distingue donc moins par la somptuosité de son habillement que par sa mise (In Ep. I ad Tim. 8, 2 =PG 62, 541-542).
DELMAIRE Roland, « Le vêtement, symbole de richesse et de pouvoir, d'après les textes patristiques et hagiographiques du Bas-Empire », dans : François Chausson éd., Costume et société dans l’Antiquité et le haut Moyen Age. Paris, Picard, « Textes, images et monuments de l’Antiquité au Haut Moyen Âge », 2003, p. 85-98. DOI : 10.3917/pica.chau.2003.01.0085. URL : https://www-cairn-info.wikipedialibrary.idm.oclc.org/costume-et-societe--9782708407104-page-85.htm
Un attribut du féminin : le voile. Florence Bécar. 2010
- Guillaume Cuchet, « Identité et ouverture dans le catholicisme français: », Études, vol. Février, no 2, , p. 65–76 (ISSN 0014-1941, DOI 10.3917/etu.4235.0065, lire en ligne, consulté le )
- « Des « catholiques d’ouverture » s’interrogent au sujet du Concile », La Croix, (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
- Myriam Filippi, Un catholicisme d’ouverture. Les mouvements catholiques d’éducation populaire et leurs membres musulmans en France (années 1960-années 2010), École pratique des hautes études, 2019, 547 p., 13.
- Myriam Filippi, Un catholicisme d’ouverture. Les mouvements catholiques d’éducation populaire et leurs membres musulmans en France (années 1960-années 2010), École pratique des hautes études, 2019, 547 p., 392.
- Magali Della Sudda, « 14. Les Vigiles debout: », dans Catholicisme et identité, Karthala, , 251–266 p. (ISBN 978-2-8111-1839-6, DOI 10.3917/kart.dumon.2017.01.0251, lire en ligne)
- Bruno Dumons, « 1. Le « catholicisme d’identité », une recharge du catholicisme intransigeant ?: », dans Catholicisme et identité, Karthala, , 11–16 p. (ISBN 978-2-8111-1839-6, DOI 10.3917/kart.dumon.2017.01.0009, lire en ligne)
- Philippe Portier, « Pluralité et unité dans le catholicisme français », Céline Béraud, Frédéric Gugelot, Isabelle Saint-Martin (dir.), Catholicisme en tensions, Paris, EHESS, 2012, p. 19-36, 26.
- Frédéric Gugelot, « Conclusion. Catholicisme, une identité ?: », dans Catholicisme et identité, Karthala, , 321–325 p. (ISBN 978-2-8111-1839-6, DOI 10.3917/kart.dumon.2017.01.0321, lire en ligne)