Voir la source de Système aérospatial MAKS

{{Infobox Navette spatiale
| nom          = MAKS
| image        = Antonov An-225 3-view.svg
| légende      = Schéma de MAKS sur son avion porteur Antonov An-225.
| organisation = {{drapeau|URSS}} [[Programme spatial de l'Union soviétique et de la Russie|Programme spatial de l'URSS]]
| construction = 
| masse        = {{unité|275|tonnes}} <small>(sans l'avion porteur)</small>
| tempsespace  = 
| vols         = Aucun
| fin          = {{date|||1991|en astronautique}}
| équipage     = {{nombre|2|personnes}} <small>(versions avec équipage)</small>
| poussée décollage    = 
| orbite               = 
| charge utile orbite  = {{unité|7000|à=18000|kg}} <small>(selon les versions)</small>
| charge utile station = 
}}
Le '''système aérospatial MAKS''' (en {{lang-ru|МАКС}}, pour « {{langue|ru|Многоцелевая Авиационно-Космическая Система}} », signifiant « Système aérospatial multi-usages/polyvalent ») était un projet [[Union des républiques socialistes soviétiques|soviétique]] d'engin spatial à deux étages lancé depuis un [[avion]], dont le développement débuta en [[1988]] mais fut annulé en [[1991]].

Le but principal du projet était de diviser par dix<ref name="Astronautix" >{{lien web |langue=en |url=http://www.astronautix.com/m/maks.html |titre=MAKS |éditeur=Astronautix |site=astronautix.com |auteur=Mark Wade |consulté le=2 octobre 2019}}.</ref>{{,}}<ref name="RD701_engine_caract" >{{lien web |langue=en |url=http://astronautix.com/r/rd-701.html |titre=RD-701 |éditeur=Astronautix |site=astronautix.com |auteur=Mark Wade |consulté le=2 octobre 2019}}.</ref> le coût de la mise en [[orbite]] d'une [[charge utile (astronautique)|charge utile]] d'une masse de sept tonnes, en effectuant des [[Lanceur aéroporté|lancements]] à l'aide d'un [[Avion de transport|très gros porteur]] {{lnobr|Antonov An-225|An-225}} {{incise|alors redésigné {{nobr|An-325}}}} et en limitant l'emploi d'éléments non-réutilisables, comme l'avaient fait les [[National Aeronautics and Space Administration|Américains]] avec leur programme de [[Navette spatiale américaine|navette spatiale]]. L'autre intérêt du projet était de permettre aux Soviétiques de lancer des engins spatiaux depuis pratiquement n'importe-quel point du globe, l'Antonov se comportant comme une rampe de lancement mobile. Il devenait alors possible de lancer des [[Satellite artificiel|satellite]]s depuis l'[[Équateur terrestre|équateur]] sans pour autant disposer de [[Base de lancement|base spatiale]] proche de l'équateur<ref group="Note">Contrairement à l'[[Agence spatiale européenne]], l'Union soviétique {{incise|puis la [[Russie]]}} ne disposent pas de [[Aire de lancement|pas de tir]] proche de l'équateur, ce qui est un désavantage notable pour les lancements de charges utiles vers l'[[orbite géostationnaire]].</ref>.

Trois variantes du projet furent proposées, avec un premier vol prévu aux environs de [[2008]]<ref name="Aerospace_Guide" />, mais l'[[Dislocation de l'URSS|URSS s'effondra]] avant qu'il n'ait pu aboutir. Sa phase expérimentale constitue toutefois à ce jour la seule mise en œuvre effective d'un moteur à [[triergol]]<ref name="RD701_engine_caract" />. La conception de la navette spatiale soviétique ''[[OK-1.01|Bourane]]'', qui réalisa son unique vol le {{date|15|novembre|1988|en astronautique}}, fut également liée au projet.

== Conception et développement ==

=== Premières esquisses ===
[[Fichier:Mikoyan-Gurevich MiG-105 EPOS (8910666459).jpg|vignette|redresse=1.25|L'avion spatial du projet ''[[Mikoyan-Gourevitch MiG-105|Spiral]]'', dont les idées furent en partie reprises pour la conception du projet MAKS.]]
[[Fichier:Buran on An-225 (Le Bourget 1989).JPEG|vignette|redresse=1.25|La navette ''[[OK-1.01|Bourane]]'' sur son [[Antonov An-225]], au [[Salon international de l'aéronautique et de l'espace de Paris-Le Bourget|salon du Bourget]] de [[1989]].]]
Réalisé par le constructeur soviétique {{Lien|langue=ru|trad=Молния (научно-производственное объединение)|fr=NPO Molniya}}, le développement du projet MAKS {{incise|désigné en interne '''{{nobr|9A-1048}}'''}} démarra dès le début des [[années 1980]] sous la direction de {{Lien|langue=ru|trad=Лозино-Лозинский, Глеб Евгеньевич|fr=Gleb Lozino-Lozinskiy}}, se basant sur les enseignements techniques tirés des programmes ''[[Mikoyan-Gourevitch MiG-105|Spiral]]''<ref>{{lien web |langue=en |url=http://www.buran.fr/spiral/spiral-project-desc.php |titre=Projet SPIRAL |site=buran.fr |auteur=Vassili Petrovitch |consulté le=2 octobre 2019}}.</ref> ({{langue|ru|Спираль}}), [[BOR-4|BOR]] ({{langue|ru|БОР}}) et même ''[[Bourane]]'' (qui n'avait pas encore volé)<ref name="Buran">{{lien web |langue=en |url=http://www.buran.ru/htm/molniya6.htm |titre=Multipurpose Aerospace System (MAKS) |auteur={{Dr}} Vadim P. Lukashevich |site=buran.ru |consulté le=2 octobre 2019}}.</ref>. D'une technologie très particulière, Il fut présenté pour la première fois au public à la fin des [[années 1980]].

Entre [[1976]] et [[1981]], il fut noté que le lancement de l'avion ''[[Spiral]]'' depuis un gros avion de transport était réalisable et aurait un coût bien plus faible que l'ancienne solution envisagée, qui faisait appel à un avion lanceur [[supersonique]]<ref>{{lien web |langue=fr |url=http://www.buran.fr/spiral/spiral-project-desc.php |titre=Projet SPIRAL – Description |site=buran.fr |auteur=Vassili Petrovitch |consulté le=2 octobre 2019}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web |langue=fr |url=http://www.buran.fr/spiral/gsr-desc.php |titre=Projet SPIRAL – Avion lanceur |site=buran.fr |auteur=Vassili Petrovitch |consulté le=2 octobre 2019}}.</ref>. Les concepteurs remarquèrent ensuite qu'un [[avion spatial]] aux dimensions réduites offrirait de nombreux avantages par rapport à la navette spatiale ''[[Bourane]]'', alors en cours de développement. Parmi ces avantages, le système offrait des temps de mise en œuvre et de maintenance réduits, une flexibilité de missions plus importante et une plus large gamme d'orbites exploitables. Il devait permettre de lancer des charges utiles en orbite, travailler sur des [[Satellite artificiel|satellite]]s déjà en orbite, et renvoyer des charges utiles vers la Terre<ref name="Astronautix" />.

Sur plusieurs points, le concept MAKS était considéré comme bien supérieur aux concepts désignés « {{nobr|système 49}} » et « ''Bizan'' », la conception de type [[Lanceur orbital monoétage|SSTO]] permettant de larguer le réservoir d'[[ergol]]s dans l'océan à l'opposé du lieu de lancement, alors que pour le {{nobr|système 49}}, les lancements n'étaient possibles que depuis des emplacements permettant aux premiers étages de retomber {{unité|2000|km}} plus loin<ref name="Astronautix" />{{,}}<ref>{{en}} {{harvsp|Hendrickx|Vis|2007|p=434|id=Hendrickx2007}}.</ref>. De plus, le MAKS était plus réutilisable que le ''Bizan'', car tous les moteurs employés étaient récupérés, seul le réservoir externe étant détruit après la mission (comme pour la navette spatiale américaine)<ref name="Astronautix" />{{,}}<ref>{{lien web |langue=en |url=http://www.astronautix.com/b/bizan.html |titre=Bizan |auteur=Mark Wade |éditeur=Astronautix |site=astronautix.com |consulté le=2 octobre 2019}}.</ref>. Enfin, la disponibilité de l'[[avion de transport]] {{nobr|An-225}} permettait de concevoir un avion spatial aux dimensions supérieures<ref name="Astronautix" />.

La première esquisse du projet MAKS faisait appel à trois moteurs-fusées {{nobr|NK-45}}, brûlant un mélange cryogénique d'[[Oxygène liquide|oxygène]] et d'[[hydrogène liquide]] et développant une poussée unitaire d'environ {{unité|900|kN}} dans le [[Vide (astronomie)|vide]]<ref name="Astronautix" />{{,}}<ref>{{en}} {{harvsp|Hendrickx|Vis|2007|p=435|id=Hendrickx2007}}.</ref>. D'une masse au lancement de {{unité|250|tonnes}}, il devait permettre la mise en orbite basse d'une charge utile de {{unité|7|tonnes}}. En cours de conception, le moteur [[triergol]]s {{lien|langue=ru|trad=РД-701|fr=RD-701}} (en {{lang-ru|РД-701}}) fut choisi pour remplacer le {{nobr|NK-45}}. La [[densité]] plus élevée des ergols qu'il utilisait permettait de réduire la taille et la masse du réservoir externe, ce qui permettait de porter la masse maximale de la [[Charge utile (astronautique)|charge utile]] à {{unité|8.4|tonnes}}<ref name="Astronautix" />.

Des études indiquèrent que l'angle optimal de [[Lanceur (astronautique)|lancement]] pour le MAKS était de {{angle|45}}, mais pour atteindre un tel [[Incidence (aérodynamique)|angle d'incidence]] avec un avion aussi imposant que l'{{nobr|An-225}}, il fallait lui ajouter un [[moteur-fusée]], une idée difficilement acceptable pour les concepteurs car elle aurait en outre pénalisé la masse brute de l'avion spatial MAKS<ref name="Astronautix" />. Une disposition et une géométrie du réservoir et de l'orbiteur furent finalement trouvées et permettaient d'obtenir de bonnes conditions de largage sans nécessiter l'ajout de moteur-fusée sur l'avion porteur Antonov<ref name="Astronautix" />. D'autres modifications furent appliquées au réservoir externe, car la disposition initiale des réservoirs d'ergols à l'intérieur de ce dernier appliquait des contraintes structurelles indésirables à l'avion porteur et compliquait les opérations de séparation entre celui-ci et l'orbiteur<ref name="Astronautix" />. Le résultat final fut une configuration dans laquelle l'avion spatial était légèrement cabré et « poussait » son réservoir externe jusqu'en orbite. Cette solution retenue offrait le meilleur compromis entre masse et résistance structurelle, rendait efficace la séparation entre l'avion porteur et l'orbiteur, puis permettait aussi l'installation de [[Siège éjectable|sièges éjectables]] pour l'équipage de l'avion spatial pour faire face aux situations d'urgence les plus catastrophiques<ref name="Astronautix" />.

=== Solution technique retenue ===
Réalisées par Molniya et {{nombre|70|sous-traitants}}, les études préliminaires du projet MAKS, comprenant {{nombre|220|volumes}}, furent achevées en [[1988]]<ref name="Astronautix" />. Dans ce projet, l'avion porteur Antonov {{nobr|An-225}} {{incise|déjà utilisé pour transporter ''Bourane'', puis prévu pour évoluer en {{nobr|An-325}}<ref name="Buran" />}}, qui servait également d'avion de transport « normal », avait la particularité de servir de rampe de lancement mobile pour le vaisseau spatial, remplissant alors le rôle normalement attribué à un premier [[Étage de fusée|étage]] sur une [[Fusée (astronautique)|fusée]] classique. Le vaisseau pouvait ainsi être tiré depuis l'Antonov à une altitude de {{unité|9000|m}}, une vitesse initiale de {{unité|900|km/h}} et avec une poussée de {{unité|3900|[[kilo|k]][[Newton (unité)|N]]}}. La partie jouant le rôle d'un deuxième étage {{incise|la « partie spatiale » à proprement parler}} fut par contre déclinée en trois versions :
* '''{{nobr|MAKS-OS-P}}''' : (en {{lang-ru|МАКС-ОС-П}}, pour « {{langue|ru|Орбитальный Самолет Пилотируемый}} »<ref name="Russian_Website_Data" />, signifiant « avion orbital avec pilote »). Version de base, dotée d'un [[orbiteur]] (avion spatial) habité, doté de [[Moteur-fusée|moteurs-fusées]], et d'un [[Réservoir externe de la navette spatiale américaine|réservoir externe]] jetable (comme [[Réservoir externe de la navette spatiale américaine|celui de la navette américaine]])<ref name="Buran" />. L'image de l'infobox représente cette version, qui est d'ailleurs la configuration la plus proche de celle de l'avion du projet ''Spiral''<ref name="Buran" /> : Cette version disposait également de trois sous-versions :
** '''{{nobr|TTO-1}}''', pour l'approvisionnement et la maintenance des stations spatiales, ainsi que la réalisation d'opérations de sauvetage<ref name="Russian_Website_Data" />. Cette version est surtout destinée à ravitailler en vivres et matériel la partie habitable d'une station spatiale<ref name="From_Spiral_to_MAKS" />. Elle disposait d'une [[écoutille]] et d'un [[Amarrage (astronautique)|système d'amarrage]], ainsi que d'une deuxième cabine pressurisée à l'emplacement de la soute, permettant d'accueillir des [[Astronaute|cosmonaute]]s supplémentaires<ref name="From_Spiral_to_MAKS" /> ;
** '''{{nobr|TTO-2}}''', également pour l'approvisionnement et la maintenance des stations spatiales, mais plus particulièrement pour les modules situés à l'extérieur, tels les [[Panneau solaire|panneaux solaires]], les batteries, ou dans certains cas le carburant, installé dans une soute non-[[Pressurisation|pressurisée]]<ref name="Russian_Website_Data" />{{,}}<ref name="From_Spiral_to_MAKS" /> ;
** '''{{nobr|OS-B}}''' (en {{lang-ru|МАКС-ОС-B}}, pour « {{langue|ru|Орбитальный Самолет Беспилотного}} »<ref name="Russian_Website_Data" />, signifiant « avion orbital sans pilote »), similaire à la version {{nobr|OS-P}}, mais à la charge utile légèrement accrue et dotée d'un système d'atterrissage [[Pilote automatique|automatique]]<ref name="Russian_Website_Data" /> Il est conçu pour les missions nécessitant une charge utile légèrement accrue ou des missions à plus haute altitude et sur une durée plus importante<ref name="From_Spiral_to_MAKS">{{lien web |langue=en |url=http://www.buran-energia.com/documentation/documentation-akc-maks-multipurpose.php |titre=From SPIRAL to MAKS: The MAKS Multipurpose Aerospace System |éditeur= |site=buran-energia.com |auteur=Vassili Petrovitch |consulté le=2 octobre 2019}}.</ref>.
* '''{{nobr|MAKS-T}}''' : (en {{lang-ru|МАКС-Т}}, pour « {{langue|ru|Тяжелых}} »<ref name="Russian_Website_Data" />, signifiant « lourd »). Version de transport sans équipage, à la charge utile bien plus importante, utilisant toujours le réservoir externe, mais dont l'avion orbital était remplacé par un étage de fusée classique et jetable, consistant en un conteneur de charge utile embarquant des moteurs-fusées à ergols [[Cryogénie|cryogénique]]s<ref name="Buran" />{{,}}<ref name="From_Spiral_to_MAKS" />{{,}}<ref>{{lien web |langue=en |url=http://www.astronautix.com/m/maks-t.html |titre=MAKS-T |éditeur=Astronautix |site=astronautix.com |auteur=Mark Wade |consulté le=2 octobre 2019}}.</ref>.
* '''{{nobr|MAKS-M}}''' : (en {{lang-ru|МАКС-М}}, pour « {{langue|ru|Многоразовой}} »<ref name="Russian_Website_Data" />, signifiant « réutilisable »). Version de transport sans équipage. Ultime version du projet MAKS, elle était dépourvue de réservoir externe et dotée d'un [[orbiteur]] contenant tous les réservoirs d'[[ergol]]s nécessaires à l'ascension en [[orbite]], ce qui devait le rendre entièrement réutilisable<ref name="Buran" />{{,}}<ref name="From_Spiral_to_MAKS" />{{,}}<ref>{{lien web |langue=en |url=http://www.astronautix.com/m/maks-m.html |titre=MAKS-M |éditeur=Astronautix |site=astronautix.com |auteur=Mark Wade |consulté le=2 octobre 2019}}.</ref> ;

Dans les versions avec avion orbital ({{nobr|MAKS-OS-P}} et {{nobr|MAKS-M}}), la charge utile placée en [[orbite terrestre basse]] devait être de {{unité|7|tonnes}}. Si l'ensemble lancé par l'Antonov était un étage de fusée classique à usage unique ({{nobr|MAKS-T}}), la charge utile passait à {{unité|18|tonnes}} en orbite basse, ou {{unité|5000|kg}} en [[orbite géostationnaire]]<ref name="Aerospace_Guide">{{lien web |langue=en |url=http://www.aerospaceguide.net/space_planes/maks.html |titre=Maks Air Launch System |éditeur=AeroSpaceGuide.net |consulté le=2 octobre 2019}}.</ref>. Au décollage, toutes versions confondues, l'ensemble des éléments constituant le deuxième étage {{incise|la « partie spatiale »}} du système MAKS avaient une masse de {{unité|275|tonnes}}<ref name="Aerospace_Guide" />{{,}}<ref name="Russian_Website_Data" />. En comptant l'avion porteur, la masse au décollage de l'ensemble MAKS au complet s'élevait à {{unité|620|tonnes}}<ref name="Russian_Website_Data" />. Seuls les avions {{incise|porteur et orbiteur}} étaient réutilisables ; le réservoir externe, lorsqu'il était présent, était à usage unique.

L'objectif principal du projet MAKS était le placement de marchandises et d'équipages en orbite, y compris à destination des [[Station spatiale|stations spatiales]]. De par la nature du lanceur et son principe de fonctionnement, le système pouvait également être employé pour des situations d'urgence sur différentes orbites, pour le sauvetage d'équipages ou de matériel, pour la réparation d'un module habitable endommagé, diverses expériences scientifiques, des missions de [[renseignement]] militaire, ou la surveillance de l'environnement lors de [[Catastrophe naturelle|catastrophes naturelles]]<ref name="Buran" />{{,}}<ref name="Russian_Website_Data" />.

Un avantage important de ce mode de lancement aérien était l'absence de nécessité d'une [[base de lancement]]. L'avion porteur et sa charge utile « spatiale » pouvaient décoller depuis des [[aérodrome]]s conventionnels {{incise|de taille raisonnable}}, nécessitant simplement la présence de matériel de soutien technique et de remplissage en carburant des divers composants du MAKS<ref name="Russian_Website_Data">{{lien web |langue=ru |url=http://www.buran.ru/htm/busfact.htm |titre=Производственный план – МАКС |site=buran.ru |consulté le=2 octobre 2019}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web |langue=ru |url=https://www.aviaport.ru/digest/2006/02/16/101011.html |titre=Грядет новый "Буран" |éditeur=АвиаПорт |ru=www.aviaport.ru |date=16 février 2006 |consulté le=2 octobre 2019}}.</ref>. L'autre avantage du système MAKS était l'emploi d'[[ergol]]s relativement peu polluants, y-compris pour son moteur [[triergol]]s multimodes {{Lien|langue=ru|trad=РД-701|fr=RD-701}}<ref name="RD701_engine_caract" /> (en {{lang-ru|РД-701}}), qui n'employait qu'un mélange de {{lnobr|RP-1}}/[[hydrogène liquide]] et d'[[oxygène liquide]]<ref name="RD701_engine_caract" />{{,}}{{Ref|Les autres propositions de systèmes à [[triergol]]s faisaient appel à des composés très dangereux et particulièrement toxiques et polluants, comme le [[Difluor|fluor]] et le [[lithium]] liquides{{Ref|{{en}} {{harvsp|Zurawski|1986|p=|id=Zurawski1986}}.||A}}.|Note|B}}.

Le développement du projet fut autorisé mais annulé en [[1991]], alors que des [[maquette]]s de l'orbiteur et du réservoir externe avaient déjà été achevées<ref name="Astronautix" />. Un moteur expérimental d'environ {{unité|90|kN}} de [[Poussée (aérodynamique)|poussée]] et utilisant {{nombre|19|[[injecteur]]s}} fut testé<ref name="RD701_engine_caract" />, démontrant au cours de {{nombre|50|tests}} son bon fonctionnement dans ses deux modes et une transition en douceur entre eux<ref name="Astronautix" />{{,}}<ref name="RD701_engine_caract" />. Devant les promesses du programme, en particulier une réduction des coûts de mise en orbite par un facteur de dix<ref name="Astronautix" />, les concepteurs du projet MAKS espéraient toujours trouver des fonds pour son développement. Si cela avait été rendu possible, il aurait dû voler dès l'année [[1998]]<ref name="Astronautix" />.

=== Le {{nobr|MAKS-D}}, ultime proposition du projet initial ===
En [[1993]] et [[1994]], sur demande de l'[[Agence spatiale européenne]] (ESA), [[BAE Systems|Bristish Aerospace]], Molniya, [[Antonov (aéronautique)|Antonov]] et le [[TsAGI]] réalisèrent la conception d'un démonstrateur d'avion spatial, sous le nom de projet RADEM<ref name="MAKS_D" />{{,}}<ref name="RADEM_Buran_Website" >{{lien web |langue=en |url=http://www.buran-energia.com/documentation/documentation-akc-maks-d.php |titre=From SPIRAL to MAKS – The MAKS-D Experimental Aerospace System |site=buran-energia.com |auteur=Vassili Petrovitch |consulté le=2 octobre 2019}}.</ref>. Celui-ci, également désigné '''{{nobr|MAKS-D}}''' (en {{lang-ru|МАКС-Д}}, pour « {{langue|ru|Демонстратор}} », signifiant démonstrateur »), était une version sans pilote et à échelle réduite de l'avion MAKS initial, devant utiliser un moteur-fusée existant : un unique {{lnobr|RD-120}} {{incise|moteur qui propulset l'étage supérieur du lanceur moyen [[Zenit (fusée)|Zenit]]}}, brûlant un mélange classique d'[[oxygène liquide]] et de {{lnobr|RP-1}}<ref name="MAKS_D" />{{,}}<ref name="RADEM_Buran_Website" />. Lancé depuis l'{{nobr|An-225}}, le {{nobr|MAKS-D}} devait atteindre une altitude de {{unité|80|à=90|km}} et une vitesse comprise entre {{Mach|14}} et {{Mach|15}}<ref name="MAKS_D">{{lien web |langue=en |url=http://www.astronautix.com/m/maks-d.html |titre=MAKS-D |auteur=Mark Wade |éditeur=Astronautix |site=astronautix.com |consulté le=2 octobre 2019}}.</ref>.

L'avion expérimental ES (en {{lang-ru|« ЭC »}}, pour « {{langue|ru|Экспериментальный Cамолет}} », signifiant « avion expérimental ») aurait eu une masse au lancement de {{unité|56|tonnes}}, dont {{unité|45|tonnes}} d'[[ergol]]s<ref name="MAKS_D" />. Il aurait volé à vitesse [[hypersonique]] sur une distance de {{unité|1500|km}}, puis serait revenu se poser automatiquement sur sa base de lancement<ref name="MAKS_D" />. Il fut proposé en trois versions : La première avait pour objectif de tester les algorithmes de vol, les matériaux et la réutilisabilité des moteurs des projets {{nobr|MAKS-M}} et [[HOTOL#Successeurs|I-HOTOL]]<ref name="Parkinson_1991_AIAA_iHOTOL_p1-2">{{en}} {{harvsp|Parkinson|1991|p=1–2|id=Parkinson1991}}.</ref> {{incise|un projet [[Royaume-Uni|britannique]] de [[lanceur orbital monoétage]] également réutilisable développé en collaboration entre les deux pays}}<ref name="MAKS_D" />{{,}}<ref name="RADEM_Buran_Website" />{{,}}<ref name="Parkinson_1991_AIAA_iHOTOL_p1-2" />. L'avion orbital avait une longueur de {{unité|38|m}} et une [[envergure]] de {{unité|24|m}}<ref name="MAKS_D" />. La deuxième version était similaire mais modifiée pour des essais de [[statoréacteur]]s à combustion [[supersonique]], aussi désigné « [[Superstatoréacteur|scramjets]] »<ref name="MAKS_D" />{{,}}<ref name="RADEM_Buran_Website" />.

La troisième version, celle qui devait la définitive, était un avion orbital avec une capacité d'emport de deux tonnes de charge utile. La différence avec le {{nobr|MAKS-T}} était que le système {{nobr|MAKS-D}} était équipé d'un premier étage à moteurs-fusées pour le lancement désigné « RS » (pour « ''{{langue|en|Rocket Stage}}'' »), équipé d'un moteur européen {{lnobr|HM-7|HM-7B}} {{incise|utilisé pour les étages supérieurs de nombreuses fusées [[Ariane (fusée)|Ariane]]}} fonctionnant avec le mélange [[Oxygène liquide|LOX]]/[[Hydrogène liquide|LH2]]<ref name="MAKS_D" />{{,}}<ref name="RADEM_Buran_Website" />. Ce dernier devait s'allumer cinq secondes après le largage depuis l'avion porteur Antonov et fonctionner en parallèle avec les moteurs-fusées {{nobr|RD-120}} installés sur le {{nobr|MAKS-D}}<ref name="MAKS_D" />. Après épuisement des ergols contenus par l'étage RS, ce dernier devait être largué et l'avion orbital devait continuer seul son ascension vers l'orbite<ref name="MAKS_D" />{{,}}<ref name="RADEM_Buran_Website" />. Ce fonctionnement était similaire à celui des premiers concepts du lanceur expérimental {{lnobr|X-34 (lanceur orbital)|X-34}} de la [[National Aeronautics and Space Administration|NASA]]<ref name="MAKS_D" />. Cette version finale du {{nobr|MAKS-D}} devait permettre de placer une charge utile de {{unité|2000|kg}} sur une orbite de {{unité|200|km}} à {{angle|51}} d'inclinaison<ref name="MAKS_D" />.

Le projet MAKS reçut une médaille d'or {{incise|avec distinction}} et un prix spécial du [[Premier ministre de Belgique|Premier ministre belge]] en [[1994]], lors du Salon mondial des inventions, de la recherche scientifique et des innovations industrielles « {{lnobr|EUREKA|Eureka-94}} », se déroulant à [[Bruxelles]].

=== Tentative de reprise du projet ===
En {{date||juin|2010|en astronautique}}, à la suite du premier vol du {{lnobr|Boeing X-37|X-37B}} [[États-Unis|américain]], la [[Russie]] envisagea de relancer le programme MAKS<ref>{{lien web |langue=en |url=https://www.space.com/8528-high-tech-space-planes-shape-italy-russia.html |titre=High-Tech Space Planes Taking Shape in Italy, Russia |éditeur=Space.com |auteur=Jeremy Hsu |date=3 juin 2010 |consulté le=2 octobre 2019}}.</ref>.

En {{date||août|2012|en astronautique}}, la chaine Russe [[RIA Novosti]] déclare dans un article que les entreprises russes Moniya et EMZ ({{langue|ru|ЭМЗ}}, {{langue|ru|Экспериментальный машиностроительный завод}}) travaillaient à la réalisation d'un projet d'avion spatial pour la réalisation de vols touristiques suborbitaux et le lancement. Celui-ci reprenait certaines caractéristiques et certains éléments développés lors des programmes ''[[Bourane]]'' et MAKS<ref>{{lien web |langue=ru |url=https://ria.ru/20120830/733713334.html |titre=В РФ разрабатывают самолеты для суборбитальных туристических полетов |date=30 août 2012 |éditeur=[[RIA Novosti]] |consulté le=2 octobre 2019}}.</ref>. Dès 2006, d'autres entreprises russes travaillaient également à la conception de systèmes aérolancés ressemblant au système MAKS<ref>{{lien web |langue=en |url=http://www.bilkent.edu.tr/~crs/russiakazakhstan.htm |archiveurl=https://archive.fo/OIXcu |archive-date=18 avril 2013 |titre=Russia, Kazakhstan to develop unique space system |site=bilkent.edu.tr |date=19 ami 2006 |consulté le=2 octobre 2019|brisé le = 2023-12-03}}.</ref>. En [[Ukraine]], le projet s'est développé sous la forme d'autres systèmes aérolancés, tels les ''Svityaz'', ''Oril'' et ''Soura''.

== Caractéristiques du projet ==

=== Caractéristiques techniques ===
Le système aérospatial MAKS, dans sa version habitée {{nobr|MAKS-OS-P}}, avait une masse totale au décollage de {{unité|620|tonnes}} et était constitué de trois éléments principaux :
* '''Antonov {{nobr|An-225}} ''Mriya''''' : Cet avion de transport, le plus gros au monde, fut initialement développé pour transporter la navette ''[[Bourane]]'', comme le {{lnobr|Boeing 747}} ''{{langue|en|[[Shuttle Carrier Aircraft]]}}'' qui servit à transporter la [[navette spatiale américaine]]. Cet avion devait transporter sur son dos les {{unité|275|tonnes}} de l'étage spatial MAKS vers une position précise pour le lancement. Le lancement devait être réalisé à une altitude d'environ {{unité|8800|m}}, après une succession de manœuvres de positionnement<ref name="Astronautix" />. Le gain d'efficacité estimé par rapport à un lancement vertical depuis le sol était d'environ {{unité|270|m/s}}<ref name="Astronautix" /> ;
* '''Réservoir externe''' : D'un diamètre maximal de {{unité|6.38|m}} et d'une longueur de {{unité|32.1|m}}, il emportait les ergols {{incise|{{nobr|RP-1}}, [[oxygène liquide]] et [[hydrogène liquide]]}} alimentant les moteurs de l'orbiteur. Il avait une masse totale de {{unité|248100|kg}}<ref name="MAKS_Tank">{{lien web |langue=en |url=http://www.astronautix.com/m/makstank.html |titre=MAKS Tank |éditeur=Astronautix |site=astronautix.com |consulté le=2 octobre 2019}}.</ref>, mais une masse de {{unité|10820|kg}} à vide<ref name="Astronautix" />{{,}}<ref name="MAKS_Tank" />. D'une longueur de {{unité|32.10|m}} et un diamètre de {{unité|6.38|m}}<ref name="MAKS_Tank" />, il était constitué de trois réservoirs : le réservoir d'hydrogène liquide à l'avant, oxygène liquide au milieu et {{lnobr|RP-1}} à l'arrière<ref name="From_Spiral_to_MAKS" />. Il était relié à l'avion orbital par trois solides connecteurs disposant de système de séparation pyrotechniques<ref name="From_Spiral_to_MAKS" />. Son coût unitaire était de {{nombre|5|millions}} de dollars<ref name="MAKS_Tank" /> ;
* '''Avion spatial MAKS''' : (aussi désigné « [[orbiteur]] »). Cet avion spatial, conçu pour effectuer une centaine de vols, employait des systèmes déjà conçus pour les programmes ''[[Energia]]'' et ''[[Bourane]]''<ref name="Astronautix" />. Il avait une masse à vide de {{unité|18400|kg}}, pour une longueur de {{unité|19.3|m}}, une hauteur de {{unité|8.6|m}}<ref name="From_Spiral_to_MAKS" /> et une [[envergure]] de {{unité|12.5|m}}<ref name="Astronautix" />. Sa forme fut considérablement modifiée, comparée à celle des avions spatiaux des programmes ''Spiral'' et ''Bizan'', afin de lui permettre d'accueillir les moteurs de propulsion principaux dans sa section arrière<ref name="Astronautix" />. Dans sa version sans pilote {{nobr|MAKS-OS-B}}, il pouvait placer une charge de {{unité|9500|kg}} en orbite à une [[altitude]] de {{unité|200|km}} et une inclinaison de {{angle|51}}<ref name="Astronautix" />. La version habitée {{nobr|MAKS-OS-P}} pouvait embarquer deux membres d'équipage<ref name="From_Spiral_to_MAKS" /> et une charge utile de {{unité|8500|kg}}, à l'intérieur d'une soute de {{unité|6.8|m}} pour {{unité|2.8|m}} de diamètre<ref name="Astronautix" />.
:Dans sa section arrière se trouvaient deux [[Moteur-fusée à ergols liquides|moteurs-fusées]] triergols {{nobr|RD-701}}, conçus pour être réutilisés quinze fois et brulant un mélange dense de {{lnobr|RP-1}} et d'[[hydrogène liquide]] pour la première partie du vol de l'avion<ref name="From_Spiral_to_MAKS" />. Ils transitaient ensuite vers un mode de propulsion n'employant plus que de l'hydrogène liquide, moins [[Densité|dense]], produisant alors une poussée plus faible mais bénéficiant d'une meilleure [[impulsion spécifique]]<ref name="Astronautix" />. Cette solution technique permettait de réduire la taille du réservoir d'hydrogène initialement prévue, qui était assez imposante et posait de nombreux problèmes aux [[ingénieur]]s<ref name="Astronautix" />. Les deux moteurs {{nobr|RD-701}} du système MAKS avaient une masse totale de {{unité|3990|kg}} et produisaient une poussée totale de {{unité|3923|k [[Newton (unité)|N]]}} au moment de la séparation avec l'Antonov {{nobr|An-225}}<ref name="Astronautix" /> ({{unité|3618.771|kN}} dans le vide). Leur impulsion spécifique dans le vide était de {{unité|460|s}} ({{unité|417|s}} au [[niveau de la mer]])<ref name="From_Spiral_to_MAKS" />, tandis que leur temps de combustion au cours d'une mission était de {{unité|440|s}}<ref name="Astronautix" /> ;
:L'avion spatial était également doté de deux moteurs de manœuvres orbitales, équivalents dans leur rôle aux deux moteurs de l'[[Navette spatiale américaine#Le système de manœuvre orbitale (OMS)|OMS]] de la navette spatiale américaine. Produisant chacun une poussée de {{unité|30|kN}}, ils étaient utilisés pour la finalisation de la mise en orbite après le largage du réservoir externe, pour les manœuvres en orbite, puis pour amorcer la rentrée atmosphérique précédant le retour sur Terre<ref name="From_Spiral_to_MAKS" />. L'OMS comprenait également des petits moteurs de manœuvre. En tout, {{nombre|28|petits}} moteurs de [[contrôle d'attitude]] ([[Reaction Control System|RCS]]), brulant un mélange non-polluant de [[peroxyde d'hydrogène]] et de {{lnobr|RP-1}} et produisant des poussées de {{unité|25|et=40|N}}, étaient installés dans trois blocs autour de la navette<ref name="From_Spiral_to_MAKS" /> : un bloc était dans le nez, tandis que les deux autres blocs étaient à l'arrière à gauche et à droite, accolés aux moteurs principaux de l'OMS. Ils étaient utilisés pour les manœuvres en orbite, ainsi que le contrôle de l'orientation de l'avion orbital pendant la première partie de la rentrée atmosphérique<ref name="From_Spiral_to_MAKS" />. Le contrôle de l'avion spatial dans les couches denses de l'atmosphère, à la fin de la rentrée atmosphérique, était effectué aérodynamiquement grâce à des [[Aileron (aéronautique)|aileron]]s, des [[Dispositif hypersustentateur|volet]]s et une [[Dérive (empennage)|dérive]], cette dernière disposant également d'un [[aérofrein]] en deux parties<ref name="From_Spiral_to_MAKS" />. Le coût unitaire d'un avion spatial MAKS était de {{nombre|8|millions de dollars}}<ref name="MAKS_Orbiter">{{lien web |langue=en |url=http://www.astronautix.com/m/maksorbiter.html |titre=MAKS Orbiter |auteur=Mark Wade |éditeur=Astronautix |site=astronautix.com |consulté le=2 octobre 2019}}.</ref>.

La charge utile maximale était de {{unité|6600|kg}} pour une [[orbite polaire]] à une altitude de {{unité|400|km}}. En [[1985]], le coût unitaire d'un système MAKS prêt pour une mission était de {{unité|113|millions}} de [[Dollar]]s<ref name="Astronautix" /> (soit {{unité|{{inflation|US|113|1985|r=0}}|millions}} de dollars de {{CURRENTYEAR}}).

=== Profil de mission type ===
Lors d'un lancement du MAKS, l'avion porteur {{lnobr|Antonov An-225|An-225}} et son étage spatial devaient décoller d'un aéroport aux dimensions correctes, puis rejoindre le point précis au-dessus de la [[Terre]] où était prévu le lancement de l'étage orbital du système MAKS<ref name="From_Spiral_to_MAKS" />. Si le point de lancement était dans les {{unité|1000|km}} autour de la base de départ, l'avion volait sur ses propres réserves de carburant. Il était prévu qu'il effectue un [[Avion ravitailleur|ravitaillement en vol]] dans le cas où il devait rejoindre une position équatoriale pour effectuer le lancement<ref name="Aerospace_Guide" />. Les [[coordonnées géographiques]] de lancement étaient directement dictées par les paramètres d'orbite demandés<ref name="From_Spiral_to_MAKS" />.

Arrivé à une altitude d'environ {{unité|8700|m}}, l'avion devait exécuter une manœuvre pré-lancement, visant à présenter l'avion spatial dans la configuration idéale pour le largage, avec l'altitude, le vecteur vitesse et l'angele optimaux<ref name="From_Spiral_to_MAKS" />. Cette manœuvre consistait en un [[piqué]] léger, réduisant l'altitude à {{unité|6800|m}} sur une distance de {{unité|7|km}}, puis un cabrage, au cours duquel l'avion remontait à {{unité|8600|m}} et une vitesse de {{unité|900|km/h}}<ref name="Astronautix" />. la procédure de largage était alors amorcée et le moteur-fusée {{nobr|RD-171}} de l'orbiteur devait être allumé<ref name="Aerospace_Guide" />{{,}}<ref name="From_Spiral_to_MAKS" />.

Une fois l'angle de lancement idéal atteint, une procédure permettant de séparer l'avion spatial et son réservoir externe de l'avion porteur était enclenchée<ref name="From_Spiral_to_MAKS" />. L'ensemble spatial devait ensuite entamer son ascension vers l'[[orbite]], tandis que l'{{nobr|An-225}} retournait vers sa base<ref name="Aerospace_Guide" />. La phase de largage de l'avion spatial consistait en deux étapes<ref name="From_Spiral_to_MAKS" /> :
* Réduction rapide de l'accélération ([[G (accélération)|facteur « ''g'' »]]) à une valeur de {{unité|-0.6|''g''}}. À ce moment était initiée la cassure des liaisons mécaniques entre l'avion porteur et l'étage spatial<ref name="From_Spiral_to_MAKS" /> ;
* Séparation sécurisée (sans collision) de l'avion porteur et de l'étage spatial. Pendant cette phase, un contrôle précis des deux ensembles devait permettre de conserver une distance de sécurité correcte entre l'avion porteur et le flux de gaz provenant des moteurs de l'étage spatial<ref name="From_Spiral_to_MAKS" />.

Après la séparation, l'étage spatial volait le long de sa trajectoire de lancement, tandis que l'avion porteur retournait en vol horizontal en palier à {{unité|8200|m}} à {{unité|20|km}} du point de départ de la manœuvre, après avoir atteint une altitude de {{unité|8800|m}}<ref name="Astronautix" />, puis repartait vers son aérodrome de base. Lorsque l'étage spatial atteignait une vélocité proche de l'orbite, il se débarrassait du réservoir externe, qui retombait et était détruit par les contraintes subies lors de la [[rentrée atmosphérique]]<ref name="From_Spiral_to_MAKS" />. La trajectoire était de toute manière choisie pour que les éléments du réservoir ayant survécu à la rentrée retombent dans l'océan<ref name="From_Spiral_to_MAKS" />. Après séparation du réservoir externe, l'avion orbital démarrait les moteurs de son système de manœuvres orbitales et finalisait la circularisation de l'orbite sur ses réservoirs internes<ref name="From_Spiral_to_MAKS" />.

Une fois la mission terminée, l'avion pivotait de {{angle|180}} et allumait à nouveau ses moteurs de manœuvre, afin de réduire sa vitesse et abaisser sa trajectoire<ref name="From_Spiral_to_MAKS" />. Il effectuait ensuite une rentrée atmosphérique planée contrôlée et descendait pour revenir à son aéroport de base<ref name="From_Spiral_to_MAKS" />.

=== Avantages par rapport aux systèmes concurrents ===
Pour les concepteurs du projet, le système polyvalent MAKS devait présenter des avantages considérables par rapport aux systèmes déjà utilisés jusqu'alors par l'Union soviétique ou les autres agences spatiales mondiales :
* Le coût de mise en orbite devait baisser jusqu'à environ {{unité|800|à=1000|dollars}} par [[kilogramme]] de charge utile, contre {{unité|12000|à=15000|[[dollar]]s}} pour les lanceurs réutilisables de première génération, tels ''Bourane'' et la [[navette spatiale américaine]]<ref name="Russian_Website_Data" /> ;
* Le lancement depuis une plateforme aérienne mobile supprimait le besoin de bases de lancement spatiales comme [[Cosmodrome de Baïkonour|Baïkonour]] ou [[Cosmodrome de Plessetsk|Plessetsk]]. De plus, elle permettait de lancer la charge utile dans n'importe-quelle [[inclinaison orbitale]] ;
* La capacité de réutilisation du système : l'avion porteur devait pouvoir être utilisé {{nombre|1000|fois}}, l'orbiteur jusqu'à {{nombre|100|fois}} et les moteurs-fusées de ce dernier jusqu'à {{nombre|15|fois}}<ref name="Russian_Website_Data" />. De même, les délais de récupération et de remise en état devaient être minimes<ref name="Russian_Website_Data" /> ;
* L'impact acoustique créé par la mise en route des moteurs de la « partie spatiale » de l'ensemble MAKS aurait dû être faible, car l'avion porteur devait larguer l'avion-fusée loin du sol et des zones peuplées<ref name="Russian_Website_Data" /> ;
* La marge de manœuvres lors du [[Rentrée atmosphérique|retour depuis l'orbite]] aurait été plutôt élevée, avec une possibilité de modifier la trajectoire (déport latéral) jusqu'à {{unité|2000|km}} en [[latitude]] et [[longitude]]<ref name="Russian_Website_Data" /> ;
* Lors d'une annulation de lancement, le vaisseau aurait pu simplement retourner à sa base en restant accroché à son avion porteur<ref name="Russian_Website_Data" /> ;
* Lors des lancements, il y aurait eu une forte réduction de la surface des zones d'exclusion se trouvant habituellement délimitées sur la trajectoire empruntée par les fusées classiques (zones où sont censés retomber les étages après leur largage)<ref name="Russian_Website_Data" /> ;
* Enfin, la mise en œuvre du projet devait pouvoir garantir plus de {{nombre|400000|emplois}} pendant plusieurs années au sein de la [[Russie]] et de l'[[Ukraine]]<ref name="Russian_Website_Data" />.

=== Spécifications techniques ===
{|class="wikitable alternance centre"
|+Caractéristiques des différentes versions du système MAKS<ref name="Russian_Website_Data" />
|-
! !! scope="col" style="width: 14em;" | MAKS OS-P !! scope="col" style="width: 14em;" | MAKS-OS-B !! scope="col" style="width: 14em;" | MAKS-T !! scope="col" style="width: 14em;" | MAKS-M
|-
| '''Masse au décollage <small>(depuis l'aérodrome)</small>'''
| colspan="4" style="text-align: center;" | {{unité|620|tonnes}}
|-
| style="width: 33em;" | '''Masse de l'ensemble spatial <small>(au largage depuis l'avion porteur)</small>'''
| colspan="4" style="text-align: center;" | {{unité|275|tonnes}}
|-
| '''Masse de l'[[orbiteur]]'''
| colspan="2" style="text-align: center;" | {{unité|26.9|tonnes}} || || 
|-
| colspan="5" | '''[[Charge utile (astronautique)|Charge utile]] <small>(orbite de {{unité|200|km}})</small> :'''
|-
| • [[Inclinaison orbitale|Inclinaison]] de {{angle|51}}
| style="text-align: center;" | {{unité|8.3|tonnes}} || style="text-align: center;" | {{unité|9.5|tonnes}} || style="text-align: center;" | {{unité|18|tonnes}} || style="text-align: center;" | {{unité|5.5|tonnes}}
|-
| • Inclinaison de {{angle|28}}
| || || style="text-align: center;" | {{unité|19|tonnes}} || 
|-
| • Inclinaison de {{angle|0}} <small>([[Équateur terrestre|équateur]])</small>
| || || style="text-align: center;" | {{unité|19.5|tonnes}} || style="text-align: center;" | {{unité|7|tonnes}}
|-
| colspan="5" | '''[[Charge utile (astronautique)|Charge utile]] <small>(inclinaison de {{angle|51}})</small> :'''
|-
| • [[Altitude]] de {{unité|400|km}}
| style="text-align: center;" | {{unité|6.9|tonnes}} || style="text-align: center;" | {{unité|8|tonnes}} || style="text-align: center;" | {{unité|17.3|tonnes}} || 
|-
| • [[Altitude]] de {{unité|800|km}}
| style="text-align: center;" | {{unité|4.3|tonnes}} || style="text-align: center;" | {{unité|5.4|tonnes}} || style="text-align: center;" | {{unité|16.1|tonnes}} || 
|-
| • [[Orbite géostationnaire]] <small>([[altitude]] de {{unité|36000|km}}, inclinaison de {{angle|0}})</small>
| || || style="text-align: center;" | jusqu'à {{unité|5|tonnes}} || 
|-
| '''Membres d'équipage'''
| style="text-align: center;" | 2 || colspan="3" style="text-align: center;" | aucun <small>(versions sans pilote)</small>
|-
| '''Plage d'altitudes orbitales'''
| colspan="2" style="text-align: center;" | {{unité|140|à=1500|km}} || style="text-align: center;" | {{unité|140|à=36000|km}} || 
|-
| '''Longueur du compartiment de la charge utile'''
| style="text-align: center;" | {{unité|6.8|m}} || style="text-align: center;" | {{unité|8.7|m}} || style="text-align: center;" | {{unité|13|m}} || style="text-align: center;" | {{unité|7|m}}
|-
| '''Diamètre du compartiment de la charge utile'''
| style="text-align: center;" | {{unité|2.6|m}} || style="text-align: center;" | {{unité|2.7|m}} || style="text-align: center;" | {{unité|5|m}} || style="text-align: center;" | {{unité|4.6|m}}
|-
| colspan="5" | '''Plage d'inclinaisons orbitales :'''
|-
| • [[Latitude]] de départ de {{angle|46}}
| colspan="3" style="text-align: center;" | 28 à {{angle|97}} || 
|-
| • [[Latitude]] de départ de {{angle|18}}
| colspan="3" style="text-align: center;" | 0 à {{angle|97}} || 
|-
| '''Déport latéral<ref>{{lien web |url=http://www.culture.fr/franceterme/terme/SPAT1639?from=list&francetermeSearchTerme=&francetermeSearchDomaine= |titre=Déport latéral |éditeur=France terme |consulté le=2 octobre 2019}}.</ref> lors du retour sur terre'''
| colspan="2" style="text-align: center;" | jusqu'à {{unité|2000|km}} || style="text-align: center;" | aucun <small>(version non-réutilisable)</small> || style="text-align: center;" | jusqu'à {{unité|1200|km}}
|-
| '''Vitesse d'atterrissage'''
| colspan="2" style="text-align: center;" | + {{unité|330|km/h}} || || style="text-align: center;" | + {{unité|330|km/h}}
|-
| '''Durée de la mission'''
| style="text-align: center;" | {{unité|5|jours}} || style="text-align: center;" | {{unité|30|jours}} || || 
|}

== Notes et références ==

=== Notes ===
{{Références|groupe=Note}}

=== Références ===
{{Références}}

== Voir aussi ==
{{Autres projets|commons=Category:MAKS (spacecraft)}}
=== Articles connexes ===
* [[Antonov An-225]]
* {{lien|lang=en|trad=RD-701|fr=RD-701}}
* [[BOR-4]]
* [[Mikoyan-Gourevitch MiG-105]]
* [[Lanceur aéroporté]]
* [[Bourane]]
* [[Kliper]]

=== Bibliographie ===
{{légende plume}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Robert L. |nom1=Zurawski |titre=Current Evaluation of the Tripropellant Concept (NASA-TP-2602) |lieu=Hampton, Virginie (États-Unis) |éditeur=NASA [[Centre de recherche Langley|Langley Research Center]] |année=1986 |mois=juin |pages totales=36 |isbn= |lire en ligne=https://ntrs.nasa.gov/archive/nasa/casi.ntrs.nasa.gov/19860018652.pdf |format électronique=pdf |id=Zurawski1986}}. {{plume}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Bart |nom1=Hendrickx |prénom2=Bert |nom2=Vis |titre=Energiya-Buran |sous-titre=The Soviet Space Shuttle |lieu=Berlin |éditeur=Springer Science & Business Media |année=2007 |mois=décembre |jour=5 |pages totales=526 |isbn=978-0-387-73984-7 |isbn2=0-387-73984-X |présentation en ligne=https://books.google.fr/books?id=VRb1yAGVWNsC&dq=NK-45+Kuznetsov+rocket+engine |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=VRb1yAGVWNsC&pg=PA435&dq=NK-45+Kuznetsov+rocket+engine |id=Hendrickx2007}}. {{plume}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1={{Dr}} G. E. |nom1=Lozino-Lozinsky |responsabilité1=éditeur scientifique |prénom2={{Dr}} Prof. A. G. |nom2=Bratoukhine |responsabilité2=éditeur-en-chef |titre=Авиационно-Космический Системы |traduction titre=Systèmes de transport aérospatiaux |lieu=Moscou, Russie |éditeur=Maison d'édition de l'Institut d'Aviation de Moscou |année=1997 |isbn= |présentation en ligne=http://www.buran-energia.com/documentation/documentation-akc-intro.php}}. {{plume}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Rebecca A. |nom1=Mitchel |titre=A Conceptual Analysis of Spacecraft Air Launch Methods |lieu=Boulder, Colorado (États-Unis) |éditeur=Department of Aerospace Engineering Sciences, University of Colorado |année= |pages totales=17 |passage=8 |isbn= |lire en ligne=https://www.colorado.edu/faculty/kantha/sites/default/files/attached-files/42797-36621_-_rebecca_mitchell_-_dec_20_2012_710_am_-_final_project_mitchell.pdf |format électronique=pdf}}.

=== Presse écrite ===
* {{Article |langue=en |prénom1=R. D. |nom1=Parkinson |titre=AIAA-91-5006 – The An-225/Interim Hotol launch vehicle |éditeur=[[American Institute of Aeronautics and Astronautics]] (AIAA) |jour=5 |mois=décembre |année=1991 |périodique=AIAA Third National Aero-Space Planes Conference |pages totales=8 |lieu=Orlando, Floride (États-Unis) |id=Parkinson 1991}}. {{plume}}

=== Liens externes ===
* {{lien web |url=http://xplanes.free.fr/x24/x24-20.htm |titre=La saga des Lifting Bodies – La navette MAKS |éditeur=Prototypes.com |auteur=Didier Vasselle |date=20 août 2003 |consulté le=2 octobre 2019}}.
* {{img}} [http://www.buran.fr/mriya-antonov/img/maks-mriya-grand.jpg Dessin d'artiste illustrant le vol et les activités de l'avion spatial MAKS].

{{Palette|Programme spatial russe et soviétique|Lanceur spatial|Navette spatiale}}
{{Portail|Astronautique|URSS|Guerre froide}}

[[Catégorie:Vaisseau spatial]]
[[Catégorie:Navette spatiale]]
[[Catégorie:Lanceur réutilisable]]