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L’art numérique émerge durant le début des années 1960s de manière simultanée dans le monde. En effet, des artistes/scientifiques comme Frieder Nake et Georg Nees réalisent les premières expérimentations en art numérique en Europe alors que l’artiste Michael Noll expérimente avec l’art numérique en Amériques. Ces premières années de l’art numérique sont influencées par des pensées philosophiques et par des réflexions et l’avancement de la technologie notamment à travers la traceuse et le développement de langue de programmation comme ALGOL. Schotter, une des premières œuvres réalisées au début de la carrière de Nees soit en 1968, s’inscrit dans la même lignée de réflexion. En effet, Schotter reflète les expériences ainsi que les influences, notamment les pensées philosophiques de Max Bense, de cette période.

Analyse[modifier | modifier le code]

Il y a très peu d'éléments représentés sur cette œuvre. En effet, le seul élément représente est une forme géométrique : le carré. Cette œuvre peut être décrite comme étant un aménagement de carrée qui commencent par un une disposition structurée et ordonnée des carrées à une disposition peu ordonnée et aléatoire. En effet, le fait que les carrées sont collés à l’un à l’autre et qu’il y a le même nombre de carrés sur chaque ligne dans le premier quart de l’œuvre met de l’avant une structure ordonnée, harmonieuse. Plus le regard du spectateur descend, plus il est possible de remarquer une disposition de carrées placée de manière aléatoire. En effet, à partir du deuxième quart de l’œuvre, les carrées s’éloignent petit à petit de chacun, ne sont plus droits et sont plutôt placés dans différentes directions qu’ils finissent par se juxtaposés et se superposés. Arrivée au dernier quart, il n’est pas possible d’identifier une logique cohésive dans la disposition des carrées puisqu’ils sont tous juxtaposés et superposés créant ainsi un sentiment de désordre voire chaos. Cette illusion de l’ordre et du chaos créée par l’œuvre reflète le but même de la réalisation de l’œuvre par Nees. EnLeonardo Special Section: Pioneers and Pathbreakers: The Pioneer of Generative Art: Georg Nees  effet, Nees, à travers Schotter, le concept de néguentropie de Bense[1]. Ainsi, il est possible d’affirmer que Schotter devient une œuvre expérimentale qui met de l’avant des pensées et réflexions influentes de la première moitié du XXe siècle dans l’art numérique. Cette œuvre ne représente pas uniquement la pensée philosophique de Bense, mais représente aussi le potentiel de l’ordinateur. Ainsi, cette œuvre reflète parfaitement le contexte sa période de production.

Schotter est une infographie qui a été réalisée par le procédure SERIE. Tout d'abord, Nees utilise une procédure non paramétrique, QUAD, pour générer le motif principal, le carrée, qui est reproduite à plusieurs reprises dans le processus de SERIE. QUAD permet de dessiner des carrés de même dimension à des endroits différents de manière aléatoire et à des angles différentes[2]. Ainsi, la disposition des carrées sur l’espace ainsi que son angle de disposition est entièrement contrôlée par l’ordinateur. En effet, c’est un ordinateur avec un générateur aléatoire qui a créé ces images[3].

L’importance dans la carrière de l’artiste[modifier | modifier le code]

Cette œuvre peut être qualifiée comme étant importante dans la carrière de l’artiste parce que celle-ci témoignent l’influence omniprésente de Bense dans l’art de Bense.

Georg Nees était un mathématicien devenu artiste. En effet, il était un mathématicien industriel à Siemens en Erlangen[4]. Alors même qu’il était un mathématicien industriel, il avait commencé à utiliser des ordinateurs dans un contexte hors traditionnel[5]. En effet, il est dit que grâce à son position à Siemens, il lui a été permis d’utiliser le Graphomat durant les nuits pour la réalisation de ses dessins[6]. Il était un des rares de son époque qui a vu le potentiel qu’a un ordinateur dans l’art. À AMÉLIORER VOIR MÉTHODOLOGIE DU COMMENTAIRE HISTORIQUE !!!!!!

Le moment qui marqua et est vital pour la carrière de la rencontre de l’artiste avec Max Bense. Max Bense était un philosophe, érudit et poète allemand . Il a étudié la philosophie, les mathématiques, la géologie et la physique, et, plus tard dans sa vie, il a étudié la théorie de l'information, la sémiotique et la cybernétique[7]. Max Bense était un personnage très influent dans les années 1950 et 1960 en Allemagne à l'étranger à cause de sa théorie sur l’information esthétique. En effet, il est, avec Abraham A. Moles, un des deux fondateurs de l'information esthétique[8]. C’est sa théorie sur l’information esthétique qui le relie à l’art numérique et computationnel puisque des pionniers de l’art numérique, Frieder Nake et Georg Nees, ont utilisé cette théorie pour réaliser leurs œuvres[9] [10]. Bense était aussi celui qui a exposé les dessins de Nees à l'Institut de Philosophie et de théorie de science à l'université de Technische Hochschule à Stuttgart et il a aussi supervisé la thèse de doctorat de Nees sur Générateur d'images génératives [11]. Son thèse est maintenant considérée comme étant la première thèse sur l'art numérique[12]. L’influence de Bense n’est pas seulement visible avec la notion de l'information esthétique dans les œuvres de Nees, mais est aussi visible dans la thèse de Nees qui peut être décrit comme étant une preuve prouvant la notion d'Esthétique de Bense. En effet, l'ordinateur devient chez Nees un «laboratoire esthétique[13] » qui permet de tester les théories de Bense[14]. Ainsi, l’influence de Bense est omniprésente dans la carrière artistique de Georg Nees.

En ce qui concerne Schotter, l’influence de Bense est particulièrement visible à travers la notion de la néguentropie[15]. La néguentropie est l’inverse de l’entropie, un « état de désordre d’un système[16] ». Par conséquent, la néguentropie devient un système en ordre. En d’autres mots, la néguentropie est associée à l’ordre alors que l’entropie est associée au désordre. Toutefois, contrairement à la définition scientifique associée à ces deux termes, Bense définit « désordre » comme étant « une répartition régulière de particules ou de propriétés élémentaires (…) [17]» alors qu’il définit « ordre » comme étant « la répartition irrégulière de ces mêmes éléments[18]  ». Selon cette définition, la disposition structurée et ordonnée qui dégage un sentiment d’ordre représente un système en désordre alors que la disposition aléatoire qui dégage un sentiment de chaos représente l’ordre. Ainsi, Schotter, sur le plan formel, est une œuvre représentant des carrées qui commencent avec une disposition ordonnée alors qu’ils finissent avec une disposition aléatoire. Toutefois, l’œuvre, contrairement à sa disposition décroissante, dégage la notion de néguentropie, un système qui a ordre croissant. De plus, Bense emploie aussi le concept de néguentropie pour affirmer que l’art s’approche davantage de l’ordre[19]. En effet, Bense voit dans l’art une progression qui diffère de celle du monde physique. Il affirme que l’art s’approche de plus en plus de l’ordre alors que le monde physique s’approche de plus en plus du désordre[20].

Schotter est une œuvre importante de la carrière artistique de Nees parce qu’elle témoigne parfaitement l’influence de Bense dans son art.

Schotter dans son contexte historique :[modifier | modifier le code]

Influence de Max Bese dans le domaine de l'art[modifier | modifier le code]

Schotter a été réalisé durant les années 1960s qui a été marqué par l’émergence des premières expérimentations dans l’art numérique. Cette première ère du numérique est caractérisé, d’un part, par une réflexion sur l’esthétique et, d’autre part, par l’emploi et l’expérimentation du médium, l’ordinateur et les machines artistiques. En effet, durant cette période, le centre du développement en art computationnel allemand se situe à l’Université Technische Stuttgart. Ce centre intellectuel et artistique était influencé par les pensées philosophiques de Bense. Les travaux et les intérêts de Bense tournaient autour de la science et des mathématiques de l’esthétique[21]. Le fondement de la pensée de Bense sur l’esthétique est basé sur l’idée que l’art moderne n’est plus encadré par les principes de l’art « classique » comme les proportions, la symétrie et l’harmonie. Par conséquent, l’esthétique de l’art moderne est, avec l’avènement de la technologie, désormais calculée[22]. Dans son livre Aesthica, Bense définit plusieurs concepts notamment l’objet esthétique et l’information esthétique. D’un part, il définit un objet esthétique comme naissant « de la tentative, de l’expérimentation et ne saurait être la simple traduction dans la matière d’une vision imaginaire [23] ». Ainsi, selon Bense, l’esthétique d’un objet est désormais dans le processus de création et expérimental de celui-ci. D’autre part, il développe le concept de l’information esthétique en le définissant comme étant « the theoretical basis of visuel researche using computers [24]». Ainsi, Bense affirme que l’esthétique est un élément qui est calculable à partir de fonctions mathématiques. Par conséquent, en fournissant et/ou en programmant les procédés mathématiques qui génèrent l’esthétique désirée, l’ordinateur peut produire un objet esthétique[25].

Concernant l’esthétique mesurable, Bense adopte la méthode de mesurer l’esthétique développée initialement par Birkhoff dans sa théorie esthétique. Durant les années des années ‘30s, Birkhoff développe une forme permettant de mesurer la valeur esthétique d’une œuvre. Il présente la formule de M= O/C pour mesurer la valeur esthétique où la mesure esthétique, M, est définit le ratio entre l’ordre, O, et la complexité, C, d’une œuvre[26]. Cette réflexion sur l’esthétique qui est au cœur de l’Université de Stuttgart inspire plusieurs artistes et scientifiques. En effet, Raul Gunzenhäuser a appliqué la théorie de l’information de Shannon à la mesure de l’esthétique de Birkoff pour développer sa théorie de micro-esthétique. Georg Nees, quant à lui, réalise une thèse sur le Générateur d'images génératives qui peut être considéré comme étant une preuve prouvant l’esthétique de Bense. Frieder Nake, insoiré par la pensée de Bense, prouve les possibilités et le potentiel de l’esthétique générative avec son livre generative aestics de 1969[27]. Ainsi, Schotter, est réalisé dans un contexte oû les artistes et les scientifiques essaient d’établir un lien pratique entre la théorie de Bense et l’art. Ainsi, le contexte artistique autour de Schotter était basé sur l’idée que l’esthétique d’une œuvre est calculable. Par conséquent, les artistes qui expérimentent avec l’esthétique mesurable se penchent davantage vers l’ordinateur pour produire leurs œuvres puisqu’il est possible de programmer un ordinateur de manière qu’il génère l’esthétique désirée.

Les années 1960[modifier | modifier le code]

Comme déjà mentionné auparavant, Schotter est une œuvre qui a été réalisée durant les années 60s qui était marquée par l’expérimentation d’un nouveau médium artistique : l’ordinateur. Les premiers artistes numériques utilisaient ce médium à cause de la liberté artistique permise par le côté inhumain des ordinateurs[28]. En effet, comme Vera Molnar l’affirme, les ordinateurs permettent de « to go beyound the bounds of learning, cultural heritage, environment – in short, of the social thing, which we must consider to be our second nature [29] ». Ainsi, l’image produite par l’ordinateur qui ne reflète pas nécessairement les conventions et traditions esthétiques de leur période faisait ressentir un sentiment de liberté. De plus, les années 60s sont aussi caractérisées par les premières expositions consacrées uniquement à l’art numérique. En effet, la première exposition infographique organisée par Georg Nees et A.Michael Noll a lieu en 1965, soit 3 ans avant la réalisation de Schotter[30].

  1. Christoph Klütsch, « Computer Graphic—Aesthetic Experiments between Two Cultures », Leonardo, vol. 40, no 5,‎ , p. 421–425 (ISSN 0024-094X, DOI 10.1162/leon.2007.40.5.421, lire en ligne, consulté le )
  2. (en) Media Art Net, « Media Art Net | Nees, Georg: Schotter », sur www.medienkunstnetz.de, (consulté le )
  3. (en) Media Art Net, « Media Art Net | Nees, Georg: Schotter », sur www.medienkunstnetz.de, (consulté le )
  4. Rosen, Margit, 1974-, Weibel, Peter., Fritz, Darko, 1966- et Gattin, Marija., A little known story about a movement, a magazine and the computer's arrival in art : New Tendencies and Bit international, 1961-1973, ZKM/Center for Art and Media, (ISBN 9780262515818, OCLC 676725801, lire en ligne)
  5. Frieder Nake et Eckhard Nees, « Leonardo Special Section: Pioneers and Pathbreakers: The Pioneer of Generative Art: Georg Nees », Leonardo,‎ (ISSN 0024-094X, DOI 10.1162/leon_a_01325, lire en ligne, consulté le )
  6. Frieder Nake et Eckhard Nees, « Leonardo Special Section: Pioneers and Pathbreakers: The Pioneer of Generative Art: Georg Nees », Leonardo,‎ (ISSN 0024-094X, DOI 10.1162/leon_a_01325, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) « Max Bense | Database of Digital Art », sur dada.compart-bremen.de (consulté le )
  8. (en) « Max Bense | Database of Digital Art », sur dada.compart-bremen.de (consulté le )
  9. (en) « Max Bense | Database of Digital Art », sur dada.compart-bremen.de (consulté le )
  10. Christoph Klütsch, « Computer Graphic—Aesthetic Experiments between Two Cultures », Leonardo, vol. 40, no 5,‎ , p. 421–425 (ISSN 0024-094X, DOI 10.1162/leon.2007.40.5.421, lire en ligne, consulté le )
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  12. (en) « Georg Nees | ZKM », sur zkm.de (consulté le )
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  15. Christoph Klütsch, « Computer Graphic—Aesthetic Experiments between Two Cultures », Leonardo, vol. 40, no 5,‎ , p. 421–425 (ISSN 0024-094X, DOI 10.1162/leon.2007.40.5.421, lire en ligne, consulté le )
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  24. (en) « Max Bense | Database of Digital Art », sur dada.compart-bremen.de (consulté le )
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  26. Christoph Klütsch, « Computer Graphic—Aesthetic Experiments between Two Cultures », Leonardo, vol. 40, no 5,‎ , p. 421–425 (ISSN 0024-094X, DOI 10.1162/leon.2007.40.5.421, lire en ligne, consulté le )
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  28. Frank Dietrich, « Visual Intelligence: The First Decade of Computer Art (1965-1975) », Leonardo, vol. 19, no 2,‎ , p. 159–169 (DOI 10.2307/1578284, lire en ligne, consulté le )
  29. Frank Dietrich, « Visual Intelligence: The First Decade of Computer Art (1965-1975) », Leonardo, vol. 19, no 2,‎ , p. 159–169 (DOI 10.2307/1578284, lire en ligne, consulté le )
  30. (en) Media Art Net, « Media Art Net | Nees, Georg: Biography », sur www.medienkunstnetz.de, (consulté le )

Bibliographie