Partie classique

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La partie classique est un système de jeu du jeu de dames international dans lequel les deux camps vont se partager le centre du damier et s'y maintenir par un enchainement réciproque[1].

Histoire[modifier | modifier le code]

C'est le style de jeu prépondérant avant le milieu du XXe siècle. Il a ensuite été progressivement concurrencé par des systèmes de jeu plus agressifs comme la partie Roozenburg ou la partie Bonnard[2], ou ayant pour objectif la conquête du centre. Comme la structure générale de la partie classique perdure un grand moment dans la partie, elle sert de point de repère aux débutants[3]. Cela explique que la partie classique demeure un style encore très pratiqué aujourd'hui à tous les niveaux de la compétition, d'autant qu'il est fréquent que le système de jeu change au cours d'une partie. Certains grands-maîtres continuent de privilégier cette forme de jeu, comme par exemple Jean-Marc Ndjofang.

Structure générale[modifier | modifier le code]

Exemple de position classique

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Les « étoiles ».

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Les « trèfles ».

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Le « losange de Barteling ».

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La « tour ».

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La « formation olympique ».

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Les « pions savants » en 48 et 3.

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La structure classique se reconnait par l'occupation des cases centrales 27 et 28 pour les Blancs et des cases 23 et 24 pour les Noirs. Leurs pions de soutien respectifs, 32 et 19, permettent le contact des pions 23 et 28, point qui établit la symétrie au centre du damier. Ainsi chaque joueur reste dans son camp, à l'exception de la case de bande 25 (réciproquement 26). Les structures de pions telles que le trèfle, l'étoile, le triangle de base, la tour, le losange de Barteling se retrouvent dans presque toutes les positions classiques. Voir l'animation ci-contre.

Le type de jeu classique est souvent établi dès l'ouverture lorsque les deux joueurs veulent immédiatement occuper le centre mais peut aussi provenir d'autres systèmes après que leurs structures aient disparu au cours de la partie.

Aspects tactiques[modifier | modifier le code]

La partie classique permet la réalisation de plusieurs combinaisons standards comme le coup de mazette, le coup renversé, le coup Arnoux, le coup de l'aiguille, le coup du moulinet ou le coup de la bombe.

Mais elle sert aussi de support à des combinaisons qui lui sont propres : le coup royal, le coup Philippe, le coup du cheval, le coup Deslauriers, le coup Raichenbach, le coup Beets, le coup Serf, le coup Scheeres, etc.

Plusieurs gambits peuvent se présenter en partie classique, dont le fréquent gambit Dussaut[4].

Le centre de l'adversaire peut aussi être mis sous pression avec des formations de pions appelées « batterie Chizhov », « bloc de l'Est »[5] et « formation olympique ».

Aspects stratégiques[modifier | modifier le code]

Les pions des cases centrales étant le plus souvent immobilisés, l'enjeu est de réduire la mobilité des pions adverses et d'augmenter celle des siens. Une des façons d'y parvenir est de progresser moins vite que l'adversaire, c'est pourquoi, dans la partie classique, les pionnages vers l'arrière sont souvent préférés aux pionnages vers l'avant. La mesure de l'avancée des pions sur le damier se fait par le calcul des « temps », c'est-à-dire l'addition de l'avancée de chacun des pions. La différence de progression entre les deux camps n'évolue qu'à l'occasion des échanges de matériel. Cette différence permet de savoir s'il convient de sortir ou non de ce style de jeu[6].

Un autre enjeu stratégique est le contrôle des ailes[7]. Se maintenir durablement sur la case 26 pour les Blancs[8], par exemple, pourra cantonner un pion noir sur la case 17, sans quoi il pourrait avancer par (17-21) puis (21-26), laissant de l'espace derrière lui. Idem sur l'aile droite pour la case 25.

Il existe plusieurs façons de gagner de l'espace sur le camp adverse, par exemple l'avancée Ghestem par 28-22, généralement suivie de 33-28, ou bien l'attaque Hoogland 27-22[9].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Macaux 1984, p. 102. « La partie classique […] C'est une partie d'enchaînement réciproque du centre. »
  2. Jeanneret 2003, p. 29. « Très étudié après la venue en France de l'africain Woldouby vers 1913, […], le style classique, […], s'est longtemps imposé dans les compétitions internationales. […] Les années 50 verront l'avènement des parties Roozenburg, Bonnard et Keller entre autres et un jeu plus porté vers l'attaque. »
  3. Guibert 1995, p. 3. « La partie classique est la partie que doit jouer le débutant afin d'avoir des points de repère tout au long de la partie. En effet, la structure générale sera la même pendant toute la partie et pour toutes les parties. »
  4. Guibert 1995, p. 36-39. « Mais les gambits qui nous intéressent sont les gambits spécifiques à la partie classique. »
  5. revue FFJD, p. 20. « Le diagramme 1 nous montre la formation caractéristique du bloc de l'Est (Oostblok en néerlandais) qui s'appuie pour les blancs sur les pions 25/30/34/35/40/45 afin de mettre sous pression l'aile gauche des noirs en déclenchant une attaque massive par 34-29 souvent suivie de 28-23 au moment opportun. »
  6. Guibert 1995, p. 18-21. « Le pionnage est la seule chose qui fait évoluer la différence de temps entre les 2 joueurs. »
  7. Dubois 2015, p. 19. « LE CONTROLE DES AILES En partie classique, chaque camp occupe le centre et les principales opérations se déroulent sur les ailes. Dans cet esprit, l'idée est de prendre le contrôle simultané des deux ailes. Cette manière de procéder a pour effet d’élargir son propre territoire et de réduire par conséquent celui du camp adverse. »
  8. Guibert 1995, p. 22-23. « L'occupation de la case 26 peut parfois être intéressante. En effet, en occupant cette case, on limite considérablement le champ de manœuvre de l'adversaire. »
  9. Guibert 1995, p. 24-29. « L'AVANCEE GHESTEM […] L'objectif est encore une fois de limiter la marge de manœuvre de l'adversaire. »