Voir la source de Société sous la dynastie Song

{{En-tête label|BA|année=2011|BT}}
[[Fichier:Zhang_Shengwen._L'enseignement_de_Bouddha_Sakyamuni.jpg|vignette|droite|« Le Bouddha [[Sakyamuni]] », par le peintre Zhang Shengwen, c. 1181–1186. Bien que le [[bouddhisme]] soit en déclin et en concurrence directe avec le [[néoconfucianisme]] durant la période Song, il reste toutefois une des idéologies religieuses majeures en Chine.]]

La '''société chinoise durant la [[dynastie Song]]''' (960-1279) est marquée par les réformes politiques et légales, un retour philosophique du [[confucianisme]] et le développement des villes qui deviennent, au-delà de centres administratifs, des centres commerciaux, industriels et de commerce maritime. Les habitants des zones rurales sont pour la plupart des fermiers, même si certains sont chasseurs, pêcheurs ou employés du gouvernement travaillant dans les mines ou les marais salants. Inversement, les boutiques, les artisans, les gardes de la ville, les saltimbanques, les travailleurs et les riches marchands vivent dans les centres des comtés ou des provinces, avec la noblesse chinoise (une petite communauté d'élite de [[fonctionnaire]]s éduqués et érudits).

Comme les propriétaires terriens et les fonctionnaires du gouvernement, les nobles se considèrent comme l'élite conduisant la société. Leur coopération et leur travail sont essentiels pour la [[bureaucratie]] surchargée tant au niveau national que provincial. En plusieurs points, les [[Érudit fonctionnaire|fonctionnaires érudits]] de la période Song diffèrent des fonctionnaires plus aristocratiques de la [[dynastie Tang]] (618–907). Les [[examens impériaux]] deviennent le premier moyen de nomination d'un fonctionnaire à un poste puisque la compétition pour les réussir est de plus en plus grande. Les désaccords fréquents des ministres d'État sur les problèmes idéologiques et politiques conduisent à des conflits et à l'apparition de factions politiques. Ceci sape la stratégie du mariage, qui permet à de nombreuses familles de faire entrer leurs fils dans la [[fonction publique]].

Les fonctionnaires confucianistes ou légistes dans la Chine ancienne catégorisent tous les [[Stratification sociale|groupes socio-économiques]] en quatre occupations, vastes et hiérarchiques, et qui sont (dans l'ordre descendant) : les ''shi'' (fonctionnaires ou nobles), les ''nong'' (fermiers paysans), les ''gong'' (artisans) et les ''shang'' (marchands)<ref name="fairbank 108">{{harvsp|Fairbank|Goldman|1992|p=108}}.</ref>. Les riches propriétaires terriens et fonctionnaires possèdent les moyens pour préparer leurs fils aux examens impériaux, pourtant la compétition des marchands augmente durant la période Song. Les marchands complotent fréquemment avec les fonctionnaires, malgré le fait que ces derniers, érudits, n'ont aucune vocation mercantile, tout autant qu'ils respectent l'artisanat et l'agriculture. La carrière militaire offre aussi aux officiers une alternative pour progresser dans la société Song, même si les soldats n'y avaient pas une place éminente. Bien que certains devoirs domestiques et familiaux soient attendus des femmes, elles jouissent quand même d'un certain nombre de droits sociaux et légaux par rapport à une [[Patriarcat (sociologie)|société patriarcale]]. Les progrès sur les droits des femmes à accéder à la propriété apparaissent progressivement avec l'augmentation de la valeur des [[dot]]s offertes aux familles des mariées.

Le [[taoïsme]] et le [[bouddhisme]] sont les religions dominantes dans la Chine des Song, la dernière influençant profondément plusieurs croyances et principes du [[néoconfucianisme]]. D'autre part, le bouddhisme est sujet de fortes critiques de la part des ardents partisans et philosophes confucianistes de cette époque. Les croyances plus anciennes en la [[mythologie chinoise]], la [[religion traditionnelle chinoise]] et le [[culte des ancêtres]] ont également une place importante dans la vie quotidienne du peuple, puisque les Chinois croient que les divinités et les fantômes du royaume spirituel interagissent fréquemment avec le royaume des vivants.

Le système judiciaire Song est entretenu par les chefs de la police, enquêteurs, médecins légistes officiels et rédacteurs officiels qui aident les [[magistrat]]s. Ces derniers sont encouragés pour appliquer à la fois leurs connaissances pratiques et la loi écrite dans les décisions judiciaires qui sont la promotion de la moralité sociétale. Des avancées dans la naissante [[médecine légale]], une plus grande importance sur la collecte de preuves indiscutables et un enregistrement méticuleux par des clercs des rapports d'autopsies, ainsi que les dépositions de témoins aident les autorités à condamner les criminels.

== Vie urbaine ==
=== Croissance et organisation urbaine ===
[[Fichier:Qingming Festival 3.jpg|vignette|centré|upright=2.5|Extrait du « [[Le Jour de Qingming au bord de la rivière|Jour de Qingming au bord de la rivière]] » par [[Zhang Zeduan]], représentant la ville de [[Kaifeng]] au {{XIe s}} ou {{XIIe siècle}}.]]

Les villes chinoises de la période Song sont parmi les plus grandes du monde, profitant des [[Technologie sous la dynastie Song|avancées technologiques]] et de la [[Économie de la dynastie Song|révolution agricole]]<ref name="embree 338">{{Harvsp|Embree|1997|p=338}}.</ref>. [[Kaifeng]], qui est la capitale et le siège du gouvernement de la [[Dynastie Song|dynastie de Song du Nord]] (960-1127), compte un demi-million d'habitants en 1021, avec un autre demi-million vivant dans les neuf banlieues de la ville<ref name="fairbank 89">{{Harvsp|Fairbank|Goldman|1992|p=89}}.</ref>. En 1100, la population civile dans les murs de la ville atteint {{formatnum:1050000}}, alors que l'armée compte un total de {{Unité|1.4|million}} de soldats stationnés<ref name="fairbank 89"/>. [[Hangzhou]], la capitale de la [[Dynastie Song|dynastie des Song du Sud]] (1127-1279), quant à elle, compte plus de {{nombre|400000|habitants}} au début du {{s|XII}}, grâce à sa position commerciale stratégique à l'extrémité méridionale du [[Grand Canal (Chine)|Grand Canal]], lui donnant la réputation de « grenier à grains » de la vallée inférieure du [[Yangzi Jiang|fleuve Yangzi]]<ref name="fairbank 89"/>{{,}}<ref name="gernet 29">{{Harvsp|Gernet|1962|p=29}}.</ref>. Au cours du {{s|XIII}}, la population de la ville augmente considérablement, jusqu'à environ un million d'habitants, alors que le recensement de 1270 fait mention de {{nombre|186330|familles}} enregistrées vivant dans la ville<ref name="gernet 29"/>{{,}}<ref name="ebrey 167">{{Harvsp|Ebrey|Walthall|Palais|2006|p=167}}.</ref>.

Bien que l'agriculture ne soit pas aussi riche que dans les régions de l'Ouest, comme au [[Sichuan]], la région du [[Fujian]] subit cependant un accroissement important de sa population. Le gouvernement y enregistre une augmentation de {{formatnum:1500}} % du nombre de foyers enregistrés entre les années 742 et 1208<ref name="golas">{{Article| langue=en| nom1=Golas| prénom1=Peter| titre=Rural China in the Song| périodique=The Journal of Asian Studies| année=1980| volume=39| numéro=2| url=http://mutex.gmu.edu:2112/view/00219118/di973705/97p01513/4?searchUrl=http%3a//www.jstor.org/search/BasicResults%3fhp%3d25%26si%3d1%26gw%3djtx%26jtxsi%3d1%26jcpsi%3d1%26artsi%3d1%26Query%3dSong%2bDynasty%2bTechnology%2bScience%26wc%3don&frame=noframe&currentResult=00219118%2bdi973705%2b97p01513%2b0%2cEFFFFFFF0F&userID=81ae37f5@gmu.edu/01cc993312ea3113b864848d&dpi=3&config=jstor| passage=291–325| doi=10.2307/2054291| éditeur=Association for Asian Studies}}</ref>. Avec une industrie navale en plein essor et de nouvelles installations minières, le Fujian devient le moteur économique de la Chine au cours de la période Song<ref name="golas"/>. Le grand port de mer de la Chine, [[Quanzhou]], est situé au Fujian. En 1120, son gouverneur revendique que la population de sa ville atteint environ {{nombre|500000|habitants}}<ref name="ebrey cambridge 144"/>. La ville à l'intérieur des terres de la province du Fujian, [[Nankin|Jiankang]], possède également une importante population d'environ {{nombre|200000|habitants}}<ref name="ebrey cambridge 144"/>. Robert Hartwell indique qu'entre 742 et 1200 la population du Nord de la Chine croît de seulement 54 %, alors que le Sud de la Chine connaît une croissance démographique de 695 %, la vallée médiane du Yangze de 483 %, la région de [[Lingnan]] de 150 %, et la vallée supérieure du Yangzi de 135 %<ref name="hartwell 389">{{Harvsp|Hartwell|1982|p=389}}.</ref>. Entre les {{s2|VIII|XI}} la vallée inférieure du Yangzi connaît une croissance démographique plus faible en comparaison des autres régions du Sud de la Chine<ref name="hartwell 391">{{Harvsp|Hartwell|1982|p=391}}.</ref>. Le déplacement de la capitale à Hangzhou ne crée pas de changement immédiat spectaculaire quant à la croissance de la population avant la période des années 1170 à 1225, lorsque de nouvelles [[digue]]s permettent de remettre en état des terres pour la plupart à destination de l'agriculture entre le lac de Tai et la [[mer de Chine orientale]] ainsi qu'à l'embouchure du Yangzi sur la côte septentrionale du [[Zhejiang]]<ref name="hartwell 391"/>.

[[Fichier:Porcelaine chinoise Guimet 231103.jpg|vignette|gauche|Bol en [[céladon]] de Yaozhou, [[Shaanxi]], daté du {{Xe s}} ou {{XIe siècle}}.]]

La société chinoise nouvellement commercialisée est manifestement différente entre la période des Song du Nord et celle de la précédente dynastie Tang, dont la capitale est [[Chang'an]]. Même si la ville concentre de grandes richesses, l'importance politique de Chang'an éclipse son envergure commerciale. [[Yangzhou]] est ainsi le centre économique de la Chine durant la période Tang<ref name="benn 46">{{Harvsp|Benn|2002|p=46}}.</ref>. À l'opposé, le rôle de [[Kaifeng]] en tant que centre commercial de la Chine est tout aussi important que son rôle politique<ref name="ebrey cambridge 144">{{Harvsp|Ebrey|1999|p=144}}.</ref>. Après l'abolition du [[couvre-feu]] datant de la période Tang, en 1063<ref name="xu 13">{{Harvsp|Xu|2003|p=13}}.</ref>, les marchés de Kaifeng sont ouverts à toute heure du jour, ce qui accroît son potentiel commercial, contrairement à l'ancienne capitale Chang'an<ref name="ebrey cambridge 144"/>. Les commerçants et colporteurs à Kaifeng commencent à vendre leurs marchandises dès l'aube<ref name="gernet 183">{{Harvsp|Gernet|1962|p=183}}.</ref>. Le long de la large avenue impériale, des petits déjeuners et autres friandises sont vendus dans des magasins et sur des étals. Des [[colporteur]]s proposent également de l'eau chaude pour laver les visages à l'entrée des bains publics<ref name="gernet 183 184">{{Harvsp|Gernet|1962|p=183-184}}.</ref>. La vive activité des marchés ne décline pas avant le repas du soir, tandis que les boutiques de nouilles restent ouvertes jour et nuit<ref name="gernet 184">{{Harvsp|Gernet|1962|p=184}}.</ref>. Durant la période Song, le peuple est également plus désireux d'acheter des maisons situées près des marchés animés par rapport aux périodes passées. La richesse de Kaifeng, les maisons de plusieurs étages et les logements urbains communs se concentrent le long des rues de la ville, alors que l'ancienne capitale des Tang les cache derrière d'imposants murs<ref name="ebrey cambridge 144"/>.

[[Fichier:Li Sung 001.jpg|vignette|droite|Peinture d'une femme et d'enfants autour d'un [[colporteur]] dans la campagne, par Li Song (c. 1190-1225), datée de 1210. Le plus jeune des enfants, qui tire un des paniers de marchandises du colporteur, est cependant trop jeune pour porter un pantalon<ref name="ebrey cambridge 154">{{Harvsp|Ebrey|1999|p=154}}.</ref>.]]

Le gouvernement municipal de Hangzhou décrète une politique et un programme d'aide à la maintenance de la ville pour assurer le bien-être de ses habitants. Pour maintenir l'ordre dans une si grande ville, quatre ou cinq gardes y sont postés en faction tous les {{unité|270|mètres}}<ref name="gernet 36">{{Harvsp|Gernet|1962|p=36}}.</ref>. Leurs rôles principaux sont la prévention des rixes et des vols, les patrouilles nocturnes dans les rues et l'alerte rapide aux habitants en cas d'[[incendie]]<ref name="gernet 35 36">{{Harvsp|Gernet|1962|p=35-36}}.</ref>. Le gouvernement assigne {{nombre|2000|soldats}} dans 14 casernes construites pour combattre la propagation des feux dans la cité. Il stationne également {{nombre|1200|soldats}} dans le même but, mais à l'extérieur des murs de la ville<ref name="ebrey 167"/>{{,}}<ref name="gernet 35"/>. Ces casernes sont espacées de {{unité|460|m}}, possèdent des tours d'observation et accueillent en permanence {{nobr|100 hommes}} chacune<ref name="gernet 34">{{Harvsp|Gernet|1962|p=34}}.</ref>. Comme dans le passé, les capitales Song sont aussi constituées de larges avenues afin de briser la propagation des incendies<ref name="gernet 34"/>. Malgré ces mesures de prévention, les grands incendies restent une menace permanente. Après l'extinction d'un important feu en 1137, le gouvernement suspend le paiement des [[Location|loyers]] et offre {{unité|108840|kg}} de riz aux plus pauvres. Le bambou, les planches et les nappes ne sont pas objets de taxes afin de faciliter la reconstruction<ref name="gernet 35">{{Harvsp|Gernet|1962|p=35}}.</ref>. Les incendies ne sont pas les seuls problèmes auxquels les habitants de Hangzhou et des autres villes peuplées doivent faire face. Plus encore que dans les campagnes, la [[paupérisme|pauvreté]] est largement répandue et devient un sujet majeur de débat à la cour centrale et dans les gouvernements locaux. Pour réduire ses effets, le gouvernement Song décrète plusieurs initiatives, dont la distribution d'[[aumône]]s aux pauvres, l'établissement de cliniques, de pharmacies et de maisons de retraite publiques et la création de cimetières pour les défavorisés<ref name="ebrey 167"/>{{,}}<ref name="China"/>. De plus, chaque préfecture administrative possède des hôpitaux publics gérés par l'État, où les pauvres, les personnes âgées, les malades et les incurables peuvent aller se faire soigner gratuitement<ref name="gernet 172">{{Harvsp|Gernet|1962|p=172}}.</ref>.

Afin d'assurer une communication rapide entre les villes, les Song équipent la Chine rurale de routes et de [[Architecture sous la dynastie Song#Les ponts|nombreux ponts]]. Le gouvernement maintient également un système postal efficient surnommé le « relais de pieds chauds », qui est constitué de milliers d'officiers postaux dirigés par le gouvernement central<ref name="needham volume 4 36">{{Harvsp|id=Needham1986-4-3|texte=Needham, 1986, Volume 4|p=36}}.</ref>. Les employés postaux conservent des enregistrements des envois et les bureaux de poste sont constitués d'officiers cantonaux qui surveillent les routes de distribution du courrier<ref name="needham volume 4 part 3 35">{{Harvsp|id=Needham1986-4-3|texte=Needham, 1986, volume 4, partie 3|p=35}}.</ref>. Après la période Song, la [[dynastie Yuan]] transforme ce système postal en organisation militaire, avec des coursiers sous les ordres de directeurs<ref name="needham volume 4 36"/>. Ce nouveau système perdure entre les {{s2|XIV|XIX}}, avant que le [[télégraphe]] et la construction de routes modernes ne soient introduits en Chine par les Occidentaux<ref name="needham volume 4 36"/>.

=== Divertissements et passe-temps ===
{{Article connexe|Opéra chinois}}
[[Fichier:文會圖.jpg|vignette|gauche|Peinture d'un banquet extérieur, possible version revisitée d'un original de la [[dynastie Tang]].]]

De nombreux [[association à but non lucratif|clubs]] sociaux pour les riches Chinois deviennent populaires durant la période Song. Un texte daté de 1235 mentionne que, rien que dans la ville de Hangzhou, il existe notamment le Club de poésie du lac de l'Ouest, la Société bouddhiste de thé, le Club de forme physique, le Club des pêcheurs, le Club occulte, la Chorale des jeunes filles, le Club des cuisines exotiques, le Club des fruits et des plantes, le Club des antiquaires collectionneurs, le Club des amoureux des cheveux et la Société de musique raffinée<ref name="ebrey 167"/>. Par ailleurs, aucun évènement formel ou festival ne se termine sans un [[repas|banquet]] qui nécessite l'appel aux entreprises de restauration<ref name="ebrey 167"/>.

[[Fichier:Children Playing on a Winter Day.jpg|vignette|upright=0.8|Dans cette peinture de Su Hanchen ([[floruit|fl.]] 1130-1160), un enfant agite une plume de paon qui est communément utilisée par les acteurs jouant les généraux dans les pièces de théâtre des Song.]]

Les quartiers de divertissements de Kaifeng, Hangzhou ou des autres villes proposent des amusements tels que des [[Charmeur de serpents|charmeurs de serpents]], mangeurs de sabres, diseurs de bonne aventure, acrobates, marionnettistes, acteurs, conteurs, maisons de thé, restaurants et courtiers qui proposent des jeunes femmes pouvant servir de servante, concubine, chanteuse ou prostituée<ref name="ebrey 167"/>{{,}}<ref name="gernet 222">{{Harvsp|Gernet|1962|p=222}}.</ref>{{,}}<ref name="gernet 225">{{Harvsp|Gernet|1962|p=225}}.</ref>{{,}}<ref name="gernet 224"/>{{,}}<ref name="rossabi 78">{{Harvsp|Rossabi|1988|p=78}}.</ref>. Ces quartiers, connus sous le nom de « lieux de plaisir », sont situés dans des endroits où la stricte observance de la moralité et du formalisme social peut être aisément ignorée<ref name="gernet 222"/>. Ils se trouvent dans la cité, en dehors des remparts près des portes ou encore dans les [[banlieue]]s. Chacun d'entre eux est contrôlé par un fonctionnaire nommé par l'État<ref name="gernet 222 223">{{Harvsp|Gernet|1962|p=222-223}}.</ref>. Les jeux et divertissements se déroulent toute la journée, alors que les tavernes et maisons de chanteuses ouvrent à partir de deux heures du matin<ref name="gernet 184"/>. Tout en étant servi par des serveurs qui chauffent le [[vin chaud|vin]] pour les clients, les hommes sont régulièrement approchés par des gens communément appelés « paresseux » (''xianhan'') qui offrent leurs services pour faire des courses, aller chercher et/ou envoyer de l'argent, ou encore convoquer des chanteuses<ref name = "west 76"/>.

Les [[pièce de théâtre|représentations théâtrales]], souvent accompagnées de musique, sont populaires sur les marchés<ref name="gernet 223"/>. Il est possible de distinguer le rang des acteurs par le type et la couleur de leurs vêtements, qui représentent leurs compétences acquises dans les écoles de théâtre<ref name="gernet 223">{{Harvsp|Gernet|1962|p=223}}.</ref>. Des sketches [[Satire|satiriques]], qui dénoncent la corruption des fonctionnaires, sont particulièrement appréciés par les couches populaires<ref name="gernet 224">{{Harvsp|Gernet|1962|p=224}}.</ref>. Dans les pièces, les acteurs parlent le [[chinois classique]]. Le [[chinois vernaculaire]], qui imite le [[Mandarin (langue)|mandarin parlé]], n'est introduit dans les pièces de théâtre qu'à partir de la dynastie suivante des Yuan<ref>{{Harvsp|Rossabi|1988|p=162}}.</ref>. Bien qu'ils aient l'habitude de parler en langue chinoise érudite, les troupes d'acteurs sont souvent considérées comme faisant partie de la plus basse [[classe sociale]] de l'époque, celle des prostituées<ref name = "west 72"/>. Sur la cinquantaine de théâtres situés dans les lieux de plaisir de Kaifeng, quatre sont assez grands pour accueillir plusieurs milliers de spectateurs, chacun attirant les foules qui prospèrent dans les entreprises à proximité<ref name="west 76">{{Harvsp|West|1997|p=76}}.</ref>.

Un certain nombre de festivals se tiennent aussi bien dans les villes que dans les communautés rurales. Les [[arts martiaux]] sont source de divertissement public. Les combats ont lieu sur des estrades, les ''[[Lei Tai]]''<ref name="wu">{{Lien web |url=http://www.eagleclaw.gr/en/istoria_wushu.htm |langue=en|titre=Wushu History |consulté le= 16 novembre 2010 |année=1995 |site=Ying Shou Guan| éditeur=International Wushu Federation}}</ref>. Avec la montée de la popularité de la distinction entre activités urbaine et domestique durant cette période, les activités traditionnelles chinoises, telles que la [[cynégétique]], les [[équitation|activités équestres]] et le [[polo]], déclinent<ref name="China"/>. En termes de loisirs domestiques, les Chinois apprécient entre autres les jeux de plateau, comme le [[xiangqi]] et le [[jeu de go]]. De somptueux jardins permettent aux habitants de se promener. Régulièrement, des courses de bateaux dragons sont même organisées sur les lacs des parcs<ref name="gernet 222"/>{{,}}<ref>{{Harvsp|Yuan|1994|p=46}}.</ref>.

== Vie rurale ==
[[Fichier:Fishermen's Evening Song.jpg|vignette|gauche|upright=2|« Chanson de soirée des pêcheurs », par [[Xu Daoning]], c. 1049.]]

En bien des aspects, la vie des paysans dans les campagnes durant la dynastie Song est similaire à celle vécue dans les dynasties précédentes. Les gens passent leurs jours à labourer et planter dans les champs, entretenir leurs familles, vendre des semis et des marchandises sur les marchés locaux, visiter les temples et organiser des cérémonies comme des mariages<ref name="ebrey cambridge 155"/>. Les cas de [[banditisme]], que les fonctionnaires locaux sont forcés de combattre, ont lieu en permanence dans la campagne<ref name="ebrey cambridge 155"/>.

Il y a divers types de propriété foncière et d'occupation en fonction de la [[topographie]] et du climat local. Dans les régions vallonnées et loin des routes commerciales, la plupart des fermiers paysans possèdent et cultivent leurs propres champs<ref name="ebrey cambridge 155"/>. Dans les régions frontalières comme au [[Hunan]] et au [[Sichuan]], les propriétaires des riches possessions embauchent des [[serf]]s pour travailler la terre<ref name="ebrey cambridge 155"/>. Les domaines les plus à l'intérieur des terres ont quelques propriétés avec des serfs pour labourer les champs. Ces régions ont longtemps favorisé la culture irriguée du [[riz]], qui ne demande en effet pas de gestion centralisée<ref name="ebrey cambridge 155"/>. Les propriétaires fixent des loyers aux fermiers dans ces régions, alors que les petites familles de fermiers indépendants possèdent également leurs propres parcelles de terrain<ref name="ebrey cambridge 155"/>.

Le gouvernement offre des avantages fiscaux aux agriculteurs qui cultivent les terres le long des lacs, marais, mers et en [[Culture en terrasses|terrasses]] sur les pentes des montagnes<ref name="ebrey cambridge 156">{{Harvsp|Ebrey|1999|p=156}}.</ref>. La culture est rendue possible sur ces terrains difficiles grâce aux améliorations dans la construction de barrages et dans l'usage de chaînes de pompe afin d'élever l'eau vers des niveaux d'irrigation plus élevés<ref name="ebrey cambridge 156 157">{{Harvsp|Ebrey|1999|p=156-157}}.</ref>. Au {{s|X}}, l'introduction du riz précoce, qui peut pousser dans diverses régions climatiques et conditions topographiques, permet une migration significative des grandes terres les plus productives qui ont été cultivées pendant des siècles dans des zones auparavant inhabitées dans l'arrière-pays de la vallée du Yangzi et au Sud-Est de la Chine, qui ont connu un développement rapide<ref name="hartwell 390">{{Harvsp|Hartwell|1982|p=389-390}}.</ref>. La culture à grande échelle du riz en Chine nécessite toutefois de nouvelles techniques de [[labourage]] et d'agriculture. En effet, un rendement effectif des rizières demande un repiquage soigneux des rangées de plants de riz, un désherbage efficace, un maintien des niveaux d'eau et un [[drainage agricole|drainage]] des champs pour la récolte<ref name="ebrey cambridge 157"/>. Planter et désherber requiert souvent un jour complet de travail, puisque les fermiers doivent œuvrer pieds nus dans les eaux boueuses des rizières<ref name="ebrey cambridge 157"/>. Pour les autres cultures, les [[Bubalus bubalis|buffles domestiques]] sont utilisés comme animaux de trait pour le labourage et le hersage des champs. Ils servent également à y répandre le compost et le fumier<ref name="ebrey cambridge 157">{{Harvsp|Ebrey|1999|p=157}}.</ref>.

== Classes sociales ==
=== Fonctionnaires érudits et nobles, l'élite sociale ===
[[Fichier:Songhuizong8.jpg|vignette|upright=0.8|« Concert de [[Guqin|Qin]] », par l'empereur [[Song Huizong]], {{s|XI}} ; jouer un instrument de musique comme le ''qin'' est un des loisirs appréciés des [[Érudit fonctionnaire|fonctionnaires érudits]].]]

Un des changements fondamentaux dans la société chinoise, entre les périodes des dynasties Tang et Song, réside dans la transformation de l'élite intellectuelle, dont font partie les [[Érudit fonctionnaire|fonctionnaires érudits]] et tous ceux qui ont réussi ou ont été candidats aux [[examens impériaux]]. Ces intellectuels sont mieux éduqués, moins aristocrates dans leurs habitudes, et plus nombreux que pendant la période Tang<ref name="ebrey 2 159">{{Harvsp|Ebrey|Walthall|Palais|2006|p=159}}.</ref>{{,}}<ref name="fairbank 95"/>. Suivant la logique des classiques philosophiques confucéens, les fonctionnaires érudits Song se considèrent comme des figures [[moralisme|moralistes]] dont la responsabilité principale est de maintenir les marchands cupides et les militaires assoiffés de pouvoir à leurs places<ref name="fairbank 96">{{Harvsp|Fairbank|Goldman|1992|p=96}}.</ref>. Même si un fonctionnaire érudit n'est pas assuré de se voir attribuer un poste au gouvernement, il se sent responsable de faire respecter la morale dans la société et devient ainsi un membre d'élite de sa communauté<ref name="fairbank 95">{{Harvsp|Fairbank|Goldman|1992|p=95}}.</ref>.

Le facteur le plus influent qui sculpte cette nouvelle classe sociale est sans doute la compétitivité des candidats érudits qui entrent dans la fonction publique par les [[examens impériaux]]<ref name="ebrey 145 146">{{Harvsp|Ebrey|1999|p=145–146}}.</ref>. Même s'ils ne sont pas tous issus de la classe des propriétaires fonciers, les fils des membres de cette [[classe sociale]] ont un meilleur accès à une bonne éducation et possèdent donc plus de capacités pour réussir les examens impériaux<ref name = "ebrey 162"/>{{,}}<ref name="fairbank 94 95">{{Harvsp|Fairbank|Goldman|1992|p=94-95}}.</ref>. Obtenir un [[diplôme]] en passant un examen de niveau préfectoral, judiciaire ou de palais, durant la période Song est le plus important prérequis pour espérer obtenir une nomination dans la [[fonction publique]], surtout dans ses postes les plus élevés. Ceci constitue une des principales différences d'avec la précédente période Tang, puisque le système d'examens de cette époque était utilisé à plus petite échelle<ref name="ebrey cambridge 145">{{Harvsp|Ebrey|1999|p=145}}.</ref>. Désormais, plus le niveau de l'examen obtenu est élevé, plus les chances d'obtenir un poste important dans le gouvernement sont grandes. Cela assure également un salaire plus grand ainsi qu'un prestige social certain, arboré par le type et la couleur des ''[[hanfu]]'', ces chapeaux et écharpes portés par chaque fonctionnaire. Le style vestimentaire de ce dernier permet en effet de distinguer son rang au sein de l'autorité administrative<ref name="gernet 127 128">{{Harvsp|Gernet|1962|p=127–128}}.</ref>. Ce [[code vestimentaire]] rigide est particulièrement mis en application au début de la dynastie Song, avant que la prestigieuse couleur violette ne se diffuse aux rangs moyens et inférieurs des fonctionnaires<ref name="gernet 128">{{Harvsp|Gernet|1962|p=128}}.</ref>.

Les [[Érudit fonctionnaire|fonctionnaires érudits]] et les nobles se distinguent par leurs activités intellectuelles. Alors que certains comme [[Shen Kuo]] (1031-1095) et [[Su Song]] (1020-1101) explorent tous les domaines connus de la [[science]], des études et du savoir-faire, les élites Song sont généralement plus intéressées par les activités de loisir, comme la [[poésie]], la collection d'œuvres d'art et d'antiquités<ref name="ebrey 162 163">{{Harvsp|Ebrey|Walthall|Palais|2006|p=162-163}}.</ref>. Cette dernière activité est alors transformée en véritable activité intellectuelle. C'est le fonctionnaire, historien, poète et essayiste [[Ouyang Xiu]] (1007-1072) qui compile pour la première fois un catalogue analytique des gravures anciennes sur pierres et de bronzes, ce qui constitue une des bases de l'[[épigraphie]] et de l'[[archéologie]]<ref name="ebrey cambridge 148">{{Harvsp|Ebrey|1999|p=148}}.</ref>. Shen Kuo initie quant à lui une approche interdisciplinaire de l'étude archéologique, afin de faciliter ses travaux en astronomie, mathématiques et enregistrement des anciennes mesures musicales<ref>{{Harvsp|Fraser|Haber|1986|p=227}}.</ref>. Le fonctionnaire érudit et historien [[Zeng Gong]] (1019-1083) met en valeur les derniers chapitres de l'ancien ''[[Zhan Guo Ce]]'', corrigeant et modifiant la version officielle de cette époque. Les [[Érudit fonctionnaire|fonctionnaires érudits]] et nobles sont censés se soumettre à des activités intellectuelles pour le bien de la communauté, comme l'[[Historiographie|écriture de l'histoire]] ou la [[cartographie]] locales<ref name="fairbank 104">{{Harvsp|Fairbank|Goldman|1992|p=104}}.</ref>. Dans les cas de Shen Kuo et Su Song, leurs activités dans les domaines académiques, tels que la [[Médecine traditionnelle chinoise|pharmacie]] et l'amélioration du calendrier lunaire par leurs travaux en astronomie, suivent cet idéal.

[[Fichier:Chinesischer Maler des 10. Jahrhunderts (I) 001.jpg|vignette|gauche|upright|« Singes et chevaux », peinture du {{s|X}} et copie d'un original du {{s|VIII}}. Les peintres de la période Song et des dynasties suivantes prennent pour habitude de reprendre des scènes peintes durant les dynasties passées, en leur apportant leur propre style et expression artistique.]]

En plus des activités intellectuelles, la noblesse exhibe des habitudes et des activités culturelles qui marquent le statut social et le raffinement de ses membres. Le terme, érudit, d'« appréciation de la compagnie de neuf invités » (''jiuke''), une extension des quatre arts des fonctionnaires chinois, est une métaphore pour désigner les passe-temps préférés de la noblesse : pratique de la [[Guqin|cithare chinoise]], le [[xiangqi]] (échecs chinois), la méditation bouddhiste [[zen]], la [[Calligraphie chinoise|calligraphie]] et la [[Peinture chinoise|peinture]], la [[Thé chinois|dégustation de thé]], l'[[alchimie]], la [[poésie chinoise|poésie chantée]], la [[conversation]] et enfin la [[dégustation de vin]]<ref name="lian 20">{{Harvsp|Lian|2001|p=20}}.</ref>. Les œuvres d'art peintes par la noblesse ont un style radicalement différent entre les Song du Nord et les Song du Sud, à cause des circonstances politique, démographique et sociale différentes. La noblesse et les fonctionnaires des Song du Nord se consacrent particulièrement à résoudre les problèmes dans l'intérêt national et à peu se préoccuper de ceux relatifs aux affaires locales. Ils préfèrent donc peindre de grandes scènes naturelles où chaque individu n'est qu'une petite figure immergée dans un cadre plus large<ref name="ebrey cambridge 163">{{Harvsp|Ebrey|1999|p=163}}.</ref>. Au cours de la période des Song du Sud, les préoccupations politique, familiale et sociale se focalisent beaucoup plus sur les intérêts locaux. De ce fait, le style pictural de cette époque présente des petites scènes [[intimité|intimistes]] focalisées sur les individus<ref name="ebrey cambridge 163"/>.

Les familles aisées qui vivent dans les domaines dévolus à ces [[Érudit fonctionnaire|fonctionnaires érudits]], tout comme des riches marchands, princes et nobles, possèdent souvent un nombre important de servants, techniciens et favoris<ref name="gernet 92 93">{{Harvsp|Gernet|1962|p=92–93}}.</ref>. Elles recrutent des artisans personnels tels que des joailliers, sculpteurs et [[Broderie|brodeurs]], pendant que des domestiques nettoient la maison, font les courses, cuisinent et préparent les banquets, mariages et funérailles<ref name="gernet 92 93"/>. Elles accueillent également des hommes de lettres comme des secrétaires, copistes et [[Précepteur (éducation)|précepteur]]s chargés d'éduquer les fils de la famille<ref name="gernet 93">{{Harvsp|Gernet|1962|p=93}}.</ref>. Pour les loisirs, on retrouve enfin dans leurs maisons des musiciens, peintres, poètes, joueurs d'échec et conteurs<ref name="gernet 93"/>.

L'historien et sinologue [[Jacques Gernet]] souligne que ces servants et favoris hébergés par les riches familles représentent les membres les plus fortunés de la plus basse classe sociale<ref name="gernet 94"/>. Les autres travailleurs et ouvriers tels que les porteurs d'eau, terrassiers, colporteurs, physionomistes et devins {{citation|vivent pour la plupart de la main à la bouche}}<ref name="gernet 94"/>. Le monde du divertissement, dans les bazars couverts des marchés et à l'entrée des ponts, fournit également des moyens modestes aux conteurs, marionnettistes, jongleurs, acrobates, [[Fil de fer (cirque)|fil-de-féristes]], dresseurs d'animaux sauvages et anciens soldats qui étalent leurs forces en soulevant de grosses masses<ref name="gernet 94"/>. Ces personnes ont le plus de travail durant les périodes de fêtes annuelles<ref name="gernet 94 95">{{Harvsp|Gernet|1962|p=94–95}}.</ref>. Au contraire, les paysans constituent la plupart des ruraux pauvres. Certains, dans les zones rurales, choisissent des professions centrées principalement autour de la chasse, la pêche, la foresterie, le travail dans les mines ou dans les marais salants<ref name="gernet 102">{{Harvsp|Gernet|1962|p=102}}.</ref>.

=== Travailleurs et eunuques, les basses classes sociales ===
Selon l'[[éthique]] confucéenne, les [[Érudit fonctionnaire|fonctionnaires érudits]] et l'élite se considèrent comme appartenant au sommet de la société, et ce juste derrière la famille impériale. Les fermiers ruraux sont considérés comme les piliers essentiels qui fournissent la nourriture au reste de la société. Ils sont souvent plus respectés que les marchands locaux ou régionaux, quels que soient sa richesse et son pouvoir. L'élite des fonctionnaires érudits confucéens, qui constituent la grande bureaucratie de la Chine, estime que l'intérêt croissant de leur société pour le [[mercantilisme]] est un signe de décadence morale. Néanmoins, la société urbaine chinoise de cette époque fourmille de grossistes, livreurs, gardiens d'entrepôts, courtiers, vendeurs ambulants, commerçants de détail, colporteurs et beaucoup d'autres professions basées sur le [[commerce]]<ref name="China">{{Lien web |langue=en | titre=China | année=2007 | url=http://www.britannica.com/eb/article-71718/China | site=Encyclopædia Britannica Online | consulté le=17 novembre 2010}}.</ref>.

[[Fichier:Li Kung-lin 001.jpg|vignette|droite|Peinture de femmes de la cour à cheval, par [[Li Gonglin]]. L'original de [[Zhang Xuan]] date du {{s|VIII}}.]]

Malgré la suspicion et le dédain des fonctionnaires érudits envers les marchands puissants, ces derniers complotent souvent avec l'élite de la [[fonction publique]]<ref name="gernet 60 61"/>. Les fonctionnaires eux-mêmes s'impliquent souvent personnellement dans des affaires mercantiles, brouillant les frontières entre ce qui appartient à la classe des marchands et ce qui n'y appartient pas<ref name="gernet 60 61">{{Harvsp|Gernet|1962|p=60–61}}.</ref>. Les fermiers ruraux quant à eux se lancent parfois à moindre échelle dans la production de vin, de charbon, de papier, de textiles et d'autres marchandises<ref name="ebrey cambridge 141">{{Harvsp|Ebrey|1999|p=141}}.</ref>. En théorie, il est interdit pour un fonctionnaire de prendre part dans des affaires privées lucratives alors qu'il sert et reçoit un salaire de l'[[État]]<ref name="gernet 68">{{Harvsp|Gernet|1962|p=68}}.</ref>. Afin de ne pas compromettre leur réputation fondée sur le [[Confucianisme#Morale confucéenne|confucianiste moral]], ils doivent donc passer par des intermédiaires pour gérer des sociétés, comme le montre, dès 955, un [[décret]] qui révèle l'usage d'agents intermédiaires pour conclure des transactions d'affaires privées avec l'étranger<ref name="gernet 68 69">{{Harvsp|Gernet|1962|p=68–69}}.</ref>. Alors qu'il prend le contrôle de plusieurs industries clés et impose de stricts monopoles d'État, le gouvernement Song lui-même se comporte comme une grande entreprise commerciale dirigée par des fonctionnaires érudits<ref name="gernet 77">{{Harvsp|Gernet|1962|p=77}}.</ref>. Il doit également affronter les [[guilde]]s de marchands et d'artisans, chaque fois qu'il réquisitionne des marchandises ou augmente les [[taxe]]s<ref name="gernet 88">{{Harvsp|Gernet|1962|p=88}}.</ref>{{,}}<ref name="ebrey 157">{{Harvsp|Ebrey|Walthall|Palais|2006|p=157}}.</ref>. Pourtant, rejoindre une guilde n'est gage ni d'autonomie, ni d'indépendance. En effet, selon l'historien [[Jacques Gernet]], {{citation|les corporations étaient trop nombreuses et trop variées pour pouvoir y avoir une influence}}<ref name="gernet 94">{{Harvsp|Gernet|1962|p=94}}.</ref>.

[[Fichier:Wang Juzheng's Spinning Wheel.jpg|vignette|gauche|upright=1.5|« Le Rouet », par Wang Juzheng (fl. début du {{s|XI}}), période des Song du Nord ; scène avec une vieille paysanne et son chien.]]

Du point de vue des fonctionnaires érudits, les [[artisan]]s sont des travailleurs essentiels à la société, juste après les paysans, et sont différents des marchands et vendeurs considérés comme étant des parasites. Les artisans façonnent et fabriquent à la main toutes les marchandises dont la société Song a besoin, comme des [[Roue à aubes|roues à aubes]] de tailles standards et des pompes créées par les [[Charron (métier)|charrons]] experts<ref name="needham volume 4 part 2 347">{{harvsp|id=Needham1986-4-2|texte=Needham, volume 4, partie 2|p=347}}.</ref>. Alors que les architectes et les charpentiers ne sont pas vraiment considérés comme des fonctionnaires érudits, certains ingénieurs et auteurs en architecture acquièrent une certaine réputation à la cour impériale et dans la sphère publique, grâce à leurs réalisations. Parmi eux, Li Jie (1065-1110) est un fonctionnaire qui est finalement promu à d'importantes responsabilités dans les agences gouvernementales de construction et d'ingénierie. Son ''[[Yingzao Fashi]]'', traité technique sur les codes et procédures de construction, est soutenu par l'empereur [[Song Huizong]] (r. 1100-1126) qui l'utilise dans ces agences gouvernementales et le fait imprimer pour le diffuser à tous les artisans du secteur à travers le pays<ref name="needham volume 4 part 3 84">{{Harvsp|id=Needham1986-4-3|texte=Needham, volume 4, partie 3|p=84}}.</ref>{{,}}<ref name="guo 4 6">{{Harvsp|Guo|1998|p=4–6}}.</ref>. Le manuel technique sur l'architecte du début du {{s|X}} [[Yu Hao]] reçoit par ailleurs un grand nombre d'éloges de la part du fonctionnaire érudit [[polymathe]] [[Shen Kuo]] dans son ''[[Mengxi Bitan]]'' de 1088<ref name="needham volume 4 part 3 82 84">{{Harvsp|id=Needham1986-4-3|texte=Needham, volume 4, partie 3|p=82-84}}.</ref>.

[[Fichier:Li Di, Homeward Oxherds in Wind and Rain.jpg|vignette|« Bouviers sur le chemin du retour sous le vent et la pluie », par Li Di, {{s|XII}}.]]

Par le passé, les [[eunuque]]s ont réussi à amasser beaucoup de pouvoir, quitte à menacer celui de l'empereur. Les fonctionnaires érudits et lettrés confucéens se méfient donc d'eux. Leur implication dans la vie du palais et les fréquentes nominations à de hautes responsabilités militaires leur fournissent toujours un certain prestige<ref name="ebrey 2 166">{{Harvsp|Ebrey|Walthall|Palais|2006|p=166}}.</ref>. Bien que les officiers militaires qui ont une carrière pleine de succès peuvent acquérir eux aussi un prestige certain, le soldat dans la société Song est la plupart du temps dédaigné par les fonctionnaires érudits et les personnes cultivées<ref name="graff 25 26"/>. Ceci est parfaitement résumé par le [[proverbe]] chinois : {{citation|Le bon fer n'est pas utilisé pour faire des clous ; les bons hommes ne sont pas utilisés comme soldats.}}<ref name="graff 26"/> Cette attitude a plusieurs explications. Tout d'abord, beaucoup de personnes qui s'enrôlent volontairement comme soldats dans les armées chinoises sont des paysans ruraux endettés, dont la plupart sont des anciens ouvriers du commerce du sel qui ne peuvent plus payer leurs prêts<ref name="gernet 102 103">{{Harvsp|Gernet|1962|p=102–103}}.</ref>. Toutefois, l'attitude dominante de la noblesse envers les militaires découle largement de la compréhension des précédents dans l'histoire. Les [[Jiedushi|dirigeants militaires]] (''Jiedushi'') de la [[dynastie Tang]] et des [[Période des cinq dynasties et des dix royaumes|Cinq dynasties et dix royaumes]] (907-960) ont amassé plus de pouvoir que les fonctionnaires civils et par certains aspects les ont remplacés<ref name="gernet 70 71">{{Harvsp|Gernet|1962|p=70-71}}.</ref>. Les empereurs Song développent donc les systèmes des [[examens impériaux]] et des écoles gouvernementales pour éviter ce type de scénario de domination par les militaires de l'ordre civil<ref name="ebrey cambridge 145 146">{{Harvsp|Ebrey|Walthall|Palais|2006|p=145–146.}}</ref>.

== Éducation et fonction publique ==
=== Écoles gouvernementales contre académies privées ===
[[Fichier:Northern Qi scholars collating classic texts2.jpg|vignette|gauche|upright=1.5|« Chercheurs de la [[dynastie Qi du Nord]] recoupant les textes classiques », peinture sur rouleau de soie du {{s|XI}}.]]

Le premier gouvernement national basé sur le système des écoles publiques en Chine est établi en l'an 3 sous le règne de l'empereur [[Han Pingdi]] de la [[dynastie Han]]<ref name="yuan 193">{{Harvsp|Yuan|1994|p=193}}.</ref>. Durant la dynastie des Song du Nord, le gouvernement les rouvre petit à petit après leur quasi-disparition durant la période des Cinq dynasties<ref name="yuan 195">{{Harvsp|Yuan|1994|p=195}}.</ref>. Elles éclipsent rapidement le rôle des académies privées au milieu du {{s|XI}}<ref name="walton 199">{{Harvsp|Walton|1999|p=199}}.</ref>{{,}}<ref name="yuan 200">{{Harvsp|Yuan|1994|p=200}}.</ref>. L'élite de ces écoles est constituée des institutions situées dans la capitale, le ''[[Guozijian]]'', le ''[[Taixue]]'' et d'autres écoles professionnelles<ref name="yuan 194">{{Harvsp|Yuan|1994|p=194}}.</ref>. Le principal effort de réforme pour reconstruire les écoles de niveau préfecture et xian est initié par le Premier ministre [[Fan Zhongyan]] (989-1052) dans les années 1040. Avant cela, la majeure partie des fonds alloués pour la création d'écoles dans une préfecture ou un ''[[Xian (subdivision administrative)|xian]]'' est laissée aux financements privés et la contribution gouvernementale est minimale. Les réformes de Fan initient donc un financement étatique plus important, au moins pour les écoles de niveau préfectoral<ref name="yuan 196 197">{{Harvsp|Yuan|1994|p=196-197}}.</ref>. L'expansion la plus importante des structures d'enseignement est lancée par l'empereur [[Song Huizong]], qui utilise les fonds à l'origine destinés pour la réparation des catastrophes et la stabilisation du prix de la nourriture. Les nouveaux fonds ainsi levés servent alors à créer de nouvelles écoles dans les préfectures et les ''xian'' et sanctionnent les fonctionnaires qui rechignent à réparer, maintenir et reconstruire ces écoles<ref name="yuan 197 199">{{Harvsp|Yuan|1994|p=197-199}}.</ref>. L'historien John Chaffe affirme qu'au début du {{s|XII}}, le système des écoles publiques couvre {{unité|6100|km|2}} de terres et peut fournir un logis à plus de {{nombre|200000|étudiants}} dans les dortoirs<ref name="fairbank 94"/>. Après la destruction systématique des écoles lors des invasions [[Dynastie Jin (1115-1234)|Jurchens]], entre les années 1120 et 1140, l'empereur [[Song Gaozong]] (r. 1127-1162) émet un édit pour reconstruire des écoles préfectorales en 1142 et des écoles de [[Xian (subdivision administrative)|xian]] en 1148, même si ces dernières ont déjà largement profité des efforts de reconstruction des fonctionnaires locaux<ref name="yuan 198 199">{{Harvsp|Yuan|1994|p=198-199}}.</ref>.

Au début du {{s|XII}}, les nombreuses critiques sur le système des examens impériaux et des écoles publiques initient un mouvement de renaissance des académies privées<ref name="walton 199"/>. Durant les Song du Sud, elles deviennent une alternative viable aux écoles d'État<ref name="hymes 132 133">{{Harvsp|Hymes|1986|p=132-133}}.</ref>. Même les institutions semi-privées ou soutenues par l'État sont perçues comme indépendantes de l'influence étatique et leurs enseignants éloignés des problèmes nationaux<ref name="hymes 132 133"/>. Une des premières institutions académiques à s'établir durant la période Song est l'académie Yuelu, fondée en 976 durant le règne de l'empereur [[Song Taizu]] (r. 960-976). Le scientifique et politicien chinois [[Shen Kuo]] est par ailleurs directeur de l'académie Hanlin<ref name="needham volume 1 135">{{Harvsp|id=Needham1986-1|texte=Needham, 1986, volume 1|p=135}}.</ref>, établie durant la [[dynastie Tang]]. L'académie néoconfucéenne Donglin, établie en 1111, certifie quant à elle que les autres idéologies comme le [[bouddhisme]] n'influencent pas son enseignement purement confucéen<ref name="morton 135">{{Harvsp|Morton|Lewis|2005|p=135}}.</ref>. Cette certitude s'appuie sur les écrits de l'essayiste et poète de la dynastie Tang, [[Han Yu]] (768-824), qui est certainement un fidèle critique du bouddhisme et de son influence sur les valeurs confucéennes<ref name="wright 88"/>. L'académie Bailudong Shuyuan des Tang du Sud (937-976), qui tombe en désuétude durant la première moitié des Song, est de nouveau ouverte par le philosophe néoconfucéen [[Zhu Xi]] (1130-1200)<ref name="hymes 132 133"/>.

Zhu Xi est un des nombreux critiques qui prétendent que les écoles publiques n'encouragent pas suffisamment la culture personnelle et façonnent des fonctionnaires qui ne se préoccupent que de leur profit ou de leur salaire<ref name="walton 199"/>. Plus généralement, tous les philosophes sociaux et politiques de la période Song ne blâment pas pour autant le système des examens impériaux comme origine du problème (mais simplement comme méthode de recrutement et de sélection), mais mettent plutôt en avant l'échec de la noblesse à prendre ses responsabilités d'élite culturelle dans la société<ref name="walton 200">{{Harvsp|Walton|1999|p=200}}.</ref>. Zhu Xi met également l'accent sur les ''[[Quatre Livres]]'', une série de classiques confucéens qui seront introduits au programme officiel de l'éducation des étudiants confucéens, alors qu'ils étaient d'abord bannis par leurs contemporains<ref name="ebrey 169">{{Harvsp|Ebrey|Walthall|Palais|2006|p=169}}.</ref>. Après sa mort, son commentaire des ''Quatre Livres'' est apprécié des fonctionnaires érudits et, en 1241, ses écrits sont adoptés comme lecture obligatoire pour les candidats aux examens avec le soutien de l'empereur [[Song Lizong]] (r. 1224-1264)<ref name="ebrey 169"/>{{,}}<ref name="yuan 201">{{Harvsp|Yuan|1994|p=201}}.</ref>.

=== Examens et familles de l'élite sociale ===
[[Fichier:Chinesischer Maler des 11. Jahrhunderts (III) 001.jpg|vignette|droite|« Érudit dans un pré », [[peinture chinoise]] du {{s|XI}}.]]

Le nombre de candidats à se présenter aux [[examens impériaux]] surpasse largement le nombre réel de diplômés (''jinshi''), qui obtiennent une nomination officielle au cours de la dynastie Song. Cinq fois plus de ''jinshi'' sont en effet acceptés durant cette période, par rapport à la précédente sous les Tang. Le nombre de diplômés n'affecte pas pour autant le prestige des examens, qui ont lieu tous les trois ans. Bien au contraire, cela encourage un plus grand nombre de candidats à s'y présenter<ref name="ebrey 160">{{Harvsp|Ebrey|Walthall|Palais|2006|p=160}}.</ref>{{,}}<ref name="hymes 29">{{Harvsp|Hymes|1986|p=29}}.</ref>. Environ {{nombre|30000|hommes}} participent aux examens préfectoraux au début du {{s|XI}}. Ce nombre atteint {{formatnum:80000}} vers 1100, puis {{formatnum:400000}} au {{s|XIII}}<ref name="ebrey 160"/>. Dans ces circonstances, les chances pour un candidat de réussir et de devenir diplômé sont de 1 sur 333<ref name="ebrey 160"/>. Une fois le diplôme obtenu, l'obtention d'un poste n'est toutefois pas immédiate. Le nombre de fonctionnaires érudits durant la période Tang est d'environ {{formatnum:18000}}, alors qu'il est de {{formatnum:20000}} sous les Song<ref name="fairbank 106"/>. Avec l'accroissement de la population chinoise et le nombre stagnant de fonctionnaires dans le gouvernement, les diplômés des examens impériaux qui n'ont pas encore reçu de poste forment donc une base importante de la société<ref name="fairbank 106"/>. Ils font partie de l'élite locale de leur communauté, alors que les fonctionnaires érudits en poste comptent sur eux pour maintenir l'ordre et remplir un certain nombre de devoirs sous leur [[juridiction]]<ref name="fairbank 106"/>.

Un contexte de compétition intellectuelle existe entre les érudits confucéens aspirants. Les familles riches collectionnent avec empressement des piles de livres pour leurs bibliothèques personnelles, comme des ouvrages sur les classiques confucéens ainsi que les travaux philosophiques, traités mathématiques, documents pharmaceutiques, et [[sûtra]]s bouddhistes, entre autres<ref name="159 160">{{Harvsp|Ebrey|Walthall|Palais|2006|p=159–160}}.</ref>. Les améliorations des techniques d'[[imprimerie]] du {{s|XI}} contribuent largement à l'accroissement du nombre de candidats éduqués pour les examens impériaux de la fonction publique<ref name="ebrey 159"/>{{,}}<ref name="fairbank 94">{{Harvsp|Fairbank|Goldman|1992|p=94}}.</ref>{{,}}<ref name="ebrey cambridge 147"/>. Ces développements réduisent également les coûts des livres qui deviennent par conséquent plus accessibles aux personnes ayant des moyens plus faibles<ref name="ebrey 159"/>{{,}}<ref name="ebrey cambridge 147">{{Harvsp|Ebrey|Walthall|Palais|2006|p=147}}.</ref>.

[[Fichier:Loquats and Mountain Bird.jpg|vignette|gauche|« [[Bibasse]] et oiseau des montagnes », par un peintre anonyme des Song du Sud. Les petits albums regroupant ce genre de peintures sont populaires auprès de la noblesse et des fonctionnaires érudits de la période des Song du Sud.]]

[[Fichier:Song Palace Children Playing.jpg|vignette|droite|« Enfants du palais jouant », par un artiste anonyme. Les enfants privilégiés des milieux aisés ont non seulement un plus grand accès aux livres que les autres enfants, mais ont également des privilèges (''yin'') ainsi que des relations de membres de leurs familles qui leur assurent une bonne position et une immersion très jeune dans la [[bureaucratie]].]]

Les fonctionnaires érudits reçoivent des rangs, honneurs et nominations professionnelles sur la base de leur mérite, un standard qui devient plus codifié et objectif par rapport à la [[dynastie Tang]]<ref name="ebrey 159">{{Harvsp|Ebrey|1999|p=159}}.</ref>. L'anonymat des candidats aux examens permet d'éviter les fraudes et favoritismes de la part des correcteurs qui ne traitent que des copies révisées. Une équipe de copistes est en effet chargée de recopier tous les travaux des candidats avant la correction<ref name="fairbank 94"/>{{,}}<ref name="gernet 65">{{Harvsp|Gernet|1962|p=65}}.</ref>. Après avoir passé les examens de niveau préfecture, province et palais (le plus prestigieux), les diplômés ne sont toutefois pas assurés de se voir offrir immédiatement un poste. Cependant, plus le diplôme est élevé et plus les chances de réussite dans la future carrière du fonctionnaire sont importantes<ref name="gernet 65"/>. Le gouvernement central possède les droits exclusifs de nomination et de destitution des fonctionnaires<ref name="gernet 65 66"/>. La destitution d'un fonctionnaire est toujours examinée avec attention, puisque le gouvernement conserve un dossier, contenant des rapports sur chaque agent et stocké dans la capitale pour une consultation future<ref name="gernet 65 66">{{Harvsp|Gernet|1962|p=65–66}}.</ref>.

Ebrey affirme que la [[méritocratie]], et un plus grand sens de [[mobilité sociale]], sont également très répandus dans le système des examens impériaux. La liste des diplômés montre qu'environ la moitié seulement de ceux qui les réussissent ont un père, grand-père ou arrière-grand-père qui était lui aussi fonctionnaire<ref name="ebrey 162">{{Harvsp|Ebrey|Walthall|Palais|2006|p=162}}.</ref>. Toutefois, Robert Hartwell et Robert Hymes estiment que cette observation, pour la première fois présenté par Edward Kracke en 1847 puis reprise par Sudō Yoshiyuki et Ho Ping-ti, met en avant le rôle de la [[famille nucléaire]] et ne prend en compte que trois générations paternelles. Cette approche ignore cependant la réalité démographique de la Chine à cette période, le nombre important d'hommes dans chaque génération n'ayant aucun fils survivant et le rôle de la famille étendue en particulier<ref name="hartwell 417">{{Harvsp|Hartwell|1982|p=417-418}}.</ref>{{,}}<ref name="hymes 35 36">{{Harvsp|Hymes|1986|p=35-36}}.</ref>. Les garçons dont le père occupe un poste officiel ont l'avantage de bénéficier d'une éducation et d'une expérience précoces, puisqu'ils sont souvent nommés par leur père à de basses responsabilités<ref name="gernet 67">{{Harvsp|Gernet|1962|p=67}}.</ref>. Ce privilège de protection (''yin'') est étendu aux relations proches, frères aînés, oncles, beaux-pères et parfois même beaux-pères d'un oncle, ce qui l'aide à sécuriser son poste dans le futur<ref name="hartwell 418 419">{{Harvsp|Hartwell|1982|p=418-419}}.</ref>{{,}}<ref name="hymes 37">{{Harvsp|Hymes|1986|p=37}}.</ref>. Le poète [[Su Shi]] (1037-1101) écrit un poème intitulé ''Sur la naissance de mon fils'', se moquant de la situation des enfants issus de milieux aisés et des relations politiques ayant le dessus sur les enfants brillants de statut inférieur :

{| cellpadding="5" style="font-size:90%; border-collapse:collapse; background-color:transparent; border-style:none; margin: 10px 20px;"
| width="20" valign=top | [[Fichier:Cquote1.png]]
| align="left" |
''Les familles, quand un enfant est né''<br />
''Veulent qu'il soit intelligent''.<br />
''J'ai, grâce à mon intelligence''<br />
''Anéanti toute ma vie'',<br />
''Le seul espoir que le bébé se révèlera''<br />
''Ignorant et stupide''.<br />
''Il coulera ensuite une vie tranquille''<br />
''En devenant Ministre''.<br />
| width="20" valign=bottom | [[Fichier:Cquote2.png]]
|-
| colspan="3" | <div style="text-align: right;">[[Su Shi]]<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.chinapage.org/poet-e/sushi-son.html|titre=Su Shi - Poet and Calligrapher|auteur=T. R. Arthur Waley|année=1919}}.</ref></div>
|}

Robert Hartwell note que durant la dynastie des Song du Nord, il existe deux types d'élites qui dominent la [[fonction publique]] : une élite de fondateurs et une élite professionnelle<ref name="hartwell 405">{{Harvsp|Hartwell|1982|p=405}}.</ref>. La première est constituée de gouverneurs militaires du {{s|X}}, de leurs associés, employés personnels et bureaucrates qui ont servi dans l'administration des précédentes Cinq Dynasties<ref name="hartwell 405 406">{{Harvsp|Hartwell|1982|p=405-406}}.</ref>. La seconde inclut les familles d'élite qui habitent Kaifeng ou les capitales subordonnées, réclament l'appartenance à un prestigieux [[clan]] ancestral, se marient avec d'autres familles importantes, possèdent des membres dans les postes parmi les plus importants depuis des générations et dominent le gouvernement Song jusqu'au {{s|XII}}<ref name="hartwell 406 407">{{Harvsp|Hartwell|1982|p=406-407}}.</ref>. Les familles puissantes de l'élite professionnelle occupent ainsi les 18 postes de Premier ministre du {{s|XI}}<ref name="hartwell 408">{{Harvsp|Hartwell|1982|p=408}}.</ref>. De 960 à 986, l'élite militaire du [[Shanxi]], [[Shaanxi]] et [[Hebei]] représente 46 % des postes fiscaux, les personnes originaires des districts de Songzhou 22 % et ceux de Kaifeng et [[Luoyang]] 13 %<ref name="hartwell 408"/>. Dans la même période, les deux élites fournissent 90 % des postes politiques importants. Cependant, après 983, lorsque le Sud est conquis et rattaché à l'empire, une élite semi-héréditaire professionnelle remplace progressivement l'élite de fondateurs<ref name="hartwell 408"/>. Après 1086, aucune des familles de l'élite des fondateurs ne possède de membres ni dans les postes politiques ni dans les postes fiscaux<ref name="hartwell 411">{{Harvsp|Hartwell|1982|p=411}}.</ref>. Entre 998 et 1085, les cinq familles les plus puissantes de l'élite professionnelle représentent 5 % des familles dont les membres occupent des postes politiques, alors qu'elles occupent 23 % du total des postes<ref name="hartwell 413">{{Harvsp|Hartwell|1982|p=413}}.</ref>. À la fin du {{s|XI}}, cette élite commence à perdre de son importance dans la fonction publique<ref name="hartwell 416">{{Harvsp|Hartwell|1982|p=416}}.</ref>. Elle est remplacée par une multitude de lignées de [[noblesse|nobles]] locaux dont les enfants ne se consacrent pas tous à une carrière de fonctionnaire<ref name="hartwell 416"/>. Hartwell affirme que ce changement de pouvoir est le résultat de la stratégie de lignée de l'élite professionnelle qui est mise à mal par la montée des factions politiques partisanes dans la seconde moitié du {{s|XI}}<ref name="hartwell 420">{{Harvsp|Hartwell|1982|p=420}}.</ref>.

[[Fichier:Zhou Wenju's A Literary Garden.jpg|vignette|gauche|« Un jardin littéraire », par Zhou Wenju, {{s|X}}.]]

Avant les années 1080, la majorité des fonctionnaires incorporés vient de diverses régions, ce qui facilite les échanges inter-régionaux<ref name="hartwell 400 404">{{Harvsp|Hartwell|1982|p=400-404}}.</ref>. Hartwell écrit que, durant les Song du Sud, le changement de pouvoir de l'administration centrale vers l'administration locale, la mise en vigueur de quotas préfectoraux en amont des examens et l'incertitude de réussite d'une carrière politique dans une capitale sous faction poussent les candidats à choisir des postes qui leur permettent de rester dans certaines régions<ref name="hartwell 424">{{Harvsp|Hartwell|1982|p=424}}.</ref>. Hymes démontre comment ceci est lié au déclin des alliances de mariage qui ont perpétué l'élite professionnelle durant les Song du Nord. En effet, la noblesse des Song du Sud préfère les mariages à dimension locale<ref name="hymes 97 99">{{Harvsp|Hymes|1986|p=97-99, 102-103}}.</ref>. Par ailleurs, il faut attendre le règne de l'empereur [[Song Huizong]] (r. 1068-1085) pour que la Chine du Sud, très peuplée, commence à fournir des fonctionnaires pour les postes politiques, qui sont distribués ensuite en proportion de la population totale de la Chine<ref name="hartwell 414">{{Harvsp|Hartwell|1982|p=414}}.</ref>. Entre 1125 et 1205, environ 80 % de tous ceux qui sont en fonction dans l'un des six ministères du gouvernement central ont passé la majeure partie de leur carrière officielle de bas grade dans les provinces actuelles de [[Anhui]], [[Jiangsu]], [[Zhejiang]] et [[Fujian]]<ref name="hartwell 403 404">{{Harvsp|Hartwell|1982|p=403-404}}.</ref>. Presque tous ces fonctionnaires sont nés et ont grandi dans les régions du Sud de la Chine<ref name = "hartwell 400"/>.

== Gouvernement et politique ==
=== Divisions administratives ===
[[Fichier:Pagoda at Lingyan Si.jpg|vignette|droite|La [[pagode Pizhi]] au [[temple Lingyan]], [[Shandong]], construite en 1063. À la suite de l'effondrement d'une pagode dans le xian de Yihuang à [[Fuzhou]] en 1210, la population locale pense que cette catastrophe est liée au récent échec de ses candidats aux [[examens impériaux]] ; elle est donc reconstruite selon les principes [[Géomancie|géomantiques]] en 1223 dans l'espoir de renverser la tendance de la malédiction cosmique<ref name="hymes 30">{{Harvsp|Hymes|1986|p=30}}.</ref>.]]

La plus grande division administrative dans l'empire Song est connue sous le nom de « circuit » (''lu''). Chaque circuit est divisé en plusieurs préfectures (''[[Préfecture (Chine)|zhou]]'') qui sont elles-mêmes constituées de comtés (''[[Xian (subdivision administrative)|xian]]''). La Chine compte ainsi environ 1230 xian durant la période Song<ref name = "fairbank 106"/>{{,}}<ref>{{Harvsp|Yuan|1994|p=193-194}}.</ref>. Le [[préfet]] représente au début de la période des Song du Nord la plus haute autorité locale : il est chargé de la collecte des impôts et dirige plusieurs magistrats sous sa juridiction qui traitent les litiges civils et maintiennent l'ordre<ref name="hartwell 395">{{Harvsp|Hartwell|1982|p=395}}.</ref>. À la fin des Song du Nord, la juridiction des préfets compte de plus en plus de xian. Ils voient donc leur importance diminuer puisqu'ils ont plus de difficultés à diriger les différents xian<ref name="hartwell 395"/>. Ce phénomène s'inscrit dans une tendance globale entre les dynasties Tang et Ming qui consiste en un déclin graduel de l'importance des subdivisions administratives intermédiaires au profit du gouvernement central et des administrations régionales<ref name="hartwell 395 397">{{Harvsp|Hartwell|1982|p=395-397}}.</ref>. Sous les Song du Sud, quatre systèmes de commandement semi-autonomes sont établis sur la base d'unités territoriales et militaires. Cela influence le modèle de secrétariats détachés qui se transforme en administrations provinciales durant les dynasties [[Dynastie Yuan|Yuan]], [[Dynastie Ming|Ming]] et [[Dynastie Qing|Qing]]<ref name="hartwell 397 398">{{Harvsp|Hartwell|1982|p=397-398}}.</ref>. Ainsi, le contrôle du gouvernement central à travers l'empire devient de plus en plus cantonné aux circuits situés à proximité de la capitale [[Hangzhou]], alors que ceux plus éloignés jouissent d'une plus grande autonomie<ref name="hartwell 400"/>.

=== Carrières officielles ===

Avant la tumultueuse [[révolte d'An Lushan]] (755-763), les six ministères du gouvernement ont une hiérarchie bien établie dans laquelle les fonctionnaires Tang progressent. Ces derniers commencent donc à travailler dans le ministère le moins élevé dans la hiérarchie et changent de ministère en fonction des promotions. Un nouveau système apparaît par la suite : les fonctionnaires se spécialisent dans un ministère à l'intérieur duquel ils mènent toute leur carrière<ref name="hartwell 399 400">{{Harvsp|Hartwell|1982|p=399-400}}.</ref>. Les Commissions du Sel et du Fer, des Fonds et du Recensement, qui sont créées pour faire face à la crise financière après l'insurrection d'An Lushan, sont à la base de ce changement de parcours de carrière qui distingue désormais les hiérarchies d'un point de vue fonctionnel<ref name="hartwell 399 400"/>. La diversité des carrières et l'expertise des fonctionnaires des Song du Nord expliquent qu'ils obtiennent des nominations spécifiques dans un seul ministère : Personnel, Revenus, Rites, Guerre, Justice ou Travail<ref name="hartwell 400">{{Harvsp|Hartwell|1982|p=400}}.</ref>. Avec le développement de la population chinoise et des économies locales, le gouvernement central devient plus complexe et il ne peut plus conduire les différentes parties de l'empire de façon efficiente. Par conséquent, en 1082, la réorganisation de la [[bureaucratie]] centrale met au rebut la hiérarchisation des commissions en faveur du modèle des Tang, qui consiste à hiérarchiser les ministères selon différents niveaux de prestige<ref name="hartwell 400"/>.

[[Fichier:Ma Yuan Walking on Path in Spring.jpg|vignette|gauche|'' Marcher sur un chemin de montagne au printemps'', [[Ma Yuan]] (actif: 1190- ap.1225). Feuille d'album. Encre et couleurs légères sur soie, 27 × {{unité|43|cm}}. [[Musée national du palais]] Taipei]]

En observant les nombreuses biographies et inscriptions funéraires, Hymes remarque que les fonctionnaires des Song du Nord ont pour principale préoccupation les intérêts nationaux, puisqu'ils n'interviennent pas dans les affaires locales ou centrales pour le bénéfice de leurs propres préfectures ou xian<ref name="hymes 128">{{Harvsp|Hymes|1986|p=128}}.</ref>. Cette tendance s'inverse sous les Song du Sud. La majorité des fonctionnaires du gouvernement central est à cette époque originaire des provinces du Anhui, Jiangsu, Zhejiang et Fujian. Hartwell et Hymes remarquent donc qu'un grand nombre d'intérêts locaux transparaissent alors dans les politiques du gouvernement central<ref name="hartwell 400 404"/>{{,}}<ref name="hymes 128"/>.

Sur le terrain, les fonctionnaires de bas niveau dans les xian et les préfectures sont chargés des devoirs nécessaires de l'administration, telles que la collecte des taxes, la supervision des affaires criminelles, la mise en place de moyens de lutte contre la famine et les catastrophes naturelles et parfois la supervision des affaires du marché et des travaux publics<ref name="fairbank 104 105">{{Harvsp|Fairbank|Goldman|1992|p=104-105}}.</ref>. L'incroyable croissance démographique en Chine surpasse largement le nombre de fonctionnaires acceptés par les [[examens impériaux]]. Les nobles éduqués sont donc nommés à des postes officiels pour superviser les affaires des communautés rurales<ref name="fairbank 106">{{Harvsp|Fairbank|Goldman|1992|p=106}}.</ref>. D'un autre côté, c'est la haute noblesse des hauts fonctionnaires de la capitale, dont la plupart a réussi les examens de niveau palais, qui est réellement en mesure d'influencer et de réformer la société<ref name="fairbank 102 103">{{Harvsp|Fairbank|Goldman|1992|p=102-103}}.</ref>.

=== Partialité et réforme politique ===
[[Fichier:Shenzong of Song.jpg|vignette|upright|Portrait de l'empereur [[Song Shenzong]], allié politique de Wang Anshi et qui approuve les réformes économiques, militaires, pédagogiques et sociales de ce dernier.]]

La vie politique durant la dynastie Song est largement marquée par les luttes partisanes et les conflits entre les différentes factions des ministres d'État. Les carrières des fonctionnaires de niveau moyen et faible sont très sûres. En montant dans les échelons de l'administration centrale, les revers de fortune sont à craindre, comme l'indique le [[sinologue]] [[Jacques Gernet]]<ref name="gernet 65"/>. Pour contrer ce phénomène, le Premier ministre [[Fan Zhongyan]] (989-1052) mène une [[Réformes Qingli|série de réformes]] entre 1043 et 1045 qui reçoit en retour de vives critiques de la part des membres conservateurs de la cour. Fan souhaite éradiquer la corruption en octroyant des salaires plus élevés pour les fonctionnaires de faible rang, afin de les persuader de ne pas abandonner leur éthique professionnelle, et de ne pas accepter de [[pot-de-vin]]<ref name="ebrey 163"/>. Il établit également un programme de promotion qui assure que les fonctionnaires évoluent en fonction de leur mérite, compétences administratives et personnalité, et non sur leur [[Étiquette (code)|étiquette]] et appartenance culturelle<ref name="ebrey 163">{{Harvsp|Ebrey|Walthall|Palais|2006|p=163}}.</ref>. Toutefois, les conservateurs de la cour ne souhaitent pas que leurs plans de carrière et leurs positions confortables soient mis en péril par les nouvelles lois. Ils s'allient donc pour tenter de stopper les réformes<ref name="ebrey 163"/>.

Dans la lignée de Fan, le Premier ministre [[Wang Anshi]] (1021-1086) initie à son tour une série de réformes en 1069, dès son accession au pouvoir. Wang promulgue une application de la loi fondée sur la communauté et un service civil connu sous le nom de « [[système Baojia]] ». Il tente de diminuer l'importance des propriétaires terriens et des riches familles en faveur de groupes sociaux de responsabilité mutuelle qui partagent des valeurs similaires et qui peuvent facilement être contrôlés par le gouvernement<ref name="fairbank 97">{{Harvsp|Fairbank|Goldman|1992|p=97}}.</ref>. Alors que les fonctionnaires érudits doivent leur prestige à leurs diplômes, Wang souhaite structurer toute la société comme un ensemble loyal envers le gouvernement central<ref name="fairbank 97"/>. Pour cela, il utilise plusieurs moyens, dont l'interdiction pour les propriétaires terriens de proposer des prêts à leurs locataires, ce rôle étant dorénavant rempli par le gouvernement<ref name="fairbank 97"/>. Wang met également en place des [[milice]]s locales qui aident l'armée permanente et allègent le budget étatique dans les dépenses militaires<ref name="ebrey 164"/>. Il émet des emprunts à taux faible pour les fermiers ruraux, qu'il considère comme représentant la colonne vertébrale de l'économie Song<ref name="ebrey 164"/>. Alors que les [[taxe foncière|taxes foncières]] exigées pour les fermiers remplissent les coffres du trésor public, Wang lance une réforme pour modifier le système cadastral de façon à recueillir des évaluations sur les situations de chacun les plus précises possibles<ref name="ebrey 164"/>. Le Premier ministre supprime également la poésie du programme des [[examens impériaux]], au motif que des étudiants confucéens pourtant qualifiés et compétents se sont vus refuser l'entrée dans l'administration à cause de leurs piètres connaissances dans cette discipline<ref name="ebrey 164"/>. Wang établit des [[monopole]]s d'État dans la production de thé, de sel et de vin<ref name="ebrey 164"/>. Toutes ces mesures sont vivement critiquées de la part des ministres conservateurs, pour qui ces réformes affectent la richesse des grandes familles, qui fournissent la base des candidats aux examens impériaux, administrateurs, marchands, propriétaires terriens entre autres membres essentiels de la société<ref name="fairbank 97"/>. L'historien Paul Smith écrit que les réformes de Wang, appelées la « nouvelle politique », représentent la dernière tentative de l'élite bureaucratique professionnelle pour amener l'économie prospère sous le contrôle de l'État, afin de remédier au manque de ressources dû aux combats au nord contre les [[Dynastie Liao|Liao]] et les [[Dynastie des Xia occidentaux|Xia occidentaux]]<ref name="smith 76 78">{{Harvsp|Smith|1993|p=76-78}}.</ref>.

[[Fichier:Wang Anshi.jpg|vignette|gauche|upright|Le Premier ministre [[Wang Anshi]] (1021-1086).]]

Winston Lo affirme que le comportement obstiné de Wang et son incapacité à envisager la révision ou l'annulation de ses réformes ont pour origine sa conviction d'être un sage<ref name="lo 45 46">{{Harvsp|Lo|1976|p=45-46}}.</ref>. Les érudits confucéens de cette époque pensent que la voie (''[[Tao (culture)|tao]]'') incarnée dans les ''[[Cinq Classiques]]'' est connue par les anciens sages et est transmise de génération en génération par [[télépathie]]. Mais, après [[Mencius]] (-372 à -289), plus personne n'est digne d'accepter le transfert du ''tao''<ref name="lo 45">{{Harvsp|Lo|1976|p=45}}.</ref>. Certaines personnes pensent que le ''tao'' dormant peut être réveillé par un véritable sage. Lo écrit à propos des néoconfucianistes de la période Song que {{citation|c'est cette image de soi qui explique leur position militante en matière d'éthique et de l'érudition classique}}<ref name="lo 45"/>. Wang se fixe comme objectif existentiel le rétablissement du ''tao'', suivant les exemples classiques de [[Yi Zhi]] et du [[duc de Zhou]] et en s'opposant aux souhaits des hommes égoïstes ou insensés, qui ignorent les critiques et l'opinion publique<ref name="lo 46">{{Harvsp|Lo|1976|p=46}}.</ref>. Comme les certitudes quant à sa [[sagesse]] et l'irréprochabilité de ses réformes ne sont pas suffisantes, Wang cherche également des alliés potentiels et forme une coalition qui prend le nom de « Groupe de la nouvelle politique », menant ses rivaux politiques à s'allier en réponse contre le Premier ministre<ref name="sivin iii 3 4">{{Harvsp|Sivin|1995|p=3–4}}.</ref>. Pourtant, les luttes de pouvoir entre les factions ne sont pas seulement ardues sur le plan idéologique. Des cliques se forment naturellement avec les alliances changeantes de l'élite professionnelle, afin d'obtenir le plus grand nombre de postes disponibles au bénéfice de relations plus ou moins proches<ref name="hartwell 421">{{Harvsp|Hartwell|1982|p=421}}.</ref>. Les personnes telles que Su Shi s'opposent également à la faction de Wang sur le terrain pratique. Ainsi, un [[poème]] critique de Su fait ouvertement allusion au monopole imposé par Wang sur le sel qui entraverait, selon le poète, la distribution efficace du sel<ref name="ebrey 164"/>.

Wang démissionne en 1076 et sa faction privée de sa tête doit faire face à l'incertitude après la mort en 1085 de l'empereur qui la supporte. La faction politique menée par l'historien et fonctionnaire [[Sima Guang]] (1019-1086) prend alors le contrôle du gouvernement central, en nouant une alliance avec l'[[impératrice douairière]] qui occupe le poste de régente sur le jeune empereur [[Song Zhezong]] (1085-1100). Le gouvernement fait marche arrière concernant la « nouvelle politique » de Wang, annulant même les réformes populaires comme le remplacement des travaux forcés par des amendes<ref name="ebrey 164"/>. Lorsque l'empereur Song Zhezong arrive en âge de prendre les rênes du pouvoir à la place de sa grand-mère, il tranche cependant en faveur des réformes de Wang et les instaure à nouveau en 1093<ref name="ebrey 165">{{Harvsp|Ebrey|Walthall|Palais|2006|p=165}}.</ref>{{,}}<ref name="liu 220">{{Harvsp|Liu|1959|p=220}}.</ref>. Le parti des réformistes revient pourtant en position favorable durant le règne de l'empereur [[Song Huizong]] (r. 1100-1125), alors que les conservateurs sont persécutés, notamment par le Premier ministre [[Cai Jing]] (1047-1126)<ref name="liu 220"/>. Lorsque l'une des factions politiques prend l'avantage sur l'autre, les ministres du camp opposé sont considérés comme des {{citation|obstructionnistes}} et sont envoyés loin de la capitale pour gouverner des territoires frontaliers de l'empire. Cette forme d'exil politique n'est pas uniquement préjudiciable pour la carrière politique. Ces exils ont également des conséquences physiques. Ainsi, la [[malaria]] est une maladie souvent mortelle pour les exilés dans les régions les plus méridionales<ref name="ebrey 164"/>.

== Famille ==

=== Droit, lois et coutumes familiales ===
[[Fichier:Su Han Ch'en 001.jpg|vignette|droite|« Enfants jouant », par Su Hanchen, 1150.]]
La [[philosophie chinoise]] de [[Confucius]] (551-479 {{av JC}}) et la hiérarchie sociale sont deux concepts profondément ancrés dans la culture chinoise depuis le règne de l'empereur [[Han Wudi]] (r. 141-87 {{av JC}}). Pendant la dynastie Song, toute la société chinoise est théoriquement modelée par cet ordre social familial<ref name="gernet 144 145"/>. Le [[dogme]] confucéen dicte ce qui est un comportement moral approprié et comment un supérieur doit distribuer récompenses et punitions à un membre d'ordre inférieur dans la société ou la famille<ref name="gernet 144 145">{{Harvsp|Gernet|1962|p=144-145}}.</ref>. Ces règles sont déjà illustrées dans la loi de la [[dynastie Tang]], qui est largement reprise par la dynastie Song<ref name="gernet 145">{{Harvsp|Gernet|1962|p=145}}.</ref>.

Selon la [[Code Tang|loi Tang]] compilée au {{s|VII}}, les peines les plus sévères sont généralement réservées aux personnes désobéissantes ou irrespectueuses envers les anciens ou leurs supérieurs hiérarchiques. Ceux qui agressent leurs parents peuvent être condamnés à la peine capitale, ceux qui agressent un frère aîné aux travaux forcés et enfin ceux qui agressent un cousin aîné peuvent recevoir une bastonnade<ref name="gernet 145"/>. Un personnel de maison qui tue son maître risque la peine capitale, alors qu'un maître tuant son serviteur peut être arrêté et contraint à un an de travaux forcés pour l'État<ref name="gernet 145"/>. Ce respect pour les aînés et les supérieurs s'appuie sur des discours confucéens séculaires. Les croyances chinoises du culte des ancêtres transforment les parents disparus en personnes d'un autre monde<ref name="gernet 145"/>. La société Song est également construite sur des relations sociales gouvernées non pas par des principes abstraits, mais par la protection gagnée par le dévouement personnel envers un supérieur<ref name="gernet 146">{{Harvsp|Gernet|1962|p=146}}.</ref>.

La perpétuation du culte religieux de la famille avec de nombreux descendants est couplée avec l'idée que plus une famille possède d'enfants, plus elle est protégée et puissante au sein de la communauté<ref name="gernet 147">{{Harvsp|Gernet|1962|p=147}}.</ref>. Avec plus d'enfants, une famille a de meilleures chances d'étendre sa puissance par l'alliance de mariage avec d'autres grandes familles, ainsi que de meilleures chances d'avoir un enfant qui occupe un poste administratif prestigieux au sein du gouvernement<ref name="gernet 147 148">{{Harvsp|Gernet|1962|p=147-148}}.</ref>. Hymes note que {{citation|les familles de l'élite utilisaient des critères tels que la capacité en tant que fonctionnaire ou la richesse, les perspectives professionnelles, l'importance de l'ascendance, la notoriété scientifique et la réputation locale dans le choix de beaux-fils et de belles-filles}}<ref name="hymes 86">{{Harvsp|Hymes|1986|p=86}}.</ref>. Depuis que la promotion dans la fonction publique est liée au résultat des [[examens impériaux]] et à la recommandation par un supérieur, une famille qui possède un certain nombre de beaux-fils à des niveaux élevés dans la bureaucratie s'assure une protection et des choix de carrières prestigieux pour ses membres<ref name="hymes 115 116">{{Harvsp|Hymes|1986|p=115-116}}.</ref>. Les personnes issues de familles notables sont traitées avec dignité et une importante influence familiale est synonyme de meilleures chances de protection de leur fortune individuelle<ref name="gernet 146"/>. Nul n'est mieux préparé pour affronter la société que celui qui sait gagner la protection des membres de sa famille élargie, puisqu'il est courant pour les familles de la classe supérieure de regrouper plusieurs générations vivant sous le même toit<ref name="gernet 144 146">{{Harvsp|Gernet|1962|p=144-146}}.</ref>. Toutefois, il n'est pas obligatoire de partager des liens de sang avec les autres pour nouer davantage de lien dans sa communauté. Ceci peut être fait en acceptant les nombreuses requêtes de [[frère de sang (lien)|frère de sang]] au cours d'une cérémonie qui assure des obligations et une loyauté mutuelles<ref name="gernet 146"/>.

[[Fichier:Mao I 001.jpg|vignette|gauche|« Chats dans le jardin », par Mao Yi, {{s|XII}}. Durant la dynastie Song, on trouve comme animaux de compagnie des chiens de garde à la queue écourtée, des chats à poil long pour chasser les rats, des chats à fourrure jaune et blanche appelés « chats-lions » (considérés simplement pour leur beauté), des aigles et des faucons, et parfois même des grillons en cage<ref name="gernet 48">{{Harvsp|Gernet|1962|p=48}}.</ref>{{,}}<ref name="gernet 122 123">{{Harvsp|Gernet|1962|p=122-123}}.</ref>{{,}}<ref name="west 75">{{Harvsp|West|1997|p=75}}.</ref>. Les chats peuvent être choyés avec les articles achetés sur le marché tels que des litières et sont souvent nourris de poissons qui sont vendus sur le marché spécifiquement pour les chats<ref name="gernet 48"/>{{,}}<ref name="gernet 122 123"/>.]]
Dans la société Song, régie en grande partie par les codes légaux Tang, l'acte de [[primogéniture]] n'est pas pratiqué dans les affaires d'héritage et est en réalité totalement illégal<ref name="fairbank 83">{{Harvsp|Fairbank|Goldman|1992|p=83}}.</ref>. Lorsque le chef de la famille décède, ses biens sont répartis équitablement entre les descendants<ref name="fairbank 83"/>. Cette loi a été promulguée durant la dynastie Tang afin de contrer les puissants clans aristocratiques du Nord-Ouest de la Chine et pour prévenir le soulèvement d'une société dominée par la noblesse foncière<ref name="fairbank 83"/>. Si une famille de fonctionnaires ne parvient pas à fournir des fonctionnaires sur plusieurs générations, l'espoir de conserver dans le futur sa richesse et son influence devient incertain<ref name="fairbank 83 84">{{Harvsp|Fairbank|Goldman|1992|p=83-84}}.</ref>. De ce fait, les problèmes légaux sur les héritages familiaux ont des effets profonds sur le reste de la société.

Lorsqu'un membre d'une famille décède, les membres de cette famille manifestent de façon différente leur désarroi et leur piété, selon la coutume et le lien de parenté qui le lie avec le défunt<ref name="gernet 172"/>. Durant la période de deuil, les rites passent par le port de vêtements peu voyants ou au contraire colorés, mais aussi par des rites funéraires consistant à nettoyer et habiller le défunt pour le laver de ses impuretés<ref name="gernet 172"/>. Il s'agit là d'étapes importantes pour le respect de l'ancêtre idolâtré, élevant d'ailleurs le prestige de la famille<ref name="gernet 172"/>. Les funérailles coûtent généralement très cher. Un géomancien doit être consulté pour déterminer le lieu le plus approprié pour la sépulture. Des traiteurs sont engagés pour fournir un banquet funèbre. Enfin, les cérémonies requièrent un cercueil et des images en papier de chevaux, chariots et servants qui sont brûlés pour accompagner le défunt dans sa prochaine vie<ref name="gernet 173">{{Harvsp|Gernet|1962|p=173}}.</ref>. En raison du coût élevé des enterrements, beaucoup de familles optent pour la crémation, qui reste moins onéreuse<ref name="gernet 173"/>. Cette pratique est toutefois mal vue par les fonctionnaires confucéens à cause de leurs croyances pour le culte des ancêtres<ref name="gernet 173"/>. Ils font donc interdire l'incinération en 963 et 972. Malgré cela, la crémation persiste dans les classes moyennes et pauvres<ref name="gernet 173"/>. Au {{s|XII}}, pour contrer ce phénomène, le gouvernement instaure des cimetières publics dans lesquels les familles peuvent enterrer leurs morts sur la propriété de l'État<ref name="gernet 173 174">{{Harvsp|Gernet|1962|p=173-174}}.</ref>.

=== Héritage et style de vie des femmes ===
[[Fichier:Empress of Zhenzong of Song.jpg|vignette|droite|Portrait officiel de l'impératrice et femme de l'empereur [[Song Zhezong]].]]
Les historiens remarquent que les femmes durant la [[dynastie Tang]] sont hardie, sûres d'elles-mêmes, actives et relativement plus libérées socialement que les femmes de la [[dynastie Song]]<ref name="ebrey cambridge 160"/>. Selon l'historien Gernet, sous le règne des Song, elles sont en général plus cultivées et plus enclines à s'exprimer intimement à travers la poésie<ref name="ebrey cambridge 158"/>, mais sont en revanche plus réservées, respectueuses, minces, petites et menues<ref name="ebrey cambridge 160"/>{{,}}<ref name="gernet 166">{{Harvsp|Gernet|1962|p=166}}.</ref>. L'apparition de la mode des [[pieds bandés]] durant les Song du Sud renforce certainement cette vision<ref name="ebrey cambridge 160 161">{{Harvsp|Ebrey|1999|p=160–161}}.</ref>. Toutefois, un grand nombre de documents révèlent une réalité bien plus riche et complexe sur la vie de famille et des femmes<ref name="ebrey cambridge 158">{{Harvsp|Ebrey|1999|p=158}}.</ref>. À travers les romans et registres légaux entre autres documents, différentes sources montrent que les femmes Song ont une grande influence dans les prises des décisions familiales et sont familières avec l'économie du ménage<ref name="ebrey cambridge 158 160">{{Harvsp|Ebrey|1999|p=158-160}}.</ref>{{,}}<ref name="gernet 165">{{Harvsp|Gernet|1962|p=165}}.</ref>. Les hommes dominent la sphère publique, pendant que les femmes influentes passent leur temps à la maison à jouir de loisirs et à gérer le foyer<ref name="gernet 165"/>. Toutefois, les femmes des classes moyennes et basses ont une influence qui se borne uniquement à la sphère domestique<ref name="ebrey cambridge 158"/>{{,}}<ref name="gernet 165"/>. Par ailleurs, il est commun de rencontrer des femmes tenancières d'auberges de ville ou de restaurants, des filles de fermiers tisser des tapis et les vendre, des sages-femmes faire des accouchements, des nones bouddhistes étudier les textes religieux et les sûtras ou encore des femmes surveiller de près leurs propres intérêts financiers<ref name="gernet 165"/>{{,}}<ref name="ebrey 170">{{Harvsp|Ebrey|Walthall|Palais|2006|p=170}}.</ref>. Dans ce dernier cas, les registres légaux décrivent des cas de veuves sans enfants accusant leurs neveux de voler leurs biens<ref name="ebrey 170"/>. Il est également plusieurs fois fait mention de femmes s'appuyant sur leurs dots pour aider les sœurs de leur mari à se marier à d'autres familles influentes<ref name="ebrey 170"/>.

La prospérité économique de la période Song incite beaucoup de familles à assurer à leurs filles d'importantes [[dot]]s afin d'attirer les beaux-fils les plus riches et pour leur donner une sécurité économique<ref name="ebrey cambridge 160">{{Harvsp|Ebrey|1999|p=160}}.</ref>. En cédant une partie de leurs biens à la dot des filles, leurs familles cherchent naturellement des bénéfices en contrepartie. De ce fait, les droits des femmes dans la propriété augmentent<ref name="ebrey cambridge 160"/>. Filles et fils deviennent ainsi égaux dans les questions d'héritages<ref name="China"/>. Selon les lois Song, si un homme sans héritiers ne désigne pas clairement de successeur, sa veuve possède le droit de désigner son propre héritier dans une procédure appelée ''liji'' ({{citation|adopter un héritier}})<ref name="bernhardt 274">{{Harvsp|Bernhardt|1995|p=274}}.</ref>. Si un héritier est désigné par des parents du défunt, celui-ci ne possède pas les mêmes droits qu'un fils biologique qui hérite naturellement. Il doit en effet partager la propriété avec les filles du défunt, s'il y en a encore<ref name="bernhardt 274 275">{{Harvsp|Bernhardt|1995|p=274–275}}.</ref>.

Le divorce par consentement mutuel entre mari et épouse est permis<ref name="gernet 163">{{Harvsp|Gernet|1962|p=163}}.</ref>, alors que le remariage après un veuvage est fréquent durant la période Song<ref name="ebrey 171"/>. En revanche, les veufs des dynasties postérieures à la dynastie Song ne se remarient que rarement, suivant les pensées du philosophe confucéen [[Cheng Yi (philosophe)|Cheng Yi]] (1033-1107), qui prétend qu'il est préférable à un veuf de mourir plutôt que de perdre sa vertu en se remariant<ref name="ebrey 171"/>. Le remariage après la perte d'une première épouse ne redevient courant qu'à partir de la [[dynastie Qing]] (1644-1912)<ref>{{Harvsp|Friedman|Pickowicz|Selden|1991|p=7}}.</ref>.

[[Fichier:Gu Hongzhong's Night Revels 1.jpg|vignette|gauche|upright=2|Section de la version du {{s|XII}} des « festivités nocturnes de Han Xizai », dont l'original est l'œuvre de [[Gu Hongzhong]]<ref name="ebrey cambridge 148"/>. Des femmes semblent danser et l'une d'elles joue du [[Pipa (instrument)|pipa]] pour divertir les invités.]]
Malgré des avancées dans les libertés sociales et les droits légaux, les femmes sont encore supposées s'occuper des tâches domestiques. Avec l'éducation des enfants, les femmes sont responsables du filage, de la confection de vêtements, de la couture et de la cuisine<ref name="ebrey 170"/>. Celles qui appartiennent aux familles de vendeurs de soie ont encore plus de tâches domestiques en charge, puisqu'elles doivent dorloter les [[Ver à soie|vers à soie]], les nourrir et les maintenir au chaud pour s'assurer qu'ils tissent leurs cocons dans de bonnes conditions<ref name="ebrey 170"/>. Dans la hiérarchie familiale, la femme dominante du foyer est la belle-mère qui est libre de distribuer ordres et privilèges aux femmes de ses fils. Les mères ont souvent des liens forts avec leurs progénitures, tant que ces derniers vivent à la maison<ref name="ebrey cambridge 158"/>. Si une belle-mère n'arrive pas à obtenir suffisamment d'aide de la part de sa belle-fille, elle peut cependant faire appel à des domestiques<ref name="ebrey 160"/>. Il existe également beaucoup de [[courtisane]]s professionnelles et de concubines qui occupent les hommes en matière de divertissement, relations et liaisons romantiques<ref name="ebrey cambridge 158 160"/>. Toutefois, il est courant que les épouses officielles soient jalouses envers les [[concubine]]s que leurs maris fortunés peuvent ramener à la maison<ref name="ebrey 170"/>. Par ailleurs, l'idéal de la jeune femme chaste, modeste et pieuse est sérieusement remis en cause dans les villes comme Hangzhou et [[Suzhou]], où les femmes sont parfois cupides et frivoles<ref name="gernet 164"/>. Selon Gernet, les maris de ces femmes ne parviennent pas à les satisfaire, ce qui les pousse à prendre parfois jusqu'à cinq « maris complémentaires ». Si les femmes habitent à proximité de monastères, même les moines bouddhistes peuvent devenir des amants de ces femmes insatisfaites<ref name="gernet 164">{{Harvsp|Gernet|1962|p=164}}.</ref>.

[[Fichier:Court ladies pounding silk from a painting (捣练图) by Emperor Huizong.jpg|vignette|droite|Femmes frappant et préparant la soie, peinture de l'empereur [[Song Huizong]], début du {{s|XII}}, inspirée d'une peinture du début de la [[dynastie Tang]].]]
Alors que les garçons suivent les cours dans les académies confucéennes dans l'espoir de pouvoir intégrer la fonction publique, les filles apprennent souvent la lecture et l'écriture par leurs frères. Pendant la période Song, plus de femmes des classes aisées et cultivées sont capables de lire grâce au développement de l'imprimerie. Ainsi, un nombre important de lettres, poèmes et autres documents écrits par des femmes ont été retrouvés<ref name="ebrey cambridge 158"/>. Certaines sont même suffisamment cultivées pour enseigner à leurs fils avant leur intégration dans une école officielle<ref name="ebrey cambridge 158"/>. Par exemple, la mère du politique et scientifique [[Shen Kuo]] lui a transmis une éducation de base et même la stratégie militaire qu'elle avait elle-même apprise de son frère aîné<ref name="sivin iii 1">{{Harvsp|Sivin|1995|p=1}}.</ref>. Hu Wenrou, la grande sœur du fonctionnaire Hu Su, est considérée par Shen Kuo comme une mathématicienne remarquable, puisque Shen lui transmet souvent des questions par l'intermédiaire de son mari, afin d'avoir son point de vue et la critique de celle-ci sur ses travaux mathématiques<ref>{{Harvsp|Tao|Bijun|Mow|2004|p=19}}.</ref>. Dans un autre domaine, [[Li Qingzhao]] (1084-1151), dont le père est un ami de Su Shi, écrit beaucoup de poèmes narrant sa vie turbulente et devient ainsi une poétesse reconnue au cours de sa vie<ref name="ebrey cambridge 158"/>{{,}}<ref name="ebrey 171"/>. Après la mort de son mari, elle écrit des poèmes à profusion, dont certains sont émotionnellement profonds<ref name="ebrey 171">{{Harvsp|Ebrey|Walthall|Palais|2006|p=171}}.</ref>.

== Religion et philosophie ==
{{Article connexe|Religions en Chine|Philosophie chinoise}}
[[Fichier:Liu Songnian-Luohan.jpg|vignette|gauche|upright=0.8|« [[Arhat|Un Luohan]] », par Liu Songnian, fin du {{s|XII}}-début du {{s|XIII}}, dynastie des Song du Sud.]]
Le [[taoïsme]] chinois, le [[culte des ancêtres]] et le [[bouddhisme]] d'origine étrangère sont les pratiques religieuses dominantes de la période Song. Le taoïsme se développe largement par l'enseignement du ''[[Tao Tö King]]'', attribué au philosophe du {{-s|VI}} [[Laozi]] ({{chinois|l=Vieux Maître}}), considéré comme faisant partie des [[Trois Purs]] (les principales divinités du taoïsme). Le bouddhisme en Chine, introduit par les missionnaires [[Yuezhi]], [[An Shigao]] et [[Kushan]] aux {{s2-|I|II}}, s'adapte peu à peu pour donner naissance à un bouddhisme chinois spécifique.

Beaucoup de personnes suivent les enseignements de Bouddha et de moines importants comme [[Dahui Zonggao]] (1089-1163) et [[Wuzhun Shifan]] (1178-1249). Toutefois, de nombreuses critiques s'élèvent contre les principes religieux et philosophiques du bouddhisme. Parmi les opposants, le fonctionnaire et homme politique [[Ouyang Xiu]] compare le bouddhisme à un {{citation|fléau}} qui s'abat sur la Chine, une tradition étrangère qui infiltre les croyances natives du pays et qui l'a affaibli durant les [[Dynasties du Nord et du Sud]] (420-581)<ref name="wright 88">{{Harvsp|Wright|1959|p=88}}.</ref>. Le soutien au bouddhisme est sujet de division au sein de la noblesse et même dans certaines familles. Par exemple, l'historien Zeng Gong déplore le succès du bouddhisme, le considérant comme une idéologie rivale de la « Voie des Sages » du [[confucianisme]]. Pourtant, à sa mort en 1083, il est enterré dans un temple bouddhiste que son grand-père a contribué à construire et que son frère Zeng Bu a déclaré [[cloître]] du mérite offert à sa famille<ref name="hymes 179">{{Harvsp|Hymes|1986|p=179}}.</ref>. Même si les partisans conservateurs du confucianisme sont sceptiques à propos des enseignements du bouddhisme et cherchent souvent à s'en éloigner, d'autres les utilisent pour renforcer leur propre philosophie confucéenne. Ainsi, les philosophes néoconfucéens et frères Cheng Hao et Cheng Yi du {{s|XI}} cherchent des explications philosophiques sur les travaux de principe (''li'') et d'énergie vitale (''qi'') dans la nature. Ils répondent par ce biais aux notions [[métaphysique]]s complexes très populaires dans la pensée bouddhiste<ref name="ebrey 168">{{Harvsp|Ebrey|Walthall|Palais|2006|p=168}}.</ref>. Les fonctionnaires néoconfucéens cherchent également à emprunter l'idéal du [[bouddhisme mahāyāna]] de sacrifice personnel, de bien-être et de charité incarné dans le [[Bodhisattva]]<ref name="wright 93">{{Harvsp|Wright|1959|p=93}}.</ref>. En cherchant à remplacer le rôle important des monastères bouddhistes dans le bien-être et la charité, les partisans du néoconfucianisme convertissent cet idéal par des mesures pratiques de support étatique aux pauvres<ref name="wright 93 94">{{Harvsp|Wright|1959|p=93–94}}.</ref>.



Le bouddhisme ne s'est jamais complètement remis des importantes persécutions dont il a fait l'objet en Chine entre les {{s2|V|XI}}, alors que le taoïsme continue de se développer dans la Chine Song. En Chine septentrionale, sous la [[dynastie Jin (1115-1234)]], après 1127, le philosophe taoïste [[Wang Chongyang]] (1113-1170) fonde le [[Quanzhen Dao]]. Les sept disciples de Wang, connus sous le nom des « Sept Immortels », acquièrent une grande renommée à travers la Chine. Parmi eux, la prêtresse [[Sun Buer]] (c. 1119-1182) devient le modèle féminin du Taoïsme. Quant à [[Qiu Chuji]] (1148-1227), un autre Immortel, il crée sa propre branche du Quanzhen Dao, la Longmen (« Porte du Dragon »). Sous les Song du Sud, les centres de culte taoïstes deviennent populaires. Situés dans les montagnes, ils sont réputés pour accueillir le logis des divinités taoïstes. Les familles aisées érigent ainsi des temples sur ces montagnes en l'honneur des divinités locales qui y résident<ref name="hymes 181">{{Harvsp|Hymes|1986|p=181}}.</ref>. Beaucoup plus que pour le clergé bouddhiste, les prêtres taoïstes et hommes saints sont sollicités pour des prières dans l'espoir d'avoir un fils, de guérir d'une maladie ou d'obtenir des conditions plus clémentes après une longue période de mauvais temps et de pauvres récoltes<ref name="hymes 182">{{Harvsp|Hymes|1986|p=182}}.</ref>.

La [[religion traditionnelle chinoise]] continue d'être pratiquée en Chine, empruntant des concepts aussi bien de l'ancienne [[mythologie chinoise]] que du culte des ancêtres. Beaucoup de personnes croient que des esprits et des divinités du royaume des esprits interagissent régulièrement avec le royaume des vivants. Ces sujets sont également populaires dans la littérature Song. Hong Mai (1123-1202), un important membre d'une famille de fonctionnaires du [[Jiangxi]], écrit un livre populaire appelé ''Chroniques de Yijian'' (''Yijian zhi'') qui regroupe plusieurs anecdotes traitant des esprits et des interactions supposées avec des vivants<ref name="ebrey 172">{{Harvsp|Ebrey|Walthall|Palais|2006|p=172}}.</ref>. Les habitants de la Chine Song croient fortement que leur infortune et fortune quotidiennes sont les conséquences d'interventions de divinités et d'esprits qui interagissent avec leur vie de tous les jours<ref name="ebrey 172"/>. Ces divinités incluent les divinités bouddhistes et taoïstes nationalement reconnues, mais également des divinités et démons propres à certaines régions géographiques<ref name="ebrey 172"/>. Selon les croyances, si un ancêtre mort depuis longtemps est mécontent, il est possible qu'il puisse infliger des maux et maladies naturelles à ses descendants<ref name="ebrey 172"/>. Les gens pensent également que des démons espiègles et des esprits malveillants sont capables d'arracher des offrandes faites aux ancêtres<ref name="ebrey 172"/>. Les Chinois croient aussi que les esprits et divinités ont les mêmes émotions et comportements que les personnes vivantes<ref name="ebrey 172 174"/>. Dans certains cas, le chef des divinités locales d'une cité agit donc comme un fonctionnaire qui peut recevoir et distribuer des ordres pour punir ou récompenser d'autres esprits<ref name="ebrey 172 174">{{Harvsp|Ebrey|Walthall|Palais|2006|p=172-174}}.</ref>. Les habitants des villes offrent beaucoup de sacrifices à leurs divinités dans l'espoir que leur cité soit épargnée des catastrophes telles que les incendies<ref name="gernet 38">{{Harvsp|Gernet|1962|p=38}}.</ref>. Toutefois, les gens ordinaires ne sont pas les seuls à tenter d'apaiser les divinités locales. En effet, les magistrats et fonctionnaires envoient des offrandes de la capitale vers différents lieux de l'empire pour assurer le soutien des divinités locales au pouvoir local<ref name="waton 202">{{Harvsp|Walton|1999|p=202}}.</ref>.

== Justice et loi ==
{{Article connexe|Bao Zheng}}
[[Fichier:BaoZheng.jpg|droite|vignette|Buste du fameux [[magistrat]] [[Bao Zheng]] (999–1062), reconnu pour son jugement en justice durant le début de la période Song.]]
Un des devoirs des fonctionnaires érudits est d'entendre les affaires judiciaires de la cour. Toutefois, les magistrats et préfets de la période Song sont censés aller au-delà la loi écrite<ref name="ebrey 161">{{Harvsp|Ebrey|Walthall|Palais|2006|p=161}}.</ref>. Ils doivent promouvoir la morale dans la société et punir les brigands<ref name="ebrey 161"/>. Ils traitent souvent les cas les plus sérieux qui sont amenés devant la cour, la plupart des gens préférant en effet régler leurs querelles en privé, à cause du coût important des procédures judiciaires<ref name="gernet 107"/>. Dans la Chine ancienne, les accusés par la cour ne sont pas considérés comme totalement innocents jusqu'à preuve du contraire, alors que les accusateurs sont quant à eux observés avec suspicion par le juge<ref name="gernet 107"/>. Les accusés sont immédiatement placés dans des prisons répugnantes et nourris uniquement grâce aux efforts fournis par sa famille et ses amis<ref name="gernet 107">{{Harvsp|Gernet|1962|p=107}}.</ref>. Cependant, l'accusateur doit aussi payer un prix : afin de faire entendre son cas, l'historien Gernet rapporte qu'ils doivent faire une offrande au juge<ref name="gernet 107"/>.

Gernet montre que les disputes qui peuvent conduire à une arrestation sont la plupart du temps évitées ou réglées en privé. Pourtant, l'historienne Patricia Ebrey remarque que les tribunaux de la période Song sont submergés de querelles de voisinage et de droit à la propriété<ref name="ebrey cambridge 155">{{Harvsp|Ebrey|1999|p=155}}.</ref>. L'auteur et fonctionnaire [[Yuan Cai]] (1140-1190) met en garde à plusieurs reprises sur ce phénomène et, comme les autres fonctionnaires de son temps, il avertit aussi ses lecteurs sur l'augmentation du brigandage dans la société des Song du Sud et le besoin de se protéger physiquement, ainsi que ses biens<ref name="ebrey cambridge 155"/>.

=== Vengeance et justiciers ===
Le Premier ministre [[Wang Anshi]], également écrivain en prose reconnu, écrit un ouvrage sur la justice de l'État au {{s|XI}}<ref name="dalby 278">{{Harvsp|Dalby|1981|p=278}}.</ref>. Dans celui-ci, il écrit que les intérêts privés, en particulier la recherche d'une [[auto-justice]], ne devraient pas interférer avec le déroulement de la justice publique<ref name="dalby 289">{{Harvsp|Dalby|1981|p=289}}.</ref>. Dans le ''[[Classique des rites]]''», les ''[[Rites des Zhou]]'' et les commentaires des ''[[Annales des Printemps et des Automnes]]'', rechercher la vengeance pour un crime violent perpétré contre quelqu'un de sa famille est considéré comme une obligation morale et filiale<ref name="dalby 271 273">{{Harvsp|Dalby|1981|p=271-273}}.</ref>. Wang croit que l'état de la Chine des Song est bien plus stable que ceux des temps anciens et plus capable de dispenser une justice équitable<ref>{{Harvsp|Dalby|1981|p=291, 307}}.</ref>. Bien que Wang fasse l'éloge du justicier [[Wu Zixu]] (526-484 av. J.C.), Michael Dalby écrit que Wang {{citation|aurait été horrifié si les exactions de Wu avaient été répétées à la période Song}}<ref>{{Harvsp|Dalby|1981|p=307}}.</ref>. Pour le Premier ministre, une vengeance personnelle réclamée par une victime contre celui qui a commis un acte criminel flagrant est seulement considérée comme acceptable quand le gouvernement et son système judiciaire connaît un dysfonctionnement ou cesse d'exister<ref name="dalby 289"/>. Dans cette optique, la caractéristique d'un gouvernement fonctionnant correctement se traduit par le fait qu'une personne innocente ne sera jamais exécutée<ref name="dalby 289"/>. Si cela se produit, les relations, amis et familles en deuil peuvent adresser une plainte aux fonctionnaires haut placés dans la hiérarchie pour que leur doléance soit traitée<ref name="dalby 289"/>. Si un tel cas arrive jusqu'à l'empereur, le dernier juge, et qu'il décide que les fonctionnaires précédents qui ont traité le cas se sont trompés dans leur décision, il punit en conséquence ces fonctionnaires et la partie accusatrice<ref name="dalby 289"/>. Si même l'empereur, pour une raison quelconque, commet une faute en pardonnant un parti qui était vraiment coupable, Wang estime que la seule explication pour l'absence de justice est la volonté du ciel et de son jugement va au-delà du contrôle des hommes mortels<ref>{{Harvsp|Dalby|1981|p=290-291}}.</ref>. Wang insiste pour que la soumission à la volonté du ciel à cet égard soit la bonne chose à faire, tandis qu'un père ou une mère assassiné pourra encore être honoré par des sacrifices rituels<ref>{{Harvsp|Dalby|1981|p=290}}.</ref>.

=== Affaires judiciaires ===
Beaucoup d'affaires judiciaires de la période Song servent d'exemples pour la promotion de la morale dans la société. Utilisant sa connaissance et compréhension des citadins et des fermiers, un juge de cette époque rend sa décision sur une rixe entre pêcheurs, affaire enregistrée sous le nom Pan 52 et Li 7 par la cour :

[[Fichier:Qingming Festival Detail 16.jpg|vignette|droite|Une porte d'entrée d'une prison. Les murs sont surmontés de pointes pour décourager les évasions ou les entrées illicites. Extrait de la peinture intitulée « [[Le Jour de Qingming au bord de la rivière]] » par [[Zhang Zeduan]] (1085-1145).]]
{{Début citation}}La compétition dans la vente de poisson conduit à des voies de fait.

Proclamation : Dans les marchés de la ville les profits du commerce sont le monopole des marchands itinérants, alors que le petit peuple des villages ruraux n'est pas autorisé à vendre directement leurs marchandises. Il n'existe pas un vêtement ou une nourriture qui ne soit pas le produit de ces paysans. Les hommes labourent la terre et les femmes tissent les tissus. Leur labeur est extrêmement lassant, pourtant le profit qu'ils en tirent est négligeable, alors que les intérêts des collecteurs retournent dans les poches de ces paresseux. Ces derniers se réunissent par centaines voire par milliers pour former des bandes. Quand les villageois viennent pour vendre leurs produits sur la place du marché, avant que les marchandises ne quittent leurs mains, la horde de ces paresseux arrive et les attaque en groupe. Ces paresseux appellent cette pratique {{citation|boxer pour la communauté familiale}}. Ils ne craignent pas d'agir outrageusement. J'ai vu par moi-même ce phénomène. N'ont-ils pas pensé à la nourriture qu'ils consomment et aux vêtements qu'ils portent ? Sont-ils fabriqués par ces personnes sur le marché ? Ou sont-ils produits par les fermiers ruraux ? Quand ils reconnaissent que ces biens sont produits par les fermiers ou les villages ruraux, comment peuvent-ils exprimer de la colère à leur égard ? Comment peuvent-ils les brutaliser et les insulter ? Dans notre cas, Pan Cinquante-Deux et Li Sept sont deux poissonniers, mais Pan vit dans la ville et le mareyage est sa principale source de revenus. Li est un fermier, qui vend du poisson entre deux périodes de labeur. Pan à la fin de l'année a obtenu un profit, sans se fatiguer à élever les poissons, mais seulement en les vendant. Il haït Li et s'est battu avec lui sur le marché aux poissons. Son manque d'humanité est extrême ! Li est un villageois rustre. Comment pourrait-il se battre avec les marchands itinérants armés qui rôdent autour du marché ? Bien qu'aucune injure ne soit ressortie du combat, nous devons donc infliger des sanctions légères. Pan doit être battu de quinze coups de tige lourde. De plus, Li, bien qu'il soit un paysan, a agressé verbalement son adversaire lors de joute verbale. Il n'est clairement pas un homme simple et pur. Il a dû faire quelque chose qui a provoqué cette dispute. Li écope donc de dix coups de bâtons avec sursis, qui seront exécutés en cas de nouvelle infraction<ref name="ebrey 161"/>.{{fin citation}}

=== Débuts de la médecine légale ===
[[Fichier:Chinesischer Maler des 12. Jahrhunderts (II) 001.jpg|droite|vignette|« La Balustrade brisée », peinture du {{s|XII}} montrant deux gardes armés du palais (gauche) au cours d'une arrestation.]]
Dans la dynastie Song, les policiers mènent les enquêtes et appréhendent les criminels suspectés. À partir de la scène de crime et des preuves collectées sur le corps, ils déterminent si la cause du décès est une maladie, la vieillesse, un accident ou un meurtre<ref name="mcknight 155 157">{{Harvsp|McKnight|1992|p=155–157}}.</ref>. Si un meurtre est constaté, un fonctionnaire de la préfecture est envoyé pour enquêter et rédiger un rapport d'investigation, signé par les témoins et ensuite utilisé par la justice<ref name="mcknight 155 156">{{Harvsp|McKnight|1992|p=155–156}}.</ref>. Les documents de ce rapport contiennent également des croquis du corps avec le détail des blessures infligées<ref name="mcknight 156 157">{{Harvsp|McKnight|1992|p=156–157}}.</ref>.

[[Song Ci]] (1186-1249) est un physicien et juge chinois de la dynastie des Song du Sud. Son fameux ouvrage ''[[Instructions aux légistes]]'' (''Xi Yuan Ji Lu'') est la base de la [[médecine légale]] en Chine. Avant cela, [[Shen Kuo]] proposait une analyse critique de l'anatomie humaine, chassant les anciennes croyances chinoises selon lesquelles la gorge humaine possède trois valves au lieu de deux<ref name="sivin III 30-31">{{Harvsp|Sivin|1995|p=30–31}}.</ref>. Une autopsie chinoise pratiquée au début du {{s|XII}} confirme la théorie de Shen sur l'existence de seulement deux valves : l'[[œsophage]] et le [[larynx]]<ref name="sivin III 30-31 footnote">{{Harvsp|Sivin|1995|p=30–31}}, note de bas de page 27.</ref>. Toutefois, la dissection et l'observation de corps humains pour résoudre des affaires criminelles sont une idée de Song Ci. Son travail est compilé sur la base des autres travaux chinois à propos de la justice et de la médecine légale<ref name="gernet 170">{{Harvsp|Gernet|1962|p=170}}.</ref>. Son livre fournit une liste de types de morts (strangulation, noyade, empoisonnement, coups, etc.) et une méthode d'observation physique afin de distinguer un meurtre d'un suicide et d'un accident<ref name="gernet 170"/>. En plus des instructions pour examiner les corps correctement, Song Ci fournit également des instructions de premiers secours pour les victimes proches de la mort à la suite d'une strangulation, une noyade, une [[hyperthermie]], une [[hypothermie]] ou une [[malnutrition]]<ref name="gernet 170 171">{{Harvsp|Gernet|1962|p=170–171}}.</ref>. Pour le cas spécifique de la noyade, Song Ci conseille même l'usage de la [[respiration artificielle]]<ref name="gernet 171">{{Harvsp|Gernet|1962|p=171}}.</ref>.

Song Ci partage également son opinion selon lequel la présence du suspect d'un meurtre à l'autopsie de la victime a un très fort pouvoir psychologique dans la recherche d'aveux<ref name="sung 19 20">{{Harvsp|Sung|1981|p=19–20}}.</ref>. Dans l'un des plus anciens cas d'entomologie médico-légale connus, un villageois a été frappé à mort avec une [[faucille]], ce qui a conduit le magistrat à inviter tous les villageois à déposer leurs faucilles sur la place du village pour tester à l'aide de mouches la présence de restes invisibles de sang. Après la découverte de l'arme utilisée pour le meurtre, son auteur fut immédiatement arrêté<ref>{{Harvsp|Haskell|2006|p=432}}.</ref>.

Alors que l'intérêt pour l'anatomie humaine est une longue tradition en Occident, un livre de médecine légale comme celui de Song Ci n'y apparaît pas avant le livre de Roderic de Castro au {{s|XVII}}<ref name="gernet 170"/>. Les livres de Song Ci ont depuis été plusieurs fois commentés et traduits en Occident.

== Armée et guerre ==
{{Article général|Histoire militaire de la Chine|position=section}}
=== ''Wu'' et ''wen'', violence et culture ===
[[Fichier:Four Generals of Song.jpg|vignette|droite|upright=1.5|Les « Quatre généraux de Zhongxing » avec leurs quatre assistants, peints par by Liu Songnian (1174–1224). Le fameux général [[Yue Fei]] est la seconde personne en partant de la gauche.]]
Durant la dynastie Song, la voie la plus rapide pour ceux qui n'ont pas bénéficié d'une éducation suffisante pour accéder au pouvoir et gravir les échelons de la société consiste à s'engager dans l'armée<ref name="lorge 43">{{Harvsp|Lorge|2005|p=43}}.</ref>. Si un homme réussit sa carrière militaire et peut revendiquer des batailles victorieuses, il s'assure un chemin victorieux vers le monde de la politique<ref name="lorge 43"/>. D'autre part, les fonctionnaires érudits issus des [[examens impériaux]] sont originaires d'importantes familles et ils peuvent compter sur leur statut dans un clan pour faire avancer leur carrière et leur place dans la société. Cependant, beaucoup d'officiers n'ont pas cet avantage et doivent leur statut social à l'avantage que le pouvoir militaire leur garantit<ref name="lorge 43"/>. Certains [[eunuque]]s de la cour comme [[Tong Guan]] (1054-1126) s'engagent donc comme officiers dans l'armée centrale depuis que ce poste leur permet d'accélérer leur promotion dans la cour<ref name="ebrey 166">{{Harvsp|Ebrey|1999|p=166}}.</ref>.

Les simples soldats sont majoritairement recrutés ou appelés parmi les fermiers ruraux, alors que les bandits et mercenaires repentis rejoignent également l'armée<ref name="fairbank 109">{{Harvsp|Fairbank|Goldman|1992|p=109}}.</ref>. Les soldats ne se voient pas offrir de statut officiel par les fonctionnaires confucéens, ce qui les exclut donc des Quatre Professions. En effet, les [[Érudit fonctionnaire|fonctionnaires érudits]] craignent de faire l'apologie ou de légitimer ceux dont les activités tournent autour des pratiques barbares du ''wu'' (violence)<ref name="fairbank 109"/>. Même si les examens, rangs et postes militaires sont similaires à ceux de la filière civile, les fonctionnaires érudits et nobles considèrent cependant les activités militaires comme incultes<ref name="fairbank 109 111">{{Harvsp|Fairbank|Goldman|1992|p=109-111}}.</ref>. Malgré ce dédain et l'argument de la morale, les fonctionnaires érudits sont souvent à la tête de troupes et manient le commandement militaire<ref name="fairbank 109"/>. Pourtant, les fonctionnaires ne sont pas au sommet de l'ordre militaire et même civil. À la cime de la société se trouve l'empereur<ref name="fairbank 110 111">{{Harvsp|Fairbank|Goldman|1992|p=110-111}}.</ref> ; l'emploi de la violence par ce dernier est considéré comme nécessaire pour mater les éléments rebelles de la société et pour dominer les tribus violentes et incultes de l'[[Asie centrale]], avant de soumettre ces territoires à l'autorité de l'empereur et de les transformer par le ''wen'' (culture et civilisation) supérieur de la Chine<ref>{{Harvsp|Fairbank|Goldman|1992|p=111-112}}.</ref>.

=== Catastrophe et réformes ===
{{Article connexe|Incident de Jingkang}}
En 960, l'armée Song compte {{nombre|378000|soldats}} professionnels<ref name="gernet 72"/>. À l'approche du {{s|XI}}, sa taille atteint {{nombre|900000|hommes}}, avant de comptabiliser un million de soldats en 1022 et plus de {{formatnum:1250000}} en 1041<ref name="ebrey 164">{{Harvsp|Ebrey|1999|p=164}}.</ref>{{,}}<ref name="gernet 72">{{Harvsp|Gernet|1962|p=72}}.</ref>{{,}}<ref name="ebrey cambridge 138">{{Harvsp|Ebrey|1999|p=138}}.</ref>. En conséquence, l'ensemble des dépenses nécessaires pour maintenir une telle puissance militaire consomme trois quarts de l'ensemble des revenus annuels de l'État<ref name="ebrey cambridge 138"/>. Pour diminuer ce gouffre financier, en 1069, le Premier ministre [[Wang Anshi]] instaure des milices locales qui soutiennent l'armée permanente<ref name="ebrey 164"/>. En 1073, il crée un nouveau bureau dans le gouvernement central, appelé Directorat des armes, qui supervise la fabrication des armements et en contrôle la qualité<ref name="peers 130">{{Harvsp|Peers|2006|p=130}}.</ref>.

[[Fichier:China - Song Dynasty-fr.svg|vignette|L'empire des Song du Nord (en rouge)]]
[[Fichier:China - Southern Song Dynasty-fr.svg|vignette|L'empire des Song du Sud (en rouge)]]

Malgré la taille de l'armée et des réformes bénéfiques, le haut commandement militaire Song est fortement corrompu. Au début du {{s|XII}}, les généraux Song se voient offrir des fonds en fonction des troupes qu'ils enregistrent. Au lieu d'utiliser ces fonds pour le bien des troupes, ils complètent leur propre salaire avec cette manne financière<ref name="lorge 41">{{Harvsp|Lorge|2005|p=41}}.</ref>. Pendant ce temps, les troupes de la marine permanente sont très peu payées alors qu'elles accomplissent des tâches subalternes<ref name="graff 26">{{Harvsp|Graff|Higham|2002|p=26}}.</ref>. Les [[Érudit fonctionnaire|fonctionnaires érudits]] du gouvernement offrent souvent une faible attention à la détresse des soldats et même aux demandes des officiers, depuis qu'ils sont considérés comme appartenant aux rangs inférieurs de la société<ref name="graff 25 26">{{Harvsp|Graff|Higham|2002|p=25–26}}.</ref>. L'historien John Fairbank écrit que la {{citation|domination civile de l'armée fait partie du contrôle de l'État par l'élite dirigeante, mais elle rend l'armée faible}}<ref name="fairbank 109"/>.

La corruption du haut commandement et l'inefficacité de la force militaire sont bientôt mises en exergue par l'opération militaire menée conjointement avec les [[Jurchen]] pour combattre les [[Khitans]] de la [[dynastie Liao]] (916-1125). Après leur rébellion réussite contre leurs maîtres Khitans, les Jurchens remarquent la faiblesse de l'armée Song et brisent le pacte qui lie les deux peuples en attaquant ces derniers. En 1127, la capitale [[Kaifeng]] est capturée et le Nord de la Chine envahi, alors que le reste de la cour Song s'enfuit à [[Hangzhou]] pour fonder les Song du Sud. Il s'agit d'un coup violent porté aux élites militaires, puisqu'elles sont étroitement liées à la politique jusqu'à cette date. Par la suite ils s'éloignent donc de l'empereur et de sa cour<ref name="lorge 44">{{Harvsp|Lorge|2005|p=44}}.</ref>. Alors qu'ils ont perdu le Nord de la Chine au profit de la nouvelle [[dynastie Jin (1115-1234)]], les Song mettent en place des réformes militaires drastiques. L'empereur Gaozong, désespéré de pouvoir regarnir les rangs de l'armée centrale, recrute des hommes dans tout le pays<ref name="lorge 42"/>. Si cela a déjà été fait par le passé, de tels recrutements à une telle échelle constituent une première. Jusqu'à présent, les soldats compétents étaient réservés à la garde impériale. L'armée de Gaozong est désormais composée de soldats de tous horizons et de tous niveaux<ref name="lorge 42">{{Harvsp|Lorge|2005|p=42}}.</ref>. Les Song du Sud retrouvent ainsi leur force et sont à nouveau commandés par des commandants loyaux, tels que [[Yue Fei]] (1103-1142), qui défendent avec succès les rives de la [[rivière Huai]]. Jurchens et Song signent finalement un traité de paix en 1141<ref name="lorge 41"/>.

En 1131, l'écrivain chinois Zhang Yi remarque l'importance de l'usage de la marine dans le combat contre les Jin, en comparant la mer et la rivière à leur [[Grande Muraille]] et en préconisant l'usage de navires de guerre comme tours de guet efficaces<ref name="needham volume 4 part 3 476"/>. Alors que la marine chinoise existe depuis l'ancienne [[Période des Printemps et des Automnes]] (722-481 av. J.C.)<ref name="needham volume 4 part 3 678">{{Harvsp|id=Needham1986-4-3|texte=Needham 1986, Volume 4, Partie 3|p=678}}.</ref>, la première marine de guerre chinoise est établie en 1132<ref name="needham volume 4 part 3 476">{{Harvsp|id=Needham1986-4-3|texte=Needham 1986, Volume 4, Partie 3|p=476}}.</ref>. Les Jurchens lancent une invasion contre les Song du Sud le long du [[Yangzi Jiang]], qui se solde par deux victoires Song aux batailles de [[Bataille de Caishi|Caishi]] et [[Bataille de Tangdao|Tangdao]] en 1161. Les navires Song mettent en déroute les Jin en utilisant des [[trébuchet]]s sur leurs ponts supérieurs afin de lancer des bombes de [[poudre à canon]]<ref name="needham volume 5 part 7 155">{{Harvsp|id=Needham1986-5-7|texte=Needham 1986, Volume 5, Partie 7|p=155}}.</ref>{{,}}<ref name="needham volume 5 part 7 166">{{Harvsp|id=Needham1986-5-7|texte=Needham 1986, Volume 5, Partie 7|p=166}}.</ref>.

=== Organisation, équipement et techniques ===
[[Fichier:Songrivership3.jpg|vignette|gauche|Navire fluvial de la dynastie Song avec un [[trébuchet]] à traction sur son pont supérieur, illustration tirée du ''[[Wujing Zongyao]]'' (1044).]]

Sous la dynastie Song, les unités d'infanterie sont organisées en [[Peloton (militaire)|pelotons]] de {{nobr|50 hommes}}, contenus dans une [[Compagnie (militaire)|compagnie]] (deux pelotons), elle-même faisant partie d'un [[bataillon]] de {{nobr|500 hommes}}<ref name="peers 130"/>{{,}}<ref name="lorge 45">{{Harvsp|Lorge|2005|p=45}}.</ref>. Durant la dynastie des Song du Nord, la moitié du million de soldats qui compose l'armée chinoise est stationnée autour de la capitale [[Kaifeng]]<ref name="lorge 45"/>. Les troupes restantes sont éparpillées le long des frontières et proches des grandes villes et sont utilisées en temps de paix pour maintenir la sécurité locale<ref name="lorge 45"/>. Bien que l'armée Song soit rongée par la corruption et largement ignorée par les fonctionnaires civils, elle procure tout de même une certaine force à l'empire. Durant la période Song, les exercices militaires sont étudiés de manière scientifique, alors que les soldats d'élite sont alloués à différentes responsabilités en fonction de l'examen de leurs compétences en maniement des armes et leurs capacités athlétiques<ref name="peers 129"/>. Pendant leur entraînement, les soldats et officiers se préparent à la bataille en suivant des signaux standards pour le mouvement des troupes en utilisant des drapeaux, cloches et tambours<ref name="peers 130"/>.

Les [[Arbalétrier (histoire militaire)|arbalétriers]] font partie d'une unité spéciale séparée du reste de l'infanterie. Selon le manuscrit militaire ''[[Wujing Zongyao]]'' écrit en 1044, les arbalètes utilisées en masse constituent l'arme la plus efficace contre les charges de cavalerie des nomades du Nord<ref name="peers 130"/>. Les arbalétriers d'élite servent également de [[Tireur embusqué|tireurs embusqués]], comme c'est le cas lorsque le général Xia Talin de la dynastie Liao est transpercé par un tir d'arbalète lors de la bataille de Shanzhou en 1004<ref name="peers 130"/>. Ces armes sont produites en masse dans les arsenaux d'État avec un souci d'amélioration constante, comme le montre l'utilisation de bois de mûrier et d'arbalètes en laiton capables de transpercer un arbre à une distance de 140 pas<ref name="peers 130 131">{{Harvsp|Peers|2006|p=130–131}}.</ref>. La cavalerie Song utilise un large panel d'armes différentes, dont des hallebardes, épées, arcs et lances de feu qui déchargent une explosion de poudre et des éclats métalliques à l'impact<ref name="peers 131">{{Harvsp|Peers|2006|p=131}}.</ref>. En préparation à la guerre, les arsenaux gouvernementaux fabriquent des armes en quantités énormes. Ainsi, des dizaines de millions de pointes de flèches et des composants d'armure par dizaines de milliers sortent chaque année des ateliers gouvernementaux<ref name="ebrey cambridge 138"/>. Il existe seize variétés connues de [[catapulte]]s durant la période Song, conçues pour s'adapter à plusieurs proportions et nécessitant des équipes de travail dans des tailles allant de quelques dizaines à plusieurs centaines d'hommes<ref name="gernet 72"/>.

[[Fichier:Meister des Tributpferdes 001.jpg|vignette|droite|Peinture délavée et usée du {{s|XII}} montrant des cavaliers sur des chevaux habillés d'armures.]]

Contrairement aux autres dynasties chinoises à travers l'histoire, la dynastie Song ne fait pas reposer ses infrastructures et organisations militaires sur les armées nomades du Nord, telles que les [[Xianbei]] et ensuite les [[Mongols]]<ref name="graff 26"/>. À seulement deux reprises, des soldats non chinois sont utilisés dans des unités montées : au début de la dynastie lors des campagnes de l'empereur Taizong et à la fin du {{s|XIII}} lorsque des déserteurs mongols viennent combattre avec les Song<ref name="peers 131"/>. Les royaumes Kitan et Tangoute possédant plus de pâturages dans le Nord de la Chine, l'armée de la dynastie Song possède peu de chevaux pour alimenter sa cavalerie<ref name="peers 129">{{Harvsp|Peers|2006|p=129}}.</ref>. Pour pallier ce manque, des hommes d'État comme Wang Anshi tissent plus de liens avec le [[Tibet]], en mettant en place un échange chevaux contre thé qui perdurera jusqu'à la [[dynastie Ming]]<ref name="sperling 474 475">{{Harvsp|Sperling|2003|p=474-475}}.</ref>{{,}}<ref name="perdue 273">{{Harvsp|Perdue|2000|p=273}}.</ref>. Par conséquent, les Song utilisent largement leur force navale : au {{s|X}} lors de la guerre de réunification de la Chine et ensuite avec la marine permanente créée au {{s|XII}}. Beaucoup des navires de guerre de cette marine sont des [[Bateau à roues à aubes|bateaux à roues à aubes]] et certains peuvent embarquer plus de {{nombre|1000|soldats}}<ref name="graff 86 87">{{Harvsp|Graff|Higham|2002|p=86–87}}.</ref>. C'est également durant cette période que les navires de guerre sont pour la première fois équipés d'armes à feu<ref name="graff 87">{{Harvsp|Graff|Higham|2002|p=87}}.</ref>. L'usage d'énormes [[Pont flottant|ponts flottants]] à cette époque est essentiel à la victoire. Les Song en construisent un large au-dessus du [[Yangzi Jiang]] en 974 ; alors que les troupes sont attaquées, celui-ci est utilisé pour acheminer troupes et matériels en renfort sur l'autre rive au cours de la conquête des territoires des Tang du Sud<ref name="graff 87"/>.

== Minorités ethniques, étrangères et religieuses ==
{{Article connexe|Histoire des Juifs en Chine}}
[[Fichier:Buddhist ark used by Chinese Jews.jpg|vignette|gauche|[[Arche sainte (synagogue)|Arche sainte]] bouddhiste pivotante dessinée en 1103 durant la dynastie Song. Les chercheurs sino-judaïques pensent que les Juifs de Keifeng utilisaient ce style d'ouvrages pour entreposer leurs treize manuscrits de la [[Torah]].]]
Tout comme l'atmosphère multiculturelle et métropolitaine de l'ancienne capitale Tang à Chang'an, les capitales Song à Kaifeng et Hangzhou accueillent un grand nombre de voyageurs étrangers et de minorités ethniques, et les contacts entre la Chine et le monde extérieur sont nombreux. Les relations commerciales sont entretenues par des ambassades de commerce et de tribut en [[Égypte]], au [[Yémen]], en [[Inde]], en [[Corée]] et en [[Asie centrale]]. Dans un même temps, les Chinois envoient également des ambassadeurs à l'étranger pour encourager le commerce extérieur<ref name="ebrey cambridge 138"/>{{,}}<ref>{{Harvsp|Hall|1985|p=23}}.</ref>{{,}}<ref>{{Harvsp|Shen1996|p=157-158}}.</ref>{{,}}<ref name="borthwick 27">{{Harvsp|Borthwick|2007|p=27}}.</ref>{{,}}<ref>{{Harvsp|Brose|2008|p=258}}.</ref>. Les [[Jonque|bateaux de commerce Song]] voyagent jusque dans des ports au [[Japon]], à [[Champa]] dans le Sud du Viêt Nam, à [[Sriwijaya]] en Asie du Sud-Est, au [[Bengale]] et au Sud de l'[[Inde]], et même sur les côtes orientales de l'Afrique<ref name="gernet 83">{{Harvsp|Gernet|1962|p=83}}.</ref>.

Pendant le {{s|IX}}, le port Tang de [[Guangzhou]] possède une importante et influente communauté [[musulman]]e<ref name="gernet 82">{{Harvsp|Gernet|1962|p=82}}.</ref>. Durant la dynastie Song, l'importance de ce port décline au profit des ports de [[Quanzhou]] et [[Fuzhou]] dans la province du [[Fujian]]<ref name="gernet 82"/>. Ce phénomène fait suite au déclin des marchands originaires du Moyen-Orient en Chine et à l'augmentation du nombre de bateaux commerciaux chinois sur les océans<ref name="gernet 82"/>. Toutefois, les marchands du Moyen-Orient et autres étrangers ne sont pas entièrement absents, et certains occupent même des postes administratifs non négligeables<ref name="gernet 82 83">{{Harvsp|Gernet|1962|p=82-83}}.</ref>. Par exemple, le musulman Pu Shougeng, d'origines persane et arabe, est nommé membre de la Commission de la Marine marchande de Quanzhou entre 1250 et 1275<ref name="needham volume 4 part 3 465">{{Harvsp|id=Needham1986-4-3|texte=Needham, 1986, Volume 4, Partie 3|p=465}}.</ref>. L'astronome [[Ma Yize]] (910-1005), quant à lui, devient astronome en chef de la cour Song sous le règne de Taizu. En plus de ces personnages de l'élite, les ports chinois sont remplis de résidents d'origines arabe, perse et coréenne, qui possèdent des enclaves réservées pour chacun d'eux<ref name="borthwick 27"/>{{,}}<ref name="xu 10">{{Harvsp|Xu|2003|p=10}}.</ref>.

Les musulmans représentent la plus importante minorité religieuse parmi de nombreuses autres en Chine à cette époque<ref name="gernet 215"/>. Il existe aussi une communauté juive à Kaifeng qui [[Incident de Jingkang|a suivi l'exode de la cour]] vers Hangzhou après l'invasion de la Chine du Nord par les Jurchens en 1126<ref name="gernet 82"/>. Le [[manichéisme en Chine|manichéisme]] perse est quant à lui introduit en Chine sous la [[dynastie Tang]]. Durant la période Song, les sectes manichéennes sont importantes dans les régions du [[Fujian]] et [[Zhejiang]]<ref name="gernet 215">{{Harvsp|Gernet|1962|p=215}}.</ref>. Les chrétiens [[Nestorianisme|nestoriens]] ont pour la plupart été décimés durant la dynastie Tang, mais signent leur retour après l'invasion mongole du {{s|XIII}}<ref name="gernet 215"/>. Les disciples du [[zoroastrisme]] possèdent également des temples en Chine<ref name="west 72">{{Harvsp|West|1997|p=72}}.</ref>. Enfin, les perspectives d'étudier le bouddhisme chinois zen attirent les bouddhistes étrangers en Chine, comme [[Enni|Enni Ben'en]] ({{lang|zh-Hans|圓爾辯圓}}, 1201-1280) venant du Japon, qui a étudié sous l'enseignement de l'éminent moine chinois [[Wuzhun Shifan]] (1178-1249) avant d'établir le [[Tōfuku-ji]] à [[Kyōto]]. Tansen Sen déclare que le nombre de voyages de moines bouddhistes depuis l'Inde vers la Chine, et vice versa, surpasse celui de la dynastie Tang. Dans un même temps, {{citation|les textes indiens traduits sous la dynastie Song sont beaucoup plus nombreux que durant les précédentes dynasties}}<ref name="sen 13">{{Harvsp|Sen|2003|p=13}}.</ref>.

[[Fichier:Hainan ethnolinguistic 1967.png|vignette|droite|Carte de Hainan montrant les zones habitées par le peuple ethno-linguistique Li dans la moitié Sud de l'île.]]

Il existe beaucoup de minorités ethniques dans la Chine des Song qui n'appartiennent pas à la majorité Han. Parmi eux, le [[Yao (peuple)|peuple Yao]] est à l'origine d'insurrections tribales contre les Song à [[Guangdong]] en 1035 et au [[Hunan]] en 1043, pendant le règne de l'empereur [[Song Renzong]] (r. 1023-1064)<ref name="litzinger 126">{{Harvsp|Litzinger1995|p=126}}.</ref>. Les autorités Song utilisent le [[Zhuangs|peuple Zhuang]] comme fonctionnaires locaux dans les provinces actuelles du [[Guangxi]] et du [[Guangdong]]. Ils ont pour mission la distribution des terres aux Yao et autres groupes tribaux<ref name="litzinger 133">{{Harvsp|Litzinger|1995|p=133}}.</ref>. Les Yao et autres peuples des frontières de l'empire sont incorporés dans un système féodal, appelé ''fengjian shehui'' ou ''nuli shehui''<ref name="litzinger 133"/>. Bien que les États de Chine continentale tentent sans relâche de s'installer sur une partie de l'île de [[Hainan]] depuis le {{-s|III}}, il faut attendre la dynastie Song pour voir apparaître un effort concerté pour assimiler le peuple Li, qui combat et repousse depuis toujours les envahisseurs Han<ref name="csete 293">{{Harvsp|Csete2001|p=293}}.</ref>. Au cours du {{s|XI}}, le peuple Man de Hainan fait des ravages en rejoignant une bande de bandits de dix à plusieurs centaines de milliers d'hommes<ref name="mcknight 79"/>. L'homme politique Ouyang Xiu estime en 1403 qu'il existe au moins plusieurs centaines de milliers de bandits Man habitant dans plus d'une douzaine de préfectures de Chine continentale<ref name="mcknight 79">{{Harvsp|McKnight|1992|p=79}}.</ref>.

Pour contrer ses puissants voisins comme le [[Royaume de Dali]] (934-1253), les Song nouent des alliances avec les groupes tribaux dans le Sud-Ouest de la Chine, qui servent de tampon protecteur entre leurs frontières et celles de Dali<ref name="herman 136">{{Harvsp|Herman|2006|p=136}}.</ref>. Aussi longtemps que ces groupes tribaux paient un tribut à la cour Song et consentent à suivre sa politique étrangère, l'empire Song leur garantit la protection militaire et permet une succession héréditaire du pouvoir de leurs dirigeants, ainsi qu'une certaine autonomie locale<ref name="herman 136"/>. Au cours des années 1050, la dynastie Song réprime des insurrections des tribus locales le long de leurs frontières avec la [[dynastie Lý]] de [[Đại Việt]], pendant que leurs relations avec les peuples Tai et les alliances avec les dirigeants des clans locaux près des frontières méridionales mènent à une guerre de frontière avec les Lý entre 1075 et 1077<ref>{{Harvsp|Anderson|2008|p=191-226}}.</ref>.

== Annexes ==
=== Articles connexes ===
{{Autres projets
| commons = Category:Song Dynasty
| commons titre = Dynastie Song
}}

* [[Han Shizhong]]
* [[Qin Hui]]
* [[Shao Yong]]
* [[Wei Pu]]
* [[Wen Tianxiang]]

=== Références ===
{{Références}}
{{Traduction/Référence |en|Society of the Song dynasty|388728914}}

=== Bibliographie utilisée pour la rédaction de l'article ===
<div class="references-small">

* {{Article | langue=en | prénom1=James A. | nom1=Anderson | titre='Treacherous Factions': Shifting Frontier Alliances in the Breakdown of Sino-Vietnamese Relations on the Eve of the 1075 Border War | périodique=Battlefronts Real and Imagined: War, Border, and Identity in the Chinese Middle Period | année=2008 | pages=191–226 | isbn=9781403960849 | lieu=New York | éditeur=[[Palgrave Macmillan]]}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Charles | nom1=Benn | titre=China's Golden Age | sous-titre=Everyday Life in the Tang Dynasty | lieu=Oxford (GB) | éditeur=[[Oxford University Press]] | année=2002 | pages totales=317 | isbn=0-19-517665-0 | lire en ligne=https://books.google.com/books?id=ile3jSveb4sC&printsec=frontcover}}.
* {{Article | langue=en | nom1=Bernhardt | prénom1=Kathryn | titre=The Inheritance Right of Daughters: the Song Anomaly? | périodique=Modern China | mois=juillet | année=1995 | pages=269–309}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Mark | nom1=Borthwick | titre=Pacific Century | sous-titre=The Emergence of Modern Pacific Asia | lieu=Boulder | éditeur=Westview Press | année=2007 | pages totales=592 | isbn=978-0-8133-4355-6 | isbn2=0-8133-4355-0}}.
* {{Article | langue=en | nom1=Brose | prénom1=Michael C. | année=2008 | titre=People in the Middle: Uyghurs in the Northwest Frontier Zone | périodique=Battlefronts Real and Imagined: War, Border, and Identity in the Chinese Middle Period | pages=253–289 | lieu=New York | éditeur=[[Palgrave Macmillan]] | isbn=9781403960849}}.
* {{Article | langue=en | nom1=Csete | prénom1=Anne | année=2001 | titre=China's Ethnicities: State Ideology and Policy in Historical Perspective | périodique=Global Multiculturalism: Comparative Perspectives on Ethnicity, Race, and Nation | lieu=Lanham | éditeur=Rowman and Littlefield Publishers, Inc | isbn=0742508838}}.
* {{Article | langue=en | nom1=Dalby | prénom1=Michael | titre=Revenge and the Law in Traditional China | périodique=The American Journal of Legal History | volume=25 | numéro=4 | année=1981 | passage=267-307}}.
* {{Ouvrage | langue=en | nom1=Ebrey | nom2=Walthall | nom3=Palais | titre=East Asia : A Cultural, Social, and Political History | lieu=Boston | éditeur=Houghton Mifflin Company | année=2006 | isbn=0-618-13384-4}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Patricia Buckley | nom1=Ebrey | titre=The Cambridge Illustrated History of China | lieu=Cambridge | éditeur=[[Cambridge University Press]] | année=1999 | pages totales=352 | isbn=0-521-66991-X | lire en ligne=https://books.google.com/books?id=sHGdq4rLSTEC&printsec=frontcover}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Ainslie Thomas | nom1=Embree | titre=Asia in Western and World History | sous-titre=A Guide for Teaching | lieu=Armonk | éditeur=ME Sharpe, Inc | année=1997 | isbn=}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=John King | nom1=Fairbank | prénom2=Merle | nom2=Goldman | titre=China | sous-titre=A New History; Second Enlarged Edition | lieu=Cambridge et Londres | éditeur=The Belknap Press of Harvard University Press | année=1992 | pages totales=560 | isbn=0-674-01828-1 | lire en ligne=https://books.google.com/books?id=nBDC2cqb6I0C&printsec=frontcover}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Julius Thomas | nom1=Fraser | prénom2=Francis C. | nom2=Haber | titre=Time, Science, and Society in China and the West | lieu=Amherst | éditeur=University of Massachusetts Press | année=1986 | pages totales=262 | isbn=0-87023-495-1}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Edward | nom1=Friedman | prénom2=Paul G. | nom2=Pickowicz | prénom3=Mark | nom3=Selden | titre=Chinese Village, Socialist State | lieu=New Haven | éditeur=[[Yale University Press]] | année=1991 | pages totales=336 | isbn=0-300-05428-9 | lire en ligne=https://books.google.com/books?id=GN2cXHxg_6oC&printsec=frontcover}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Jacques | nom1=Gernet | traducteur=H.M. Wright | titre=Daily Life in China on the Eve of the Mongol Invasion, 1250–1276 | lieu=Stanford | éditeur=[[Stanford University Press]] | année=1962 | pages totales=254 | isbn=0-8047-0720-0 | lire en ligne=https://books.google.com/books?id=k5xpXOYxxEEC&printsec=frontcover}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=David Andrew | nom1=Graff | prénom2=Robin | nom2=Higham | titre=A Military History of China | lieu=Boulder | éditeur=Westview Press | année=2002 | isbn=}}.
* {{Article | langue=en | nom1=Guo | prénom1=Qinghua | titre=Yingzao Fashi: Twelfth-Century Chinese Building Manual | périodique=Architectural History: Journal of the Society of Architectural Historians of Great Britain | volume=41 | année=1998 | passage=1–13}}.
* {{Ouvrage | prénom1=Kenneth | nom1=Hall | titre=Maritime trade and state development in early Southeast Asia | lieu=Hawaii | éditeur=University of Hawaii Press | année=1985 | isbn=0-8248-0959-9}}.
* {{Article | langue=en | nom1=Hartwell | prénom1=Robert M. | titre=Demographic, Political, and Social Transformations of China, 750-1550 | périodique=Harvard Journal of Asiatic Studies | volume=42 | numéro=2 | année=1982 | passage=365-442}}.
* {{Article | langue=en | nom1=Haskell | prénom1=Neal H. | année=2006 | titre=The Science of Forensic Entomology | périodique=Forensic Science and Law: Investigative Applications in Criminal, Civil, and Family Justice | passage=431–440 | éditeur=CRC Press, an imprint of Taylor and Francis Group | isbn=0849319706}}.
* {{Article | langue=en | nom1=Herman | prénom1=John E. | année=2006 | titre=The Cant of Conquest: Tusi Offices and China's Political Incorporation of the Southwest Frontier | périodique=Empire at the Margins: Culture, Ethnicity, and Frontier in Early Modern China | lieu=Berkeley | éditeur=University of California Press | isbn=0520230159}}.
* {{Article | langue=zh | prénom1=Huiping | nom1=Pang | titre=Nansong gongting huashi zhi gongzhi moshi yanjiu | périodique=Journal of Gugong Studies | volume=3 | année=2007 | passage=230-251}}.
* {{Article | langue=zh | prénom1=Huiping | nom1=Pang | titre=Zouchu gongqiang: you huajiashisanke tan nansong gongtinghuashi de mingjjan xing | périodique=Yishushi Yanjiu | volume=7 | année=2005 | passage=179-216}}.
* {{Article | langue=zh | prénom1=Huiping | nom1=Pang | titre=Nansonghuayuan zhi shengshezhizhi yu houshi xiangxiang | périodique=Gugong Xuekan | volume=2 | année=2005 | passage=62-86}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Robert P. | nom1=Hymes | titre=Statesmen and Gentlemen : The Elite of Fu-Chou, Chiang-Hsi, in Northern and Southern Sung | lieu=Cambridge | éditeur=[[Cambridge University Press]] | année=1986 | pages totales=379 | isbn=0-521-30631-0}}.
* {{Article | langue=en | nom1=Lian | prénom1=Xianda | titre=The Old Drunkard Who Finds Joy in His Own Joy -Elitist Ideas in Ouyang Xiu's Informal Writings, | périodique=Chinese Literature: Essays, Articles, Reviews (CLEAR) | volume=23 | année=2001 | passage=1–29}}.
* {{Article | langue=en | nom1=Litzinger | prénom1=Ralph A. | année=1995 | titre=Making Histories: Contending Conceptions of the Yao Past | périodique=Cultural Encounters on China's Ethnic Frontiers | lieu=Seattle | éditeur=University of Washington Press | isbn=0295975288}}.
* {{Article | langue=en | nom1=Liu | prénom1=James T.C. | titre=Eleventh-Century Chinese Bureaucrats: Some Historical Classification and Behavioral Types | périodique=Administrative Science Quarterly | volume=4 | numéro=2 | année=1959 | passage=207-226}}.
* {{Article | langue=en | nom1=Lo | prénom1=Winston W. | titre=Wang An-shih and the Confucian Ideal of 'Inner Sageliness' | périodique=Philosophy East and West | volume=26 | numéro=1 | année=1976 | passage=41-53}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Peter | nom1=Lorge | titre=War, Politics and Society in Early Modern China, 900–1795 | sous-titre=1st Edition | lieu=New York | éditeur=[[Routledge]] | année=2005 | isbn=}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Brian E. | nom1=McKnight | titre=Law and Order in Sung China | lieu=Cambridge | éditeur=[[Cambridge University Press]] | année=1992 | isbn=}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Scott | nom1=Morton | prénom2=Charlton | nom2=Lewis | titre=China : Its History and Culture : Fourth Edition | lieu=New York | éditeur=McGraw-Hill, Inc | année=2005 | isbn=}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Joseph | nom1=Needham | titre=Science and Civilization in China | sous-titre=Volume 1, Introductory Orientations | lieu=Taipei | éditeur=Caves Books, Ltd | année=1986 | isbn= | id=Needham1986-1}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Joseph | nom1=Needham | titre=Science and Civilization in China : Volume 4, Physics and Physical Technology, Part 2, Mechanical Engineering | lieu=Taipei | éditeur=Caves Books, Ltd | année=1986 | isbn= | id=Needham1986-4-2}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Joseph | nom1=Needham | titre=Science and Civilization in China : Volume 4, Physics and Physical Technology, Part 3, Civil Engineering and Nautics | lieu=Taipei | éditeur=Caves Books, Ltd | année=1986 | isbn= | id=Needham1986-4-3}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Joseph | nom1=Needham | titre=Science and Civilization in China : Volume 5, Chemistry and Chemical Technology, Part 7, Military Technology; the Gunpowder Epic | lieu=Taipei | éditeur=Caves Books, Ltd | année=1986 | isbn= | id=Needham1986-5-7}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=C.J. | nom1=Peers | titre=Soldiers of the Dragon | sous-titre=Chinese Armies 1500 BC-AD 1840 | lieu=Oxford | éditeur=[[Osprey Publishing]] | année=2006 | isbn=}}.
* {{Article | langue=en | nom1=Perdue | prénom1=Peter C. | année=2000 | titre=Culture, History, and Imperial Chinese Strategy: Legacies of the Qing Conquests | périodique=Warfare in Chinese History | passage=252-287 | lieu=Leiden | éditeur=Koninklijke Brill | isbn=9004117741}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Morris | nom1=Rossabi | titre=Khubilai Khan | sous-titre=His Life and Times | lieu=Berkeley | éditeur=[[University of California Press]] | année=1988 | pages totales=322 | isbn=0-520-05913-1}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Tansen | nom1=Sen | titre=Buddhism, Diplomacy, and Trade : The Realignment of Sino-Indian Relations, 600–1400 | lieu=Manoa | éditeur=Asian Interactions and Comparisons, une publication jointe de l'University of Hawaii Press et de l'Association for Asian Studies | année=2003 | pages totales=388 | isbn=0-8248-2593-4 | lire en ligne=https://books.google.com/books?id=blBTHAY_A4wC&printsec=frontcover}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Fuwei | nom1=Shen | titre=Cultural flow between China and the outside world | lieu=Pékin | éditeur=Foreign Languages Press | année=1996 | pages totales=416 | isbn=7-119-00431-X}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Nathan | nom1=Sivin | titre=Science in Ancient China | sous-titre=Researches and Reflections | lieu=Brookfield, Vermont | éditeur=VARIORUM, Ashgate Publishing | année=1995 | isbn=}}.
* {{Article | langue=en | nom1=Smith | prénom1=Paul J. | année=1993 | titre=State Power and Economic Activism during the New Policies, 1068-1085' The Tea and Horse Trade and the 'Green Sprouts' Loan Policy | périodique=Ordering the World : Approaches to State and Society in Sung Dynasty China | passage=76-128 |lieu=Berkeley | éditeur=Berkeley University of California Press | isbn=9780520076914}}.
* {{Article | langue=en | nom1=Sperling | prénom1=Elliot | année=2003 | titre=The 5th Karma-pa and some aspects of the relationship between Tibet and the Early Ming | périodique=The History of Tibet: Volume 2, The Medieval Period: c. AD 850–1895, the Development of Buddhist Paramountcy | passage=473-482 | lieu=New York | éditeur=Routledge | isbn=0415308429}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Tz’u | nom1=Sung | traducteur=Brian E. McKnight | titre=The Washing Away of Wrongs : Forensic Medicine in Thirteenth-Century China | lieu=Ann Arbor | éditeur=University of Michigan Press | année=1981 | isbn=0-89264-800-7}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Jie | nom1=Tao | prénom2=Zheng | nom2=Bijun | prénom3=Shirley L. | nom3=Mow | titre=Holding Up Half the Sky | sous-titre=Chinese Women Past, Present, and Future | lieu=New York | éditeur=Feminist Press | année=2004 | isbn=1-55861-465-6}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Linda | nom1=Walton | titre=Academies and Society in Southern Sung China | lieu=Honolulu | éditeur=University of Hawaii Press | année=1999 | isbn=}}.
* {{Article | langue=en | nom1=West | prénom1=Stephen H. | titre=Playing With Food: Performance, Food, and The Aesthetics of Artificiality in The Sung and Yuan | périodique=Harvard Journal of Asiatic Studies | volume=57 | numéro=1 | année=1997 | passage=67-106}}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Arthur F. | nom1=Wright | titre=Buddhism in Chinese History | lieu=Stanford | éditeur=[[Stanford University Press]] | année=1959 }}.
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Xin | nom1=Xu | titre=The Jews of Kaifeng, China | sous-titre=History, Culture, and Religion | lieu=Jersey City | éditeur=KTAV Publishing House | année=2003 | pages totales=197 | isbn=0-88125-791-5}}.
* {{Article | langue=en | nom1=Yang | prénom1=Lien-sheng | titre=Economic Justification for Spending-An Uncommon Idea in Traditional China | périodique=Harvard Journal of Asiatic Studies | volume=20 | numéro=1/2 | année=1957 | passage=36–52}}.
* {{Article | langue=en | nom1=Yuan | prénom1=Zheng | titre=Local Government Schools in Sung China: A Reassessment | périodique=History of Education Quarterly | volume=34 | numéro=2 | année=1994 | passage=193-213}}.
</div>

=== Bibliographie complémentaire ===
<div class="references-small">
* {{Ouvrage | langue=en | prénom1=Edward L. | nom1=Davis | titre=Society and the Supernatural in Song China | lieu=Honolulu | éditeur=University of Hawai'i Press | année=2001 | pages totales=368 | isbn=978-0-8248-2398-6 | lire en ligne=https://books.google.com/books?id=WBoqTHVQFHEC&printsec=frontcover}}.
* {{Article | langue=en | nom1=Hendrischke | prénom1=Barbara | année=1996 | titre=Ordering the World: Approaches to State and Society in Song Dynasty China/The Inner Quarters: Marriage and the Lives of Chinese Women in the Song Period | périodique=Journal of Contemporary Asia | volume=26 | numéro=1 | passage=127}}.
* {{Article | langue=en | nom1=Shiba | prénom1=Yoshinobu | prénom2=Mark | nom2=Elvin | titre=Commerce and Society in Sung China | périodique=Michigan abstracts of Chinese and Japanese works on Chinese history | numéro=2 | lieu=Ann Arbor | éditeur=University of Michigan, Center for Chinese Studies | année=1970 | isbn=089264902X}}.
* {{Article | langue=en | nom1=Zhang | prénom1=B. | année=2007 | titre=Huang Kuan-chung: Clan and Society in the Song Dynasty | périodique=Li Shi Yan Jiu | numéro=2 | passage=170-179 | issn=0459-1909}}.
</div>

=== Liens externes ===
* [http://www.britannica.com/ebi/article-195691 Culture in the Song Period]
* [http://www.bopsecrets.org/rexroth/essays/sung-china.htm Song Dynasty Culture]
* [http://authors.history-forum.com/liang_jieming/chinesesiegewarfare Chinese Siege Warfare: Mechanical Artillery & Siege Weapons of Antiquity]
* [http://www.bcps.org/offices/lis/models/chinahist/song.html Song Dynasty at bcps.org]
* [http://encarta.msn.com/Song_Dynasty.html Song Dynasty at MSN encarta]

{{Palette|Dynastie Song}}
{{Portail|Histoire de la Chine}}
{{Bon article|vote=BA|oldid=63883209|date=31 mars 2011}}
{{Wikipédia:Bons thèmes/Propositions/Dynastie Song}}

[[Catégorie:Dynastie Song|Societe]]
[[Catégorie:Culture chinoise|Song Dynasty]]