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L'histoire humaine de l'orgue de Châteaufort en Yvelines
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Origine de l'orgue de Châteaufort
[modifier | modifier le code]Vers 1860, le facteur d'orgues Mutin-Cavaillé-Coll construit un petit orgue de salon pour un mélomane du Chesnay. Cet instrument sera offert plus tard à l'église Saint-Antoine.
En 1940, le Chanoine Lejeune, curé de la paroisse du Chesnay, fait construire le nouvel orgue de son église et offre l'ancien au Grand Séminaire de Versailles. Le transfert et le remontage de l'instrument est confié à la manufacture d'orgues Beuchet-Debierre de Nantes. Cette entreprise conserve la transmission électro-pneumatique et ajoute une « Montre de 8 pieds » en façade.
En 1947 - 1948, les facteurs d'orgues Jacques Picaud et Jacques Berberis remplacent la transmission par une transmission électrique. La soufflerie et les ventilateurs sont modifiés. L'orgue devient pour des années l'instrument qui accompagne la prière des prêtres du diocèse de Versailles et l'instrument d'études de nombreux organistes. Vers 1960, l'orgue subit des dégradations à cause d'une toiture déficiente. La restauration est confiée au facteur Troseille.
En 1970, le Grand Séminaire est fermé et la Chapelle transformée en salle de réunions. Un faux plafond est construit sur toute la longueur de l'édifice. L'orgue est masqué aux regards et peu à peu disparaît de la mémoire collective.
L'aventure humaine commence
[modifier | modifier le code]En 1976, le Père Jacques Minard est nommé curé de Châteaufort. Il se souvient de l'orgue du Grand Séminaire dont il a été le titulaire et fait une demande afin de récupérer cet instrument pour le remonter dans l'église de Châteaufort en Yvelines. Il se voit opposer un refus. En 1979, un incendie se déclare dans l'ancienne chapelle. Les pompiers font leur travail d'extinction des feux. L'orgue qui somnolait dans son grenier se réveille est redécouvert. L’Évêché accepte d’offrir ce qui reste de l'orgue à la paroisse de Châteaufort ! A ce moment commence une aventure humaine inespérée ! Il faut aller chercher les tuyaux, les nettoyer, et commencer à remonter l'instrument dans l'église Saint Christophe. Autour du Père Jacques, les bonnes volontés se mobilisent et une équipe se met en route pour construire son orgue. Ainsi naît l'association de l'A.O.C., (Amis de l'Orgue de Châteaufort). Les heures de travail s'accumulent. 67 familles des villages de Châteaufort et de Toussus-le-Noble prennent part à la souscription lancée en 1987 pour acheter la console. Une partie de la tuyauterie vient de l'ancien orgue Mutin-Cavaillé-Coll, une autre notamment le « bourdon à cheminée » est offert par intermédiaire au Père Minard par le Comte de Paris. Il provient de l'orgue de salon de sa propriété de Louveciennes. Quant aux 12 tuyaux de trompette en cuivre, les "chamades " de l'orgue, ils sont fabriqués sur place par Claude Ollivier. La console de trois claviers et d'un pédalier commande à la fois la tuyauterie et les jeux électroniques.
En 1991, la rencontre avec Bernard Thourel, facteur d'orgues à Toulouse, apporte à l’instrument les avantages de la numérisation, lui donne une nouvelle dimension et le fait chanter avec « l'accent » chaleureux du Midi. Huit ans de travail et de bonheur. L'orgue de Châteaufort fait désormais partie du patrimoine de la commune.
Le 14 août 1997, pendant les travaux d'installation d'une antenne de téléphonie mobile dans le clocher par une fausse manoeuvre un morceau de plafond s'effondre sur l'orgue. Les Amis de l’Orgue de Châteaufort se mobilisent à nouveau pour parvenir à financer la réalisation d’un nouvel instrument. Il est fait appel à Bernard Thourel, facteur d’orgue à Toulouse qui met ses connaissances scientifiques au service de l’instrument musical en mettant en place un système moderne de transmission. Ce qui lui donne des avantages immenses. L’orgue devient beaucoup plus fiable, d’un faible entretien. Actuellement l’orgue de Châteaufort se compose de 45 jeux. La transmission est de type numérique. L’orgue possède également un combinateur électronique qui offre à l’organiste une souplesse et un liant d’exécution et à l’auditeur un confort d’écoute en évitant les silences que nécessitait autrefois la sélection manuelle des jeux.
Décès du Père Jacques Minard, l'aventure continue
[modifier | modifier le code]En 2006, à sa mort, le Père Jacques Minard a légué son orgue personnel et ses économies aux Amis de l’orgue de Châteaufort. L’A.O.C a souhaité lui rendre hommage en créant une classe d’orgue en collaboration avec l’école de musique de Toussus-le-Noble et les Loges-en-Josas. Quant à ses économies léguées, l’AOC a souhaité pouvoir achever le projet du père Minard et donner à l’orgue de Châteaufort toute sa magnificence. En janvier 2012, avec les économies réalisées, l’association a donc engagé avec l'ami Bernard Thourel, des travaux de relevage dont l’orgue avait besoin après 15 ans de bons et loyaux services afin de contribuer à la valorisation de la culture organistique dans une musique éclectique, tant profane que religieuse, pour une petite commune de 1500 habitants
L’orgue de Châteaufort est dans la dynamique des nouveaux orgues qui devraient assurer la transition entre les écoles dites classiques des orgues d’ancienne génération et la mouvance vers des orgues tels qu’utilisés largement dans les pays anglo-saxons.
L'orgue, un instrument bien méconnu
[modifier | modifier le code]Cet instrument bien méconnu du grand public est essentiellement confiné dans son utilisation habituelle aux marches nuptiales et célébrations religieuses. Ne faudrait-il pas rappeler que depuis son invention par l’ingénieux Ketsibos d’Alexandrie, il y a deux mille ans, il était associé aux grands jeux romains pour accompagner le vainqueur dans le temple d’Apollon ? Qu’il revient d'Orient sous forme d'un présent de l'empereur byzantin au roi des Francs, Pépin le Bref ? L’orgue n’a fait son apparition dans les églises qu’au XIIe siècle.
L'esprit pionnier
[modifier | modifier le code]Dans le même esprit pionnier de Cavaillé-Coll et Charles Barker en début du XIX siècle, comment, avec l’évolution du monde moderne, ne pas intégrer les techniques nouvelles à ce génial instrument, bien méconnu, qu’il convient de dépoussiérer. C’est par une démocratisation et une accessibilité aisée à cet instrument que cela le rendrait bien plus populaire et compréhensible à un plus grand public. Cela contribuerait à une valorisation de ce patrimoine organistique qui reste encore à découvrir.
L’orgue de Châteaufort en Yvelines, inauguré le 16 octobre 1998 par Maître Naji Hakim, en présence de Mgr Jean-Charles Thomas, évêque de Versailles, a fait depuis, la joie des grands musiciens dont Rhoda Scott et bien d’autres organistes qui sont venus en concert le découvrir à l’église Saint Christophe.
Après un relevage en 2012- 2013, reconnu pas ses pairs, l'orgue de Châteaufort entre dans la Ronde des Orgues organisée par le Conseil Général des Yvelines.