Voir la source de Tour de Londres

{{Infobox Monument
 | nom                   = Tour de Londres
 | nom local             = {{anglais|Tower of London}}
 | image                 = Tower of London from the Shard (8515883950).jpg
 | légende               = La tour de Londres avec au centre de la forteresse la [[tour Blanche]].
 | adresse               = Londres, EC3N 4AB, Angleterre
 | latitude              = 51.508056
 | longitude             = -0.076111
 | pays                  = {{ENG}}
 | région                = [[Grand Londres]]
 | subdivision2          = 
 | intitulé subdivision2 = 
 | commune               = [[Londres]]
 | intitulé commune      = Ville
 | quartier              = [[Cité de Londres]]
 | style                 = Médiéval
 | type                  = 
 | architecte            = 
 | date de construction  = 1066 <small>mais extensions ultérieures</small>
 | hauteur               = 
 | destination initiale  = Forteresse, prison, arsenal
 | destination actuelle  = 
 | classement            = 
 | site                  = 
 | référence             = 
 | propriétaire          = [[Charles III (roi du Royaume-Uni)|Charles III]] ([[Couronne (Commonwealth)|Couronne]])
}}

La '''tour de Londres''' ({{En anglais|'''Tower of London'''}}{{#tag:ref|La Tour est officiellement appelée « Le Palais royal et la Forteresse de la Tour de Londres de Sa Majesté » (''« Her/His Majesty's Royal Palace and Fortress of the Tower of London »'') bien que le dernier monarque qui y ait habité fut le roi [[Jacques VI et Ier|Jacques {{Ier}}]] au {{s-|XVI}}.|group="nb"}}) est une [[Château fort|forteresse]] historique située sur la rive nord de la [[Tamise]] à [[Londres]] en [[Angleterre]] à côté du {{anglais|[[Tower Bridge]]}}. La tour se trouve dans le [[Borough londonien de Tower Hamlets|borough londonien de {{anglais|Tower Hamlets}}]] situé à l'est de la [[Cité de Londres]] dans un espace appelé {{anglais|[[Tower Hill]]}}. Sa construction commença vers la fin de l'année [[1066]] dans le cadre de la [[Conquête normande de l'Angleterre|conquête normande de l’Angleterre]]. La [[tour Blanche]] ({{anglais|White Tower}}) qui donna son nom à l'ensemble du château, fut construite sur l'ordre de [[Guillaume le Conquérant]] en [[1078]] et fut considérée comme un symbole de l'oppression infligée à Londres par la classe dirigeante. Le château fut utilisé comme prison dès [[1100]]. Il servait également de grand palais et de résidence royale. Dans son ensemble, la tour est un complexe composé de plusieurs bâtiments entourés de deux murailles défensives concentriques et d'une [[Douve (fossé)|douve]]. Il y eut plusieurs phases d'expansion, principalement lors des règnes de [[Richard Cœur de Lion|Richard {{Ier}}]], d'[[Henri III (roi d'Angleterre)|Henri III]] et d'[[Édouard Ier (roi d'Angleterre)|Édouard {{Ier}}]] aux {{sp-|XII|e|et|XIII|e}}s. Le plan général établi à la fin du {{s-|XIII}} n'évolua pas malgré les activités ultérieures dans ces murs.

La tour de Londres a joué un rôle essentiel dans l'histoire de l'Angleterre. Elle fut assiégée à plusieurs reprises et son contrôle était important dans la maîtrise du pays. La tour servit d'[[armurerie]], de [[trésorerie]] et de [[ménagerie]], elle accueillit la {{anglais|[[Royal Mint]]}} et les archives publiques et elle abrite les [[joyaux de la Couronne britannique]]. À partir du début du {{s-|XIV}} et jusqu'au règne de [[Charles II (roi d'Angleterre)|Charles II]], une procession était organisée jusqu'à l'[[abbaye de Westminster]] lors du [[couronnement du monarque britannique]]. En l'absence du roi, le [[Connétable de la Tour de Londres|connétable de la Tour]], une position puissante à l'époque [[médiévale]], avait la charge de la forteresse. Durant la période des [[Maison Tudor|Tudor]], la tour perdit son rôle de résidence royale et, malgré quelques modifications, ses défenses ne furent pas adaptées aux progrès de l'artillerie.

L'utilisation carcérale de la tour atteignit son apogée aux {{sp-|XVI|e|et|XVII|e}}s lorsque de nombreuses personnes tombées en disgrâce, comme [[Élisabeth Ire (reine d'Angleterre)|Élisabeth {{Ire}}]] avant qu'elle ne devienne reine, y furent enfermées. Cet usage est à l'origine de l'expression [[Anglais|anglaise]] {{citation étrangère|lang=en|sent to the Tower}} ({{citation|envoyé à la tour}}) qui veut dire « emprisonné », tout comme son équivalent [[français]] « [[Bastille|embastillé]] »{{#tag:ref|Toutefois, contrairement à la [[Bastille]], la tour de Londres n'a jamais été prévue pour servir de [[prison]] : le bâtiment est dépourvu d'infrastructure fonctionnelle. En [[1786]], Sophia von La Roche donnera le commentaire suivant : {{citation étrangère|lang=en|This seems the most outstanding difference between London and Paris ; the foreigner is shown the Tower, while he dare not even look at the Bastille}} (cité par Edward Impey, {{p.|97}}).|group="nb"}}. Malgré sa réputation tenace de lieu de torture et de mort, popularisée par les propagandistes religieux du {{s-|XVI}} et les écrivains du {{s-|XIX}}, seules sept personnes furent exécutées dans la tour avant le {{s-|XX}}. Les exécutions étaient généralement réalisées à la {{anglais|[[Tower Hill]]}} au nord de la tour où 112 personnes furent exécutées sur une période de {{Unité|400|ans}}. Dans la seconde moitié du {{s-|XIX}}, des institutions comme la {{anglais|Royal Mint}} quittèrent la tour pour d'autres emplacements laissant de nombreux bâtiments vacants. Les architectes [[Anthony Salvin]] et {{Lien|langue=en|trad=John Taylor (architect)|fr=John Taylor (architecte)|texte=John Taylor}} en profitèrent pour restaurer la tour et lui rendre son apparence médiévale en supprimant les structures construites après cette période. Lors des deux guerres mondiales, la tour fut à nouveau utilisée comme une prison et fut le lieu de douze exécutions pour espionnage. Après la [[Seconde Guerre mondiale]], les dégâts causés par le {{allemand|[[Blitz]]}} furent réparés et la tour fut rouverte au public. Aujourd'hui la tour est classée au [[patrimoine mondial]] par l'[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|UNESCO]] et accueille plusieurs millions de visiteurs par an.

== Architecture ==
=== Disposition ===
[[Fichier:Tower 1597.PNG|left|thumb|Plan de la tour de Londres et de ses dépendances en 1597.]]
La tour fut orientée afin de surplomber le [[Londres]] [[Anglo-Saxons|saxon]], ce que l'archéologue {{Lien|langue=en|trad=|fr=Alan Vince}} considère comme ayant été délibéré<ref>{{harvnb|Vince|1990}} in {{harvnb|Creighton|2002|p=138}}.</ref>. Elle dominait visuellement la zone alentour et contrôlait le trafic sur la Tamise<ref>{{harvnb|Creighton|2002|p=138}}.</ref>. La tour est constituée de trois [[rempart]]s. Le rempart intérieur protège la tour Blanche et représente la première phase de construction du château. Le rempart intermédiaire qui l'encercle au nord, à l'est et à l'ouest a été construit pendant le règne du roi [[Richard Cœur de Lion|Richard {{Ier}}]] (1189–1199), sous la responsabilité du [[chancelier]] [[William Longchamp]], [[évêque d'Ely]].

Pour assurer la sécurité du royaume sous le règne d'[[Henri III (roi d'Angleterre)|Henri III]], le château est renforcé et étendu, avec entre autres la construction de la tour Wakefield, la tour de la Lanterne et une [[courtine]] surmontée de neuf tours et entourée de [[Douve (fossé)|douves]].

Finalement, un troisième rempart fut construit sous [[Édouard Ier (roi d'Angleterre)|Édouard {{Ier}}]]. Le roi ne séjourne cependant que rarement au château. Une prison y est installée ainsi qu'une division de l'hôtel royal de la monnaie. La forteresse sert également à entreposer des biens et documents importants.

Malgré plusieurs phases d'expansion après sa création par [[Guillaume le Conquérant|Guillaume ''le Conquérant'']], le plan général de la tour de Londres n'a guère évolué depuis les développements d'Édouard {{Ier}} en [[1285]]. La tour a une superficie d'environ {{unité|4.9|ha}} et {{unité|2.4|ha}} supplémentaires autour de la forteresse forment les ''Tower Liberties'' qui sont une zone directement contrôlée par la tour et aménagée pour des raisons militaires<ref>{{harvnb|Parnell|1993|p=11}}.</ref>. L'ancêtre de ces Liberties fut créé au {{s-|XIII}} lorsqu'[[Henri III (roi d'Angleterre)|Henri III]] ordonna qu'une bande de terre soit dégagée autour de la tour<ref name="Parnell 1993 32-33">{{harvnb|Parnell|1993|pp=32–33}}.</ref>. Malgré les fictions populaires, la tour de Londres n'a jamais accueilli une salle de torture permanente même si le sous-sol de la tour Blanche abrita un [[Chevalet (torture)|chevalet]] à l'époque moderne<ref>{{harvnb|Wilson|1998|p=39}}.</ref>. Un [[appontement]] fut construit sur la Tamise sous Édouard {{Ier}} et fut agrandi jusqu'à sa taille actuelle lors du règne de [[Richard II]] (1377–1399)<ref>{{harvnb|Parnell|1993|p=49}}.</ref>.

La tour était dépositaire du poids étalon anglais, dit de la tour, utilisé pour frapper la monnaie. Ceci permettait notamment d'acheter le métal au poids de Troyes et de le revendre sous forme de monnaie au poids de la tour, en faisant un bénéficie, jusqu'à l'adoption du poids de Troyes en 1526<ref>{{Article |auteur1=Guilhiermoz, Paul |titre=Note sur les poids du moyen âge (première partie) |périodique=[[Bibliothèque de l'École des chartes]] |éditeur=[[Persée (portail)|Persée]] |volume=67 |numéro=1 |date=1906 |pages=161–233 |lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1906_num_67_1_448256 |consulté le=11-11-2023 |doi=10.3406/bec.1906.448256}}.</ref>.

=== Tour Blanche ===
[[Fichier:The White Tower, August 2014 (1).JPG|thumb|left|upright|L'entrée originelle de la tour Blanche se trouvait au premier étage.]]
{{loupe|Tour Blanche}}
La tour Blanche est un [[donjon]], ce qui était souvent la plus forte structure d'un [[château fort|château]] médiéval et celle qui abritait les logements du seigneur, dans ce cas le roi et ses représentants<ref>{{harvnb|Friar|2003|p=163}}.</ref>. Selon l'historien militaire [[Allen Brown]], {{citation|la grande tour [tour Blanche] était également, de par sa force, sa majesté et ses logements grandioses, le donjon ''par excellence''<ref>{{harvnb|Allen Brown|1976|p=15}}.</ref>}}. En tant que l'un des plus grands donjons de la [[chrétienté]]<ref name="Allen Brown 1976 44"/>, la tour Blanche a été décrite comme le {{citation|palais du {{s-|XI}} le plus complet en Europe<ref name="I&P 16">{{harvnb|Impey|Parnell|2000|p=16}}.</ref>}}.

La tour Blanche, sans prendre en compte ses tours d'angle, mesure {{dunité|36|32|m}} à sa base et s'élève à une hauteur de {{unité|27|m}} au niveau du rempart sud. Le bâtiment comprenait initialement trois étages : un sous-sol, un niveau d'entrée et un niveau supérieur. L'entrée, comme cela était la norme dans les donjons [[architecture normande|normands]], se trouvait au-dessus du niveau du sol. Celle-ci se situait sur le côté sud et était équipée d'un escalier en bois qui pouvait être retiré en cas d'attaque. C'est probablement sous le règne d'[[Henri II (roi d'Angleterre)|Henri II]] (1154–1189) qu'un bâtiment fut ajouté sur le côté sud de la tour pour fournir une protection supplémentaire mais il n'a pas survécu jusqu'à nos jours. Chaque étage était divisé en trois pièces, la plus grande se trouvait à l'ouest, une pièce plus petite était au nord-est et la chapelle occupait les flancs sud-ouest du niveau d'entrée et du niveau supérieur<ref name="Parnell 1993 20-21">{{harvnb|Parnell|1993|pp=20–23}}.</ref>. Deux tours carrées se trouvent aux coins occidentaux tandis qu'au coin nord-est, une tour circulaire abrite un escalier en colimaçon. Une saillie semi-circulaire au coin sud-est accueille l'[[abside]] de la chapelle. Comme le bâtiment était conçu pour être une résidence confortable et une forteresse, les [[latrine]]s étaient construites dans les murs et quatre cheminées fournissaient la chaleur<ref name="I&P 16"/>.

La tour est principalement construite avec de la pierre issue du [[Kent]] même si de la [[mudstone]] locale fut également utilisée. De la [[pierre de Caen]] fut importée du nord de la France pour former des détails sur le revêtement de la tour, mais une grande partie fut remplacée par de la [[pierre de Portland]] aux {{sp-|XVII|e|et|XVIII|e}}s. Comme la plupart des fenêtres de la tour furent élargies au {{s-|XVIII}}, il n'en reste que deux d'origine quoique restaurées sur le côté sud<ref name="Parnell 1993 22">{{harvnb|Parnell|1993|p=22}}.</ref>.

La tour fut construite sur le côté d'un remblai afin que le côté nord du niveau inférieur soit partiellement enterré<ref name="Parnell 20">{{harvnb|Parnell|1993|p=20}}.</ref>. Comme dans la plupart des donjons<ref>{{harvnb|Friar|2003|p=164}}.</ref>, le niveau inférieur était un cellier utilisé pour le stockage. L'une des pièces abritait un puits. Bien que le plan soit resté le même depuis la construction de la tour, l'intérieur du cellier date principalement du {{s-|XVIII}} lorsque le sol fut abaissé et la [[voûte]] en bois existante remplacée par des briques<ref name="Parnell 20"/>. Le niveau inférieur est éclairé grâce à de petites fentes<ref name="I&P 16"/>.

[[Fichier:St John's Chapel, Tower of London.jpg|thumb|La chapelle Saint-Jean à l'intérieur de la tour Blanche.]]
Le niveau d'entrée était probablement destiné au connétable de la tour et aux autres officiers. L'entrée sud fut bloquée au {{s-|XVI}} avant d'être rouverte en [[1973]]. Ceux voulant rejoindre le niveau supérieur devaient traverser une petite pièce à l'est, également reliée au niveau d'entrée. La [[crypte]] de la [[Chapelle Saint-Jean de Londres|chapelle Saint-Jean]] occupait le coin sud-est et était accessible uniquement depuis la chambre orientale. Il y avait une embrasure dans le mur nord de la crypte ; selon Geoffrey Parnell, gardien de l'histoire de la tour aux arsenaux royaux : « la forme sans fenêtre et l'accès limité suggèrent qu'elle était conçue comme une chambre forte pour protéger les trésors royaux et les documents importants<ref name="Parnell 20"/> ».

Le niveau supérieur abritait une [[Salle d'apparat|Grande Salle]] à l'ouest et une pièce résidentielle à l'est, les deux étant initialement ouverts sur le toit et entourés d'une galerie construite dans le mur, ainsi que la chapelle St John's au sud-est. Un quatrième niveau fut ajouté au {{s-|XV}}, de même que le toit actuel<ref name="Parnell 1993 20-21"/>{{,}}<ref>{{harvnb|Impey|Parnell|2000|p=17}}.</ref>. La chapelle Saint-Jean ne faisait pas partie du plan initial de la tour Blanche, car le saillant de l'abside fut construit après les murs du cellier<ref name="Parnell 20"/>. Du fait des changements depuis la construction de la tour, la chapelle est presque tout ce qui reste de l'intérieur original<ref name="ABC 12"/>. L'apparence actuelle sobre et pauvre de la chapelle correspond à ce qu'elle aurait été lors de la période normande. Au {{s-|XIII}}, sous le règne d'Henri III, la chapelle fut décorée avec une croix en or et des [[vitrail|vitraux]] représentant la [[Vierge Marie]] et la [[Trinité (christianisme)|Sainte-Trinité]]<ref>{{harvnb|Parnell|1993|p=32}}.</ref>.

=== Rempart intérieur ===
Le rempart intérieur délimite une zone située juste au sud de la tour Blanche et s'étend jusqu'à ce qui était la rive de la Tamise. Comme ce fut le cas dans d'autres châteaux, tel le {{Lien|langue=en|trad=|fr=Hen Domen}} datant également du {{s-|XI}}, la zone abritait probablement des bâtiments en bois datant de la construction de la tour. Le moment exact où les appartements royaux commencèrent à empiéter sur la cour intérieure reste incertain mais il est probable qu'il ait eu lieu dans les [[années 1170]]<ref name="Parnell 1993 22"/>. Ces logements furent rénovés et embellis durant les années [[Années 1220|1220]] et [[Années 1230|1230]] et devinrent comparables aux autres résidences royales comme le [[château de Windsor]]<ref name="Parnell 1993 27">{{harvnb|Parnell|1993|p=27}}.</ref>. La construction de la tour Wakefield (initialement, « tour Blundeville ») et de la tour Lanthorn, situées aux coins du rempart intérieur le long de la Tamise, commença vers [[1220]]<ref name="ABC 17"/>. Elles servaient probablement de résidences privées respectivement pour la reine et le roi. Sous le règne d'Henri III, la chambre de la reine était chaulée et décorée avec des motifs floraux et de la maçonnerie. Une Grande Salle existait dans le sud de la cour entre les deux tours<ref>{{harvnb|Parnell|1993|p=28}}.</ref>. Il était similaire, bien que plus petit, à celui également construit par Henri III au [[château de Winchester]]<ref>{{harvnb|Impey|Parnell|2000|p=31}}.</ref>. Une [[poterne]] située près de la tour Wakefield permettait un accès privé aux appartements du roi. La cour intérieure était initialement entourée d'un fossé défensif qui fut comblé dans les années 1220. À cette période, une cuisine fut construite dans la cour<ref>{{harvnb|Allen Brown|Curnow|1984|pp=17–18}}.</ref>. Entre [[1666]] et [[1676]], la cour fut transformée et les bâtiments du palais furent retirés<ref>{{harvnb|Parnell|1993|p=65}}.</ref>. La zone autour de la tour Blanche fut dégagée de manière que les assaillants dussent approcher à découvert. La maison des joyaux fut démolie et les [[joyaux de la Couronne britannique]] furent transférés à la tour Martin<ref name="Parnell 1993 67">{{harvnb|Parnell|1993|p=67}}.</ref>.
[[Fichier:Panoramic view from Tower of London cropped.jpg|thumb|center|800px|Vue de la cour intérieure. La tour Blanche se trouve au centre et la structure au bout de la courtine à gauche est la tour Wakefield.]]

=== Rempart intermédiaire ===
[[Fichier:London Tower (CherryX).jpg|thumb|Face sud de la caserne Waterloo.]]
Le rempart intermédiaire fut créé durant le règne de [[Richard Cœur de Lion|Richard ''Cœur de Lion'']] lorsqu'une motte fut creusée à l'ouest du rempart intérieur ce qui permit de doubler la taille du château<ref name="ABC 15-17">{{harvnb|Allen Brown|Curnow|1984|pp=15–17}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvnb|Parnell|1993|p=24}}.</ref>. Henri III créa les murs est et nord et la dimension de l'espace circonscrit est restée la même jusqu'à aujourd'hui<ref name="Parnell 1993 32-33"/>. La plupart des travaux d'Henri ont survécu et seules deux des neuf tours qu'il a construites ont été complètement reconstruites<ref name="Parnell 1993 33">{{harvnb|Parnell|1993|p=33}}.</ref>. Entre les tours Wakefield et Lanthorn, le mur intérieur servit également de [[courtine]] pour le rempart intermédiaire<ref name="Parnell 1993 10">{{harvnb|Parnell|1993|p=10}}.</ref>. La principale entrée du rempart intermédiaire aurait été un [[corps de garde]] probablement dans le mur ouest dans ce qui est actuellement la tour Beauchamp. La courtine ouest du mur intermédiaire fut reconstruite sous Édouard {{Ier}}<ref>{{harvnb|Parnell|1993|pp=34–35}}.</ref>. La tour Beauchamp construite au {{s-|XIII}} marqua la première utilisation sur une grande échelle de la brique en [[Grande-Bretagne]] depuis le départ des [[Romains]] au {{s-|V}}<ref>{{harvnb|Parnell|1993|p=42}}.</ref>. La tour Beauchamp est l'une des treize tours situées sur le rempart. Dans le sens anti-horaire depuis le coin sud-ouest, elles portent les noms : Bell, Beauchamp, Devereux, Flint, Bowyer, Brick, Martin, Constable, Broad Arrow, Salt, Lanthorn, Wakefield et Bloody<ref name="Parnell 1993 10"/>. Si ces tours fournissaient des positions permettant le [[tir en enfilade]] contre les assaillants, elles abritaient également des logements. Comme son nom l'indique, la tour Bell abritait un beffroi dont le rôle était d'alerter d'une attaque ennemie. L'archetier royal responsable de la fabrication des [[Arc long anglais|arcs longs]], des [[arbalète]]s, des [[catapulte]]s et des autres armes de siège avait un atelier dans la tour Bowyer. Une tourelle située au sommet de la tour Lanthorn servait de balise pour le trafic fluvial durant la nuit<ref>{{harvnb|Wilson|1998|p=34}}.</ref>.

En conséquence des travaux d'Henri, [[Chapelle royale de Saint-Pierre-aux-Liens|St Peter ad Vincula]], une chapelle normande auparavant située à l'extérieur de la tour fut incorporée dans le château. Henri décora la chapelle en ajoutant des vitraux et des cabinets pour lui et la reine<ref name="Parnell 1993 33"/>. Elle fut reconstruite par Édouard {{Ier}}<ref>{{harvnb|Parnell|1993|p=46}}.</ref> puis par [[Henri VIII]] en [[1519]] ; le bâtiment actuel date de cette période même si la chapelle fut réaménagée au {{s-|XIX}}<ref name="Parnell 1993 55">{{harvnb|Parnell|1993|p=55}}.</ref>. Immédiatement à l'ouest de la tour Wakefield, la tour Bloody (« Sanglante ») fut construite à la même période que la courtine du rempart intermédiaire et fournissait un accès au château depuis la Tamise. Il s'agissait d'une structure simple protégée par une [[Herse (architecture)|herse]] et une porte<ref>{{harvnb|Parnell|1993|p=29}}.</ref>. La tour Bloody acquit son nom au {{s-|XVI}}, car c'est dans celle-ci que les princes [[Édouard V|Édouard]] et [[Richard de Shrewsbury|Richard]] auraient été assassinés<ref>{{Lien web|url=http://www.hrp.org.uk/TowerOfLondon/Sightsandstories/Prisoners/Towers/BloodyTower.aspx |titre=Bloody Tower |éditeur=Historic Royal Palaces |consulté le=2010-07-22}}.</ref>. Entre [[1339]] et [[1341]], un corps de garde fut construit dans le rempart entre les tours Bell et Salt<ref name="Parnell 1993 47">{{harvnb|Parnell|1993|p=47}}.</ref>. Sous la période des Tudor, plusieurs bâtiments destinés au stockage des munitions furent construits le long de l'intérieur du mur intermédiaire<ref>{{harvnb|Parnell|1993|p=58}}.</ref>. Les bâtiments du château furent remodelés durant le règne de la [[maison Stuart]] principalement sous les auspices du Bureau de l'Ordonnance. En [[1663]] environ {{unité|4000|£}} furent dépensés pour construire un nouveau magasin dans la cour intérieure<ref name="Parnell 1993 64">{{harvnb|Parnell|1993|p=64}}.</ref>. La construction du Grand Magasin au nord de la tour Blanche commença en [[1688]] sur l'emplacement même des magasins délabrés de la période Tudor<ref>{{harvnb|Parnell|1993|p=70}}.</ref> ; celui-ci fut détruit par un incendie le {{Date|30|octobre|1841}}<ref>''Musée des familles: lectures du soir, Volume 10'', Bureaux du Musée des Familles, 1843.</ref>. Le {{date|14 juin 1845}}, le [[Arthur Wellesley de Wellington|Duc de Wellington]] pose la première pierre de la caserne construite à sa place et qui abrite aujourd'hui les joyaux de la couronnes<ref>{{harvnb|Parnell|1993|p=90}}.</ref>{{,}}<ref name="jewels in waterloo barracks">{{Lien web|url=http://www.hrp.org.uk/Hireavenue/venuesandsuppliers/TowerofLondon/venues/thejewelhouse.aspx |titre=Jewel House |éditeur=Historic Royal Palaces |consulté le=2010-06-22}}.</ref>. Le duc nomme cette caserne Waterloo en souvenir de sa célèbre victoire.

==== Tour du Sel ====

La ''Salt Tower'' donnait initialement sur la Tamise. Des archers s'y installaient pour la protéger. En temps de paix, la tour servait d'entrepôt. Au premier étage, une chambre est dotée d'une cheminée datant du {{s-|XIII}} et d'une fenêtre décorative. C'est là que fut enfermé le [[Liste des monarques d'Écosse|roi écossais]] [[Jean d'Écosse|Jean de Bailleul]] de [[1296]] à [[1299]]. D'autres prisonniers y seront enfermés durant les siècles suivants comme en témoignent les graffitis gravés sur les murs.

==== Tour du Phéon ====

La ''Broken Arrow Tower'' tire son nom du symbole en fer de lance (''[[phéon]]'') estampillé sur les biens appartenant au roi. Elle servait initialement à l'entreposage des tenues royales et des meubles. Là encore, la tour est utilisée comme prison. [[Giovanni Battista Castiglione]], tuteur italien de la future reine [[Élisabeth Ire (reine d'Angleterre)|Élisabeth]] et le conspirateur [[Everard Digby]], notamment, y furent enfermés.

==== Tour Martin ====

De [[1669]] à [[1841]], la tour abrite les joyaux de la Couronne. Elle était alors connue sous le nom de ''Tour des Joyaux''. Le premier gardien de la tour, Talbot Edwards, fut victime de la tentative de vol des joyaux par [[Thomas Blood]] et ses complices en [[1671]].

=== Rempart extérieur ===
Un troisième rempart fut construit sous Édouard {{Ier}}. Un [[bastion]] appelé ''Legge's Mount'' fut construit au coin nord-ouest du château et un second bastion, ''Brass Mount'', fut par la suite ajouté au coin nord-est. Les trois tours rectangulaires situées sur le mur est furent démantelées en [[1843]]. Les bastions ont souvent été attribués à la période Tudor mais il n'y a aucune preuve ; des fouilles archéologiques suggèrent que ''Legge's Mount'' remonterait au règne d'Édouard {{Ier}}<ref name="Parnell 1993 35-37">{{harvnb|Parnell|1993|pp=35–37}}.</ref>. Les [[créneau]]x se trouvant sur le côté sud du ''Legge's Mount'' sont les derniers créneaux médiévaux de la tour de Londres ; les autres datent de la période victorienne<ref>{{harvnb|Parnell|1993|pp=43–44}}.</ref>. Une nouvelle douve de {{unité|50|m}} de large fut creusée au-delà des nouvelles limites de la forteresse<ref>{{harvnb|Impey|Parnell|2000|p=34}}.</ref> ; elle était initialement {{unité|4.5|m}} plus profonde qu'aujourd'hui<ref name="Parnell 1993 35-37"/>. Du fait de l'ajout de cette nouvelle enceinte, l'ancienne entrée principale de la tour de Londres fut bloquée et une nouvelle entrée fut créée au coin sud-ouest du rempart extérieur. La structure comprenait deux corps de garde et une [[barbacane]]<ref name="Parnell 1993 40-41">{{harvnb|Parnell|1993|pp=40–41}}.</ref> qui fut appelée ''Lion Tower'' en référence à la ménagerie royale existante depuis les années 1330<ref>{{harvnb|Impey|Parnell|2000|p=36}}.</ref>. La ''Lion Tower'' n'a pas survécu jusqu'à nos jours<ref name="Parnell 1993 40-41"/>. Édouard {{Ier}} agrandit le côté sud de la tour de Londres sur les terres auparavant submergées par la Tamise. Dans ce rempart, il fit construire la ''St Thomas' Tower'' entre [[1275]] et [[1279]] ; par la suite appelée ''Traitors' Gate'', elle remplaçait la ''Bloody Tower'' comme porte d'accès depuis le fleuve. Le bâtiment est unique en Angleterre et la structure la plus proche était la porte aujourd'hui détruite du [[Palais du Louvre|Louvre]] à [[Paris]]. Le quai était protégé par une herse et des [[meurtrière]]s en cas d'attaque depuis le fleuve. Il y avait des logements luxueux au premier étage<ref>{{harvnb|Parnell|1993|pp=38–39}}.</ref>. Édouard {{Ier}} déménagea également la ''[[Royal Mint]]'' dans la tour ; sa position initiale exacte est inconnue mais elle se trouvait probablement dans le rempart extérieur ou dans la ''Lion Tower''<ref name="Parnell 1993 43">{{harvnb|Parnell|1993|p=43}}.</ref>. À partir de [[1560]], la monnaie royale fut installée dans un bâtiment adossé au mur extérieur près de la ''Salt Tower''<ref>{{harvnb|Parnell|1993|p=61}}.</ref>. Entre [[1348]] et [[1355]], une seconde porte d'accès sur le fleuve, la ''Cradle Tower'', fut ajoutée à l'est de la ''St Thomas' Tower'' pour l'usage exclusif du roi<ref name="Parnell 1993 47"/>.
[[Fichier:Panorama of the outer curtain wall of the Tower of London, 2006.jpg|thumb|center|800px|Vue du rempart extérieur de la tour de Londres. Le rempart intermédiaire est visible juste derrière. Le ''Legge's Mount'' se trouve au centre.]]

== Histoire ==
=== Fondation ===
[[Fichier:Tower of London - 01.jpg|thumb|La tour vue depuis la Tamise.]]
Après sa victoire lors de la [[bataille d'Hastings]], le {{date|14 octobre 1066}}, [[Guillaume le Conquérant|Guillaume ''le Conquérant'']], [[Liste des ducs de Normandie|duc de Normandie]], passa le reste de l'année à fortifier des positions clés pour assurer son pouvoir. Il fonda plusieurs châteaux le long de son trajet indirect vers Londres<ref name="ABC 5">{{harvnb|Allen Brown|Curnow|1984|p=5}}.</ref>{{,}}<ref name="Liddiard 18">{{Harvnb|Liddiard|2005|p=18}}.</ref> ; c'est seulement lorsqu'il atteignit [[Cantorbéry]] qu'il se dirigea vers la plus grande ville d'Angleterre. Comme le pont fortifié de Londres était tenu par les [[Anglo-Saxons|Saxons]], il décida de piller [[Southwark (quartier)|Southwark]] avant de poursuivre son chemin en Angleterre du Sud<ref>{{harvnb|Bennett|2001|p=45}}.</ref>. Une série de victoires normandes permit de couper le ravitaillement de la ville et en décembre [[1066]], ses dirigeants se rendirent sans combattre<ref>{{harvnb|Bennett|2001|pp=45–47}}.</ref>{{,}}<ref name="Wilson1">{{harvnb|Wilson|1998|p=1}}.</ref>. Entre 1066 et [[1087]] Guillaume établit 36 châteaux<ref name="Liddiard 18"/> bien que des références dans le ''[[Domesday Book]]'' semblent indiquer que bien plus furent fondés par ses subordonnés<ref>{{harvnb|Allen Brown|1976|p=30}}.</ref>. La nouvelle classe dirigeante entreprit ce qui a été décrit comme le « plus intense et le plus concentré des programmes de construction de châteaux de toute l'histoire de l'Europe féodale<ref>{{harvnb|Allen Brown|1976|p=31}}.</ref> ». Ces bâtiments servaient de forteresse, de centre administratif et de résidence<ref>{{Harvnb|Friar|2003|p=47}}.</ref>.

Guillaume envoya une avant-garde pour préparer son entrée dans la ville, célébrer sa victoire et fonder un château ; d'après les mots du biographe de Guillaume, le chroniqueur [[Guillaume de Poitiers (chroniqueur)|Guillaume de Poitiers]], « certaines forteresses furent construites dans la ville contre l'agitation de la population brutale et nombreuse. Car il [Guillaume] considérait qu'il était de première importance d'intimider les Londoniens<ref name="ABC 5"/> ». À l'époque, Londres était la plus grande ville d'Angleterre ; la fondation de l'[[abbaye de Westminster]] et du [[palais de Westminster]] par [[Édouard le Confesseur|Édouard ''le Confesseur'']] l'avait élevé au rang de centre de gouvernance et son port prospère était un atout important pour les [[Normands]]<ref name="Wilson1"/>. Les deux autres châteaux de Londres, Baynard et Montfichet furent construits au même moment<ref name="Wilson 2">{{harvnb|Wilson|1998|p=2}}.</ref>. La fortification qui deviendra par la suite la tour de Londres fut construite au coin sud-est des anciens murs romains de la ville et ceux-ci furent utilisés pour servir de bases préfabriquées ; de plus la [[Tamise]] fournissait une défense supplémentaire au sud<ref name="ABC 5"/>. Durant cette première phase de construction, le château aurait été entouré d'un fossé et d'une [[palissade]] en bois et aurait probablement fourni des logements pour Guillaume<ref>{{harvnb|Allen Brown|Curnow|1984|pp=5–9}}.</ref>.

[[Fichier:Tower of London White Tower.jpg|left|thumb|La tour Blanche date du {{s-|XI}}. Cette photo a été prise en 2007, soit avant les travaux de restauration de 2008-2011. On peut voir que la pierre a été noircie par le temps.]]
Presque tous les premiers châteaux normands étaient construits en bois mais à la fin du {{s-|XI}}, certains d'entre eux, dont la tour de Londres, furent rénovés avec de la pierre<ref name="Wilson 2"/>. Les travaux sur la tour Blanche, qui lui donnèrent son nom<ref name="Allen Brown 1976 44">{{harvnb|Allen Brown|1976|p=44}}.</ref> auraient commencé en [[1078]] mais la date exacte est incertaine. Guillaume nomma [[Gondulf de Rochester|Gundulf]], l'évêque de [[Rochester (Kent)|Rochester]], responsable de la construction même si elle ne fut pas achevée avant la mort de Guillaume en [[1087]]<ref name="Allen Brown 1976 44"/>. La tour Blanche est le premier [[donjon]] en pierre d'Angleterre et était la structure la plus résistante du château. Elle abritait également des logements luxueux pour le roi<ref name="AB 9-10">{{harvnb|Allen Brown|Curnow|1984|pp=9–10}}.</ref>. La tour était probablement terminée en [[1100]] lorsque [[Rainulf Flambard]] y fut emprisonné<ref name="ABC 12">{{harvnb|Allen Brown|Curnow|1984|p=12}}.</ref>{{#tag:ref|Flambard, l'[[évêque de Durham]] fut emprisonné par [[Henri Ier (roi d'Angleterre)|Henri {{Ier}}]] pour les « nombreuses injustices dont le roi et ses fils avaient été victimes<ref name="Wilson 5">{{harvnb|Wilson|1998|p=5}}.</ref> ».|group="nb"}}. Flambard était détesté par les Anglais pour les lourdes taxes qu'il leur imposa. S'il fut le premier prisonnier connu de la tour, il fut également le premier à s'en évader en utilisant une corde dissimulée dans un tonneau de vin. Il était détenu dans des conditions luxueuses et avait le droit à des serviteurs mais le {{date|2 février 1101}} il organisa un banquet pour ses geôliers. Après les avoir enivré, il se laissa glisser le long de la tour avec la corde. L'évasion fut une telle surprise qu'un chroniqueur contemporain accusa l'évêque de sorcellerie<ref>{{harvnb|Wilson|1998|pp=5–6}}.</ref>.

La ''[[Chronique anglo-saxonne]]'' note qu'en [[1097]], le roi [[Guillaume le Roux|Guillaume II d'Angleterre]] ordonna la construction d'un mur autour de la tour de Londres ; ce dernier était probablement en pierre et il remplaçait l'ancienne palissade en bois située autour des côtés nord et ouest du château entre le mur romain et la Tamise<ref>{{harvnb|Allen Brown|Curnow|1984|pp=12–13}}.</ref>. La conquête normande de Londres se manifesta non seulement sous la forme d'une nouvelle classe dirigeante mais également de la manière dont la ville fut structurée. Les terres furent confisquées et redistribuées entre les Normands<ref name="Parnell 1993 54"/>. De nombreux [[juifs]] arrivèrent également en Angleterre sous la protection de la Couronne et s'implantèrent souvent près des châteaux<ref>{{harvnb|Creighton|2002|p=147}}.</ref>. Les juifs s'y réfugiaient en cas de violences [[antisémites]]<ref name="Parnell 1993 54"/>.

La mort d'[[Henri Ier (roi d'Angleterre)|Henri {{Ier}}]] en [[1135]] plongea le royaume dans une [[Guerre civile anglaise (anarchie)|lutte pour la succession]]. Bien que le roi ait persuadé ses plus puissants vassaux de prêter serment à l'emperesse [[Mathilde l'Emperesse|Mathilde]], juste quelques jours après la mort d'Henri, [[Étienne de Blois]] arriva de France pour revendiquer le trône. L'importance de la ville et de sa tour est marquée par la vitesse à laquelle il sécurisa Londres. Le château, qui n'avait pas été utilisé comme résidence royale depuis quelque temps, était laissé à la charge du connétable de la tour, poste tenu à ce moment par [[Geoffrey de Mandeville (1er comte d'Essex)|Geoffrey de Mandeville]]. Comme la tour était considérée comme une forteresse imprenable située sur une importante position stratégique, son contrôle était indispensable. Mandeville en profita et monnaya son allégeance à Mathilde après qu'Étienne eut été capturé à la [[Bataille de Lincoln (1141)|bataille de Lincoln]] en [[1141]]. Cependant, il revendit son soutien à Étienne l'année suivante après l'affaiblissement de Mathilde. Grâce à son poste de connétable de la tour, Mandeville devint « l'homme le plus riche et le plus puissant d'Angleterre<ref name="Wilson 6-9">{{harvnb|Wilson|1998|pp=6–9}}.</ref> ». Lorsqu'il employa le même stratagème, cette fois en tenant des négociations secrètes avec Mathilde, Étienne le fit arrêter et il dut céder le contrôle de ses châteaux avant d'être remplacé par l'un des partisans les plus loyaux d'Étienne. Jusqu'alors, le poste était transmis de manière héréditaire au sein de la [[famille de Mandeville]] (dont le premier avait été l'un des compagnons de Guillaume le Conquérant) mais son pouvoir était tel qu'il fut laissé entre les mains d'un proche du monarque. La position était généralement donnée à une personne importante qui ne se trouvait pas toujours à la tour, du fait d'autres devoirs. Si le connétable était toujours responsable de la maintenance du château et de sa garnison, il déléguait une partie de ses taches au lieutenant de la tour<ref name="Wilson 6-9"/>. Les connétables avaient également des devoirs civiques en rapport avec la ville. Habituellement, ils recevaient le contrôle de la cité et étaient responsables de la collecte des taxes, de l'application de la loi et du maintien de l'ordre. Le nouveau poste de [[lord-maire de Londres]] créé en [[1191]] reçut une partie des prérogatives civiles du connétable ce qui mena à des frictions entre les deux<ref>{{harvnb|Wilson|1998|pp=14–15}}.</ref>.

=== Expansion ===
[[Fichier:Tower Of London 27 November 2011.jpg|thumb|left|upright|La tour de Londres, vue de la rive nord de la Tamise.]] Le château conserva probablement sa forme établie à partir de 1100 jusqu'au règne de [[Richard Ier (roi d'Angleterre)|Richard {{Ier}}]] (1189–1199)<ref>{{harvnb|Allen Brown|Curnow|1984|p=13}}.</ref>. Il fut agrandi sous l'impulsion de [[William Longchamp]], le [[lord chancelier]] de Richard {{Ier}} et l'homme qui avait la charge de l'Angleterre lorsque le roi était en [[croisade]]. Les documents rapportent que {{unité|2881|£}} furent dépensées à la tour de Londres entre le {{date|3 décembre 1189}} et le {{date|11 novembre 1190}}<ref>{{harvnb|Allen Brown|Curnow|1984|p=15}}.</ref> sur un total d'environ {{unité|7000|£}} pour l'ensemble des châteaux d'Angleterre<ref>{{harvnb|Gillingham|2002|p=304}}.</ref>. Selon le chroniqueur contemporain [[Roger de Hoveden]], Longchamp creusa une [[Douve (fossé)|douve]] autour du château et tenta en vain de la remplir avec l'eau de la Tamise<ref name="ABC 15-17"/>. Longchamp était également connétable de la tour et il supervisa son extension tout en se préparant à la guerre avec le jeune frère de Richard {{Ier}}, [[Jean sans Terre]] qui tenta de s'emparer du pouvoir en l'absence du monarque. Longchamp rendit la tour de Londres aussi puissante que possible et les nouvelles défenses furent testées en octobre 1191 lorsque la tour connut le premier siège de son histoire. Longchamp capitula au bout de seulement trois jours ayant considéré qu'il avait plus à gagner en se rendant qu'en poursuivant le siège<ref>{{harvnb|Wilson|1998|pp=13–14}}.</ref>.

[[Fichier:236SFEC LONDON-20070917.JPG|thumb|La tour de Londres vue de la rive sud de la Tamise. La ''Traitors' Gate'' est visible sur la gauche.]]
Jean monta sur le trône en 1199 mais son pouvoir fut contesté par de nombreux [[Baron (noblesse)|barons]] qui se révoltèrent contre lui. En [[1214]], alors que le roi se trouvait au château de Windsor, {{Lien|langue=en|trad=|fr=Robert Fitzwalter}} mena une armée dans Londres et assiégea la tour. Malgré la faiblesse de la garnison, la tour résista et le siège fut levé après la promulgation de la ''[[Magna Carta]]'' par Jean<ref name="Wilson 17-18">{{harvnb|Wilson|1998|pp=17–18}}.</ref>. Cependant, le roi manqua à sa promesse de réforme et cela déclencha la première guerre des barons. Malgré la signature de la ''Magna Carta'', Fitzwalter conservait son contrôle sur Londres. Durant la guerre, la garnison de la tour rejoignit les barons. Jean fut déposé en [[1216]] et les barons offrirent le trône d'Angleterre au [[Louis VIII de France|prince Louis]], le fils aîné du [[roi de France]]. Cependant, après la mort de Jean en octobre 1216, les revendications de son fils aîné [[Henri III (roi d'Angleterre)|Henri]] commencèrent à rassembler des partisans. La guerre continua entre les deux factions et Fitzwalter soutenait Louis. Fitzwalter conserva le contrôle de la tour de Londres et de la ville jusqu'à la [[Bataille de Lincoln (1217)|bataille de Lincoln]] en [[1217]] qui élimina la menace française sur le trône<ref name="Wilson 17-18"/>.

Au {{s-|XIII}}, les rois [[Henri III (roi d'Angleterre)|Henri III]] (1216–1272) et [[Édouard Ier (roi d'Angleterre)|Édouard {{Ier}}]] (1272–1307) agrandirent le château dont la forme actuelle n'a guère évolué depuis<ref name="ABC 17">{{harvnb|Allen Brown|Curnow|1984|p=17}}.</ref>. Henri ne s'entendait pas avec ses barons et cela mena à une révolte. En conséquence, il était impatient de transformer la tour de Londres en une forteresse imprenable ; Henri était un [[Esthétisme|esthète]] et voulait faire du château un lieu agréable à vivre<ref>{{harvnb|Wilson|1998|pp=19–20}}.</ref>. Entre 1216 et [[1227]], près de {{unité|11000|£}} furent dépensées pour la tour de Londres ; à cette période seul le château de Windsor coûta plus de ({{unité|15000|£}}). L'essentiel des travaux fut réalisé dans les bâtiments royaux de la cour intérieure<ref name="Parnell 1993 27"/>. La tradition de chauler la tour Blanche (dont le nom est issu) commença en 1240<ref name="ABC 20">{{harvnb|Allen Brown|Curnow|1984|p=20}}.</ref>.

À partir de 1238, le château fut agrandi vers l'est, le nord et le nord-ouest. Les travaux durèrent jusqu'au règne d'Édouard {{Ier}} et furent occasionnellement interrompus par des révoltes. Les nouvelles constructions définissaient un nouvel espace défensif garni de plusieurs tours tandis qu'un fossé fut creusé à l'ouest, au nord et à l'est, là où les murs n'étaient pas protégés par le fleuve. L'extension orientale du château se fit au-delà des limites de l'ancienne implantation romaine marquées par les remparts de la ville intégrés au sein des défenses<ref name="ABC 20"/>. La tour avait depuis toujours été un symbole de l'oppression, méprisée par les Londoniens et le programme de construction d'Henri était impopulaire. Ainsi lorsque le corps de garde s'effondra en 1240, toute la population locale célébra l'accident<ref>{{harvnb|Wilson|1998|p=21}}.</ref>. L'expansion provoqua du ressentiment et {{unité|166|£}} furent données à l'{{Lien|langue=en|trad=|fr=St Katharine's by the Tower|texte=hôpital St Katherine's}} en compensation<ref>{{harvnb|Allen Brown|Curnow|1984|pp=20–21}}.</ref>.

Henri III rassemblait souvent la cour à la tour de Londres et il y organisa au moins deux séances parlementaires (en 1236 et 1261) lorsqu'il sentait l'agitation des barons. En 1258, ces derniers menés par [[Simon V de Montfort]] forcèrent le roi à accepter des réformes dont l'organisation régulières de séances parlementaires. Renoncer à la tour de Londres était également l'une des conditions. Henri III ne supporta pas la perte de pouvoir et demanda au pape la permission de briser son serment. Avec le soutien de mercenaires, Henri s'installa dans la tour en 1261. Alors que les négociations continuaient avec les barons, Henri s'installa confortablement dans le château. Une trêve fut signée à la condition que le roi rende le contrôle de la tour. Henri remporta une victoire décisive à la [[bataille d'Evesham]] en [[1265]] et celle-ci lui permit de reprendre le contrôle du pays et de la tour de Londres. Le cardinal [[Adrien V|Ottobono]] arriva en Angleterre pour excommunier les derniers rebelles ; la décision fut très mal acceptée et le cardinal dut se réfugier à la tour. [[Gilbert de Clare (7e comte de Gloucester)|Gilbert de Clare]] marcha sur Londres en avril [[1267]] et mit en place le siège de la forteresse. Malgré une supériorité numérique et des armes de siège, Gilbert de Clare ne parvint pas à prendre la tour. Le comte se replia et le roi reprit le contrôle de la capitale ; la tour ne fut plus assiégée durant le règne d'Henri III<ref>{{harvnb|Wilson|1998|p=27}}.</ref>.

Même s'il était rarement à Londres, Édouard {{Ier}} entreprit une couteuse rénovation de la tour d'un montant de {{unité|21000|£}} entre 1275 et 1285, plus du double que sous l'ensemble du règne de Henri III<ref name="Parnell 1993 35">{{harvnb|Parnell|1993|p=35}}.</ref>. Édouard {{Ier}} était un constructeur expérimenté et il utilisa sa connaissance de la guerre de siège apprise lors des [[croisade]]s pour apporter des innovations à la construction des châteaux<ref name="Parnell 1993 35"/>. Son [[Châteaux forts et enceintes du roi Édouard Ier dans l'ancienne principauté de Gwynedd|programme de construction dans le pays de Galles]] introduisit l'emploi des [[meurtrière]]s des châteaux européens<ref>{{Harvnb|Cathcart King|1988|p=84}}.</ref>. À la tour de Londres, Édouard {{Ier}} combla le fossé creusé par Henri III et construisit un nouveau rempart sur son emplacement, créant ainsi une autre zone défensive. Une nouvelle douve fut créée au pied de ce nouveau rempart. La partie occidentale de la courtine d'Henri III fut reconstruite et la tour Beauchanp remplaça l'ancien corps de garde du château. Une nouvelle entrée fut construite avec des défenses élaborées comprenant deux corps de garde et une [[barbacane]]<ref>{{harvnb|Parnell|1993|pp=35–44}}.</ref>. Afin de rendre le château autonome, Édouard {{Ier}} fit construire deux [[Moulin à eau|moulins à eau]]<ref>{{harvnb|Wilson|1998|pp=31}}.</ref>. 600 juifs furent emprisonnés à la tour de Londres en 1278 après avoir été accusés de [[Rognage (numismatique)|rognage]]<ref name="Parnell 1993 54"/>. La persécution des juifs sous Édouard {{Ier}} commença en 1276 et fut à son comble en [[1290]] lorsqu'il délivra l'édit d'expulsion chassant les juifs du pays<ref>{{harvnb|Wilson|1998|pp=34, 36}}.</ref>.

=== Fin du Moyen Âge ===
[[Fichier:Tower of London model.JPG|thumb|upright|Maquette de la tour telle qu'elle était à la fin des expansions d'{{souverain-|Édouard Ier}}.]]
Durant le règne d'{{souverain2|Édouard II}} (1307–1327), il y eut assez peu d'activités à la tour de Londres<ref>{{harvnb|Impey|Parnell|2000|p=41}}.</ref>. C'est cependant à cette période que le ''{{Lien|langue=en|trad=|fr=Privy Wardrobe}}'' fut créé. L'institution basée dans la tour était responsable de l'organisation militaire de l'état<ref>{{harvnb|Lapper|Parnell|2000|p=28}}.</ref>. [[Marguerite de Clare (1287-1333)|Marguerite de Clare]] devint la première femme emprisonnée à la tour après qu'elle eut refusé l'entrée de la [[Isabelle de France (1292-1358)|reine Isabelle]] dans le [[château de Leeds]]<ref>{{harvnb|Wilson|1998|p=40}}.</ref> et ordonné à ses archers de lui tirer dessus, tuant six membres de l'escorte royale<ref>{{harvnb|Costain|1958|pp=193–195}}.</ref>{{,}}<ref>Calendar of Patent Rolls. 1321–1327. {{p.|29}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvnb|Strickland|1840|p=201}}.</ref>. Généralement réservée aux détenus de haut-rang, la tour était la plus importante prison royale du pays<ref>{{harvnb|Friar|2003|p=235}}.</ref>. Elle n'était cependant pas très sécurisée et durant toute son histoire des personnes payèrent des gardes pour s'évader. En 1323, [[Roger Mortimer (1er comte de March)|Roger Mortimer]] fut aidé dans son évasion par le sous-lieutenant de la tour qui laissa entrer des hommes de Mortimer. Ils percèrent un mur et Mortimer s'échappa par bateau. Il rejoignit la France où il rencontra l'épouse d'{{souverain-|Édouard II}}. Ils eurent une liaison et planifièrent de renverser le roi. L'un des premiers actes de Mortimer à son retour fut de capturer la tour et de libérer les prisonniers qui y étaient détenus. {{souverain-|Édouard II}} fut assassiné et Mortimer devint le vrai dirigeant de l'Angleterre car {{souverain2|Édouard III}} était trop jeune. Cependant en 1330, {{souverain-|Édouard III}} et ses partisans l'arrêtèrent et l'enfermèrent dans la tour ; il sera pendu peu de temps après<ref>{{harvnb|Wilson|1998|pp=34, 42–43}}.</ref>. Sous le règne d'{{souverain-|Édouard III}} (1327–1377), l'Angleterre renoua avec les succès militaires après les déconvenues de son père face aux Écossais et aux Français. Les batailles de [[Bataille de Crécy|Crécy]], de [[Bataille de Poitiers (1356)|Poitiers]] où le roi {{souverain3|Jean II de France}} est capturé et celle de [[Bataille de Neville's Cross|Neville's Cross]] où le roi {{souverain3|David II d'Écosse}} est fait prisonnier sont d'éclatantes victoires. À cette période, la tour accueillit de nombreux nobles faits prisonniers à la guerre<ref name="I&P 42">{{harvnb|Impey|Parnell|2000|p=42}}.</ref>, comme [[Charles de Blois]] fait prisonnier à la [[bataille de La Roche-Derrien]] et qui sera emprisonné dans la Tour vers décembre 1348<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=André Davy |titre=Les barons du Cotentin |lieu=Condé-sur-Noireau |éditeur=Éditions Eurocibles |collection=Inédits et introuvables du patrimoine Normand |année=2014 |pages totales=319 |passage=166 |isbn=978-2-91454-196-1 }}.</ref>. {{souverain-|Édouard II}} avait néanmoins négligé l'entretien de la tour<ref name="Parnell 1993 47"/> et sous {{souverain-|Édouard III}} elle était devenu très inconfortable. Les nobles qui y étaient enfermés ne pouvaient pas s'adonner à des activités, comme la chasse, qui étaient permises dans d'autres châteaux royaux utilisés comme prisons comme Windsor. {{souverain-|Édouard III}} ordonna que le château soit rénové<ref>{{harvnb|Wilson|1998|p=45}}.</ref>.

[[Fichier:towrlndn.JPG|thumb|upright|left|L'un des plus puissants nobles français enfermé à la tour durant la guerre de Cent Ans était {{souverain3|Charles Ier d'Orléans}}, neveu du roi de France. L'image ci-dessus est la plus ancienne représentation non schématique de la tour. Elle montre la tour Blanche et la ''Traitors' Gate''. Elle date du {{s-|XV}}<ref name="I&P 51"/>.]]
Lorsque {{souverain2|Richard II d'Angleterre}} fut [[couronnement du monarque britannique|couronné]] en 1377, il mena une procession de la tour à l'[[abbaye de Westminster]]. Cette tradition se poursuivit jusqu'en 1660<ref name="I&P 42"/>. Durant la [[révolte des paysans]] de 1381 la tour de Londres fut assiégée avec le roi à l'intérieur. Lorsque Richard quitta la forteresse pour rencontrer [[Wat Tyler]], le chef des rebelles, une foule entra sans résistance dans le château et pilla la ''Jewel House'' abritant les joyaux de la couronne. L'[[archevêque de Cantorbéry]] [[Simon Sudbury]] se réfugia dans la chapelle Saint-Jean en espérant que la foule respecterait le sanctuaire. Il fut cependant capturé et décapité à ''Tower Hill''<ref name="Parnell 1993 53">{{harvnb|Parnell|1993|p=53}}.</ref>. Six ans plus tard, lors d'une nouvelle révolte populaire, Richard passa Noël dans la sécurité de la tour plutôt qu'à Windsor comme cela était la coutume<ref>{{harvnb|Impey|Parnell|2000|p=44}}.</ref>. Lorsqu'[[Henri IV d'Angleterre|Henri Bolingbroke]] revint d'exil en 1399, {{souverain-|Richard II}} fut emprisonné dans la tour Blanche. Il abdiqua et fut remplacé par Bolingbroke qui devint le roi {{souverain-|Henri IV}}<ref name="Parnell 1993 53"/>. Lorsque les partisans de {{souverain-|Richard II}} tentèrent peu après un [[Soulèvement de l'Épiphanie|coup d'état]], {{souverain-|Henri IV}} se réfugia à la tour. Au {{s-|XV}}, il y eut peu de travaux de construction à la tour de Londres pourtant le château restait un important lieu de refuge. Durant cette période, la tour accueillit de nombreux prisonniers de haut-rang. L'héritier au trône d'Écosse, le futur {{souverain3|Jacques Ier d'Écosse}}, fut capturé alors qu'il se rendait en France et fut enfermé dans la tour. Sous le règne d'{{souverain2|Henri V d'Angleterre}}, l'Angleterre reprit l'ascendant dans la [[guerre de Cent Ans]] contre la France. Après la [[bataille d'Azincourt]], de nombreux nobles français furent emprisonnés à la tour en attendant le paiement d'une rançon<ref>{{harvnb|Impey|Parnell|2000|p=45}}.</ref>. Tel que [[Charles Ier d'Orléans]] ainsi que son frère [[Jean d'Orléans (1399-1467)|Jean d'Orléans]] ou encore [[Louis Ier de Bourbon-Vendôme]].

La plus grande partie de la fin du {{s-|XV}} fut marquée par la [[guerre des Deux-Roses]] qui opposa les maisons de [[Maison de Lancastre|Lancastre]] et de [[Maison d'York|York]] toutes deux prétendantes au trône d'Angleterre<ref name="I&P 46">{{harvnb|Impey|Parnell|2000|p=46}}.</ref>. La tour fut assiégée en 1460 par des forces yorkistes. Elle fut endommagée par des tirs d'artillerie mais elle ne se rendit que lorsqu'{{souverain2|Henri VI d'Angleterre}} fut capturé à la [[bataille de Northampton]] en 1460. Avec l'aide de [[Richard Neville (16e comte de Warwick)|Richard Neville]] (surnommé ''the Kingmaker'', le [[faiseur de rois]]) {{souverain-|Henri VI}} reprit le trône pour une courte période en 1470. Cependant, {{souverain-|Édouard IV d'Angleterre}} reprit l'avantage et {{souverain-|Henri VI}} fut emprisonné à la tour de Londres où il fut probablement assassiné dans la petite chapelle de la tour Wakefield durant sa prière<ref name="Parnell 1993 53"/>. Durant les hostilités, la tour fut fortifiée pour résister à l'artillerie et fut équipée d'[[embrasure]]s pour les canons<ref name="I&P 46"/>.

[[Image:The Princes in the Tower by John Everett Millais (1878).png|thumb|upright|''Les Deux Princes Édouard et Richard dans la tour'' peints par [[John Everett Millais]] en 1878. Tableau de la collection [[Royal Holloway (université de Londres)|''Royal Holloway'']].]]
Peu après la mort d'{{souverain-|Édouard IV}} en 1483, le meurtre des deux princes est traditionnellement associé à la tour de Londres et en est l'un des événements les plus sinistres, connu sous le nom des [[Princes de la Tour]]<ref name="I&P 46-47">{{harvnb|Impey|Parnell|2000|pp=46–47}}.</ref>. L'oncle d'{{souverain2|Édouard V d'Angleterre}}, [[Richard III d'Angleterre|Richard duc de Gloucester]] fut déclaré [[Lord Protecteur]] car le prince était trop jeune pour régner<ref name="Horrox">{{harvnb|Horrox|2004}}.</ref>. Édouard âgé de douze ans et son jeune frère [[Richard de Shrewsbury|Richard]] furent confinés à la tour, officiellement pour leur protection. Le duc de Gloucester fut proclamé roi en juillet sous le nom de {{souverain-|Richard III}}. Les princes avaient été vus pour la dernière fois en {{Date-|juin 1483}}<ref name="I&P 46-47"/> ; la raison la plus probable de leur disparition est qu’ils auraient été assassinés à la fin de l'été 1483<ref name="Horrox"/>. Des os leur appartenant furent découverts en 1674 lors de la démolition du corps de garde de l'entrée. L'opposition à {{souverain-|Richard III}} se renforça jusqu'à ce qu'il soit défait à la [[bataille de Bosworth]] en 1485 par le Lancastre [[Henri VII d'Angleterre|Henri Tudor]] qui monta sur le trône sous le nom d'{{souverain-|Henri VII}}<ref name="I&P 46-47"/>.

=== Évolution de l'utilisation ===
Le début de la [[Maison Tudor|période Tudor]] marqua le déclin de la tour de Londres en tant que résidence royale. Le chroniqueur du {{s-|XVI}} [[Raphael Holinshed]] écrivit que la tour devenait plus utilisée « comme un arsenal et donc une place défendue contre les assaillants que comme un palais royal pour le roi et la reine<ref name="I&P 51">{{harvnb|Impey|Parnell|2000|p=51}}.</ref> ». Les ''[[Yeomen Warders]]'' (également surnommés « ''Beefeaters'' ») sont devenus les gardiens de la tour depuis au moins [[1509]]<ref name="Yeoman Warders">{{Lien web|url=http://www.hrp.org.uk/TowerOfLondon/stories/yeomanwarder.aspx |titre=Yeoman Warders |éditeur=Historic Royal Palaces |consulté le=2010-07-21}}.</ref>. Durant le règne d'[[Henri VIII d'Angleterre|Henri VIII]], la tour subit d'importantes modifications. En [[1532]], [[Thomas Cromwell]] dépensa {{unité|3593|£}} en réparations et fit importer environ {{unité|3000|t}} de pierre de Caen pour les travaux<ref name="Parnell 1993 55"/>. Ce n'était cependant pas suffisant pour atteindre les standards des fortifications contemporaines conçus pour résister à une artillerie de plus en plus puissante<ref>{{harvnb|Impey|Parnell|2000|p=73}}.</ref>. Si les défenses furent réparées, les bâtiments royaux furent délaissés après la mort d'Henri VIII. Leur état était si désastreux qu'ils étaient virtuellement inhabitables<ref name="I&P 51"/>. À partir de [[1547]], la tour de Londres ne fut utilisée comme résidence royale que lorsque son symbolisme historique et politique était jugé utile ; par exemple, [[Édouard VI d'Angleterre|Édouard VI]], [[Marie Ire d'Angleterre|Marie {{Ire}}]] et [[Élisabeth Ire d'Angleterre|Élisabeth {{Ire}}]] y séjournèrent brièvement avant leur couronnement<ref>{{harvnb|Impey|Parnell|2000|p=52}}.</ref>.

[[Fichier:Guy fawkes torture signatures.jpg|thumb|left| [[Guy Fawkes]] fut emprisonné à la tour le 6 novembre 1605 où il avoua sous la torture sa participation à la [[conspiration des poudres]]<ref name = "I&P 91"/>. La signature de Fawkes peu après avoir été torturé (en haut) est un gribouillis à peine lisible comparé à une signature ultérieure (dessous).]]
Au {{s-|XVI}}, la tour acquit une solide réputation de prison sinistre et intimidante. Cela ne fut pas toujours le cas. En tant que résidence royale, elle était utilisée par les monarques pour enfermer des personnes pour diverses raisons. Cependant il s'agissait habituellement de personnes de haut-rang emprisonnées pour de courtes périodes car il y avait un grand nombre de prisons pour les roturiers et les membres du peuple. Contrairement à une image populaire de la tour, les prisonniers pouvaient améliorer leur ordinaire en achetant des commodités comme de la meilleure nourriture auprès du lieutenant de la tour<ref>{{harvnb|Wilson|1998|pp=10–11}}.</ref>. Comme la détention de prisonniers était une mission secondaire de la tour, ainsi que cela aurait été le cas pour n'importe quel château, il n'y avait aucune structure spécifiquement construite pour les prisonniers jusqu'en [[1687]] lorsqu'un bâtiment en briques fut construit au nord-ouest de la tour Blanche. La réputation de la tour comme d'un lieu de torture dérive largement des propagandistes religieux du {{s-|XVI}} et des écrivains romantiques du {{s-|XIX}}<ref name="I&P 91">{{harvnb|Impey|Parnell|2000|p=91}}.</ref>. Bien qu'une grande partie de la réputation de la prison soit exagérée, les {{sp-|XVI|e|et|XVII|e}}s marquèrent l'apogée de la tour en tant que centre d'internement et de nombreux opposants religieux et politiques y furent détenus<ref name="I&P 91"/>. Le [[Conseil privé (Royaume-Uni)|''Privy Council'']] avait sanctionné l'usage de la torture et celle-ci n'était pas souvent utilisée ; entre [[1540]] et [[1640]], il y eut 48 cas recensés de torture<ref name="I&P 92">{{harvnb|Impey|Parnell|2000|p=92}}.</ref>. Le [[chevalet (torture)|chevalet]] fut introduit en Angleterre en [[1446]] par le [[duc d'Exeter]] et il était donc parfois appelé ''Duke of Exeter's daughter'' (fille du duc d'Exeter)<ref>{{harvnb|Black|1927|p=345}}.</ref>.
[[Fichier:ScaffoldSite02.JPG|vignette|Monument commémoratif des exécutions de la tour Verte.]]
Parmi les personnes exécutées à la tour figurent [[Anne Boleyn]]<ref name="I&P 91"/>. Si les ''Yeomen Warders'' avaient été des gardes du corps royaux, à partir des {{sp-|XVI|e|et|XVII|e}}s, leur mission principale devint la surveillance des prisonniers<ref name="Parnell 1993 117">{{harvnb|Parnell|1993|p=117}}.</ref>. La tour était souvent un lieu plus sûr que les autres prisons de Londres telle que la [[prison de la Fleet|prison de la ''Fleet'']] où les maladies étaient omniprésentes. Les prisonniers de haut-rang pouvaient vivre dans des conditions comparables à celles qu'elles auraient eues à l'extérieur ; ainsi lorsque [[Walter Raleigh]] fut détenu à la tour, sa cellule fut modifiée pour accueillir sa famille dont son fils qui y était né en [[1605]]<ref name="I&P 92"/>. Les exécutions étaient généralement réalisées à ''Tower Hill'' plutôt que dans la tour de Londres elle-même et 112 personnes y furent exécutés sur 400 ans<ref name="I&P 94">{{harvnb|Impey|Parnell|2000|p=94}}.</ref>. Avant le {{s-|XX}}, il y eut sept exécutions réalisées au sein du château dans la tour Verte. Cela était réservé aux prisonniers dont l'exécution publique était jugée dangereuse<ref name="I&P 94"/>. Les personnes exécutées sont :
* [[William Hastings]], sur ordre de [[Richard III |Richard III d'Angleterre]], le {{date-|13 juin 1483}}.
* [[Thomas More]], le {{date-|6 juillet 1535}}.
* [[Anne Boleyn]], deuxième épouse d'[[Henri VIII d'Angleterre]], le {{date-|19 mai 1536}}.
* [[Margaret Pole]], le {{date-|27 mai 1541}}.
* [[Catherine Howard]], cinquième épouse d'Henri VIII, le {{date-|13 février 1542}}.
* [[Jane Boleyn]], sur ordre d'Henri VIII, le 13 février 1542.
* [[Jeanne Grey]], le {{date-|12 février 1554}}.
* [[Robert Devereux (2e comte d'Essex)|Robert Devereux]], le {{date-|25 février 1601}}.

Un monument commémoratif de {{Lien|langue=en|trad=Brian Catling|fr=Brian Catling}} est installé dans l'aire où eurent lieu les exécutions.

Après l'exécution de Jeanne Grey le 12 février 1554<ref>{{harvnb|Plowden|2004}}.</ref>, la reine {{ souverain2 |Marie Ire (reine d'Angleterre)}} fit emprisonner sa sœur Élisabeth, la future Élisabeth {{Ire}}, dans la tour après que [[Thomas Wyatt le Jeune|Thomas Wyatt]] eut mené une révolte contre {{ souverain2 |Marie Ire (reine d'Angleterre)}} au nom d'Élisabeth<ref>{{harvnb|Collinson|2004}}.</ref>. Quatre [[Compagnie de Jésus|jésuites]] y sont emprisonnés en janvier 1606, victime de la répression qui suivit la découverte de la « [[conspiration des Poudres]] ». L'un d'eux, le [[Frère jésuite |frère]] [[Nicholas Owen]], y meurt sous la torture. Les autres sont exécutés ailleurs.

[[Fichier:Tower Hill, 2006.jpg|thumb|La surface pavée de ''[[Tower Hill]]'' au nord de la tour de Londres. Sur une période de 400 ans, 112 personnes y furent exécutés<ref name="I&P 94"/>.]]
Les bureaux de l'ordonnance et de l'arsenal furent fondés au {{s-|XV}} en remplacement des missions du ''Privy Wardrobe'' concernant l'approvisionnement des armées<ref>{{harvnb|Impey|Parnell|2000|p=47}}.</ref>. Comme il n'existait pas d'armée permanente avant 1661, l'importance de l'arsenal royal à la tour de Londres reposait sur la fourniture d'armes et ravitaillement en temps de guerre. Les deux organismes se trouvaient dans la tour depuis au moins 1454 jusqu'au {{s-|XVI}} lorsqu'ils durent déménager dans un bâtiment de la cour intérieure<ref>{{harvnb|Impey|Parnell|2000|p=57}}.</ref>. Les tensions politiques entre [[Charles Ier d'Angleterre|Charles {{Ier}}]] et le parlement dans la seconde moitié du {{s-|XVII}} menèrent à une tentative des forces loyales au roi de s'emparer de la tour et de son contenu en particulier l'argent et les munitions. Les Trainbands de Londres, un groupe de miliciens, furent installés dans le château en 1640. Des plans défensifs furent créés et des plateformes pour canons furent installées afin de préparer la tour à la guerre. Les préparatifs ne furent jamais testés. En 1642, Charles {{Ier}} tenta de faire arrêter cinq membres du parlement mais il dut quitter la ville devant l'hostilité populaire. Les Trainsbands changèrent de côté et rejoignirent le parlement ; avec la population de Londres, ils bloquèrent la tour. Avec l'autorisation du roi, le lieutenant de la tour relâcha le contrôle du château. Le parlement le remplaça par {{Lien|langue=en|trad=Conyers baronets|fr=Baronnets Conyers|texte=John Conyers}}. Au moment du déclenchement de la [[première révolution anglaise]] en novembre 1642, la tour de Londres était déjà sous le contrôle du parlement<ref>{{harvnb|Impey|Parnell|2000|p=74}}.</ref>.

Le dernier monarque à respecter la tradition de mener une cérémonie de la tour à Westminster lors du couronnement fut [[Charles II d'Angleterre|Charles II]] en 1660. Au même moment, les logements du château étaient si délabrés qu'il n'y passa pas la nuit avant son couronnement<ref name="I&P 54-55">{{harvnb|Impey|Parnell|2000|pp=54–55}}.</ref>. Sous les [[Maison Stuart|rois Stuart]], les bâtiments de la tour furent remodelés principalement sous les auspices du bureau de l'ordonnance. Un peu plus de {{unité|4000|£}} furent dépensés en 1663 dans la construction d'un nouveau dépôt, aujourd'hui appelé ''[[New Armouries]]'' (Nouvel Arsenal)<ref name="Parnell 1993 64"/>. Au {{s-|XVII}}, il y eut des plans sur une mise à niveau de la tour sur le modèle du [[tracé à l'italienne]] mais ils ne furent jamais appliqués. Malgré l'amélioration des logements de la garnison avec la construction de nouveaux bâtiments spécifiquement conçus pour ce rôle en 1670, la plupart des logements étaient encore en mauvais état<ref>{{harvnb|Parnell|1993|pp=76–77}}.</ref>.

Lorsque la [[maison de Hanovre]] accéda au trône, sa stabilité était incertaine et une rébellion écossaise était envisagée ; la tour de Londres fut alors réparée. Les plateformes d'artillerie installées sous les Stuart étaient tombées en décrépitude ; le nombre de canons à la tour était passé de 118 à 45 et un chroniqueur contemporain nota que le château « ne tiendrait pas 24 heures contre une armée préparée à un siège<ref>{{harvnb|Impey|Parnell|2000|p=78}}.</ref> ». Les travaux du {{s-|XVIII}} sur les défenses furent sporadiques et irréguliers bien qu'une nouvelle courtine permettant l'accès du rempart extérieur depuis le quai fût ajoutée en 1774. La douve entourant le château s'était envasé au cours des siècles malgré les tentatives pour le déblayer. Elle faisait encore partie des défenses du château et en 1830 [[Arthur Wellesley de Wellington|Arthur Wellesley]] ordonna des travaux à grande échelle pour retirer un mètre de vase. Cela ne permit cependant pas d'empêcher la garnison d'être victime d'une épidémie en 1841 du fait de l'approvisionnement en eau ce qui causa plusieurs morts. Pour éviter de nouveaux problèmes de santé, il fut décidé de combler la douve avec de la terre. Les travaux commencèrent en 1843 et furent terminés deux ans plus tard. La construction des ''[[Waterloo Barracks]]'' dans la cour intérieure commença en 1845 lorsque Wellesley posa la première pierre. Le bâtiment pouvait accueillir {{nombre|1000|soldats}} et au même moment des quartiers séparés pour les officiers furent construits au nord-est de la tour Blanche. Le bâtiment est aujourd'hui le quartier général du ''[[Royal Regiment of Fusiliers]]''<ref>{{harvnb|Impey|Parnell|2000|pp=79–80}}.</ref>. La popularité du [[chartisme]] entre 1828 et 1858 mena à un désir de renforcer la tour de Londres dans l'éventualité d'une insurrection civile. Ce fut le dernier programme important de fortification du château. La plupart des installations survivantes destinées à l'artillerie et aux armes à feu datent de cette période<ref>{{harvnb|Impey|Parnell|2000|p=81}}.</ref>.

Durant la [[Première Guerre mondiale]], onze hommes furent jugés à [[Huis clos (droit) |huis clos]] pour espionnage et exécutés par un [[Exécution par arme à feu|peloton d'exécution]] à la tour<ref>{{Lien web|url=http://www.hrp.org.uk/Resources/Executions%20at%20the%20Tower.pdf |titre=Executions at The Tower Of London |format=PDF |éditeur=Historic Royal Palaces |consulté le=2010-07-31}}.</ref>. Lors de la [[Seconde Guerre mondiale]], la tour fut à nouveau utilisée pour détenir des prisonniers de guerre. L'un d'entre eux fut [[Rudolf Hess]], représentant d'[[Adolf Hitler]], mais uniquement pour quatre jours en 1941. Il fut le dernier prisonnier d'État à y être emprisonné<ref name="I&P 123"/>. La dernière exécution à la tour fut celle de l'espion allemand Josef Jakobs fusillé le 14 août 1941<ref name="I&P 123">{{harvnb|Impey|Parnell|2000|p=123}}.</ref>. Les exécutions durant les deux guerres mondiales eurent lieu dans un petit champ de tir situé à proximité du rempart extérieur qui fut démoli en 1969<ref>{{harvnb|Parnell|1993|pp=117–118}}.</ref>.

=== Restauration et tourisme ===
[[Fichier:Tower of London King's room.jpg|left|thumb|Reconstitution de la chambre d'Édouard {{Ier}} dans la tour St Thomas<ref>{{Lien web|url=http://www.hrp.org.uk/TowerOfLondon/stories/medievalpalace.aspx |titre=Medieval Palace |éditeur=Historic Royal Palaces |consulté le=2010-07-19}}.</ref>.]]
Aux {{sp-|XVIII|e|et|XIX|e}}s, les bâtiments royaux furent lentement modifiés pour de nouveaux usages ou démolis. Seules les tours Wakefield et St Thomas survécurent<ref name="I&P 54-55" />. Le {{s-|XVIII}} connut un regain d'intérêt pour l'Angleterre médiévale et l'un des effets fut l'émergence de l'[[Style néogothique|architecture néogothique]]. Dans la tour, ce style est manifeste dans le ''[[New Horse Armoury]]'' construit en [[1825]] contre la face sud de la tour Blanche. Il présentait des éléments de cette architecture comme des remparts. D'autres bâtiments furent remodelés pour correspondre au style et les ''Waterloo Barracks'' furent décrits comme un « gothique crénelé du {{s-|XV}}<ref name="I&P 117">{{harvnb|Impey|Parnell|2000|p=117}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvnb|Parnell|1993|p=96}}.</ref> ». Entre [[1845]] et [[1885]] des institutions comme la monnaie royale qui se trouvaient dans la tour depuis des siècles furent déplacés dans d'autres sites ; de nombreuses structures post-médiévales laissées vacantes furent démolies. En [[1855]], le ministère de la Guerre reprit les prérogatives du bureau de l'ordonnance concernant la fabrication et le stockage des armes. Au même moment, l'intérêt concernant l'histoire de la tour de Londres grandit<ref name="I&P 117" />.

L'intérêt public était en partie alimenté par les écrivains contemporains dont les travaux de [[William Harrison Ainsworth]] furent particulièrement influents. Dans ''The Tower of London: A Historical Romance'', il créa une image frappante des salles souterraines et des machines de torture utilisées pour arracher les aveux qui marqua l'imagination populaire<ref name="I&P 91" />. Harrison joua également un autre rôle dans l'histoire de la tour, car il suggéra d'ouvrir la tour Beauchamp au public pour qu'il puisse voir les inscriptions des prisonniers des {{sp-|XVI|e|et|XVII|e}}s. La tour Beauchamp doit justement son nom à [[Thomas de Beauchamp (12e comte de Warwick)|Thomas de Beauchamp]] qui y fut incarcéré en [[1397]]. Étudiant la suggestion, l'architecte Anthony Salvin réaménagea la tour et lança un grand programme de restauration pour le compte du [[Albert de Saxe-Cobourg-Gotha|prince Albert]]. L'architecte John Taylor lui succéda et lorsqu'une caractéristique ne correspondait pas à ses exigences d'architecture médiévale il la supprimait ; ainsi plusieurs bâtiments importants du château furent démolis et dans certains cas des éléments de décoration post-médiévaux furent enlevés<ref>{{harvnb|Impey|Parnell|2000|pp=118–121}}.</ref>.

[[Fichier:Tower of London main entrance, 2009.jpg|thumb|L'entrée principale de la tour de Londres. Aujourd'hui le château est une attraction touristique populaire.]]
Bien qu'une seule bombe soit tombée sur la tour de Londres lors de la Première Guerre mondiale (celle-ci tomba dans la douve sans faire de dégâts), la Seconde Guerre mondiale fut bien plus dommageable. Le {{date|23 septembre 1940}}, durant le ''[[Blitz]]'', des bombes endommagèrent le château, détruisirent plusieurs bâtiments et tombèrent à proximité de la tour Blanche. Après la guerre, les dégâts furent réparés et la tour fut rouverte au public<ref name="I&P 124">{{harvnb|Impey|Parnell|2000|p=124}}.</ref>.

La tour de Londres était devenue l'une des attractions touristiques les plus populaires du pays. Elle attirait les touristes depuis au moins la [[Ère élisabéthaine|période élisabéthaine]] lorsqu'elle était un haut lieu pour les visiteurs étrangers. Ses attractions les plus populaires étaient la ménagerie royale et l'exposition des armures. Les [[joyaux de la Couronne britannique]] attirèrent également beaucoup d'intérêts et ces derniers sont exposés depuis 1669. La tour accueillit de plus en plus de touristes lors du {{s-|XIX}} malgré l'opposition de Wellesley aux visiteurs. Leur nombre était devenu si important qu'un guichet fut construit en [[1851]]. À la fin du siècle, plus de {{nombre|500000|personnes}} visitaient le château chaque année<ref name="Parnell 1993 111">{{harvnb|Parnell|1993|p=111}}.</ref>. En [[1884]], la station du [[métro de Londres]] [[Tower Hill (métro de Londres)|Tower Hill]] (''Mark Lane'' avant 1967) fut ouverte au nord de la tour, apportant plus de touristes<ref>{{harvnb|Green|1988|p=12}}.</ref>.

Au {{s-|XX}} le tourisme devint l'activité principale de la tour car les activités militaires du ''{{Lien|langue=en|trad=|fr=Royal Logistic Corps}}'' furent progressivement déplacées hors du château<ref name="I&P 124" />. Cependant la tour continue d'accueillir le quartier-général du ''[[Royal Regiment of Fusiliers]]'' et le musée consacré à l'histoire de l'unité<ref>{{Lien web|url=http://www.army.mod.uk/infantry/regiments/5452.aspx|titre=Regimental History|série=British Army website|éditeur=Royal Regiment of Fusiliers|année=2010|consulté le=2010-06-16}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=http://www.armymuseums.org.uk/museums/0000000114-Royal-Regiment-of-Fusiliers-London-Museum.htm |titre=Royal Regiment of Fusiliers (London) Museum |éditeur=Army Museums Ogilby Trust |consulté le=2010-06-16}}.</ref>.

De même, un détachement de l'unité des ''[[Horse guards]]'' du [[palais de Buckingham]] monte la garde à la tour et, avec les ''Yeomen Warders'', ils participent chaque jour à la cérémonie des clés<ref>{{Lien web|url=http://www.hrp.org.uk/TowerOfLondon/WhatsOn/ceremonyofthekeys.aspx|titre=The Ceremony of the Keys|éditeur=Historic Royal Palaces|année=2004–2010|consulté le=2010-06-16}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=http://www.army.mod.uk/events/ceremonial/1071.aspx|titre=The Queen's Guard|éditeur=British Army|année=2010|consulté le=2010-06-16}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=http://www.royal.gov.uk/RoyalEventsandCeremonies/Ceremonialbodies/YeomenWarders.aspx|titre=Yeomen Warders|éditeur=Royal Household of the United Kingdom|année=2008/09|consulté le=2010-06-16}}.</ref>. À plusieurs occasions dans l'année, des salves de canon sont tirées depuis la tour par l'[[Honourable Artillery Company]] ; on compte 62 coups de canons pour les célébrations royales et 41 pour les autres événements<ref>{{Lien web|url=http://www.royal.gov.uk/RoyalEventsandCeremonies/GunSalutes/Gunsalutes.aspx|titre=Gun salutes|éditeur=Royal Household of the United Kingdom|année=2008/09|consulté le=2010-06-16}}.</ref>. En [[1974]], une [[Attentat de la tour de Londres|explosion]] dans une salle de la tour Blanche tua une personne et en blessa 35 autres. Personne ne revendiqua l'attaque mais la police soupçonna l'[[Armée républicaine irlandaise provisoire|IRA]] d'en être l'instigatrice<ref>{{Lien web|url=http://news.bbc.co.uk/onthisday/hi/dates/stories/july/17/newsid_2514000/2514429.stm |titre=On This Day 1974: Bomb blast at the Tower of London |éditeur=[[BBC News]] |date=17 juillet 1974 |consulté le=2010-06-16}}.</ref>.

La tour de Londres est gérée par une association reconnue d'utilité publique, l{{'}}''Historic Royal Palaces'', qui ne reçoit aucune aide du gouvernement ou de la couronne et est financée par les dons et droits d'entrée<ref>{{Lien web|url=http://www.hrp.org.uk/aboutus/whoweare/causeandprinciples.aspx |titre=Cause and principles |éditeur=Historic Royal Palaces |consulté le=2010-04-30}}.</ref>. En [[1988]], la tour fut inscrite au [[patrimoine mondial]] de l'[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|UNESCO]] en reconnaissance de son importance et pour aider à sa préservation<ref>{{Lien web|url=http://portal.unesco.org/en/ev.php-URL_ID=15244&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.html |titre=UNESCO Constitution |éditeur=[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|UNESCO]] |consulté le=2009-08-17}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=http://whc.unesco.org/en/list/488 |titre=Tower of London |éditeur=[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|UNESCO]] |consulté le=2009-07-28}}.</ref>. Cependant, les récents développement comme la construction de gratte-ciel à proximité ont failli entraîner l'inscription de la tour sur la liste du patrimoine en danger<ref>{{Lien web|url=http://news.bbc.co.uk/1/hi/england/london/6072580.stm |titre=UNESCO warning on Tower of London |éditeur=[[BBC News]] |date=21 octobre 2006 |consulté le=2010-06-16}}.</ref>. Les restes des palais médiévaux ont été ouverts au public en [[2006]]. Les visiteurs peuvent visiter les chambres restaurées autrefois utilisées par les rois et les reines<ref>{{Lien web|url=http://www.hrp.org.uk/NewsAndMedia/Pressresources/tolpressresources/pressreleasemedievalTower.aspx |titre=Medieval Palace: Press Release |éditeur=Historic Royal Palaces |consulté le=2010-07-19}}.</ref>. Bien que le poste de connétable de la tour reste le titre le plus élevé de la tour<ref>{{Lien web|url=http://www.hrp.org.uk/TowerOfLondon/stories/palacepeople/TheConstableoftheTower.aspx |titre=The Constable of the Tower |éditeur=Historic Royal Palaces |consulté le=2010-09-27}}.</ref>, les responsabilités de la gestion journalière sont déléguées au résident gouverneur<ref>{{Lien web |url=http://www.hrp.org.uk/aboutus/whoweare/MajorGeneralKeithCima_.aspx |titre=Maj Gen Keith Cima: Resident Governor HM Tower of London |éditeur=Historic Royal Palaces |consulté le=2010-09-27 |archiveurl=https://web.archive.org/web/20081206190019/http://www.hrp.org.uk/aboutus/whoweare/MajorGeneralKeithCima_.aspx |archivedate=6 décembre 2008 |deadurl= }}.</ref>. Au moins six [[Grand Corbeau|corbeaux]] sont en permanence nourris à la tour car selon une croyance, lorsque les corbeaux quitteront la tour, la monarchie s'effondrera<ref>{{harvnb|Jerome|2006|pp=148–149}}.</ref>. Ils sont sous la garde des ''Yeomen Warders''. La plus ancienne référence connue à propos des corbeaux de la tour est une image dans le journal ''The Pictorial World'' en [[1883]]<ref>{{harvnb|Sax|2007|pp=272–274}}.</ref>. En plus de leurs missions cérémonielles, les [[Yeomen Warders|''Yeomen Warders'' (gardes de la Tour)]] assurent les visites guidées de la forteresse<ref name="Yeoman Warders" />{{,}}<ref name="Parnell 1993 117" />. Selon l'''Historic Royal Palaces'' plus de 2,4 millions de visiteurs ont visité la tour de Londres en [[2010]]<ref>{{Lien web|url=http://www.hrp.org.uk/Resources/AR_WEB_2011_2.pdf|page=37 |titre=Historic Royal Palaces 2011 Annual Report|éditeur=Historic Royal Palaces |consulté le=2011-09-30}}.</ref>.

== Joyaux de la couronne ==
{{Article détaillé|Joyaux de la Couronne britannique}}
La tradition d'abriter les joyaux de la couronne dans la tour remonte probablement au règne d'Henri III. La ''Jewel House'' fut construite spécialement pour accueillir les [[regalia]] dont les couronnes, les sceptres et les épées de cérémonie. Lorsque le souverain avait besoin d'argent, ils pouvaient être mis en gage. Le trésor permettait l'indépendance du monarque par rapport à l'aristocratie et il était particulièrement surveillé. Un nouveau poste de « gardien des joyaux, de l'arsenal et des autres affaires » fut créé<ref name="Wilson 29">{{harvnb|Wilson|1998|p=29}}.</ref> et bien rémunéré. Ses missions s'accrurent pour englober l'achat de l'or, de l'argent et des bijoux ainsi que la nomination des orfèvres et des joailliers royaux<ref name="Wilson 29"/>. En [[1649]], durant la [[première révolution anglaise]], le contenu de la ''Jewel House'' fut vidé des propriétés royales. Les objets en métal furent envoyés à la monnaie pour être fondus et réutilisés et les couronnes furent « entièrement brisées et défigurées<ref name="I&P 106">{{harvnb|Impey|Parnell|2000|p=106}}.</ref> ». Lorsque la monarchie fut [[Restauration anglaise|restaurée]] en 1660, les seuls éléments de la regalia de couronnement étaient une cuillère du {{s-|XII}} et trois épées de cérémonie. Les autres objets durent être recréés. En 1669, la ''Jewel House'' fut démolie<ref name="Parnell 1993 67"/> et les joyaux de la couronne furent déplacés dans la tour Martin où ils étaient exposés au public. Cela fut exploité deux ans plus tard lorsque le colonel Thomas Blood tenta de les voler<ref name="Parnell 1993 111"/>. Blood et ses complices immobilisèrent et bâillonnèrent le gardien. Ils parvinrent à s'emparer de la couronne d'apparat, du sceptre et du globe mais furent repérés par le fils du gardien qui donna l'alarme<ref name="I&P 106"/>{{,}}<ref>{{Lien web|url=http://www.hrp.org.uk/TowerOfLondon/stories/anattempttostealthecrownjewels.aspx |titre=Colonel Blood's raid |éditeur=Historic Royal Palaces |consulté le=2010-06-22}}.</ref>. Les joyaux de la couronne sont actuellement conservés dans les ''Waterloo Barracks'' de la tour<ref name="jewels in waterloo barracks"/>. Lorsque les visiteurs pénètrent dans la salle aux joyaux, plusieurs règles sont imposées : les guides de visites ne doivent pas rentrer dans la salle ; seuls les visiteurs sont autorisés ; il est formellement interdit de photographier les joyaux car ils sont dits sacrés sous peine d'emprisonnement.

== Ménagerie ==
[[Fichier:Beefeaters, Tower of London - geograph.org.uk - 908658.jpg|thumb|Deux « [[Yeomen Warders|''beefeaters'']] » en tenue traditionnelle.]]
[[Fichier:A royal guard, London UK.jpg|vignette|Garde à la Tour de Londres]]
La [[ménagerie]] royale est référencée pour la première fois lors du règne d'Henri III. En [[1251]], la ménagerie accueillit un ours polaire, offert par le [[roi de Norvège]], qui attira l'attention des Londoniens lorsqu'il allait pêcher dans la Tamise. Trois ans plus tard, le roi ordonna la construction d'un abri pour un éléphant offert par le roi de France, mais ce dernier ne survécut que deux ans en Angleterre<ref name="Parnell 1993 54">{{harvnb|Parnell|1993|p=54}}.</ref>{{,}}<ref name="Wilson 23">{{harvnb|Wilson|1998|p=23}}.</ref>. L'emplacement exact de la ménagerie médiévale est inconnu bien que les lions aient été abrités dans la [[barbacane]] connue sous le nom de ''Lion Tower''<ref>{{harvnb|Parnell|1993|pp=40, 54}}.</ref>. La collection royale fut grossie par des présents diplomatiques dont trois léopards offerts par l'empereur du [[Frédéric II du Saint-Empire|Saint-Empire romain germanique]]<ref name="Wilson 23"/>. Au {{s-|XVIII}}, la ménagerie fut ouverte au public ; l'entrée coûtait trois pennies ou l'apport d'un chat ou d'un chien pour nourrir les lions<ref>{{harvnb|Blunt|1976|p=17}}.</ref>. Le dernier animal fut déplacé en 1835 à ''[[Regent's Park]]'' après qu'un lion a été accusé d'avoir mordu un soldat<ref name="Parnell 94">{{harvnb|Parnell|1993|p=94}}.</ref>. Le gardien de la ménagerie royale avait le droit de vivre dans la ''Lion Tower'' jusqu'à sa mort. Par conséquent, même si tous les animaux avaient quitté le bâtiment depuis longtemps, la ''Lion Tower'' ne fut pas démolie avant la mort du dernier gardien en 1853<ref name="Parnell 94"/>.

Des sculptures d'animaux de la ménagerie par l'artiste {{Lien|langue=en|trad=|fr=Kendra Haste}} sont installées dans l'enceinte en guise de rappel de cette époque.

== Notes et références ==
=== Notes ===
<references group="nb"/>

=== Références ===
{{Références|colonnes=3}}
{{Traduction/Référence|en|Tower of London|155694148}}

== Annexes ==
{{Autres projets|commons=Category:Tower of London|commons titre=Tour de Londres}}
=== Bibliographie ===
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Allen Brown|prénom1=Reginald|année= 1976|origyear=1954|titre=Allen Brown's English Castles|éditeur= The Boydell Press|isbn=1-84383-069-8}}.
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Allen Brown|prénom1=Reginald|nom2=Curnow|prénom2=P|titre=Tower of London, Greater London: Department of the Environment Official Handbook|éditeur= Her Majesty's Stationary Office|année= 1984|isbn=0-11-671148-5}}.
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Bennett|prénom1=Matthew|titre=Campaigns of the Norman Conquest|série=Essential Histories|éditeur= Osprey Publishing|année= 2001|isbn=1-84176-228-8}}.
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Bennett|prénom1=Edward Turner|titre=The Tower Menagerie: Comprising the Natural History of the Animals Contained in that Establishment; with Anecdotes of their Characters and History|éditeur= Robert Jennings|année= 1829}}.
* {{Ouvrage|langue=en|doi=10.2307/3307506|nom1=Black|prénom1=Ernest|titre=Torture under English Law|journal=University of Pennsylvania Law Review and American Law Register|éditeur= University of Pennsylvania|année= 1927|passage= 344–348|volume= 75|issue=4|jstor=3307506}}.
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Blunt|prénom1=Wilfred|titre=The Ark in the Park: The Zoo in the Nineteenth Century|année= 1976|éditeur= Hamish Hamilton|isbn=0241893313}}.
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Cathcart King|prénom1=David James|titre=The Castle in England and Wales: an Interpretative History|éditeur= Croom Helm|année= 1988|isbn=0-918400-08-2}}.
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Collinson|prénom1=Patrick|contribution=Elizabeth I (1533–1603), Queen of England and Ireland|année= 2004|titre=Oxford Dictionary of National Biography|éditeur= Oxford University Press|lire en ligne=http://www.oxforddnb.com/view/article/8636}} (inscription nécessaire).
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Costain|prénom1=Thomas|année= 1958|titre=The Three Edwards|éditeur= Garden City}}.
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Creighton|prénom1=Oliver|titre=Castles and Landscapes|année= 2002|éditeur= Continuum|isbn=0-8264-5896-3}}.
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Farson|prénom1=Daniel|titre=Ghosts in Fact and Fiction|éditeur= Hamlyn Young Books|année= 1978|isbn=978-0600340539}}.
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Friar|prénom1=Stephen|année= 2003|titre=The Sutton Companion to Castles|éditeur= Sutton Publishing|isbn=978-0-7509-3994-2}}.
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Gillingham|prénom1=John|lien auteur1=:en:John Gillingham|année= 2002|origyear=1999|titre=Richard I|éditeur= Yale University Press|isbn=0-300-09404-3}}.
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Green|prénom1=Oliver|année= 1988|titre=The London Underground - An Illustrated History|éditeur= Ian Allan|isbn=0-7110-1720-4}}.
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Harman|prénom1=A.|titre=Sketches of the Tower of London as a Fortress, a Prison, and a Palace|année= 1864|éditeur= J. Wheeler}}.
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Hole|prénom1=Christina|année= 1951|titre=Haunted England: A Survey of English Ghost-Lore|éditeur= Batsford|numéro d'édition=3}}
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Horrox|prénom1=Rosemary|contribution=Edward V (1470–1483), king of England and lord of Ireland|année= 2004|titre=Oxford Dictionary of National Biography|éditeur= Oxford University Press|lire en ligne=http://www.oxforddnb.com/view/article/8521}} (inscription nécessaire).
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Impey|prénom1=Edward|nom2=Parnell|prénom2=Geoffrey|titre=The Tower of London: The Official Illustrated History|éditeur= Merrell Publishers in association with Historic Royal Palaces|année= 2000|isbn=1-85894-106-7}}.
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Jerome|prénom1=Fiona|titre=Tales from the Tower: Secrets and Stories from a Gory and Glorious Past|année= 2006|éditeur= Think Publishing|isbn=978-1845250263}}.
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Lapper|prénom1=Ivan|nom2=Parnell|prénom2=Geoffrey|titre=The Tower of London: A 2000-year History|éditeur= Osprey Publishing|année= 2000|isbn=9781841761701}}.
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Liddiard|prénom1=Robert|année= 2005|titre=Castles in Context: Power, Symbolism and Landscape, 1066 to 1500|éditeur= Windgather Press Ltd|isbn=0-9545575-2-2}}.
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* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Parnell|prénom1=Geoffrey|titre=The Tower of London: Past & Present|année= 2009|éditeur= History Press|isbn=978-0752450360}}.
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Plowden|prénom1=Alison|contribution=Grey (married name Dudley), Lady Jane (1537–1554)|année= 2004|titre=Oxford Dictionary of National Biography|éditeur= Oxford University Press|lire en ligne=http://www.oxforddnb.com/view/article/8154}} (inscription nécessaire).
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Roud|prénom1=Steve|titre=London Lore: The Legends and Traditions of the World's Most Vibrant City|éditeur= Arrow Books|année= 2009|origyear=2008|isbn=978-0099519867}}.
* {{Ouvrage|langue=en|doi=10.1163/156853007X217203|nom1=Sax|prénom1=Boria|titre=How Ravens Came to the Tower of London|journal=Society and Animals|volume= 15|issue=3|passage= 269–283|année= 2007|lire en ligne=http://www.animalsandsociety.org/assets/library/737_s4.pdf|format=PDF}}.
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Strickland|prénom1=Agnes|année= 1840|titre=Lives of the Queens of England from the Norman Conquest.|éditeur= Henry Colburn|volume= II|isbn=978-1108019712}}.
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Vince|prénom1=Alan|titre=Saxon London: An Archaeological Investigation|année= 1990|éditeur= Seaby|isbn=1852640197}}.
* {{Ouvrage|langue=en|nom1=Wilson|prénom1=Derek|titre=The Tower of London: A Thousand Years|année= 1998|numéro d'édition=2|origyear=1978|éditeur= [[Allison & Busby]]|isbn=0-74900-332-4}}.

=== Articles connexes ===
{{catégorie principale}}
* [[Corbeaux de la Tour de Londres]]
* [[Art anglo-normand]]
* [[Liste des châteaux britanniques]]
* [[Liste des châteaux anglais]]
* [[Chapelle royale de Saint-Pierre-aux-Liens]]

=== Liens externes ===
* {{en}} [http://www.hrp.org.uk/TowerOfLondon/ Site officiel].
* {{en}} [http://homepage.mac.com/philipdavis/English%20sites/1904.html Bibliographie sur la tour de Londres].

{{Palette|Patrimoine mondial au Royaume-Uni}}
{{Portail|histoire|châteaux|patrimoine mondial|monarchie|musées|Londres|prison}}

[[Catégorie:Tour de Londres|*]]