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Utilisateur:Hamza.Tabaichount/Brouillon/Duplessis

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Maurice Duplessis ou la mémoire comme champ de bataille idéologique[modifier | modifier le code]

Malgré leur complaisance à l'égard de Maurice Duplessis, les biographies de Robert Rumilly et Conrad Black ne réussissent pas à réhabiliter son image dans l'imaginaire collectif: le Duplessis de la Grande Noirceur est persistant[1]. En 1978, Denys Arcand fait découvrir au grand public un côté un peu plus humain du «Chef» dans sa télésérie Duplessis[1]. Les années 1970 donnent également lieu à la publication des mémoires de plusieurs personnalités politiques contemporaines au chef unioniste (Antonio Barrette, Georges-Émile Lapalme, René Chaloult, etc.)[1]. Ces mémoires offrent un portrait éparpillé et anecdotique de Duplessis, alors que ses alliés vantent son leadership et sa générosité et que ses adversaires dénoncent son autoritarisme et son hypocrisie[1]. Bien que ces témoignages offrent un portrait plus intime des années du duplessisme, elles ne parviennent pas à «offrir un portrait plus clair d'un homme aussi complexe» selon Pierre Berthelot[2]. Le spectre du duplessisme plane aussi sur le monde politique durant les années 1970. Les 9 septembre 1977, le premier ministre René Lévesque, décide d'installer la statue de Maurice Duplessis sur le parterre de l'Assemblée nationale[2]. Cette initiative controversée d'un homme qui a pourtant combattu le duplessisme fait couler beaucoup d'encre et provoque des débats passionnés entre députés[3]. Au moment du dévoilement, René Lévesque rend hommage aux accomplissements de Duplessis tout en soulignant les aspects réactionnaires de ses politiques[3]:

« Nous aujourd'hui nous pouvons regarder celui-là ensemble sans qu'il soit nécessaire de préciser que le gouvernement du Québec n'a pas l'intention de placer des cadenas nulle part, de relancer des opérations à Asbestos, ou de confisquer quelque trésor polonais que ce soit. On nous permettra en revanche de ne pas blâmer ce lointain premier ministre d'avoir par exemple aidé et de tout son cœur la classe agricole, d'avoir travaillé et selon ses lumières à accélérer le développement économique du Québec, d'avoir réussi à force de poignet politique à faire baisser de quelque pour cent la taxation fédérale alors exorbitante au Québec, ou d'avoir déclaré dans un discours de janvier 1938: la Confédération a consacré le principe d'autonomie provinciale parce que chacune des provinces possédait sa mentalité et son autonomie propre. »

L'initiative péquiste crée la controverse. Certains y voient de l'opportunisme politique et reprochent à Lévesque de vouloir récupérer les «vieux bleus» afin de les rallier au projet souverainiste[3]. Gérard Pelletier, farouche opposant au duplessisme, y voit quant à lui une «insulte»[4]. Maurice Duplessis lui-même fait d'ailleurs figure d'insulte à l'époque, alors que des politiciens de tout le spectre politique se voient comparés au «Chef» par leurs adversaires: René Lévesque, lorsque les fédéralistes lui reprochent de s'accrocher au pouvoir et de s'opposer systématiquement à Ottawa, Pierre Elliott Trudeau, à qui les souverainistes reprochent de les traiter comme les communistes sous Duplessis et même Robert Bourassa, dont on critique un «nationalisme superficiel», des «liens troubles avec le favoritisme» et une complaisance avec les compagnies étrangères[4],[5]. Les hommages au «Chef» se faisant discrets à l'époque, on constate donc toute l'aversion que cultive une bonne partie de la société québécoise à l'égard du règne de Maurice Duplessis. Sur le plan historiographique, Bernard Saint-Aubin publie Duplessis et son époque en 1979, à l'occasion du 20e anniversaire de sa mort[6]. L'ouvrage, basé essentiellement sur les biographies de Rumilly et Black, est un résumé qui n'«apporte rien de très nouveau» selon Pierre Berthelot[6].

  1. a b c et d Berthelot, Duplessis est encore en vie, p. 276.
  2. a et b Berthelot, Duplessis est encore en vie, p. 277.
  3. a b et c Berthelot, Duplessis est encore en vie, p. 278.
  4. a et b Berthelot, Duplessis est encore en vie, p. 279.
  5. Berthelot, Duplessis est encore en vie, p. 283.
  6. a et b Berthelot, Duplessis est encore en vie, p. 286.