Voir la source de Histoire du Tour de France

{{article général|Tour de France}}
{{En-tête label|BA|année=2016}}
[[Fichier:Ezquerra in de bergen- Ezquerra in the mountains.jpg|vignette|alt=Photographie en noir et blanc d'un cycliste gravissant un col, suivi par une voiture et une moto.|[[Federico Ezquerra]] dans la montée du [[col du Galibier]] en 1934.]]
Créé en 1903 dans un contexte de développement du sport cycliste sous l'impulsion des organes de presse spécialisée et des industriels du cycle, le '''Tour de France''' est organisé par le journal ''[[L'Auto]]'', dirigé par [[Henri Desgrange]], afin de relancer les ventes du quotidien et d'affaiblir son concurrent, ''[[Le Vélo]]''. Dès sa première édition, l'épreuve connaît un certain succès populaire et se voit reconduite l'année suivante. Malgré des accusations de tricherie envers certains coureurs ou des modifications fréquentes du règlement vivement critiquées, comme la mise en place d'un classement par points à défaut d'un classement général au temps entre 1905 et 1912, le Tour de France devient peu à peu l'un des évènements sportifs les plus populaires en France et à l'étranger. Les performances des coureurs du Tour, ces « géants de la route », magnifiées et glorifiées par la narration de la course dans les journaux, puis des années plus tard à la [[Transmission sans fil|TSF]], contribuent à asseoir la notoriété de l'épreuve. Des faits de course comme la fourche cassée d'[[Eugène Christophe]] en 1913 au tracé d'un parcours toujours plus difficile, avec la première traversée des cols pyrénéens en 1910 puis la première ascension du [[col du Galibier]] l'année suivante, la « légende du Tour » s'écrit au fil des ans. Avec l'introduction du [[maillot jaune]] en 1919 pour distinguer le leader du classement général, le Tour de France se dote d'un symbole majeur.

La formule des équipes nationales est retenue à partir de 1930 pour contrer la puissance de certaines équipes de marque, accusées par Henri Desgrange de verrouiller la course, ce qui prive les organisateurs des ressources financières issues des droits d'entrée jusqu'alors payés par les marques. La [[Caravane publicitaire du Tour de France|caravane publicitaire]] naît cette même année pour compenser ce manque à gagner. Les cinq victoires consécutives de l'équipe de France entre 1930 et 1934 suscitent un véritable regain d'intérêt de la part du public.

Alors que le Tour de France renaît dans la difficulté après la [[Seconde Guerre mondiale]], sous l'impulsion de [[Jacques Goddet]] et [[Félix Lévitan]], la formule des équipes nationales est maintenue jusque dans les {{nobr|années 1960}}. Le journal ''[[L'Équipe]]'' succède à ''L'Auto'', qui cesse de paraître à la [[Libération de la France|Libération]]. Les performances de champions comme [[Fausto Coppi]], [[Gino Bartali]] ou [[Louison Bobet]] marquent le public, qui se déchire en [[Tour de France 1964|1964]] à l'occasion du duel entre [[Raymond Poulidor]] et [[Jacques Anquetil]]. Ce dernier, vainqueur en 1957 puis de 1961 à 1964, devient le premier coureur à remporter cinq Tours de France.

Le retour aux équipes de marque et l'émergence de la télévision offrent de nouvelles ressources au Tour de France, dont l'organisation est désormais confiée à une société créée ''{{langue|la|ad hoc}}''. Dès le début des {{nobr|années 1980}}, l'épreuve entre dans une période d'« extension mondialisée » et de forte croissance. Le Tour de France s'internationalise tant au niveau des équipes et des coureurs participants qu'au niveau du parcours et renforce sa position hégémonique au sein du cyclisme mondial.

L'« [[affaire Festina]] » en 1998 constitue un tournant dans la perception du dopage par le public. La pratique d'un dopage généralisé au sein du peloton apparaît au grand jour et l'image du Tour est constamment ternie par les affaires qui se succèdent au cours des {{nobr|années 2000}}, avec en point d'orgue les aveux de [[Lance Armstrong]], qui se voit retirer ses sept victoires sur le Tour de France entre 1999 et 2005. Depuis lors, les performances des coureurs entretiennent la suspicion du public et des médias, tandis que les organisateurs de l'événement sportif s'évertuent à promouvoir l'image d'un « Tour propre ».

== Contexte ==
=== Développement du sport cycliste et des compétitions à la fin du {{s-|XIX|e}} ===
[[Fichier:Terront.jpg|vignette|upright|alt=Une d'un journal de 1891 : sous le nom du jounal, un dessin montre un cycliste tenant sa bicyclette.|La une du ''[[Le Petit Journal (quotidien)|Petit Journal]]'' annonce la victoire de [[Charles Terront]] dans [[Paris-Brest-Paris]] en 1891.]]
{{citation bloc|La bicyclette est mieux qu'un instrument de sport, c'est un bienfait social.|[[Pierre Giffard]]|''[[Le Vélo]]'' du {{nobr|{{1er}} décembre 1892<ref group="JPV" name="vespini15">{{harvsp|Vespini|2013|p=15}}.</ref>}}}}

Les premières courses cyclistes naissent en [[France]] à la fin des [[années 1860]], alors que s'y développe la « vélocipédie ». Après les courses du [[parc de Saint-Cloud]] en 1868<ref>{{harvsp|Wille|2003|p=20}}.</ref>, la première épreuve d'endurance de ville à ville est organisée en 1869 [[Paris-Rouen (cyclisme)|entre Paris et Rouen]]<ref group="JPV">{{harvsp|Vespini|2013|p=32}}.</ref>. Les compétitions sportives se développent en France dans un contexte « [[Revanchisme|revanchard]] ». Afin de corriger les erreurs ayant à leurs yeux causé la [[Guerre franco-allemande de 1870|défaite de 1870 face à la Prusse]], les gouvernements de la [[Troisième République (France)|Troisième République]] exaltent le sentiment patriotique à travers l'instruction publique et les manifestations nationales qui sont autant d'occasions de démonstrations sportives et gymniques. La fin du {{s|XIX}} voit également se développer une presse de masse qui établit son succès sur la relation de faits divers, puis la narration de spectacles sportifs et notamment de courses cyclistes<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=17-19}}.</ref>. Alors que la bicyclette se diffuse à une frange élargie de la population à mesure que son prix diminue, la pratique cycliste se développe avec la création d'associations comme l'[[Union vélocipédique de France]] en 1881 et de clubs vélocipédiques locaux : leur nombre passe de moins de 100 au milieu des {{nobr|années 1880}} à plus de {{formatnum:1700}} en 1900<ref group="JFM">{{harvsp|Mignot|2014|p=9-10}}.</ref>.

Enthousiasmé par la première édition de la course [[Bordeaux-Paris]], organisée en 1891 par ''[[Le Véloce-sport]]'', et constatant l'augmentation des ventes de journaux qu'elle a suscitée, [[Pierre Giffard]], chef de l'information du ''[[Le Petit Journal (quotidien)|Petit Journal]]'' et fervent promoteur de la bicyclette<ref group="JPV" name="vespini234">{{harvsp|Vespini|2013|p=234-235}}.</ref>, organise le premier [[Paris-Brest-Paris]] la même année. Cette course connaît un retentissement international et constitue le premier {{citation|spectacle sportif de grande ampleur et de longue durée<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=19-23}}.</ref>.}} En 1892, Pierre Giffard collabore à un nouveau quotidien, ''[[Le Vélo]]'', qui se revendique comme le premier journal à traiter chaque jour de la vélocipédie dans le monde<ref group="JPV" name="vespini234"/>. Bien que les épreuves sur route se multiplient rapidement, elles restent dans l'ombre des [[Cyclisme sur piste|épreuves sur piste]], à l'image des [[Course de six jours|courses de six jours]], qui offrent une bonne visibilité du spectacle au public, une exigence à laquelle les courses sur route, par nature itinérantes, ne peuvent répondre, ce que tente de combler la presse spécialisée par le récit de la course qu'elle reconstitue<ref group="JPV" name="vespini15"/>{{,}}<ref>{{harvsp|Wille|2003|p=35}}.</ref>. La presse sportive offre ainsi au spectateur la possibilité d'apprécier la course, dont il n'aperçoit finalement qu'une infime partie au bord de la route<ref group="JFM">{{harvsp|Mignot|2014|p=16}}.</ref>.

L'industrie du cycle et de l'automobile devient un partenaire privilégié de la presse sportive. En soutenant l'organisation des compétitions sportives, elle met en valeur ses produits auprès d'un lectorat élargi et bénéficie ainsi de l'impact des épreuves sur les ventes des différents quotidiens<ref>{{harvsp|Wille|2003|p=20-21}}.</ref>.

=== De l'opposition entre Pierre Giffard et le comte de Dion à la création de ''L'Auto'' ===
[[Image:De Dion stoomdriewieler.GIF|vignette|alt=Photographie en noir et blanc d'un homme sur une voiture à trois roues.|Le comte [[Jules-Albert de Dion]].]]
À la fin du {{s|XIX}}, avec un tirage qui s'élève à {{unité|300000|exemplaires}}, ''[[Le Vélo]]'' détient le monopole de la presse spécialisée dans le sport. Devenu rédacteur en chef, [[Pierre Giffard]] associe son journal à ses engagements personnels et prend notamment position dans les colonnes de son quotidien en faveur du [[Affaire Dreyfus|capitaine Dreyfus]], au sein de l'affaire qui divise alors les Français. Cette prise de position déplaît aux industriels du cycle et de l'automobile, qui financent le journal par la publicité et qui sont pour la plupart antidreyfusards<ref name="wille23"/>. En {{nobr|juin 1899}}, au lendemain du cassement de la condamnation du capitaine Dreyfus, le comte [[Jules-Albert de Dion]], un industriel pionnier de l'automobile et fondateur de la marque [[De Dion-Bouton]], est arrêté pour son implication dans une bagarre provoquée par des antidreyfusards, lors d'une réunion publique à l'[[hippodrome d'Auteuil]] en présence du président de la République, [[Émile Loubet]]<ref group="PL" name="lagrue29">{{harvsp|Lagrue|2004|p=29}}.</ref>{{,}}<ref group="JPV" name="vespini239"/>. Monarchiste convaincu, il est condamné à quinze jours de prison, ce qui fragilise sa position au sein de l'[[Automobile Club de France]] (ACF), dont il est le vice-président et l'un des fondateurs. Alors que le gouvernement décrète la fermeture des locaux de l'{{abréviation discrète|ACF|Automobile Club de France}}, son ami Pierre Giffard l'incite à démissionner afin d'éviter la dissolution du club<ref group="Note">[[Pierre Giffard]] est également membre de l'[[Automobile Club de France]].</ref>. Cet évènement marque un premier désaccord entre les deux hommes<ref group="JPV" name="vespini239">{{harvsp|Vespini|2013|p=239-242}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Lablaine|2010|p=12}}.</ref>.

Pierre Giffard et le [[Jules-Albert de Dion|comte de Dion]] s'opposent également par leur vision de l'automobile. Ce dernier est un fervent défenseur des courses automobiles de vitesse sur route, tandis que Pierre Giffard est partisan du développement de l'industrie automobile pour le grand public et considère à ce titre que les courses doivent se tenir dans le cadre réglementé d'un circuit afin d'en assurer la sécurité. En fondant le Moto Club de France<ref group="Note">Contrairement à ce que son nom indique, le Moto Club de France a pour objectif le développement de l'industrie automobile, et deviendra par la suite l'Union automobile française (UAF).</ref>, Pierre Giffard crée un club concurrent à l'{{abréviation discrète|ACF|Automobile Club de France}} et demande que les courses automobiles sur route ne soient plus autorisées. Il devient une menace pour les intérêts des industriels de l'automobile, qui mènent alors une campagne anti-Giffard. Ils font notamment échouer sa candidature à une élection législative<ref group="JPV" name="vespini243">{{harvsp|Vespini|2013|p=243-246}}.</ref>. En réaction, Pierre Giffard boycotte les évènements patronnés par le comte de Dion et ''Le Vélo'' ne fait plus mention des voitures De Dion-Bouton dans ses publicités<ref group="PL" name="lagrue29"/>.

Le comte de Dion prend alors ses distances avec [[Pierre Giffard]] et décide de créer son propre journal, ''[[L'Auto|L'Auto-Vélo]]'', qui paraît en {{nobr|octobre 1900}} et se veut apolitique<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=23-30}}.</ref>{{,}}<ref name="wille23">{{Harvsp|Wille|2003|p=23}}.</ref>. Il est appuyé dans sa démarche par d'autres industriels du cycle et de l'automobile, dont [[Adolphe Clément-Bayard|Adolphe Clément]], [[Édouard Michelin (1859-1940)|Édouard Michelin]] ou le baron [[Étienne van Zuylen van Nyevelt]], président de l'Automobile Club de France<ref name="wille25">{{Harvsp|Wille|2003|p=25}}.</ref>, qui s'indignent également des tarifs publicitaires pratiqués par Pierre Giffard pour son journal<ref>{{harvsp|Cazeneuve|2010|p=11|texte=1903-1939 L'invention du Tour|id=1903}}.</ref>{{,}}<ref group="PL">{{harvsp|Lagrue|2004|p=30}}.</ref>.

== Naissance du Tour de France ==
[[Fichier:Henri Desgrange 1914.jpg|vignette|alt=Photographie en noir et blanc d'un homme assis à son bureau, des documents ouverts devant lui.|Henri Desgrange en 1914.]]
[[Jules-Albert de Dion]], qui détient {{nobr|48 % des parts}} de ''[[L'Auto|L'Auto-Vélo]]''<ref group=JPV>{{harvsp|Vespini|2013|p=250}}.</ref>, confie la direction de ce nouveau quotidien à [[Henri Desgrange]], ancien coureur cycliste et premier [[Record de l'heure cycliste|recordman de l'heure]]<ref name="eclimont10">{{Harvsp|Eclimont|2013|p=10}}.</ref>, mais également directeur du vélodrome du [[Parc des Princes]] et spécialiste de la presse sportive puisqu'il a officié en tant que directeur d'un quotidien alors disparu, ''Paris-Vélo''<ref name="wille24">{{Harvsp|Wille|2003|p=24}}.</ref>, et dirige la rubrique cycliste et automobile du journal ''L'Outsider'' depuis {{date-|juin 1899}}<ref>{{harvsp|Lablaine|2010|p=15}}.</ref>. Alors que ''[[Le Vélo]]'' est publié sur papier vert, Henri Desgrange fait éditer son quotidien sur papier jaune et affirme son programme : le soutien de l'industrie automobile et cycliste<ref name="wille25"/>. Lancé le {{date-|16 octobre 1900}} à l'occasion de l'[[Exposition universelle de 1900|Exposition universelle]] et des [[Jeux olympiques d'été de 1900|Jeux olympiques de Paris]], le quotidien est condamné le {{date-|2 janvier 1903}} pour usurpation de titre lors d'un procès intenté par le propriétaire du quotidien ''Le Vélo'', [[Paul Rousseau]]. Ne pouvant plus comporter le mot ''vélo'', le journal est alors rebaptisé ''L'Auto''<ref name="grevisse">{{Article|auteur1=Benoît Grevisse|titre=Les miroirs du Tour de France|sous-titre=Diégétique et médiatique narratives pour une identité sportive|périodique=Réseaux|année=1993|volume=11|numéro=57|issn=1777-5809|lire en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reso_0751-7971_1993_num_11_57_1021?_Prescripts_Search_tabs1=standard&|pages=11}}.</ref>{{,}}<ref name="wille26">{{Harvsp|Wille|2003|p=26}}.</ref>.

''L’Auto'' connaît des débuts difficiles : ses ventes stagnent et ne représentent que le quart de celle du ''Vélo'' au début de l'année 1903<ref group="Note">''L'Auto'' vend alors {{unité|20000|exemplaires}} chaque jour, contre {{unité|80000|exemplaires}} pour ''Le Vélo''.</ref>, malgré le rachat de [[Paris-Brest-Paris]] et l'organisation d'un Marseille-Paris en 1902<ref group=JPV>{{harvsp|Vespini|2013|p=259}}.</ref>. Alors qu'il craint que les lecteurs passionnés de cyclisme ne se détournent de son quotidien à cause de sa nouvelle appellation, Henri Desgrange sollicite ses collaborateurs afin d'élaborer une course qui dépasserait en renommée celles organisées par ''Le Vélo'', tout en favorisant les ventes de ''L'Auto''. Lors d'une conférence de rédaction suivie d'un déjeuner dans une brasserie parisienne, le journaliste [[Géo Lefèvre]] propose à son patron d'organiser une course cycliste qui ferait le tour de la France<ref name="eclimont10"/>. D'abord sceptique, Henri Desgrange approuve finalement le projet. Le {{nobr|19 janvier 1903}}, ''[[L'Auto]]'' annonce dans sa [[Une (journalisme)|une]] la création du Tour de France, {{citation|la plus grande épreuve cycliste jamais organisée<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Gérard Ejnès|directeur1=oui|et al.=oui|titre=Tour de France, 100 ans|sous-titre=1903-2003|lieu=Paris|éditeur=[[L’Équipe]]|année=2002|passage=16-17|isbn=}}.</ref>.}} Cette annonce permet à la rédaction de réaffirmer sa vocation cycliste, alors qu'il n'apparaît plus aussi primordial de précipiter la chute du ''Vélo'', que Pierre Giffard vient de quitter<ref group=JPV>{{harvsp|Vespini|2013|p=257}}.</ref>. Le Tour de France naît ainsi d'une volonté économique : il apparaît dès sa création comme un moyen de relancer les ventes de ''L'Auto'' tout en soutenant l'industrie du cycle, qui bénéficie à travers la course d'une vitrine pour ses différents produits<ref group=JPV>{{harvsp|Vespini|2013|p=14}}.</ref>.

== De 1903 à la Première Guerre mondiale ==
=== Premières éditions (1903-1904) ===
[[Fichier:Garin03winner.jpg|vignette|[[Maurice Garin]], le vainqueur du Tour de France 1903.|alt=Photographie en noir et blanc d'un homme portant son vélo et d'un petit garçon avec une petite bicyclette, entourés de deux autres hommes.]]
{{citation bloc|Du geste large et puissant que Zola dans ''La Terre'' donne à son laboureur, ''L'Auto'', journal d'idées et d'action, va lancer à travers la France, aujourd'hui, les inconscients et rudes semeurs d'énergie que sont nos grands routiers professionnels.|[[Henri Desgrange]]|édito du journal ''[[L'Auto]]'' du {{nobr|{{1er}} juillet 1903}}<ref name="eclimont11">{{Harvsp|Eclimont|2013|p=11}}.</ref>}}

Le [[Tour de France 1903]] s'élance de [[Montgeron]] le {{nobr|{{1er}} juillet}} devant le café « Le Réveil-matin »<ref group=JPV>{{harvsp|Vespini|2013|p=40}}.</ref>. Il relie les principales villes françaises, [[Lyon]], [[Marseille]], [[Toulouse]], [[Bordeaux]], [[Nantes]] et [[Paris]], en six étapes, pour un parcours total de {{unité|2428|km}}<ref>{{harvsp|Eclimont|2013|p=11}}.</ref>. Le public, estimé entre {{formatnum:200000}} et {{unité|500000|personnes}}, est faiblement présent sur l'ensemble du parcours, mais le Tour de France est néanmoins un succès lors de son arrivée à Paris, où le public se presse à [[Ville-d'Avray]], lieu d'arrivée réel, puis au [[parc des Princes]] pour accueillir les premiers héros du Tour, dont le vainqueur [[Maurice Garin]]<ref name="viollet35-42"/>. Les journaux battent des records de ventes : ''[[L'Auto]]'', organisateur de l'épreuve, voit ses ventes augmenter considérablement, passant de {{nombre|30000}} à {{unité|65000|exemplaires}} par jour à la suite de cet évènement<ref>{{Harvsp|Wille|2003|p=33}}.</ref>. Au lendemain de la [[1re étape du Tour de France 1903|{{1re|étape}}]] entre Paris et Lyon, une édition spéciale est même tirée à {{unité|93000|exemplaires}}<ref group=JPV>{{harvsp|Vespini|2013|p=81}}.</ref>, tandis que l'édition spéciale suivant l'arrivée de la dernière étape est tirée à {{unité|135000|exemplaires}}<ref group=JPV>{{harvsp|Vespini|2013|p=209}}.</ref>. Le Tour de France suscite un véritable engouement dans les milieux sportifs, qui suivent la compétition au quotidien grâce à la presse et en discutent<ref name="viollet35-42">{{harvsp|Viollet|2007|p=35-42}}.</ref>. Les journaux saluent la réussite de ce premier Tour de France. Victor Breyer, rédacteur en chef du concurrent ''[[Le Vélo]]'', constate ainsi que {{citation|Garin est sorti vainqueur de la colossale épreuve que fut le Tour de France et dont il nous faut impartialement constater le gros succès.}}, tandis que Jean Laffitte reconnaît dans les colonnes du quotidien ''Le Monde Sportif'' que {{citation|le Tour de France nous aura fait connaître toute une légion de routiers exceptionnels qui vont, à l'avenir, donner un grand éclat à toutes les manifestations cyclistes sur route<ref group=JPV>{{harvsp|Vespini|2013|p=186}}.</ref>.}}

''L'Auto'' dépassant peu à peu ses concurrents, Henri Desgrange décide de renouveler l'expérience en [[Tour de France 1904|1904]], mais le Tour est rapidement victime de son succès. Alors que les débordements du public sont déjà constatés en 1903, les actes de chauvinisme local sont exacerbés l'année suivante : des cyclistes sont agressés dans le [[Col de la République (Massif central)|col de la République]] ou dans les environs de [[Nîmes]] pour favoriser les coureurs régionaux, des lettres dénonçant les tricheries de certains coureurs sont envoyées à la direction du journal, des clous sont semés sur la chaussée<ref name="cazeneuve16">{{harvsp|Cazeneuve|2010|p=16|texte=1903-1939 L'invention du Tour|id=1903}}.</ref>. Le public va ainsi à l'encontre de l'idéal d'unité nationale véhiculé par le Tour et soutient ses coureurs régionaux. La course part de Paris, s'y termine, et la majorité des coureurs en sont originaires : le Tour diffuse dans les provinces françaises les valeurs parisiennes, qui suscitent parfois une vive opposition<ref name="Gaboriau p23-26">{{harvsp|Gaboriau|1995|p=23-26}}.</ref>. Bien après l'arrivée, le Tour défraie toujours la chronique : l'[[Union vélocipédique de France]] (UVF) décide en novembre de déclasser les quatre premiers du classement général, accusés de diverses infractions au règlement de la course. Le jeune [[Henri Cornet]] est alors déclaré vainqueur. Cette décision, justifiée par des actes de tricheries, découle aussi probablement de la rivalité entre les dirigeants de ''L'Auto'' et de l'UVF, cette dernière jalousant le succès du Tour<ref>{{harvsp|Lablaine|2010|p=124-125}}.</ref>. Henri Desgrange reconnaît alors que {{citation|ce deuxième Tour de France aura été le dernier, il sera mort de son succès, des passions aveugles qu'il aura déchaînées<ref name="cazeneuve16"/>.}}

=== Du « chemin de ronde » aux premiers sommets (1905-1914) ===
[[Fichier:Alphonse Steines.JPG|vignette|upright|alt=Photographie en noir et blanc d'un homme debout, de face, sur fond clair.|À l'initiative d'[[Alphonse Steinès]], le Tour traverse les grands cols pyrénéens en [[Tour de France 1910|1910]].]]
Après avoir un temps envisagé de renoncer à organiser une nouvelle édition de son Tour de France<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=45}}.</ref>, Henri Desgrange apporte en [[Tour de France 1905|1905]] un certain nombre de modifications au règlement afin de mieux contrôler le déroulement de la course et éviter les irrégularités constatées l'année précédente. Les étapes, désormais au nombre de onze, sont plus courtes, de sorte que les coureurs ne roulent plus la nuit. Le classement général au temps est remplacé par un classement par points<ref name="cazeneuve17">{{harvsp|Cazeneuve|2010|p=17|texte=1903-1939 L'invention du Tour|id=1903}}.</ref>.

C'est également à partir de cette année qu'à l'initiative d'[[Alphonse Steinès]], un collaborateur de Desgrange, le Tour se rapproche de ses frontières, jusqu'à former un « chemin de ronde », un {{citation|encerclement processionnel du pays qui manifeste ostentatoirement les valeurs de la France moderne et industrielle, le dynamisme et la santé éclatante de la jeunesse<ref>{{harvsp|Gaboriau|1995|p=23}}.</ref>}}. Il devient un symbole de la vitesse et de la modernité et contribue à l'appropriation symbolique du territoire national pour la majorité des Français ruraux qui, confinés dans leurs régions, sont {{citation|prisonniers de la lenteur<ref>{{harvsp|Fumey|2006|p=391-392}}.</ref>.}} Le Tour dessine la France et se veut militant : une attention particulière est portée à l'[[Alsace-Lorraine]], annexée par l'[[Empire allemand]] en 1871. Le passage par le [[ballon d'Alsace]] en 1905, puis, de [[Tour de France 1907|1907]] à [[Tour de France 1910|1910]], les arrivées d'étape programmées à [[Metz]], vont dans ce sens. Ce passage du Tour en terres allemandes est notamment rendu possible grâce à l'intervention du comte [[Ferdinand von Zeppelin]], qui obtient l'assentiment des autorités allemandes<ref>{{harvsp|Cazeneuve|2010|p=18|texte=1903-1939 L'invention du Tour|id=1903}}.</ref>. Ces escales sont l'occasion pour la population locale d'exprimer son sentiment français. Inquiet des manifestations de patriotisme auxquelles ces étapes donnent lieu, dans un contexte de dégradation des relations franco-allemandes, [[Guillaume II (empereur allemand)|Guillaume II]] empêche l'incursion du Tour en territoire allemand à partir de [[Tour de France 1911|1911]]. Ainsi, le Tour ne promeut plus seulement les valeurs de l'effort physique, de l'énergie, du courage et du progrès technique : il délimite le territoire français, rappelle les prétentions françaises sur l'Alsace-Lorraine et passe ainsi dans {{citation|l'arsenal de la revanche<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=47-51}}.</ref>}}. Cette tendance s'accentue à partir de 1912 dans les pages de ''L'Auto'', où les articles d'Henri Desgrange se font plus offensifs et décrivent le Tour comme une {{citation|croisade de la régénération physique en France<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=68}}.</ref>}}.

En s'étendant aux frontières, le Tour prend aussi de l'altitude. Alors que la moyenne montagne est présente dès [[Tour de France 1905|1905]], avec l'ascension du [[ballon d'Alsace]], de la [[Rampe de Laffrey|côte de Laffrey]] et du [[col Bayard]]<ref name="cazeneuve17"/>, puis du [[col de Porte (Isère)|col de Porte]] dès [[Tour de France 1907|1907]]<ref name="chancel58">{{harvsp|Chancel|2013|p=58}}.</ref>, Henri Desgrange se montre peu enclin à envoyer les coureurs vers des sommets plus élevés<ref>{{harvsp|Eclimont|2013|p=17}}.</ref>. [[Alphonse Steinès]] le convainc pourtant de répondre aux attentes du public et de passer par les [[Pyrénées]] lors du [[Tour de France 1910]]. Il ébauche un projet d'étape entre [[Bagnères-de-Luchon|Luchon]] et [[Bayonne]], via les cols [[Col de Peyresourde|de Peyresourde]], [[Col d'Aspin|d'Aspin]], [[Col du Tourmalet|du Tourmalet]] et [[Col d'Aubisque|d'Aubisque]]. Inquiet, Henri Desgrange l'envoie en reconnaissance et les quatre cols sont bien inscrits au programme de ce Tour<ref>{{harvsp|Cazeneuve|2010|p=25|texte=1903-1939 L'invention du Tour|id=1903}}.</ref>. Bien que vainqueur de l'étape, [[Octave Lapize]] qualifie à cette occasion les organisateurs de « criminels »<ref group="Note">On lui prête ces paroles adressées à Victor Breyer durant l'ascension de l'[[Col d'Aubisque|Aubisque]] : {{citation|Il y a que vous êtes des criminels ! Vous entendez ? Dites-le de ma part à Desgrange. On ne demande pas à des hommes de faire un effort pareil !}}</ref>. Cette étape marque le début de la recherche de démesure du Tour de France. Les ventes de ''[[L'Auto]]'' bénéficient largement du regain d'intérêt que suscite la traversée des cols pyrénéens, atteignant {{unité|300000|exemplaires}}<ref>{{harvsp|Cazeneuve|2010|p=27|texte=1903-1939 L'invention du Tour|id=1903}}.</ref>. Le remplacement en [[Tour de France 1911|1911]] du col de Porte par le [[Col du Galibier|Galibier]], qui marque les esprits du public et des organisateurs, achève sa conquête de la haute montagne<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=54-58}}.</ref>. [[Henri Desgrange]] se montre volontiers dithyrambique à l'occasion : {{citation|Oh ! Col Bayard ! Oh ! Tourmalet ! Je ne faillirai pas à mon devoir en proclamant qu'à côté du Galibier, vous êtes de la pâle et vulgaire « bibine » : devant ce géant, il n'y a plus qu'à tirer son bonnet et à saluer bien bas… Notre route s'ouvre à peine entre deux murailles de neige, route écorchée, cahoteuse depuis le bas. Il fait, là-haut, un froid de canard, et, lorsque Georget passe, après avoir mis son pied vainqueur sur la tête du monstre, lorsqu'il passe près de nous, sale, la moustache pleine de morve et des nourritures du dernier contrôle, et le maillot sali des pourritures du dernier ruisseau où, en nage, il s'est vautré, il nous jette, affreux, mais auguste : ça vous en bouche un coin<ref>{{harvsp|Wille|2003|p=34}}.</ref> !}}

La popularité du Tour s'accroît rapidement durant cette période. Malgré une présence modeste du public, plutôt faible aux départs d'étapes et sur la route mais plus importante aux arrivées et aux contrôles, le Tour devient une {{citation|grande fête populaire du cycle et des frontières<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=62-65}}.</ref>.}} Trois types de spectateurs peuvent être distingués à cette époque : un public sportif, composé d'une part d'aristocrates et de bourgeois mécanisés qui suivent une partie de la course et d'autre part de passionnés présents au bord de la route, et le public populaire pour lequel le passage du Tour est l'occasion d'une fête estivale<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=63}}.</ref>. La course devient en effet {{citation|prétexte à un prolongement des fêtes du 14 juillet}} et {{citation|un bon mobile pour célébrer les valeurs républicaines.}} À ce titre, l'État soutient l'organisation du Tour. Ainsi une circulaire ministérielle de 1912, qui reste en vigueur jusqu'aux années 1950, enjoint aux maires de ne pas entraver l'organisation des courses cyclistes qui {{citation|sont une mise en valeur de la jeunesse française, pour le plus grand profit de l'Armée et du Pays<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=60-61}}.</ref>.}}

Dès les premières éditions, les exploits des coureurs du Tour de France sont mis en valeur par ''L'Auto'' et [[Henri Desgrange]], qui voit en eux {{citation|l'aristocratie du muscle<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=66}}.</ref>}}. Ils sont considérés par le public comme des héros {{citation|car ils ont su triompher de tous les obstacles de la route, et cela grâce à une simple bicyclette<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=35}}.</ref>}}, mais aussi comme des {{citation|soldats du sport}} qui {{citation|fascinent les milieux populaires<ref name="Gaboriau p23-26" />.}} Leur héroïsme s’accroît à partir de 1910 lorsqu'ils franchissent la haute montagne, qui donne à leurs exploits {{citation|une dimension mythologique<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=57}}.</ref>}}. Si en [[Tour de France 1903|1903]] quelques {{citation|géants de la route}}, comme [[Maurice Garin]], [[Jean-Baptiste Fischer|Jean Fischer]], [[Hippolyte Aucouturier]] ou [[Édouard Wattelier]] côtoient une majorité d'inconnus<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=36}}.</ref>, le nombre de coureurs professionnels va croissant<ref>{{harvsp|Gaboriau|1995|p=26}}.</ref>. Les incidents de course, à l'image de celui d'[[Eugène Christophe]] en [[Tour de France 1913|1913]] qui casse la fourche de son vélo dans la descente du [[col du Tourmalet]] avant de la réparer lui-même, en vertu du règlement, dans une forge de [[Campan|Sainte-Marie-de-Campan]], renforcent la popularité du Tour en lui conférant une intensité dramatique<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jacques|nom1=Seray|lien auteur1=Jacques Seray|prénom2=Raphaëlle|nom2=Jessic|titre=Eugène Christophe|sous-titre=de la forge de Sainte-Marie-de-Campan au maillot jaune|lieu=Betpouey|éditeur=De plaines en vallées|année=2013|pages totales=144|passage=31-35|isbn=979-1090466012}}.</ref>.

Le [[Tour de France 1913]] marque également le retour du classement général au temps, à la satisfaction des coureurs qui considéraient l'addition des places comme une injustice. Pour la première fois, le sens du parcours est inversé et le Tour se dispute dans le sens inverse des aiguilles d'une montre<ref>{{harvsp|Cazeneuve|2010|p=31|id=1903}}.</ref>.

Le [[Tour de France 1914]] s'achève quelques jours avant le début de la [[Première Guerre mondiale]]. ''L'Auto'' donne régulièrement des nouvelles des sportifs mobilisés sur le front et annonce la mort de plusieurs coureurs du Tour. Le Luxembourgeois [[François Faber]], vainqueur en [[Tour de France 1909|1909]], meurt lors de la [[Bataille de l'Artois (mai-juin 1915)|bataille de l'Artois de mai 1915]]. [[Octave Lapize]], qui s'est engagé dans l'aviation, est abattu le {{date-|14 juillet 1917}} au-dessus de [[Bataille de Verdun (1916)|Verdun]]. Enfin [[Lucien Petit-Breton]], premier double lauréat du Tour (en [[Tour de France 1907|1907]] et [[Tour de France 1908|1908]]) meurt le {{date-|20 décembre 1917}} dans un accident automobile à l'arrière du front<ref name="cazeneuve34">{{harvsp|Cazeneuve|2010|p=34|texte=1903-1939 L'invention du Tour|id=1903}}.</ref>. Henri Desgrange, qui a espéré organiser le Tour en 1915, s'engage volontairement en 1917 et continue de rédiger des articles pour ''L'Auto'' depuis le front<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=70-74}}.</ref>. Alors que l'[[Armistice de 1918|armistice]] est signé le {{date-|11 novembre 1918}}, dès la semaine suivante, Henri Desgrange annonce dans ''L'Auto'' que le Tour renaîtra en [[Tour de France 1919|1919]] avec {{citation|cela va sans dire une étape à Strasbourg<ref>{{harvsp|Bourgier|2014|p=99}}.</ref>.}}

== Le Tour de l'Entre-deux-guerres ==
=== Le Tour renaît de l'enfer (1919-1929) ===
[[Fichier:1919pelissier.jpg|vignette|alt=Photographie en noir et blanc d'un cycliste debut tenant son vélo de la main droite, au départ d'une course.|[[Henri Pélissier]] en 1919.]]
{{citation bloc|Strasbourg ! Metz ! Nous allons là-bas, chez nous. Nous verrons de [[Belfort]] à [[Haguenau]] toute la [[ligne bleue des Vosges]] qu'avant la guerre nous contemplions à notre droite. Nous allons longer le Rhin. [...] Avec Strasbourg et Metz, nos ambitions sont repues ; le Tour de France est complet.|[[Henri Desgrange]]|''[[L'Auto]]'' du 28 juin 1919<ref name="l'histoire"/>}}
Après cinq années d'interruption, le Tour reprend ainsi en [[Tour de France 1919|1919]]. Il s'inscrit dans un mouvement de « cyclisme de commémoration », à l'image d'autres courses organisées en cette année suivant la fin du conflit mondial, comme le [[Circuit des Champs de Bataille]] et le [[Grand Prix de l'Armistice]], et célèbre le retour à la France de l'[[Alsace-Lorraine]]<ref>{{harvsp|Bourgier|2014|p=134}}.</ref>. Les constructeurs de cycle, n'étant pas en mesure de mettre sur pied des équipes compétitives face au manque de pneumatiques et d'accessoires, acceptent l'idée d'[[Alphonse Baugé]] de se regrouper dans un consortium sous le nom de « La Sportive »<ref name="cazeneuve34"/>. Seuls onze coureurs terminent ce Tour rendu difficile par les routes endommagées ou peu entretenues durant le conflit mondial<ref group="Note">Seuls dix coureurs figurent cependant au classement général final car [[Paul Duboc]] est mis hors course à l'issue de la dernière étape pour avoir été aidé par un automobiliste.</ref>, remporté par le Belge [[Firmin Lambot]]. C'est lors de cette édition que naît un symbole majeur du Tour de France : à l'initiative d'Alphonse Baugé<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=80}}.</ref>, [[Eugène Christophe]] reçoit le premier [[maillot jaune]] de l'histoire du Tour, au départ de la {{11e|étape}} à [[Grenoble]], dans le café de l'Ascenseur, situé sur le [[boulevard Gambetta (Grenoble)|boulevard Gambetta]]<ref>{{Lien web|titre=PHOTOS - Il y a 100 ans le premier maillot jaune du Tour de France était remis à Grenoble|url=https://www.francebleu.fr/infos/culture-loisirs/photos-il-y-a-100-ans-le-premier-maillot-jaune-du-tour-de-france-etait-remis-a-grenoble-1563547084|site=www.francebleu.fr|date=19 juillet 2019|consulté le=20 juillet 2019}}.</ref>{{,}}<ref>[https://www.leparisien.fr/sports/cyclisme/tour-de-france-2019-ces-bistrots-qui-ont-marque-l-histoire-de-la-grande-boucle-19-07-2019-8120370.php Site leparisien.fr, article de Serge Pueyo, "Tour de France 2019 : ces bistrots qui ont marqué l’histoire de la Grande Boucle"], consulté le 14 mars 2021.</ref>. Ce maillot naît de la volonté d'[[Henri Desgrange]] de distinguer plus facilement le leader du classement général. Le choix de la couleur jaune présente un double avantage : c'est à la fois la couleur des pages du journal ''L'Auto'' tout en étant une couleur absente des maillots portés par les coureurs du Tour<ref name="bourgier">{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Paul|nom1=Bourgier|titre=1919, le Tour renaît de l'enfer|sous-titre=De Paris-Roubaix au premier maillot jaune|lieu=Toulouse|éditeur=Le Pas d'oiseau|année=2014|pages totales=157|passage=99-130|isbn=978-2-917971-38-3}}.</ref>{{,}}<ref group="Note">D'autres sources font toutefois remonter la création du maillot jaune à [[Tour de France 1913|1913]]. Ainsi le vainqueur de ces deux éditions, le Belge [[Philippe Thys (cyclisme)|Philippe Thys]], affirme que Henri Desgrange lui a fait porter un maillot jaune lors du Tour 1913. Le journaliste Roger Frankeur prête à Henri Desgrange ces paroles adressées à Thys en 1914 : {{citation|Vous le porterez l'an prochain, mon maillot jaune ! }} (voir {{harvsp|de Mondenard|2010|p=89-93}}).</ref>.

Les premières éditions d'après-guerre ne rencontrent pas le même succès que celles d'avant-guerre, bien que les quatre victoires belges de [[Tour de France 1919|1919]] à [[Tour de France 1922|1922]], dont celle de [[Philippe Thys (cyclisme)|Philippe Thys]] qui devient en [[Tour de France 1920|1920]] le premier coureur à remporter trois Tour de France<ref>{{harvsp|Cazeneuve|2010|p=35|texte=1903-1939 L'invention du Tour|id=1903}}.</ref>, soient bien accueillies dans leur pays. L'image du Tour pâtit de la présence de {{citation|champions peu charismatiques}} et des entorses répétées au règlement de la course. Bien qu'Henri Desgrange soit resté intransigeant sur le caractère individuel de la compétition, les victoires doivent beaucoup aux ententes entre coureurs du consortium La Sportive, puis de l'équipe [[équipe cycliste Peugeot|Peugeot]] en 1922<ref group="PL">{{harvsp|Lagrue|2004|p=55-57}}.</ref>. Le Tour connaît un éphémère regain d'enthousiasme en [[Tour de France 1923|1923]] avec la victoire d'[[Henri Pélissier]], l'un des coureurs français les plus populaires de l'époque<ref>{{harvsp|Cazeneuve|2010|p=38-39|texte=1903-1939 L'invention du Tour|id=1903}}.</ref>.

La direction du Tour connaît quelques modifications au cours de cette période. Après la guerre, le [[Jules-Albert de Dion|comte de Dion]] cède ses actions de ''L'Auto'' à Victor Goddet, administrateur du journal ''[[L'Auto]]''. À la mort de celui-ci en 1926, son fils aîné Maurice Goddet se voit léguer la majorité des actions du journal, cependant qu'[[Henri Desgrange]] reste le patron du Tour. Il prend sous son aile le deuxième fils de Victor Goddet, [[Jacques Goddet|Jacques]], qui suit son premier Tour en [[Tour de France 1928|1928]] après être entré au journal ''L'Auto'', afin de l'amener à prendre sa succession<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=88}}.</ref>.

[[Fichier:Albert Londres en 1923.jpg|vignette|gauche|upright|alt=Photo portrait noir et blanc d'un homme barbu.|[[Albert Londres]] recueille la réaction des frères Pélissier après leur abandon en [[Tour de France 1924|1924]].]]
L'emprise d'Henri Desgrange sur la course n'est pas appréciée de tous, elle est même une cause de la dégradation de l'image du Tour de France à la fin des années 1920. En [[Tour de France 1924|1924]], les frères [[Francis Pélissier|Francis]] et [[Henri Pélissier]] abandonnent pour protester contre un règlement jugé trop sévère. Ils se livrent au journaliste [[Albert Londres]], qui couvre le Tour pour ''[[Le Petit Journal (quotidien)|Le Petit Journal]]''. Ils lui décrivent les difficultés et la souffrance des coureurs du Tour de France, {{citation|en accentuant le côté dramatique de l'épreuve}}. En titrant son article « Les forçats de la route », Albert Londres rend cette expression et l'image qu'elle véhicule durablement populaires et fait découvrir au public une réalité peu connue<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=79, 81-84, 87}}.</ref>{{,}}<ref>{{harvsp|Cazeneuve|2010|p=41|texte=1903-1939 L'invention du Tour|id=1903}}.</ref>. Henri Pélissier élargit l'audience de sa protestation contre Henri Desgrange et son règlement trop strict en envoyant un courrier à différents journaux. ''[[L'Humanité]]'' s'en saisit et suit pour la première fois le Tour de France<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=85-86}}.</ref>.

Le Tour de France s'élance pour la première fois hors de la région parisienne en [[Tour de France 1926|1926]] avec un départ à [[Évian-les-Bains|Évian]], tout en effectuant une boucle similaire à celle des éditions précédentes. [[Henri Desgrange]] souhaite ainsi {{citation|réduire le temps entre la sortie des Alpes et l'arrivée à Paris. Les promenades en groupe ne signifient rien et finissent par lasser le public.}} Ce nouveau parcours, le plus long de l'histoire du Tour avec {{unité|5745|km}}, n'a pas l'effet escompté car un grand nombre d'étapes se terminent par un sprint massif du peloton. Afin d'y remédier, Desgrange invente l'année suivante une nouvelle formule : lors des étapes de plaine, les équipes s'élancent séparément. Mais les spectateurs ne comprennent pas l'enjeu et le déroulement de cette course. En [[Tour de France 1928|1928]], il met en œuvre une nouvelle idée : chaque équipe est autorisée à faire appel à trois remplaçants après les Pyrénées afin de leur permettre de concurrencer l'[[équipe cycliste Alcyon|équipe Alcyon]] qui domine la course. Six coureurs entrent ainsi en course à Marseille, et font l'objet d'un classement général séparé<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=88-89}}.</ref>. En d'autres occasions, Desgrange renonce à son idéal sportif pour maintenir l'intérêt de la course. Il paie par exemple des coureurs pour qu'ils accélèrent lorsqu'il estime que le peloton est trop lent<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=94}}.</ref>. En [[Tour de France 1929|1929]], le Belge [[Maurice De Waele]], malade, s'impose grâce à l'aide de ses coéquipiers de l'équipe Alcyon. Pour Henri Desgrange, {{citation|on fait gagner un cadavre<ref>{{harvsp|Cazeneuve|2010|p=45|texte=1903-1939 L'invention du Tour|id=1903}}.</ref>.}} Le Tour et son règlement, qui interdit l'entraide, sont définitivement discrédités<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=95-96}}.</ref>.

=== De la naissance des équipes nationales à la Seconde Guerre mondiale (1930-1939) ===
[[Image:Équipe française-Tour de France 1932.JPG|vignette|alt=Photographie en noir et blanc d'une équipe au départ d'une course cycliste, chaque coureur se tenant debout à côté de son vélo.|L'équipe de France au départ du [[Tour de France 1932]].]]
Afin de maintenir l'intérêt du public, [[Henri Desgrange]] décide de modifier en profondeur son règlement et bouleverse le mode de participation au Tour de France. Les marques de cycles sont supprimées pour laisser place aux équipes nationales. En contrepartie, ''L'Auto'' prend à sa charge les frais d'hébergement, de nourriture, de matériel, de soins et de massages pour les coureurs. Désormais, ces derniers contractent directement avec le Tour et sont tenus de signer une convention qui les lie à l'organisation de l'épreuve. ''L'Auto'' fournit en outre un vélo sans marque de couleur jaune à chaque participant<ref name="cazeneuve46-47">{{harvsp|Cazeneuve|2010|p=46-47|texte=1903-1939 L'invention du Tour|id=1903}}.</ref>. Pour l'[[Tour de France 1930|édition 1930]], cinq équipes nationales regroupant {{unité|40|coureurs}} sont présentes : l'Allemagne, la Belgique, l'Espagne, la France et l'Italie. Les autres coureurs forment la catégorie des « touristes-routiers », qui courent tous à leurs frais et sont désormais sélectionnés : quarante places sont réservées aux coureurs des années précédentes et vingt à des coureurs qui ont fait leurs preuves au cours de la saison<ref>{{harvsp|Conord|2014|p=194}}.</ref>. Henri Desgrange intervient ainsi directement dans la sélection des coureurs. La formule des équipes nationales écarte de fait le Luxembourgeois [[Nicolas Frantz]], pourtant double vainqueur du Tour. De même, il intervient auprès de la fédération belge pour écarter le tenant du titre, [[Maurice De Waele]]<ref name="cazeneuve46-47"/>. Il convainc le ''campionissimo'' [[Alfredo Binda]] de participer, moyennant une prime de départ, mais refuse la participation de [[Costante Girardengo]] qui, associé à Binda, aurait formé selon lui un duo invincible<ref group="PL" name="Lagrue64">{{harvsp|Lagrue|2004|p=64-65}}.</ref>.

La nouvelle formule sans équipes de marque prive les organisateurs des droits d'entrée qu'étaient prêtes à payer les équipes de marque pour participer à la course. La caravane publicitaire est créée en 1930 pour compenser ce manque à gagner<ref group="JFM" name="mignot49">{{harvsp|Mignot|2014|p=49}}.</ref>. L'idée originale est attribuée à Marc Thevenin, directeur de la publicité des [[Menier (entreprise)|chocolats Menier]], qui lance un véhicule de la marque sur les routes du [[Tour de France 1928]] pour suivre le peloton et distribuer des produits au public. La caravane lancée en [[Tour de France 1930|1930]] est composée de six véhicules qui précèdent la course. Les entreprises y participant rémunèrent ''L'Auto'', notamment par des prix et des primes. C'est ainsi qu'est créé un « embryon » de grand prix de la montagne : les chocolats Menier attribuent {{unité|5000|francs}} au coureur passant le premier au sommet des sept grands cols du Tour. En 1931, Henri Desgrange décide d'organiser lui-même cette caravane publicitaire<ref group="PL" name="lagrue64">{{harvsp|Lagrue|2004|p=64}}.</ref>. Elle s'intègre rapidement dans le Tour de France et se développe<ref name="cazeneuve46-47"/>. Elle {{citation|préfigure […] l'idéal social de la consommation de masse}} et transforme le Tour des années 1930 en {{citation|un véritable défilé de véhicules<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=105-108}}.</ref>.}} Pour financer cette nouvelle formule, ''[[L'Auto]]'' trouve également de nouvelles sources de revenus en mettant à contribution les villes qui participent par le biais d'une redevance en contrepartie de la publicité offerte et de l'activité générée pour l'hôtellerie et la restauration par la réception du Tour<ref group="JFM" name="mignot49"/>.

L'adhésion du public à la formule des équipes nationales est générale et suscite un véritable regain d'intérêt. Les victoires de l'équipe de France enthousiasment les spectateurs et projettent l'image d'une France unie. Les coureurs français s'imposent de [[Tour de France 1930|1930]] à [[Tour de France 1934|1934]], alors qu'[[Henri Pélissier]] avait été le seul vainqueur français depuis 1919<ref>{{harvsp|Cazeneuve|2010|p=49|texte=1903-1939 L'invention du Tour|id=1903}}.</ref>.

[[Fichier:Gino Bartali.jpg|vignette|alt=Photographie en noir et blanc d'un cycliste montant un col.|L'Italien [[Gino Bartali]] sur le [[Tour de France 1938]].]]
Les équipes nationales sont également créées dans un contexte de montée des nationalismes en Europe et accroissent les enjeux nationaux et le chauvinisme dans le Tour de France<ref group="PL" name="lagrue64"/>. Après les cinq victoires françaises, les Belges [[Romain Maes]] et [[Sylvère Maes]] s'imposent en [[Tour de France 1935|1935]] et [[Tour de France 1936|1936]]. Afin de contrer l'équipe belge, jugée supérieure aux autres lors des contre-la-montre par équipes, le nombre des étapes disputées sous cette forme est réduit en [[Tour de France 1937|1937]]. La rivalité entre Belges et Français lors de cette édition se conclut par le retrait de l'équipe belge après de nombreux incidents, à l'image de la pénalité infligée à Sylvère Maes, porteur du maillot jaune, car il avait été attendu et aidé par des compatriotes belges à la suite d'une crevaison<ref group="PL">{{harvsp|Lagrue|2004|p=68}}.</ref>. En Italie, [[Benito Mussolini]] suit avec intérêt les succès des champions italiens. En 1937, à des fins de propagande pour son régime, il pousse [[Gino Bartali]] à participer au Tour de France bien que ce dernier ne soit pas fasciste {{incise|il est surtout reconnu pour sa foi catholique, au point d'être surnommé « Gino le pieux » ou « le mystique<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=124-125}}.</ref> »|stop}}. Alors que les journaux de la [[Section française de l'Internationale ouvrière|SFIO]] et du [[Parti communiste français|Parti communiste]], ''[[Le Populaire]]'' et ''[[L'Humanité]]'', se montraient jusque-là « peu favorables » au Tour, ils s'y intéressent à partir de [[Tour de France 1936|1936]], tandis que des grévistes du Front populaire saluent le passage de la course<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=127-128}}.</ref>. La [[guerre d'Espagne]] rejaillit également sur le déroulement du Tour. En [[Tour de France 1937|1937]] et [[Tour de France 1938|1938]], six coureurs espagnols s'engagent dans la compétition afin d'y représenter la [[Seconde République espagnole|République espagnole]], dont [[Julián Berrendero]] et [[Mariano Cañardo]], vainqueurs d'étapes dans les [[Pyrénées]] en 1937<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=130-132}}.</ref>.

Durant cette période, le Tour de France voit sa popularité croître. Avec le développement de sa couverture médiatique, le Tour de France devient le {{citation|pain quotidien médiatique au mois de juillet pour les Français<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=109}}.</ref>.}} Alors qu'au cours de la décennie précédente, le public se concentre principalement dans les villes et sur les sommets, le Tour dans les [[années 1930]] attire une foule important sur l'ensemble de son parcours. Alors que jusqu'en 1914, les spectateurs sur le bord des routes ne représentent que 2 % de la population française, ils en représentent plus de 10 % à partir de la seconde moitié des {{nobr|années 1920}} et plus de 20 % à partir du milieu des {{nobr|années 1930}}, jusqu'à représenter selon les estimations le quart de la population française d'alors, soit {{unité|10|millions}} de spectateurs<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=117-120}}.</ref>{{,}}<ref group="JFM">{{harvsp|Mignot|2014|p=17}}.</ref>. Ce regain de popularité profite en premier lieu à ''[[L'Auto]]'', dont les ventes augmentent et atteignent un maximum en [[Tour de France 1933|1933]] après la victoire de [[Georges Speicher]], avec une diffusion à {{unité|854000|exemplaires}}<ref>{{harvsp|Augendre|2014|p=54}}.</ref>, avant de baisser par la suite<ref group="PL">{{harvsp|Lagrue|2004|p=67}}.</ref>. Durant les années 1930, ''L'Auto'' n'est cependant plus seul à profiter du succès du Tour. Toute la presse consacre une ou plusieurs pages au Tour. Le principal concurrent de ''L'Auto'' est ''[[Paris-Soir]]'', qui se développe en publiant des reportages photographiques et a l'avantage de paraître le soir même de l'étape alors que ''L'Auto'' ne paraît que le lendemain matin. Cet aspect de la concurrence des journaux est à l'origine en 1933 du décalage des arrivées d'étapes du début à la fin d'après-midi<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=113-115}}.</ref>. En 1929, le journaliste Jean Antoine, de ''[[L'Intransigeant]]'', avec le soutien de la revue de sport ''Match'', est le premier à réaliser des reportages radiodiffusés en dehors des studios. En 1930, l'ensemble des réseaux de radiodiffusion français retransmettent les quatre émissions quotidiennes. « Radio-course » apparaît en 1936, grâce au développement de la technologie sans fil : une voiture émettrice à l'arrière du peloton annonce la position de la course aux spectateurs<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=110-113}}.</ref>. Le Tour de France fait également l'objet de premiers reportages d'actualité filmés en 1931. Leur projection quotidienne à Paris commence l'année suivante<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=115-116}}.</ref>.

Le [[Tour de France 1939]] s'achève un mois avant le début de la [[Seconde Guerre mondiale]]. Les tensions sont déjà palpables entre les futurs belligérants : l'[[Allemagne]] et l'[[Italie]] de [[Gino Bartali]] sont ainsi absentes. De la même manière, les conscrits [[Jean-Marie Goasmat]], [[Pierre Cogan]] et André Bramard n'obtiennent pas de permissions pour disputer l'épreuve<ref>{{article|auteur1=Yves-Marie Evanno|titre=Du cliquetis des pédales au bruit des bottes : un été cycliste perturbé en Bretagne (juillet-septembre 1939)|périodique=En Envor, revue d'histoire contemporaine en Bretagne|numéro=2|année=2013|lire en ligne=http://enenvor.fr/eeo_revue/numero_2/du_cliquetis_des_pedales_au_bruit_des_bottes.html}}.</ref>. Pour éviter que l'absence de certaines équipes ne nuise à l'intérêt de la course, les organisateurs invitent une seconde équipe belge et quatre équipes régionales françaises<ref group="JFM" name="mignot61-62"/>.

== Les années sombres : de l'Occupation à la Libération ==
=== Le Tour pendant la Seconde Guerre mondiale (1940-1944) ===
Comme en 1914, la plupart des coureurs du Tour sont mobilisés à l'{{nobr|automne 1939}}. [[Jacques Goddet]], bras droit d'[[Henri Desgrange]] et qui en avait assuré l'intérim sur le [[Tour de France 1936]] alors que ce dernier devait subir une intervention chirurgicale<ref>{{harvsp|Augendre|2014|p=190}}.</ref>, l'est également. Henri Desgrange envisage toujours l'organisation du {{nobr|Tour 1940}}, d'autant que s'installe la « [[drôle de guerre]] ». Il doit cependant y renoncer en raison des zones militaires inaccessibles à la course qui en réduisent le parcours à une {{citation|vessie dégonflée}}, et de la mise au service de l'effort de guerre de l'industrie. Henri Desgrange donne rendez-vous à l'{{nobr|été 1941}}, mais malade, il meurt le {{date-|16 août 1940}} et laisse Jacques Goddet lui succéder à la direction de ''[[L'Auto]]''<ref name="lemonde">{{lien web|url=https://www.lemonde.fr/sport/article/2013/07/20/le-tour-de-france-a-l-epreuve-de-la-guerre-2-2_3448989_3242.html|titre=Le Tour de France à l'épreuve de la guerre|auteur=Adrien Pécout|site=lemonde.fr|éditeur=[[Le Monde]]|date=20 juillet 2013|consulté le=19 juillet 2015}}.</ref>.

Le {{nobr|10 mai}}, l'armée allemande lance son offensive. Le {{nobr|22 juin}}, le gouvernement du maréchal Pétain, nommé une semaine plus tôt, signe l'armistice à Rethondes. La direction de l{{'}}''Auto'' fuit à Lyon dans l'[[Exode de 1940 en France|exode]], puis [[Albert Lejeune]] obtient des occupants de pouvoir revenir à Paris une fois l'armistice signé, malgré l'opposition initiale de Goddet. Par l'intermédiaire de Lejeune, collaborationniste convaincu, qui mène les tractations, le journal est vendu à Gerhard Hibbelen, un proche de l'ambassade allemande à Paris, propriétaire de nombreux journaux parisiens<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=133-150}}.</ref>.

Pendant l'[[Occupation de la France par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale|Occupation]], les Allemands souhaitent que le Tour de France soit de nouveau organisé, afin de {{citation|rallier tout le peuple français}} et de {{citation|légitimer leur pouvoir en autorisant à nouveau une grande manifestation publique}}, ce que Jacques Goddet refuse. Ce projet est confié au journal collaborationniste ''[[La France socialiste]]'' et à son chef des sports, [[Jean Leulliot]], ancien journaliste de ''L'Auto'' et directeur de l'équipe de France pendant le [[Tour de France 1937|Tour 1937]]. Jacques Goddet ayant interdit l'usage du nom « Tour de France », une course soutenue par le gouvernement de Vichy et appelée « [[Circuit de France]] » est disputée du {{nobr|28 septembre}} au {{date-|4 octobre 1942}}, en sept étapes. Le Belge [[François Neuville]] en sort vainqueur. En 1943, les industriels, déjà réticents en 1942, n'apportent pas leur soutien à ''La France socialiste'' et le Circuit de France n'est plus organisé. Pendant ce temps, Jacques Goddet entretient le souvenir du Tour de France. Il sollicite les lecteurs de son journal pour composer l'équipe de France idéale<ref name="libération">{{lien web|url=http://www.liberation.fr/sports/2003/07/03/la-france-occupee-l-auto-gare-le-tour_438623|titre=La France occupée, L'Auto gare le Tour|auteur=Blandine Hennion|site=liberation.fr|éditeur=[[Libération (journal)|Libération]]|date=4 juillet 2003|consulté le=19 juillet 2015}}.</ref>. En 1943, il crée le [[Grand Prix du Tour de France]] dont le classement est établi en comptabilisant les meilleurs résultats obtenus lors des principales épreuves. À la fin de la saison, le vainqueur se voit remettre un maillot jaune<ref name="l'histoire">{{article|titre=Les forçats du Tour de France|auteur1=Jean-Luc Bœuf|auteur2=Yves Léonard|périodique=[[L'Histoire (revue)|L'Histoire]]|numéro=277|mois=juin|année=2003|pages=66|lire en ligne=http://www.histoire.presse.fr/recherche/les-forcats-du-tour-de-france-01-06-2003-5109}}.</ref>.

À la [[Libération de la France|Libération]], ''L'Auto'' cesse de paraître à partir du {{date-|17 août 1944}}<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=133-150}}.</ref>. [[Jacques Goddet]], indirectement mis en cause dans la [[Rafle du Vélodrome d'Hiver|rafle du Vel' d'Hiv]] car propriétaire de ce vélodrome, se voit reprocher d'avoir poursuivi la parution de son journal, qui était retourné à Paris pour fonctionner sous contrôle allemand et de s'être montré passif à l'égard de l'occupant<ref name="l'histoire"/>. On l'accuse également d'avoir inclus dans la rubrique « Savoir vite » de son quotidien des communiqués de propagande allemands<ref group="JFM" name="mignot20">{{harvsp|Mignot|2014|p=20}}.</ref>.

=== Reprise du Tour après la Libération (1946-1947) ===
[[Fichier:Jacques Goddet.png|vignette|[[Jacques Goddet]] relance le Tour de France après la Libération.]]
Les restrictions sur la consommation de papier, l'interdiction de parution des journaux sportifs et l'état des routes de France rendent inenvisageable l'organisation du Tour dès l'été 1945. Les journaux sportifs sont de nouveaux autorisés à paraître en {{date-|février 1946}}. [[Jacques Goddet]] lance alors son nouveau journal, ''[[L'Équipe]]'', le {{date-|28 février 1946}}. L'organisation du Tour de France fait l'objet d'une lutte intense entre les organes de presse proches des résistants communistes et des gaullistes<ref group="JFM" name="mignot20"/>.

En {{date-|juillet 1946}}, les journaux ''Sports'', ''[[Miroir Sprint]]'' et ''[[Ce soir]]'', sympathisants du [[Parti communiste français]], lancent la [[Ronde de France]], une course en cinq étapes de Bordeaux à Grenoble en passant par les Pyrénées et les Alpes, remportée par l'Italien [[Giulio Bresci]] et dont le succès auprès du public est relatif<ref name="libé">{{lien web|url=http://www.liberation.fr/sports/2003/07/04/comment-le-tour-a-echappe-au-pcf_438686|titre=Comment le Tour a échappé au PCF|auteur=Blandine Hennion|site=liberation.fr|éditeur=''[[Libération (journal)|Libération]]''|date=4 juillet 2003|consulté le=23 avril 2016}}.</ref>. Quelques jours plus tard, ''L'Équipe'' et ''Le Parisien Libéré'', fondé par [[Émilien Amaury]], donnent naissance à la course [[Monaco-Paris]], également appelée la « Course du Tour »<ref name="lemonde"/> et qui se déroule en cinq étapes du 23 au {{date-|28 juillet}}. Le Français [[Apo Lazaridès]] s'impose devant son coéquipier [[René Vietto]]. Le journaliste [[Émile Besson]], ancien résistant, précise que la course organisée par Jacques Goddet {{citation|passionne le public, beaucoup plus que celle de la presse communiste, car ce sont les coureurs français, dont beaucoup étaient déjà célèbres avant guerre, qui font la course et la gagnent<ref name="libé"/>.}}
[[Fichier:Jean Robic (1947).png|gauche|vignette|[[Jean Robic]] remporte le [[Tour de France 1947]].]]
[[Émilien Amaury]], qui a notamment participé à la diffusion de publications clandestines pendant la guerre, apporte une caution morale et politique à Jacques Goddet. Fort de ses relations dans la mouvance résistante gaulliste, il obtient de la Fédération nationale de la presse l'organisation du Tour de France, confiée en {{date-|juin 1947}} à la Société du Parc des Princes, dont Jacques Goddet et Émilien Amaury sont les principaux actionnaires, alors que le [[Président du Conseil (France)|président du Conseil]] [[Paul Ramadier]] vient d'évincer les ministres communistes de son gouvernement. '' Le Parisien libéré'' et ''L'Équipe'' s'engagent à payer vingt millions de francs sur quinze ans pour racheter une course déficitaire<ref group="JFM" name="mignot20"/>{{,}}<ref name="libé"/>. Jacques Goddet devient directeur de course du Tour de France, avec pour adjoint [[Félix Lévitan]], directeur du service des sports du ''Parisien libéré''<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=145-151}}</ref>{{,}}<ref group="PL">{{harvsp|Lagrue|2004|p=93-99}}.</ref>.

Le {{date-|25 juin 1947}}, le Tour renaît. Jacques Goddet écrit dans les colonnes de ''L'Équipe'' : {{citation|Alors que notre pays, brisé par tant de dures années, supportant les convulsions qui le secouent, le Tour de France, cette grande fête populaire reprend sa place. [...] Son existence même évoque intensément l’idée de paix<ref name="lemonde"/>.}} La course adopte un nouvel état d'esprit et {{citation|véhicule un message de paix et de fraternité, en même temps qu'il doit aider à la remise en marche de l'économie}}. Pour autant, l'équipe allemande n'est pas invitée et l'équipe italienne n'est composée que d'Italiens ou de Français d'origine italienne résidant en France<ref group="JFM" name="mignot61-62">{{harvsp|Mignot|2014|p=61-62}}.</ref>. Le soin apporté par les pouvoirs publics à la bonne organisation de la course crée une {{citation|impression de nationalisation<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=154}}.</ref>}}. Cette édition est un grand succès populaire. Des millions de spectateurs viennent applaudir un peloton composé comme en 1939 d'équipes nationales et régionales, et précédé de sa caravane publicitaire. Le déroulement de la course contribue à son succès, avec la lutte pour le maillot jaune de [[René Vietto]] et la victoire finale de [[Jean Robic]], obtenue aux dépens de l'Italien [[Pierre Brambilla]] grâce à une échappée lors de la dernière étape.

== Les héros du Tour ==
À l'issue du Tour 1923, [[Henri Pelissier]] dit à propos de son dauphin : {{citation|Voici le classement du Tour de France 1924 : {{1er}} Ottavio Bottecchia !}}. Le Parisien ne s'y trompe pas. Bottecchia, régulier dans les Alpes, arrivera à Paris avec 35 minutes d'avance au général sur le Luxembourgeois [[Nicolas Frantz]]. [[Ottavio Bottecchia]], en jaune du début à la fin, se paiera même le luxe de remporter le sprint de la dernière étape sur le [[Parc des Princes|vélodrome du Parc des Princes]]. Vainqueur le premier jour, le dernier, et sur l'étape reine : la démonstration de force est absolue<ref>[https://www.lequipe.fr/Cyclisme-sur-route/Article/Tour-de-france-1924-albert-londres-popularise-les-forcats-de-la-route/1477409 157 coureurs réunis le 23 juin 1924 à deux heures du matin au départ d'Argenteuil].</ref>.
[[Fichier:Bottecchia-Tour 1924-01.png|vignette|Parc des Princes (vélodrome), {{date|20 juillet 1924}}, arrivée du Tour de France, les coureurs cyclistes ː [[Omer Huyse]], [[Ottavio Bottecchia]], [[Nicolas Frantz]] (de d. à g.).]]
;Un parcours dantesque (1924)
Les 15 étapes ({{nbr|5425}} km) ː

Paris Luna Park - Le Havre : 381 km ;<br>
Le Havre - Cherbourg : 371 km ;<br>
Cherbourg - Brest : 405 km ;<br>
Brest - Les Sables-d'Olonne : 412 km ;<br>
Les Sables-d'Olonne - Bayonne : 482 km ;<br>
Bayonne - Luchon : 326 km ;<br>
Luchon - Perpignan : 323 km ;<br>
Perpignan - Toulon : 427 km ;<br>
Toulon - Nice : 280 km ;<br>
Nice - Briançon : 275 km ;<br>
Briançon - Gex : 307 km ;<br>
Gex - Strasbourg : 360 km ;<br>
Strasbourg - Metz : 300 km ;<br>
Metz - Dunkerque : 433 km ;<br>
Dunkerque - Paris-Parc des Princes : 343 km.

Durant les années 1930, les coureurs du Tour deviennent des héros dont on admire les exploits et le courage, auxquels le public s'identifie, et que la presse, voire des partis s'approprient<ref group="BL">{{harvsp|Bœuf|Léonard|2003|p=155}}.</ref>. Cette héroïsation est essentiellement le fait de la narration du Tour, notamment à la {{abréviation discrète|TSF|Transmission sans fil}} et dans les pages de ''L'Auto'' puis de ''L'Équipe'', qui glorifie les exploits des coureurs et divinise ces derniers<ref group="PL">{{harvsp|Lagrue|2004|p=116-117}}.</ref>{{,}}<ref group="BL">{{harvsp|Bœuf|Léonard|2003|p=149}}.</ref>. [[Roland Barthes]] dans ses ''[[Mythologies (recueil)|Mythologies]]'' voit dans le Tour de France la narration d'une {{citation|grande épopée}}, qui s'opère par la diminution du nom des coureurs : {{citation|Bobet devient Louison, Lauredi, Nello et Raphaël Géminiani, héros comblé puisqu'il est à la fois ''bon'' et ''valeureux'', est appelé tantôt Raph, tantôt Gem. Ces noms [...] rendent compte sous une même syllabe d'une valeur surhumaine et d'une intimité toute humaine<ref>{{harvsp|Barthes|1957|p=111}}.</ref>}}. Les coureurs sont également désignés par des surnoms {{citation|liés à leurs origines et/ou à leurs traits de caractère}} : l'« Aigle de Tolède » pour Bahamontes, « Gino le Pieux » pour Bartali, ou le « Landais bondissant » pour [[André Darrigade]]<ref group="PL">{{harvsp|Lagrue|2004|p=110, 114-115}}.</ref>. La {{citation|géographique homérique}} du Tour participe de cette épopée. {{citation|Les éléments et les terrains sont personnifiés, car c'est avec eux que l'homme se mesure et comme dans toute épopée il importe que la lutte oppose des mesures égales<ref>{{harvsp|Barthes|1957|p=112}}.</ref>}}. C'est particulièrement le cas du [[mont Ventoux]], {{citation|dieu du Mal auquel il faut se sacrifier. Véritable Moloch, despote des cyclistes, il ne pardonne jamais aux faibles}}<ref>{{harvsp|Barthes|1957|p=113-114}}.</ref>{{,}}<ref group="BL">{{harvsp|Bœuf|Léonard|2003|p=160-191}}.</ref>{{,}}<ref group="PL">{{harvsp|Lagrue|2004|p=110}}.</ref>.

[[Fichier:Coppi Bartali 1940.jpg|vignette|alt=Photographie en noir et blanc de deux cyclistes entourés par une foule.|Les deux champions italiens, [[Fausto Coppi]] et [[Gino Bartali]].]]
Parmi les héros du Tour de France, l'un d'entre eux {{citation|peut faire figure de héros emblématique du Front populaire<ref group="BL">{{harvsp|Bœuf|Léonard|2003|p=143}}.</ref>}}. Il s'agit du Français René Vietto, qui s'est rendu populaire par son sacrifice en 1934, en donnant sa roue à [[Antonin Magne]]. ''L'Humanité'' ne manque pas de rappeler ses sympathies communistes, et l'appelle {{citation|notre camarade}}<ref group="BL">{{harvsp|Bœuf|Léonard|2003|p=136}}.</ref>. Deux duels sont particulièrement {{citation|évocateurs non pas seulement d'une compétition sportive mais des mouvements de fond d'une société}}<ref group="BL">{{harvsp|Bœuf|Léonard|2003|p=164}}.</ref>. La rivalité entre les champions italiens [[Gino Bartali]] (vainqueur du Tour en [[Tour de France 1938|1938]] et [[Tour de France 1948|1948]]) et [[Fausto Coppi]] (vainqueur en [[Tour de France 1949|1949]] et [[Tour de France 1952|1952]]), est emblématique de la « dualité italienne ». Déjà à l'œuvre sur le ''[[Tour d'Italie|Giro]]'' durant les {{nobr|années 1940}}, cette rivalité anime le [[Tour de France 1949]], alors qu'ils y courent associés au sein de l'équipe nationale d'Italie. Leur rivalité illustre la situation politique et sociale de l'Italie. Tandis que l'Italie du Nord s'identifie à Fausto Coppi, le Sud adopte Gino Bartali. Les deux piliers de la vie politique italienne se disputent, en vain, les deux champions : le [[parti communiste italien|parti communiste]] contacte Fausto Coppi pour qu'il soit des leurs aux [[Élections générales italiennes de 1948|élections générales de 1948]] et la [[Démocratie chrétienne (Italie)|Démocratie chrétienne]] tente d'attirer aussi bien Gino Bartali « le pieux » que Fausto Coppi, engagé dans une relation adultérine et soutenu par une frange plus libérale de la population. Leur triomphe dans l'après-guerre, en 1948 et 1949, en fait également des {{citation|icônes [de la] reconstruction}} italienne<ref group="PL">{{harvsp|Lagrue|2004|p=117-127}}.</ref>{{,}}<ref group="BL">{{harvsp|Bœuf|Léonard|2003|p=144}}.</ref>.

En France, c'est le duel entre [[Jacques Anquetil]] et [[Raymond Poulidor]] qui illustre un contexte social dans les {{citation|années 1960}}. Le pays est divisé entre « Anquetiliens » et « Poulidoristes ». Jacques Anquetil, quintuple lauréat du Tour entre 1957 et 1964, est {{citation|l'image de la France qui gagne et prend des risques}}. Raymond Poulidor, « l'éternel second », est le symbole d'une {{citation|France qui perd}} {{incise|l'historien [[Michel Winock]] parle de « contexte Poulidor »|stop}}. Il est le coureur {{citation|des humbles, attachés à la terre, aux vertus du labeur, au travail sans repos et répit}}<ref group="PL">{{harvsp|Lagrue|2004|p=138-139}}.</ref>{{,}}<ref group="BL">{{harvsp|Bœuf|Léonard|2003|p=164-167}}.</ref>. Leur lutte atteint son paroxysme lors de l'ascension du [[Puy de Dôme]] pendant le [[Tour de France 1964]], qui tourne à l'avantage de Jacques Anquetil.

== Le Tour de France pendant les Trente Glorieuses ==
=== Évolution du parcours et ouverture à l'étranger (début des années 1950) ===
[[Fichier:Tour in Nederland - Tour in the Netherlands.jpg|vignette|alt=Photographie en noir et blanc montrant le passage d'une course cycliste dans un village néerlandais.|Le Tour de France s'élance des Pays-Bas en [[Tour de France 1954|1954]].]]
Au cours des {{nobr|années 1950}}, sous l'impulsion de [[Félix Lévitan]], le parcours du Tour {{citation|s'affranchit du chemin de ronde}}, ce que [[Henri Desgrange]] n'avait pas osé faire, et explore le centre de la France, le [[Massif central]]. Le Tour y conquiert un nouveau public qui ne voyait pas passer la course auparavant et la télévision l'élargit en diffusant pour la première fois le Tour en 1952. La découverte de nouvelles ascensions, notamment le [[mont Ventoux]] en [[Tour de France 1951|1951]] relance l'attrait sportif de la course. Les premières arrivées en altitude se font l'année suivante, à [[l'Alpe d'Huez]], à [[Sestrières]] et au [[Puy de Dôme]]<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=162-163}}.</ref>, [[Fausto Coppi]] raflant les trois étapes, alors que jusque là les coureurs passaient seulement les cols<ref name=Mémosport>Mémosport 9 juillet 2014 [https://www.memosport.fr/histoire-tour-de-france-cycliste-1952.html].</ref>..

La station de ski de L'Alpe d'Huez a ainsi inauguré en [[1952]] la toute première arrivée au sommet par une victoire de [[Fausto Coppi]], qui a gravi la montée en {{heure||45|22}}<ref>Philippe Bouvet, Philippe Brunel, ''L’Équipe, cols mythiques du Tour de France'', mars 2005, Article « Alpe d’Huez. 21 lacets de bonheur », {{p.|26}}.</ref> à une vitesse exceptionnelle pour l'époque, de 18,654 km/h<ref name=Decoster>Article de Jérôme Decoster le 5 juillet 2013 dans ''Le Parisien'' [https://www.leparisien.fr/sports/cyclisme/1952-fausto-coppi-un-bolide-dans-les-lacets-de-l-alpe-d-huez-05-07-2013-2957027.php?ts=1657826477091]</ref>, lui permettant de gagner le [[Tour de France 1952]] avec une avance record de 28 minutes 17 sur le deuxième, le Belge [[Stan Ockers]]<ref name=Decoster/>{{,}}<ref name=Mémosport/>.

Dans une Europe divisée en deux blocs, le Tour de France se développe à l'ouest en visitant régulièrement ses voisins italiens, suisses et belges<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=157-158, 163-164}}.</ref>. L'élargissement du territoire du Tour de France est un choix des organisateurs en partie contraint par la concurrence d'autres courses. Celle de la [[Course de la Paix]], épreuve phare en Europe de l'Est et créée en 1948, est crainte par [[Jacques Goddet]], le directeur du Tour de France. Réservée aux amateurs, elle accueille un peloton plus large que le Tour de France. En 1961, un pendant occidental à la Course de la Paix est créé : le [[Tour de l'Avenir]], réservé aux amateurs et couru par équipes nationales quelques heures avant les professionnels sur le même parcours que le Tour de France. La concurrence de la Course de la Paix poussera le Tour à adopter une formule « open » dans les années 1980. En 1954, un [[Tour d'Europe]] est organisé par [[Jean Leulliot]]. L'annonce de l'évènement incite la direction du Tour de France à prendre pour la première fois son départ de l'étranger, à [[Amsterdam]], en [[Tour de France 1954|1954]]. Le Tour d'Europe n'a cependant pas le succès escompté, en l'absence des meilleurs coureurs. Jean Leulliot ne parvient par à organiser une autre édition l'année suivante, en raison de la concurrence du [[Tour de Catalogne]] et du [[Tour de Grande-Bretagne]]. ''L'Équipe'', ''Le Parisien Libéré'', ''La Gazzetta dello Sport'' et ''Les Sports'' rachètent les droits de la course et organisent une deuxième et dernière édition en 1956. Les Tours de France et d'Italie « englobent » le Tour d'Europe et prennent le nom officiel de « Tour de France et d'Europe » et « Tour d'Italie et d'Europe »<ref>{{lien web|url=http://www.memoire-du-cyclisme.eu/dossiers/dos_cyclismag_tdf_europe.php|titre=Le Tour de France et d'Europe|auteur=Sandrine Viollet|site=memoire-du-cyclisme.eu|date={{1er}} février 2013|consulté le=21 juillet 2016}}.</ref>{{,}}<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=165-168}}.</ref>.

=== Émergence de la télévision et succès populaire (des années 1950 aux années 1960) ===
[[Fichier:Anquetil Poulidor Bahamontes 1964.jpg|vignette|alt=Photographie en noire et en blanc montrant trois cyclistes tenant un bouquet de fleurs sur le podium après l'arrivée d'une course.|La rivalité entre [[Raymond Poulidor]] (à gauche) et [[Jacques Anquetil]] (au centre) déchaîne la passion des téléspectateurs en [[Tour de France 1964|1964]].]]
Les {{nobr|années 1950}} voient le développement de la télévision. Elle arrive sur le Tour de France en [[Tour de France 1948|1948]]. L'arrivée finale au [[Parc des Princes]] est l'occasion du premier reportage en direct hertzien de la télévision française. L'année suivante, des résumés d'étapes sont diffusés lors des premiers journaux télévisés, puis à partir de 1955, le résumé de l'étape du jour est proposé en soirée. Avec la progression de l'équipement des ménages, la télévision prend le relai de la presse écrite. Lorsqu'ils ne possèdent pas de récepteur, le public {{citation|se [rassemble] devant les vitrines des magasins ou [fréquente] les cafés}}<ref group="PL" name="Lagrue134">{{harvsp|Lagrue|2004|p=134}}.</ref>. La progression de ce nouveau média ne se fait pas sans accroc. Enthousiaste à son arrivée, Jacques Goddet craint l'emprise grandissante de la télévision sur son spectacle. En 1957, l'intervention de l'État est nécessaire pour assurer la présence de la télévision sur la course, après le refus de la RTF de payer une redevance {{unité|8|millions}} de francs, soit {{unité|3|millions}} de plus que l'année précédente<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=174}}.</ref>. En 1958, le passage de certains cols est diffusé pour la première fois en direct grâce à des caméras fixes qui attendent les coureurs au sommet des cols<ref group="JFM" name="mignot22-23">{{harvsp|Mignot|2014|p=22-23}}.</ref>. L'année suivante, les arrivées de certaines étapes sont retransmises en direct<ref>[http://www.ina.fr/sport/cyclisme/video/CPF86639798/tour-de-france-contre-la-montre-au-puy-de-dome.fr.html le 1er en Direct a la télévision pour la {{15e}} étape du Tour de France 1959],</ref>, puis en 1962 les dix derniers kilomètres<ref group="PL" name="Lagrue134" />. Cette même année marque l'utilisation des premières caméras mobiles sur moto. Le direct mobile s'impose peu à peu<ref group="JFM" name="mignot22-23"/>. La diffusion du duel entre [[Jacques Anquetil]] et [[Raymond Poulidor]] sur les pentes du Puy de Dôme en [[Tour de France 1964|1964]] marque le début de la passion des Français pour le Tour de France télévisé<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=175}}.</ref>. La présence du Tour de France à la télévision contribue à réduire peu à peu la part des Français qui se déplacent pour assister au passage de la course, à partir de la fin des {{nobr|années 1960}}, alors qu'ils étaient près de 40 % à y assister en 1964<ref group="JFM">{{harvsp|Mignot|2014|p=17, 24-25}}.</ref>.

La diffusion du Tour à la télévision offre un nouveau support publicitaire pour les produits dont la consommation se développe à cette époque. Alors que la publicité est encore interdite à la télévision, les courses cyclistes permettent aux marques de s'offrir une présence à l'écran<ref group="PL">{{harvsp|Lagrue|2004|p=136}}.</ref>. D'autant que la situation économique de l'industrie de cycle leur est propice. Concurrencées par l'automobile et le cyclomoteur, des firmes disparaissent et avec elles les équipes qu'elles financent. Le champion italien [[Fiorenzo Magni]] est en 1954 le premier à recourir à une marque « extra-sportive », les produits de beauté Nivéa, pour remplacer les cycles Ganna qui finançaient jusqu'alors son équipe. Il est rapidement imité par l'ensemble des équipes en 1955 et 1956. Les sponsors « extra-sportifs » restent cependant absents du Tour. Jacques Goddet s'affirme encore en 1961 {{citation|résolument opposé aux équipes de marques dans l'état anarchique actuel des choses}}. Il se résigne pourtant à les accueillir à partir de 1962 pour relancer l'intérêt sportif de la course, après une [[Tour de France 1961|édition 1961]] écrasée par l'équipe de France et [[Jacques Anquetil]] et à laquelle Raymond Poulidor a refusé de participer pour ne pas avoir à se mettre au service de ce dernier. Les équipes nationales font un bref retour en 1967 puis en 1968, sans succès. Adoptée à titre expérimental, la formule des équipes de marques est maintenue<ref group="PL">{{harvsp|Lagrue|2004|p=138-134}}.</ref>{{,}}<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=190-191}}.</ref>.

Le succès populaire du Tour de France s'affiche sur toutes sortes de produits culturels : photos de presse, cartes postales, encarts publicitaires, biographies et autobiographies de coureurs. La course fait également son apparition au cinéma, avec ''[[Vive le Tour !]]'', un court-métrage réalisé par [[Louis Malle]] en 1962, puis ''[[… pour un maillot jaune]]'' de [[Claude Lelouch]] en 1965. Des timbres du cinquantenaire du Tour sont émis en 1953 et des cartes postales illustrées par [[Kees van Dongen]], [[Maurice Utrillo]] et [[Bernard Buffet]] sont mises en service en 1958. Plusieurs personnalités sont présentes sur le Tour de France entre les {{nobr|années 1950}} et 1960, comme les chanteurs [[Tino Rossi]], [[Line Renaud]], [[Charles Trenet]] et [[Annie Cordy]], ainsi que l'accordéoniste [[Yvette Horner]] sur le véhicule de la marque [[Suze]] dans la caravane du Tour<ref group="JFM">{{harvsp|Mignot|2014|p=17-18}}.</ref>.

=== Retour aux équipes de marques et changement de direction (des années 1960 aux années 1970) ===
[[Fichier:Eddy Merckx Molteni 2.jpg|vignette|alt=Photographie en noir et blanc d'un cycliste, debout devant un mur blanc et portant un maillot avec l'inscription Molteni Arcore.|[[Eddy Merckx]] avec son maillot Molteni en 1973.]]
À partir de 1962, les organisateurs du Tour de France décident de réintroduire les équipes de marques. Ce choix s'explique par la volonté d'améliorer la rentabilité de la course en reportant sur les équipes les frais d'entretien des coureurs et de remédier au fait que l'interdiction des équipes de marques, que les courses concurrentes ne pratiquent pas, les conduit à refuser que certains de leurs coureurs participent au Tour de France. Par ailleurs, les équipes nationales sont critiquées car elles défavorisent certains champions, à l'image du Luxembourgeois [[Charly Gaul]], qui ne dispose pas de coéquipiers nationaux en nombre suffisant. Les équipes nationales sont brièvement réinstaurées en [[Tour de France 1967|1967]] et [[Tour de France 1968|1968]] car les organisateurs du Tour souhaitent punir les équipes de marques d'avoir organisé en 1966 une grève des coureurs contre les premiers contrôles antidopage<ref group="JFM" name="Mignot_2014_4953">{{harvsp|Mignot|2014|p=49-53}}.</ref>. Les marques commerciales qui s'affichent sur les maillots sont représentatives de la société de consommation. Les secteurs alimentaire (Leroux, Ghigi), de l'électroménager (Philco, Grammont, Grundig, Fagor) et de l'automobile (Peugeot, Ford, Michelin, BP) sont très représentés, ainsi que les boissons alcoolisées (Saint-Raphaël, Margnat, Pelforth, Wiel's)<ref group="PL">{{harvsp|Lagrue|2004|p=132-133}}.</ref>. Le « cannibale » [[Eddy Merckx]], quintuple vainqueur du Tour entre 1969 et 1974, obtient son premier succès sous les couleurs des machines à café Faema, puis en remporte trois avec celles du boucher italien Molteni.

Le journal ''[[L'Équipe]]'', en difficulté au milieu des {{nobr|années 1960,}} est racheté en 1965 par [[Émilien Amaury]]. L'organisation du Tour, devenue trop lourde pour ''L'Équipe'' et ''Le Parisien libéré'', est confiée à une société créée ''ad hoc'' en 1973, la « Société d'exploitation du Tour de France », filiale du [[groupe Amaury]]. Jacques Goddet et Félix Lévitan restent néanmoins à la tête de l'organisation de la course, bien que leur direction et leur vision archaïque soient critiquées. Durant les {{nobr|années 1960}} et jusqu'aux {{nobr|années 1970}}, la situation économique du Tour de France se dégrade. Son organisation est déficitaire. Une relative désaffection du public est observée et la caravane se restreint considérablement. Les prix attribués aux coureurs demeurent inchangés de sorte que leur valeur réelle diminue, ce qui mécontente le peloton. Le Tour de France semble subir les conséquences de la place croissante de l'automobile dans la société, aux dépens de la bicyclette. {{citation|Les loisirs faciles, les vacances, la société de consommation éloignent de plus en plus le public des courses cyclistes, pour lui synonymes d'un passé tourné vers l'effort et désormais révolu}}<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=191-196}}.</ref>. Le peloton cycliste français est également en difficulté. Des sponsors se retirent, au point qu'il ne reste plus que quatre équipes professionnelles françaises en 1974 et que l'Union nationale des cyclistes professionnels crée une équipe de cyclistes chômeurs afin que ceux-ci puissent continuer de courir<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=194, 206}}.</ref>.

Le Tour de France parvient tout de même à se relancer au milieu des {{nobr|années 1970}}. Alors que les industries subissent la crise pétrolière, celle du cycle connaît un nouvel essor grâce à une nouvelle mode partie de Californie au milieu des {{nobr|années 1960}} et à l'émergence du mouvement écologique<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=202}}.</ref>. En s'éloignant des grands axes de circulation pour aller à la rencontre de la France paysanne, le Tour de France suscite l'intérêt du secteur agricole en 1974. Enfin, le Tour, spectacle gratuit et fête populaire, attire de nouveau la foule sur le bord des routes, probablement grâce à son {{citation|aspect fédérateur [...] face à la crise économique et au changement de société}}<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=205}}.</ref>. À la recherche de recettes supplémentaires, les organisateurs font sponsoriser le [[maillot jaune]] pour la première fois en 1969 par les sociétés [[Le coq sportif]] et Virlux<ref group="JFM" name="mignot63">{{harvsp|Mignot|2014|p=63}}.</ref>. En 1975, les organisateurs opèrent une relance sportive, commerciale et touristique du Tour, grâce à une nouvelle stratégie s'adressant aux spectateurs comme consommateurs et qui l'amène à devenir {{citation|promoteur de la France des loisirs et du tourisme}}. Le classement du meilleur jeune, récompensé par un maillot blanc, et le maillot à pois de meilleur grimpeur sont introduits. Le Tour s'achève pour la première fois sur l'[[avenue des Champs-Élysées]], où le président de la République [[Valéry Giscard d'Estaing]] remet son maillot jaune à [[Bernard Thévenet]], qui met fin au règne de six ans d'[[Eddy Merckx]], dans un contexte de lettres d'insultes contre le champion belge<ref>Evoqué plus tard dans le documentaire "Autour du Tour", consacré à ce Tour 1975.</ref>{{,}}<ref>« Le poing de déshonneur » par Manuel Caillaud, journaliste au quotidien ''La Montagne'', republié le 22/11/2016 [https://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand-63000/sports/le-jour-ou-merckx-recut-un-coup-de-poing-dans-le-puy-de-dome_11516584/].</ref>{{,}}<ref name= vergne>Article de Laurent Vergne pour Eurosport le 22/07/2015 [https://www.eurosport.fr/cyclisme/tour-de-france/2015/1975-40-ans-avant-froome-la-france-contre-merckx_sto4828671/story.shtml].</ref>, qui a reçu dans les pentes du [[Puy de Dôme]] un coup de poing d'un spectateur<ref name="Merckx 2">{{Lien web|url=https://www.eurosport.fr/cyclisme/tour-de-france/2015/1975-40-ans-avant-froome-la-france-contre-merckx_sto4828671/story.shtml|titre=Tour de France - 1975 : 40 ans avant Froome, la France contre Merckx|site=Eurosport France|auteur=Laurent Vergne|date=22 Juillet 2015}}.</ref> entrainant une condamnation à de la prison avec sursis<ref name= vergne/>.

Félix Lévitan décrit les nouvelles priorités du Tour : {{citation|Nous voulons passer par les Alpes, par les Pyrénées, par le Massif central et terminer à Paris. Ce sont les quatre axes de l'épreuve}}. La course offre une promotion aux stations balnéaires et de sports d'hiver du pays. Neuf stations de sports d'hiver sont ainsi visitées en 1975. Le promoteur immobilier Guy Merlin devient un partenaire important et jusqu'en 1982, le Tour fait régulièrement étape dans des stations où il mène des projets immobiliers, s'arrêtant même à trois reprises à Merlin-Plage, une station balnéaire à son nom sur le littoral vendéen. Guy Merlin signe également un contrat d'exclusivité en 1978 avec l'organisation du Tour et offre au vainqueur de l'épreuve, entre 1976 et 1988, un appartement d'une valeur de {{unité|100000|francs}}<ref>{{harvsp|Augendre|2014|p=283}}.</ref>. Avec le retour des sponsors, la caravane reprend de l'ampleur et le Tour de France est bénéficiaire à partir de 1976<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=206-209}}.</ref>. Tout au long des {{nobr|années 1970}}, les transferts entre villes-étapes se multiplient : le départ d'étape est régulièrement situé dans une autre ville que celle d'arrivée, ce qui permet aux organisateurs d'augmenter les recettes en multipliant le nombre de villes-étapes et de ne sélectionner que les plus offrantes<ref group="JFM" name="mignot63"/>.

Le tournant commercial pris par le Tour de France est toutefois critiqué. L'importance prise par la télévision bouleverse le déroulement de la course : l'intérêt d'un passage à l'écran pour un sponsor d'équipe pousse des coureurs à chercher avant tout à passer à la télévision. Un retour aux équipes nationales est évoqué. Les nouvelles priorités du parcours qui multiplient les transferts entre étapes et entre les arrivées et les hôtels lorsque le Tour fait étape dans des petites communes, ainsi que le fractionnement de certaines journées de courses en deux, voire trois étapes, poussent les coureurs à improviser une grève à [[Valence d'Agen]] en [[Tour de France 1978|1978]]<ref group="JFM" name="mignot63"/>. Quelques aménagements sont décidés en 1979, notamment sur l'horaire de départ des étapes, mais les priorités restent les mêmes et le Tour est amené à prendre encore davantage d'ampleur dans les années qui suivent<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=210-213}}.</ref>.

== L'« extension mondialisée » du Tour de France ==
Les {{nobr|années 1980 et 1990}} sont une période d'internationalisation et de croissance du Tour de France : c'est la période appelée « extension mondialisée » du Tour de France<ref group="Note">L'expression, employée dans le journal ''L'Équipe'' en juillet 1982, est de Jacques Goddet (voir {{harvsp|Bœuf|Léonard|2003|p=223}}).</ref>.

=== Le Tour de France s'internationalise ===
[[Fichier:Tour de France 2015 - Étape 8 - Rennes 28 - Daniel Teklehaimanot (cropped).JPG|vignette|alt=Photo portrait couleur d'un cycliste noir africain portant un casque rouge et blanc et le maillot blanc à pois rouges de meilleur grimpeur.|[[Daniel Teklehaimanot]] est, avec son coéquipier [[Merhawi Kudus]], l'un des deux premiers noirs africains engagés sur le Tour de France.]]
Au début des {{nobr|années 1980}}, l'organisation du Tour de France cherche à élargir son audience et à trouver de nouveaux adversaires aux coureurs d'Europe de l'Ouest (les vainqueurs du Tour de France ne sont alors tous issus que de sept pays de cette région), et particulièrement à [[Bernard Hinault]] qui domine la compétition. L'idée d'un Tour « open », c'est-à-dire ouvert aux amateurs, est lancée par [[Félix Lévitan]] en 1982. Elle se réalise l'année suivante, moins ambitieuse toutefois que ce qu'imaginait ce dernier : il imaginait un Tour disputé pour moitié par des équipes professionnelles et une autre moitié d'équipes nationales amateurs, une proposition refusée par les groupes professionnels. Alors que le but de ce projet est de faire participer les coureurs d'Europe de l'Est, ceux-ci en sont empêchés par leurs dirigeants politiques. Une seule équipe amateur participe finalement au [[Tour de France 1983]] : l'équipe de [[Colombie]]. Le bilan de cette première participation est mitigé mais les éditions suivantes permettent à des coureurs colombiens d'émerger, tel que le grimpeur [[Luis Herrera]], deux fois vainqueur du classement de la montagne, et de devenir professionnels dès 1985. Au lieu de s'ouvrir à l'Est, le Tour élargit son horizon à l'ouest, avec en [[Tour de France 1986|1986]], outre la présence de deux équipes colombiennes, la première participation d'une équipe [[États-Unis|américaine]], [[Équipe cycliste 7-Eleven|7 Eleven]], et la première victoire d'un coureur non-européen, l'Américain [[Greg LeMond]]. Si aucun coureur amateur d'Europe de l'Est ne participe au Tour, l'ouverture progressive de certains pays permet à des athlètes de devenir professionnels en Europe de l'Ouest : ainsi le Yougoslave [[Primož Čerin]] est le premier « coureur de l'Est » à participer au Tour en 1986 et le Polonais [[Lech Piasecki]] le premier à porter le maillot jaune en [[Tour de France 1987|1987]]<ref group="PL">{{harvsp|Lagrue|2004|p=166-169}}.</ref>. Cette année-là, le Tour fait un pas vers l'Est en partant de [[Berlin-Ouest]]. La proposition de rallier ensuite la France en traversant la [[République démocratique allemande]] a été repoussée par la fédération cycliste est-allemande, mais cette édition marque tout de même la volonté d'internationaliser le Tour.

Il faut attendre la [[chute du mur de Berlin]] puis la fin du [[pacte de Varsovie]] pour voir participer en nombre des coureurs d'Europe de l'Est. Ce sont d'abord les coureurs est-allemands qui intègrent des équipes professionnelles, dont [[Olaf Ludwig]], vainqueur du classement par points en [[Tour de France 1990|1990]]. Lors de cette édition, l'équipe soviétique Alfa Lum participe, avec dans ses rangs [[Dimitri Konyshev]], premier vainqueur d'étape russe. Des coureurs formés à l'Est brillent régulièrement sur le Tour durant les années 1990, comme le sprinteur ouzbek [[Djamolidine Abdoujaparov]], le Letton [[Piotr Ugrumov]], deuxième du classement général en [[Tour de France 1994|1994]], et l'Allemand [[Jan Ullrich]], vainqueur en [[Tour de France 1997|1997]]<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=215-222}}.</ref>. L'adoption de la formule « open » conduit à une augmentation significative du nombre de coureurs engagés sur le Tour de France, qui atteint son maximum en 1986 avec {{unité|210|coureurs}} au départ<ref group="JFM">{{harvsp|Mignot|2014|p=54}}.</ref>. Parallèlement à la diversification des nationalités des coureurs, les nationalités des médias qui suivent le Tour se diversifient également. En 1983, {{unité|32|journalistes}} colombiens sont présents. En 1990, un premier journaliste soviétique suit l'épreuve, année où l'on recense {{unité|635|journalistes}} et {{unité|140|photographes}} issus de {{unité|25|pays}} différents, représentant {{unité|348|titres}} de presse et vingt chaînes de télévision<ref group="JFM">{{harvsp|Mignot|2014|p=67}}.</ref>. Depuis le début du {{s-|XXI}}, le mouvement d'internationalisation du Tour de France se poursuit avec la première participation des Japonais [[Yukiya Arashiro]] et [[Fumiyuki Beppu]], premiers coureurs asiatiques à terminer le Tour de France en [[Tour de France 2009|2009]]<ref>{{harvsp|Augendre|2014|p=217}}.</ref>, puis celle du Chinois [[Ji Cheng (cyclisme)|Ji Cheng]] en [[Tour de France 2014|2014]]<ref>{{lien web|url=http://www.metronews.fr/sport/tour-de-france-2014-rencontre-avec-cheng-ji-le-seul-coureur-chinois-du-peloton/mngo!QEhVHZjtJPDc/|titre=Rencontre avec Cheng Ji, le seul coureur chinois du peloton|site=metronews.fr|éditeur=''[[Metro (quotidien)|Metro]]''|auteur=Pierre Menjot|date=15 juillet 2014|consulté le={{1er}} mai 2016}}.</ref>. En [[Tour de France 2015|2015]], l'équipe [[Équipe cycliste Dimension Data|MTN-Qhubeka]] devient la première équipe africaine à disputer l'épreuve, en comptant notamment dans ses rangs les coureurs érythréens [[Daniel Teklehaimanot]] et [[Merhawi Kudus]], premiers coureurs noirs africains engagés sur le Tour<ref>{{lien web|url=http://www.rfi.fr/hebdo/20150626-daniel-tekleaimanot-tour-france-2015-erythree-suisse-mtn-qhubeka|titre=Daniel Teklehaimanot, premier Noir africain du Tour de France|auteur=Farid Achache|site=rfi.fr|éditeur=[[Radio France internationale]]|date=26 juin 2015|consulté le={{1er}} mai 2015}}.</ref>.

=== Croissance économique et place hégémonique dans le cyclisme ===
[[Fichier:Miguel INDURAIN (cropped).jpg|vignette|alt=Photographie couleur d'un cycliste portant le maillot jaune et arc-bouté sur son vélo, dans un virage, lors d'un contre-la-montre. Une foule de spectateurs constitue l'arrière-plan|À l'image de [[Miguel Indurain]], certains coureurs délaissent les autres grands tours pour se consacrer au Tour de France.]]
La période voit le Tour de France devenir une {{citation|gigantesque machine économique<ref group="PL">{{harvsp|Lagrue|2004|p=178}}.</ref>}}. Son suivi médiatique, ses recettes et son budget croissent et sa place dans le cyclisme devient hégémonique. Ces évolutions sont pour partie liées à la stratégie des organisateurs du Tour. Ceux-ci changent d'ailleurs à la fin des {{nobr|années 1980}}. En 1988, Jean-François Naquet-Radiguet remplace Félix Lévitan, avec l'objectif de « moderniser » le Tour. Il signe des contrats avec de nouveaux diffuseurs et insuffle une nouvelle stratégie commerciale, poursuivie par son successeur [[Jean-Marie Leblanc]], qui le remplace dès l'année suivante. Il s'agit de débarrasser le Tour de son image de {{citation|foire commerciale}}, et de s'appuyer sur un nombre restreint de sponsors plus importants, formant un « club des partenaires ». Ces politiques permettent au Tour de tripler son budget entre 1988 et 2003, grâce à une forte augmentation des droits télévisés et des recettes publicitaires. La [[Amaury Sport Organisation|Société du Tour de France]] devient en 1993, une filiale d'[[Amaury Sport Organisation]]<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=212-228}}.</ref>. Les recettes provenant des villes-étapes augmentent sans cesse alors que le Tour de France visite divers parcs de loisirs : le [[Puy du Fou]] à trois reprises depuis 1993, [[Disneyland Paris|Eurodisney]] en 1994, le [[Futuroscope]] à six reprises à partir de 1986 et [[Cap'Découverte]] en 2003<ref group="JFM" name="mignot63"/>. Le chiffre d'affaires du Tour de France bénéficie largement de l'explosion des droits de retransmission télévisée : ils passent d'environ {{unité|250000|euros}} au début des {{nobr|années 1980}} à environ {{unité|16|millions}} d'euros à la fin des {{nobr|années 1990}}<ref group="JFM">{{harvsp|Mignot|2014|p=28}}.</ref>.

Toujours dans un but commercial, la Société du Tour de France décide de créer en [[1984 en sport|1984]] un [[Tour de France féminin]]. Celui-ci est couru en lever de rideau de l'épreuve masculine : les coureuses effectuent une partie de l'étape des hommes avant le passage de la caravane publicitaire<ref>{{lien web|url=https://www.francetvinfo.fr/sports/tour-de-france/le-tour-de-france-feminin-va-t-il-decoller-un-jour_989395.html|titre=Le Tour de France féminin va-t-il décoller un jour ?|auteur=Pierre Godon|site=francetvinfo.fr|éditeur=[[France Télévisions]]|date=12 juillet 2015|consulté le=21 juillet 2016}}.</ref>. La Française [[Jeannie Longo]] remporte le classement général de l'épreuve à trois reprises<ref>{{lien web|url=http://www.memoire-du-cyclisme.eu/feminines/tdf_feminin.php|titre=Tour de France féminin|site=memoire-du-cyclisme.eu|date=2 février 2013|consulté le=21 juillet 2016}}.</ref>. Le Tour de France féminin disparaît finalement en 1989, faute de sponsors et de couverture médiatique<ref>{{lien web|url=http://www.leparisien.fr/sports/autres/tour-de-france-une-course-feminine-avant-l-arrivee-sur-les-champs-elysees-01-02-2014-3550279.php|titre=Tour de France : une course féminine avant l'arrivée sur les Champs-Elysées|site=leparisien.fr|éditeur=''[[Le Parisien]]''|date={{1er}} février 2014|consulté le=21 juillet 2016}}.</ref>.

Le Tour de France, déjà doté d'un prestige plus important que les autres courses depuis plusieurs décennies, acquiert une position hégémonique. Certains coureurs axent leur saison sur le Tour de France, et délaissent d'autres compétitions majeures du calendrier. Cette stratégie est initiée par l'Américain Greg LeMond, ensuite imité par [[Miguel Indurain]], quintuple vainqueur entre 1991 et 1995 et [[Lance Armstrong]], détenteur du record de victoires avec sept succès de 1999 à 2005 jusqu'à son déclassement en 2012, ainsi que d'autres coureurs ayant eu l'objectif de gagner le Tour. Le cyclisme sur route se segmente entre spécialistes des classiques et des courses par étapes<ref>{{harvsp|Dorvillé|Fleuriel|2002|p=115}}.</ref>. Bernard Hinault est ainsi le dernier lauréat de la « grande boucle » à compter au moins une victoire sur une [[Classique (cyclisme)|classique]] dite « monument » et sur le Tour la même année. L'Italien [[Vincenzo Nibali]] compte lui aussi à son palmarès des victoires sur les [[Grand tour (cyclisme)|grands tours]] et sur une classique monument après son succès sur le [[Tour de Lombardie 2015]], mais ces victoires n'ont pas été obtenues la même année<ref group="Note">Sont appelées « Monuments du cyclisme » les classiques [[Milan-San Remo]], le [[Tour des Flandres]], [[Paris-Roubaix]], [[Liège-Bastogne-Liège]] et le [[Tour de Lombardie]].</ref>. Les championnats du monde et les [[Tour d'Italie|Tours d'Italie]] et [[Tour d'Espagne|d'Espagne]] souffrent aussi de la concurrence du Tour. Les premiers, en étant déplacés de la fin de l'été au mois d'octobre, voient un grand nombre des meilleurs coureurs s'abstenir d'y participer, et des coureurs de moindre notoriété s'imposer. Le ''Giro'' souffre également durant les années 1990 et 2000 d'une participation de moindre qualité que durant les décennies précédentes. La simple participation au Tour devient une motivation essentielle pour les sponsors d'équipe, ne serait-ce parfois que pour « montrer le maillot » en passant à la télévision pendant quelques heures, grâce à des échappées au long cours. Le nombre d'équipes candidates au Tour de France est croissant. En 1989, l'[[Union cycliste internationale]] instaure un système de sélection, basé sur le classement mondial par équipes, permettant aux mieux classées d'entre elles de participer automatiquement. Le nombre d'invitations laissées à la discrétion des organisateurs est faible, et les déceptions sont fréquentes, avec des conséquences sur le financement voire la survie des équipes écartées. Ainsi, la société BigMat annonce ainsi en 2003 la fin de son partenariat avec l'[[Équipe cycliste Saint Michel-Auber 93|équipe portant alors son nom]], après avoir essuyé deux non-sélections consécutives<ref group="PL">{{harvsp|Lagrue|2004|p=177-187}}.</ref>. En 2001, l'équipe Mercury perd en cours de saison son second sponsor, Viatel, à la suite de sa non-sélection pour le Tour.

=== Évolution du parcours ===
Alors que le parcours des premières éditions du Tour de France, qui réaffirme, d'après la volonté d'[[Henri Desgrange]], les frontières naturelles du pays, fait du Tour de France un {{citation|moment d'appropriation symbolique du territoire national<ref>{{harvsp|Fumey|2006|p=391}}.</ref>}}, cette dimension identitaire du Tour de France demeure très importante de la fin du {{s-|XX}} au début du {{s-|XXI}}. Le Tour commémore un certain nombre d'évènements historiques à l'image des deux guerres mondiales. En 1994, il célèbre le cinquantenaire du [[Débarquement de Normandie]] lors de l'étape entre Cherbourg et Rennes en passant par [[Utah Beach]], [[Sainte-Mère-Église]] et [[Saint-Lô]]. De même en 2014, il célèbre le centenaire de la [[Première Guerre mondiale]] en traversant [[Ypres]], le [[Chemin des Dames]] et [[Verdun]]. {{nobr|L'[[Tour de France 1989|édition 1989]]}} fête le bicentenaire de la [[Révolution française]] en offrant une prime de {{unité|17890|francs}} au kilomètre {{formatnum:1789}}. Le Tour passe aussi devant divers lieux symboliques et touristiques, comme le [[pont de Tancarville]] en 1960, le [[Mont Saint-Michel]] en 1990, 2013 et 2016, le [[tunnel sous la Manche]] en 1994, le [[pont de Normandie]] l'année suivante, le [[viaduc de Millau]] en 2005<ref group="JFM">{{harvsp|Mignot|2014|p=58-60}}.</ref> ou encore le [[pont du Gard]] en 2019.

Le Tour devient lui-même un lieu de mémoire et le nom de plusieurs cols de montagne sont indissociables de l'épreuve, à l'image de [[L'Alpe d'Huez]], du [[col du Galibier]], [[Col d'Izoard|d'Izoard]], ou [[col du Télégraphe|du Télégraphe]] dans les Alpes, du [[col d'Aubisque]], [[col d'Aspin|d'Aspin]], [[Col de Peyresourde|de Peyresourde]] ou [[Col du Tourmalet|du Tourmalet]] dans les Pyrénées, ou encore du [[mont Ventoux]]<ref group="JFM">{{harvsp|Mignot|2014|p=62}}.</ref>. Les organisateurs du Tour de France célèbrent également leur propre épreuve : ainsi en 2003, le parcours du Tour de France du centenaire emprunte les villes-étapes de la première édition, Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux et Nantes. Une plaque commémorative est également inaugurée devant le café ''Le Réveil-Matin'' à [[Montgeron]], lieu de départ du premier Tour en [[Tour de France 1903|1903]]<ref>{{lien web|url=http://www.universalis.fr/encyclopedie/sport-l-annee-2003/2-cyclisme-le-tour-de-france-un-centenaire-en-pleine-forme/|titre=Sport - L'année 2003, Cyclisme : le Tour de France, un centenaire en pleine forme|auteur=Pierre Lagrue|site=universalis.fr|éditeur=[[Encyclopædia Universalis]]|consulté le=28 mai 2016}}.</ref>.

[[Fichier:Tour de France 2007 London Buckingham Palace.jpg|vignette|alt=Photographie couleur d'un cycliste sur son vélo, en tenue de cycliste bleue et verte, salué par la foule dans une rue de Londres, sous un ciel bleu nuageux.|Départ du [[Tour de France 2007]] à [[Londres]].]]
Le grand départ du Tour de France devient peu à peu un enjeu économique majeur. Si le Tour s'élance pour la première fois de l'étranger dès [[Tour de France 1954|1954]] à [[Amsterdam]], la délocalisation du départ de l'épreuve tend à s'accélérer depuis le début du {{s-|XXI}}. Entre 2002 et 2017, neuf des seize départs sont donnés à l'étranger, une tendance plus nette encore sur la période de 2009 à 2017 avec six départs, soit deux départs sur trois donnés à l'étranger<ref>{{lien web|url=https://www.lequipe.fr/Cyclisme-sur-route/Actualites/Le-tour-de-france-a-l-etranger-est-ce-une-nouveaute/618795|titre=Le départ du Tour de France à l'étranger, est-ce une nouveauté ?|site=lequipe.fr|éditeur=''[[L'Équipe]]''|date=22 décembre 2015|consulté le=24 mai 2016}}.</ref>. Cette tendance est notamment dénoncée par plusieurs anciens coureurs à l'image de [[Jacky Durand]], qui déclare à l'occasion du départ du [[Tour de France 2014]] à [[Leeds]] en Angleterre : {{citation|Je ne pense pas que cela soit nécessaire. Évidemment quand on a un départ à l'étranger, c'est une grande fête populaire mais partir d'Angleterre et y rester trois jours pour moi ce n'est pas le Tour de France.}} [[Christophe Moreau]] voit également en cette mode des départs à l'étranger une manifestation des difficultés qu'ont les villes françaises à réunir les fonds nécessaires pour organiser la venue du Tour de France : {{citation|Ces dernières années, on s'aperçoit que ces grands départs coûtent cher et l'argent désormais se trouvent au-delà des frontières. De plus en plus de régions, de départements ou de communes ont vraiment du mal à rassembler les fonds nécessaires<ref>{{lien web|url=http://www.metronews.fr/sport/tour-de-france-le-grand-depart-a-l-etranger-un-sacre-produit-marketing/mnge!V6qo0FV1xseU/|auteur=Marc Mechenoua|titre=Tour de France : le Grand départ à l'étranger, un sacré produit marketing|site=metronews.fr|éditeur=''[[Metro (journal gratuit)|Metro]]''|date=5 juillet 2014|consulté le=24 mai 2016}}.</ref>.}} Si le Tour de France s'élance principalement des pays limitrophes avec une majorité de départs depuis les Pays-Bas, l'Allemagne et la Belgique, les candidatures du [[Japon]] et du [[Qatar]] sont évoquées au début des {{nobr|années 2010}}<ref>{{lien web|url=http://www.france24.com/fr/20110726-cyclisme-depart-tour-france-2016-qatar-amaury-sport-organisation|titre=La Grande Boucle s'élancera-t-elle bientôt du Qatar ?|site=france24.com|éditeur=[[France 24]]|date=26 juillet 2011|consulté le=24 mai 2016}}.</ref>. [[Christian Prudhomme]], alors directeur du Tour de France, dresse toutefois un certain nombre de limites à un départ du Tour de France hors d'Europe : {{citation|Pour moi, il faut que les coureurs puissent rentrer à vélo à l'intérieur des frontières françaises, à l'exception d'une traversée de la Manche ou de la Méditerranée [...]. Grosso modo, je nous vois mal aller à plus de 700-800 kilomètres des frontières françaises<ref>{{lien web|url=https://www.huffingtonpost.fr/2014/07/05/tour-de-france-grand-depart-exportation-cyclisme_n_5554000.html|titre=Tour de France: le "Grand départ", ce produit d'exportation|site=huffingtonpost.fr|éditeur=''[[Huffington Post]]''|date=5 juillet 2014|consulté le=24 mai 2016}}.</ref>.}}

== Le Tour de France face au dopage ==
{{article détaillé|Dopage sur le Tour de France}}
=== Des premiers témoignages aux premiers contrôles ===
[[Fichier:Tom Simpson Memorial - geograph.org.uk - 475558.jpg|vignette|upright|alt=Photographie couleur d'une stèle en pierre gravée d'une forme de cycliste sur son vélo et portant une inscription en anglais (« In memory of a Harworth cyclist Tom Simspson... who died in the 1967 Tour de France »), sur une pelouse le long d'une barrière.|[[Cénotaphe]] en granit à la mémoire de Tom Simpson, similaire à celui érigé sur les pentes du mont Ventoux.]]
Le [[dopage (sport)|dopage]] est apparu dans le cyclisme dès la fin du {{s-|XIX|e}}, notamment lors des [[Course de six jours|courses de six jours]] et autres compétitions [[cyclisme sur piste|sur piste]] très populaires à l'époque<ref>{{Ouvrage|prénom1=Jean-Pierre|nom1=de Mondenard|lien auteur1=Jean-Pierre de Mondenard|titre=Dopage|sous-titre=L'imposture des performances|lieu=Paris|éditeur=Chiron|année=2006|mois=juin|numéro d'édition=3|pages totales=288|passage=10-12|isbn=2702706398|consulté le=10 octobre 2010}}.</ref>. Jusqu'aux {{nobr|années 1950}}, il n'est pas un sujet d'inquiétude majeur et est traité de façon cursive ou humoristique, bien qu'[[Henri Desgrange]] s'en émeuve. Le célèbre article d'[[Albert Londres]] recueillant le témoignage des frères Pélissier en 1924 dévoile les pratiques de l'époque. Les autorités médicales, sportives et politiques commencent à s'en préoccuper durant les {{nobr|années 1950}}, lorsque plusieurs incidents révèlent la généralisation des pratiques dopantes, tels que le malaise de [[Jean Malléjac]] durant l'ascension du mont Ventoux en [[Tour de France 1955|1955]], l'abandon en [[Tour de France 1957|1957]] de [[Federico Bahamontes]], souffrant d'une blessure au bras causée par une piqûre de calcium, la chute de [[Roger Rivière]] en [[Tour de France 1960|1960]], qui restera paralysé et dans les poches duquel on trouve des cachets de palfium, un puissant analgésique<ref>{{harvsp|Chany|2004|p=447}}.</ref>{{,}}<ref group="BL">{{harvsp|Bœuf|Léonard|2003|p=173-179}}.</ref>. La découverte des produits détenus par de jeunes coureurs pris de malaise sur le [[Tour de l'Avenir]] en 1961 convainc le docteur Dumas à alerter la [[Fédération française de cyclisme]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Emmanuel|nom1=Ducoin|titre=Tour de France, une belle histoire ?|lieu=Paris|éditeur=[[Michel de Maule]]|année=2008|mois=juin|pages totales=201|isbn=978-2-87623-232-7}}.</ref>. Les coureurs eux-mêmes assument ces pratiques illicites, à l'image du quintuple vainqueur [[Jacques Anquetil]]. Son biographe [[Paul Fournel]], affirme que le coureur {{citation|se dopait. Il l'a dit, et redit. Il a même précisé que ses fesses ressemblaient à une passoire à force de piqûres d’amphétamines. Il a toujours été clairement opposé aux contrôles antidopages, estimant que les efforts demandés le justifiaient, et que les coureurs étaient des hommes professionnels et responsables. Rien n’indique formellement que son décès soit dû au dopage, mais il est évident qu’un doute légitime peut peser sur cette question<ref>{{lien web|url=http://www.liberation.fr/livres/2012/06/01/jacques-anquetil-aimait-il-vraiment-le-velo_822985|titre=Anquetil a changé les règles du jeu du cyclisme|site=liberation.fr|éditeur=[[Libération (journal)|Libération]]|date=7 juin 2012|consulté le=5 mai 2016}}.</ref>}}.

La lutte contre le dopage est lancée en 1965 avec en France le vote de la loi de {{date-|juin 1965}} tendant à la répression de l'usage des stimulants à l'occasion des compétitions sportives, dite loi Herzog<ref>{{Lien web|auteur institutionnel=Service public de la diffusion du droit par l’internet|site=LégiFrance|url=https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000691718&categorieLien=id|titre=Loi n°65-412 du {{date-|1|juin|1965}}|consulté le=23 juillet 2016}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Catherine de Baecque|préface=[[Albert II (prince de Monaco)|Albert II de Monaco]]|titre=Maurice Herzog|sous-titre=Le survivant de l’Annapurna|lieu=Paris|éditeur=[[Arthaud (maison d'édition)|Arthaud]]|année=2011|pages totales=395|passage=136|isbn=9782081278646|isbn2=2081278642|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=wAOAvUCWa7gC&printsec=frontcover}}.</ref>. Aux premiers contrôles lors du [[Tour de France 1966]], les coureurs réagissent par une grève<ref group="JFM" name="Mignot_2014_4953" />. Après la mort de [[Tom Simpson]] sur les pentes du mont Ventoux en 1967, des contrôles systématiques sont effectués à partir de 1968 aux arrivées de chaque étape sur des coureurs tirés au sort. Deux cas spectaculaires marquent les deux décennies suivantes. [[Michel Pollentier]] est exclu du [[Tour de France 1978]] pour avoir tenté de frauder au contrôle antidopage à l'aide d'une poire remplie d'urine propre alors qu'il vient de prendre le maillot jaune en remportant l'étape à [[Montée de l'Alpe d'Huez|l'Alpe d'Huez]]. En 1988, le vainqueur [[Pedro Delgado]] est contrôlé positif au [[probénécide]], un produit masquant permettant de dissimuler la prise de [[Stéroïde anabolisant|stéroïdes anabolisants]]<ref>{{Lien web|auteur=Philippe Bardonnaud|titre=Delgado, Pedro Delgado|jour=2|mois=juin|année=2013|url=https://www.franceinter.fr/societe/delgado-pedro-delgado|site=France Inter|consulté le=23 juillet 2016}}.</ref>, mais n'est pas sanctionné car ce produit ne figure pas sur la liste des produits interdits par l'[[Union cycliste internationale]], alors qu'il figure sur celle du [[Comité international olympique]]<ref group="BL">{{harvsp|Bœuf|Léonard|2003|p=180-182}}.</ref>.

=== Succession d'affaires ===
[[Fichier:Tour de Doping.jpg|vignette|alt=Photographie couleur montrant des spectateurs portant une banderole avec l'inscription en noir sur fond blanc : « Tour de doping ».|Banderole contre le dopage portée par des spectateurs lors du Tour de France 2006.]]
L'« [[affaire Festina]] » en [[Tour de France 1998|1998]] constitue un tournant ; elle modifie la perception du dopage par le public<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=240}}.</ref> et ternit l'image du Tour de France<ref group="BL">{{harvsp|Bœuf|Léonard|2003|p=183}}.</ref>. Elle révèle un système collectif et systématique de dopage au sein d'une équipe. [[Willy Voet]], soigneur de l'équipe [[équipe cycliste Festina|Festina]] dont le leader est la vedette française [[Richard Virenque]], est arrêté en possession de produits dopants lors d'un contrôle douanier à quelques jours du départ du [[Tour de France 1998|Tour]]. L'enquête et les aveux de l'encadrement de l'équipe puis des coureurs dévoilent l'« ampleur du dopage »<ref group="PL">{{harvsp|Lagrue|2004|p=187}}.</ref> et le passage {{citation|d'un dopage artisanal à un dopage industriel<ref group="BL">{{harvsp|Bœuf|Léonard|2003|p=185}}.</ref>.}} L'enquête qui s'étend à d'autres équipes met en péril le déroulement de la course. Les coureurs se plaignent d'être {{citation|traités comme du bétail<ref>{{lien web|url=http://archives.lesoir.be/le-tour-de-france-tient-de-plus-en-plus-mal-la-route-av_t-19980725-Z0FK01.html|titre=Le Tour de France tient de plus en plus mal la route|auteur=Bruno Deblander et Jean-François Lauwens|site=lesoir.be|éditeur=''[[Le Soir]]''|date=25 juillet 1998|consulté le=5 mai 2016}}.</ref>}} et plusieurs équipes abandonnent. Le Tour parvient tout de même à son terme et voit la victoire de [[Marco Pantani]].

Dès lors, le Tour de France est régulièrement perturbé par un ou plusieurs cas de dopage. En [[Tour de France 2006|2006]], [[Floyd Landis]] est le premier vainqueur du Tour à être déclassé pour dopage. Il est disqualifié quelques jours après l'arrivée pour un contrôle positif à la [[testostérone]]<ref name="augendre142">{{harvsp|Augendre|2014|p=142}}.</ref>. En [[Tour de France 2007|2007]], le Danois [[Michael Rasmussen]], porteur du maillot jaune, est exclu par sa propre équipe à l'issue de la {{16e|étape}}. Alors que les performances du coureur suscitent de nombreuses suspicions, sa formation justifie sa mise à l'écart par le fait qu'il ait menti sur sa localisation et son lieu d'entraînement un mois avant le départ de l'épreuve<ref>{{Article|auteur1=Julian Cerviño|titre=Le maillot jaune en berne|périodique=[[L'Express (Neuchâtel)|L'Express]]|numéro=172|jour=27|mois=juillet|année=2007|pages=19|lire en ligne=http://doc.rero.ch/record/75998/files/2007-07-27.pdf|consulté le=28 mai 2016}}.</ref>. Ce n'est qu'en 2013 que Michael Rasmussen reconnaît avoir utilisé des produits dopants au cours de sa carrière<ref>{{lien web|url=http://www.eurosport.fr/cyclisme/michael-rasmussen-a-avoue-d-etre-dope-de-1998-a-2010_sto3601704/story.shtml|titre=Michael Rasmussen a avoué s'être dopé de 1998 à 2010|site=eurosport.fr|éditeur=[[Eurosport]]|date=31 janvier 2013|consulté le=28 mai 2016}}.</ref>. Ce même Tour de France 2007 est marqué par d'autres affaires de dopage : les équipes Astana et Cofidis se retirent de la course après les contrôles positifs de leurs coureurs [[Alexandre Vinokourov]] (transfusion sanguine homologue) et [[Cristian Moreni]] (testostérone)<ref>{{lien web|url=http://tempsreel.nouvelobs.com/sport/20070725.OBS8149/cofidis-se-retire-du-tour-de-france.html|titre=Cofidis se retire du Tour de France|site=tempsreel.nouvelobs.com|éditeur=''[[L'Obs]]''|date=27 juillet 2007|consulté le=28 mai 2016}}.</ref>. Au lendemain de l'arrivée, l'Espagnol [[Iban Mayo]] est lui aussi contrôlé positif<ref>{{lien web|url=https://www.lemonde.fr/sport/article/2007/07/31/un-nouveau-cas-de-dopage-presume-sur-le-tour-a-ete-revele_940542_3242.html|titre=Un nouveau cas de dopage présumé sur le Tour a été révélé|site=lemonde.fr|éditeur=''[[Le Monde]]''|date=21 juillet 2007|consulté le=28 mai 2016}}.</ref>. L'[[Tour de France 2008|édition 2008]] est elle aussi marquée par de nombreux contrôles positifs, dont celui de [[Riccardo Riccò]], vainqueur de deux étapes et porteur du maillot de meilleur grimpeur avant son exclusion. Ce contrôle met en évidence l'utilisation d'une [[Érythropoïétine|EPO]] de troisième génération par certains coureurs, le [[Érythropoïétine#Le CERA|CERA]]<ref name="augendre142"/>{{,}}<ref>{{lien web|url=http://www.lefigaro.fr/sport/2008/07/17/02001-20080717ARTFIG00358-riccardo-ricco-controle-positif-.php|titre=Tour de France : Riccardo Ricco contrôlé positif|auteur=Florian Egly|site=lefigaro.fr|éditeur=''[[Le Figaro]]''|date=17 juillet 2008|consulté le=29 mai 2016}}.</ref>. De nouveaux tests antidopage menés par l'[[Agence française de lutte contre le dopage]] (AFLD) après le Tour permettent d'identifier de nouveaux coureurs dopés, à l'image de [[Bernhard Kohl]], qui avait terminé à la {{3e|place}} de l'épreuve et meilleur grimpeur<ref>{{lien web|url=https://www.ladepeche.fr/article/2008/10/13/481470-cyclisme-kohl-troisieme-tour-france-quatrieme-tomber-dopage.html|titre=Kohl, troisième du Tour de France et quatrième à tomber pour dopage|site=ladepeche.fr|éditeur=''[[La Dépêche du Midi]]''|date=13 octobre 2008|consulté le=29 mai 2016}}.</ref>.

En 2011, [[Alberto Contador]] prend le départ du Tour de France alors que le [[Tribunal arbitral du sport]] n'a pas encore statué sur le contrôle antidopage positif au [[clenbutérol]] dont il a fait l'objet lors de l'[[Tour de France 2010|édition précédente]] qu'il a remportée. En 2012, le [[Tribunal arbitral du sport]] disqualifie finalement Alberto Contador et lui inflige une suspension jusqu'en {{date-|août 2012}}<ref>{{lien web|url=http://www.europe1.fr/Sport/Multisports/Articles/Pourquoi-le-TAS-a-puni-Contador-936099/|titre=Pourquoi le TAS a puni Contador|auteur=Nicolas Rouyer|site=europe1.fr|éditeur=[[Europe 1]]|date=6 février 2012|consulté le=5 mai 2016}}.</ref>. La victoire dans le Tour de France 2010 est alors attribuée au Luxembourgeois [[Andy Schleck]]<ref name="augendre142"/>.

[[Fichier:Lance Armstrong (Tour Down Under 2009).jpg|vignette|upright|alt=Photo portrait couleur du visage d'un homme aux cheveux courts, sur fond orange et gris foncé.|[[Lance Armstrong]], déchu de ses sept victoires sur le Tour entre 1999 et 2005.]]
Le cas de [[Lance Armstrong]] illustre à lui seul la période trouble dans laquelle le Tour de France est plongé de la fin des {{nobr|années 1990}} aux {{nobr|années 2010}}<ref group="Note">Les journalistes [[Pierre Ballester]] et [[David Walsh (journaliste)|David Walsh]] publient trois ouvrages à ce sujet : ''L.A. Confidentiel : Les secrets de Lance Armstrong'' en 2004, ''L.A. Officiel'' en 2006, et ''Le sale tour'' en 2009.</ref>. Les sept Tour de France gagnés consécutivement de 1999 à 2005 par le coureur américain en écrasant ses rivaux, après avoir vaincu le cancer, font l'objet d'une « suspicion permanente »<ref group="SV">{{harvsp|Viollet|2007|p=241}}.</ref>. Les journalistes se saisissent du dossier et révèlent au fil des années des témoignages confirmant les pratiques dopantes du cycliste américain, ainsi que des contrôles positifs. Lance Armstrong est également accusé par [[Floyd Landis]] et [[Tyler Hamilton]], ses deux anciens coéquipiers, tous deux convaincus de dopage et qui racontent avoir vu le coureur américain pratiquer des transfusions sanguines ou s'injecter de l'EPO<ref>{{lien web|url=http://www.lexpress.fr/actualite/sport/lance-armstrong-chronologie-d-une-chute_1176125.html|titre=Affaire Armstrong : chronologie d'une chute|site=lexpress.fr|éditeur=''[[L'Express]]''|date=22 octobre 2012|consulté le=29 mai 2016}}.</ref>. Un rapport de l'[[Agence américaine antidopage]] démontre que l'[[Équipe cycliste Discovery Channel|équipe US Postal]] a mis en place un système de dopage sophistiqué permettant à ses coureurs, dont Lance Armstrong, de se doper systématiquement tout en évitant d'être contrôlé positif par les tests alors en vigueur. Lance Armstrong est déchu de ses sept victoires sur le Tour, qui ne sont pas réattribuées<ref group="JFM">{{harvsp|Mignot|2014|p=95}}.</ref>.

Dès lors, la crédibilité du Tour de France est constamment menacée et certains auteurs se montrent très critiques à l'égard de l'épreuve et du cyclisme en général, à l'image de [[Pierre Ballester]], qui considère que la crédibilité sportive du Tour {{citation|est à zéro}} et charge les différents acteurs du cyclisme professionnel au sujet de l'affaire Lance Armstrong : {{citation|C'est impossible de dire qu'{{abréviation discrète|ASO|Amaury Sport Organisation}} ne savait pas ce qu'il se passait. Cela participe à la propagation du dopage. Ils ne s'interposent pas. Il y a un double langage en disant qu'Armstrong est une image réelle du passé, alors que l'on voit dans les staffs des personnes qui ont trempé dans des affaires de dopage. Mais les gens sont de moins en moins dupes. Sur l'échelle des responsabilités, tout le monde est concerné. L{{abréviation discrète|'UCI|Union cycliste internationale}}, l'organisateur, les sponsors, les médias, la télévision... Il y a une forme de prosélytisme, on va toujours dans le sens du vent<ref>{{lien web|url=http://www.france24.com/fr/tour-france-2013-pierre-ballester-fin-cycle-credibilite-sportive-nulle-cyclisme-aso-uci-20130702|titre=Pierre Ballester : "La crédibilité sportive du Tour de France est nulle"|auteur=Sylvain Mornet|site=france24.com|éditeur=[[France 24]]|date=2 juillet 2013|consulté le=7 juillet 2016}}.</ref>.}} Les performances des coureurs sont régulièrement mises en doute, comme c'est le cas à propos de la domination du Britannique [[Christopher Froome]] sur le Tour de France 2015, sans qu'aucune preuve puisse établir l'existence d'éventuelles pratiques dopantes<ref>{{lien web|url=https://www.challenges.fr/sport/20150716.CHA7921/tour-de-france-chris-froome-rend-il-encore-credible-la-lutte-antidopage.html|titre=Tour de France : Chris Froome anéantit-il la lutte antidopage ?|auteur=Sylvain Izambart|site=challenges.fr|éditeur=''[[Challenges]]''|date=16 juillet 2015|consulté le=7 juillet 2016}}.</ref>.

Une réduction des pratiques dopantes au sein du peloton semble apparaître depuis 2008, au regard de la baisse des performances des coureurs par rapport à celles qui ont été favorisées par le dopage à l'{{abréviation discrète|EPO|Érythropoïétine}} les années précédentes. Une étude montre que, lors du [[Tour de France 2011]], les trois cols hors catégorie franchis cette année-là l'ont été avec au moins trois minutes de retard sur les temps réalisés dans les {{nobr|années 1990 et 2000}}. Les performances des coureurs semblent également plus faibles en termes de puissance mécanique développée lors des ascensions. Cette baisse substantielle des performances des coureurs correspond à l'introduction du passeport biologique en 2008<ref group="JFM">{{harvsp|Mignot|2014|p=97}}.</ref>.

Dans sa lutte contre les différentes formes de dopage, le Tour de France met en place sur le [[Tour de France 2016]] un dispositif contre le dopage mécanique. Des ingénieurs du [[Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives|Commissariat à l'énergie atomique]] équipés de caméras thermiques sont invités sur l'épreuve après le test concluant effectué lors des championnats de France de cyclisme sur route la même année. Ce dispositif qui cherche à détecter la présence d'un moteur électrique dans le cadre, la roue arrière ou le pédalier, vient compléter celui mis en place par l'[[Union cycliste internationale]], qui utilise au départ ou à l'arrivée des étapes des tablettes avec un système à résonance magnétique pour ses contrôles<ref>{{lien web|url=https://www.lesechos.fr/sport/0211089049375-tour-de-france-comment-les-cameras-thermiques-vont-traquer-le-dopage-mecanique-2011649.php|titre=Tour de France : comment les caméras thermiques vont traquer le dopage mécanique|auteur=Nicolas Richaud|site=lesechos.fr|éditeur=''[[Les Échos]]''|date=3 juillet 2016|consulté le=6 juillet 2016}}.</ref>.

== Principaux vainqueurs ==
=== Classement général ===
{{Article détaillé|Palmarès du Tour de France}}
Quatre coureurs ont remporté cinq fois le Tour de France<ref>{{lien web|url=https://www.memosport.fr/les-5-plus-grands-vainqueurs-du-tour-de-france.html|titre=Les 5 plus grands vainqueurs du Tour de France|site=memosport.fr}}.</ref>, formant ce qui est souvent appelé le "Club des cinq"<ref>{{lien web|url=https://lameuse.sudinfo.be/106370/article/2017-07-23/le-club-des-cinq-attend-froome|titre=Le club des cinq attend Froome|site=sudinfo.be|date=23 juillet 2017}}.</ref>. [[Jacques Anquetil]] fut le premier des quatre (1957, 1961, 1962, 1963, et 1964) suivi par le Belge [[Eddy Merckx]] (1969, 1970, 1971, 1972 et 1974) puis le Français [[Bernard Hinault]] (1978, 1979, 1981, 1982 et 1985) et l'Espagnol [[Miguel Indurain]], le seul à l'avoir remporté cinq fois consécutivement (1991, 1992, 1993, 1994 et 1995). Les cinq victoires d'Hinault et Anquetil s'étendent sur des périodes de huit ans, celles de Merckx sur six ans.

Au sein de ce "Club des cinq", qui ont chacun dominé leur décennie, la détention du maillot jaune fut très inégale : le record est détenu par [[Eddy Merckx]], à qui il fut remis 111 fois, devant 79 pour [[Bernard Hinault]], 60 pour [[Miguel Indurain]] et 52 pour [[Jacques Anquetil]], deux fois moins que Merckx et derrière les 59 pour [[Christopher Froome]].

Un seul coureur détient quatre victoires, le Britannique [[Christopher Froome]] (2013, 2015, 2016, et 2017). Quatre coureurs en remportent trois : le Belge [[Philippe Thys (cyclisme)|Philippe Thys]], le Français [[Louison Bobet]], l'Américain [[Greg LeMond]] et le Slovène [[Tadej Pogačar]]. Enfin, treize coureurs l'ont gagné à deux reprises : [[Lucien Petit-Breton]], [[Firmin Lambot]], [[Ottavio Bottecchia]], [[Nicolas Frantz]], [[André Leducq]], [[Antonin Magne]], [[Sylvère Maes]], [[Gino Bartali]], [[Fausto Coppi]], [[Bernard Thévenet]], [[Laurent Fignon]], [[Alberto Contador]], et [[Jonas Vingegaard]].

Les sept victoires consécutives de l'Américain [[Lance Armstrong]] (1999 à 2005) ont toutes été annulées pour dopage<ref>[https://www.ouest-france.fr/sport/dopage/dopage-lance-armstrong-difficile-de-prendre-de-l-epo-apres-avoir-fait-face-la-mort-non-6845438 Dopage. Lance Armstrong : « Difficile de prendre de l’EPO après avoir fait face à la mort ? Non »].</ref>.

Sur les 106 victoires finales comptabilisées depuis 1903 (les périodes d'Armstrong et de la Seconde gGuerre mondiale ne figurent plus au palmarès), moins de la moitié (44), ont été gagnées par un coureur qui n'a remporté qu'un seul Tour de France.

Le plus grand écart revient à [[Fausto Coppi]], vainqueur du [[Tour de France 1952]] avec une avance record de {{heure||28|17}} sur le deuxième, le belge [[Stan Ockers]]<ref>{{Article|auteur1=Philippe Bouvet|auteur2=Philippe Brunel|titre=L'Équipe, cols mythiques du Tour de France|sous-titre=Alpe d'Huez. 21 lacets de bonheur|année=2005|pages=26|périodique=L'Equipe}}.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|url=https://www.leparisien.fr/sports/cyclisme/1952-fausto-coppi-un-bolide-dans-les-lacets-de-l-alpe-d-huez-05-07-2013-2957027.php?ts=1657826477091|titre=1952 : Fausto Coppi, un bolide dans les lacets de l’Alpe-d’Huez|site=[[Le Parisien]]|date=5 juillet 2013|auteur=Jérôme Decoster}}.</ref>{{,}}<ref name=Mémosport/>. L'écart le plus serré au soir du dernier jour est les 8 secondes en faveur de [[Greg LeMond]] devant [[Laurent Fignon]] lors du [[Tour de France 1989]].

==== Présences sur le podium ====
{{Article détaillé|Statistiques et records du Tour de France}}
Le Français [[Raymond Poulidor]] a fini huit fois sur le podium, performances réalisées sur une période de 12 ans, avec trois deuxièmes places (1964, 1965 et 1974) et 5 troisièmes places (1962, 1966, 1969, 1974, et 1976). Deux autres coureurs ont terminé sept fois sur le podium : le néerlandais [[Joop Zoetemelk]], six fois deuxième (1970, 1971, 1976, 1978, 1979, et 1982) en plus de sa victoire en 1980 et le français [[Bernard Hinault]], deux fois deuxième en 1984 et 1986 en plus de ses cinq victoires.

=== Maillots vert, blanc et à pois rouges ===

'''Maillot à pois rouges du Grand Prix de la montagne'''
{{article détaillé|Maillot à pois}}
Le record du nombre de victoires du Grand Prix de la montagne est détenu par le Français [[Richard Virenque]] avec 7 succès finaux en 11 ans, entre 1994 et 2004.
* 7. {{FRA-d}} [[Richard Virenque]] de [[Tour de France 1994|1994]] à [[Tour de France 1997|1997]], puis en [[Tour de France 1999|1999]], [[Tour de France 2003|2003]] et [[Tour de France 2004|2004]]
* 6. {{ESP-d}} [[Federico Bahamontes]] en [[Tour de France 1954|1954]], [[Tour de France 1958|1958]], [[Tour de France 1959|1959]] et de [[Tour de France 1962|1962]] à [[Tour de France 1964|1964]]
* 6. {{BEL-d}} [[Lucien Van Impe]] en [[Tour de France 1971|1971]], [[Tour de France 1972|1972]], [[Tour de France 1975|1975]], [[Tour de France 1977|1977]], [[Tour de France 1981|1981]] et [[Tour de France 1983|1983]]

'''Maillot vert du classement par points (dit du "meilleur sprinter")'''
{{article détaillé|Maillot vert}}
Le record du nombre de victoires au classement par points est détenu par le Slovaque [[Peter Sagan]] avec 7 succès finaux en huit ans (2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2018, et 2019).
* 7. {{SVK-d}} [[Peter Sagan]] de [[Tour de France 2012|2012]] à [[Tour de France 2016|2016]], [[Tour de France 2018|2018]] et [[Tour de France 2019|2019]]
* 6. {{GER-d}} [[Erik Zabel]] de [[Tour de France 1996|1996]] à [[Tour de France 2001|2001]] 
* 4. {{IRL-d}} [[Sean Kelly]] en [[Tour de France 1982|1982]], [[Tour de France 1983|1983]], [[Tour de France 1985|1985]] et [[Tour de France 1989|1989]]

'''Maillot blanc du meilleur jeune'''
{{article détaillé|Maillot blanc}}
{{SLO-d}} [[Tadej Pogačar]] ([[Slovénie|Slovène]]) est le seul quadruple vainqueur du [[Classement du meilleur jeune du Tour de France|Maillot blanc du meilleur jeune]], introduit en 1975. Huit de ses vainqueurs ont également remporté le [[Classement général du Tour de France]] au cours de leur carrière ([[Laurent Fignon|Fignon]], [[Greg LeMond|LeMond]], [[Marco Pantani|Pantani]], [[Jan Ullrich|Ullrich]], [[Alberto Contador|Contador]], [[Andy Schleck]], [[Egan Bernal|Bernal]] et [[Tadej Pogačar|Pogačar]]), dont sept la même année.

[[Tadej Pogačar]] fut le plus jeune vainqueur de ce classement, en 2020 à 21 ans et 364 jours, devant [[Egan Bernal]], en 2019 à 22 ans et 196 jours et Jan Ullrich en 1996 avec 22 ans et 232 jours.

=== Victoires d'étapes ===
{{Article détaillé|Statistiques des victoires d'étapes du Tour de France}}
Si {{unité|32|coureurs}} ont remporté au moins {{unité|10|étapes}} individuelles depuis [[1903 en sport|1903]], le record du nombre de victoires est codétenu par le belge [[Eddy Merckx]] et l'anglais [[Mark Cavendish]] avec chacun 34, loin devant les français [[Bernard Hinault]] (28), [[André Leducq]] (25), et [[André Darrigade]] (25) et le luxembourgeois [[Nicolas Frantz]] (22).

=== Autres statistiques et records ===
{{Article détaillé|Statistiques et records du Tour de France}}
Le record de participations est codétenu par le Français [[Sylvain Chavanel]] et le Néerlandais [[Joop Zoetemelk]] avec 16 tours terminés, [[George Hincapie]], ayant été disqualifié de trois d’entre eux, soit seulement 13 tours terminés.

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe=Note|taille=40}}

=== Références ===
==== Ouvrage de Jean Paul Vespini ====
{{Références|groupe=JPV|taille=15}}

==== Ouvrage de Sandrine Viollet ====
{{Références|groupe=SV|taille=15}}

==== Ouvrage de Jean François Mignot ====
{{Références|groupe=JFM|taille=15}}

==== Ouvrage de Jean-Luc Bœuf et Yves Léonard ====
{{Références|groupe=BL|taille=15}}

==== Ouvrage de Pierre Lagrue ====
{{Références|groupe=PL|taille=15}}

==== Autres références ====
{{Références nombreuses|colonnes=3}}

== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
{{colonnes|nombre=2|
* [[Palmarès du Tour de France]]
* [[Statistiques des victoires d'étapes du Tour de France]]
* [[Statistiques et records du Tour de France]]
* [[Tour de France en Dordogne]]
* [[Polo à bicyclette]]
* ''[[Vélo Club]]''
* [[Bicyclette]]
* [[Cyclotourisme]]
}}

=== Bibliographie ===
{{légende plume}}
{{colonnes|nombre=2|
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Roland |nom1=Barthes |lien auteur1=Roland Barthes |titre=[[Mythologies (recueil)|Mythologies]] |éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]] |année=1957 |isbn=2020005859}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Pierre |nom1=Chany |lien auteur1=Pierre Chany |titre=La fabuleuse histoire du cyclisme |sous-titre=Des origines à 1955 |lieu=Paris |éditeur=[[Nathan (éditions)|Nathan]] |année=1988 |pages totales=539 |isbn=2092864300}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Philippe |nom1=Gaboriau |titre=Le Tour de France et le vélo |sous-titre=Histoire sociale d'une épopée contemporaine |lieu=Paris |éditeur=[[L'Harmattan]] |année=1995 |pages totales=217 |isbn=2738435076 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=sTxPpVVbaacC&printsec=frontcover}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Christian |nom1=Dorvillé |prénom2=Sébastien |nom2=Fleuriel |directeur2=oui |titre=100 Paris-Roubaix |sous-titre=Parimoine d'un siècle |lieu=Villeneuve d'Ascq |éditeur=Septentrion |année=2002 |pages totales=231 |isbn=2859397582}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jean-Luc |nom1=Bœuf |prénom2=Yves |nom2=Léonard |titre=La République du Tour de France |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions du Seuil|Seuil]] |année=2003 |pages totales=268 |isbn=202058073X|plume=oui}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Fabien|nom1=Wille|titre=Le Tour de France|sous-titre=un modèle médiatique|lieu=Villeneuve-d'Ascq|éditeur=[[Presses universitaires du Septentrion]]|année=2003|pages totales=329|isbn=9782859397975|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=GtuW7uK7v2wC&printsec=frontcover|plume=oui}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Pierre |nom1=Chany |lien auteur1=Pierre Chany |titre=La fabuleuse histoire du Tour de France |sous-titre=livre officiel du centenaire |lieu=Genève/Paris |éditeur=Minerva |année=2004 |pages totales=959 |isbn=2830707664}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Pierre |nom1=Lagrue |titre=Le Tour de France |sous-titre=Reflet de l'histoire et de la société |lieu=Paris/Budapest/Torino |éditeur=[[L'Harmattan]] |année=2004 |pages totales=300 |isbn=2747566757|plume=oui}}.
* {{Article|auteur1=Gilles Fumey|lien auteur1=Gilles Fumey|titre=Le Tour de France ou le vélo géographique|périodique=[[Annales de géographie]]|volume=115|numéro=650|lire en ligne=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_2006_num_115_650_21447|année=2006|pages=388-408}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Sandrine |nom1=Viollet |titre=Le Tour de France cycliste |sous-titre=1903-2005 |lieu=Paris/Budapest/Kinshasa etc. |éditeur=[[L'Harmattan]] |année=2007 |pages totales=256 |isbn=9782296025059 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=iPcHGGa5ukAC&printsec=frontcover|plume=oui}}.
* {{Ouvrage|prénom1=Thierry|nom1=Cazeneuve|lien auteur1=Thierry Cazeneuve|titre=1903-1939 L'invention du Tour|éditeur=[[L'Équipe]]|collection=La Grande histoire du Tour de France|numéro dans collection=1|année=2010|pages totales=62|isbn=978-2-8152-0293-0|id=1903|plume=oui}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jacques |nom1=Lablaine |titre=L'Auto-Vélo |sous-titre=le journal précurseur du Tour de France |lieu=Paris |éditeur=[[L'Harmattan]] |année=2010 |pages totales=256 |isbn=9782296136052 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=fzmoDlZaPGMC&printsec=frontcover}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jean-Pierre |nom1=de Mondenard |lien auteur1=Jean-Pierre de Mondenard |titre=36 histoires du Tour de France |sous-titre=dopage, sexe, truquages, la vérité rétablie ! |lieu=Paris |éditeur=Hugo & Cie |année=2010 |pages totales=308 |isbn=9782755605792}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Pierre|nom1=Chany|lien auteur1=Pierre Chany|prénom2=Thierry|nom2=Cazeneuve|lien auteur2=Thierry Cazeneuve|titre=La fabuleuse histoire du Tour de France|lieu=Paris|éditeur=[[La Martinière Groupe|La Martinière]]|année=2011|pages totales=1052|isbn=978-2732447001}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jacques|nom1=Chancel|lien auteur1=Jacques Chancel|titre=Le Tour de France d'antan|lieu=Paris|éditeur=HC Éditions|collection=Images d'antan|année=2013|pages totales=156|isbn=978-2357201521}}.
* {{Ouvrage|auteur1=[[Gérard Holtz]]|titre=Les 100 Histoires de légende du Tour de France|éditeur=Grund|année=2013|pages=128|isbn=978-2324005480|plume=oui}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Christian-Louis|nom1=Eclimont|titre=Le Tour de France en 100 Histoires Extraordinaires|lieu=Paris|éditeur=[[Editis|First]]|année=2013|pages totales=380|isbn=978-2754050449}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Paul|nom1=Vespini|titre=1903. Le Premier Tour de France|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Jacob-Duvernet|Jacob-Duvernet]]|année=2013|pages totales=278|isbn=978-2847244663|plume=oui}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jacques|nom1=Augendre|lien auteur1=Jacques Augendre|titre=Petites histoires secrètes du Tour...|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Solar|Solar]]|année=2014|pages totales=423|isbn=978-2-263-06987-1}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jean-Paul|nom1=Bourgier|titre=1919, le Tour renaît de l'enfer|sous-titre=De Paris-Roubaix au premier maillot jaune|lieu=Toulouse|éditeur=Le Pas d'oiseau|année=2014|pages totales=158|isbn=978-2-917971-38-3}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Fabien |nom1=Conord |titre=Le Tour de France à l'heure nationale |sous-titre=1930-1968 |lieu=Paris |éditeur=[[Presses universitaires de France|PUF]] |année=2014 |pages totales=356 |isbn=9782130621669}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Jean-François |nom1=Mignot |titre=Histoire du Tour de France |lieu=Paris |éditeur=[[La Découverte]] |année=2014 |pages totales=128 |isbn=9782707177438|plume=oui}}.
* {{Ouvrage|auteur=[[Gérard Holtz]]|titre=Légendes du Tour de France : 180 Histoires pour revivre les plus grandes heures du Tour|éditeur=Grund|année=2020|pages=256|isbn=978-2324027451}}.
* {{Ouvrage|auteur=[[Nicolas Geay]]|titre=Cols de légende-Tome 2 : 20 cols qui ont marqué l'histoire du Tour de France|éditeur=Amphora|année=2022|pages=287|isbn=978-2757605516}}.
* {{Ouvrage|auteur=Jean-Paul Vespini|titre=1903 L'épopée du premier tour de France|éditeur=Mareuil Edition|année=2023|pages=285|isbn=978-2372542982|plume=oui}}.
* {{Ouvrage|auteur=[[Jean-Paul Ollivier]]|titre=Tour de France, reflets du patrimoine|éditeur=Mareuil Edition|année=2024|pages=189|isbn=978-2372543552|plume=oui}}.
** {{Ouvrage|titre=Le Tour de France de nos régions|éditeur=Larousse|année=2023|pages=224|isbn=978-2036058194}}.
}}

=== Liens externes ===
{{Autres projets|commons=Category:Tour de France|wikt=Tour de France}}
* [https://www.letour.fr/fr/histoire-du-tour L'Histoire du Tour]
* [https://www.histoire-pour-tous.fr/histoire-de-france/4595-petite-histoire-du-tour-du-france.html Petite Histoire du Tour de France et quelques anecdotes]
* [https://www.geo.fr/histoire/la-petite-histoire-du-tour-de-france-cette-course-mythique-nee-en-1903-205267 La petite histoire du Tour de France, cette course mythique née en 1903]
* {{Lien web|auteur=Luc Herincx|titre=Tour de France 1924, Albert Londres popularise « les forçats de la route »|url=https://www.lequipe.fr/Cyclisme-sur-route/Article/Tour-de-france-1924-albert-londres-popularise-les-forcats-de-la-route/1477409|accès url=payant|date=25 juin 2024|site=[[L'Équipe]]|consulté le=26 juin 2024}}

{{Palette|Tour de France|Maillots cyclisme sur route}}
{{Portail|histoire|Tour de France|Cyclisme}}
{{Bon article|vote=BA|oldid=128089485|date=30 juillet 2016}}

[[Catégorie:Tour de France]]
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[[Catégorie:Écrivain du cyclisme]]
[[Catégorie:Culture du cyclisme]]