Voir la source de Motte castrale

{{En-tête label|AdQ|année=2008}}
{{voir homonymes|Motte}}
[[Fichier:Château à motte de Saint-Sylvain-d'Anjou.jpg|vignette|Le château à motte de [[Saint-Sylvain-d'Anjou]], reconstitution d'une motte du {{s-|XI}}.]]
[[Fichier:Chateau-de-Gisors.jpg|vignette|Le [[château de Gisors]], un exemple de l'évolution de la motte castrale vers le château fort reprenant dans la pierre les trois éléments constitutifs des châteaux de l'an mil, la motte, la palissade, le [[donjon]]<ref>{{Ouvrage |auteur1=Bernard Beck |titre=Châteaux forts de Normandie |lieu=Rennes |éditeur=[[Ouest-France]] |année=1986 |pages totales=158 |passage=99 |isbn=2-85882-479-7}}.</ref>.]]

Une '''motte castrale''', souvent appelée « '''motte féodale''' » ou parfois « '''poype''' » dans certaines régions{{note|L'expression ''poype'' (en latin de ''poypia'', ''poipe'', ''Puy'') désigne une colline ou une motte castrale en [[Dauphiné]], [[Savoie]] et les territoires de l'[[Ain (département)|Ain]]<ref name="Leguay p.23">{{Ouvrage |auteurs=Thérèse Leguay, [[Jean-Pierre Leguay (historien)|Jean-Pierre Leguay]]|titre=Histoire de la Savoie|lieu=Paris|éditeur=[[éditions Jean-Paul Gisserot]]|année=2005|pages totales=128|passage=23|isbn=978-2-87747-804-5|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=3ulRIrRAz8AC&printsec=frontcover|consulté le=mars 2020}}.</ref>{{,}}<ref>{{TGF2|numéro=22268|page=1192|surligne=oui}}.</ref>.|group="Note"}}, est un type particulier de [[fortification]] de terre<ref group=Note>Les sites fossoyés sont généralement répartis en trois catégories : les enceintes, les mottes, les maisons fortes.</ref> qui a connu une large diffusion en Europe au [[haut Moyen Âge]]<ref>André Bazzana, Guillemine David, Agnès Gonnet, Jean-Michel Poisson, ''Mottes castrales de Dombes (Ain) - Éléments pour un atlas'', Lyon, Direction des Antiquités Historiques Rhône-Alpes, 1986, {{p.|7}}.</ref>. Elle est composée d'un [[Terrassement#Remblai et déblai|remblai]] de terre rapportée volumineux et circulaire, le tertre. Il existe plusieurs formes d'édification de ces ouvrages dans toutes les régions d'Europe. La motte castrale est remplacée par le château fort en pierre avant la fin du [[Moyen Âge]], au moment de la [[renaissance du XIIe siècle]] qui voit le triomphe de l'[[architecture philippienne]].

Dans la plupart des cas, le tertre était entouré d'un fossé<ref>Ce qui distingue lors des fouilles archéologiques la motte castrale du [[tumulus]] préhistorique, sans fossé.</ref>, le sommet étant occupé par une forte [[palissade]]. Un [[Fortin militaire|fortin]] de bois y était aménagé avec une tour de guet analogue à un [[donjon]]. La motte peut être considérée comme un [[château fort]] primitif.

En Europe occidentale, au {{s-|X}}, l'armée [[Carolingiens|carolingienne]] se montre trop lourde pour réagir aux rapides raids [[Chronologie des invasions vikings|vikings]] et [[sarrasins]]. La défense s'organise donc localement autour des mottes, rapides à construire, et qui utilisent des matériaux peu coûteux et disponibles partout. Progressivement se distingue ainsi une élite guerrière dont la motte castrale matérialise l'autorité. Le [[seigneur]] assure la protection d'un lieu commercial ou économique (souvent un village) et la motte devient un élément dominant de l'organisation spatiale de l'[[an mille]]. Elle peut servir également de résidence [[Seigneurie|seigneuriale]]. L'émergence du [[Banalité (droit seigneurial)|pouvoir banal]] sur l'ensemble du territoire au début du {{s-|XI}} est un élément supplémentaire favorisant la généralisation des mottes, qui se développent surtout à partir du {{s-|XII}} selon [[Jean-Marie Pesez]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=Joëlle Burnouf, Danielle Arribet-Deroin, Bruno Desachy, Florence Journot, Anne Nissen-Jaubert|titre=Manuel d'archéologie médiévale et moderne|éditeur=[[Armand Colin]]|année=2012|pages totales=384}}.</ref>.

Le conflit d'intérêts entre les propriétaires fonciers (l'aristocratie et le clergé) et les châtelains entraîne l'émergence du mouvement de la [[paix de Dieu]] qui aboutit à redéfinir la répartition des rôles dans la [[société médiévale]]<ref>[https://journals.openedition.org/cem/4173 Pouvoir aristocratique et Église aux {{s2-|X|XI}}. Retour sur la « révolution féodale » dans l’œuvre de Georges Duby].</ref>. La motte castrale est donc un élément majeur de la structuration de la féodalité dans l'[[Occident]] médiéval.

== Caractéristiques des mottes castrales ==
[[Fichier:Motte-feodale.JPG|vignette|Motte castrale de [[La Pouëze]] ([[Maine-et-Loire]]).]]
[[File:Site de Belleperche 1.jpg|vignette|Site de [[Château de Belleperche (Bourbonnais)|Belleperche]], commune de [[Bagneux (Allier)]], vu à partir du haut de la motte castrale.]]

Longtemps, on a attribué à toute élévation artificielle de terre, le nom de « motte », quelles que soient la forme et l'utilisation ancienne de l'objet<ref>Déjà au {{s-|XIX}} certains archéologues avaient différencié les « buttes féodales » des ''tumuli'' protohistoriques.{{harvsp|Bonnassie|Toubert|2004|p=118|loc=|id=}}.
</ref>. Depuis une trentaine d'années, sous l'impulsion de chercheurs (historiens ou archéologues) comme [[André Debord]] ou [[Michel de Boüard]], les mottes castrales ont cessé d'être une « curiosité d'[[Antiquaire#Sens ancien|antiquaires]] pour devenir un véritable objet de recherche scientifique »{{sfn|Debord|2000|p=63|loc=|id=}}.
[[Fichier:Cléden-Poher 34A motte castrale plan.jpg|vignette|Plan d'une motte castrale.]]
Les mottes castrales {{incise|comme leur nom l'indique}} sont désormais assimilées aux châteaux malgré l'avis de certains historiens non archéologues{{sfn|Debord|1981|p=5|loc=|id=}}. Dans une première période, le château a changé de vocation puisqu'il ne s'agit plus d'un simple retranchement défensif comme on en a construit au cours du [[haut Moyen Âge]] (tels les ''castra'' érigés contre les [[Vikings|Normands]]). À partir du {{s-|X}}, il répond toujours en premier lieu à la fonction défensive<ref group=Note>Il existe plus rarement des mottes d’attaque ou de siège.</ref>, mais devient progressivement « la résidence fortifiée d'un puissant et de son entourage »{{sfn|Bur|1999|p=23|loc=|id=}}. À ces deux usages, le [[Castellologie|castellologue]] Philippe Durand ajoute l'aspect [[Symbole|symbolique]]. En effet, l'architecture et le décor contribuent à « mettre en évidence la classe aristocratique et son rôle dans la société »<ref>{{Ouvrage |prénom1=Philippe  |nom1= Durand|titre=Petit glossaire du château du Moyen Âge |lieu=Bordeaux |éditeur=Confluences |année=2001 |passage=p.12 |isbn= |lire en ligne= }}.</ref>. Autrement dit le château de l'[[an mille]] remplit trois fonctions : la résidence seigneuriale, la défense (naturelle ou passive) et enfin le symbolisme culturel et social.

Du point de vue matériel le château à motte se caractérise par deux éléments principaux : la motte et la [[basse-cour (fortification)|basse-cour]]. La motte est un tronc de cône aux flancs pentus, dont l'inclinaison est globalement la même (30°) et dont la hauteur se situe entre {{unité|4|et=15|mètres}}. La hauteur semblait indispensable puisqu'au milieu du {{s-|XII}}, l'archidiacre de [[Thérouanne]] écrivait :
{{citation bloc|Les hommes les plus riches (…) [de Flandre] ont coutume d'élever (…) une motte aussi haute que possible (…) de creuser tout autour une fosse.|Gauthier de Thérouanne, ''Vita Johannis, episcopi Tervanensis'', 1150.|{{sfn|Poly|Bournazel|1980|p=88|loc=|id=}}}}

Bien qu'aucune n'ait été conservée, on sait qu'une tour de bois était emmottée sur le sommet, souvent entourée d'une palissade ou encore d'un muret comme au [[château d'Olivet]] ([[Grimbosq]], Calvados){{sfn|Debord|2000|p=67|loc=|id=}}. De nombreuses [[Fouille|fouilles archéologiques]] ont révélé que les mottes étaient des édifices artificiels (ou partiellement), généralement faits de terre ou de gazon, structurées en couches de consolidation et érigées rapidement<ref>Gautier de Thérouanne dit que les aristocrates « ont coutume d'élever, en amoncelant de la terre, une motte ». {{Harvsp|Poly|Bournazel|1980|p=88|loc=|id=}}. La motte de Grimbosq a été bâtie sur une éminence naturelle. J. Decaëns, « La motte d'Olivet à Grimbosq (Calvados) : Résidence seigneuriale du {{s-|XI}} », ''Archéologie médiévale'', {{XI}}, 1981, Centre de Recherches Archéologiques Médiévales, 1981, {{p.|169}}.</ref>. Sur la [[tapisserie de Bayeux]], une vignette montre des {{quoi|paysans}} bâtissant la motte d'Hastings (''Hesteng ceastra''). On pense qu'avec les moyens de l'époque, {{nombre|2000|jour-homme}}, soit vingt journées avec cent travailleurs ou trois mois avec trente ouvriers<ref>{{Lien web|url=http://www.pierre-abelard.com/pat-donjonmil.htm|titre=Le donjon de l'an mil du Pallet|éditeur=Association culturelle Pierre Abélard|site=pierre-abelard.com|consulté le=28 avril 2008}}.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|url=http://www.saint-sever-calvados.fr/tourisme-et-loisirs/tourisme/la-motte-castrale|titre=La motte Castrale|éditeur=Commune de [[Saint-Sever-Calvados]]|site=saint-sever-calvados.fr|consulté le=28 avril 2008}}.</ref> pouvaient suffire à la construction d'une motte castrale. Le cône avait un volume total de l'ordre de {{unité|5000|m|3}}. En moyenne, les mottes avaient un diamètre à la base de 30 mètres, un diamètre sommital de 10 m, une hauteur de {{unité|6|à=12|m}}, un tertre avec une pente de 35 à 55°, surmonté d'une tour de {{unité|15|à=25|m}}{{sfn|Rocolle|1994|p=40|loc=|id=}}.

[[Fichier:Chateau a motte saint sylvain.jpg|vignette|La motte dominant sa basse-cour comprenant un logis seigneurial, un logis des chevaliers et des bâtiments agricoles. Site de [[Saint-Sylvain-d'Anjou]], reconstitution d'une motte du {{s-|XI}}.]]
[[Fichier:Castell y Rhodwydd, Nant y Garth, Sir Ddinbych.webm|vignette|Vidéo aérienne de 'Tomen y Rhodwydd' du Pays de Galles (2022).]]
À son pied on retrouve souvent (mais pas toujours) la marque de la fonction résidentielle de l'ensemble fortifié : la basse-cour. Encore appelée ''bailey'' ou ''Vorburg'', c'est un espace délimité par une enceinte et surtout en position inférieure par rapport au donjon de la motte{{sfn|Durand|2001|p=13|loc=|id=}}. La basse-cour renfermait les bâtiments nécessaires à la vie du château comme des granges ou écuries<ref name="a">{{Article|auteur1=Michel Bur|titre=Château fort|périodique=In: Encyclopædia Universalis|date=(consulté le 15/04/2017)}}.</ref>. « La basse-cour (…) forme avec la motte un ensemble indissociable, ce que le vocabulaire britannique exprime fort bien dans la dénomination ''motte and bailey''»{{sfn|Debord|1981|p=7|loc=|id=}}.

Les archéologues classent habituellement les mottes en trois catégories{{sfn|Bonnassie|Toubert|2004|p=39|loc=|id=}} :
* les mottes bâties sur un accident naturel à l'abri, par exemple un rebord de plateau, une colline… ; elles sont plutôt courantes dans les régions montagneuses ([[Auvergne]], [[Languedoc]]) ;
* les mottes totalement artificielles, en terrain plat et sans appui extérieur du relief (''Husterknupp'') ;
* les mottes {{incise|exemples plus rares}} qui forment une variante des deux précédentes, « une levée de terre annulaire », renforcée par une palissade.

Depuis une quarantaine d'années, l'[[archéologie aérienne]] permet aux archéologues un travail de prospection facilité et performant. En France, c'est [[Roger Agache]] qui a permis de développer cette méthode au sein de la recherche historique. Spécialisé dans un premier temps sur les ''villae'' picardes, il a finalement relevé toutes les traces des anciennes constructions qu'il a pu identifier dans les contrées rurales de Picardie à partir de cinq indices révélateurs<ref>R. Agache, « Possibilités et limites des recherches archéologiques par photographie aérienne dans le Nord de la France », ''Revue du Nord'', XLVI, 1964, {{p.|218-219}}.</ref> :
* indices topographiques : la structure du paysage ;
* indices sciographiques : les ombres portées selon le reflet du soleil ;
* indices phytographiques : les anomalies des cultures ;
* indices hygrométriques : les anomalies de l'humidité du sol ;
* indices pédologiques : les anomalies des sols.

Certaines mottes castrales ont été répertoriées grâce à ce système : dans les zones boisées, c'est généralement le fossé qui, par ses dimensions, permet une modulation de la cime des arbres. L'opération se révèle plus délicate en rase campagne, où les ouvrages castraux de l'an mil ont été pour une grande partie d'entre eux arasés par les labours et les remembrements successifs{{sfn|Boüard|1975|p=169|loc=|id=}}. Les photos sont très utiles à la recherche, mais seuls les fouilles ou les arasements permettent de dater et d'analyser les habitats seigneuriaux<ref>[http://www.archeologie-aerienne.culture.gouv.fr L'Archéologie aérienne dans la France du Nord].</ref>.

Il ne faut pas négliger les indices [[toponymie|toponymiques]], survivances dans des noms de lieux d'une motte disparue ou dissimulée. Nombreux sont les noms de villes et villages comme [[La Motte-Tilly]], [[Lamotte-Beuvron]], (voir la liste des communes {{page h'|Lamothe|La Motte ou Lamotte}}), ainsi que les innombrables [[lieu-dit|lieux-dits]] ''la Motte'', le ''Mottier'', etc. Cette prolifération montre bien l'importance de l'implantation du phénomène.

== Datation, nom et diffusion du phénomène ==
=== Le système castral du premier âge féodal (fin du {{s-|X}} à fin du {{s-|XII}}) ===

[[Fichier:Siege Xe s.jpg|vignette|« La Citadelle assiégée », ''Commentaire d'Ezéchiel'' (manuscrit carolingien, {{s-|X}}, Bibliothèque Nationale de France, Paris).]]

Une des grandes questions historiographiques reste la datation du moment précis de l'apparition de la motte castrale. Certains historiens auraient tendance à dater ce moment au début du {{s-|X}} voire vers la fin du {{s-|IX}}. On sait qu'au haut Moyen Âge déjà des ''castra'', souvent aménagés sur le site des ''oppida'' gaulois, avaient servi de lieu de refuge notamment en [[Saxe historique|Saxe]] à l'époque des conquêtes de [[Charlemagne]]. Mais la question se pose de savoir à quoi ressemblaient ces forteresses. Cette défense restait sommaire et offrait un caractère linéaire{{sfn|Fournier|1978|p=53|loc=|id=}}.

Certains historiens, comme Jean-François Maréchal, ont prétendu que les mottes auraient été une « invention » exportée par les [[Vikings]], ce que d'autres ont réfuté totalement puisque les premiers spécimens connus en [[Scandinavie]] ne dateraient que du {{s-|XII}}<ref>J.-F. Maréchal, « L’origine viking des mottes féodales », ''Le Pays d’Auge'' 3, 4, 5, 6, Lisieux, 1977. 79 ; « L’origine des mottes féodales et la genèse des donjons », dans ''Heimdal, Revue d’héritage norois'', 25, Bayeux, 1978, {{p.|41-45}} ; « Fonction et place des mottes féodales dans l’architecture militaire », ''Revue Archéologique Sites 13'', Avignon, 1982, {{p.|3-10}} ; « La question du rattachement des mottes féodales aux Terpen ou Wurten frisons du haut Moyen Âge et de l'Antiquité », ''Actes du Colloque "Ethnohistoire et Archéologie", École Normale Supérieure, Paris, 7-8 mai 1983'', dans ''Caesarodunum XIX'', bulletin de l’Institut d’Études latines et du Centre de recherches A. Piganiol, Université de Tours, 1984, {{p.|191-200}} ; « Signification des fossés et des haies dans la topographie historique », ''Actes du colloque "Frontières en Gaule"'', dans ''Caesarodunum XVI'', bulletin de l’Institut d’Études latines et du Centre de recherches A. Piganiol, Université de Tours, 1981, {{p.|226-235}} .</ref>{{,}}{{sfn|Debord|1981|p=10|loc=|id=}}. Néanmoins, quelques indices peuvent laisser planer le doute. Au [[Danemark]], plusieurs camps circulaires datés des {{s2-|IX|X}} ont été découverts. Sans avoir apporté le concept fini, les Normands auraient pu suggérer une forme d'organisation circulaire autour de 900, adaptée aux réalités de l'époque en pays franc<ref>On connaît notamment le camp fortifié de [[Fyrkat]] au nord du Danemark, qui daterait de 980. J. Haywood, ''Atlas des Vikings'', Autrement, Paris, 1996, {{p.|34}}.</ref>.

Longtemps, et encore maintenant, les mottes ont été considérées comme servant de support élevé à des tours de guet plus ou moins fortifiées et même comme des défenses plus symboliques qu’efficaces. C’est ignorer, selon Jean-François Maréchal, leur fonction militaire primordiale. En effet, ces buttes de terre auraient-elles pu supporter de telles constructions massives de pierre ou de bois sans que celles-ci ne se fussent mises à pencher comme la célèbre tour de Pise ? L’explication fournie par J.-F. Maréchal conteste cette vision simpliste et pourtant répandue du donjon « sur motte » pour redéfinir la motte : celle-ci ne peut, en réalité, qu’être un « emmottement » ou talutage, comme on le voit sur la [[tapisserie de Bayeux]], d’une tour édifiée sur le sol plan pour préserver ses murs des attaques de bélier (cf. la figure ci-contre de la ''Citadelle assiégée''), de la sape ou du minage et de l’approche des beffrois roulants. La terre fraîchement rapportée d’une telle butte aurait dû, dans le cas de l’édification du donjon sur la motte, normalement attendre environ cinquante ans pour être suffisamment tassée et pouvoir supporter une telle masse… En conséquence, pour cet historien, la motte est à l’origine du donjon : la terre des fossés rejetée contre les murs a obligé à surélever l’habitation qui est ainsi devenue une tour à étages, comme à [[Château de Doué-la-Fontaine|Doué-la-Fontaine]] (Maine-et-Loire), où les fouilles de Michel de Boüard ont révélé un tel processus confirmant celui de la célèbre Tapisserie. Ces « donjons à motte » (et non plus « sur motte ») représentent-ils, comme on le croit encore généralement, un phénomène de défense paysanne spontanée contre les invasions nombreuses et persistantes à cette époque ? Selon cet historien, ne sont-ils pas plutôt de vrais fortins, comme ces « Terpen » frisons, en tous points identiques aux mottes dont ils seraient l’archétype, qui auraient été conçus, dès avant l’[[ère chrétienne]], pour lutter à la fois contre les assauts de la mer et ceux des pirates aux [[Pays-Bas]] et au nord-ouest de l’[[Allemagne]] ? Et, poursuit cet auteur, n’auraient-ils pas pu ensuite être copiés et perfectionnés par ces pirates et conquérants du nord qu’ont été les Vikings, leurs voisins, qui les ont envahis en premier lieu ? Ceux-ci, ainsi que les Normands, ne sont-ils pas allés partout en Europe et n’auraient-ils pas pu ainsi diffuser ce nouveau mode de fortification tellement rapide et efficace qu’il aurait été ensuite adopté dans les pays envahis et largement utilisé dans le cadre des guerres féodales ? En dehors de cette explication avancée par Maréchal, il n’y a pas d’autre « vecteur » possible à cette diffusion soudaine et générale de la motte en Europe ! Il y a bien, certes, des centaines de mottes au Danemark, mais beaucoup moins en Suède et très peu en Norvège ; on en a retrouvé récemment plusieurs dans ces pays (même en [[Finlande]], à [[Porvoo]], par exemple) et où on les confondrait encore avec les [[tumulus]], et, en l’état actuel de recherches très peu avancées, elles ne seraient pas antérieures au {{s-|XII}}. Mais cette datation concerne seulement quelques exemplaires et est, de plus, basée uniquement sur la typologie de la poterie avec une marge d’erreur reconnue de cinquante à cent ans qui fait qu’elles pourraient être bien plus anciennes (se reporter aux travaux cités à la note 19).

Pour la plupart des chercheurs, surtout les archéologues, la motte castrale serait apparue « dans les dernières décennies du {{s-|X}} ou les premières du {{s-|XI}} », si l'on en croit A. Debord, thèse confirmée par les fouilles entreprises jusque-là. À ce propos, M. de Boüard ajoute que « les historiens (…) qui n'ont pas fait l'expérience du travail de terrain, sont beaucoup plus portés que nous, archéologues de terrain, à vieillir l'origine de la motte »<ref>Discussions, ''Archéologie médiévale'', ''op. cit.'', {{p.|29}}.</ref>. Quoi qu'il en soit, en l'an mil la motte fait partie du paysage de l'Occident chrétien et sa fin, plus certaine, est estimée entre l'extrême fin du {{sp-|XII|et le début du|XIII}} selon les régions{{sfn|Bur|1999|p=25|loc=|id=}}.

=== La motte dans les archives ===
Les documents contemporains donnent peu de renseignements sur les mottes castrales. Une remarque intéressante est conservée dans le ''Livre des Miracles de Saint-Bertin''. Voici ce que dit le scribe à propos du siège de [[Saint-Omer (Pas-de-Calais)|Saint-Omer]] par les Normands au milieu du {{s-|IX}} :
{{citation bloc|Les Normands se dirigèrent vers la petite forteresse élevée, (…) au lieu appelé Sithiu, (…) forteresse construite pauvrement, faite de bois, de terre et de gazon, mais très habilement et ainsi très solide.|Anonyme, ''Livre des Miracles de Saint-Bertin'', milieu du {{s-|IX}}<ref>A. Lottin (dir.), ''Deux mille ans du « Nord-Pas-de-Calais »'', Voix du Nord, Lille, 2003, {{p.|47}}., PUF, Paris, 1980, {{p.|88}}.</ref>.}}

Curieusement, il s'agit de caractéristiques structurelles de la motte de l'an mil, mais il n'est pas certain que c'en était une.

[[Fichier:Bayeux préparatifs.jpg|upright=2.4|vignette|center|Dès leur débarquement sur le sol anglais, les Normands construisent une motte (à gauche en forme de dôme). Tapisserie de Bayeux, fin du {{s-|XI}}.]]
En revanche, la [[tapisserie de Bayeux]] offre également un témoignage sur la question. Après les historiens, les archéologues se sont intéressés à la broderie en constatant la parfaite correspondance des mottes castrales de [[Bretagne]] avec celles de leurs fouilles et des textes. Le document montre la scène 45, où Guillaume harangue ses troupes et sa légende « Celui-ci ordonna d'édifier une fortification près du camp d'[[Hastings (Royaume-Uni)|Hastings]] », qui montre l'édification d'une motte. Les terrassiers creusent un fossé périphérique, utilisent les déblais pour former un cordon de terre qui est comblé pour élever une butte [[Tronc (géométrie)|tronconique]]. La plate-forme en bois de la motte est ceinturée d'une palissade constituée de pieux jointifs en bois et appointés<ref>{{Article |auteur1=Stéphane William Gondoin |titre=Les châteaux forts au temps de Guillaume le Conquérant |périodique=[[Patrimoine normand]] |numéro=94 |date=juillet-août-septembre 2015 |pages=37 |issn=1271-6006 }}.</ref>. De même, toujours sur la tapisserie, la scène 19, montre le siège de la motte de [[Dinan]]<ref>M. Parisse, « De l'usage de la propagande au Moyen Âge. La Tapisserie de Bayeux », ''L'Histoire'', {{numéro|315}}, 2006, {{p.|63}}.</ref>.

''Castrum'' et ''castellum'' sont les termes que les textes mentionnent généralement pour évoquer les fortifications. Les mottes sont bien sûr incluses dans cette catégorie, mais le terme est si répandu qu'il ne permet pas de faire la distinction. Il ne faut pas non plus chercher dans le terme ''motta'', qui apparaît dans une donation faite au monastère Saint-Ambroise de [[Milan]] en 836, une traduction telle qu'on la connaît aujourd'hui. ''Motta'' paraît avoir désigné avant l'an mil une simple motte de terre{{sfn|Boüard|1967|p=20-22|loc=|id=}}. Il faut attendre le milieu du {{s-|X}}, les œuvres de [[Flodoard|Flodoard de Reims]] lui-même suivi de [[Guillaume de Jumièges]], pour que ''munitio'', synonyme de retranchement, « annonce un changement »{{sfn|Bur|1982|p=104|loc=|id=}}. M. de Boüard en conclut qu'en langue vulgaire ''motta'' désignait probablement les mottes castrales mais le terme n'apparut sous la plume des clercs que vers 1140 avec [[Orderic Vital]] et [[Suger]]{{sfn|Boüard|1975|p=36|loc=|id=}}.

=== Diffusion de la motte et émergence des châtelains ===
[[File:Grésignac Motte castrale 2012.jpg|vignette|center|redresse=2.25|Motte castrale de [[La Chapelle-Grésignac]], [[Dordogne (département)|Dordogne]], citée dès 1243 sous le nom de "Castrum de Greziniaco"<ref>[https://espritdepays.com/patrimoines-en-perigord/patrimoine-bati-du-perigord/les-chateaux-du-perigord/les-mottes-castrales-en-perigord Motte de Grésignac. Les mottes castrales en Périgord].</ref>.]]

La motte castrale serait donc apparue aux alentours de l'an mil entre la [[Loire]] et le [[Rhin]], le phénomène s'étant répandu dans tout l'Occident chrétien au cours des {{s mini-|XI}}, {{s2|XII|XIII}} selon les régions. En [[Angleterre]] ([[Guillaume le Conquérant]] à partir de 1066) tout comme en [[Sicile]] ([[Robert Guiscard]] à partir de 1061), ce sont les Normands qui introduisirent le château à motte, inconnu dans ces régions avant la seconde moitié du {{s-|XI}}{{sfn|Debord|2000|p=10|loc=|id=}}.

Le principal atout des mottes castrales est la simplicité et la rapidité de construction, avec des matériaux peu coûteux et disponibles partout. Faciles à construire, elles peuvent l'être par des paysans corvéables, ce qui correspond aux possibilités économiques de la châtellenie naissante<ref>{{Ouvrage |auteur1=Philippe Contamine |auteur2=Marc Bompaire|auteur3=Stéphane Lebecq|auteur4=Jean-Luc Sarrazin|titre='L'économie médiévale |éditeur=Armand Colin |collection=U |année=2004 |passage=p0154 |isbn= |lire en ligne=|id=contamine04 }}.</ref>. Elles sont des fortifications amplement suffisantes pour répondre aux enjeux militaires des {{s2-|IX|X}} : contrer les raids de pillage menés par des troupes peu nombreuses et très mobiles.

Ces tertres défensifs n'apparaissent pas n'importe quand. Ils découlent de la logique d'une société médiévale qui évolue : à partir de 980, le royaume des Francs est secoué par la « révolution aristocratique » qui remplit les campagnes de châteaux. Ces derniers sont soit d'emblée privés, soit publics. Mais surtout, autour d'eux, prolifèrent de nouvelles « coutumes »<ref>Sur ce sujet, voir les arguments de [[Dominique Barthélemy (historien)|Dominique Barthélemy]]. {{Ouvrage |prénom1=Dominique  |nom1= Barthélemy|titre= Dominations châtelaines de l'an Mil|sous-titre=La France de l'an Mil |lieu= Paris|éditeur=Seuil |année=1990 |passage=p.105 |isbn= |lire en ligne= }}. {{p.|105}}.</ref>. L’[[empire carolingien]] se désagrège dès le milieu du {{s-|IX}}. Avec l'arrêt de l'expansion territoriale, les empereurs n'ont plus de nouvelles terres ou charges pour rétribuer leurs vassaux et n'ont donc plus prise sur eux. Peu à peu, ils doivent leur concéder la transmission héréditaire de terres et de charges, puis une autonomie de plus en plus grande. D'autant que Charlemagne est conscient qu'envoyer tous les hommes libres à la guerre au printemps chaque année est préjudiciable économiquement, car il a besoin de leur présence pour que les travaux agricoles soient conduits de la manière la plus efficace possible (il a au minimum besoin d'eux pour coordonner leurs [[Esclavage au Moyen Âge|esclaves]]). Il introduit par capitulaire la possibilité de ne pas participer à la campagne militaire en contrepartie de l'aide à l'équipement et à la gestion des terres des hommes partis à la guerre<ref>P. Riché, ''Les Carolingiens, une famille qui fit l'Europe'', 1983, {{p.|110}}.</ref>. Il se crée progressivement deux groupes sociaux au sein des laïcs, ceux qui combattent (''milites'') et ceux qui travaillent la terre (''laboratores''). Nombreux sont les hommes libres qui choisissent de poser les armes pour le travail de la terre, plus rentable. Quand vient le temps des invasions et des guerres privées qui marque la fin du {{s-|IX}}, l'ost carolingien est trop lourd pour répondre aux raids éclairs des Vikings ou des Sarrasins ; la défense s'organise localement autour de châteaux tenus par des groupes de ''milites''<ref>J. Renaud, ''Les Vikings en France'', [http://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/les_vikings_en_france.asp Clio.fr]</ref>. Les ''laboratores'' doivent confier leur sécurité au châtelain contre le ravitaillement de ses troupes ou de sa maison. Certains arrivent à conserver leur indépendance, mais la plupart cèdent leur terre à leur protecteur et deviennent exploitants d'une ''[[Tenure (féodalité)|tenure]]'' (ou ''[[manse (tenure)|manse]]'') pour le compte de ce dernier<ref name="Norel140">Philippe Norel, ''L'Invention du marché'', Seuil, 2004, {{p.|140}}.</ref>.

[[Fichier:Chateau-de-Gisors.jpg|vignette|[[Donjon]] du [[château de Gisors]], construit sur une motte castrale.]]

Dans ces temps incertains d'invasions et de guerres privées continuelles, des habitations viennent s'agglutiner à proximité du château ce qui légitime le châtelain et son exercice du [[Ban (Moyen Âge)|ban seigneurial]]. Il peut imposer taxes, péages, corvées, banalités (usage imposé d'équipements seigneuriaux à titre onéreux : fours, moulins…) levés par ses sergents. En échange, les vivres engrangés au château pourvoient à la survie des [[manse (tenure)|manants]] (vient du latin ''manere'', demeurer) réfugiés entre ses murs en cas de pillage<ref>{{Ouvrage |prénom1=Georges Duby |nom1= Duby |lien auteur1=Georges Duby|titre=Les féodaux'' (980-1075) |sous-titre=Histoire de la France |éditeur=Larousse  |année=2007 |passage=p.265 |isbn= |lire en ligne= }}.</ref>. Enfin, les amendes prélevées en rendant justice selon le principe du ''[[Wergeld]]'' (de la [[loi salique]]) sont une autre source appréciable de revenus seigneuriaux. Avec l'affaiblissement de l'autorité royale et comtale, les ambitions personnelles se dévoilent, engendrant convoitises et contestations. Les tentatives d'imposer le droit de ban aux marges du territoire contrôlé, et les conflits de succession dus à l'instauration récente du [[droit d'aînesse]], dégénèrent régulièrement en guerres privées, dont pâtit en premier lieu la population rurale{{sfn|Duby|2007|p=272|loc=|id=}}.

Les ''[[pagus|pagi]]'' carolingiens ont été éclipsés par un nouveau ressort territorial : le territoire du château (''districtus'')<ref>M. Arnoux, « Châtellenie », ''Dictionnaire encyclopédique du Moyen Âge'', Cerf, Paris, 1997, {{p.|313-314}}.</ref>. Les châteaux (les mottes) ne servent plus de refuge ; ils sont le signe de l'autorité, du développement économique et de l'expansion des terroirs. Il s'opère une véritable réorganisation territoriale qui correspond à l'expansion économique de l'époque. Avec la monétarisation de l'économie, des millions de producteurs peuvent et doivent (du fait des [[Cens (droit seigneurial)|cens]] à reverser au seigneur qui stimulent donc l'économie) revendre leurs surplus. D'où l'explosion du nombre de routes (qui est très largement supérieur à ce qu'il était dans l'antiquité), des marchés, de villages et de la pratique du défrichage. Cette réorganisation territoriale est intimement liée avec la construction des mottes castrales qui protègent ce réseau économique en construction. Rien que pour le pas de Calais, on a identifié {{nobr|429 mottes}} dont {{nobr|280 détruites}}, à quoi s'ajoutent {{nobr|99 [[Maison forte|maisons fortes]]}} dont {{nobr|64 détruites}}<ref>Perreau Francis et Lefranc Guy, ''Mottes castrales et sites fortifiés médiévaux du Pas-de-Calais'', Mémoires de la Commission départementale d'histoire et d'archéologie du Pas-de-Calais, tome XXXVI, Arras 2005, [http://www.histoirehautpays.com/mottes_castrales.htm].</ref>.

Les autorités tentent, dès l'origine, de limiter les velléités de construction de mottes qui auraient pu nuire à leurs intérêts{{sfn|Poly|Bournazel|1980|p=85|loc=|id=}}. Il ne faut cependant pas surestimer le pouvoir du roi ou du comte et leur usage, comme l'expliquent les juristes emmenés par Roger Aubenas. On conserve néanmoins des actes qui émanent de cette volonté du commandement d'interdire les constructions fortifiées : le ''Capitulaire de Pîtres'' (864) ou encore les ''Consuetudines et Justicie'' normandes (1091)<ref>R. Aubenas, « Les châteaux forts des {{s2-|X|XI}}. Contribution à l'étude des origines de la féodalité », ''Revue historique de droit français et d'étranger'', 17, 1938, {{p.|548-586}}.</ref>. Au début du {{s-|XII}}, Orderic Vital décrit le roi [[Henri Ier (roi d'Angleterre)|Henri Beauclerc]] en train de détruire les « châteaux adultérins » (''adulterina castella'') que les révoltés ont construits à la suite de la crise de succession que connaît la couronne d'Angleterre après la mort de Guillaume le Conquérant (1087){{sfn|Fournier|1978|p=302|loc=|id=}}.

== Les fonctions de la motte ==
=== Fonctions résidentielle et militaire ===
La première fonction de la motte castrale clairement identifiable est celle du logement. À partir du milieu du {{s-|X}}, on assiste au passage de la civilisation du palais à celle du château. Au haut Moyen Âge, le palais est une simple résidence, peu ou pas fortifiée, souvent rurale, que les textes appellent « ''villa'' ». Les souverains mérovingiens et carolingiens possédaient des ''[[domaine médiéval|villae]]'' royales surtout dans le noyau carolingien ([[Laon]]-[[Soissons]]-[[Compiègne]]). Autour de l'an mille, [[Robert II le Pieux|Robert le Pieux]] fait édifier des mottes aux périphéries de son domaine ([[Montlhéry]]), mais le roi n'y loge pas<ref>Le comte de Flandre {{noble-|Arnoul Ier}} s’empara de [[Douai]] vers 945 et y fit bâtir une résidence comtale (à la Fonderie). Le site fut entouré d’un fossé sous la régence du roi [[Lothaire (roi des Francs)|Lothaire]] (965-986), pour être finalement emmotté vers 987-988 par Arnoul II. P. Demolon et E. Louis, « Naissance d’une cité médiévale flamande. L’exemple de Douai », ''Archéologie des villes dans le nord-ouest de l’Europe : {{sp-|VII|-|XIII}}'', actes du {{IVe}} congrès international d’archéologie médiévale à Douai, 1991, Société archéologique de Douai, Douai, 1994, {{p.|55}}.</ref>.

[[File:Vesoul La Motte 2.jpg|vignette|La [[La Motte (Vesoul)|colline de la Motte]] surplombe la ville de [[Vesoul]]. Durant le Moyen Âge, un château fort nommé ''[[Castrum Vesulium]]'' fut construit sur cette colline.]]

Le témoignage du chroniqueur [[Lambert d'Ardres]] prouve qu'une construction en bois n’exclut pas un certain confort d’aménagement : plusieurs [[chambre à coucher|chambres]], logis, celliers, magasins à provisions et chapelle, le tout sur trois niveaux. Pour André Debord, « la motte n’était pas l’habitat caractéristique de la petite chevalerie de village (…) de trop médiocre fortune pour pouvoir fonder une seigneurie châtelaine ». Le chevalier (''miles'') résidait selon lui « plutôt dans une grosse ferme pourvue de quelques éléments de défense »{{sfn|Debord|1983|p=97|loc=|id=}}.

On sait aussi aujourd'hui, grâce à l'[[archéologie]] qu'un « château à motte », bâti pour durer, connaissait un certain nombre de phases. En 2004, des archéologues ont découvert une demeure en bois avec tous les vestiges de la vie quotidienne du {{s-|XI}} à [[Pineuilh]] (Gironde). Les fouilles ont confirmé une occupation médiévale de la fin du {{s-|X}} à la fin du {{s-|XI}}. On a déterminé qu'à partir de 978, la première habitation est construite au centre de l'enclos, puis en 981, elle est remplacée par un grand bâtiment assis sur des poteaux de bois, en activité jusque vers 1070<ref>F. Prodéo, « La seconde vie du seigneur de Pineuilh », ''L'Histoire'', 285, 2004</ref>. Les fouilles de [[Doué-la-Fontaine]] (M. de Boüard), ont révélé aussi le renforcement d'une ''aula'' (salle) carolingienne par emmottement de ses murs dont les ouvertures ont été préalablement obstruées et qui ont été surélevés en vue de la transformer en véritable donjon{{sfn|Boüard|1974|p=11|loc=|id=}}.

Contrairement à une idée reçue, la tour résidentielle en bois au sommet de la motte, n'est pas toujours dépourvue de confort. Elle peut être grande et très confortable, car le bois et la terre sont des matériaux isolants qui peuvent agir de concert lorsque la tour est construite en [[torchis]] et [[colombage]]s. Des tapisseries servent à tendre les appartements, à en déguiser la nudité, à les protéger du froid et les résidents peuvent se chauffer à l’aide de [[brasero]]s. Des décors sculptés ou peints peuvent orner les murs intérieurs. La [[tapisserie de Bayeux]] semble indiquer que ces tours représentées sont soit recouvertes d'un crépi de chaux ou d'un enduit d'argile qui renforcent l'isolation thermique, soit de carreaux en terre cuite, parfois décorés, plus à fonction ostentatoire<ref>{{Ouvrage|auteur1=Philippe Durand|titre=Le château-fort|éditeur=[[Éditions Jean-Paul Gisserot]]|année=1999|passage=17-19}}.</ref>.

La motte castrale, également siège du pouvoir, peut jouer un rôle militaire. Son succès est dû en particulier à son élévation rapide, grâce à des matériaux abondants et peu coûteux, et à sa défense qui nécessite peu d’hommes. C’est un édifice que les seigneurs se transmettent sur plusieurs générations en l'aménageant autant que nécessaire. Sur le bord de la [[Canche (fleuve)|Canche]], on peut remarquer l’importance de la petite [[chevalerie]] telle que la famille de Rollepot. Mathieu de Rollepot est qualifié de sire (''dominus'') dans les années 1240 et son pouvoir est établi, tout comme celui de son voisin, seigneur à Ligny, sur une motte castrale qui, du haut de son talus, domine la vallée de la Canche et le chemin qui menait à l'[[Abbaye Notre-Dame de Cercamp|abbaye de Cercamp]]<ref>J.-F. Nieus, ''Un pouvoir comtal entre Flandre et France : Saint-Pol, 1000-1300'', De Boeck, Bruxelles, 2005, {{p.|274}}.</ref>. Le pouvoir s’organise également sur une aire d’attraction (''districtus'') qui varie selon les châteaux. Plus le seigneur de la forteresse est puissant, plus le ''districtus'' est large. Dans le cas classique, l’autorité de la motte s’exerce uniquement dans les limites de la seigneurie, soit un kilomètre environ à la ronde. Comme partout ailleurs, les petits seigneurs tentent de s’arroger de nouveaux droits ou d'étendre ceux qu’ils possèdent.

=== Extension des terroirs et fonction commerciale ===
[[Image:Londoncnut.jpg|vignette|Denier frappé par les Vikings.]]

Si au {{s-|IX}} les pillages des Vikings ont notablement ralenti l'économie, celle-ci est en expansion soutenue à partir du {{s-|X}}. Dès cette époque, il devient plus rentable pour les pillards de s'installer sur un territoire, recevoir un tribut contre la tranquillité des populations et commercer que de guerroyer<ref name="Balard89">Michel Balard, Jean-Philippe Genet et Michel Rouche, ''Le Moyen Âge en Occident'', Hachette 2003, {{p.|89}}.</ref>. Les Vikings participent ainsi pleinement au processus de féodalisation et à l'expansion économique qui l'accompagne. Ils doivent écouler leur butin, et ils frappent de la monnaie à partir des métaux précieux qui étaient thésaurisés dans les biens religieux pillés. Ce numéraire, qui est réinjecté dans l'économie{{sfn|Contamine|Bompaire|Lebecq|Sarrazin|2004|p=92|loc=|id=contamine04 }}, est un catalyseur de premier plan pour la mutation économique en cours. La masse monétaire globale augmente d'autant qu'avec l'affaiblissement du pouvoir central, de plus en plus d'évêques et de princes battent monnaie. Or la monétarisation grandissante de l'économie est un puissant catalyseur : les paysans peuvent tirer profit de leurs surplus agricoles et sont motivés pour accroître leur capacité de production par l'emploi de nouvelles techniques et l'augmentation des surfaces cultivables via le défrichage. L'instauration du droit banal contribue à cette évolution, car le producteur doit dégager suffisamment de bénéfices pour pouvoir verser le [[Cens (droit seigneurial)|cens]]. Les châtelains réinjectent d'ailleurs ce numéraire dans l'économie, car l'un des principaux critères d'appartenance à la noblesse en pleine structuration est d'avoir une conduite large et dispendieuse envers ses pendants (cette conduite étant d'ailleurs nécessaire pour s'assurer la fidélité de ses milites){{sfn|Contamine|Bompaire|Lebecq|Sarrazin|2004|p=153|loc=|id=contamine04 }}.
[[Image:Mittelrheinischer Meister des 13. Jahrhunderts 001.jpg|vignette|gauche|À partir du {{s-|IX}}, l'amélioration progressive de la productivité agricole entraîne une expansion démographique, qui est à la base d'une phase de croissance qui s'accélère à partir de {{s-|X}} et dure jusqu'au {{s-|XIV}}.]]
De fait, dans certaines régions, les mottes jouent un rôle pionnier dans la conquête agraire sur le ''[[saltus]]''. En [[Thiérache]], c'est « à l'[[essart]]age de terres revenues à la forêt qu'est lié le premier mouvement castral ». En Cinglais, région située au sud de [[Caen]], les châteaux primitifs s'étaient installés aux confins des ensembles forestiers{{sfn|Bonnassie|Toubert|2004|p=45|loc=|id=}}. Dans tous les cas, l’implantation castrale en périphérie du village est très courante{{sfn|Barthélemy|1990|p=105|loc=|id=}}. Ce phénomène s’insère dans un peuplement linéaire très ancré et ancien qui se juxtapose à des défrichements bien antérieurs au phénomène castral (datant probablement de l'époque carolingienne). Néanmoins, les chartes du nord de la France ont confirmé une activité d’essartage intensive encore présente jusqu’au milieu du {{s-|XII}} et même au-delà.

La motte castrale a pu être le point de départ d’une organisation ou d’une réorganisation villageoise, ou n’avoir entretenu aucun rapport étroit avec celle-ci. Les mottes castrales sont localisées au bout des villages comme si elles avaient servi de point de départ pour une mise en valeur du terroir<ref>N. Lebas, « Quelles fonctions de la motte castrale en France du Nord ? La situation entre Montreuil et Arras ({{sp-|X|-|XIII}}) », ''Bulletin du Haut-Pays'', 73, 2007, {{p.|18-19}}.</ref>. Certains systèmes castraux ne seraient, en dehors des résidences châtelaines, en particulier sur les marges des comtés, que des mottes de défrichement suivant les caractéristiques des « châteaux stratégiques » et dont les finalités politiques viseraient à la mise en culture des terres et même dans certains cas à l’établissement d’un village<ref>« La distribution des châteaux dans (…) une région géographique, a parfois été expliquée par des plans concertés qui auraient été conçus en vue de la réalisation de lignes stratégiques, articulées en fonction de frontières, des routes, des points de passage et faites de places fortes respectant entre elles des distances calculées ». {{harvsp|Fournier|1978|p=153|loc=|id=}}.</ref>.

D'autre part, la seigneurie comme le clergé ont bien perçu l'intérêt de stimuler et de profiter de cette expansion économique : ils favorisent les défrichages et la construction de nouveaux villages, et ils investissent d'autant plus dans des équipements augmentant les capacités de productions (moulins, pressoirs, fours, charrues…) et de transports (ponts, routes…) que ces infrastructures permettent d'augmenter les revenus banaux, de prélever péages et [[tonlieu]]{{sfn|Contamine|Bompaire|Lebecq|Sarrazin|2004|p=164|loc=|id=contamine04 }}. De fait, l'augmentation des échanges entraîne la multiplication des routes et des marchés (le réseau qui se met en place est immensément plus dense et ramifié que ce qui pouvait exister dans l'Antiquité){{sfn|Contamine|Bompaire|Lebecq|Sarrazin|2004|p=191|loc=|id=contamine04 }}. Ces ponts, villages et marchés se construisent donc sous la protection d'un seigneur qui est matérialisée par une motte castrale. Le pouvoir châtelain filtre les échanges de toutes sortes qui s'amplifient à partir du {{s-|XI}}. On voit de nombreux ''castra'' implantés sur les axes routiers importants, sources d'un apport financier considérable pour le seigneur du lieu. Pour la [[Picardie (ancienne région administrative)|Picardie]], [[Robert Fossier]] a remarqué que près de 35 % des sites localisables en terroirs villageois sont situés sur des [[voie romaine|voies romaines]] ou à proximité, et que 55 % des nœuds routiers et fluviaux possédaient des points fortifiés<ref>« La mainmise sur les échanges : routes et péages », ''Archéologie médiévale'', XI, 1981, {{p.|121-122}}.</ref>. Autrement dit, la motte n'est pas seulement une simple innovation architecturale, elle s'insère complètement dans la « grande révolution du {{s-|X}} » que connut l'Occident chrétien et en constitue un élément fondamental comme créateur d'un paysage nouveau<ref>C'est P. Toubert qui, le premier, a parlé de « révolution du {{s-|X}} », même si les recherches ont montré qu'au ''Latium'', le changement commença bien plus tôt, vers la fin du {{s-|VIII}}. {{harvsp|Toubert|1973|p=321-330|loc=|id=}}.</ref>.
{{clr}}

== {{Lang|it|''Incastellamento''}} et encellulement ==
=== ''Incastellamento'' : la motte en relief montagneux ===
{{article détaillé|Incastellamento}}

En 1973, la thèse de [[Pierre Toubert]] révolutionna pour longtemps la recherche sur le château de l'an mil. C'était dans la parfaite continuité des études régionales encouragées dès les années 1940 par [[Marc Bloch]]. Ainsi le suivirent, André Déléage (Bourgogne, 1941), [[Georges Duby]] (Mâconnais, 1953) et Gabriel Fournier (Basse-Auvergne, 1962). Le château fut dès lors considéré dans une approche plus régionale que théorique<ref>« Châteaux et pouvoirs de commandement », ''Archéologie médiévale'', 1981, {{p.|74}}.</ref>. On tenta aussi d'étudier le château en rapport avec l'habitat, à l'instar du village médiéval rassemblé au pied de « son » château. Ce phénomène est assez caractéristique de l'ensemble de l'arc méditerranéen et secondairement l'Atlantique, où les exemples de ''castra'' villageois ne manquent pas<ref>En Charente, {{nobr|62 châteaux}} entre 990 et 1099 ont été répertoriés; {{Ref-Charente-Debord|passage=130}}.</ref>.

[[Fichier:Castelnou.jpg|gauche|vignette|Une motte naturelle, l'éperon de [[Castelnou]] ([[Pyrénées-Orientales]]).]]

En quoi consiste l'[[incastellamento]] italien ? Le mot francisé en « enchâtellement » désigne l'action de fortifier un bâtiment ou un village. Au départ P. Toubert avait suggéré que cette emprise territoriale était née entre la dernière mention des habitats de type ''fundus'', ''villa'' et la première mention de cet habitat comme ''castrum'', soit au cours du {{s-|X}} {{sfn|Toubert|1999|p=321-320|loc=|id=}}. Des recherches postérieures ont montré que ce phénomène émergea bien plus tôt, c'est-à-dire au {{s-|IX}} voire dans la seconde moitié du {{s-|VIII}} où on note une corrélation entre la reprise démographique et la réorganisation agraire{{sfn|Toubert|1999|p=119-120|loc=|id=}}. Le [[Latium]] connaît une phase active de construction et de destruction des ''castrums'' autour de l'an mil : le château désormais en pierre, se dresse sur un site élevé autour duquel se regroupent l'église et les maisons<ref>A. Catafau, « Aspects du pouvoir seigneurial de la Catalogne à l'Italie ({{sp-|IX|-|XIV}}) », Rives nord-méditerranéennes, juillet 2001.</ref>{{,}}{{sfn|Toubert|1973|p=334|loc=|id=}}.

D'autres régions ont connu le même processus d'incastellamento, avec des variantes locales : ainsi dans la région de [[Béziers]], la chronologie est différente. Bien que Monique Bourin ait remarqué une multiplication des centres fortifiés dès la fin du {{s-|X}}, « la dispersion de l'habitat reste encore de règle »<ref>M. Bourin, ''Villages médiévaux en Bas-Languedoc : Genèse d'une sociabilité ({{sp-|X|-|XIV}})'', t. 1, L'Harmattan, Paris, 1987, {{p.|48}}.</ref>. D'autre part, elle a remarqué que le ''perchement villageois'' n'était pas commun, loin de là. Au milieu des villages fortifiés, Dominique Baudreu a signalé la présence de villages dénués de toute fortification. C'est ce qu'il appelle des points de résistance à l'incastellamento : cette situation est l'indication notable du maintien de possessions ecclésiastiques anciennes « étrangères à la logique châtelaine »<ref>D. Baudreu, « Des villages ouverts dans la plaine de l'Aude : une anomalie ? », ''Les sociétés méridionales à l'âge féodal''…, {{p.|134}}.</ref>.

En [[Comté de Roussillon|Roussillon]], le regroupement des hommes au pied de la forteresse est à concilier avec une « occupation du sol et un paysage déjà fortement marqués par le phénomène des celleres (celliers pour les réserves de grain) ». Aymat Catafau a montré que ces derniers étaient des entrepôts paysans situés dans l'espace consacré « généralement de trente pas de largeur entourant l'église », dans lesquels on stockait les récoltes à l'abri des vols{{sfn|Catafau|1998|p=72-80|loc=|id=}}. C'est le phénomène castral des années 950-1050 qui précipita l'association des celleres avec le centre fortifié. Le meilleur exemple est le village de [[Castelnou]] dont la toponymie ''castellum novum'' souligne bien cette réorganisation territoriale de l'an mil. Il est mentionné pour la première fois en 993 dans un [[plaid]] où la comtesse Ermengarde dit résider dans ce château d'une dizaine de mètres de haut{{sfn|Catafau|1998|p=256-257|loc=|id=}}. Ce dernier est posé sur un éperon rocheux à {{unité|320|m}} d'altitude, dominant le village (lui-même fortifié), étendu en pente douce sur une cinquantaine de mètres. Dans le contexte d'incastellamento, les vicomtes du [[Vallespir]] ont à coup sûr regroupé une population attachée à son cellier ancien tout en verrouillant le col qui mettait en relation la plaine et le plateau.

L'incastellamento est plus largement l'aboutissement d'un phénomène démographique, agraire et sociétal en germe depuis le début de l'époque carolingienne. C'est le schéma d'une politique et d'une réorganisation territoriale qui a touché les rives méditerranéennes pour plusieurs raisons :
* d'un point de vue topographique, le relief ([[Apennins]], [[Alpes]] et [[Pyrénées]]) permet un abri naturel favorisant les sites perchés ; la montagne fournit de nombreuses carrières de pierres qui assurent des châteaux plus solides donc plus efficaces ;
* avant le milieu du {{s-|XI}}, la Méditerranée reste la zone active du commerce européen. On sait que dès le {{s-|VIII}}, le commerce était déjà actif à [[Milan]] et [[Pavie]]<ref>J.-P. Delumeau, ''L'Italie au Moyen Âge ({{sp-|V|-|XV}})'', Hachette, Paris, 2002, {{p.|49}}.</ref> ;
* la fin de l'occupation sarrasine du [[La Garde-Freinet|Freinet]], à la suite de l'expédition des comtes de Provence lors de la [[bataille de Tourtour]] en 973, a dû être une période de renouveau dans la société méditerranéenne.

=== L'encellulement : rivalité de la motte et de l'église ===
{{article détaillé|encellulement}}
[[Image:Maisnières église (depuis la motte) 1.jpg|vignette|L'église de [[Maisnières]] (Somme) vue depuis la motte.]]

En France septentrionale, la situation est différente. Le relief ne se prête pas comme dans le midi à l’''incastellamento'', même si certaines mottes sont localisées sur une éminence naturelle. Celle-ci ne contraste pas assez avec le village en contrebas pour que le perchement villageois soit possible. Du point de vue des matériaux, la pierre n'existe pas en quantité suffisante pour que la maçonnerie devienne chose courante dans l'architecture militaire antérieure au {{s-|XIII}}. Forteresses en bois, donc plus vulnérables, sites de construction peu élevés : rien ne se rapproche de l'''incastellamento''<ref>N. Lebas, ''Géohistoire du Ternois médiéval ({{sp-|V|-|XIII}})'', mémoire de maîtrise, Université d'Artois, 2005, {{p.|75-77}}.</ref>. Même si les mottes sont connues dans le nord depuis au moins la fin du {{s-|X}}, le phénomène n' a pas été aussi important que dans les pays méditerranéens. L'une des causes, en dehors de la topographie, en est le démarrage plus tardif de l'activité économique du nord de l'Europe. Celle-ci devient très dynamique à partir du {{s-|XII}} avec l'émergence de l'industrie flamande du drap. Le centre économique se retrouve transféré de la Méditerranée à la mer du Nord au cours du {{s-|XII}}. Comme dans le Midi, les villages du Nord subissent à cette époque un remaniement de leur [[finage]]<ref>N. Lebas, ''Géohistoire…'', {{p.|77}}. Finage : ''Étendue d'une juridiction ou d'une paroisse'', selon Littré</ref>.

Pour rendre compte de cette évolution, [[Robert Fossier]] a proposé la notion d'[[encellulement]] en complément de la notion d’''incastellamento'', plutôt réservée au Midi. Selon lui, la réorganisation territoriale des campagnes a pu être envisagée grâce à l'intervention de la seigneurie<ref>R. Fossier, « Encellulement », ''Dictionnaire encyclopédique du Moyen Âge'', Cerf, Paris, 1997, {{p.|525}}.</ref>. La sédentarisation dans le Nord n'était pas exclusivement liée à l'implantation castrale mais bien plus à l'église et à son [[cimetière]]<ref>Discussions, ''Archéologie médiévale'', XI, 1981, {{p.|95-113}}.</ref>. La relation motte-église est déterminante, à tel point que certaines églises ont été construites ou reconstruites sur l'ancienne motte castrale. L'église paroissiale est apparue avant le château à motte, peut-être dès l'époque mérovingienne.

[[Image:Cleric-Knight-Workman.jpg|vignette|[[Fonctions tripartites indo-européennes|Tripartition de la société médiévale]] : ''oratores'', ''milites'' et ''laboratores.'']]

=== Seigneurs et propriétaires fonciers ===
La mutation impliquée par l'émergence de la motte castrale pose la question du transfert de la jouissance des terres d'une élite foncière à une élite guerrière. Toutefois, le découpage n'est pas linéaire et au fil des donations les grandes propriétés foncières sont extrêmement morcelées et dispersées sur de grandes distances<ref>Olivier Guyotjeannin et Guillaume Balavoine, ''Atlas de l'histoire de France {{sp-|IX|-|XV}}'', Éditions Autrement, 2005, {{p.|27}}.</ref>. La zone sur laquelle un seigneur exerce sa protection est trouée d'enclaves autonomes, qu'il prétend soumettre aux mêmes redevances et à la même justice que celles qu'il imposait à ses manants. Dès lors, la revendication du [[Ban (Moyen Âge)|droit de ban]] et de justice sur les terres d'église ou de propriétaires laïcs, dont les biens et les revenus sont menacés, entraîne un fort mécontentement d'autant que les seigneurs n'hésitent pas à user de violence, intimident ou maltraitent les paysans et se livrent au pillage. On a longtemps prétendu que ce comportement, en entraînant le mécontentement dans la population<ref>Christian Lauranzon-Rosaz, ''La Paix des Montagnes: Origines auvergnates de la Paix de Dieu'', {{p.|3}} [http://www.droit.u-clermont1.fr/pages_statiques/Recherche/CentreRecherche/LeCentredEtudesRomanistiquesDAuvergne/GERHMA/these5a.pdf Site de l'Université de droit de Clermont-Ferrand]</ref> avait déclenché la [[paix de Dieu]], laquelle se serait inscrite dans un vaste mouvement visant à moraliser la conduite de la [[seigneurie]] naissante.
{{clr}}

== Disparition des mottes castrales ==
=== Vulnérabilité ===
[[Fichier:Bayeux Tapestry scene19 detail Castle Dinan.jpg|vignette|gauche|Assaut de la motte castrale de Dinan. Tapisserie de Bayeux, fin du {{s-|XI}}.]]

Les mottes castrales, simples et rapides à construire, permettent de répondre aux enjeux militaires des {{s2-|IX|X}} : contrer les raids de pillage menés par des troupes peu nombreuses et très mobiles. Bien évidemment elles sont moins efficaces face à des armées nombreuses ayant le temps d'organiser un siège. L'usage de machines de siège est en effet déjà connu à l'époque comme l'atteste le récit du siège de Paris par les Normands (il s'agit en général de modèles hérités de l'Antiquité), même si leur efficacité est probablement limitée<ref name="prouteau">Nicolas Prouteau, ''Mieux vaut engin que force ! Les ingénieurs et la guerre de siège aux {{sp-|XI|-|XII|s}}'', Histoire Médiévale {{n°|18}} : ''la guerre de siège'', {{p.|28-29}}.</ref>. Machines, [[bélier (machine de guerre)|béliers]] et échelades sont employés, mais la principale vulnérabilité de ces édifices en bois réside dans le manque de résistance du matériau face au feu allumé, soit par contact direct soit par des projectiles enflammés<ref name="prouteau"/>. On en trouve l'exemple dans le récit du siège du château de Bennecy par [[André de Fleury]] et [[Raoul Glaber]] : en 1031, l'archevêque de Bourges lève un véritable [[ost]] pour faire appliquer la Paix de Dieu aux seigneurs récalcitrants. Cette armée assiège le château de Bennecy<ref name="bartchev">Dominique Barthélémy, ''La chevalerie'', Fayard {{p.|158}}.</ref>, mais l’assaut tourne au massacre et selon Raoul Glaber {{unité|1400|personnes}} (essentiellement des paysans qui y étaient réfugiés avec femmes et enfants) périssent dans l’incendie provoqué par les assaillants<ref name="bartchev"/>. La charpente est parfois recouverte de peaux de bêtes fraîchement tuées, de cuir, d'enduit de terre ou de mottes de gazon, mais elle reste sujette à l'incendie<ref>Article « Les beffrois, machines de guerre », Encyclopaedia universalis, volume 3, Encyclopaedia universalis France, 1968, {{p.|71}}.</ref>.

Cette vulnérabilité au feu est ainsi un des points qui conduisent à la généralisation des châteaux de pierre à la fin du {{s-|XII}}.
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=== Évolution vers le château fort ===
{{Article détaillé|Château fort}}
Le succès des mottes castrales s'explique en partie à la facilité de leur réalisation : les matériaux de construction qu'elle nécessite, la terre et le bois, abondent et sont peu coûteux. Les travaux de terrassement, l'abattage et l'équarrissage du bois, ainsi que la mise en œuvre peuvent être l'affaire d'ouvriers non qualifiés, trouvés parmi les [[Servage|serfs]] [[Corvée|corvéables]] « à merci »<ref>{{Ouvrage|auteur1=Hervé Champollion|titre=Châteaux forts et forteresses de la France médiévale|éditeur=EDL|année=2007|passage=16}}.</ref>.

Le bois est, au début du Moyen Âge, le principal combustible et matériau de construction<ref name="Gimp 79">{{Ouvrage |prénom1=Jean |nom1=Gimpel  |lien auteur1=Jean Gimpel|titre=La révolution industrielle du Moyen Âge |éditeur=Éditions Seuil |année=1975 |passage=p.79 |isbn= |lire en ligne= }}.</ref>, disponible aisément à proximité immédiate et facile à transporter par [[Flottage du bois|flottage]]. Au {{s-|XII}} apparaissent des forges hydrauliques très gourmandes en bois : pour obtenir {{Unité|50|kg}} de fer, il faut {{Unité|200|kg}} de minerai et vingt-cinq stères (m{{3}}) de bois : en quarante jours une seule [[Charbon de bois#Procédés de fabrication|charbonnière]] déboise une forêt sur un rayon d'un kilomètre<ref name="Gimp 79"/>. Au {{s-|XIII}}, le bois se raréfie et se renchérit du fait des défrichages intensifs réalisés en Occident depuis le {{s-|X}}. D'autre part, la forêt menace de ne plus remplir son rôle nourricier pour la population, et de terrain de chasse pour la noblesse. Les autorités prennent donc des mesures pour mieux contrôler les défrichages, ce qui contribue encore à augmenter les prix. Le renchérissement du bois conduit à une utilisation plus systématique de la pierre pour la construction et du charbon comme combustible industriel{{sfn|Gimpel|1975|p=84-85|loc=|id=}}. Au {{s-|X}}, il était possible d’observer des donjons de pierre installés sur les mottes castrales, mais il fallait attendre en général entre un demi-siècle et un siècle que la motte se tasse pour effectuer ce changement de matériau<ref name="a" />.

D'autre part, les techniques de siège, les progrès architecturaux, la taille des armées, les moyens financiers engagés ne sont plus les mêmes (d'autant que l'on assiste à une centralisation de plus en plus manifeste de l'État) et une simple motte castrale en bois assure une défense de moins en moins efficace. L'évolution se fait progressivement entre le {{sp-|XI|et le|XIII}} vers le [[château fort]] en pierre, construit en plusieurs années avec des moyens financiers importants.

[[Fichier:Clough castle motte and bailey County Down.jpg|center|redresse=2.0|vignette|Vestiges de la motte et du {{lien|trad=Clough Castle|château de Clough}} ([[Irlande du Nord]] - {{s-|XIII}}).]]
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=== Un patrimoine menacé ===
[[Fichier:Grimbosq chateauolivet verslamotte.jpg|vignette|Une mise en valeur en milieu forestier, le [[château d'Olivet]], avec la basse-cour à l'arrière-plan et la motte au fond.]]
L'érosion naturelle et la main de l'homme ont fait disparaître nombre de mottes et leurs fossés. Rares sont les sites ayant fait l'objet d'une inscription ou d'un classement au titre des [[monuments historiques]]. Les vestiges de mottes castrales sont souvent dédaignés par les communes ou considérés comme gênants pour l'aménagement par les propriétaires des terrains les accueillant. Pour cette dernière raison, certains ont été détruits, malgré la loi du {{date|15 juillet 1980}} interdisant la destruction de tout site archéologique. Ailleurs, les labours érodent progressivement les micro-reliefs des remparts de terre, les fossés sont comblés par des apports importants de matériaux. Dans les milieux boisés, les travaux forestiers modernes peuvent se révéler destructeurs. Quant aux [[fouilles]] clandestines, pourtant interdites par la loi du {{date|27 septembre 1941}} réglementant les sondages, elles perturbent ou saccagent les niveaux archéologiques<ref>{{Ouvrage|auteur1=Jean-Arnaud Bas|titre=Essai sur l'état et le patrimoine archéologique. L'exemple de la France|éditeur=Presses Universitaires du Septentrion|année=2003|passage=351}}.</ref>.

Seules la protection légale ou une sensibilisation du public permettent d'éviter ces menaces. Certaines mottes, comme celle du [[château d'Olivet]]<ref>[http://www.chateau-guillaume-leconquerant.fr/web/pdf/service-pedagogique/dossiers-thematiques/1-SDAC-Falaise-Grimbosq.pdf Dossier pédagogique : étude du Service départemental d'archéologie du Calvados - {{pdf}}]</ref>, dans le [[Calvados (département)|Calvados]], sont non seulement sauvées, mais aussi mises en valeur par une restauration légère et la mise en place de panneaux didactiques.

Des fouilles réalisées en {{date|avril 2012}} sur la commune de [[Mauguio]], dans le Sud de la France, ont révélé que la motte castrale au cœur de la ville est à ce jour la plus grande des mottes féodales artificielles connues en Europe. S'il ne subsiste rien de la défense érigée sur cette motte vers 960, la motte a été en partie sauvegardée grâce à l'aménagement d'un jardin public inscrit au titre des Monuments historiques<ref>[http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=RETROUVER&FIELD_1=cmer1&VALUE_1=Mauguio&FIELD_2=cmer4&VALUE_2=&FIELD_3=cmer5&VALUE_3=&FIELD_4=AUTR&VALUE_4=&FIELD_5=TOUT&VALUE_5=&FIELD_6=titre%20courant&VALUE_6=&FIELD_7=date%20protection&VALUE_7=&FIELD_8=DOSURLP&VALUE_8=%20&NUMBER=17&GRP=0&REQ=%28%28Mauguio%29%20%3aLOCA%2cPLOC%2cINSEE%20%29&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=9&SYN=1&IMLY=&MAX1=1&MAX2=100&MAX3=100&DOM=Tous Fiche des Jardins de la motte sur le site gouvernemental des Monuments Historiques].</ref>{{,}}<ref>[http://www.mauguio-carnon.com/1-39213-Le-Jardin-de-la-Motte.php Site officiel de la mairie, Le jardin de la Motte].</ref>.
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== Voir aussi ==
{{Autres projets
| commons = Category:Motte and bailey
}}

=== Articles connexes ===
{{colonnes|nombre=3|
* [[Oppidum]]
* [[Camp romain]]
* [[Castellum]]
* [[Castral]]
* [[Haut Moyen Âge]]
* [[Chronologie du haut Moyen Âge]]
* [[An mil]]
* [[Moyen Âge]]
* [[Féodalité]]
* [[Liste des mottes castrales et châteaux à mottes]]
* [[Encellulement]]
* [[Incastellamento]]
* [[Dun (forteresse)|Dun]]
* [[Château fort]]
* [[Château de La Pommeraye]]
* [[Kremlin (homonymie)]]
* [[Odel]]
* [[Pogost]]
* [[Castellologie]]
* [[Robert Fossier]]
* [[Pierre Toubert]]
* [[Sophisme de la motte castrale]]
}}

=== Bibliographie ===
==== Ouvrages ====
* {{Ouvrage |prénom1=Pierre |nom1= Bonnassie |lien auteur1= Pierre Bonnassie|directeur1=oui|prénom2=Pierre |nom2= Toubert |lien auteur2= Pierre Toubert |directeur2=oui |titre= Hommes et sociétés dans l'Europe de l'an Mil|lieu= Toulouse|éditeur= Presses Universitaires du Mirail|année=2004 |isbn=2-85816-719-2 |lire en ligne= }}.
* {{Ouvrage |prénom1= Michel de |nom1=Boüard|lien auteur1=Michel de Boüard |titre= Manuel d'archéologie médiévale : de la fouille à l'histoire|lieu= Paris|éditeur=[[CDU Sedes]] |année= 1975|isbn= |lire en ligne= }}.
* {{Ouvrage |prénom1= Michel |nom1=Bur|lien auteur1= Michel Bur|titre=Le château |lieu= Turnhout|éditeur=Brepols |année=1999 |isbn= |lire en ligne= }}.
* {{Ouvrage |prénom1= Aymat |nom1=Catafau |titre= Les celleres et la naissance du village en Roussillon ({{sp-|X|-|XV}})|lieu= Perpignan|éditeur=PU Perpignan |année=1998 |isbn=2-905828-97-8 |lire en ligne= }}.
* {{Ouvrage |prénom1= André |nom1=Debord|lien auteur1=André Debord |titre= Aristocratie et pouvoir : le rôle du château dans la France médiévale|lieu=Paris |éditeur=Picard |année= 2000|isbn= 2-7084-0601-9|lire en ligne= }}.
* {{Ref-Charente-Debord}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Gabriel  |nom1=Fournier |titre=Le Château dans la France médiévale : essai de sociologie monumentale |lieu= Paris |éditeur=Aubier Montaigne |collection=Sciences Humaines  |année=1978 |isbn= 2-7007-0115-1|lire en ligne= }}.
* Christophe Loiseleur des Longchamps, ''Les fortifications médiévales dans le canton de Gourdon'', Mémoire de Maîtrise. Université de Toulouse - Le Mirail, 1994.
* Hervé Mouillebouche, ''Les maisons fortes en Bourgogne du nord, du {{sp-|XIII|au|XVI}}'', PU de Dijon, Dijon, 2002.
* {{Ouvrage |auteur1=Sébastien Noël |auteur2=Luc Stevens |titre=Souterrains et mottes castrales |sous-titre=Émergence et liens entre deux architectures de la France médiévale |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions L'Harmattan]] |année=2022 |pages totales=422 |isbn=978-2-343-07867-0}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Jean-Pierre |nom1=Poly  |prénom2=Éric |nom2=Bournazel|titre= La mutation féodale {{sp-|X|-|XII}}|lieu= Paris|éditeur=PUF |année= 1980|isbn=2-13-036117-X |lire en ligne= }}.
* Raymond Ritter, ''L'architecture militaire du Moyen Âge'', Paris, Fayard, 1974 {{ISBN|2213000611}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Pierre |nom1=Rocolle  |lien auteur1=Pierre Rocolle|titre=Le temps des châteaux forts : {{sp-|X|-|XV}} |lieu=Paris |éditeur=Colin |année=1994 |isbn= |lire en ligne= }}.
* {{Ouvrage |prénom1= Pierre |nom1= Toubert |lien auteur1= Pierre Toubert |titre=Les structures du Latium médiéval : le Latium méridional et la Sabine du {{sp-|IX|à la fin du|XII}} |lieu= Rome|éditeur=École Française de Rome, |année= 1973|isbn=2-7283-0285-5 |lire en ligne= }}.
* Sous la direction de René Germain, ''Châteaux, mottes, maisons fortes et manoirs en Bourbonnais'', De Borée éditeur, Paris, 2004.
* Michel Brand’Honneur, ''[http://books.openedition.org/pur/11260 Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes : Habitat à motte et société chevaleresque ({{sp-|XI| au |XIII|s}})]'', Presses universitaires de Rennes, Rennes, 2001, {{ISBN|9782868475619}}.

==== Articles ====
* Mathieu Arnoux, « Châtellenie », ''Dictionnaire encyclopédique du Moyen Âge'', Cerf, Paris, 1997, {{p.|313-314}}.
* {{Article |prénom1= Michel de |nom1=Boüard |titre=Quelques données françaises et normandes concernant le problème de l'origine des mottes |périodique= Château-Gaillard|volume= II|date=1967 |pages=p.19-26 |lire en ligne= }}.
* {{Article |prénom1= Michel de |nom1=Boüard |titre=De l'aula au donjon, les fouilles de la motte de la Chapelle à Doué-la-Fontaine ({{sp-|X|–|XI}}) |périodique= Archéologie Médiévale|volume= III-IV|date=1974 |pages=p.19-26 |lire en ligne= }}.
* Michel Bur, « Château fort ». In: Encyclopædia Universalis [en ligne].
*{{Article |prénom1= Michel |nom1=Bur|lien auteur1= Michel Bur|titre=Vers l'an mil, la motte, une arme pour une révolution |périodique= L'Information Historique|numéro=44 |date= 1982|pages=p.101-108 |lire en ligne= }}.
* Michel Colardelle et Chantal Mazard, ''Premiers résultats des recherches sur les mottes médiévales en Dauphiné et en Savoie'', archéologie médiévale, 1979, {{p.|75-95}}.
* {{Article |prénom1= André |nom1=Debord|lien auteur1=André Debord  |titre= Les fortifications de terre en Europe occidentale du {{sp-|X|au|XII}}|périodique=Archéologie médiévale |volume= XI|date=1981 |pages= |lire en ligne= }}, Centre de Recherches Archéologiques Médiévales, Caen.
* {{Article |prénom1= André |nom1=Debord|lien auteur1=André Debord  |titre=  À propos de l'utilisation des mottes castrales|périodique= Château-Gaillard|volume=XI |date= 1983|pages=p.91-99 |lire en ligne= }}.
* Joseph Decaëns, « La motte d'Olivet à Grimbosq (Calvados) : Résidence seigneuriale du {{s-|XI}} », ''Archéologie médiévale'', XI, 1981, Centre de Recherches Archéologiques Médiévales, 1981.
* [[Robert Fossier]], « Encellulement », ''Dictionnaire encyclopédique du Moyen Âge'', Cerf, Paris, 1997, {{p.|525}}.
* Nicolas Lebas, « Quelles fonctions de la motte castrale en France du Nord ? La situation entre Montreuil et Arras ({{sp-|X|–|XII}}) », ''Bulletin du Haut-Pays'', 73, 2007, {{p.|5-20}}.
* {{Chapitre |prénom1= Pierre |nom1= Toubert  |titre chapitre= L'incastellamento, mode d'emploi|titre ouvrage=es sociétés méridionales à l’âge féodal (Espagne, Italie et sud de la France xe-xiiie siècle) : Hommage à Pierre Bonnassie |lieu=Toulouse  |éditeur= Presses universitaires du Midi|année= 1999 |isbn=9782810709922|doi=10.4000/books.pumi.26398.  |lire en ligne=http://books.openedition.org/pumi/26398 |passage=p.119-124}}.
* ''Les mottes castrales et l'évolution des pouvoirs dans les Alpes du Nord. Aux origines de la seigneurie'', Château-Gaillard, Études de castellologie médiévale, XI, Caen, 1983, {{p.|69-90}}.

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|group=Note}}

=== Références ===
{{Références nombreuses|colonnes=4}}

{{Palette|An mille|Fortifications}}
{{Portail|architecture|Moyen Âge central|histoire militaire|archéologie|Châteaux}}
{{Article de qualité|oldid=29723626|date=30 mai 2008}}

[[Catégorie:Architecture militaire du Moyen Âge]]
[[Catégorie:Type de site archéologique]]
[[Catégorie:Motte castrale et château à motte|*]]
[[Catégorie:Glossaire militaire]]