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Utilisateur:Eric vaudevire

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Charles Vaudevire[modifier | modifier le code]

Charles Vaudevire (1893-1945), Croix de Guerre 1914-1918, Médaille de la Résistance, résistant mort en déportation au camp concentration de Dora, appartenait au mouvement "Ceux De La Résistance" et au réseau S.O.E. "Bricklayer".


Biographie[modifier | modifier le code]

Charles Vaudevire naît le 19 août 1893 au Val Saint Père près d'Avranches en Normandie. Il descend d'une lignée d'agriculteurs propriétaires à Saint Romphaire, dans la vallée de la Vire dont ils tirent leur nom[1], au moins depuis le début du 17e siècle.

Au début de la 1ère guerre mondiale, il est affecté comme observateur et radio à la 28eme Compagnie d’aérostiers. Gravement blessé en 1915, il est ensuite affecté comme opérateur radio, avec le grade de sergent, au Détachement Radiotélégraphique du 8e Régiment du Génie (1ère Armée). Blessé à nouveau le 22 mars 1917, il est hospitalisé à l'hôpital auxiliaire 144, à Paris. Il est décoré de la Croix de Guerre. Démobilisé après l'armistice, il s'installe à Paris et entre à la Société Française Radio-Electrique[2] où il deviendra à la fin des années 30 Ingénieur-directeur adjoint, chef des services administratifs de l'usine de cette société à Levallois. Mariés en 1919, Charles et Jeanne Vaudevire auront trois enfants.

Rallié à la Résistance dès l'armistice de juin 1940, il appartient à partir de janvier 1943 au mouvement "Ceux De La Résistance" (C.D.L.R.) et entre au printemps de la même année dans le réseau "Bricklayer", un des réseaux de la section F du Special Operations Executive (S.O.E.) britannique, dirigé par le Major France Antelme[3]. Charles Vaudevire a utilisé sa situation à la Sté Française Radio-Electrique, dont l'occupant réquisitionnait la production, et ses compétences en matière de radio au service de la Résistance. Il a eu principalement pour mission :

. de renseigner les services français et anglais de Londres et d'Alger sur les activités militaires allemandes,

. d'assurer les liaisons radio avec ces services: il a en particulier beaucoup aidé Noor Inayat Khan[4] (l'agent "Madeleine", une opératrice radio du S.O.E.) à qui il a fourni de nombreuses "planques" d'où elle émettait vers Londres.

. de protéger les réfractaires à la relève puis au S.T.O. et des prisonniers évadés, en les envoyant vers les maquis de C.D.L.R. et d'organiser l'instruction paramilitaire des jeunes à la Radio-Electrique (selon une note interne du S.O.E., Charles Vaudevire avait entre 100 et 150 réfractaires sous ses ordres). Il s'occupait également du ravitaillement en vivres et en armes de ces maquis.

. d'organiser l'hébergement d'agents du S.O.E. parachutés ou déposés par avion.


Il a travaillé très étroitement avec Paul Arrighi[5] (à CDLR et à Bricklayer), Pierre Arrighi, Jacques Lecompte-Boinet et Jean de Vogüé (à CDLR), Noor Inayat Khan, Robert Gieules[6], Emile-Henri Garry et Emmanuel de Sieyès (à Bricklayer).


Il est arrêté par le Sicherheitsdienst (S.D.) dirigé par le SS Sturmbannführer Hans Kieffer[7], le matin du 30 octobre 1943 à son domicile. Sa découverte par les Allemands est l'une des nombreuses conséquences de la destruction du réseau "Prosper" et de l'arrestation de Noor Inayat Khan. Charles Vaudevire fut gardé au secret à la prison de Fresnes jusqu'au 15 août 1944 date à laquelle il est envoyé à Buchenwald par le dernier convoi de déportation parti de France. Enregistré sous le N° matricule 78104, il reste quelques jours au "petit camp", réservé aux déportés nouvellement arrivés avant d’être transféré au camp de Dora-Mittelbau[8], où sont construites les fusées V1 et V2 dans des galeries creusés sous le massif du Harz, le 3 septembre 1944, puis le 7 septembre au camp d'Ellrich[9], annexe située à environ 2 km au nord-ouest de Dora, où les conditions de vie et de travail sont à cette époque encore plus dures qu'à Dora. Il décède au camp de Dora le 26 février 1945, vraisemblablement ramené au "revier" (infirmerie) en raison de son état de grande faiblesse. Son corps est incinéré dans le Crématoire du camp.

La mention "Mort pour la France" lui est reconnue le 27 août 1947. Il lui est attribué par la Commission nationale d'homologation de la Résistance Intérieure le grade de sous-lieutenant. La Médaille commémorative de la guerre 1939/1945 avec barrettes "Engagé volontaire" et "Libération", la Croix du Combattant Volontaire de la Résistance et la Médaille de la Résistance lui ont été attribuées à titre posthume.




Notes[modifier | modifier le code]

  1. Contraction de Vaux de Vire, vaux étant le pluriel de val (= originaire de la vallée de la Vire)
  2. Filiale de la C.S.F (Cie Générale de Télégraphie sans Fil), ultérieurement groupe Thomson-CSF maintenant rebaptisé Thales. Dirigée par Emile Girardeau, la S.F.R-E. était l'un des principaux acteurs de l'industrie de la radio et de l'électronique. Dès la fin des années 1930, elle avait commencé à développer ce qui allait devenir le radar.
  3. Major Joseph, France, Antoine Antelme, (né le 12 mars 1900 à Curepipe, Ile Maurice) homme d'affaires mauricien, recruté par le S.O.E. en juin 1942, effectue 3 missions en France, arrêté à son atterrissage lors de sa troisième mission le 29 février 1944, déporté et exécuté au camp de Gross Rosen le 30 juillet 1944. Noms de code: Bricklayer, Renaud, Antoine, pseudonyme: Antoine Ratier. Décorations : OBE, Croix de Guerre avec Palme, chevalier de la Légion d'Honneur.
  4. La Princesse Noor-un-nisa Inayat Khan, née le 2 janvier 1914 à Moscou d'un père descendant du dernier empereur Mogol du sud de l'Inde et d'une mère américaine, a passé presque toute son enfance et fait ses études en France avant de se réfugier en Angleterre en juin 1940. Recrutée par le S.O.E., envoyée en mission en France le 16 juin 1943, elle fut arrêtée le 13 octobre puis envoyée à Dachau pour y être exécutée avec trois autres jeunes femmes agentes du S.O.E. le 12 septembre1944. Noms de code: Madeleine, Rolande, pseudonyme: Jeanne-Marie Regnier. Décorations : George Cross, M.B.E., Croix de Guerre.
  5. Paul Arrighi, né en 1895. Avocat dès 1926, arrêté en même temps que Charles Vaudevire, déporté à Mauthausen d'où il sera libéré en mai 1945, Président du Conseil Général de l'Yonne en 1958, bâtonnier du Barreau de Paris à partir de 1959, membre de l'Académie des sciences morales et politiques en 1963. Il décède en1976.
  6. Robert Gieules, né le 12 janvier 1896 à Paris, directeur général et principal actionnaire de la "Société des Conserves Françaises et Marocaines", arrêté le 29 septembre 1943, déporté à Buchenwald, Dora puis Ellrich, libéré en mai 1945, décédé en novembre 1970.
  7. Hans, Josef Kieffer, né en 1901 à Offenburg. Ancien policier puis agent de la Gestapo à Karlsruhe, chef du contre-espionnage du S.D. pour la France de juillet 1940 à août 1945, il fut condamné à mort pour crimes de guerre et pendu en juin 1947.
  8. Le camp de Dora, créé en fin août 1943 près de la ville de Nordhausen en Thuringe, était jusqu'à l'automne 1944 une annexe de Buchenwald. Son histoire a commencé avec la transformation de tunnels creusés sous la colline du Kohnstein en usine pour la fabrication des V1 et V2. Les détenus vivaient alors dans les galeries souterraines sans jamais voir le jour et travaillaient à ces aménagements dans des conditions atroces. Ce n'est qu'en juin 1944 que la construction du camp lui même est terminée et que les détenus sont transférés des tunnels aux baraquements du camp.
  9. Le camp d'Ellrich, un "kommando" de Dora, est créé le 1er mai 1944 dans les bâtiments d'une fabrique de plâtre désaffectée. A fin septembre l'effectif en est de 8189 détenus principalement affectés au creusement des tunnels B 3 et B 17 à Bischofferode, B 11 à Niedersachswerfen, B12 à Woffleben, à la construction de routes et de voies ferrées et au terrassement au chantier B13 à Bischofferode. Une incurie dramatique de la direction du camp (absence de vêtements et chaussures, famine) provoque pendant l'hiver 1944/45 une mortalité considérable: 2441 décès de début décembre à fin mars sans compter plusieurs centaines de malades, dont Charles Vaudevire, transférés à Dora pour y mourir.


Sources:[modifier | modifier le code]

Archives du Ministère de la Défense, Paris (Fort de Vincennes): dossier Charles Vaudevire

Archives du "KZ-Gedenkstätte Mittelbau-Dora " (Mémorial du camp de concentration de Dora-Mittelbau)

BASU, Shrabani "Spy Princess" (Sutton Publishing Ltd, 2006)

Bureau des Archives des victimes des conflits contemporains du Ministère de la Défense, Caen: dossier Charles Vaudevire

FOOT, Michael R.D. " SOE in France" (Whitehall History Publishing, revised edition 2004)

GIEULES, Robert (membre du réseau Bricklayer), rapport rédigé pour le S.O.E. après son retour de déportation sur les circonstances de son arrestation

GRANET, Marie "Ceux de la Résistance" (Editions de Minuit, 1964) et dossiers réunis par Mme Granet pour la rédaction de cet ouvrage (Archives Nationales, Paris, 397 AP 1-7)

HARRISON, David: documents et informations

HELM, Sarah "A life in Secrets" (Little, Brown Book Group, 2005)

OVERTON FULLER, Jean "Noor-un-nisa Inayat Khan (Madeleine)" (East-West Publications Ltd, 1988)

OVERTON FULLER, Jean "The German penetration of SOE" (George Mann Books, 1996)

SELLIER, André "Histoire du camp de Dora" (Editions La Découverte, 2001)

The National Archives, Kew, HS 9: Personal Files of SOE agents and other staff

THIÉRY, Laurent, chercheur au Centre d'Histoire et de Mémoire Nord/Pas de Calais, La Coupole (Saint Omer)

WAGNER, Jens-Christian "Ellrich 1944-1945" (Editions Tirésias,2013)


Liens:[modifier | modifier le code]

Ceux de la Résistance[[1]]

Jacques Lecompte-Boinet[[2]]

Ordre de la Libération: Jacques Lecompte-Boinet[3]

Ordre de la Libération: Pierre Arrighi[4]

Special Operations Executive[[5]]

Noor Inayat Khan[[6]]

France Antelme[[7]]

Henri Garry[[8]]

Special Forces Role of honor[9]

SOE site de D. Harrison[10]

64 Baker Street[11]

Camp de Dora[12]

Camps de Buchenwald, Dora et Ellrich[13]

Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Commission Dora-Ellrich[14]


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