Voir la source de Le bruit et l'odeur (discours de Jacques Chirac)

{{Voir homonyme|mef=[[Le Bruit et l'Odeur (album)|Le Bruit et l'Odeur]] pour l'album de Zebda}}
{{Infobox Discours
| wikidata = Q3228385
}}

« '''Le bruit et l'odeur''' » est une expression extraite d'un discours de [[Jacques Chirac]] prononcé le {{date|19|juin|1991}} et connu comme ''Le Discours d'Orléans''. Il s'agissait d'un dîner-débat du [[Rassemblement pour la République|RPR]] à [[Orléans]], devant {{nombre|1300|militants}} et sympathisants. Chirac était alors président du [[Rassemblement pour la République]] (le RPR) et [[maire de Paris]], et ce discours portait sur un éventuel recadrage de la politique d'[[Immigration en France|immigration française]].

« Le bruit et l'odeur » désignaient des désagréments causés selon Chirac par certaines personnes immigrées en France. L'expression est restée célèbre, elle fut prononcée durant une période où de nombreuses personnalités politiques ont tenu des propos hostiles à l'immigration<ref>Le {{date-|8 juillet 1991}}, dans l'émission ''[[Le Droit de savoir]]'', la Première Ministre [[Édith Cresson]] n'exclut pas de recourir aux [[Vol charter|charters]] collectifs inventés par [[Charles Pasqua]], pour les expulsions d'étrangers en situation irrégulière. Dans une interview donnée au ''[[Figaro magazine]]'' le {{date-|22 septembre 1991}}, l'ancien président de la République [[Valéry Giscard d'Estaing]] déclare {{Citation|le type de problème auquel nous aurons à faire face se déplace de celui de l'immigration vers celui de l'invasion}}. {{Cf.|maj}} {{ouvrage|auteur=[[Yvan Gastaut]] |titre=L'immigration et l'opinion en France sous la Ve République |éditeur=[[Éditions du Seuil]] |année=2000 |passage=464}}.</ref>.

== Contexte ==
Le thème de l'immigration n'est pas un sujet délicat pour la [[droite parlementaire]] française jusqu'au milieu des {{nobr|[[années 1980]]}}. Malgré le [[Chômage en France|chômage]] croissant des {{nobr|[[années 1970]]}}, qui arrête l'immigration de travail, le [[gouvernement Jacques Chirac (1)|gouvernement de Jacques Chirac]] instaure en [[1976]] le [[regroupement familial]], qui permet aux immigrés déjà présents légalement sur le territoire français de faire venir leur [[famille]], dans le cadre de diverses politiques de relance.

Toutefois, la société française commence à se préoccuper de la modification de la structure ethnique de la population<ref>Johannes Gehringer, ''« Immigration ou invasion » Le discours politique en France sur l'immigration'', {{nobr|section 1.1.2}}, mémoire de maîtrise soutenu en 1995 à l'[[Université de Vienne]].</ref>, ce qui contribue à expliquer la percée du [[Front national (parti français)|Front national]]<ref>{{Chapitre|langue=fr|auteur1=[[Pascal Perrineau]]|titre chapitre=Le Front National : 1972-2015|auteurs ouvrage=[[Michel Winock]]|titre ouvrage=Histoire de l'extrême droite en France|éditeur=Points|année=2015|année première édition=1994|pages totales=336|passage=279-280|isbn=978-2757855317}}</ref>, qui fait de la lutte contre l'immigration l'un de ses leitmotivs. Cela modifie la configuration politique. À partir du milieu des {{nobr|années 1980}}, le [[Front national (parti français)|FN]] remporte des succès électoraux importants en obtenant pratiquement 11 % aux [[élections européennes de 1984]], en faisant son entrée à l'[[Assemblée nationale (France)|Assemblée nationale]] lors des [[Élections législatives françaises de 1986|élections législatives de 1986]] à la faveur du passage à la proportionnelle. Son candidat, [[Jean-Marie Le Pen]], obtient plus de 14 % au premier tour de l'[[élection présidentielle française de 1988|élection présidentielle de 1988]].

Chirac modifie alors ses positions sur la politique migratoire. Lors d'un entretien avec [[Franz-Olivier Giesbert]], le {{date|22 juin 1985}}, il indique, au sujet de la percée du {{abréviation discrète|FN|Front national}} : {{citation|[…] Pour le moment, tout ça n'est pas bien grave. Il y a un type, [[Jean-Marie Le Pen|Le Pen]], que je ne connais pas et qui n'est probablement pas aussi méchant qu'on le dit. Il répète certaines choses que nous pensons, un peu plus fort et mieux que nous, en termes plus populaires. […]}}<ref>[[Franz-Olivier Giesbert]], ''Jacques Chirac'', [[Éditions du Seuil]], {{coll.|Points}}, 1995, {{p.|419}}.</ref>. Lors d'un discours à [[Marseille]], le {{date|10 mars 1988}}, le même orateur indique : {{citation|Si je ne peux pas l'admettre [la multiplication des réactions racistes et xénophobes], je peux le comprendre}}<ref>« À Marseille, Monsieur Chirac se propose de « régler en cinq ans » les problèmes de l'immigration », ''[[Le Monde]]'', {{date-|12 mars 1988}}.</ref>. Jusqu'au discours d'Orléans, Chirac a exprimé son adhésion à une vision multiethnique et multiculturelle de la France : <!-- en [[1985]], il indique que « la France est une puissance [[Islam en France|musulmane]] et une société multiraciale<ref>''[[Le Monde]]'', {{date-|19 janvier 1985}}, cité par Guillaume Faye dans « [http://ch.altermedia.info/europe/du-crepuscule-a-laube-synthese-dune-vision-du-monde_1384.html Du crépuscule à l'aube synthèse d'une vision du monde] »</ref> » et, --> en tant que [[Premier ministre français|Premier ministre]] en 1987, il l'affirme {{citation|pluraliste et multiraciale}}<ref>« La fin de la visite du premier ministre aux Antilles. La France est une société « pluraliste et multiraciale » déclare le chef du gouvernement », ''[[Le Monde]]'', {{date-|15 septembre 1987}}.</ref>.

== Extrait du discours ==
Le {{date|19 juin 1991}}, au cours d'un dîner-débat du {{abréviation discrète|RPR|Rassemblement pour la République}}, Jacques Chirac prononce le discours qui contient l'expression le « bruit et l'odeur ». Voici un extrait<ref>[http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&from=fulltext&full=chirac+bruit+odeur&num_notice=3&total_notices=8 Extrait du discours de Jacques Chirac du {{date-|19 juin 1991}}], sur le site de l'[[Institut national de l'audiovisuel]].</ref>, portant sur l'immigration :
{{Citation bloc|Notre problème, ce n'est pas les [[étranger|étrangers]], c'est qu'il y a [[overdose]]. C'est peut-être vrai qu'il n'y a pas plus d'étrangers qu'avant la guerre, mais ce n'est pas les mêmes et ça fait une différence. Il est certain que d'avoir des [[Espagne|Espagnols]], des [[Pologne|Polonais]] et des [[Portugal|Portugais]] travaillant chez nous, ça pose moins de problèmes que d'avoir des [[Islam en France|musulmans]] et des [[Noir (humain)|Noirs]] […] Comment voulez-vous que le travailleur français qui habite à la [[Quartier de la Goutte-d'Or|Goutte-d'or]] où je me promenais avec [[Alain Juppé]] il y a trois ou quatre jours, qui travaille avec sa femme et qui, ensemble, gagnent environ {{unité|15000|francs}}, et qui voit sur le palier à côté de son [[Habitation à loyer modéré|HLM]], entassée, une famille avec un père de famille, trois ou quatre épouses, et une vingtaine de gosses, et qui gagne {{nombre|50000|francs}} de [[Prestation sociale en France|prestations sociales]], sans naturellement travailler ! ''[applaudissements nourris]'' Si vous ajoutez à cela '''le bruit et l'odeur''' ''[rires nourris]'', eh bien le travailleur français sur le palier, il devient fou. Il devient fou. C'est comme ça. Et il faut le comprendre, si vous y étiez, vous auriez la même réaction. Et ce n'est pas être [[Racisme|raciste]] que de dire cela. Nous n'avons plus les moyens d'honorer le [[regroupement familial]], et il faut enfin ouvrir le grand débat qui s'impose dans notre pays, qui est un vrai débat moral, pour savoir s'il est naturel que les étrangers puissent bénéficier, au même titre que les Français, d'une solidarité nationale à laquelle ils ne participent pas puisqu'ils ne paient pas d'[[Imposition en France|impôt]] ! […] Il faut que ceux qui nous gouvernent prennent conscience qu'il y a un problème de l'[[Immigration en France|immigration]], et que si l'on ne le traite pas et, les [[Parti socialiste (France)|socialistes]] étant ce qu'ils sont, ils ne le traiteront que sous la pression de l'[[opinion publique]], les choses empireront au profit de ceux qui sont les plus extrémistes<ref name="INA">[http://www.ina.fr/archivespourtous/index.php?vue=notice&from=fulltext&num_notice=2&full=chirac+bruit+odeur&total_notices=4 Réactions au discours de Jacques Chirac du {{date-|19 juin 1991}}], sur le site de l'[[Institut national de l'audiovisuel]].</ref>{{,}}<ref name="CUG02">Yann Cugny, ''[http://www.rennes.iep.fr/IMG/pdf/Cugny.pdf Délinquance et émeutes urbaines : Traitement médiatique et politique{{pdf}}]''. Section Politique et Société, Séminaire « Histoire contemporaine de la société française », 2002–2003.</ref>. […] ''[Au sujet des [[Arabe du coin|épiciers de proximité]]]'' La plupart de ces gens-là sont des gens qui travaillent, des braves gens ; on est bien content de les avoir. Si on n'avait pas l'épicier [[kabyle]] au coin de la rue, ouvert de {{nombre|7|heures}} du matin à minuit, combien de fois on n'aurait rien à bouffer le soir<ref name="MON-21-06-91">Régis Guyotat, « Le débat sur l'immigration Le maire de Paris : « Il y a overdose » », ''[[Le Monde]]'', {{date-|21 juin 1991}}.</ref> ?}}

== Analyses ==
Le discours d'Orléans utilise des termes chocs stigmatisants ({{citation|overdose}}, {{citation|une vingtaine de gosses}}, {{citation|le bruit et l'odeur}}) dans une démarche se posant en parler franc et en courage ({{citation|exprimer tout haut ce que beaucoup pensent tout bas}}), réservée jusqu'à la fin des {{nobr|années 1980}}, soit un passé très récent, au discours populiste du [[Front national (parti français)|Front national]]<ref>Johannes Gehringer, {{op. cit.}}, {{nobr|section 3.4.5.5}}.</ref>. Ces propos, en utilisant le [[Rhétorique politique|procédé rhétorique]] de dénégation ({{Citation|ce n'est pas les étrangers}} {{Citation|ce n'est pas être raciste}}…), reprennent selon la chercheuse en sciences politiques Christine Barats-Malbrel {{Citation|une série de thématiques d'extrême-droite sur le [[Immigration en France#Études françaises|coût social supposé de l'immigration]], le détournement du système de protection sociale{{etc.}} C'est la référence au « bruit et à l'odeur » qui sera la plus reprise dans les médias}}<ref>{{Article|auteur=Christine Barats-Malbrel |titre=Politisation de l'immigration"<!-- problème d’équilibrage des guillemets --> en France : logiques politiques et enjeux discursifs |périodique=[[Quaderni]]<!-- Wikidata : Q15816981 --> |année=1998 |numéro=36 |passage=73-74 |url texte=}}.</ref>.

Chirac reprend la distinction entre vagues d'immigration, les plus anciennes étant généralement plus proches culturellement et intégrées depuis longtemps donc progressivement mieux acceptées, au contraire des plus récentes. Ici, les immigrés d'[[Europe]] sont opposés à ceux d'[[Afrique]], et par là-même les [[chrétiens]] aux [[Islam en France|musulmans]], et les [[Blanc (humain)|Blancs]] aux [[Noir (humain)|Noirs]] non Antillais ({{citation|Il est certain que d'avoir des [[Espagne|Espagnols]],… travaillant chez nous, ça pose moins de problèmes que d'avoir des musulmans et des Noirs.}})<ref>Johannes Gehringer, {{op. cit.}}, {{nobr|section 7.1}}.</ref>. Alors qu'il se défend d'être raciste, l'historien [[Michel Winock]] considère au contraire que par cette indignité langagière, Chirac encourage toutes les généralisations et tombe bien dans le racisme<ref>{{ouvrage|auteur=Michel Winock |titre=1991, les frontières vives |éditeur=[[Éditions du Seuil]] |année=1992 |passage=229}}.</ref>.

Pour le politologue [[Clément Viktorovitch]], ce discours est un exemple emblématique de [[raisonnement fallacieux]] appelé [[argumentation par l'exemple]]<ref>,Clément Viktorovitch, « L'exemple n'est pas un argument », émission télévisée ''[[Clique (émission de télévision)|Clique]]'', {{date-|19 octobre 2020}}.</ref>.

== Réactions ==
=== Précisions de Jacques Chirac ===
Le lendemain, Jacques Chirac pose la question de savoir pourquoi Jean-Marie Le Pen devrait avoir {{citation|le monopole de souligner les vrais problèmes}} (l'immigration) et affirme que sans intervention des [[Parti socialiste (France)|socialistes]] sur le problème {{citation|les choses empireront au profit de ceux qui sont les plus extrémistes}}<ref name="MON-21-06-91" />. Quelques jours plus tard, Chirac revendique d'avoir renoncé à la [[langue de bois]] et d'avoir {{citation|exprimé tout haut ce que beaucoup pensent tout bas}}<ref name="MON-22-06-91">« Au RPR : dire tout haut ce que chacun pense tout bas », ''[[Le Monde]]'', {{date-|22 juin 1991}}.</ref>.

=== Réactions politiques ===
Ce discours a eu de fortes résonances dans la [[Presse écrite|presse]], notamment ''[[Le Monde]]''<ref name="MON-21-06-91" />{{,}}<ref name="MON-22-06-91" />, ''[[L'Humanité]]''<ref>Gérard Le Puill, « [https://www.humanite.fr/node/282975 Porteurs de haine] », ''[[L'Humanité]]'', {{date-|21 juin 1991}}.</ref>. En effet, jusque-là, les positions de Chirac, en particulier, et de la droite parlementaire, en général, au sujet des problèmes liés à l'immigration n'étaient pas exprimées de manière radicale, cette formulation étant laissée à l'extrême droite. Quelques réactions politiques à ce discours sont :
* [[Jean-Marie Le Pen]] ([[Front national (parti français)|Front national]]) : {{citation|[Je suis] surpris qu'on m'emprunte mon discours, tout en continuant à me diaboliser. Les Français préféreront toujours l'original à la copie}}<ref>''[[Le Figaro]]'', {{date-|21 juin 1991}}, cité par Yann Cugny.</ref>.
* [[Édith Cresson]] ([[Parti socialiste (France)|Parti socialiste]], alors Premier ministre) : {{citation|Je suis choquée, mais pas surprise}}<ref name="INA" />.
* [[Gérard Longuet]] ([[Parti républicain (France)|Parti républicain]]) : {{citation|Jacques Chirac a parlé cru, mais parlé vrai. […] Il s'est fait le porte-parole de tous ceux qui trouvent que les merguez, c'est bien, mais pas tous les jours}}<ref>''[[Le Figaro]]'', {{date-|22 juin 1991}}, cité par Yann Cugny.</ref>.
* [[Simone Veil]] ([[Union pour la démocratie française]]) : {{citation|[Je suis triste du] dérapage de Jacques Chirac, qui n'est pas raciste. Lorsque l'on emploie des arguments extrêmes, qui sont de Monsieur Le Pen, en réalité les gens votent pour lui}}<ref>[[Simone Veil]], ''[[Le Figaro]]'', {{date-|22 juin 1991}}.</ref>.
* [[Bruno Mégret]] (Front national) : {{citation|[En] conséquence des propos de Jacques Chirac, le RPR doit se déclarer prêt à des accords électoraux avec le FN contre la gauche pour les échéances de 1992-1993}}<ref name="CUG02" />.

Le [[Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples|MRAP]] porte plainte contre Jacques Chirac pour [[incitation à la haine raciale]] mais est débouté le {{date|26 février 1992}} par le [[tribunal de grande instance de Paris]]<ref>« [https://www.humanite.fr/node/28113 Les « odeurs » et Chirac : la justice ne sent rien] », ''[[L'Humanité]]'', {{date-|27 février 1992}}.</ref>. Au cours de ce procès, Chirac était défendu par [[Patrick Devedjian]].

Interrogé en 2020 par {{nobr|[[Europe 1]]}}, [[Alain Juppé]] déclare : {{citation|Je ne pense pas que c'était une bêtise, c'était une vérité… Il faut voir dans quel contexte il l'a dit. C'était un quartier extraordinairement difficile, et il l'est toujours}}<ref>{{Article|langue=fr|auteur1=Pierre Maurer|titre=«Le bruit et l'odeur» de Chirac : «pas une bêtise mais une vérité», selon Juppé|périodique=Le Figaro|date=18/09/2020|pages=|issn=|lire en ligne=https://www.lefigaro.fr/politique/le-bruit-et-l-odeur-de-chirac-pas-une-betise-mais-une-verite-selon-juppe-20200918|consulté le=24 juillet 2022}}.</ref>.

== Conséquences politiques ==
Même s'il a été entamé au milieu des {{nobr|[[années 1980]]}}, en particulier avec la [[lois dites Pasqua-Debré|loi dite Pasqua]], ce moment marque un tournant à partir duquel la droite parlementaire tente d'utiliser le thème politique de l'immigration. Deux jours après le discours, l'explication figure dans ''[[Le Figaro]]'' : {{citation|L'immigration est devenue un enjeu électoral. Le laxisme du pouvoir devant les affrontements de banlieue conforte les positions du Front national, et celles du Parti socialiste. Car les électeurs gagnés par Monsieur Le Pen feront défaut à l'opposition parlementaire aux prochaines élections}}<ref>[[Charles Rebois]], dans ''[[Le Figaro]]'', {{date-|21 juin 1991}}, cité par Yann Cugny.</ref>. Pour Yann Cugny<ref name="CUG02" />, ce qui ressemble à un dérapage, comme l'exprime Simone Veil, au cours d'un discours informel est davantage un positionnement politique calculé, exprimé de manière populaire, afin de regagner du terrain face au Front national, voire à rallier certains de ses cadres<ref name="MON-02-07-91">''[[Le Monde]]'' du {{date-|2 juillet 1991}} note qu'au Parti républicain, des contacts avaient été pris avec des cadres frontistes par le biais d'anciens d'[[Occident (mouvement politique)|Occident]] et cite [[Hervé de Charette]] : {{citation|Le FN est désormais intégré dans la vie politique française. […] le problème principal, c'est Le Pen. Mais beaucoup des siens sur le terrain ne demandent pas mieux que de prendre des places à nos côtés.}}</ref>, et de déborder la gauche sur un thème qu'elle aurait du mal à reprendre.

Le discours prononcé par le président d'un parti de gouvernement, en particulier l'expression marquante « le bruit et l'odeur », est une levée de [[tabou]] en ce qui concerne le traitement politique de la situation migratoire en France. [[Hervé de Charette]] parle d'intégration du Front national dans la vie politique française<ref name="MON-02-07-91" />.

L'expression « le bruit et l'odeur » reste longtemps collée à la peau de Chirac, comme le note le quotidien belge ''[[La Libre Belgique|La Libre]]'' lors de sa [[Élection présidentielle française de 2002|réélection à la présidence de la République en 2002]] : {{citation|Il combattit Le Pen mais mit des années à faire oublier le « facho-Chirac » qui stigmatisait « le bruit et l'odeur des étrangers »}}<ref>Bernard Delattre, « [http://www.lalibre.be/article.phtml?id=10&subid=91&art_id=60329 Jacques Chirac réélu] », ''[[La Libre Belgique|La Libre]]'', {{date-|5 mai 2002}}.</ref>.

Quinze ans après le discours, l'expression continue d'être employée par la presse de gauche pour dénoncer les politiques immigratoires fermes lorsqu'elle les juge motivées par le racisme et la [[xénophobie]]<ref>Antoine Guiral, « [http://www.liberation.fr/evenement/010146263-a-droite-le-bruit-et-l-odeur-de-la-xenophobie À droite, le bruit et l'odeur de la xénophobie] », ''[[Libération (journal)|Libération]]'', {{date-|25 avril 2006}}.</ref>.

== Reprise de cette expression ==
{{À délister|date=novembre 2022}}
* L'expression a été abondamment reprise dans les [[Association à but non lucratif|milieux associatifs]]<ref>Voir par exemple le site d'[http://www.contreimmigrationjetable.org/article.php3?id_article=494 Uni(e)s contre une immigration jetable].</ref>.
* Le groupe de musique [[Zebda]], engagé politiquement et dont les membres sont issus de l'immigration, a fait de l'extrait de discours une chanson et un album ''[[Le Bruit et l'Odeur (album)|Le Bruit et l'Odeur]]'' ([[1995 en musique|1995]]). Dans le [[film documentaire]] d'[[Éric Pittard]] ([[2002]]) sur les émeutes de [[1998]] à [[Toulouse]], ''[[Le Bruit, l'Odeur et Quelques Étoiles]]'', les membres du groupe Zebda jouent leur propre rôle ; le groupe en a par ailleurs composé la [[bande-son]].
* D'une manière générale, de nombreux rappeurs ont réutilisé cette expression dans leurs chansons (par exemple [[Al Peco]] dans sa chanson ''Monsieur l'ministre de l'intérieur'', [[Booba]] dans ses chansons ''Tallac'', ''Gangster,'' ''Billets violets'' et ''M.L.C'' ou Iron Sy dans ''Président'').
* Le groupe de rap [[Suprême NTM]] dénonce {{citation|ceux dérangés par les odeurs et les bruits}} dans leur chanson ''Plus jamais ça'' en 1995.
* Les rappeurs Aelpéacha et MSJ, dans leur album commun ''Le Lubrifiant'' (2010), reprennent un extrait du discours, {{nobr|plage 11}} : ''Vous auriez la même réaction'', en guise d'introduction à leur titre reggae ''Nous on aime parfumer'').
* L'expression est reprise dans le film ''[[Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre]]'' (d'[[Alain Chabat]]) par Panoramix à propos de la disposition des cuisines du palais que fait construire l'architecte Numérobis.
* Le discours de Jacques Chirac est repris et commenté par [[Karl Zéro]] dans son film : ''[[Dans la peau de Jacques Chirac]]'' (2006).
* L'expression est parfois reprise de manière ironique par les [[Écologie|écologistes]] au sujet de la voiture<ref>« [http://carfree.fr/index.php/2005/03/19/le-bruit-et-lodeur/ Le bruit et l'odeur] », sur le site [[Carfree]] France, {{date-|19 mars 2005}}.</ref>.
* Le groupe de rap [[La Rumeur (groupe)|La Rumeur]] fait allusion à l'expression dans sa chanson ''On m'a demandé d'oublier'' sur le maxi ''[[Volet 2 : Le Franc-Tireur|Le Franc-tireur]]''.
* Les [[Nèg' Marrons]] reprennent cette expression dans leur chanson ''Les enfants du soleil'' (2000) : ''{{Citation|Pas d'chance pour ceux qui n'supportent pas le bruit et l'odeur}}'' et en featuring avec [[Cesária Évora|Cesaria Evora]] dans ''Petites îles'' (2008) {{Citation|Le bruit l’odeur tu sais chez nous font partie du déco}}.
* À [[Grenoble]], une fresque a été réalisée par des graffeurs sur le périphérique, on peut y voir des caricatures de Chirac et Le Pen, et au milieu la phrase « Le bruit ou l'odeur ».
* [[Patrick Timsit]] y fait allusion dans son sketch sur le racisme issu de son spectacle ''{{lang|en|The one man stand-up show}}''.
* Le groupe Les Mauvais Langues y fait allusion dans leur chanson ''Joyeux bordel'' de leur album ''Ça manque un peu de chaleur'' (2008) : {{citation|(…) On aime le bruit et les odeurs (…)}}.
* Le groupe [[Les Fatals Picards]] reprend cette expression dans sa chanson ''La France du petit Nicolas'' dans l'album ''[[Coming out (album)|{{lang|en|Coming out}}]]'' de {{date-|mars 2011}} : {{citation|Pour gagner mon diplôme de roi des balayeurs, Un salaire de misère, le bruit et l'odeur}}.
* Le groupe [[Ministère des affaires populaires]] y fait également allusion dans sa chanson ''Elle est belle la France'' extraite de l'album ''Debout la d'dans !'' (2006) et dans une autre chanson ''Faudra faire avec'' extraite de l'album ''Les bronzés font du ch'ti''.
* [[Doc Gynéco]] semble répondre à Jacques Chirac dans son titre Hexagonal (duo avec Renaud) : {{citation|Celui-là même qui me traite de négro, et dit que ça pue dans mes escaliers, et que ça gêne qui ? Mon voisin de palier. Un mec qui se saoule au Ricard et frappe sa femme.}}
* [[Gaël Faye]] y fait référence dans sa chanson ''Fils Du Hip-Hop'' de l'album ''Pili Pili sur un croissant au beurre''. "Le bon vin, les dollars ont remplacé le bruit et les odeurs"<ref>{{lien web |titre=Gaël Faye – Fils du hip-hop |url=https://genius.com/Gael-faye-fils-du-hip-hop-lyrics#note-1461883 |site=[[Genius (site web)|Genius]] |consulté le=28-07-2020}}.</ref>
* Le rappeur [[MC Circulaire]] la prononce deux fois dans sa chanson « Faites entrer l'accusé »<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = MC Circulaire - faites entrer l'accusé {{lang|en|lyrics}} |url = https://genius.com/Mc-circulaire-faites-entrer-laccuse-lyrics |site =[[Genius (site web)|Genius]] |date = |consulté le = 10/05/2015}}.</ref>.
* [[Dosseh]] y fait référence dans le titre {{date-|25 décembre}}, de l'album Yuri ''J'viens représenter le bruit et l'odeur''<ref>{{Lien web|langue = fr|titre = Dosseh - {{date-|25 décembre}} {{lang|en|lyrics}} |url = https://genius.com/10779862 |site =[[Genius (site web)|Genius]] |date = 4/11/2016}}.</ref>.
* [[Kery James]] y fait référence dans sa chanson ''[[Musique nègre (chanson)|Musique nègre]]'' en [[2016 en musique|2016]].
* Un podcast nommé « Les enfants du bruit et de l'odeur » est créé en 2020. Deux mères immigrées à la peau noire y évoquent leur expérience du racisme, celle de leurs enfants ainsi que d'autres personnes identifiées comme victime potentielles de racisme<ref>{{Lien web |langue=fr |auteur= |titre=Les enfants du bruit et de l'odeur - Le podcast |url=https://lesenfantsdubruitetdelodeur.com/le-podcast |site=lesenfantsdubruitetdel'odeur.com |date= |consulté le=19 septembre 2020}}.</ref>.
* Le chanteur [[Booba]] dit dans ''[[Panthéon (album)|Tallac]]'' ([[2004 en musique|2004]]) : {{Citation|des hauteurs du 100-8 zoo je représente le bruit et l'odeur}}.

== Notes et références ==
{{Références}}

== Voir aussi ==
=== Documentaire ===
* {{DVDBibliographie| langue= fr | prénom réalisateur= Thomas | nom réalisateur= Raguet | nom producteur= [[LCP (chaîne de télévision)|LCP]] |titre= Petites phrases, grandes conséquences | sous-titre= la droite en dérapage contrôlé | année= 2021 | voir en ligne= https://lcp.fr/programmes/petites-phrases-grandes-consequences/petites-phrases-grandes-consequences-la-droite-en}}.

=== Liens externes ===
* {{Ina|CAC92008870|Discours de Jacques Chirac du 19 juin 1991 et réactions}}

{{Palette|Jacques Chirac}}
{{Portail|politique française|Orléans|années 1990}}

{{DEFAULTSORT:Bruit et odeur}}
[[Catégorie:Petite phrase attribuée à Jacques Chirac]]
[[Catégorie:Discours de Jacques Chirac]]
[[Catégorie:Expression ou néologisme politique]]
[[Catégorie:Histoire de l'immigration en France]]
[[Catégorie:1991 en France]]
[[Catégorie:Xénophobie]]
[[Catégorie:Juin 1991]]