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Sujet sur Discussion utilisateur:Bruno RACINE

Réponse à Habertix sur l'article Histoire de l'AFDET

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Bruno RACINE (discutercontributions)

Réponse au message d’Habertix du 8-1-23

En son état actuel, le contenu dans utilisateur:Bruno RACINE/Brouillon n'est pas publiable, ni sous le titre Association française pour le développement de l'enseignement technique ni comme "Histoire de l'AFDET" car il est essentiellement une "Histoire de l'enseignement technique en France" peu sourcé, avec régulièrement des affirmations "c'est grâce à l'AFDET" sans autre source qu'une publication de l'AFDET elle-même, non utilisable dans un contexte wikipédien. -- Habertix (discuter) 8 janvier 2023 à 17:39 (CET).

Réponse de Bruno RACINE

Merci Habertix pour votre avis sur ma demande de publication de l’article "Histoire de l'AFDET". Voici des éléments de réponse.

1- Merci d’avoir d’entrée  indiqué : « En son état actuel ». Malgré un déjà long travail passé sur le sujet choisi, j’ai conscience qu’il demande encore de gros efforts pour l’améliorer du point de vue de Wikipédia.

2- Vous donnez comme argument à votre position que l’article n’est pas publiable, que son contenu ne serait ni « Association Française pour le Développement de l'Enseignement Technique », ni « Histoire de l’AFDET", mais « essentiellement une "Histoire de l'enseignement technique en France" », et que n’étant que peu sourcé, … sans autre source qu’une publication de l’AFDET elle-même, et donc « non utilisable dans un contexte wikipédien ».

3- Oui, le sujet choisi est bien l’histoire de l’AFDET. C’est celui que j’ai voulu traiter et que je traite. Mais l’association, créée en 1902 pour fonder le système de l’apprentissage en France au début du XXème siècle, a cette particularité d’avoir accompagné cette histoire complexe et longue de l’enseignement technique en France jusqu’à aujourd’hui.  

Pourtant, non, le sujet n’est pas l’histoire de l’enseignement technique en France. Nous en serions très loin. Mais cette histoire particulière, beaucoup plus modeste, de l’AFDET est un moyen de parcourir de l’intérieur cette histoire commune, l’association ayant été créée pour que l’enseignement technique et sa culture soient reconnus au même titre que les enseignements traditionnels (Cf. note -5.1- plus bas, l’Encyclopédie générale de l'éducation française p317 ou Édouard Herriot).


4- La question des sources pour Wikipédia

J’ai d’abord été étonné dans les critiques qui sont faites à ce projet d’article par le fait qu’on pense qu’il n’y a pas ou peu de sources alors que l’ouvrage de Claude Hui, « L’AFDET et l’Enseignement technique. 1902-2002 une histoire partagée » (511p) est une véritable mine pour qui s’intéresse à cette histoire peu connue. Dans son travail d’expert de cette histoire, il s’appuie sur nombre de sources primaires, et sur les archives de l’association, ses  prises de position en rapport avec l’histoire de l’enseignement technique. S’il y a dans cet ouvrage une richesse dans la connaissance de l’action de l’association, avec une réelle rigueur et recherche d’objectivité, notant régulièrement les points de vue opposés, cette source primaire et interne indispensable sur le sujet doit être complétée, pour respecter le point de vue de Wikipédia, d’un travail reliant ces sources directes et internes, fiables, à des sources externes, indépendantes, suffisantes et fiables.

La principale façon de juger de la notabilité du sujet et de la fiabilité des sources, du point de vue de Wikipédia, qui n’est pas expert des sujets, vient  de sources externes, de points de vue extérieurs, de sources secondaires (indépendantes). « Le nombre et la nature des sources fiables nécessaires varient en fonction de la profondeur de la couverture du sujet par les sources, et de la qualité de ces sources », avec au minimum « deux sources secondaires indépendantes et fiables, espacées d'au moins deux ans et centrées sur le sujet ». Leur nombre, leur nature et leur qualité « devra être d'autant plus forte que l'article envisagé pourra présenter un intérêt promotionnel pour son sujet (promotion d'intérêts commerciaux, politiques ou autres, soutien d'une notoriété naissante, satisfaction de l'ego d'une personne, d'un groupe ou d'une organisation...) », comme le cite Wikipédia.

Pour répondre sur le fond aux critiques faites de ces points de vue, je vais détailler quelques-unes de ces sources secondaires, quitte à rallonger ma réponse. J’espère ainsi montrer, outre sa notoriété, l’utilité de ce travail pour Wikipédia.  


5- Des premières sources externes qui confortent la source principale, interne

Dans cet objectif, excusez si cela allonge ma réponse sur le fond, voici diverses sources à propos de l’AFDET :

-5.1- In l’Encyclopédie générale de l'éducation française. L'enseignement technique et la formation professionnelle, Paris, Editions Rombaldi, 1954 : https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/consultationIR.action?irId=FRAN_IR_019389

Cette association privée reconnue d'utilité publique, créée en 1902 à la suite d'un congrès de l'ET, rassemble des membres des chambres de commerce, des chambres de métiers, des organisations syndicales, patronales et ouvrières, des comités départementaux de l'Enseignement technique, des groupements d'industriels et de commerçants, ainsi que des éducateurs et des administrateurs d'écoles. Perfectionner et développer les enseignements technologiques et professionnels, répartir au mieux les forces vives du pays entre les différentes branches de la production et accroître la puissance économique nationale, tels sont les objectifs visés par une organisation qui se dote d'une large gamme de moyens d'action : stimuler et coordonner les efforts des différents acteurs afin de conforter l'organisation de l'ET et d'améliorer ses méthodes ; susciter l'étude et la discussion des problèmes relatifs à la formation professionnelle ; assurer une liaison toujours plus étroite entre les milieux économiques et les milieux enseignants en vue d'une insertion optimale des diplômés ; enfin, " créer un courant d'opinion favorable à cet enseignement [...] afin que, numériquement, [il] ait sa juste part. dans l'Education nationale et que, moralement, il puisse atteindre un niveau et un prestige égaux à ceux des enseignements traditionnels ". Encyclopédie..., p. 317..


-5.2- « L’AFDET et la constitution d’un parti de l’enseignement technique (1902-1914) » dans l’ouvrage de Jean-Michel Chapoulie, L’École d’État conquiert la France. Deux siècles de politique scolaire, Rennes, PUR, 2010, pp. 246-251.


-5.3- « De l’efficacité du lobbying à la mise en ordre du technique : l’Association française pour le développement de l’enseignement technique », in Florent Le Bot, Virginie Albe, Gérard Bodé, Guy Brucy et Élisabeth Chatel (dir.), L’ENS Cachan. Le siècle d’une grande école pour les sciences, les techniques, la société, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Carnot », 2013, p. 247-261.


Parmi les nombreuses publications de Stéphane Lembré, maître de conférences en histoire contemporaine et membre du Centre de recherche et d’études Histoire et Sociétés de l’université d’Artois.

-5.4- Histoire de l’enseignement technique, Paris, La Découverte, coll. « Repères » n°668, 2016, 128 p, Stéphane Lembré  consacre un « Encadré : La puissance de l’AFDET », p46.

-5.5- Dans La « crise » de l’apprentissage : De l’échec à la loi (fin xixe siècle-années vingt) de 2015, il écrit  paragraphe 13 : « Parmi les partisans de la scolarisation, un groupe de pression très influent se constitue autour du ministère du Commerce. L’Association française pour le développement de l’enseignement technique (AFDET), créée en 1902, défend une lecture précise de la situation de l’enseignement technique et de son évolution, et s’attache à renforcer les liens entre l’administration du Commerce et de l’Industrie et les chefs d’entreprise, eux-mêmes méfiants vis-à-vis du ministère de l’Instruction publique. Ce groupement réunit en effet des hommes politiques, députés, parfois anciens ministres – son premier président est Émile Maruéjouls, ministre des Travaux publics –, et des industriels comme Camille Cavallier, administrateur de la Compagnie de Pont-à-Mousson, ou Émile Cail, représentant de la métallurgie lourde du Nord ». https://books.openedition.org/igpde/4064?lang=fr


Nous voyons que les informations détaillées de l’ouvrage de Claude Hui sur la naissance de l’enseignement technique et l’apprentissage sont confirmées par Stéphane Lembré :

-5.6- « De l’efficacité du lobbying à la mise en ordre du technique. L’Association française pour le développement de l’enseignement technique », in Florent Le Bot, Virginie Albe, Gérard Bodé, Guy Brucy et Élizabeth Chatel (dir.), L’ENS Cachan. Le siècle d’une grande école pour les sciences, les techniques, la société, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013, p. 247-261.

-5.7- Gérard Bodé, lui, fait référence au « grand rôle de l’AFDET grâce à son bulletin où des enquêtes sur les systèmes d’enseignement technique étrangers sont régulièrement publiées » dans la circulation de modèles de formation pour la France dans les débats parlementaires pour tirer les leçons de la défaite de 1970. Gérard Bodé, « Le “modèle” de formation professionnelle allemand au xixe siècle : naissance d’un malentendu ? L’exemple de l’Alsace-Lorraine (1871-1918) », in Gérard Bodé et Philippe Marchand (dir.), Formation professionnelle et apprentissage xviiie-xxe siècles, Villeneuve-d’Ascq-Paris, Revue du Nord, INRP, 2003, p. 409-418.

Sur le rôle important dans la création de l’enseignement technique d’Edmond Labbé :

-5.8- Bodé Gérard, « Edmond Labbé, une vie au service de l’enseignement technique », dans d’Enfert Renaud et Fonteneau Virginie (dir.), Espaces de l’enseignement scientifique et technique. Acteurs, savoirs, institutions, xviiie-xxe siècles, Paris, Hermann, 2011, pp. 131-143. https://www.cairn.info/revue-relations-internationales-2012-3-page-37.htm?try_download=1  -https://journals.openedition.org/artefact/9545 - paragraphe 15

-5.9- L’École nationale professionnelle d’Armentières entre formation, technique et industrie au début du XXe siècle - Stéphane Lembré https://shs.hal.science/halshs-00938170/document

Le directeur Labbé, dont on a montré le rôle dans la naissance du laboratoire d’essais, intervient à cette époque comme médiateur pédagogique, scientifique et institutionnel. Avant l’inauguration de cet équipement, il avait déjà multiplié les initiatives. À l’automne 1904, il invite les industriels locaux à venir découvrir le nouvel ourdissoir automatique américain, appareil installé dans les ateliers de l’école pour l’application des élèves, destiné à dévider les bobines de fils pour le tissage, qu’il présente fièrement, tout en profitant de l’occasion pour distribuer des imprimés consacrés à l’Association française pour le développement de l’enseignement technique (AFDET). Porteur de la réforme, animateur infatigable de l’AFDET et conseiller du préfet sur les questions d’enseignement technique, Labbé représente plus qu’un responsable d’établissement.

Labbé est décoré de la Légion d’honneur en raison de son activité en faveur du développement de l’enseignement technique et de son rôle durant la grande grève de 1903. (Arch. nat. F12/6654). Sur son instance, le président du Syndicat des fabricants de toiles devient un donateur de l’AFDET.

Gérard Bodé (Institut Français d’Éducation, ENS Lyon) s’intéresse à l’influence d’Edmond Labbé (1868-1944), présenté à sa mort en 1944 comme le « créateur de l’enseignement technique français ». Gérard Bodé propose de suivre chronologiquement la carrière de cet acteur majeur, d’abord comme directeur de l’école nationale professionnelle d’Armentières (entre 1900 et 1908, Edmond Labbé développe alors l’enseignement technique dans le département du Nord et développe son réseau de sociabilité dans les milieux politiques locaux), puis comme inspecteur général de l’enseignement technique (entre 1908 et 1914, il milite pour une formation professionnelle scolarisée au sein du ministère du Commerce) et enfin comme directeur de l’enseignement technique (cette fonction au sein du ministère de l’Instruction publique lui permet de construire un « nouvel ordre d’enseignement » décisif dans l’histoire de l’enseignement technique fondé sur l’idée que « l’enseignement technique implique une culture »). À travers l’itinéraire d’Edmond Labbé, « cas typique de ces hommes de l’ombre pourtant placé dans une position stratégique pour la prise de décisions » écrit Gérard Bodé (p. 141), c’est bien « l’impact de certaines personnalités sur le développement et l’évolution du système d’éducation » (p. 141) qu’il s’agit de mettre en évidence, en parallèle des politiques officielles.


-5.10- Un autre exemple avec le CERPET :

De 1956 à 1972 est fondé , le Centre de recherches de productivité de l'Enseignement technique (CERPET) est fondé fin juillet 1956. Cet organisme confie d'emblée sa gestion, par voie de convention, à la demande du directeur général de l'Enseignement technique, M. Buisson, à l'Association française pour le développement de l'Enseignement technique (AFDET). … Impulsant donc, depuis le début du XX e siècle, la diffusion d'idées favorables à l'établissement en France d'un ET modernisé et largement associée à l'élaboration de la charte de 1919, c'est logiquement qu'est confiée à l'AFDET la tutelle financière du CERPET, dont l'action répond à certaines missions qu'elle entend remplir. En effet, soucieux de satisfaire la demande de personnel qualifié formulée par les secteurs industriel et commercial, le Centre se donne " pour but essentiel d' accroître la productivité de l'Enseignement technique ". Annuaire de l'Education nationale, Paris, 1960, p. 191. Annuaire de l'Education nationale, Paris, Institut pédagogique national, 1960, 1962, 1965, 1968, 1970. Education nationale ; Centre d'études pour la rénovation pédagogique de l'enseignement technique (1953-1988) INVENTAIRE  - Cotes : 20020355/1-20020355/47 https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/ir/consultationIR.action?irId=FRAN_IR_019389

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