Utilisateur:Anne Bauval/Fermat exposant 5 par Legendre

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Contenu : synthèse de la preuve de Legendre pour le cas x impair, plus lisible que Utilisateur:Marvoir/Fermat exposant 5 par Legendre car plus condensée

Buts :

  1. comprendre la descente infinie suggérée par Legendre et la formaliser
  2. cerner les lacunes de la « preuve »

Moyens :

  1. traquer les égalités
  2. distinguer clairement ce qui est issu du texte original de ce par quoi il est remplacé de façon indispensable ou, plus accessoirement, par goût personnel

Réf : A. M. Legendre, « Recherches sur quelques objets d'analyse indéterminée et particulièrement sur le théorème de Fermat », dans Essai sur la théorie des nombres. Second supplément, Paris, , 40 p. (lire en ligne) (voir p. 26-29), réimprimé en 1827 (à une modification près de la dernière page) dans Mémoires de l'Académie royale des sciences, t. 6, 1823 [sic] (lire en ligne), p. 1-60 (voir p. 35-41)

§ 38[modifier | modifier le code]

Supposons que y5 + z5 = –x5 avec x, y, z entiers non nuls, premiers entre eux deux à deux et 5 | x. Notons p = y + z.

Alors, x = –5tr et p = 54t5 avec r positif et premier à 10t.

§ 43[modifier | modifier le code]

Supposons de plus x (ou t, ou p) impair, autrement dit yz pair et notons a = yz/2 et b = p2/5 – a (premiers entre eux puisque yz et p le sont). Alors

donc (d'après le lemme clé de Dirichlet, dont Legendre donne deux « preuves » fausses, ici et au § 45 — voir aussi l'analogue au § 46) il existe des entiers f, g, m et n tels que m2 – 5n2 = 1 et m > 0 et

On a donc :

  • F et G premiers entre eux, ainsi que f et g (puisque a et b le sont) ;
  • –r5 = F2 – 5G2 et –r = f2 – 5g2 ;
  • F = f(f4 + 50f2g2 + 125g4) et G = 5g(f4 + 10f2g2 + 5g4) ;
  • 57t10 = p2/5 = a + b = (mF + 5nG) + (mG + nF) = (m + n)F + (m + 5n)G.

§ 44-45[modifier | modifier le code]

m + n5 = (9 + 45)k avec k entier, dont on peut évidemment limiter les valeurs à 0, ±1 et ±2. Puisque (d'après la ligne précédente) 25 | (m + n)F + (m + 5n)G, on trouve alors k = –1, c'est-à-dire m = 9 et n = –4 puis, mod 5, 0 ≡ F – 11G/5 ≡ f5 – 11gf4 donc 5 | h := f – g et

Legendre effectue ensuite de longs calculs aboutissant à l'égalité suivante :

On peut la retrouver plus rapidement, en introduisant une expression intermédiaire utile dès à présent, mais que Legendre ne signale qu'au § 47 :

L'expression intermédiaire prouve que a'2 – 5b'2 est premier avec h (tout facteur premier commun à r et h étant impair et divisant g2 – 5g2, il divise g et donc aussi f — Legendre le montre d'une autre façon) mais aussi qu'il est positif (puisque r l'est). Ceci, joint à l'égalité

vue précédemment, justifie la conclusion de Legendre :

avec t = ur' et r' premier à 5u.

À nouveau grâce au lemme clé de Dirichlet (dont les hypothèses sont encore vérifiées, d'après les équations ci-dessus), il existe des entiers f', g', m' et n' tels que m' + n'5 = (9 + 45)k' avec k' égal à 0, ±1 ou ±2 et

d'où 512u20 = h2 = a' + 3b' = (m'F' + 5n'G') + 3(m'G' + n'F') = (m' + 3n')F' + (5n' + 3m')G', ce qui prouve que cette expression est divisible par 25 donc k' = –2, m' = 161, n' = –72 puis, mod 5, 0 ≡ –F' + 3G'/5 ≡ –f'5 + 3g'f'4 donc 5 | h' := 3g' – f' et

§ 46[modifier | modifier le code]

À nouveau, Legendre effectue de longs calculs, que nous abrégerons en démontrant une égalité intermédiaire seulement signalée au § 47 :

ce qui, comme précédemment, permet d'affirmer que

avec u = u'r" et r" premier à 5u'.

Il existe alors des entiers f", g", m" et n" tels que m" + n"5 = (9 + 45)k" avec k" égal à 0, ±1 ou ±2 et

d'où, mod 5 : 0 ≡ h'2 = b" = (m" + 3n")F" + (3m" + 5n")G" ≡ (m" + 3n")F" donc k" = –2, m" = 161, n" = –72 et

§ 47[modifier | modifier le code]

« Nous retombons ainsi sur une équation semblable à l'équation déjà considérée 512u20 = 123G' – 55F' ; d'où il suit que les mêmes transformations pourront être continuées à l'infini […] t = ur' = u'r'r" = u"r'r"r"' […] les nombres r, r', r", etc. […] ne pourront être moindres que 2, ce qui rendra infinie la valeur de t. »

À l'appui de ses explications, Legendre signale les égalités r'10 = r2 + 5rh2 + 5h4 et r"20 = r'4 + 5r'2h'2 + 5h'4, que nous avons établies plus haut.

Remarque
On peut simplifier le principe de cette descente en utilisant que la suite h, h', h", etc. est strictement décroissante (et non pas « rapidement croissante » comme l'affirme Legendre) car
D'ailleurs, même sans la précaution inutile de Legendre — probablement suscitée par cette erreur — de toujours choisir des a, b tels que a2 – 5b2 soit positif (sauf lors de sa première étape où, sans comprendre qu'il rallongeait ainsi en vain sa preuve, il ne s'est pas encore résigné à affronter les demi-entiers), la suite h, h', h", etc. est strictement décroissante, et c'est ce qui fondera la descente de Dirichlet :

Conclusion[modifier | modifier le code]

En notant F et G les deux polynômes à coefficients entiers définis par (X + Y5)5 = F(X, Y) + G(X, Y)5, le lemme suivant fonde cependant la descente suggérée par Legendre.

Lemme de descente — Soit w un entier impair tel qu'il existe deux entiers f et g premiers entre eux tels que f2 – 5g2 soit positif et non divisible par 5 et, pour un certain entier naturel i, 25w5i = 123G(f, g) – 55F(f, g). Alors w possède un diviseur strict vérifiant la même propriété.

La « preuve » de Legendre (de septembre 1825) aurait donc pu être considérée la première preuve complète du théorème de Fermat pour l'exposant 5, s'il avait bien voulu citer, à plusieurs reprises, le lemme nouveau et crucial du mémoire de juillet 1825 de Dirichlet (dont il était rapporteur), plutôt que d'en donner des pseudo-démonstrations de son cru. Il aurait ainsi devancé la preuve complète de Dirichlet (de novembre 1825).