Utilisateur:Baptiste Charpentier/Brouillon1
Histoire des représentations des casques de la première guerre mondiale.
L’étude des casques durant la Première Guerre mondiale ne peut se réduire à leur aspect technique. La représentation de ces casques est fondamentale pour comprendre leur importance et leur symbolique. Si le casque de combat est un objet propre aux soldats, celui-ci représente bien plus que cette fonction. Tout d’abord le casque n’est pas porté tout le temps par les soldats. Le casque est d’abord la représentation de ceux qui combattent de manière réelle. En cela contrairement à l’uniforme, le casque est porté durant le combat ou lorsque celui-ci est proche. Lorsque les soldats sont à l’arrière, non en première ligne, ils ne portent pas le casque comme le témoignent les nombreuses photos prises durant le conflit. Le Casque est donc le symbole d’une violence proche et certaine. Ceux qui portent le casque sont ceux qui se battent directement, les hauts officiers qui ne sont que très peu sur le champ de bataille en première ligne ne portent pas le casque. Le casque est donc le symbole des soldats qui se sont battus et sont morts sur le champ de bataille, ce qui rend toute action de soldats avec ce casque comme symbolique. Dans les témoignages, par exemple, Henri Barbusse décrit un soldat avec son casque sur les genoux car il est profondément traumatisé par l’assaut qui vient d’avoir lieu, ou même lorsque les soldats retirent leurs casques à la fin de l’assaut, action symbolique qui montre la fin du combat. Le casque fait maintenant partie de leur corps lorsqu’ils sont en première ligne « Le casque donne une uniformité aux sommets des êtres qui sont là encore », décrit par Henri Barbusse. Le casque est aussi un moyen d’identification parmi les millions d’hommes mobilisés. Tout d’abord le type de casque en fonction de l’armée, comme on l’a vu selon le type de casque, mais aussi son grade car celui-ci est indiqué sur certains casques. Les soldats vivent dans la boue, les uniformes pleins de boue en hiver, ne permettent de loin d’identifier aucun type d’appartenance, le casque lui le permet. L’identification se fait pour l’alliance parmi les alliés mais l’identification de l’ennemi est aussi nécessaire, moins pendant la guerre de tranchées mais pendant la guerre de mouvement au début et à la fin de la guerre. Ainsi il faut repérer les casques à pointes comme ils sont appelés par les soldats français et qu’ils portent au début de la guerre comme dans l’extrait d’Henri Barbusse dans le feu « Cette ombre se silhouette. Elle est surmontée d’un casque recouvert d’une housse sous laquelle on devine la pointe ». Parmi les différents types de casque on reconnait aussi celui des soldats coloniaux français dont la couleur diffère de celui des soldats métropolitains. Il y a dans de nombreux témoignages une humanisation du casque qui représente la situation du soldat. Lorsque lors d’un assaut il y a un casque par terre, c’est que le soldat qui le portait est mort comme le témoigne de nombreux extraits. Lorsque Dorgeles nous dit « Bruyamment des casques roulèrent », c’est qu’un obus est tombé sur des soldats et qu’ils sont morts. Afin de représenter la mort on ne parle pas de morts mais de caques tombés : « son casque lui tombe sur les talons et il reste là face au ciel », « un des nôtres le casque est à côté », aussi cité par Henri Barbusse. Le casque est aussi la représentation de la vie prise à l’ennemi. Lorsque par exemple un soldat en tue un autre, s’il veut l’exhiber, il ramasse son casque pour preuve de la vie qu’il a prise comme un scalpe. « Les camarades arboraient tous des dépouilles ennemies, des casques à leur ceinture,
comme des scalps ». Le casque étant le symbole de protection du soldat voir un casque sans soldat représente sa mort.
Nous avons donc vu dans cette partie que le casque est la représentation de l’appartenance d’un soldat, son origine, son grade... Mais le casque est surtout le symbole de ceux qui combattent directement au front, il est le symbole de l’expérience combattante. Il représente la vie du soldat au front et est humanisé. Nous allons pour finir voir comment à travers l’étude du casque et de sa représentation nous pouvons voir la représentation dans une vision plus globale de la guerre. Dans cette partie nous nous intéresserons au casque comme objet d’étude pour comprendre différentes facettes de la guerre mais aussi en quoi il est devenu un symbole de la guerre. Nous avons vu que le casque est pendant la guerre symbole du soldat, mais nous allons voir que celui-ci est aussi, si ce n’est plus important, dans la représentation de sa mémoire. Tout d’abord le casque a pu rester à travers le temps le symbole de la Première Guerre mondiale et de ses combattants car à la fin de la guerre lors de la démobilisation les soldats ont pu garder leur casque, il reste en bon état avec le temps, il est conservé dans les familles et devient la représentation personnelle et familiale des poilus. Leur conservation a été très répandue, en témoigne cent ans après, le nombre de casques de la première mondiale conservés et vendus aujourd’hui. En ce qui concerne la représentation iconographique, on pourrait étudier l’une des illustrations du témoignage de Dorgeles Les croix de bois qui représentent des croix plantées dans le no man’s land, surmontées de casques. Dans la quasi-totalité des monuments aux morts sur lesquels est un poilu, il porte un casque. Mais ce n’est pas que dans un souci et contexte de mémoire que le casque a été utilisé dans la représentation du conflit. Le casque a été utilisé également comme symbole idéologique et identitaire du nationalisme hérité de la Première Guerre mondiale. « Stahlhelm, Bund der Frontsoldaten », traduit par « casque d’acier des soldats du front » est une organisation paramilitaire allemande faisant partie des corps francs, dont de nombreux membres ont intégré par la suite le parti nazi. Ce groupe regroupant selon les sources de cinq cent mille à un million de membres qui étaient des anciens combattants utilisent le nom du casque ainsi que comme symbole pour leur drapeau. Par ailleurs, certains amalgames concernant les casques resteront jusque dans toute la première moitié du XX ème siècle. Pour exemple les allemands restent pour beaucoup de français, les casques à pointes, même si ceux-ci n’en portent plus sur le front depuis 1916. Le casque est aussi plus globalement une représentation de la guerre de par les différents types de casques qui du fait de leur contexte de création sont représentatifs du manque d’anticipation des états et des dirigeants militaires sur le type de guerre qu’allait être la Première Guerre mondiale. L’équipement défensif dans l’histoire militaire ne se développe pas tout seul mais en fonction des armes utilisées. Avec la course à l’armement de la fin du XIX ème et du début du XX ème avec l’évolution de l’artillerie, les capacités et l’efficacité des obus, les ingénieurs militaires n’ont pas
pensé à développer des protections contre ces armes, exactement comme ils n’avaient pas prévu une guerre statique de tranchée. L’objet du casque est ainsi révélateur du manque de compréhension des réalités de terrain par les grands officiers. Le général Foch aurait répondu à un exposé de différents prototypes de casques, « que toutes ces créations ne servaient à rien puisque leur temps de production était trop long et qu’il aurait déjà, entre temps, gagner la guerre », alors qu’avec du recul on se rend compte que la création de ces casques en acier ont influencé tous les équipements militaires du XX ème siècle. En effet,
Stahlhelm (casque), le Brodie ou le Casque Adrian subiront certes quelques transformations mais ils ils ressembleront beaucoup et porteront le même nom que ces casques antérieurs jusque durant la seconde guerre mondiale. Les casques représentent aussi l’effort économique déployé durant la guerre. La production des casques Casque Adrian par exemple que nous avons vu, a été l’un des plus fameux exemples de cette économie orientée exclusivement vers la guerre. Ce sont les femmes qui remplacent les hommes partis dans les tranchées qui produiront vingt millions de casques en trois ans. Alors que ce casque est compliqué à produire, elles réussiront à en produire une quantité pharaonique tout en étant rétribuées moitié moins que leurs homologues masculins, avec des horaires et cadences supérieurs. Ces casques sont produits principalement dans les usines Jappy qui sont à la base des usines spécialisées dans l’horlogerie, dans les pompes, dans les machines à écrire et dans l’extraction du charbon et réaffectées pour produire ces casques. Nous avons donc vu dans cette partie que l’histoire de la représentation du casque de la Première Guerre mondiale était aussi partie intégrante de l’histoire des représentations de la Première Guerre mondiale, nous avons donc vu le casque comme symbole des anciens combattants et symbole d’une guerre par un objet. Nous nous sommes ensuite penchés sur le casque comme symbole du déficit technique des armées dans la préparation de la guerre et enfin comme représentation des mutations économiques pendant la Première Guerre mondiale. Durant cette étude nous nous sommes attachés à décrire les différents principaux types de casques en acier présents lors de la Première Guerre mondiale, le Casque Adrian en France, le Brodie en Angleterre et le Stahlhelm (casque) en Allemagne. Nous avons vu que ces trois casques ont été créés dans le même objectif de protéger des éclats d’obus pour parer aux armes et stratégies de combats non anticipées par les dirigeants militaires. Nous nous sommes ensuite intéressés au casque comme représentation des soldats et de leurs états, ceux qui combattent, des poilus qui ont connu l’expérience du front. Le casque permet aussi l’identification du soldat grâce au grade ou bien au type de casque porté. Ainsi nous avons pu relever au travers du témoignage le caractère humanisé du casque. Enfin nous avons vu le casque comme objet représentatif de la Première Guerre mondiale avec le casque comme symbole de l’évolution technique des équipements nécessaires face à l’efficacité de l’armement, le casque comme objet de production symbole des mutations économiques imposées durant la Grande guerre. Faire de l’objet casque un sujet d’étude nécessite toutefois quelques précautions du fait de l’absence de sources sur ce sujet. En effet, l’étude de la représentation des casques durant la Première Guerre mondiale.