Voir la source de Magistrats romains

{{à recycler|thème=droit|date=décembre 2014}}
{{Palette Politique/Rome antique}}

Les magistrats sont, dans l'[[Rome antique|antiquité romaine]], des personnalités politiques.

Leurs nombres et rôles varient beaucoup selon la période : 

* Durant la '''[[Monarchie romaine]]''', le roi est le seul [[Magistrats de la Monarchie romaine|magistrat]]. Il est assisté par deux [[questeur (Rome)|questeurs]] qu’il a nommés, ainsi que d’autres assistants pour diverses tâches. Quand il meurt, un ''[[interroi|interrex]]'' (interroi) préside le [[Sénat de la Monarchie romaine|Sénat]] et les [[Assemblées de la Monarchie romaine|assemblées]] jusqu’au choix d’un nouveau roi.

* Sous la [[République romaine|'''République''']], la branche exécutive est composée aussi bien de [[Magistrats de la République romaine|magistrats ordinaires qu'extraordinaires]]. Chaque magistrat ordinaire est élu par une des deux principales [[Assemblées de la République romaine|assemblées]]. Les deux plus hauts rangs de magistrats ordinaires, les [[Consul (Rome antique)|consuls]] et les [[préteur]]s, détiennent l’''[[imperium]]'' (mot [[latin]] pour « commandement suprême »). L’''imperium'' autorise un magistrat à commander des forces militaires. Les consuls détiennent un plus haut niveau d’''imperium'' que les préteurs. Le principal magistrat extraordinaire, le [[dictateur (Rome antique)|dictateur]], est nommé avec l’aval du [[Sénat de la République romaine|Sénat]].

* Avec l'avénement de l''''[[Empire romain|Empire]]''', les vieilles magistratures républicaines ([[dictateur (Rome antique)|dictature]], [[Consul (Rome antique)|consulat]], [[préteur|préture]], [[censeur romain|censure]], [[Édile (Rome antique)|édilité]], [[questure (Rome)|questure]] et [[tribun de la plèbe|tribunat]]) sont en partie abandonnées, le reste perdant tout pouvoir. L’[[empereur romain|empereur]] devient le maître de l’État. L’arrivée de l’[[Empire romain|Empire]] est équivalente à la restauration de l’[[Monarchie romaine|ancienne monarchie]]. L'empereur détient un pouvoir incontesté, le [[Sénat de l'Empire romain|Sénat]] redevient simple conseiller sans pouvoir et les [[assemblées de l'Empire romain|assemblées]] totalement impuissantes.

== Magistrats de la Monarchie romaine ==
{{source obsolète|Abbott|date=septembre 2012}}

Pendant la [[Monarchie romaine]], le roi est le seul magistrat<ref name="Abbott, 8">[[Frank Frost Abbott|F.F. Abbott]], ''A History and Description of Roman Political Institutions'', p.8</ref>. Son pouvoir, en pratique, est absolu. Le roi peut avoir plusieurs assistants. Quand un roi meurt, un ''[[interroi|interrex]]'' est nommé pour faciliter l’élection d’un nouveau roi.

=== Roi de Rome ===
Le roi cumule les [[pouvoir exécutif|pouvoirs exécutif]]<ref name="Abbott, 8" />, [[Temporel et spirituel|religieux]], [[pouvoir judiciaire|judiciaire]] et [[pouvoir législatif|législatif]]. Il est également le seul commandant en chef<ref name="Abbott, 8" /> des armées<ref name="Abbott, 15">[[Frank Frost Abbott|F.F. Abbott]], {{opcit}}, p.15</ref>.

Le roi de Rome est techniquement élu par le peuple de Rome. Néanmoins, en pratique, c’est le [[Sénat de la Monarchie romaine|Sénat]] qui détient réellement le pouvoir d’élire un nouveau roi.

La période entre la mort d’un roi et l’élection de son successeur est appelé l’''[[interroi|interregnum]]''<ref name="Abbott, 10">[[Frank Frost Abbott|F.F. Abbott]], {{opcit}}, p.10</ref>. Durant cette période, le Sénat choisit un ''[[interroi|interrex]]''<ref name="Abbott, 14">[[Frank Frost Abbott|F.F. Abbott]], {{opcit}}, p.14</ref>. Celui-ci nomme alors un prétendant au trône, ce choix étant soumis au vote du [[Sénat de la Monarchie romaine|Sénat]]. Si le Sénat vote en faveur de ce prétendant, celui-ci se présente aux élections officielles, c'est-à-dire au vote du peuple par l’intermédiaire des [[comices curiates]] ([[assemblées législatives de la Monarchie romaine|assemblée populaire]])<ref name="Abbott, 14"/>. Après que le prétendant est élu par les comices curiates, le Sénat ratifie l’élection usant de son ''[[auctoritas principis|auctoritas patrum]]''<ref name="Abbott, 14"/>. L’''[[interroi|interrex]]'' déclare alors le prétendant comme nouveau roi.

Le nouveau roi prend ensuite les [[augure|auspices]], et est investi de l’''[[imperium]]'' par application de la ''[[lex curiata de imperio]]'' par les [[comices curiates]]<ref name="Abbott, 14"/>.

Selon [[Salluste]], l’''[[imperium]]'' que possède le roi (consécutif à l’application de la ''lex curiata de imperio'' par les comices curiates) est connu sous le nom d’''imperium legitimum''<ref name="Abbott, 15"/>. Cela signifie probablement que la seule limite imposée au roi est qu’il respecte le ''[[mos majorum|mos maiorum]]''<ref name="Abbott, 15"/>. Dans la pratique, cela n’entraîne aucune réelle restriction de pouvoir.

Parfois, le roi accepte des restrictions de son pouvoir. Typiquement, le roi voudra qu’une déclaration de guerre soit ratifiée par les [[comices curiates]] avant de s’engager. Une telle ratification n’est pas nécessaire, mais assure au roi le soutien du peuple (qui combattra dans cette guerre)<ref name="Abbott, 19">[[Frank Frost Abbott|F.F. Abbott]], {{opcit}}, p. 19</ref>.

=== Assistants du roi ===
Plusieurs officiers peuvent être choisis pour assister le roi<ref name="Abbott, 16">[[Frank Frost Abbott|F.F. Abbott]], {{opcit}}, p.16</ref>.

Quand le roi quitte la ville, un substitut (le ''praefectus urbi'' ou « [[préfet de Rome|préfet de la ville]] ») dirige la ville à la place du roi absent<ref name="Abbott, 16"/>. Le roi a également deux [[questeur (Rome)|questeurs]] (''quaestores parricidii'') comme assistants généraux. Plusieurs magistrats, connus comme ''duumviri perduellionis'', assistent le roi pour les cas de trahison. Pendant une guerre, le roi délègue occasionnellement le commandement de la cavalerie au ''tribunus celerum''<ref name="Abbott, 16"/>.

=== Interrex ===

Quand le roi (du [[latin]] ''rex'') meurt, ses pouvoirs sont transférés au [[Sénat de la Monarchie romaine|Sénat]]<ref name="Abbott, 10"/>. La période suivant la mort du roi, qui s’achève par l’élection de son successeur, est appelée l’''interregnum''. Quand un ''[[interroi|interregnum]]'' commence, un ''[[interroi|interrex]]'' est nommé<ref name="Abbott, 14"/>.

La méthode selon laquelle le premier ''interrex'' est choisi pour un ''interregnum'' donné reste inconnue<ref name="Abbott, 14"/>. Néanmoins, ce que l’on sait, c’est que chaque ''interrex'' doit libérer son poste après cinq jours et nommer un successeur<ref name="Abbott, 14"/> jusqu'à ce qu'un roi soit élu.

La seule différence entre le roi et l’''interrex'' reste la durée limitée de sa prise du pouvoir<ref name="Abbott, 14"/>. L’''interrex'' possède les mêmes pouvoirs que le roi. Bien qu’ils servent à faciliter la transition d’un roi à l’autre, les pouvoirs de l’''interrex'' ne se limitent pas à cette seule tâche.

== Magistrats de la République romaine ==
{{Article connexe|Institutions de la République romaine|Magistrats de la République romaine}}

[[Fichier:Organigramme république romaine.png|thumb|right|300px|Fonctionnement théorique de la [[République romaine]] vers les {{-s2|III|II}}]]

Chaque magistrat romain (''magistratus'') est investi d’une partie plus ou moins importante du pouvoir, et ainsi tous les magistrats ont un certain rang de pouvoir (''maior potestas'' ou « pouvoirs majeurs »)<ref name="Abbott, 151">[[Frank Frost Abbott|F.F. Abbott]], {{opcit}}, p. 151</ref>. Les [[dictateur (Rome antique)|dictateurs]] possèdent plus de pouvoirs que n’importe quel autre magistrat. Chaque magistrat peut seulement bloquer par son ''[[veto]]'' une action prise par un magistrat de rang égal ou inférieur au sien. Par conséquent, aucun magistrat ne peut mettre son ''veto'' aux décisions du [[Sénat de la République romaine|Sénat]] ou des [[assemblées législatives de la République romaine|assemblées]].

Comme les [[tribun de la plèbe|tribuns de la plèbe]] et les [[édile (Rome antique)|édiles plébéiens]] ne sont pas à proprement parler des magistrats<ref name="Abbott, 196">[[Frank Frost Abbott|F.F. Abbott]], {{opcit}}, p. 196</ref>, ils ne sont pas concernés par la répartition des « pouvoirs majeurs ». En général, cela fait d’eux des magistrats indépendants des autres<ref name="Pol">[[Polybe]], ''Histoire générale'', '''[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/polybe/six.htm Livre VI]'''</ref>{{,}}<ref name="Abbott, 151"/>. C’est la raison pour laquelle, par exemple, ils ne peuvent voir leurs actes bloqués par le ''veto'' des [[Consul (Rome antique)|consuls]]. Les tribuns ne comptent pas sur leurs pouvoirs pour faire obstruction par un ''veto'' aux [[magistrats de la République romaine|magistrats]], [[comices]] et [[Sénat de la République romaine|Sénat]], mais sur la sacrosainteté de leur personne<ref name="Pol"/> (''intercessio''). Si un magistrat, une assemblée ou le Sénat ne se conforment pas aux ordres d’un tribun, celui-ci, en usant de l’''intercessio'', peut bloquer cette action particulière. La moindre agression envers un tribun est considérée comme une offense capitale.

Chaque magistrat ordinaire peut faire obstruction (''[[veto]]'') à une action qui est prise par un magistrat d'un rang égal ou inférieur. Si cette obstrution se produit entre deux magistrats ayant les mêmes pouvoirs (comme deux [[préteur]]s), on appelle alors cela ''par potestas''<ref name="Abbott, 154">[[Frank Frost Abbott|F.F. Abbott]], {{opcit}}, p. 154</ref>. Cette forme d'obstruction n'est pas un ''veto'' à proprement parler, mais une opposition pure et simple. Pour prévenir cela, les magistrats utilisent un principe d'alternance, allouant les responsabilités par le sort ou l'ancienneté, ou donnant à certains magistrats le contrôle (''provinciae'') sur certaines fonctions<ref name="Abbott, 155">[[Frank Frost Abbott|F.F. Abbott]], {{opcit}}, p. 155</ref>. C'est la raison pour laquelle, par exemple, chaque [[Consul (Rome antique)|consul]] tient les ''[[fasces]]'' pour un mois, puis les rend à son collègue le mois suivant, ainsi de suite<ref name="Cic">[[Cicéron]], ''De la République'', '''[http://remacle.org/bloodwolf/orateurs/republique2.htm Livre II]'''</ref>.

Si cette obstruction se produit contre un magistrat ayant moins de pouvoir (tel un consul agissant contre un préteur), on appelle alors cela l’''intercessio''<ref name="Abbott, 154"/>. Dans ce cas, le magistrat oppose son pouvoir supérieur (''maior potestas'') pour annuler les actes d'un magistrat inférieur.

=== Pouvoirs des magistrats ===
Chaque magistrat républicain détient certains pouvoirs constitutionnels (''[[potestas]]''), qui comprennent l’''[[imperium]]'', la ''[[coercitio]]'' et l’''[[auspicia]]'' (pouvoirs [[religion de la Rome antique|religieux]]). Ces pouvoirs sont équilibrés par plusieurs contraintes constitutionnelles, incluant la collégialité (''[[collega]]''), le droit des citoyens d’en appeler au peuple (''[[provocatio]]'') et une division constitutionnelle des pouvoirs (''[[provincia]]''). Seul le peuple de Rome ([[plèbe|plébéiens]] et [[patricien]]s) a le droit de conférer ces pouvoirs à un magistrat<ref name="Lintott, 95">[[Andrew Lintott|A. Lintott]], ''The Constitution of the Roman Republic'', p. 95</ref>.

Le plus important des pouvoirs constitutionnels est l’''[[imperium]]''. Il est détenu à la fois par les [[Consul (Rome antique)|consuls]] et les [[préteur]]s. Défini de façon limitée, il donne simplement à un magistrat l’autorité nécessaire pour commander une force militaire. De façon plus générale, il donne au magistrat l’autorité constitutionnelle nécessaire pour commander que ce soit dans le domaine militaire, diplomatique, civil ou autre. L’''imperium'' du magistrat est à son maximum lorsque le magistrat se trouve à l’étranger. Pendant qu’un magistrat se trouve en personne dans la ville de Rome, il peut avoir à abandonner complètement son ''imperium''<ref name="Byrd, 20">[[Robert Byrd|R. Byrd]], ''The Senate of the Roman Republic'', p. 20</ref>.

Tous les magistrats ont le pouvoir de ''coercitio'', qui est utilisé pour maintenir l’ordre public<ref name="Lintott, 97">[[Andrew Lintott|A. Lintott]], {{opcit}}, p.97</ref>, bien qu’à Rome tous les [[citoyenneté romaine|citoyens]] bénéficient d’une protection absolue contre la ''coercitio''. Cette protection garantit le droit à l’appel au peuple (''provocatio''). La ''provocatio'' exige qu'on en appelle à un [[tribun de la plèbe|tribun]]<ref name="Cic"/>. Comme aucun tribun ne peut conserver ses pouvoirs à l'extérieur de la ville de Rome, le pouvoir de ''coercitio'' est absolu hors de la ville de Rome.

Les magistrats ont à la fois le pouvoir et le devoir de lire les présages (''auspicia''). Un [[présage]] est un évènement qui est compris comme un signe envoyé par les dieux. Les [[augure|auspices]] peuvent être utilisés pour faire obstruction aux ennemis politiques. En déclarant avoir été témoin d’un présage, un magistrat peut justifier sa décision de mettre fin à une réunion d’une [[assemblées législatives de la République romaine|assemblée législative]] ou du [[Sénat de la République romaine|Sénat]], ou sa décision de mettre son ''[[veto]]'' à un collègue.

=== Limites des pouvoirs du magistrat ===
Les magistrats romains ont quelques restrictions à leurs pouvoirs. Trois de ces restrictions sont la ''collega'', la ''provocatio'' et la ''provincia''. Tant qu'un magistrat est dans la ville de Rome, la ''collega'' et la ''provocatio'' sont à leur maximum. Tant que le magistrat est à l'extérieur, la ''provincia'' est la principale restriction du pouvoir du magistrat. Les pouvoirs de ces derniers sont aussi limités par la durée de leur mandat (généralement un an).

L’une de ces restrictions est la collégialité (''[[collega]]''). Chaque magistrature est détenue de manière concurrentielle par au moins deux personnes de façon à minimiser les risques de tyrannie (et faciliter les successions). Par exemple, les [[Consul (Rome antique)|consuls]] gouvernent toujours par paire<ref name="Lintott, 101">[[Andrew Lintott|A. Lintott]], {{opcit}}, p.101</ref>.

Une autre restriction est la ''provocatio'', précurseur du principe moderne de l’''[[habeas corpus]]''. Tout [[citoyenneté romaine|citoyen de Rome]] a un droit absolu de ''provocatio''. Si un magistrat tente d’utiliser ses pouvoirs à l’encontre d’un citoyen (par exemple pour punir un citoyen d’un crime qu’il est présumé avoir commis), ce citoyen peut en appeler au peuple (''provoco ad populum''). Dans ce cas, un [[tribun de la plèbe|tribun]] intervient avec le pouvoir de secourir le citoyen<ref name="Cic"/>. Souvent, le tribun amène le cas de justice devant une assemblée législative, un tribunal ou le collège des tribuns, pour prononcer le verdict final. La ''provocatio'' sert à contrôler le pouvoir de cœrcition (''coercitio'') des magistrats.

La ''provincia'' constitue un contrôle supplémentaire du pouvoir des magistrats. La ''provincia'' oblige à diviser les responsabilités. Par exemple, les [[gouverneur romain|gouverneurs]] de [[province romaine|provinces]] ont chacun un pouvoir suprême sur leur province. En suivant le principe de la ''provincia'', ces gouverneurs ne peuvent amener leur armée dans une autre province<ref name="Lintott, 101-102">[[Andrew Lintott|A. Lintott]], {{opcit}}, p.101-102</ref>.

Une fois que le mandat annuel d’un magistrat expire, il doit attendre dix ans avant de pouvoir se présenter de nouveau à la même magistrature. Comme cela crée des problèmes pour certains magistrats (en particulier les [[Consul (Rome antique)|consuls]] et [[préteur]]s), leur ''imperium'' peut être occasionnellement « prorogé ». Ils détiennent alors les mêmes pouvoirs (comme [[promagistrat]]) sans occuper officiellement la magistrature. En pratique, ils agissent comme gouverneurs provinciaux<ref name="Lintott, 113">[[Andrew Lintott|A. Lintott]], {{opcit}}, p.113</ref>.

=== Magistrats ===
Par définition, un magistrat (''magistratus'') est un individu qui est élu par le peuple de Rome (''populus Romanus''). À ce titre, ils sont considérés comme étant des représentants de tout le peuple de Rome. Chaque magistrat acquiert un degré de pouvoir (''maior potestas'').

==== Consuls ====
{{Article connexe|Consul (Rome antique)}}

Le consul de la [[République romaine]] est le plus haut des magistrats ordinaires<ref name="Pol"/>{{,}}<ref name="Byrd, 20" />. Le pouvoir suprême du consul est une conséquence du fait qu'aucun magistrat ordinaire ne détient un plus haut rang de ''maior potestas'' que le consul (autre que le [[censeur romain|censeur]], qui n'a pas d’''imperium''). La ''maior potestas'' du consul est illustrée par douze [[licteur]]s qui accompagnent chaque consul. Chacun d’eux porte une hache cérémonielle connue sous le nom de faisceaux (''[[fasces]]''), qui symbolise le pouvoir de l’État à punir et exécuter.

Les consuls sont élus par les [[comices centuriates]]. Le mandat consulaire dure un an<ref name="Cic"/>{{,}}<ref name="Byrd, 20" />, et chaque consul a toujours un autre consul comme collègue. Au fil des ans, un des consuls devient supérieur à son collègue. Ce surplus de pouvoir est échangé tous les mois entre les deux consuls<ref name="Cic"/>. Celui qui a le plus de pouvoir pour un mois donné détient les faisceaux (''[[fasces]]'')<ref name="Byrd, 42">[[Robert Byrd|R. Byrd]], {{opcit}}, p.42</ref>. Après la fin de son mandat, un consul doit attendre dix ans avant de se représenter au consulat<ref name="Byrd, 110">[[Robert Byrd|R. Byrd]], {{opcit}}, p.110</ref>.

Les consuls ont un pouvoir suprême à la fois en ce qui concerne les domaines civil et militaire. En fait, à Rome, c’est le consul qui détient les faisceaux qui est à la tête du gouvernement romain<ref name="Pol"/>. La gestion du gouvernement est placée finalement sous l’autorité de ce consul. Il doit alors mettre en vigueur les lois promulguées par les [[assemblées législatives de la République romaine|assemblées]] et le [[Sénat de la République romaine|Sénat]]<ref name="Byrd, 179">[[Robert Byrd|R. Byrd]], {{opcit}}, p. 179</ref> qu’il préside<ref name="Pol"/>{{,}}<ref name="Byrd, 179"/>.

Le consul est également le chef de la diplomatie et doit faciliter les échanges entre les ambassades étrangères et le Sénat<ref name="Pol"/>. Le consul est investi du plus haut niveau de l’''imperium'' ordinaire. Alors qu’il se trouve à l’étranger, chaque consul commande une armée<ref name="Pol"/>{{,}}<ref name="Byrd, 179"/>. À ce moment, ni le Sénat, ni les assemblées, ni les tribuns ne peuvent s’opposer à lui. Si bien qu’à l’étranger, son autorité est quasi absolue<ref name="Pol"/>.

Le premier consul à être nommé, après l'expulsion de Tarquin le Superbe, dernier roi de Rome, est Lucius Junius Brutus, neveu de Tarquin.

==== Préteurs ====

Les [[préteur]]s administrent les lois civiles<ref name="Byrd, 32">[[Robert Byrd|R. Byrd]], {{opcit}}, p. 32</ref> et commandent les armées provinciales. Ils sont élus par les [[comices centuriates]], pour un mandat annuel à l’instar des consuls. Quand les deux consuls se trouvent à l’extérieur de Rome, le préteur urbain gouverne la ville<ref name="Byrd, 32"/> comme « consul-intérim ».

Certains préteurs (''praetor urbanus'') aident à la gestion du gouvernement central. Ils peuvent administrer les lois civiles ou agir en tant que juge dans les tribunaux. D’autres préteurs ont des responsabilités dans les affaires étrangères. Souvent, ces derniers agissent en [[gouverneur romain|gouverneurs]] de [[province romaine|provinces]]<ref name="Lintott, 107-109">[[Andrew Lintott|A. Lintott]], {{opcit}}, p. 107-109</ref>.

==== Censeurs ====

Tous les cinq ans (un ''[[lustre (Rome antique)|lustrum]]''), deux [[censeur romain|censeurs]] sont élus par les [[comices centuriates]] pour un mandat de dix-huit mois. Après leur élection, les comices centuriates leur attribuent les pouvoirs censoriaux (en votant la ''[[lex potestate de censoria]]'').

Les censeurs ne détiennent pas l’''[[imperium]]'' et ne peuvent donc convoquer ni le [[Sénat de la République romaine|Sénat]] ni aucune [[assemblées législatives de la République romaine|assemblée législative]]. Bien qu'ils possèdent des chaises curules, ils ne détiennent aucun faisceau (''[[fasces]]'') et ne sont pas accompagnés de [[licteur]]s. Comme ils occupent théoriquement un rang plus élevé que les consuls (et donc plus élevé que toutes les magistratures ordinaires), leurs décisions ne peuvent être bloquées que par le ''[[veto]]'' d’un autre censeur ou d’un tribun. Les censeurs n'agissent généralement pas ensemble, mais un censeur a besoin de l'accord de son collègue pour réduire le statut d'un citoyen lors du recensement<ref name="Lintott, 100">[[Andrew Lintott|A. Lintott]], {{opcit}}, p. 100</ref>.

Pendant qu’ils occupent la censure, ils mènent à bien un recensement qui leur permet d’intégrer des [[citoyenneté romaine|citoyens]] dans le [[Sénat de la République romaine|Sénat]] ou de les en expulser<ref name="Byrd, 26">[[Robert Byrd|R. Byrd]], {{opcit}}, p. 26</ref>. Ils doivent mettre à jour la liste des citoyens et de leurs biens dans la ville, ce qui les pousse à connaître certains détails de leurs vies. Ces enquêtes conduisent parfois les censeurs à agir contre un citoyen pour le punir de diverses fautes morales. De telles fautes comprennent la banqueroute et la lâcheté. Comme sentence (« censure »), le censeur peut frapper le citoyen d’une amende<ref name="Cic"/> ou vendre ses biens<ref name="Byrd, 26"/>.

Une fois que le recensement est complété, le censeur dirige une cérémonie religieuse, le ''[[lustre (Rome antique)|lustrum]]'', qui valide le résultat du recensement<ref name="Lintott, 119">[[Andrew Lintott|A. Lintott]], {{opcit}}, p.119</ref>.

==== Édiles ====

Les [[Édile (Rome antique)|édile]]s sont des magistrats qui s’occupent des affaires domestiques dans Rome. Les [[comices tributes]], sous la présidence d’un [[Consul (Rome antique)|consul]], élisent deux édiles curules pour un mandat annuel<ref name="Lintott, 130">[[Andrew Lintott|A. Lintott]], {{opcit}}, p. 130</ref>. Bien que les édiles curules ne détiennent pas de faisceaux (''fasces''), ils occupent une chaise curule.

Ils bénéficient de larges pouvoirs concernant les affaires quotidiennes dans la ville de Rome. Ils gèrent les [[macellum|marchés]], les [[Jeux (Rome antique)|spectacles et les jeux]]<ref name="Byrd, 31">[[Robert Byrd|R. Byrd]], {{opcit}}, p. 31</ref>. Ils s’occupent également de la conservation des bâtiments tels que les [[temple romain|temples]], les [[aqueducs de Rome|aqueducs]] et les [[Cloaca Maxima|égouts]]<ref name="Lintott, 129, 130-131">[[Andrew Lintott|A. Lintott]], {{opcit}}, p. 129, 130-131</ref>.

==== Questeurs ====

La magistrature de [[questeur (Rome)|questeur]] est considérée comme celle de rang le plus bas<ref name="Byrd, 31"/>. Les questeurs sont élus par les [[comices tributes]] pour un mandat annuel<ref name="Byrd, 31"/>. Ils assistent les [[Consul (Rome antique)|consuls]] dans Rome et les [[gouverneur romain|gouverneurs]] de [[province romaine|provinces]]. Leurs tâches sont souvent d’ordre financier.

==== Tribuns et édiles plébéiens ====

Comme les [[tribun de la plèbe|tribuns]] et les [[édile (Rome antique)|édiles plébéiens]] ne sont élus que par les [[plèbe|plébéiens]], plutôt que par tout le peuple de Rome, ils ne sont pas techniquement des magistrats. Ils sont élus par le [[concile plébéien]]. À l’origine, la seule tâche d’un édile plébéien est d’assister le tribun. Néanmoins, au fil des ans, la distinction entre édiles plébéien et curule a disparu.

Puisque les tribuns sont considérés comme l’incarnation des plébéiens, ils sont sacrosaints<ref name="Byrd, 23">[[Robert Byrd|R. Byrd]], {{opcit}}, p. 23</ref>. Leur sacrosainteté est renforcée par la promesse faite par les plébéiens de tuer quiconque portera atteinte au tribun durant son mandat. Tous les pouvoirs des tribuns dérivent de ce statut sacrosaint. Une conséquence évidente se traduit par le fait qu’il est considéré comme une offense capitale d’agresser un tribun, d’ignorer son ''[[veto]]'' ou de contrecarrer ses actions<ref name="Byrd, 23"/>. Comme ils sont indépendants de tous les autres magistrats<ref name="Byrd, 179"/>, ils ne peuvent voir leurs actions bloquées que par le ''veto'' d’autres tribuns.

La sacrosainteté du tribun (ainsi que tous les pouvoirs tribunitiens) prend seulement effet le temps que le tribun reste à Rome. Si celui-ci quitte Rome, les plébéiens ne peuvent plus appliquer leur serment.

Les tribuns ont l'autorité pour faire respecter le droit de ''provocatio''. C'est une garantie théorique de la [[sécurité juridique]] et est un précurseur de notre propre ''[[habeas corpus]]''. Si un magistrat menace de prendre des mesures contre un citoyen, ce citoyen peut crier ''provoco ad populum''. Cela a pour effet de faire appel à un tribun de la décision d'un magistrat<ref name="Cic"/>. Le tribun doit alors évaluer la situation et donner au magistrat son approbation avant que celui-ci puisse agir. Chaque mesure prise malgré une ''provocatio'' valide est un acte illégal<ref name="Cic"/>.

Les tribuns peuvent utiliser leur sacrosainteté lorsqu’on maltraite physiquement un individu (comme lors d’une arrestation)<ref name="Lintott, 123">[[Andrew Lintott|A. Lintott]], {{opcit}}, p.123</ref> et pour ordonner l’application de la peine capitale contre un individu qui se serait mis en travers de leur route<ref name="Byrd, 23"/>. De plus, les tribuns peuvent s’interposer physiquement<ref name="Pol"/> (''intercessio'') contre un magistrat, le Sénat ou une assemblée, cette action ayant le même effet qu’un ''veto''<ref name="Lintott, 122">[[Andrew Lintott|A. Lintott]], {{opcit}}, p. 122</ref>. Si un [[magistrats de la République romaine|magistrat]], le [[Sénat de la République romaine|Sénat]] ou une assemblée refusent de respecter le ''[[veto]]'' d’un [[tribun de la plèbe|tribun]], ce dernier peut user de sa sacrosainteté comme protection et les forcer physiquement à s’y conformer.

En plus, les tribuns président le [[concile plébéien]]. Par conséquent, ils sont habilités à ouvrir et clore des séances, ainsi qu'à introduire des affaires devant le concile<ref name="Lintott, 34">[[Andrew Lintott|A. Lintott]], {{opcit}}, p.34</ref>.

==== Dictateurs et ''senatus consultum ultimum'' ====

En temps de guerre, lors de circonstances critiques pour la [[République romaine]], un [[dictateur (Rome antique)|dictateur]] est nommé pour six mois<ref name="Byrd, 24">[[Robert Byrd|R. Byrd]], {{opcit}}, p. 24</ref>. Le gouvernement est dissous après que le Sénat a promulgué un ''[[senatus consultum ultimum]]'', autorisant les [[Consul (Rome antique)|consuls]] à nommer un [[Dictateur (Rome antique)|dictateur]], qui devient alors le maître absolu de l’État<ref name="Cic"/> pour six mois maximum. Il prend le pouvoir immédiatement et nomme un [[maître de cavalerie]] (''magister equitum'') agissant comme son principal lieutenant<ref name="Byrd, 42"/>. Souvent, le dictateur se retire dès que le problème justifiant sa nomination est résolu<ref name="Byrd, 24"/>, restaurant par la même le gouvernement tel qu’il était avant son arrivée.

Le dernier dictateur conventionnel est nommé en [[-202|202 av. J.-C.]] Après cette date, les cas d’extrême urgence sont gérés par le passage d’un ''[[senatus consultum ultimum]]'', qui suspend le gouvernement civil et instaure la loi martiale (ou quelque chose d’analogue)<ref name="Abbott, 240">[[Frank Frost Abbott|F.F. Abbott]], {{opcit}}, p. 240</ref>. En effet, cela investit les [[Consul (Rome antique)|consuls]] des pouvoirs dictatoriaux.

Il y a plusieurs raisons pour que le Sénat commence à user du ''senatus consultum ultimum'' plutôt que de nommer un [[dictateur (Rome antique)|dictateur]] lors des cas d’extrême urgence après [[-202|202 av. J.-C.]] Pendant le {{IIIe siècle av. J.-C.}}, une série de lois est ratifiée permettant un contrôle du pouvoir dictatorial<ref name="Abbott, 240"/>. De plus, en [[-217|217 av. J.-C.]], une loi est promulguée qui donne aux assemblées populaires le droit de nommer les dictateurs, éliminant alors le monopole de l’aristocratie sur ce pouvoir<ref name="Abbott, 240"/>.

=== Synthèse ===
{| class=wikitable
!Type de magistrature
!Cursus Honorum
!Magistrature
!Désigné par
![[Chaise curule]] et<br/>[[Toge prétexte]]
![[Imperium]]
!Auspice
|-
| rowspan="3" |{{centrer|Extraordinaire}}
| rowspan="4" |{{centrer|{{pas fait}}}}
|{{centrer|'''[[Interroi]]'''}}
|[[Sénat romain|Sénat]]
| rowspan="7" |{{centrer|{{fait}}}} 
| rowspan="3" |{{centrer|{{fait}}}}
| rowspan="6" |Majeur
|-----
|{{centrer|[[Dictateur (Rome antique)|'''Dictateur''']]}}
|Consul
|-
|{{centrer|'''[[Maître de cavalerie]]'''}}
|Dictateur
|-
| rowspan="7" |{{centrer|Ordinaire}}
|{{centrer|'''[[Censeur]]'''}}
| rowspan="3" |[[Comices centuriates]]
|{{centrer|{{pas fait}}}}
|-
| rowspan="5" |{{centrer|{{fait}}}}
|{{centrer|[[Consul (Rome antique)|'''Consul''']]}}
| rowspan="2" |{{centrer|{{fait}}}}
|-
|{{centrer|'''[[Préteur]]'''}}
|-
|{{centrer|'''[[Édile (Rome antique)|Édile crurule]]'''}}
| rowspan="3" |[[Comices tributes]]
| rowspan="4" |{{centrer|{{pas fait}}}}
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== Magistrats de l'Empire romain ==
{{Article connexe|Magistrats de l'Empire romain}}

Une distinction doit être faite entre le titre de « ''princeps'' » et celui d'« empereur ». Alors que le mot « empereur » dérive du titre honoraire d’« ''[[imperator (titre)|imperator]]'' », le mot lui-même n'apparaît sous sa forme moderne que lorsque [[Charlemagne]] est couronné « [[Empire carolingien|empereur]] » au {{VIIIe siècle}}. Le terme le plus approprié pour parler des premiers empereurs serait « ''princeps'' ». Ce terme signifie simplement « le premier citoyen ».

Sous l'[[Empire romain|Empire]], la plupart des [[magistrats de la République romaine|vieilles magistratures républicaines]] continuent d'exister. Néanmoins, elles deviennent rapidement impuissantes.

=== Empereur (''Princeps'') ===
{{Article connexe|Empereur romain}}

Théoriquement, le [[Sénat de l'Empire romain|Sénat]] élit chaque nouvel empereur. En pratique, cependant, chaque empereur nomme son propre successeur. Après sa mort, il accorde ses pouvoirs légaux à son successeur (pouvoirs tribunitiens et ''[[imperium]]'' [[Proconsul (Rome antique)|proconsulaire]]) qui sont théoriquement nécessaires pour qu'on le nomme empereur. Après la mort de l'empereur, c'est à l'armée de ratifier ou de rejeter son choix. Si un individu a le soutien de l'armée, le Sénat acquiesce sous l'apparence d'une élection indépendante.

Le rang légal sur lequel le pouvoir de l'empereur repose est son ''[[imperium]]'' [[Proconsul (Rome antique)|proconsulaire]] et ses pouvoirs tribunitiens. Son ''imperium'' proconsulaire lui donne le pouvoir de commander l'armée romaine entière. Ses pouvoirs tribunitiens lui procurent tout pouvoir sur l'appareil civil à Rome et rend sa magistrature et sa personne sacrosaintes.

==== Pouvoirs consulaires et proconsulaires ====
En vertu de son ''[[imperium]]'' [[Proconsul (Rome antique)|proconsulaire]] (''imperium proconsulare''), l'empereur détient le même rang d’''imperium'' que les [[Consul (Rome antique)|consuls]]. Cela lui confère le même degré d'autorité qu'ont détenu les consuls. Cependant, comme l'empereur n'est (quasiment) jamais un consul, il n'est pas régi par les restrictions constitutionnelles de cette magistrature<ref name="Abbott, 344">[[Frank Frost Abbott|F.F. Abbott]], {{opcit}}, p. 344</ref>. Par exemple, il n'est pas requis d'observer la collégialité (il n'a ainsi pas de collègue) et ces actes ne peuvent être bloqués par un ''[[veto]]''.

Son ''imperium'' proconsulaire lui donne le commandement et l'autorité sur tous les [[Proconsul (Rome antique)|proconsuls]]. Depuis que les proconsuls commandent chaque [[province romaine|province]], la plupart de l'[[armée romaine]] y cantonne. Ainsi, en commandant les proconsuls, l'empereur acquiert le commandement de la quasi-totalité de l'armée romaine.

Enfin, le rang d’''imperium'' qui est accordé à l'empereur inclut des pouvoirs qui, sous la [[République romaine|République]], sont réservés au [[Sénat de la République romaine|Sénat]] et aux [[assemblées législatives de la République romaine|assemblées]]. Cela inclut le droit de déclarer une guerre, de ratifier des traités et de négocier avec les nations étrangères<ref name="Abbott, 345">[[Frank Frost Abbott|F.F. Abbott]], {{opcit}}, p.345</ref>.

==== Pouvoirs tribunitiens ====
Alors que l’''imperium'' proconsulaire donne à l'empereur l'autorité sur l'appareil militaire romain, ses [[tribun de la plèbe|pouvoirs tribunitiens]] (''potestas tribunicia'') lui procurent des pouvoirs sur l'appareil civil romain. Il se peut que l'aspect le plus utile des pouvoirs tribunitiens soit son prestige<ref name="Abbott, 357">[[Frank Frost Abbott|F.F. Abbott]], {{opcit}}, p. 357</ref>. Ce prestige provient de l'histoire populaire de cette magistrature (le [[tribun de la plèbe|tribunat]])<ref name="Abbott, 356">[[Frank Frost Abbott|F.F. Abbott]], {{opcit}}, p.356</ref>.

Ses pouvoirs tribunitiens donnent à l'empereur le rang légal de présider (et ainsi de dominer) les [[assemblées législatives de l'Empire romain|assemblées]] et le [[Sénat de l'Empire romain|Sénat]]<ref name="Abbott, 357"/>. Ils lui donnent aussi le droit de mettre son ''[[veto]]'' à tous les actes des [[assemblées législatives de l'Empire romain|assemblées populaires]] et du [[Sénat de l'Empire romain|Sénat]]. Cependant, les assemblées perdent rapidement leurs pouvoirs, et une obstruction de la part du Sénat contre l'empereur est improbable<ref name="Abbott, 356"/>.

Quand un empereur est investi des pouvoirs tribunitiens, sa magistrature et sa personne deviennent sacrosaintes<ref name="Abbott, 357"/>. C'est une offense capitale de faire du mal (ou du mois essayer) à l'empereur. C'est aussi une offense capitale (punie de mort) de faire obstruction à l'empereur, ou de dire du mal de lui<ref name="Abbott, 357"/>.

==== Pouvoirs supplémentaires ====
L'empereur a l'autorité pour réaliser les devoirs qui, sous la [[République romaine|République]], sont réservés aux [[censeur romain|censeurs]] ; notamment la collecte des taxes et le droit d'accorder des subventions publiques. Il peut aussi contrôler la moralité publique (''[[censeur romain|censure]]'') et effectuer un cens. Ayant le contrôle du cens, l'empereur a un contrôle absolu sur l'adhésion de membres au [[Sénat de l'Empire romain|Sénat]]<ref name="Abbott, 354">[[Frank Frost Abbott|F.F. Abbott]], {{opcit}}, p.354</ref>.

Il a le pouvoir de publier des ''edicta'' (« édits »), des ''decreta'' (« décrets »), et des ''rescripta'' (« rescrits »)<ref name="Abbott, 349">[[Frank Frost Abbott|F.F. Abbott]], {{opcit}}, p. 349</ref>. Les ''edicta'' concernent généralement les affaires associées à l'armée, le trésor, ou le ravitaillement. Les ''decreta'' sont des décisions judiciaires. Les ''rescripta'' sont publiées en réponse à d'importantes questions posées par des citoyens privés<ref name="Abbott, 349"/>.

Sous la [[République romaine|République]], l’''aerarium Saturni'' ([[Ærarium|Trésor public]] du [[temple de Saturne]]) contient le trésor de l'État. Seul le [[Sénat de la République romaine|Sénat]] en a le contrôle. Au début du [[principat]], le [[Sénat de l'Empire romain|Sénat]] garde un temps le contrôle sur l’''aerarium Saturni'', mais le perd cependant petit-à-petit<ref name="Abbott, 352">[[Frank Frost Abbott|F.F. Abbott]], {{opcit}}, p. 352</ref>. L'empereur [[Auguste]] établit deux nouvelles trésoreries. Celles-ci sont le ''fiscus Caesaris'' et l’''aerarium militare''. Le ''fiscus Caesaris'' remplace l’''aerarium Saturni'', et devient ainsi la principale trésorerie de Rome<ref name="Abbott, 352"/>. Alors que l'empereur contrôle maintenant la trésorerie publique, il ne viole pas techniquement la tradition (comme s'il avait pris catégoriquement le contrôle de l’''aerarium Saturni''). L’''aerarium militare'' est de moindre importance. Sa seule fonction significative est de contenir les fonds nécessaires pour payer les soldats<ref name="Abbott, 353">[[Frank Frost Abbott|F.F. Abbott]], {{opcit}}, p. 353</ref>.

L'empereur a aussi le contrôle sur les [[religion de la Rome antique|institutions religieuses]]<ref name="Abbott, 345"/>. En dominant tant les institutions politiques que religieuses, l'empereur devient le vrai maître de l'État.

=== Magistratures républicaines sous l'Empire ===
Sous l'[[Empire romain|Empire]], les citoyens sont divisés en trois classes. Celles-ci sont l'[[ordre sénatorial]], l'[[chevalier romain|ordre équestre]] et les [[plèbe|plébéiens]]. Chaque citoyen peut faire carrière dans les services publics. Chacune de ces trois classes a des possibilités de carrières séparées (connues sous le nom de ''[[cursus honorum]]'')<ref name="Abbott, 374">[[Frank Frost Abbott|F.F. Abbott]], {{opcit}}, p. 374</ref>. Les magistratures de la vieille république sont seulement autorisées aux citoyens de la classe sénatoriale. Les magistratures de l'exécutif qui ont survécu à la chute de la République sont (par ordre de rang selon le ''cursus honorum'') le [[Consul (Rome antique)|consulat]], la [[préteur|préture]], le [[tribun de la plèbe|tribunat de la plèbe]], la [[questure (Rome)|questure]], l'[[édile (Rome antique)|édilité]] et le [[tribun militaire|tribunat militaire]]<ref name="Abbott, 374"/>.

==== Consuls ====

Pendant la transition de la [[République romaine|République]] à l'[[Empire romain|Empire]], les pouvoirs essentiels des consuls républicains sont transférés à l'[[empereur romain|empereur]]. En plus, on doit être nommé par l'empereur avant de se présenter à la moindre magistrature. Le résultat est la perte d'indépendance des [[Consul (Rome antique)|consuls]], et ainsi tant de ses pouvoirs que de son prestige. De plus, sous l'Empire, les consuls démissionnent souvent avant le terme de leur mandat, ce qui affaiblit d'autant plus le consulat. Ayant des consuls affaiblis, le [[Sénat de l'Empire romain|Sénat]] lui-même perd de son influence et l'[[empereur romain|empereur]] devient de plus en plus puissant.

Après la chute de la [[République romaine|République]], les [[Consul (Rome antique)|consuls]] n'ont aucun pouvoir réel. L'autorité (ainsi que le prestige) du consulat se dégrade et les consuls deviennent, en quelque sorte, des [[Édile (Rome antique)|édile]]s de haut rang. Les consuls impériaux président le Sénat, peuvent agir comme juges dans certaines affaires criminelles, et contrôlent les [[jeux (Rome antique)|jeux et démonstrations publics]]. En général, l'autorité consulaire ne s'étend pas au-delà de l'administration civile de l'[[Italie (époque romaine)|Italie]] ou des [[province romaine|provinces sénatoriales]]<ref name="Abbott, 376">[[Frank Frost Abbott|F.F. Abbott]], {{opcit}}, p. 376</ref>.

==== Préteurs ====
{{Article connexe|Préteur}}

Un temps bref, les préteurs ont le contrôle du trésor. Le pouvoir des préteurs est alors à son apogée quand ils président aussi les ''quaestio perpetua'' (« cours de justice permanentes »)<ref name="Abbott, 377">[[Frank Frost Abbott|F.F. Abbott]], {{opcit}}, p. 377</ref>. L'importance de la préture s'effondre quand l'empereur [[Hadrien]] publie un décret appelé ''edictum perpetuum''<ref name="Abbott, 377"/>. Ce décret prive la préture de son droit de publier des édits, et transfère la plupart des pouvoirs judiciaires aux consuls ou aux juges des cours provinciales.

==== Tribuns ====
{{Article connexe|Tribun de la plèbe}}

Sous l'[[Empire romain|Empire]], les tribuns restent sacrosaints<ref name="Abbott, 378">[[Frank Frost Abbott|F.F. Abbott]], {{opcit}}, p.378</ref>. En théorie, ils gardent le pouvoir de convoquer (ou d'exercer leurs droits de ''veto'' sur) le [[Sénat de l'Empire romain|Sénat]] et les [[assemblées législatives de l'Empire romain|assemblées]]<ref name="Abbott, 378"/>. Les pouvoirs des tribuns sur les assemblées ne signifient plus rien depuis que les assemblées elles-mêmes n'ont plus de pouvoirs réels. La seule influence réelle des tribuns est de pouvoir mettre un ''veto'' à une décision sénatoriale. Les tribuns ont aussi le pouvoir de mettre des amendes et gardent leur pouvoir de ''provocatio''.

==== Questeurs ====
{{Article connexe|Questeur (Rome){{!}}Questeur}}

[[Auguste]] divise le collège des questeurs en deux. Une partie sert dans les [[province romaine|provinces sénatoriales]]. L'autre partie assiste l'administration du gouvernement central<ref name="Abbott, 379">[[Frank Frost Abbott|F.F. Abbott]], {{opcit}}, p. 379</ref>.

Un questeur est assigné à chaque province sénatoriale, hormis la [[Sicile (province romaine)|Sicile]] qui en a deux, pour un total de douze questeurs. Pour le reste des huit questeurs, deux servent à la juridiction interne à la ville de Rome (les ''quaestores urbani''). Enfin, les deux [[Consul (Rome antique)|consuls]] et l'[[empereur romain|empereur]] se voient assignés deux questeurs chacun<ref name="Abbott, 379"/>.

==== Édiles ====

Sous [[Auguste]], le contrôle du ravitaillement en grain est transféré des [[Édile (Rome antique)|édile]]s à un conseil spécial. Ensuite, ils perdent leurs derniers pouvoirs, notamment celui de maintenir l'ordre dans la ville, ce qui rend cette magistrature vide de pouvoir, et elle disparaît vers le milieu du {{IIIe siècle}}<ref name="Abbott, 378"/>.

==== Magistratures abolies ====
[[Marc Antoine]] abolit les magistratures extraordinaires de [[dictateur (Rome antique)|dictateur]] et de [[maître de cavalerie]] durant son [[Consul (Rome antique)|consulat]] de [[-44|44 av. J.-C.]] La magistrature d’''[[interroi|interrex]]'' est aussi supprimée pendant la transition de la [[République romaine|République]] à l'[[Empire romain|Empire]]<ref name="Abbott, 375">[[Frank Frost Abbott|F.F. Abbott]], {{opcit}}, p. 375</ref>. La [[censeur romain|censure]] disparaît définitivement après le règne de l'empereur [[Claude (empereur romain)|Claude]].

== Magistrats de l'exécutif du Bas-Empire ==
Les magistratures de l'exécutif n'ont guère plus de pouvoirs que les charges municipales après que [[Dioclétien]] est devenu [[empereur romain|empereur]]. Ses réformes ne font que graver ce qui s'effectue déjà. Les [[Consul (Rome antique)|consuls]] ne peuvent que présider le Sénat. Les [[préteur]]s et les [[questeur (Rome)|questeurs]] ne peuvent qu'organiser des [[jeux (Rome antique)|jeux publics]]. Le préteur garde malgré tout quelque autorité judiciaire limitée. Les autres magistratures disparaissent.

Les deux premiers [[Consul (Rome antique)|consuls]] d'une année, les ''consules ordinarii'', sont nommés par l'[[empereur romain|empereur]]. La fin du mandat des ''consules ordinarii'' est alors le [[21 avril]]. Tous les autres consuls d'une année (ayant moins de prestiges, les ''consules suffecti''), sont élus par le Sénat, qui élit aussi les préteurs et les questeurs. Cependant, l'approbation de l'empereur est nécessaire pour que l'élection soit certifiée.

== Notes et références ==
{{Références}}

== Annexes ==
{{Traduction/Référence|en|Roman Magistrates|222761616}}

=== Bibliographie ===
==== Sources antiques ====
* [[Tite-Live]] (trad. [[Désiré Nisard]]), ''Histoire romaine'', [[Paris]], [[1864]] <small>(<span class="plainlinks">[http://bcs.fltr.ucl.ac.be/LIV/Intro.html lire en ligne]</span>)</small>.
* [[Cicéron]] (trad. [[Abel-François Villemain]]), ''De la République'', [[Paris]], [[1864]] <small>(<span class="plainlinks">[http://remacle.org/bloodwolf/orateurs/republique1.htm lire en ligne]</span>)</small>.
* [[Polybe]] (trad. [[Fustel de Coulanges]]), ''Histoire générale'', [[Amiens]], [[1858]] <small>(<span class="plainlinks">[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/polybe/index.htm lire en ligne]</span>)</small>.

==== Sources modernes utilisées ====
* {{en}} [[Frank Frost Abbott|Abbott, Frank Frost]], ''A History and Description of Roman Political Institutions'', [[Elibron Classics]], [[1901]] {{ISBN|0543927490}}.
* {{en}} [[Robert Byrd|Byrd, Robert]], ''The Senate of the Roman Republic'', [[:en:Lightning Source|{{en}} Lightning Source]], [[1995]] {{ISBN|0898753937}}.
* {{en}} [[Andrew Lintott|Lintott, Andrew]], ''The Constitution of the Roman Republic'', [[Oxford University Press]], [[1999]] {{ISBN|0199261083}}.

==== Autres ouvrages francophones ====
* [[Mireille Cébeillac-Gervasoni]], Alain Chauvot et Jean-Pierre Martin, ''Histoire romaine'', éd.[[Armand Colin]], [[Paris]], [[2006]] {{ISBN|2200265875}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Élisabeth|nom1=Deniaux|titre=Rome, de la Cité-État à l'Empire, Institutions et vie politique|lieu=Paris|éditeur=[[Hachette Livre|Hachette]]|année=2001|pages totales=256|isbn=2-01-017028-8}}
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Claude|nom1=Nicolet|lien auteur1=Claude Nicolet|titre=Rome et la conquête du monde méditerranéen 264–27 av. J.-C.|lieu=Paris|éditeur=[[Presses universitaires de France|PUF]]|collection=Nouvelle Clio, l'Histoire et ses problèmes|année=2001|numéro d'édition=10|année première édition=1979|pages totales=462|isbn=2-13-051964-4}}
* [[Theodor Mommsen|Mommsen, Theodor]] (trad. [[Paul Frédéric Girard]]), ''Le droit public romain'', [[Paris]], [[1871]]-[[1892]] <small>(<span class="plainlinks">[http://www.mediterranee-antique.info/Auteurs/Fichiers/MNO/Mommsen/Droit_Romain/DPR_000.htm lire en ligne]</span>)</small>.
* [[Theodor Mommsen|Mommsen, Theodor]] (trad. [[Charles Alfred Alexandre]]), ''Histoire de la Rome antique'', [[Paris]], [[1863]]-[[1872]] <small>(<span class="plainlinks">[http://www.mediterranee-antique.info/Auteurs/Fichiers/MNO/Mommsen/Histoire_romaine/HR_000.htm lire en ligne]</span>)</small>.
* [[Montesquieu|Montesquieu, Charles]], ''[[Considérations sur les causes de la grandeur des Romains et de leur décadence]]'', [[1734]] <small>(<span class="plainlinks">[http://www.histoire-fr.com/Bibliographie_montesquieu_romains_decadence_0.htm lire en ligne]</span>)</small>.
* [[Jean-Michel David]], ''Au service de l'honneur. Les appariteurs de magistrats romains'', Les Belles Lettres, 2019.

==== Autres ouvrages anglophones ====
* {{en}} [[Averil Cameron|Cameron, Averil]], ''The Later Roman Empire'', [[Harvard University Press]], [[2007]] {{ISBN|978-0674511941}}.
* {{en}} {{lien|trad=Michael Crawford (historian)|fr=Michael Crawford (historien)|texte=Crawford, Michael}}, ''The Roman Republic'', [[Harvard University Press]], [[2006]] {{ISBN|978-0674779273}}.
* {{en}} [[Erich S. Gruen|Gruen, Erich Stephen]], ''The Last Generation of the Roman Republic'', [[Université de Californie|University of California Press]], [[1995]] {{ISBN|978-0520201538}}.
* {{en}} [[Tom Holland (auteur)|Holland, Tom]], ''Rubicon : The Last Years of the Roman Republic'', [[Random House]], [[2005]] {{ISBN|1400078970}}.
* {{en}} [[Wilhelm Ihne|Ihne, Wilhelm]], ''Researches Into the History of the Roman Constitution'', [[BiblioLife]], [[2008]] {{ISBN|978-0554716763}}.
* {{en}} [[Fergus Millar|Millar, Fergus]], ''The Emperor in the Roman World'', [[Université Cornell|Cornell University Press]], [[1992]] {{ISBN|978-0801480492}}.
* {{en}} [[Lily Ross Taylor|Taylor, Lily Ross]], ''Roman Voting Assemblies : From the Hannibalic War to the Dictatorship of Caesar'', [[Université du Michigan|University of Michigan Press]], [[1966]] {{ISBN|047208125X}}.
* {{en}} {{lien|Ambrose Tighe|texte=Tighe, Ambrose}}, ''The Development of the Roman Constitution'', [[:en:D. Appleton & Company|{{en}} D. Apple & Co.]], [[New York]], [[1886]] {{OCLC|1861347}}.
* {{en}} [[Kurt Von Fritz|Von Fritz, Kurt]], ''The Theory of the Mixed Constitution in Antiquity'', [[Université Columbia|Columbia University Press]], [[New York]], [[1975]] {{ISBN|978-0405070822}}.

=== Liens externes ===
* {{Autorité}}
* {{Bases}}
* {{Dictionnaires}}

{{Palette|Constitution romaine}}
{{Portail|Rome antique|Droit}}

[[Catégorie:Magistrature romaine]]