Voir la source de Mobilisation russe de 1914

[[Fichier:TzarNicholasAmongTroops.jpeg|vignette|upright=1.5|L'empereur [[Nicolas II]] présentant une [[Icône (religion)|icône]] à la [[Adoration|dévotion]] de ses soldats.]]
[[Fichier:Russian Infantry LOC 17301u.jpg|vignette|upright=1.5|L'armée impériale montre sa force avant guerre lors des [[Défilé militaire|parades]] organisées en présence des ambassadeurs et [[Attaché militaire|attachés militaires]] étrangers.]]
La '''[[mobilisation]] russe de 1914''' désigne, au tout début de la [[Première Guerre mondiale]], la mise sur le pied de guerre de l'[[armée impériale russe]], c'est-à-dire l'augmentation de ses effectifs et sa concentration aux frontières.

Déclenchée le {{date-|30 juillet 1914}} en réaction à la montée des tensions avec dans un premier temps l'empire d'[[Autriche-Hongrie]] et dans un second l'[[Empire allemand]], cette mobilisation comprend d'une part l'habillement, l'équipement et l'armement des [[Réserve militaire|réservistes]], et d'autre part le transport par [[Voie ferrée|voies ferrées]] de toutes les troupes vers les frontières de l'[[Empire russe]], principalement à l'ouest.
{{article principal|Première Guerre mondiale}}

== Préparation ==
La [[révolution industrielle]] transforme radicalement l'art de la guerre, non seulement par l'évolution de l'armement et de l'équipement, mais surtout par la capacité donnée aux États d'entretenir des effectifs militaires considérables en cas de guerre : d'armées composées de quelques centaines de milliers, on passe à des millions d'hommes. Comme il est économiquement et socialement impossible de tous les maintenir sous l'uniforme en permanence, ils sont laissés à la vie civile pendant le temps de paix, l'État les [[Mobilisation|mobilisant]] en cas de conflit. L'[[armée impériale russe]] est donc, dès la fin du {{XIXe siècle}}, une armée de [[conscription]], comme celle de toutes les armées des grandes puissances continentales européennes de l'époque ([[Empire allemand]], [[Troisième République (France)|République française]] et empire d'[[Autriche-Hongrie]]).

Comme l'[[Empire russe]] est le pays le plus peuplé d'Europe avec une population totale estimée à 167 millions d'habitants en 1914, l'armée impériale peut donc s'appuyer sur un énorme réservoir de [[Réserve militaire|réservistes]]. La loi de 1912 fixe un service militaire pour tous les hommes de {{unité|20|à=43|ans}}, ce qui représente théoriquement un total de douze millions d'hommes (quinze si on prend aussi les différents exemptés), à raison d'environ {{unité|700000|hommes}} pour chacune des 24 classes. À partir de 43 ans les hommes appartiennent à la territoriale, subdivisée en deux classes, destinées aux garnisons et à la surveillance des lignes de communication ; la majorité de ces hommes n'ayant pas connu la conscription, seuls deux millions de territoriaux sont concernés par une mobilisation<ref name="Sergei">{{lien web |langue=en |auteur=Sergei Dobrorolski |url=http://www.vlib.us/wwi/resources/archives/texts/t040831b.html |titre=The Russian Mobilisation of 1914 |site=vlib.us }}.</ref>.

=== Districts militaires ===
Le territoire de l'[[Empire russe]] est subdivisé en douze [[Région militaire|districts militaires]], chacun correspondant à plusieurs [[Gouvernement (Empire russe)|gouvernements]] civils<ref>{{lien web |langue=en |url=http://marksrussianmilitaryhistory.info/RUSS1914.html |titre=The Russian army, 1914 |site=marksrussianmilitaryhistory.info }}.</ref>. Les grandes unités stationnées sur le territoire d'un district sont structurées en plusieurs grandes unités ([[corps d'armée]], [[Division (militaire)|divisions]] et [[brigade]]s) et sont sous les ordres du général commandant ce district. En cas de mobilisation, les [[État-major|états-majors]] des différentes [[Armée (unité)|armées]] sont créés à partir de ceux des districts.
[[Fichier:Map of Military Districts of Russian Empire 1913.png|vignette|centré|upright=2.5|Carte des districts militaires à partir de la réforme de 1913.]]

{| class="wikitable alternance centre" style="text-align:center;"
 |+ Organisation territoriale de l'armée russe en 1914
 |-
 ! scope="col" | Districts militaires
 ! scope="col" | Sièges de districts
 ! scope="col" | Grandes unités
 ! scope="col" | Subdivisions civiles
 |-
 | District de Pétersbourg || [[Saint-Pétersbourg]] || Garde, {{1er}}, {{18e}} et [[22e corps d'armée (Empire russe)|{{22e|corps}}]] || [[Gouvernement de Saint-Pétersbourg (1721-1917)|Saint-Pétersbourg]], [[Gouvernement d'Olonets|Olonets]], [[Gouvernement d'Arkhangelsk|Arkhangelsk]], [[Gouvernement de Novgorod|Novgorod]], [[Gouvernement de Pskov|Pskov]], [[Gouvernement d'Estonie|Estonie]] et une partie de la [[Gouvernement de Livonie|Livonie]]
 |- 
 | District de Vilno || [[Vilnius]] || {{2e}}, {{3e}}, {{4e}} et {{20e|corps}} || [[Gouvernement de Vilna|Vilno]], [[Gouvernement de Grodno|Grodno]], [[Gouvernement de Kowno|Kovno]], [[Gouvernement de Courlande|Courlande]], [[Gouvernement de Vitebsk|Vitebsk]], [[Gouvernement de Moguilev|Moguilev]], [[Gouvernement de Minsk|Minsk]], [[Gouvernement de Suwałki|Suwałki]] et une partie de la [[Gouvernement de Livonie|Livonie]]
 |- 
 | District de Varsovie || [[Varsovie]] || {{6e}}, [[14e corps d'armée (Empire russe)|{{14e}}]], {{15e}}, {{19e}} et {{23e|corps}} || [[Royaume du Congrès|Pologne]]
 |- 
 | District de Kiev || [[Kiev]] || {{9e}}, {{10e}}, [[11e corps d'armée (Empire russe)|{{11e}}]], {{12e}} et {{21e|corps}} || [[Gouvernement de Kiev|Kiev]], [[Gouvernement de Podolie|Podolie]], [[Gouvernement de Volhynie|Volhynie]], [[Gouvernement de Tchernigov|Tchernigov]], [[Gouvernement de Poltava|Poltava]], [[Gouvernement de Kharkov|Kharkov]] et [[Gouvernement de Koursk|Koursk]]
 |- 
 | District d'Odessa || [[Odessa]] || {{7e}} et {{8e|corps}} || [[Gouvernement de Bessarabie|Bessarabie]], [[Gouvernement de Kherson|Kherson]], [[Gouvernement de Iekaterinoslav|Iekaterinoslav]] et [[Gouvernement de Tauride|Tauride]]
 |- 
 | District de Moscou || [[Moscou]] || Grenadiers, {{5e}}, {{13e}}, {{17e}} et {{25e|corps}} || [[Gouvernement de Moscou (1708-1929)|Moscou]], [[Gouvernement de Smolensk|Smolensk]], [[Gouvernement de Tver|Tver]], [[Gouvernement de Iaroslavl|Iaroslavl]], [[Gouvernement de Kostroma|Kostroma]], [[Gouvernement de Vologda|Vologda]], [[Gouvernement de Vladimir|Vladimir]], [[Gouvernement de Nijni Novgorod|Nijni Novgorod]], [[Gouvernement de Kalouga|Kalouga]], [[Gouvernement de Toula|Toula]], [[Gouvernement de Riazan|Riazan]], [[Gouvernement d'Orel|Orel]], [[Gouvernement de Tambov|Tambov]] et [[Gouvernement de Voronej|Voronej]]
 |- 
 | District de Kazan || [[Kazan]] || {{16e}} et {{24e|corps}} || [[Gouvernement de Kazan|Kazan]], [[Gouvernement de Viatka|Viatka]], [[Gouvernement de Perm|Perm]], [[Gouvernement d'Oufa|Oufa]], [[Gouvernement de Simbirsk|Simbirsk]], [[Gouvernement de Samara|Samara]], [[Gouvernement de Penza|Penza]], [[Gouvernement de Saratov|Saratov]] et [[Gouvernement d'Astrakhan|Astrakhan]]
 |- 
 | District du Caucase || [[Tbilissi|Tiflis]] || {{1er}}, {{2e}} et {{3e|corps}} caucasiens || [[Gouvernement de Stavropol|Stavropol]] et [[Transcaucasie]]
 |- 
 | District du Turkestan || [[Tachkent]] || {{1er}} et {{2e|corps}} du Turkestan || [[Oblast du Syr-Daria|Syr-Daria]], [[Oblast de Samarcande|Samarcande]] et [[Oblast de Ferghana|Ferghana]]
 |- 
 | District d'Omsk || [[Omsk]] || {{11e|division}} de fusiliers sibériens || [[Gouvernement de Tobolsk|Tobolsk]], [[Gouvernement de Tomsk|Tomsk]], [[Oblast d'Akmolinsk|Akmolinsk]], [[Oblast de Semipalatinsk|Semipalatinsk]] et [[Oblast de Semiretchie|Semiretchie]]
 |- 
 | District d'Irkoutsk || [[Irkoutsk]] || {{2e}} et {{3e|corps}} sibériens || [[Gouvernement d'Irkoutsk|Irkoutsk]], [[Gouvernement du Ienisseï|Ienisseï]] et [[Oblast de Iakoutsk|Iakoutsk]]
 |- 
 | District de l'Amour || [[Khabarovsk]] || {{1er}}, {{4e}} et {{5e|corps}} sibériens || [[Oblast de Transbaïkalie|Transbaïkalie]], [[Oblast de l'Amour|Amour]], la [[Oblast de Primorié|côte du Pacifique]] et [[Oblast de Sakhaline (Empire russe)|Sakhaline]]
 |}

=== Alliance française ===
{{article détaillé|Alliance franco-russe}}
L'idée d'une alliance entre l'[[Empire russe]] et la [[Troisième République (France)|République française]] est évoquée en 1891 d'une part à [[Saint-Pétersbourg]] entre le ministre [[Nicolas de Giers|Nicolas Karlovitch de Giers]] et l'ambassadeur de France [[Gustave Lannes de Montebello]], d'autre part à [[Paris]] entre le ministre [[Alexandre Ribot]] et l'ambassadeur de Russie [[Arthur Pavlovitch de Mohrenheim|Arthur von Mohrenheim]]. Des négociations secrètes commencent en {{date-|juillet 1891}} entre les représentants des deux états-majors, les généraux [[Raoul Le Mouton de Boisdeffre|de Boisdeffre]] et [[Nicolas Obroutchev|Obroutchev]] : ils signent le {{date-|18 août 1892}} une convention défensive prévoyant un soutien militaire mutuel des deux pays en cas d'agression de l'un d'eux par l'[[Empire allemand]] ou par l'empire d'[[Autriche-Hongrie]]<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Pierre |nom1=Rigoux |titre=Tannenberg 1914 |sous-titre=sacrifice russe pour la France ? |lieu=Paris |éditeur=[[Economica]] |collection=Campagnes et stratégies |numéro dans collection=82 |année=2010 |pages totales=136 |passage=17-18 |isbn=978-2-7178-5831-0 |id=Rigoux}}.</ref>. Le texte est finalement ratifié le {{date-|27 décembre 1893}} par l'empereur [[Alexandre III (empereur de Russie)|Alexandre III]] et le {{date-|4 janvier 1894}} par le président [[Sadi Carnot (homme d'État)|Carnot]] (le retard est dû au [[scandale de Panama]], qui a levé le secret sur les discussions franco-russes).

Cette alliance militaire est presque immédiatement connue de toute l'Europe par une série d’événements symboliques : dès la fin {{date-|juillet 1891}}, l'escadre française du nord est accueillie dans la base navale russe de [[Kronstadt]], puis, en {{date-|octobre 1893}}, l'[[Marine impériale de Russie|escadre russe]] de la [[mer Noire]] fait de même à [[Toulon]]. En 1896, l'empereur [[Nicolas II]] se rend à Paris et pose la première pierre du [[pont Alexandre-III]], tandis qu'en 1897 le président [[Félix Faure|Faure]] fait de même à [[Saint-Pétersbourg]] avec le [[pont de la Trinité]]. En {{date-|septembre 1901}}, Nicolas II assiste aux [[grandes manœuvres]] de l'armée française, qui ont lieu cette année-là en [[Champagne (province)|Champagne]] autour de [[Bétheny]]. En {{date-|mai 1902}}, le président français [[Émile Loubet]] rend la pareille en faisant une visite officielle en Russie, assistant à une imposante revue militaire. En 1909, l'empereur visite la base de [[Cherbourg-Octeville|Cherbourg]]. En 1912, le grand-duc [[Nicolas Nikolaïevitch de Russie (1856-1929)|Nicolas]] assiste aux grandes manœuvres françaises. Toujours en 1912, en août, le président du Conseil [[Raymond Poincaré|Poincaré]] fait une visite officielle en Russie, expérience qu'il renouvelle comme président de la République en {{date-|juillet 1914}}.
<gallery caption="La visite du président français en Russie en 1902, vue par [[Caran d'Ache]]" mode="packed" heights="220">
Fichier:Caran d'ache comment j'ai conquis la russie3.jpg|« Premier contact » : la réception du président [[Émile Loubet]] par les soldats de marine à [[Kronstadt]].
Fichier:Caran d'ache comment j'ai conquis la russie11.jpg|« Après la revue » : chœur de [[cosaques]] de l'[[Ataman]].
</gallery>

Cette alliance apporte à la Russie le soutien financier français. Entre 1887 et 1913, des [[Emprunt russe|emprunts russes]] (18 émis par l'État, 32 garantis par celui-ci pour des entreprises et 6 par des grandes villes) sont souscrits par les épargnants européens, les Français participant majoritairement pour un montant total estimé en 1914 à {{unité|11.5|milliards}} de [[Franc-or|francs-or]] (auxquels se rajoutent les {{unité|2.24|milliards}} de francs d'investissement directs français en Russie<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Romain |nom1=Yakemtchouk |titre=La France et la Russie |sous-titre=alliances et discordances |lieu=Paris |éditeur=l'Harmattan |année=2011 |pages totales=261 |passage=69 |isbn=978-2-296-56222-6 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=xnpj7WA0BusC&printsec=frontcover |id=Yakemtchouk}}, citant {{Ouvrage |prénom1=René |nom1=Girault |titre=Emprunts russes et investissement français en Russie, 1887-1914 |sous-titre=recherches sur l'investissement international |lieu=Paris |éditeur=[[Armand Colin]] |collection=Publications de la Sorbonne |numéro dans collection=3 |année=1973 |pages totales=618 |isbn= |bnf=35439742d}}.</ref>. En 1906, les caisses de l'État russe, mises à mal par la [[guerre russo-japonaise]] de 1904-1905, sont renflouées par un [[emprunt d'État]] de {{unité|2.25|milliards}} à 5 % (la Russie n'inspire pas confiance à la suite de la [[Révolution russe de 1905|révolution de 1905]])<ref>{{harvsp |Rigoux |2010 |p=23 |id=Rigoux }}.</ref>, la moitié souscrit par des banques françaises. Ces emprunts sont assortis d'une condition : qu'ils servent entre autres au développement des lignes stratégiques du réseau ferroviaire russe, les Français insistant en 1898 sur la ligne d'[[Orenbourg]] à [[Tachkent]] (menaçant l'[[Afghanistan]] et les [[Provinces de l'Empire des Indes|Indes britanniques]], dans le [[Crise de Fachoda|contexte de Fachoda]]){{#tag:ref |Les tensions entre la Russie et le [[Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande|Royaume-Uni]] en [[Asie centrale]] (le [[Grand Jeu (géostratégie)|Grand Jeu]]) ne sont réglées que le 31 août 1907 par la signature de la [[Convention anglo-russe de 1907|convention anglo-russe]] entre le ministre [[Alexandre Petrovitch Izvolski|Izvolski]] et l'ambassadeur britannique [[Arthur Nicolson|Nicolson]], les Russes renonçant à intervenir en [[Afghanistan]] et les Britanniques au [[Tibet]], la [[empire perse|Perse]] étant partagée en deux zones d'influence<ref>{{harvsp |Yakemtchouk |2011 |p=75-76 |id=Yakemtchouk }}.</ref>. Cet accord créé la [[Triple-Entente]].|group= n}}, puis en 1904 sur celle de [[Bologoïe]] (sur la ligne de [[Moscou]] à [[Saint-Pétersbourg]]) à [[Siedlce]] (en [[Pologne]], menaçant l'Allemagne)<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Pierre-Yves|nom1=Hénin|lien auteur1=Pierre-Yves Hénin|titre=Le Plan Schlieffen|sous-titre=Un mois de guerre - deux siècles de controverses|lieu=Paris|éditeur=[[Economica]]|collection=Campagne & stratégies|numéro dans collection=99|année=2012|pages totales=572|passage=292|isbn=978-2-7178-6447-2|id=Hénin}}, citant {{article |langue=en |prénom1=D. N. |nom1=Collins |titre=The Franco-Russian Alliance and Russian Railways, 1891-1914 |périodique=The Historical Journal |éditeur=Cambridge University Press |mois=décembre |année=1973 |numéro=162 (4) |passage=779 }} et {{article |langue=en |prénom1=D. W. |nom1=Spring |titre=Russia and The Franco-Russian Alliance: Dependance or Interdependence? |périodique=The Slavonic and East Européean Review |volume=66 |numéro=4 |mois=octobre |année=1988 |passage=568-569 }}.</ref>.

L'autre apport français fut technologique, dans les domaines militaires de la construction mécanique et de la chimie : par exemple l'entreprise française [[Schneider Electric|Schneider]] participe au développement en Russie du [[canon de 76 mm modèle 1902|canon de {{unité|76.2|mm}} modèle 1902]] (fabriqué dans l'usine Poutilov de Saint-Pétersbourg, future [[usine Kirov]]) et de l'obusier de {{unité|152|mm}} modèle 1910 (construit par Poutilov et par l'usine de [[Perm]], au pied de l'[[Oural]]), permettant ainsi de moderniser l'artillerie russe avec des pièces à frein hydro-pneumatique.

=== Plan 19 ===
{{article connexe|Plan Schlieffen|Plan XVII}}
Le plan russe de mobilisation et de déploiement s'appelle le « plan 19 » (la numérotation commence après la [[guerre russo-turque de 1877-1878]])<ref name="Sergei"/>, il a été préparé par le général [[Iouri Danilov]] en 1910 et a été modifié en {{date-|mai 1912}}<ref>{{harvsp |Rigoux |2010 |p=44 |id=Rigoux }}.</ref> (avec deux variantes, les plans « 19 A » et « 19 G », permutables jusqu'au {{9e|jour}}<ref>{{harvsp |Hénin |2012 |p=294 |id=Hénin }}.</ref>). Ce plan prévoit le déploiement d'un premier échelon de [[Division (militaire)|divisions]] (toutes d'active) aux frontières, terminant leur concentration du {{15e}} au {{20e|jour}} après le début de la mobilisation<ref name="Rigoux p32">{{harvsp |Rigoux |2010 |p=32 |id=Rigoux }}.</ref>, le second échelon de divisions (essentiellement de réserve) devant arriver à la fin de la mobilisation. Pour respecter les engagements envers les alliés français, qui espèrent que le « [[rouleau compresseur]] russe » fonce sur [[Berlin]], le front Nord-Ouest doit passer à l'offensive le plus tôt possible (la promesse renouvelée à [[Joseph Joffre|Joffre]] lors des conférences de {{date-|juillet 1912}} et d'{{date-|août 1913}} était que les opérations commenceraient dès le {{15e|jour}})<ref>{{harvsp |Rigoux |2010 |p=33 |id=Rigoux }}.</ref>, mais les détails du plan restent secrets<ref>{{harvsp |Rigoux |2010 |p=26 |id=Rigoux }}.</ref>. La répartition des forces russes n'est communiquée à l'ambassadeur français (qui informe immédiatement par télégramme le [[ministère de l'Europe et des Affaires étrangères|ministre des Affaires étrangères]] à Paris, qui transmet à Joffre) que le {{date-|22 août}}<ref name="AFGG"/>.
{{citation bloc |Les troupes de l'armée active mobilisées auront, à l'exception des derniers éléments des trains et convois, terminé leur concentration à la frontière le {{15e|jour}} et que l'on s'efforcera de prendre l'offensive dès cette date sans attendre les derniers éléments dont il s'agit et qui ne seront au complet que le {{20e|jour}}. |Déclaration du général [[Yakov Jilinski|Gilinski]] au général [[Augustin Dubail|Dubail]], lors de la conférence d'état-major d'août 1911 à [[Krasnoïe Selo]]<ref name="Rigoux p32" />.}}

{{citation bloc |Nos alliés s'engageaient à ne pas attendre que la concentration de leurs armées fût complète pour agir. L'offensive serait prise dès que les forces de première ligne seraient en position, ils ont calculé que la frontière russo-allemande pourrait être franchie, grâce à cette mesure, dès le {{16e|jour}}. Enfin d'un commun accord, il fut entendu qu'une offensive décidée pourrait seule donner le succès. |Déclaration du ministre de la Guerre [[Adolphe Messimy|Messimy]] au Conseil des ministres français en 1911<ref>{{Ouvrage |prénom1=Adolphe |nom1=Messimy |lien auteur1=Adolphe Messimy |titre=Mes souvenirs |lieu=Paris |éditeur=[[Plon|Éditions Plon]] |année=1937 |pages totales=428 |passage=180 |bnf=324443944}}.</ref>.}}

Le plan 19 A prévoit de déployer 29 divisions (regroupées en deux [[Armée (unité)|armées]] : [[1re armée (Empire de Russie)|{{1re}}]] et [[2e armée (Empire de Russie)|{{2e}}]] face aux Allemands et 46 divisions (regroupées en quatre armées : [[4e armée (Empire de Russie)|{{4e}}]], [[5e armée (Empire de Russie)|{{5e}}]], [[3e armée (Empire de Russie)|{{3e}}]] et [[8e armée (Empire de Russie)|{{8e}}]], face aux Autrichiens. La variante 19 G, dans l'éventualité d'un déploiement allemand massif, prévoit l'envoi de la {{4e|armée}} en [[Lituanie]]<ref>{{harvsp |Hénin |2012 |p=294-296 |id=Hénin }}.</ref>. Les armées face à la [[province de Prusse-Orientale]] sont regroupées en un [[groupe d'armées]], le « [[Front (unité soviétique)|front]] du Nord-Ouest », tandis que celles face à la [[Galicie]] en forme un second, le « [[front du Sud-Ouest (Première Guerre mondiale)|front du Sud-Ouest]] » (les Russes sont les premiers à faire cela, avant d'être rapidement imités par les autres puissances)<ref>{{harvsp |Rigoux |2010 |p=45 |id=Rigoux }}.</ref>. La [[6e armée (Empire de Russie)|{{6e|armée}}]] garde [[Saint-Pétersbourg]] et la [[Grand-duché de Finlande|Finlande]], la [[7e armée (Empire de Russie)|{{7e}}]] fait de même avec [[Odessa]] et l'[[Ukraine]] ; la [[9e armée (Empire de Russie)|{{9e|armée}}]] est créée à la fin d'août en [[Royaume du Congrès|Pologne russe]], tandis qu'une [[10e armée (Empire de Russie)|{{10e|armée}}]] est prévue quand arriveront les troupes du [[Turkestan russe|Turkestan]] et de [[Sibérie]]<ref name="AFGG">Télégramme de Pétersbourg du 22 août 1914, publié dans {{Ouvrage |nom1=Service historique de l'état-major des armées |lien auteur1=Service historique de la Défense |titre=Les Armées françaises dans la Grande Guerre |tome=1, {{vol.|2}} |titre volume=annexes 1 |éditeur= |année=1925 |pages totales=1070 |passage=101 |lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62710977}}.</ref>.

La principale innovation du plan 19 de 1910 est la modification du système d'affectation : chaque recrue ou réserviste devait auparavant rejoindre individuellement son unité en garnison aux frontières. Désormais, le système est de type territorial : l'affectation se fait dans une unité en garnison à proximité, qui ensuite est transportée vers la frontière. Cette modification entraine une nouvelle répartition des troupes ({{unité|200000|hommes}} sont redéployés vers l'intérieur)<ref>{{harvsp |Hénin |2012 |p=293 |id=Hénin }}.</ref>, ainsi qu'une évacuation des forces se trouvant dans le [[Royaume du Congrès|saillant polonais]], la concentration face à l'Allemagne étant prévue entre [[Vilnius]] et [[Baranavitchy]] (ainsi couvert par les [[Place forte|places fortes]] de [[Kaunas|Kovno]], [[Alytus|Olita]] et [[Hrodna|Grodno]])<ref>{{harvsp |Rigoux |2010 |p=43 |id=Rigoux }}.</ref> et derrière la [[Narew]] (places fortes de [[Pułtusk]], [[Różan (ville)|Rozan]], [[Ostrołęka|Ostrolenka]], [[Łomża|Lomza]] et [[Complexe fortifié d'Osowiec|d'Osovets]]). Un plan 20 était prévu pour être applicable à partir de 1915, avec réduction du délai de déploiement des divisions d'active, entrainant un retard pour les divisions de réserve<ref>{{harvsp |Hénin |2012 |p=296 |id=Hénin }}.</ref>. Le plan 21 était en préparation pour application à l'horizon 1917, tenant compte de l'augmentation des forces russes prévue par le « Grand Programme », permettant la création d'une nouvelle armée autour de [[Varsovie]]<ref>{{harvsp |Hénin |2012 |p=297 |id=Hénin }}.</ref>.

== Déclenchement ==
{{article connexe|Crise de juillet|Causes de la Première Guerre mondiale}}
Le ''{{lang|la|[[Casus belli]]}}'' de l'[[attentat de Sarajevo]] le {{date-|28 juin 1914}} déclenche une succession d'[[ultimatum]]s, de [[mobilisation]]s et de [[Déclaration de guerre|déclarations de guerre]] qui s'étend rapidement à l'[[Empire russe]].

=== Soutien aux Serbes ===
Le {{date-|23 juillet}}, [[Vienne (Autriche)|Vienne]] envoie à [[Belgrade]] un [[ultimatum]] avec demande de réponse sous quarante-huit heures. La [[Serbie]] appelle le [[tsar]] russe à l'aide le 24. Le {{date-|25 juillet 1914}}, le [[royaume de Serbie]] décrète sa mobilisation face à l'ultimatum autrichien. En raison du soutien russe envers la Serbie, le 25 l'empire d'[[Autriche-Hongrie]] annonce une mobilisation partielle à partir du 26, concernant huit [[corps d'armée]] déployés face à la Serbie mais aussi face à la Russie.

Le 25, les [[grandes manœuvres]] russes prévues sont annulées ; le 26, l'Empire russe lance des mesures de pré-mobilisation, ce qui inquiète l'ambassadeur allemand {{Lien|langue=de|trad=Friedrich Pourtalès|fr=Friedrich Pourtalès|texte=Pourtalès}} :
{{citation bloc|J'ai interrogé [[Sergueï Sazonov|Sazonov]] sur la nouvelle répandue parmi les attachés militaires étrangers, d'après laquelle un ordre de mobilisation aurait été adressé à plusieurs [[corps d'armée]] russes de la frontière ouest. J'ai à cette occasion attiré son attention sur le grand danger d'une pareille mesure qui pourrait facilement provoquer des contre-mesures. Le Ministre répondit qu'il pouvait me garantir qu'aucun ordre de mobilisation n'avait été donné, qu'au contraire il avait été décidé au Conseil des ministres d'attendre pour prendre cette mesure que l'Autriche-Hongrie eût pris une attitude hostile à l'égard de la Russie. Sazonov convint toutefois qu'on prenait déjà certaines précautions militaires pour ne pas être surpris. |Télégramme de l'ambassadeur allemand à Saint-Pétersbourg à son ministre des Affaires Étrangères, le 26 juillet 1914 à {{heure|21|30}}<ref>Télégramme {{n°|230}}, publié dans {{harvsp |Kautsky |1922 |loc={{t.|1}}, {{p.|286}} |id=Kautsky1 }}.</ref>.}}

Le 27 au soir, les [[Consulat (diplomatie)|consulats]] allemands signalent à leur ministère des Affaires Étrangères des mouvements militaires à [[Kaunas|Kowno]], [[Riga]], [[Kiev]] et [[Varsovie]]<ref>Télégrammes du 27 juillet 1914, {{numéros|264, 274, 275 et 276}}, publiés dans {{harvsp |Kautsky |1922 |loc={{t.|1}}, {{p.|320 et 335-336}}|id=Kautsky1 }}.</ref>. Le 28, l'Autriche-Hongrie lance sa mobilisation générale et déclare la guerre à la Serbie.

=== Mobilisation partielle ===
[[File:Image de guerre 04619.jpg|vignette|Affiche de propagande.]]
Le 29 au matin, l'empereur russe signe le décret ordonnant une mobilisation générale devant débuter le {{date-|30 juillet}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Yves|nom1=Le Naour|lien auteur1=Jean-Yves Le Naour|titre=1914|sous-titre=La grande illusion|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Perrin|Perrin]]|année=2012|pages totales=404|passage=95 et 109|isbn=978-2-262-03034-6|id=Naour}}.</ref>, contre-signé par les ministres de la Guerre, de la Marine et de l'Intérieur, puis y substitue à {{heure|11}} une mobilisation partielle : sont concernés seulement les districts de [[Kiev]], [[Odessa]], [[Moscou]] et [[Kazan]] (qui sont face à l'Autriche-Hongrie)<ref>Document {{n°|343}} publié dans {{harvsp |Kautsky |1922 |loc={{t.|2}}, {{p.|76-77}} |id=Kautsky2 }}.</ref>. Sazonov convoque l'ambassadeur Pourtalès, lui expliquant {{citation |qu'en Russie la mobilisation ne signifiant nullement la guerre comme dans les États de l'ouest de l'Europe, que l'armée russe resterait éventuellement des semaines entières l'arme au pied sans franchir la frontière}}<ref>Télégramme de l'ambassadeur d'Allemagne à Pétersbourg au ministère des Affaires Étrangères, document {{n°|343}}, publié dans {{harvsp |Kautsky |1922 |loc={{t.|2}}, {{p.|76-77}} |id=Kautsky2 }}.</ref>. [[Nicolas II]] et [[Guillaume II (empereur allemand)|Guillaume II]] échangent le 29 des télégrammes en anglais :
{{citation bloc | Dans ce moment si grave, je fais appel à Ton aide. Une guerre ignoble a été déclarée à un pays faible. L'indignation en Russie, indignation que je partage entièrement, est énorme. Je prévois que bientôt je serai entraîné par la pression qui s'exerce sur moi et que je serais forcé de prendre des mesures extrêmes qui conduiront à la guerre. Pour tâcher d'éviter une calamité telle qu'une guerre européenne, je Te prie, au nom de notre vieille amitié, de faire ce que Tu peux pour empêcher tes alliés d'aller trop loin. Nicky. |Télégramme du ''{{lang|ru|[[Tsar]]}}'' au ''{{lang|de|[[Liste des souverains d'Allemagne|Kaiser]]}}'' du 29 juillet à {{heure|1}}<ref>Télégramme du ''{{lang|ru|Tsar}}'' au ''{{lang|de|Kaiser}}'' du 29 juillet 1914, document {{n°|332}} publié dans {{harvsp |Kautsky |1922 |loc={{t.|2}}, {{p.|60}} |id=Kautsky2 }}.</ref>. }}

{{citation bloc |J'ai reçu Ton télégramme et je partage Ton désir du maintien de la paix, mais comme je Te l'ai dit dans mon premier télégramme, je ne peux pas considérer l'action de l'Autriche contre la Serbie comme une guerre « ignoble ». L'Autriche sait par expérience qu'on ne peut absolument pas se fier aux promesses serbes sur le papier. [...] J'estime, en conséquence, qu'il serait parfaitement possible pour la Russie de rester spectatrice du conflit austro-serbe, sans engager l'Europe dans la plus horrible guerre dont elle ait jamais été témoin. Je crois possible et désirable une entente directe entre Ton Gouvernement et Vienne [...]. Évidemment, des mesures militaires de la part de la Russie, qui seraient considérées comme menaçantes pour l'Autriche, précipiteraient une calamité que tous deux nous désirons éviter et compromettraient mon rôle de médiateur que j'ai volontiers accepté sur Ton appel à mon amitié et à mon assistance. Willy. |Télégramme du ''{{lang|de|Kaiser}}'' au ''{{lang|ru|Tsar}}'' du 29 juillet à {{heure|18|30}}<ref>Télégramme du ''{{lang|de|Kaiser}}'' au ''{{lang|ru|Tsar}}'' du 29 juillet 1914, document {{n°|359}} publié dans {{harvsp |Kautsky |1922 |loc={{t.|2}}, {{p.|95-97}} |id=Kautsky2 }}.</ref>. }}

=== Mobilisation générale ===
Le décret de mobilisation générale est de nouveau signé le 30 à {{heure|16|30}}<ref name="Rigoux p35">{{harvsp |Rigoux |2010 |p=35 |id=Rigoux }}.</ref>, prévoyant le début de la mise sur le pied de guerre de l'armée et de la flotte pour le lendemain {{date-|31 juillet}}<ref>Document {{n°|473}} publié dans {{harvsp |Kautsky |1922 |loc={{t.|2}}, {{p.|236}} |id=Kautsky2 }}.</ref>. Le 31, le [[Chancelier impérial (Allemagne)|chancelier]] allemand [[Theobald von Bethmann Hollweg|Bethmann Hollweg]] transmet à l'ambassadeur Pourtalès l'ultimatum suivant qui est transmis au gouvernement russe à minuit<ref>Document {{n°|536}} publié dans {{harvsp |Kautsky |1922 |loc={{t.|3}}, {{p.|50-51}} |id=Kautsky3 }}.</ref> : {{citation |En dépit des négociations de médiations encore en cours, et bien que jusqu'à l'heure actuelle nous n'ayons pris aucune mesure de mobilisation, la Russie a mobilisé toute son armée et sa flotte, donc aussi contre nous. Ces mesures russes nous ont contraints, pour garantir la sécurité de l'Empire, à déclarer l'état de menace de guerre, qui ne signifie pas encore la mobilisation. Mais la mobilisation doit suivre si, dans le délai de douze heures, la Russie n'arrête pas toute mesure de guerre contre nous et l'Autriche-Hongrie et ne nous fait pas une déclaration précise en ce sens}}<ref>Télégramme du chancelier allemand à l'ambassadeur à Pétersbourg le 31 juillet 1914, document {{n°|490}} publié dans {{harvsp |Kautsky |1922 |loc={{t.|3}}, {{p.|10-11}} |id=Kautsky3 }}.</ref>. Le {{1er}} août, Nicolas envoie à son cousin Guillaume un dernier télégramme :
{{citation bloc |J'ai reçu Ton télégramme. Je comprends que Tu soies obligé de mobiliser, mais je désire recevoir de Toi les mêmes garanties que celles que je T'ai données ; c'est-à-dire que ces mesures ne signifient pas la guerre et que nous continuerons à négocier pour le bien de nos pays et de la paix universelle chère à nos cœurs. Notre amitié longuement éprouvée doit réussir, avec l'aide de Dieu, à éviter l'effusion de sang. Anxieux, mais plein de confiance, j'attends Ta réponse. |Télégramme du ''{{lang|ru|Tsar}}'' au ''{{lang|de|Kaiser}}'' du {{1er}} août à {{heure|14|06}}<ref>Télégramme du ''{{lang|ru|Tsar}}'' au ''{{lang|de|Kaiser}}'' du {{1er}} août 1914 à {{heure|14|06}}, document {{n°|545}} publié dans {{harvsp |Kautsky |1922 |loc={{t.|3}}, {{p.|59-60}} |id=Kautsky3 }}.</ref>.}}

{{citation bloc |Merci de Ton télégramme. J'ai signalé hier à Ton Gouvernement le seul moyen permettant d'éviter la guerre. Bien que j'aie demandé une réponse pour aujourd'hui midi, aucun télégramme de mon ambassadeur me transmettant une réponse de Ton Gouvernement ne m'est encore parvenu. J'ai été, en conséquence obligé de mobiliser mon armée. Une réponse immédiate, affirmative, claire et irrécusable de Ton Gouvernement est le seul moyen d'éviter des calamités sans bornes. Hélas, tant que je n'aurais pas reçu cette réponse, je serai dans l'impossibilité de discuter le sujet de Ton Télégramme. En fait, je dois Te prier d'ordonner immédiatement à Tes troupes de ne pas commettre, sous aucun prétexte, la plus légère violation de nos frontières. |Télégramme du ''{{lang|de|Kaiser}}'' au ''{{lang|ru|Tsar}}'' du {{1er}} août à {{heure|22}}<ref>Télégramme du ''{{lang|de|Kaiser}}'' au ''{{lang|ru|Tsar}}'' du {{1er}} août 1914 à {{heure|22}}, document {{n°|600}} publié dans {{harvsp |Kautsky |1922 |loc={{t.|3}}, {{p.|106-107}} |id=Kautsky3 }}.</ref>{{,}}<ref group="n">Le texte a été proposé à l'empereur allemand par Bethmann Hollweg à {{heure|21|45}} : {{citation |Sire, Je vous remets respectueusement, ci-annexé, le projet d'un télégramme à S. M. le Tsar. En l'envoyant, l'idée me vient que Votre Majesté pourrait peut-être y ajouter un mot priant le Tsar d'ordonner immédiatement et strictement à ses troupes de s'abstenir de toute violation de frontière. Votre fidèle sujet, v. Bethmann Hollweg. Nous n'avons reçu aucune nouvelle de Pétersbourg}}.</ref>.}}

Le même jour, l'empereur d'Allemagne ordonne à {{heure|17}} le début de la mobilisation allemande pour le {{date-|2 août}}<ref>Document {{n°|628}} publié dans {{harvsp |Kautsky |1922 |loc={{t.|3}}, {{p.|131}} |id=Kautsky3 }}.</ref>, tandis que son chancelier déclare la guerre en son nom à l'empereur de Russie par la voix de l'ambassadeur à {{heure|19}} (heure russe), en français<ref>Télégramme de l'ambassadeur à Saint-Pétersbourg au ministère des Affaires Étrangères, le {{1er}} août 1914, document {{n°|588}} publié dans {{harvsp |Kautsky |1922 |loc={{t.|3}}, {{p.|95}} |id=Kautsky3 }}. Pourtalès quitte la capitale à {{heure|20}}.</ref> :
{{citation |Sa Majesté l'Empereur, mon Auguste Souverain, au nom de l'Empire, relève le défi et Se considère en état de guerre avec la Russie}} (déclaration de Pourtalès à Sazonov)<ref>Télégramme du secrétaire d'État des Affaires Étrangères Jagow à l'ambassadeur à Pétersbourg, le {{1er}} août 1914 à {{heure|12|52}}, document {{n°|542}} publié dans {{harvsp |Kautsky |1922 |loc={{t.|3}}, {{p.|55-58}} |id=Kautsky3 }}.</ref>{{,}}<ref group="n">Un premier projet utilisait la formule : {{citation |Sa Majesté l'Empereur, mon Auguste Souverain, au nom de l'Empire, déclare accepter la guerre qui Lui est octroyée}}.</ref>. L'Autriche-Hongrie déclare elle aussi la guerre à la Russie le {{date-|5 août}}<ref>Document {{n°|879}} publié dans {{harvsp |Kautsky |1922 |loc={{t.|4}}, {{p.|108}} |id=Kautsky4 }}</ref> à {{heure|12}}<ref name="Rigoux p35" />.

== Organisation ==
L'[[armée impériale russe]] en temps de paix compte {{unité|1423000|hommes}}<ref>{{harvsp |Golovine |1931 |p=47 |id=Golovine }}.</ref>. {{unité|3115000|réservistes}} sont mobilisés à partir du {{date-|18 juillet 1914}} (selon le calendrier russe, soit le {{date-|31 juillet}})<ref group="n">En 1914, la Russie utilise encore le [[calendrier julien]] (jusqu'en 1918), alors que les autres États européens utilisent le [[calendrier grégorien]] : le retard est alors de treize jours.</ref>, {{unité|800000|territoriaux}} sont appelés à partir du {{date-|22 juillet}}, auxquels se rajoutent {{unité|800000|territoriaux}} à partir du {{date-|22 septembre}}, {{unité|715000|recrues}} à partir du {{1er}} octobre et {{unité|200000|territoriaux}} à partir des 12 et {{date-|20 novembre 1914}}<ref>{{harvsp |Golovine |1931 |p=48 |id=Golovine }}.</ref>. Le total mobilisé de 1914 à 1917 est de {{unité|15378000|hommes}}<ref>{{harvsp |Golovine |1931 |p=49 |id=Golovine }}.</ref>.

Les dimensions de l'empire et les faiblesses des transports ferroviaires russes font que la mobilisation est beaucoup plus lente que celles des autres puissances : l'[[Deutsches Heer|armée allemande]] a besoin de 16 jours, l'armée française de 17 jours et l'armée russe de trois mois<ref>{{Ouvrage|prénom1=Jean Étienne|nom1=Valluy|prénom2=Pierre|nom2=Dufourcq|titre=La première guerre mondiale |tome=1|lieu=Paris|éditeur=Larousse|année=1968|passage=114|id=Dufourcq}}.</ref>. À la fin de la mobilisation, l'armée impériale doit aligner<ref group="n">Le nombre total de [[Division (militaire)|divisions]] de l'armée impériale varie dès la fin d'août, avec la destruction de la {{2e|armée}} lors de la [[Bataille de Tannenberg (1914)|bataille de Tannenberg]].</ref> 150 [[Division (militaire)|divisions]], dont 114 d'infanterie et 36 de cavalerie, sans compter les [[brigade]]s indépendantes (à titre de comparaison, l'[[Ordre de bataille de l'armée allemande en 1914|armée allemande]] aligne 105 divisions après sa mobilisation, l'[[Ordre de bataille de l'armée française en août 1914|armée française]] 95, la britannique que 6) :
* 42 divisions (dont 32 d'infanterie et 10 de cavalerie) sont déployées face à la [[province de Prusse-Orientale]] ;
* 64 divisions (dont 46 d'infanterie et 18 de cavalerie) face à la [[Galicie]] ;
* 24 divisions (dont 19 d'infanterie et 5 de cavalerie) le long des littoraux de la [[mer Baltique|Baltique]] et de la [[mer Noire]] ;
* 20 divisions (dont 17 d'infanterie et 3 de cavalerie) en [[Sibérie]] et au [[Turkestan]].
Étant donné la lenteur de la mobilisation, seules les grandes unités d'active (formées dès le temps de paix) sont disponibles à la fin du premier mois : les divisions de réserve (composées de [[Réserve militaire|réservistes]], peu encadrées, mal équipées et armées) ne sont même pas encore arrivées.
{{article connexe|Mobilisation allemande de 1914|Mobilisation française de 1914}}

<gallery mode="packed" heights="160">
Fichier:Russian Troops NGM-v31-p372.jpg|La nombreuse infanterie russe est handicapée par un encadrement, un armement et une logistique déficients.
Fichier:Russian cavalry.jpg|La Russie a maintenu d'importants effectifs de cavalerie, qui garde une utilité dans la [[guerre de mouvement]].
Fichier:Kenttätykistörykmentti 2, 3 ja Karjala muistotykki.JPG|L'artillerie russe, en pleine modernisation, est trop peu nombreuse. Ici un [[canon de 76 mm modèle 1902|canon de {{unité|76.2|mm}} Schneider-Poutilov 1902]].
</gallery>

=== Stavka ===
Si l'empereur [[Nicolas II]] est théoriquement le commandant en chef de l'[[armée impériale russe]], il délègue ses pouvoirs à partir du {{date-|2 août}} jusqu'à l'été 1915 à son oncle le [[grand-duc]] [[Nicolas Nikolaïevitch de Russie (1856-1929)|Nicolas Nikolaïevitch]], qui était précédemment commandant du district de Saint-Pétersbourg (depuis 1905). Le ministre de la Guerre est alors le général [[Vladimir Alexandrovitch Soukhomlinov]] (depuis 1909).

La [[Stavka]] (le quartier général du commandant en chef) et le [[État-major général des Forces armées de la fédération de Russie|Genchtab]] (l'État-Major général) s'installent à [[Baranavitchy]] (puis à [[Mahiliow|Moguilev]] à partir d'{{date-|août 1915}}).
* commandant en chef : [[Nicolas Nikolaïevitch de Russie (1856-1929)|Nicolas Nikolaïevitch de Russie]] ;
* chef de l'État-Major général : général {{Lien|langue=ru|trad=Янушкевич, Николай Николаевич|fr=Nikolaï Ianouchkevitch}} (du {{date-|19 juillet 1914}} jusqu'au {{date-|1er août 1914}}) puis le général [[Mikhaïl Beliaïev]] ;
* quartier-maître général (chef des opérations et du renseignement) : [[Iouri Danilov]].

{{citation bloc |Considérant que la guerre a été déclarée par l'Allemagne d'abord à la Russie, et que la France, en tant que notre alliée, a estimé comme de son devoir de venir immédiatement à notre aide, il est naturel et indispensable qu'en vertu de nos obligations d'alliés nous soutenions les Français, puisque les Allemands dirigent contre eux leur offensive principale. Cet appui, nous le leur donnerons, en prononçant le plus rapidement possible notre attaque contre les forces allemandes en Prusse-Orientale. Cette attaque, la {{Ire}} armée pourra la commencer pour attirer sur elle le plus possible de forces ennemies. [...] L'attaque des armées du front nord-ouest pourrait déjà commencer le quatorzième jour de la mobilisation (13 août). |Directive du [[Nicolas Nikolaïevitch de Russie (1856-1929)|grand-duc Nicolas]] au [[Yakov Jilinski|général Jilinski]], le {{date-|10 août 1914}}<ref>{{harvsp |Valluy |Dufourcq |1968 |p=115 |id=Dufourcq }}.</ref>.}}

=== Front Nord-Ouest ===
[[Fichier:To Prussia!.jpeg|vignette|Dessin de [[Georges Scott]] pour la une de ''[[L'Illustration]]'' du {{date-|29 août 1914}} : {{citation |Sur la route de Berlin. L'invasion de la [[province de Prusse-Orientale]] par les avant-gardes [[cosaques]] précédent le gros de l'armée russe.}}.]]
Le Front du Nord-Ouest (''{{lang|ru|Severo-Zapadnyi front}}'') est un des deux [[Groupe d'armées|groupes d'armées]] russes, celui du Nord-Ouest étant chargé du combat contre l'armée allemande, avec mission d'envahir la [[province de Prusse-Orientale]]. Le front est commandé depuis Lida<ref>{{harvsp |Valluy |Dufourcq |1968 |p=116 |id=Dufourcq }}.</ref> par le général [[Yakov Jilinski]] (précédemment commandant du district de Varsovie), remplacé dès le {{date-|3 septembre 1914}} par le général [[Nikolaï Rouzski|Rouzski]]).

La {{1re}} [[Armée (unité)|armée]] est commandée par le général [[Paul von Rennenkampf]] (précédemment commandant du district de [[Vilnius]]) depuis Vilnius. Il est remplacé le {{date-|5 décembre 1914}} par le général {{Lien|langue=en|trad=Alexander Litvinov|fr=Alexandre Litvinov}}.
* {{3e}} [[corps d'armée]] (de [[Vilnius]]) : {{25e}} ([[Daugavpils|Dvinsk]]) et {{27e}} (Vilnius) divisions d'infanterie ;
* {{4e|corps}} ([[Minsk]]) : {{30e}} (Minsk) et {{40e}} ([[Babrouïsk]]) divisions d'infanterie ;
* {{20e|corps}} ([[Riga]]) : {{28e}} ([[Kaunas|Kovno]]) et {{29e}} (Riga) divisions d'infanterie ;
* {{5e|brigade}} de fusiliers ([[Suwałki]]) ;
* cavalerie : {{1re}} ([[Saint-Pétersbourg]]) et {{2e}} (Saint-Pétersbourg) divisions de cavalerie de la [[Garde impériale (Russie)|Garde]], {{1re}} ([[Moscou]]), {{2e}} ([[Suwałki]]) et {{3e}} ([[Kaunas|Kovno]]) divisions de cavalerie et {{1re|brigade}} de cavalerie ([[Riga]]) ;
* réserve : {{53e}}, {{56e}}, {{57e}}, {{68e}}, {{72e}} et {{73e|divisions}} d'infanterie<ref>{{pdf}} {{lien web |langue=en |url=http://www.cgsc.edu/CARL/nafziger/914RHAA.pdf |titre=Russian Mobilization Plan, August 1914 |site=cgsc.edu }}.</ref>.

La [[2e armée (Empire de Russie)|{{2e|armée}}]] est commandée par le général [[Alexandre Samsonov]] (précédemment commandant du district du Turkestan) depuis Volkosyski. L'armée est dissoute le {{date-|30 août}}, à la suite de sa destruction lors de la [[Bataille de Tannenberg (1914)|bataille de Tannenberg]] et du suicide de son chef.
* {{1er|corps}} ([[Saint-Pétersbourg]]) : {{22e}} ([[Novgorod]]) et {{24e}} ([[Pskov]]) divisions d'infanterie ;
* {{2e|corps}} ([[Hrodna|Grodno]]), transféré à la {{1re|armée}} le {{date-|22 août}} : {{26e}} ([[Hrodna|Grodno]]) et {{43e}} ([[Vilnius]]) divisions d'infanterie ;
* {{6e|corps}} ([[Białystok]]) : {{4e}} ([[Łomża]]) et {{16e}} (Białystok) divisions d'infanterie ;
* {{13e|corps}} ([[Smolensk]]) : {{1re}} (Smolensk) et {{36e}} ([[Orel]]) divisions d'infanterie ;
* {{15e|corps}} ([[Varsovie]]) : {{6e}} ([[Ostrów Mazowiecka|Ostrów]]) et {{8e}} (Varsovie) divisions d'infanterie ;
* {{23e|corps}} ([[Varsovie]]) : {{3e|division}} d'infanterie de la Garde (Varsovie) et {{2e|division}} d'infanterie ([[Forteresse de Modlin|Modlin]]) ;
* corps de la [[Garde impériale (Russie)|Garde]] ([[Saint-Pétersbourg]]), transféré à la {{9e|armée}} : {{1re}} (Saint-Pétersbourg) et {{2e}} (Saint-Pétersbourg) divisions d'infanterie de la Garde ;
* {{1re|brigade}} de fusiliers ([[Łódź]]) ;
* cavalerie : {{4e}} ([[Białystok]]), {{5e}} ([[Samara]]) et {{6e}} ([[Varsovie]]) divisions de cavalerie ;
* réserve : {{59e}}, {{76e}}, {{77e}} et {{79e|divisions}} d'infanterie.

=== Front Sud-Ouest ===
Le Front du Sud-Ouest (''{{lang|ru|Yugo-Zapadnyi front}}'') est le [[groupe d'armées]] chargé de combattre l'armée autro-hongroise avec mission d'envahir la [[Galicie]]. Le front est commandé par le général [[Nikolaï Ivanov]] (précédemment commandant du district de [[Kiev]]).

La {{4e|armée}} est commandée par le général [[Anton von Saltza|Anton Saltza]] (du district de [[Kazan]]), remplacé le {{date-|22 août 1914}} par le général [[Alexeï Evert]] (commandant du district d'[[Irkoutsk]]).
* [[14e corps d'armée (Empire russe)|{{14e|corps}}]] ([[Lublin]]) : {{18e|division}} d'infanterie (Lublin), {{1re}} ([[Radom]]) et {{2e|brigades}} de tirailleurs ([[Łódź]]) ;
* {{16e|corps}} ([[Kazan]]) : {{41e}} (Kazan), {{45e}} ([[Penza]]) et {{47e}} ([[Saratov]]) divisions d'infanterie ;
* {{3e|corps}} caucasien ([[Vladikavkaz]]) : {{21e}} (Vladikavkaz) et {{52e}} ([[Bouïnaksk|Temir-Khan-Choura]]) divisions d'infanterie ;
* corps des grenadiers ([[Moscou]]) : {{1re}} (Moscou) et {{2e}} (Moscou) divisions de grenadiers ;
* {{2e|brigade}} de fusiliers ([[Radom]]) ;
* cavalerie : {{13e}} ([[Varsovie]]) et {{14e}} ([[Częstochowa]]) divisions de cavalerie, {{3e|division}} de [[cosaques du Don]] et brigade de cavalerie de la Garde (Varsovie) ;
* réserve : {{80e}}, {{82e}} et {{83e|divisions}} d'infanterie.

La {{5e|armée}} est commandée par le général [[Pavel von Plehve]] (district de [[Moscou]]), remplacé le {{date-|14 janvier 1915}} par le général Alexeï Tchourine.
* {{5e|corps}} ([[Minsk]]) : {{7e}} ([[Voronej]]) et {{10e}} ([[Nijni Novgorod]]) divisions d'infanterie ;
* {{17e|corps}} ([[Moscou]]) : {{3e}} ([[Kalouga]]) et {{35e}} ([[Riazan]]) divisions d'infanterie ;
* {{19e|corps}} ([[Brest (Biélorussie)|Brest-Litovsk]]) : {{17e}} ([[Kholm]]) et {{38e}} (Brest-Litovsk) divisions d'infanterie ;
* {{25e|corps}} ([[Moscou]]) : {{46e|division}} d'infanterie ([[Iaroslavl]]) et {{3e|divisions}} de grenadiers (Moscou) ;
* cavalerie : {{7e|division}} de cavalerie ([[Volodymyr (ville)|Vladimir-Volynskii]]), {{1re}} ([[Zamość]]), {{4e}} et {{5e|divisions}} de [[cosaques du Don]], {{2e}} et {{3e|brigades}} de cavalerie ;
* réserve : {{55e}}, {{61e}}, {{70e}}, {{75e}} et {{81e|divisions}} d'infanterie.

La {{3e|armée}} est commandée par le général [[Nikolaï Rouzski]], remplacé le {{date-|3 septembre}} par le général [[Radko Dimitriev]].
* {{9e|corps}} ([[Kiev]]) : {{5e}} ([[Jytomyr]]) et {{42e}} (Kiev) divisions d'infanterie ;
* {{10e|corps}} ([[Kharkiv|Kharkov]]) : {{9e}} ([[Poltava]]) et {{31e}} (Kharkov) divisions d'infanterie ;
* [[11e corps d'armée (Empire russe)|{{11e|corps}}]] ([[Rivne|Rowno]]) : {{11e}} ([[Loutsk]]) et {{32e}} (Rowno) divisions d'infanterie ;
* {{21e|corps}} ([[Kiev]]) : {{33e}} (Kiev) et {{44e}} ([[Koursk]]) divisions d'infanterie ;
* {{3e}} ([[Jmerynka|Jmerinka]]) brigade de fusiliers ;
* cavalerie : {{9e}} ([[Kiev]]), {{10e}} ([[Kharkiv|Kharkov]]) et {{11e}} ([[Doubno]]) divisions de cavalerie, {{3e|division}} de cosaques caucasiens ([[Vladikavkaz]]) ;
* réserve : {{58e}}, {{60e}}, {{69e}} et {{78e|divisions}} d'infanterie.

La {{8e|armée}} est commandée par le général [[Alexeï Broussilov]] jusqu'au {{date-|17 mars 1916}}.
* {{7e|corps}} ([[Simferopol]]) : {{13e}} ([[Sébastopol]]) et {{34e}} ([[Dnipro|Iekaterinoslav]]) divisions d'infanterie ;
* {{8e|corps}} ([[Odessa]]) : {{14e}} ([[Chișinău|Kishinev]]) et {{15e}} (Odessa) divisions d'infanterie ;
* {{12e|corps}} ([[Vinnytsia]]) : {{12e}} ([[Khmelnytskyï|Proskourov]]) et {{19e}} ([[Ouman]]) divisions d'infanterie ;
* {{24e|corps}} ([[Samara]]) : {{48e}} (Samara) et {{49e}} ([[Perm]]) divisions d'infanterie ;
* [[4e division de fusiliers (Russie)|{{4e|brigade}} de fusiliers]] ([[Odessa]]) ;
* cavalerie : {{12e|division}} de cavalerie ([[Khmelnytskyï|Proskourov]]), {{2e|division}} combinée de cosaques ([[Kamianets-Podilskyï|Kamenets-Podolski]]), division des [[cosaques du Terek]], {{1re}} et {{2e|divisions}} de [[cosaques du Kouban]] ;
* réserve : {{65e|divisions}} d'infanterie.

=== Autres secteurs ===
L'armée impériale ne se déploie pas uniquement le long des frontières avec les Allemands et les Austro-Hongrois, mais aussi face à la [[Roumanie]] et l'[[Empire ottoman]], en Asie centrale, ainsi que le long de certains littoraux.

La {{6e|armée}}, commandée par le général {{Lien|langue=ru|trad=Фан-дер-Флит, Константин Петрович|fr=Konstantin Petrovitch van der Vliet}}, doit protéger [[Saint-Pétersbourg]], la [[Finlande]] et le littoral de la [[mer Baltique]].
* {{18e|corps}} ([[Saint-Pétersbourg]]) : {{23e}} ([[Tallinn|Reval]]) et {{37e}} (Saint-Pétersbourg) divisions d'infanterie ;
* [[22e corps d'armée (Empire russe)|{{22e|corps}}]] ([[Helsinki|Helsingfors]]) : {{1re}} (Helsingfors), {{2e}} ([[Vyborg]]), {{3e}} (Vyborg) et {{4e|brigades}} finlandaises ;
* {{50e|division}} d'infanterie ([[Saint-Pétersbourg]], [[Vyborg]] et [[Kronstadt]]) ;
* brigade de fusiliers de la Garde ;
* cavalerie : division des [[cosaques d'Orenbourg]] et {{3e|brigade}} de cosaques de la Garde ;
* réserve : {{67e}}, {{74e}} et {{84e|division}} de réserve.

La {{7e|armée}}, commandée par le général Vladimir Nikolaïevitch Nikitine, doit protéger [[Odessa]], l'[[Ukraine]] et le littoral de la [[mer Noire]].
* {{8e|corps}} ;
* cavalerie : {{8e|division}} de cavalerie ([[Chișinău|Kishinev]]), régiment de cavalerie de Crimée et {{7e|régiment}} de [[cosaques du Don]] ;
* réserve : {{62e}}, {{63e}}, {{64e}} et {{71e|divisions}} d'infanterie.

L'armée du [[Caucase]], commandée par le général [[Illarion Vorontsov-Dachkov|Illarion Ivanovitch Vorontsov-Dachkov]], doit protéger la [[Transcaucasie]] :
* {{1er|corps}} caucasien ([[Gyumri|Alexandropol]]) : {{20e}} ([[Akhaltsikhé]]) et {{39e}} (Alexandropol) divisions d'infanterie ;
* {{2e|corps}} caucasien ([[Tbilissi|Tiflis]]) : {{51e|division}} d'infanterie ([[Koutaïssi]]) et division des grenadiers caucasiens (Tiflis) ;
* {{2e|corps}} du Turkestan ([[Achgabat]]) : {{4e}} ([[Mary (ville)|Merv]]) et {{5e}} (Achkhabad) brigades de fusiliers du Turkestan ;
* {{1re|division}} de cavalerie caucasienne ([[Kars]]), division de cavalerie caucasienne ([[Tbilissi|Tiflis]]) et {{2e|division}} de cosaques caucasiens ([[Erevan]]).

[[Turkestan]] ([[Asie centrale]] russe) :
* {{1er|corps}} du Turkestan ([[Tachkent]]) : {{1re}} (Tachkent), {{2e}} ([[Ferghana|Skobelev]]) et {{3e}} ([[Termez]]) brigades de fusiliers du Turkestan ;
* {{6e|brigade}} de fusiliers du Turkestan (Vernyi) ;
* {{1re|division}} de cosaques du Turkestan ([[Samarcande]]) et brigade de cosaques sibériens (Djarkent).

[[Sibérie]] :
* {{1er|corps}} sibérien ([[Oussouriisk]]) : {{1re}} (Oussouriisk) et {{2e}} (Razdolnoe) divisions de fusiliers sibériens ;
* {{2e|corps}} sibérien ([[Tchita]]) : {{4e}} (Tchita) et {{5e}} (Berezovka près de [[Oulan-Oudé|Verkhneoudinsk]]) divisions de fusiliers sibériens ;
* {{3e|corps}} sibérien ([[Irkoutsk]]) : {{7e}} (Irkoutsk) et {{8e}} ([[Krasnoïarsk]]) divisions de fusiliers sibériens ;
* {{11e|division}} de fusiliers sibériens ([[Omsk]]).

[[Extrême-Orient russe]] :
* {{4e|corps}} sibérien ([[Vladivostok]]) : {{3e}} (Vladivostok) et {{9e}} (Vladivostok) divisions de fusiliers sibériens ;
* {{5e|corps}} sibérien ([[Khabarovsk]]) : {{6e}} (Khabarovsk) et {{10e}} ([[Blagovechtchensk]]) divisions de fusiliers sibériens.

=== Créations de la fin août ===
La {{9e|armée}} est créée à la fin d'août en [[Pologne]] pour menacer directement [[Berlin]] en ponctionnant des unités sur les autres armées. Elle est commandée par le général Letchitski.
* {{18e|corps}} (pris à la {{6e|armée}}) ;
* [[22e corps d'armée (Empire russe)|{{22e|corps}}]] (pris à la {{6e|armée}}) ;
* corps de la Garde (pris à la {{2e|armée}}).

La {{10e|armée}} est formée à partir du {{date-|11 août}} par le transfert d'une partie des troupes du [[Turkestan]] et de [[Sibérie]], commandée par le général [[Alexeï Evert]] (commandant du district d'Irkoutsk), remplacé le {{date-|22 août}} par le général Vasily Flug, puis le {{date-|23 septembre}} par le général [[Thadeus von Sievers]].
* {{2e|corps}} caucasien ;
* {{1er|corps}} sibérien ;
* {{2e|corps}} sibérien ;
* {{3e|corps}} sibérien ;
* {{1er|corps}} du Turkestan ;
* division de cavalerie caucasienne, {{2e|division}} de cosaques caucasiens et {{1re|division}} de cosaques du Turkestan.

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe=n}}

=== Références ===
{{Références}}

== Voir aussi ==
{{autres projets
 | commons            = Category:World War I forces of Russia
 | commons titre      = Forces russes pendant la Première Guerre mondiale
}}
=== Bibliographie ===
* {{Ouvrage |prénom1=Karl |nom1=Kautsky |lien auteur1=Karl Kautsky |traducteur=Camille Jordan |titre=Documents allemands relatifs à l'origine de la guerre |sous-titre=collection complète des documents officiels |titre original=Die deutschen Dokumente zum Kriegsausbruch |lieu=Paris |éditeur=Alfred Costes |année=1922 |format=4 volumes |bnf=30675245k |lccn=a22000350}} :
** {{Ouvrage |titre=Documents allemands... |tome=1 |titre volume=De l'attentat de Sarajevo à la réception de la réponse serbe, avec quelques documents des semaines qui ont précédé |éditeur= |année= |pages totales=381 |isbn= |lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k920876 |id=Kautsky1}} ;
** {{Ouvrage |titre=Documents allemands... |tome=2 |titre volume=De la réception de la réponse serbe à la nouvelle de la mobilisation générale russe |éditeur= |année= |pages totales=265 |isbn= |lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k920903 |id=Kautsky2}} ;
** {{Ouvrage |titre=Documents allemands... |tome=3 |titre volume=De la nouvelle de la mobilisation générale russe à la déclaration de guerre à la France |éditeur= |année= |pages totales=246 |isbn= |lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5490692r |id=Kautsky3}} ;
** {{Ouvrage |titre=Documents allemands... |tome=4 |titre volume=De la déclaration de guerre à la France à la déclaration de guerre de l'Autriche-Hongrie à la Russie |éditeur= |année= |pages totales=280 |isbn= |lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k92092s |id=Kautsky4}}.
* {{Ouvrage |nom1=Commission historique |traducteur=commandant Edouard Chapouilly |préface=maréchal Foch |titre=La Grand Guerre, relation de l'état-major russe |sous-titre=concentration des armées, premières opérations en Prusse-Orientale, en Galicie et en Pologne |lieu=Paris |éditeur=Charles Lavauzelle et Cie |année=1926 |pages totales=582 |bnf=32113776x}}.
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Nikolaï Nikolaevich |nom1=Golovine (général) |titre=The Russian Army in the World War |lieu=New Haven |éditeur=[[Yale University Press]] |année=1931 |réimpression=1969 |pages totales=287 |lccn=31035694 |lire en ligne=http://catalog.hathitrust.org/Record/001153758 |id=Golovine}}.
* {{Ouvrage |prénom1=Nikolaï Nikolaevich |nom1=Golovine |titre=Histoire de la campagne de 1914 sur le front russe |lieu=Paris |éditeur=Direction générale à l'étranger de l'Union des invalides de guerre russes |année=1936 |bnf=321788608}}.
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Bruce W. |nom1=Menning |titre=Bayonets before Bullets |sous-titre=The Imperial Russian Army, 1861-1914 |lieu=Indianapolis |éditeur=Indiana University Press |année=1992 |réimpression=2000 |pages totales=352 |isbn=978-0-253-21380-8}}.
* {{Ouvrage |langue=en |auteur1=Sean McMeekin |titre=The Russian Origins of the First World War |lieu=Cambridge |éditeur=[[Harvard University Press]] |année=2011 |pages totales=324 |isbn=978-0-674-06210-8}}.
* {{article |auteur=Stéphane Lazare |titre=La plus grande Russie |périodique=Le Matin |lieu=Paris |date=4 janvier 1914 |numéro=10904}}, {{gallica |n=bpt6k570756v.item}}

=== Liens externes ===
* {{lien web |langue=en |url=http://www.vlib.us/wwi/resources/archives/texts/t040831b.html |auteur=Sergei Dobrorolski |titre=The Russian Mobilisation of 1914 |site=vlib.us }}.
* {{pdf}} {{lien web |langue=en |auteur=Marc Trachtenberg |url=http://www.sscnet.ucla.edu/polisci/faculty/trachtenberg/cv/1914%28is%29.pdf |titre=The Meaning of Mobilization in 1914 |année=1990-1991 |site=sscnet.ucla.edu (université de Los Angeles) }}, 32 pages.
* {{pdf}} {{lien web |langue=en |url=http://dspace.lafayette.edu/bitstream/handle/10385/1250/Sanborn-SlavicReview-vol59-2000.pdf?sequence=1 |auteur=Josh Sanborn |titre=The Mobilization of 1914 and the Question of the Russian Nation: A Reexamination |site=dspace.lafayette.edu |année=2000 }}, 24 pages.
* {{pdf}} {{lien web |langue=en |auteur=Karl E. M. Starns |url=https://digital.lib.washington.edu/researchworks/bitstream/handle/1773/21998/Starns_washington_0250O_10676.pdf?sequence=1 |titre=The Russian Railways and Imperial Intersections in the Russian Empire |année=2012 |site=digital.lib.washington.edu (université de Washington) }}, 107 pages.
* {{gallica |n=btv1b8593514g |t=Plans de concentration aux frontières occidentales de la Russie }}.

=== Articles connexes ===
* [[Garde impériale (Russie)]]
* [[Marine impériale russe]]
* [[École militaire d'état-major Nicolas]]
* [[Causes de la Première Guerre mondiale]]
* [[Mobilisation allemande de 1914]]
* [[Mobilisation française de 1914]]
* Combats en [[province de Prusse-Orientale]] : batailles [[Bataille de Stallupönen|de Stallupönen]], [[Bataille de Gumbinnen|de Gumbinnen]], [[Bataille de Tannenberg (1914)|de Tannenberg]] et [[Première bataille des lacs de Mazurie|des lacs de Mazurie]].
* Combats en [[Galicie]] : batailles [[Bataille de Komarów|de Komarow]], [[Bataille de Krasnik|de Krasnik]] et [[Bataille de Lemberg|de Lemberg]].
{{Palette|Armées et mobilisation de la Première Guerre mondiale|Première Guerre mondiale}}
{{Portail|histoire militaire|Empire russe|Première Guerre mondiale}}

[[Catégorie:Armée impériale russe]]
[[Catégorie:Histoire militaire de la Russie]]
[[Catégorie:Histoire de la Russie pendant la Première Guerre mondiale]]
[[Catégorie:Front de l'Est (Première Guerre mondiale)]]
[[Catégorie:Bataille ou opération de la Première Guerre mondiale]]
[[Catégorie:Août 1914]]