Voir la source de Legio V Macedonica

La '''{{Ve}} légion Macedonica''' est une [[légion romaine]] qui était présente dans l'armée d'[[Auguste|Octavien]] et resta en service jusqu'à la fin de l'[[Empire romain]]. Elle eut le plus souvent sa garnison dans les régions [[Danube|danubiennes]]. Ses emblèmes étaient le taureau et l'aigle.

[[Image:Antoninianus-Gallienus-l5macedonica-RIC 0345-Bj-.jpg|thumb|Monnaie de [[Gallien]] célébrant la {{Ve}} légion Macedonica.]]

== Histoire ==
=== Création et premières garnisons ===
L'origine de la légion V Macedonica est peut-être à chercher dans les légions créées par [[Caius Vibius Pansa Caetronianus]] et [[Auguste|Octavien]] en [[43 av. J.-C.|-43]]. La légion V ''Urbana''<ref name="ritterling1587">E. Ritterling, « Legio », ''RE'', XII, col. 1587. {{Lire en ligne|lien=http://www.romanarmy.com/cms/content/view/144/114/}}</ref> était une des légions de Pansa<ref>P. Cosme, ''L'armée romaine'', Paris, Paris, 2007, {{p.|73}}.</ref>, mais E. Ritterling pensait peu probable qu'il faille l'identifier à la V Macedonica<ref name="ritterling1587" />. On connaît aussi sous Auguste une légion V ''Gallica'' même si son histoire est peu claire : on ne sait s'il faut l'identifier à la [[legio V Alaudae]], à la V Macedonica ou s'il s'agit d'une autre légion encore<ref name="ritterling1571">E. Ritterling, « Legio », ''RE'', XII, col. 1571. {{lire en ligne|lien=http://www.romanarmy.com/cms/content/view/72/113/}}</ref>. Toutefois [[Ronald Syme]] et [[Emil Ritterling]] considéraient qu'il s'agissait de la V Macedonica<ref>[[Ronald Syme]], « Some Notes on the Legions under Augustus », ''J.R.S.'', 23, 1933, {{p.|18}}.</ref>. Après la [[bataille d'Actium]], et la réorganisation de l'armée par [[Auguste]], la légion fut placée en garnison en [[Macédoine (province romaine)|Macédoine]] d'où elle tira son nom définitif. La légion y recruta des soldats à une date assez haute<ref>F. Papazoglou, « Quelques aspects de l’histoire de la province de Macédoine », ''ANRW'', II, 7, 1, {{p.|341-342}}.</ref>. Son histoire est alors très mal connue. Il semble aussi, selon Ronald Syme, qu'à l'époque d'Auguste la V Macedonica opéra en Orient, peut-être en liaison avec les déplacements de [[Caius Julius Caesar Vipsanianus|Gaius César]]<ref>Ronadl Syme, « Some Notes on the Legions under Augustus », ''J.R.S.'', 23, 1933, {{p.|30}} qui s'appuyait sur la présence de vétéran à Berytus, sur l'identification avec la V Gallica et sur [[Corpus Inscriptionum Latinarum|CIL]] IX, 3427.</ref>. Quoi qu'il en soit la V Macedonica retourna ensuite dans la région des [[Balkans]]. Avec la [[legio IV Scythica]], elle est la première légion romaine sur le [[Danube]] que nous connaissons nommément. Si ces deux légions ne sont attestées explicitement que vers [[34]]<ref>[[Corpus Inscriptionum Latinarum|CIL]], III 1698.</ref> on considère qu’elles étaient en [[Mésie]] dès [[6]]-[[9]]<ref>F. Papazoglou, « Quelques aspects de l’histoire de la province de Macédoine », ''ANRW'', II, 7, 1, {{p.|341}} ; [[Corpus Inscriptionum Latinarum|CIL]] IX, 6155 ; [[Corpus Inscriptionum Latinarum|CIL]] III, 14492 ; [[Corpus Inscriptionum Latinarum|CIL]] III, 647 (''ILS'', 2538).</ref>. Sa garnison en [[Mésie]] se trouvait à [[Oescus]]. Des [[Épigraphie latine|inscriptions latines]] attestent de son implantation et notamment de la présence de chargés du ravitaillement<ref>Rumen Ivanov, « Lixa Legionis V Macedonicae aus Oescus », ''[[Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik]]'', 80, 1990, {{p.|131-136}}.</ref>. Par la suite la garnison de la légion resta attachée aux provinces danubiennes, mais à plusieurs reprises elle s'en éloigna pour participer à des conflits d'envergure, en particulier dans les provinces orientales de l'empire.

=== De Corbulo à Vespasien : des opérations notables en Orient au {{s-|I|er}} ===
Sous [[Néron]], en [[62]], la légion est envoyée en Orient, en direction de l'Arménie, où elle se retrouve sous les ordres de [[Cnaeus Domitius Corbulo]] et joue un rôle prééminent dans les opérations<ref>[[Tacite]], ''Annales'', XV, 26.</ref>. 

Lorsque la [[première guerre judéo-romaine]] éclate en [[66]], la V Macedonica est envoyé en [[Judée]] où elle se retrouve directement sous les ordres de [[Vespasien]] avec la [[legio X Fretensis]]<ref>[[Flavius Josèphe]], ''Guerre des Juifs'', 3, 65.</ref>. Selon [[Flavius Josèphe]], dans l’été [[67]], la légion remporta la victoire du [[mont Garizim]] sur les Samaritains, puis participa au siège de [[Gamla|Gamala]] en [[68]]. Sa garnison se trouvait alors à Césarée puis à Emèse. Elle participa à la [[Siège de Jérusalem (70)|bataille de Jérusalem]] en [[69]]-[[70]] sous les ordres de [[Titus (empereur romain)|Titus]]. Par la suite, elle stationne brièvement à [[Alexandrie]]<ref>[[Flavius Josèphe]], ''Guerre des Juifs'', 7, 19 ; Rumen Ivanov, « Lixa Legionis V Macedonicae aus Oescus », ''[[Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik]]'', 80, 1990, {{p.|136}}</ref>. À la fin de la guerre de Judée, en [[71]], elle retourne à [[Oescus]].

=== De la Mésie à la Dacie : le {{s-|II|e}} ===
C'est en partie au sein de la V Macedonica que le futur empereur [[Hadrien]] effectua son service de [[tribun militaire]], vers [[96]]. Quelques années plus tard la légion est momentanément déplacée pour participer aux deux guerres [[Daces|daciques]] de [[Trajan]] ([[101]]-[[106]])<ref>Ioan Piso, ''An der Nordgrenze des römischen Reiches'', Stuttgart, 2005, {{p.|412}}.</ref>. De retour en Mésie elle installe sa garnison à [[Troesmis]] (Iglita) dans la région du delta du Danube. 
Il est possible que la légion envoya un détachement participer à la répression contre [[Shimon bar Kokhba|Bar Kokhba]]<ref>Ioan Piso, ''An der Nordgrenze des römischen Reiches'', Stuttgart, 2005, {{p.|414}}.</ref>
[[Image:LVM Legio Macedonica.JPG|thumb|left|Brique portant la marque de la légion et retrouvée dans son  camp de [[Turda|Potaissa]].]]
En [[162]], elle quitte sa garnison de Troesmis sous les ordres de [[Publius Martius Verus]] pour participer à la [[guerre parthique de Lucius Verus]]. Toutefois à son retour, vers [[166]], elle ne réintégra pas le camp de Troesmis et s'installa à [[Turda|Potaissa]] en [[Dacie romaine|Dacie]] au plus tard en [[168]]. Les circonstances et la chronologie de ce déplacement de garnison ne sont cependant pas connues précisément : les provinces de Dacie étaient alors soumises à de grandes menaces militaires barbares et furent réorganisées et réunies sous la direction d'un seul gouverneur qui dirigeait désormais deux légions. Il est possible qu'entre son retour et son installation en Dacie la légion ait été placée sous les ordres de [[Sextus Calpurnius Agricola]] au sein d’un commandement autonome<ref>Ioan Piso, ''An der Nordgrenze des römischen Reiches'', Stuttgart, 2005, {{p.|414-415}}.</ref>. De sa nouvelle garnison elle participa à défense de la Dacie et des provinces danubiennes, en particulier lors des guerres marcomanniques de [[Marc Aurèle]] ainsi qu'au début du règne de son fils [[Commode (empereur)|Commode]]. C'est alors, vers [[185]], que son comportement exemplaire lors d'une mutinerie lui valut les surnoms de ''Pia'' et ''Constans'' et elle reçut vraisemblablement aussi, pour la première fois, les surnoms de ''Pia Fidelis''<ref> Ioan Piso, ''An der Nordgrenze des römischen Reiches'', Stuttgart, 2005, {{p.|415}}.</ref>.

=== Défense et abandon de la Dacie ===
[[Image:2006_0602TurdaPotaissaBath0109.jpg|thumb|right|ruines des thermes de la légion à [[Turda|Potaissa]]]]
Installée à Potaissa, la légion participa à la défense de la Dacie mais aussi aux affrontements entre candidats à l'empire qui se multiplièrent au {{s|III|e}} avec la montée des menaces sur les frontières de l'empire. La V Macedonica, par l’intermédiaire de [[vexillation]]s, fut un des soutiens constants et importants de [[Septime Sévère]] : des détachements de la légion participèrent à la descente de Sévère sur l’Italie en [[193]], à la campagne contre [[Pescennius Niger]] en [[193]]-[[195]], et à la bataille de Lyon contre [[Clodius Albinus]] en [[197]]<ref>Ioan Piso, ''An der Nordgrenze des römischen Reiches'', Stuttgart, 2005, {{p.|416 et 426}}.</ref>. 

Au {{s-|III|e}}, l’histoire de la V Macedonica est étroitement associée à celle de l’autre légion de Dacie, la [[legio XIII Gemina]]<ref>Ioan Piso, ''An der Nordgrenze des römischen Reiches'', Stuttgart, 2005, {{p.|416}}.</ref>. Selon Ioan Piso, il est vraisemblable que des vexillations des deux légions aient accompagné [[Maximin le Thrace]] jusqu’à Aquilée avec à leur tête le gouverneur de la Dacie<ref>Ioan Piso, ''An der Nordgrenze des römischen Reiches'', Stuttgart, 2005, {{p.|417}}.</ref>. Au milieu du siècle la légion se retrouve fortement impliquée dans les regroupements de troupes destinés à défendre les frontières de l’empire et composés à partir de troupes prélevées dans plusieurs provinces. C’est à ce titre que des éléments des légions de Dacie peuvent s’installer en Italie du nord. Ces vexillations, destinées à procurer de la mobilité aux armées romaines, sont dirigées par des officiers portant le titre de ''dux''<ref>{{citation étrangère|lang=la|dux legg(ionum) Dac(iscarum)}}, [[Corpus Inscriptionum Latinarum|CIL]] VI, 1645 (''ILS'' 2773) ; Ioan Piso, ''An der Nordgrenze des römischen Reiches'', Stuttgart, 2005, {{p.|417}}.</ref> ayant sous leurs ordres des officiers portant le titre de ''praepositus''. C’est pourquoi l’on retrouve aussi à [[Ptuj|Poetovio]], en Pannonie, des vexillations des légions V Macedonica et XIII Gemina dirigées par Flavius Aper, ''praepositus''<ref> [[Année épigraphique|''AE'']] 1936, 53-57.</ref>. La V Macedonica, et sans doute essentiellement sa cavalerie, contribua donc de manière notable à l'armée de campagne de [[Gallien]].

Sur les monnaies célébrant les légions de Dacie les surnoms honorifiques sont précédés de numéros ce qui montre que l’honneur de recevoir le surnom fut réitéré. L’espace de l’Illyricum était en effet au cœur des luttes de pouvoir entre prétendant à l’empire, la fidélité des légions était donc célébrée par l’empereur régnant. Les monnaies de Gallien attestent que la V Macedonica reçut six fois les surnoms ''pia'' et ''fidelis'', soit une fois de moins que l’autre légion de Dacie. La V Macedonica avait donc du choisir le parti d’un [[Usurpateur romain|usurpateur]] à un moment donné, sans doute [[Regalianus]]<ref name="Piso_p418">Ioan Piso, ''An der Nordgrenze des römischen Reiches'', Stuttgart, 2005, {{p.|418}}.</ref>. Après le règne de Gallien, le sort de la légion en Dacie est inconnu jusqu'à l'évacuation de la province. Lorsque l'évacuation de la Dacie fut entérinée par [[Aurélien (empereur romain)|Aurélien]], la légion retrouva une garnison à Oescus en Mésie en [[271]]<ref name="Piso_p418"/>. En revanche un détachement de la légion fut envoyé en Orient en [[295]]-[[296]] et finalement installé à [[Memphis (Égypte)|Memphis]]<ref>Rumen Ivanov, « Lixa Legionis V Macedonicae aus Oescus », ''[[Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik]]'', 80, 1990, {{p.|136}}.</ref>.

== Notes et références ==
{{Références|taille=25}}

== Voir aussi ==
{{Autres projets|commons = Category:Legio V Macedonica}}

=== Bibliographie ===
* {{de}} Rumen Ivanov, « Lixa Legionis V Macedonicae aus Oescus”, ''[[Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik]]'', 80, 1990, {{p.|131-136}}. {{lire en ligne|lien=http://www.uni-koeln.de/phil-fak/ifa/zpe/downloads/1990/080pdf/080131.pdf}} {{pdf}}.
* {{de}} Ioan Piso, ''An der Nordgrenze des römischen Reiches'', Stuttgart, 2005.

=== Articles connexes ===
* [[Légion romaine]] - [[Liste des légions romaines]]
* [[Marcus Sedatius Severianus]], [[légat de légion]] vers [[140]].
* [[Lucius Artorius Castus]], [[Centurion|centurion primipile]] de la légion au début du {{s|III|e}}.

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[[Catégorie:Légion romaine|05, Macedonica]]
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[[Catégorie:Unité ou formation militaire créée au Ier siècle av. J.-C.]]