Marie Angélique Renée de Larlan de Kercadio

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Marie Angélique Renée de Larlan de Kercadio
Titres de noblesse
Marquise de Locmaria, Marquise de Lambert
Biographie
Naissance
Vers 1689
Décès
Nom de naissance
Marie Angélique Renée de Larlan de Kercadio
Activité
CourtisaneVoir et modifier les données sur Wikidata
Père
Jean-Baptiste de Larlan
Mère
Marie-Madeleine Courtin
Enfant
Jean Marie François

Marie Angélique Renée de Larlan de Kercadio (1689-1736), aussi appelée Marquise de Locmaria et Marquise de Lambert, est une dame de la cour mentionnée dans plusieurs chansons satyriques à l'époque de la régence.

Premier mariage[modifier | modifier le code]

Marie Angélique Renée de Larlan de Kercadio est née vers 1689. Elle est la fille de Jean-Baptiste de Larlan, Seigneur de Kercadio et de Rochefort président à mortier au parlement de Bretagne, et de Marie-Madeleine Courtin[1]. En 1707, elle épouse à Rennes Louis François du Parc, Marquis de Locmaria et général des armées du roi, de 42 ans son ainé. Le 07 juin 1708 à Guerrand, elle met au monde un fils,Jean Marie François du Parc. Son mari décède l'année suivante, 10 septembre 1709 à Bourbonne[2]. Moins d'un an plus tard, la rumeur attribue à la « belle et jeune veuve » un mariage secret, au cours de son deuil, avec le comte de Bel Isle, dont elle serait enceinte[3].

Libertinage[modifier | modifier le code]

Installée à Paris, elle possède un hôtel particulier rue de l'université[4],[5],[6]. Elle est présente à la cour du régent Philippe d'Orléans. Elle y acquiert une réputation de libertine. Dans ses mémoires, l'académicien Charles-Jean-François Hénault la décrit comme une « femme coquette » et « dont la conduite extérieure n'avoit rien de réprochable, étant fort avant dans le monde, point méchante, d'une gourmandise distinguée et cherchant à plaire à bride abattue[7]. » L'avocat Mathieu Marais écrit d'elle : « Madame de Locmaria a été une des plus belles femmes de la cour et elle a eu bien des amants[8]. » On compta parmi eux Louis-Armand de Bourbon-Conti[9].

Vers satyriques[modifier | modifier le code]

Entre 1715 et 1718, de nombreuses chansons satyriques circulent, qui dénoncent les mœurs la cour. La Marquise de Locmaria y est citée, comme nombre d'autres dames de la cour :

Chanson sur l'air : dans

le bel age

« Sainte Badine

A chaque amant disait

Que la gésine

De baiser l’empêchait ;

Mais d’un coup de poignet

La friponne faisait

Si bien raidir l’échine

Que partout on fêtait

Sainte Badine[10]... »

1715[11]ou 1717[12],

Chanson sur l'air de la Fronde...


« ...Qu'habile en vers, Qu'habile en prose,

Locmaria nuit et jour compose

Puisqu'aimer lui semble commun

Mais que sans cesse elle s'occupe

Au sot combat du cinq contre un,

Sapho ne fut jamais si dupe[13]... »

1716[14]

Sur l'air : j'ai du Mirliton


« Plus loin, comme en sentinelle,

Etoit la Locmaria ;

L'amour dit à la donzelle :

il faut réduire au visa

Ton froid Mirliton, etc [15]. »

1723[16]

Chanson sur l'air : Alleluia,


« ... Maillebois a dit au régent :

Faites-le-moi donc plus souvent,

Et mon beau père chantera :

Alleluia.


Locmaria toute la nuit,

S'amuse à mesurer son vit

Sans jamais se lasser le bras.

Alleluia... »[17]

Système de Law[modifier | modifier le code]

En juin 1720, elle est également cité dans un placard satyrique au cours des épisodes de spéculations qui accompagne le système de Law sur la Place Vandôme dans lequel on la compare à une vivandière[18]. En septembre de la même année, elle fait les frais de l'indélicatesse du Duc de la Force qui lui rembourse en monnaie papier sans valeur une dette de 400 000 francs[19].

Second mariage[modifier | modifier le code]

Vers 1720, elle commence une relation avec Henri-François de Lambert, qu'Hénault décrit comme « Un homme particulier et tout à fait misanthrope[7]. » Elle l'épouse en janvier 1725, malgré les réticences de sa mère, Madame de Lambert, une célèbre salonnière et femme de lettre[8]. Celle-ci lui adresse à cette occasion une lettre [20] où elle lui dit « ...Permettez moi de vous faire ici mes compliments sur une alliance aussi illustre & si digne de vous. Vous portez un nom, madame, qui étoit autrefois un peu brouillé avec la pudeur ; mais vous allez le raccommoder avec modestie, vous qui savez si bien en soutenir les droits. Les amours en murmurent ; mais vous leur faites bien d'autres larcins... coupez les ailes à l'Amour[21]...»

Marie Angélique Renée de Larlan de Kercadio décède le 3 mai 1736[1].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b François-Alexandre Aubert de La Chesnaye Des Bois, Dictionnaire De La Noblesse, Paris, Antoine Boudet, (lire en ligne), p 479
  2. L. Le Guennec, « La légende du Marquis de Guerrand et la famille du Parc de Locmaria », Bulletin de la Société archéologique du Finistère Tome LV,‎ , p23,24,32 (lire en ligne)
  3. Louis François Du Bouchet Sourches, Mémoires du Marquis de Sourches sur le règne de Louis XIV [tome douzième], Hachette, (lire en ligne), P 337
  4. Jean-Aymar Piganiol de La Force, Description historique de la ville de Paris et de ses environs. [Tome huitième], Paris, chez Humaire, (lire en ligne), p 172,173
  5. Natacha Coquery, « Les hôtels parisiens du XVIIIe siècle : une approche des modes d'habiter », Revue d’Histoire Moderne & Contemporaine, vol. 38, no 2,‎ , p 220 (DOI 10.3406/rhmc.1991.1587, lire en ligne, consulté le )
  6. Eugène (1857-1927) Photographe Atget, « Hôtel de Locmaria - 1730 : Rue de l'Université 102 : [photographie] / [Atget] », sur Gallica, 1900-1901 (consulté le )
  7. a et b Charles-Jean-François Hénault, Mémoires du président Hénault: écrits par lui-même, Paris, E. Dentu, (lire en ligne), p 104
  8. a et b Mathieu Marais, Journal et mémoires de Mathieu Marais, avocat au parlement de Paris sur la régence et le règne de Louis XV, (1715 - 1737) [tome troisième], Paris, Didot, (lire en ligne), p 114
  9. Jean-Frédéric Phélypeaux de Maurepas, Mémoires du comte de Maurepas Tome 1, Buisson, (lire en ligne), p 276
  10. Recueil dit de Maurepas Tome Sixième, Leyde, (lire en ligne), p 156,157
  11. Emile Raunier, Chansonnier historique du XVIIIe siècle, Paris, Quantin, (lire en ligne), p 157
  12. Alexandre Dumas, La Régence, C. Muquardt, (lire en ligne), p 221-226
    Dans cet ouvrage, Alexandre Dumas donne les associations entre les "Saintes" et les dames de la cour. Il avance toutefois la date de 1717-1718
  13. Recueil dit de Maurepas: Tome troisième, Leyde, (lire en ligne), p 163
  14. Emile Raunié, Chansonnier historique du XVIIIe siècle, Paris, A. Quantin, (lire en ligne), p 54
  15. Recueil dit de Maurepas - Tome sixième, Leyde, (lire en ligne), p 162
  16. Recueil dit de Maurepas - Tome troisième, (lire en ligne), p 297
  17. Recueil dit de Maurepas: Tome Troisième, Leyde, (lire en ligne), p 176
  18. Mathieu Marais, Journal et mémoires de Mathieu Marais ... sur la régence et le règne de Louis XV (1715-1737): 1707-1720, Firmin Didot frères, (lire en ligne), p 293,294
  19. Mathieu Marais, Journal et mémoires de Mathieu Marais ... sur la régence et le règne de Louis XV (1715-1737): 1707-1720, Firmin Didot frères, (lire en ligne), p 454
  20. (op. citée) Nadège Landon, L’usage, le monde et ma propre experience ne m’ont que trop appris” : Lire AnneTherese de Lambert., Université de Lyon, 2020 p. (lire en ligne [PDF]), p 92-94
  21. Anne-Thérèse de Marguenat de Courcelles de Lambert, Œuvres, Marc-Michel Bousquet, (lire en ligne), p 415,416