Voir la source de Histoire des Juifs en terre d'Israël

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L''''histoire des Juifs en terre d'Israël''' (hébreu : ארץ ישראל - Eretz Israel) se développe sur près de 3000 ans et témoigne, malgré la [[diaspora juive|dispersion des Juifs]], de l'importance particulière, pour eux, de la [[terre d'Israël]].

La terre d'Israël<ref>Citée dans la Bible dès le {{Lien web|url=http://www.sefarim.fr/Prophètes_Samuel%201_13_19.aspx|titre=Premier livre de Samuel, 13, 19}}</ref>, appelée [[terre sainte]] par les chrétiens, correspond au [[Canaan (région)|pays de Canaan]] ou encore à la région connue sous son nom [[empire romain|romain]], plus tardif, de [[Palestine (région)|Palestine]]. Elle a, de tout temps, joué un rôle central dans l'histoire des Juifs, si bien qu'ils l'appellent souvent familièrement ארץ - Eretz (terre). Ils l'évoquent affectueusement dans toutes leurs prières (matin, après-midi, soir), dans les actions de grâce après le repas et particulièrement lors de la cérémonie familiale du [[Séder]] de [[Pâque|Pessa'h]]. À toute époque, malgré exils et massacres, il y a eu une vie juive en terre d'Israël : après la conquête romaine, après la conquête arabe, après la conquête [[Croisade|croisée]], etc. Un très lent mouvement de retour vers la terre d'Israël s'est produit ensuite, devenant significatif à partir de l'[[décret de l'Alhambra|expulsion des Juifs d'Espagne]] en 1492 pour s'accélérer légèrement à la fin du {{s-|XVIII}} sur les recommandations du [[Gaon de Vilna]], puis nettement avec la naissance du [[sionisme]] à la fin du {{s-|XIX}}. Les Juifs ont réacquis la souveraineté sur cette terre ancestrale avec la renaissance de l'État d'[[Israël]] en 1948, mais cette souveraineté leur est disputée par la population arabe habitant ou ayant habité cette même terre depuis des siècles, et par certains États environnants.

== Chute du Premier Temple (1000 av. J.-C. - 586 av. J.-C.) ==
{{Article détaillé|Histoire de l'Israël antique}}
[[Fichier:1759 map Holy Land and 12 Tribes.jpg|thumb|Représentation des territoires des [[tribus d'Israël]] (carte de 1759)]]
L'histoire ancienne du peuple juif n'est, à défaut de données archéologiques, connue jusqu'au {{-s|IX}} qu'à travers le récit de la Bible, dont la fiabilité historique est souvent remise en cause dans certains milieux universitaires<ref>Si la Bible fait remonter l'histoire du peuple juif à Moïse et au don de la Torah, des chercheurs comme Israël Finkelstein ne la font pas remonter plus loin qu'à l'apparition du royaume d'Israël au {{s-|IX}} Voir par exemple la recension de [[la Bible dévoilée]] : {{lien web|titre=La Bible dévoilée : les nouvelles révélations de l'archéologie|url=http://histoireenprimaire.free.fr/ressources/bible.htm|site=L'histoire à l'école primaire}}.</ref>.

Ce peuple est, selon le [[Livre de Josué]], issu des [[tribus d'Israël]], composées en majeure partie sinon en totalité des [[Enfants d'Israël|Israélites]] ([[hébreu]] : בְנֵי-יִשְׂרָאֵל - b'nei Israël, les Enfants d'Israël (c'est-à-dire de [[Israël (Bible)|Jacob]], « Israël » étant son second nom) ; lorsqu'ils reviennent d'Égypte sur leur terre ancestrale, et s'apprêtent à reprendre possession du [[pays de Canaan]], ils se réunissent à [[Naplouse|Sichem]] pour jurer fidélité à [[YHWH]], et répudier tout autre culte<ref>{{Lien web|url=http://www.sefarim.fr/?Library=Proph%E8tes&Book=Josu%E9&Chapter=24&Verse=1|titre=Josué 24:1}} et suiv.</ref>. Rapidement contraints de se choisir un roi de par la menace [[Philistins|philistine]] ({{sav|XI|e}})<ref>DEJ, pages 1242 et 1243</ref>, les Israélites sont unifiés par les rois [[Saül]], [[David (Bible)|David]] et [[Salomon (Bible)|Salomon]], dont le règne est particulièrement brillant, mais, à la fin du {{s-|X}} le royaume se scinde, avec le [[royaume d'Israël]] au nord, dont la capitale est [[Samarie (ville ancienne)|Samarie]], et celui de [[royaume de Juda|Juda]], dont la capitale est [[Jérusalem]], au sud.

Toujours selon la Bible, du {{s-|IX}} au {{s-|VI}}, dans les deux royaumes, se développe le [[prophète|prophétisme]] qui inspire ou essaye d'inspirer avec plus ou moins de succès les rois des deux royaumes. Ils subordonnent la richesse matérielle aux exigences morales et prédisent la chute de Samarie et de Jérusalem si leurs habitants et leurs gouvernants ne s'amendent pas. Les plus célèbres prophètes sont [[Élie]], [[Amos (prophète)|Amos]], [[Isaïe]] et [[Jérémie#Jérémie le prophète|Jérémie]]<ref>HUJ, Le prophétisme</ref>.

En 722 av. J.-C., [[Salmanazar V]], roi d'Assyrie et de Babylone, prend Samarie et détruit le royaume d'Israël, dont une partie des habitants se réfugie dans le royaume de Juda, en particulier à Jérusalem<ref>DEJ, page 1249</ref>.

Jérusalem est assiégée en 586 av. J.-C., et, selon le second Livre des Rois, un grand nombre de ses habitants est déporté en Babylonie. Une partie en revient cependant 70 ans plus tard, et reconstitue la [[Judée]] (יהודה Yéhouda). C'est de cette époque que datent les premières mentions des Juifs proprement dits (יְהוּדִים ''Yéhoudim'' « Judéens »), dans [[livre de Zacharie|Zacharie]] 8:23<ref>{{Lien web|url=http://www.sefarim.fr/?Library=Proph%E8tes&Book=Zacharie&Chapter=8&Verse=23|titre=Zacharie, 8, 23}}</ref>.
[[Fichier:Israel_segment.jpg|vignette|Partie de la stèle de Mérenptah mentionnant en [[Écriture hiéroglyphique égyptienne|hiéroglyphe]]s le terme ''ysr3r'' (Israel).]]
Pour les critiques de cette vision, en revanche, le peuple d'Israël, dont la première source archéologique attestée est la [[stèle de Mérenptah]] ([[Années 1200 av. J.-C.|1208 av. J.-C.]]), est issu de fermiers et éleveurs cananéens<ref>BD, p. 134</ref> installés depuis le début du {{sav|XII}}<ref name="BD139">BD, p. 139</ref> sur les hautes terres de Judée et [[Samarie]], entre la [[vallée de Jezreel]] et [[Hébron]]<ref>BD, p. 141</ref>. Ils se distinguent des populations similaires voisines d'[[Ammonites|Ammon]], [[Moab (royaume)|Moab]] et [[Édom]] par l'interdiction absolue de manger de la viande de porc<ref>BD, p. 143-144</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|url=https://books.google.com/books?id=tR0Qpz2zRogC&pg=PA25&lpg=PA25&dq=protoisraelite+pork&source=bl&ots=juuSE3d1Mg&sig=yvL0EQwTNkNC9kPssFfnhkWYv0o&hl=en&ei=qoMISsWOOMzLjAeBroT6BA&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=7#PPP1,M1|titre=Israel in Transition|site=Google Books|auteur=Lester L. Grabbe|date=2008|éditeur=Continuum International Publishing Group}}</ref>. Toujours selon la Bible dévoilée, les Israélites n'ont pas été unifiés sous les règnes des rois David et Salomon et deux royaumes, Israël et Juda se sont petit à petit formés partageant une même culture caractérisée par des dialectes proches, le même alphabet et le culte de YHWH entre autres déités<ref>BD, page 189</ref>. Toutefois, sur le plan matériel, le royaume du nord à l'agriculture plus riche, développe une économie plus diversifiée. Leur population aurait atteint, au {{sav|VIII}}, {{nb|160000 personnes}}<ref name="BD139" />.
[[Fichier:P1120871_Louvre_stèle_de_Mésha_AO5066_détail_rwk.JPG|vignette|200x200px|Détail de la [[stèle de Mesha]] relatant en alphabet [[moabite]] les victoires de Mesha contre le [[royaume d'Israël]].]]Le premier roi d'Israël dont l'archéologie fait mention est [[Omri]], dont le nom est mentionné dans la [[stèle de Mesha]] du {{sav|VIII}}. Omri a dominé une région plus étendue que le territoire traditionnel des [[tribus d'Israël]]. Il a conquis, au moins en partie, [[Moab (royaume)|Moab]]<ref>BD, p. 221</ref> et le sud de la [[Syrie]]<ref>BD, p. 223</ref>. [[Israël Finkelstein]] et [[Neil Asher Silberman]] lui attribuent la prospérité du pays et les importantes constructions de [[Megiddo]], [[Gezer]] et autres villes que les précédentes théories archéologiques situent à l'époque de Salomon qui n'aurait régné, comme David son père, que sur Juda.
[[Fichier:IMJ view 20130115 191718.jpg|vignette|Détail de la stèle de Tel Dan mentionnant « [[Maison de David]] » et « roi d'Israël ». ]]
L'historicité de David est attestée par la [[stèle de Tel Dan]] qui mentionne la [[maison de David]], d'où sont issus les rois de Juda. Après de nombreux conflits avec ses voisins dont principalement la Syrie et un développement politique, économique et démographique notable (sa population aurait atteint jusqu'à {{nb|350000 habitants}}<ref>BD, p. 242</ref>), le royaume d'Israël disparaît vers 724 av. J.-C. avec la conquête [[assyrie]]nne<ref>BD, p. 254</ref>.

La chute du royaume d'Israël amène de nombreux réfugiés israélites en Juda, à Jérusalem dont la population serait passée en quelques décennies de {{formatnum:1000}} à {{nb|15000 habitants}}<ref>BD, p. 279</ref>. Juda est à son tour ravagé par les Assyriens sous [[Ézéchias]] à la fin du {{sav|VIII}}<ref>BD, p. 296</ref> puis connaît une période plus paisible sous les longs règnes de [[Manassé (Juda)|Manassé]] (vers 698-642) et de [[Josias]] (vers 639-609). C'est dans le royaume de Juda, sous le règne de [[Josias]], que la religion des Israélites commence à devenir, à proprement parler, le [[judaïsme]]. Le [[Deutéronome]], dernier livre de la [[Torah]] qui aurait été découvert ou redécouvert sous son règne dans le [[Temple de Salomon|Temple]]<ref>{{Lien web|url=http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/GHI/Graetz/Histoire_Juifs/HJ_109.htm|titre = HJ, première période, chapitre IX - Les avant-derniers rois de la race de David — (693-621)|site=mediterranee-antique.fr}}</ref>, serait en réalité le premier livre de la Torah dont la composition aurait été achevée. Ce serait aussi à cette époque que le choix de YHWH comme divinité unique, invoqué par la Bible comme le motif d'union de ce peuple, serait apparu, afin d'unir les royaumes du Nord et du Sud.

[[Fichier:Nuremberg chronicles f 63r 1.png|vignette|Expulsion des Juifs de Jérusalem, ''Nuremberg chronicles'', 1493]]

Après la mort de Josias, le royaume est pris dans le jeu des grandes puissances de l'époque, l'[[Égypte]] et la [[Babylone (royaume)|Babylonie]] et succombe à son tour en 586 av. J.-C., quand Jérusalem est prise par [[Nabuchodonosor II]], roi de Babylone. En plusieurs fois (597, 587 et peut-être 582), des milliers de Juifs sont déportés vers la Babylonie<ref name=DEJ1>DEJ, Les Juifs dans le monde antique et médiéval, Israël</ref>, alors que d'autres se réfugient en Égypte<ref name=HJ1>{{Lien web|url=http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/GHI/Graetz/Histoire_Juifs/HJ_110.htm|titre = HJ, Première période, chapitre X - Chute du royaume de Juda (596-586)|site=mediterranee-antique.fr}}</ref>. Ils sont à l'origine de la [[diaspora juive]] et de ses deux plus anciennes communautés juives, celles des [[Histoire des Juifs en Irak|Juifs en Irak]] et des [[Histoire des Juifs en Égypte|Juifs en Égypte]]<ref>L'archéologie corrobore la présence de nombreux émigrés en provenance de Juda dans le [[delta du Nil]] à partir du début du {{sav|VI|e}} Voir BD, p. 85</ref>.

== Premier exil (586-538 av. J.-C.) ==
{{Article détaillé|Exil à Babylone}}
[[Fichier:Tissot The Flight of the Prisoners.jpg|vignette|La fuite des prisonniers, [[James Tissot|J. Tissot]], 1896-1902]]La vie que les Juifs auraient menée dans la Judée occupée par les Babyloniens nous est relatée par le prophète [[Jérémie]], contemporain de ces événements dans le [[livre des Lamentations]]<ref>{{Lien web|url=http://www.sefarim.fr/?Library=Hagiographes&Book=Lamentations&Chapter=1&Verse=1|titre=Lamentations, 1,1|site=sefarim.fr}}</ref> et le [[livre de Jérémie]].

Les Babyloniens avaient déporté l'élite juive et il n'était resté au pays que les plus démunis<ref>{{Lien web|url=http://www.sefarim.fr/?Library=Proph%E8tes&Book=J%E9r%E9mie&Chapter=39&Verse=10|titre=Jérémie, 39, 10}}</ref>. Le gouverneur, juif, [[Jeûne de Guedaliah|Guedaliah]] nommé par Nabuchodonosor est assassiné par des [[Ammonites]], ce qui provoque la colère de Nabuchodonosor et l'exil de 582<ref name="HJ1" />.

== Le retour des exilés et la domination perse (538-332 av. J.-C.) ==
{{Article détaillé|Yehoud Medinata}}
En 539 av. J.-C., le roi de [[empire perse|Perse]], [[Cyrus II|Cyrus le Grand]] conquiert Babylone. Selon le [[livre d'Esdras]]<ref>{{Lien web|url=http://www.sefarim.fr/Hagiographes_Ezra_1_1.aspx|titre=Ezra, 1, 1|site=sefarim.fr}}</ref>, il prend un décret permettant aux Juifs de retourner en Judée, sous la conduite de descendants des rois de Juda, en leur restituant le butin pris dans le Temple par Nabuchodonosor<ref>Ce récit biblique a été corroboré en partie par la découverte du [[Cylindre de Cyrus]], inscription relatant les hauts faits de Cyrus, dont la décision de rapatrier les idoles qui avaient été transportées à Babylone.</ref>. Or, la communauté juive de Babylonie y avait prospéré et ce sont probablement les plus pauvres des exilés, peu nombreux, qui choisissent de s'en retourner en Judée<ref name=JETER>{{Lien web|langue=en|url=http://www.jewishencyclopedia.com/articles/4012-captivity#anchor9|titre=JE, Termination of the Exile|auteur=Richard Gottheil, Victor Ryssel, Marcus Jastrow and Caspar Levias}}</ref>.

[[Fichier:Joseph Romain Joly. Carte de la Palestine depuis la captivité de Babylone. 1784.jpg|vignette|Carte de la Palestine depuis la captivité de Babylone, [[Joseph-Romain Joly|J. R. Joly]], 1784]]

La [[Yehoud Medinata|Judée]] devient alors une province (''pahva''<ref>HUJ, L'ère perse: Jérusalem et Juda</ref>) de l'empire perse, subdivision d'une [[Satrapie de Babylonie|satrapie]], dirigée par un gouverneur juif nommé par le roi de Perse. La reconstruction du Temple est entreprise et après de nombreuses difficultés d'ordre politique et financier, le [[Second Temple de Jérusalem|Second Temple]] est inauguré en 515 av. J.-C. par [[Zorobabel (gouverneur)|Zorobabel]], gouverneur de [[Judée]], issu de la maison de David. Toutefois, la Judée reste une province pauvre où la pression fiscale interdit le développement.

Il faut la nomination d'un nouveau gouverneur [[Néhémie]], échanson juif du roi de Perse [[Artaxerxès Ier|Artaxerxès {{Ier}}]] (464-424 av. J.-C.) pour débloquer la situation. Homme d'autorité, il organise les travaux pour reconstruire les murailles et rétablit le plein respect de la loi tirée du Deutéronome, entre autres le respect du [[Chabbat|Shabbat]] et le paiement de la [[dîme]]<ref>DEJ, p. 1252</ref>. Néhémie est suivi dans son œuvre de rétablissement de la loi juive par [[Esdras|Ezra]], un autre notable revenu à Jérusalem à la tête d'un groupe d'environ 6000<ref name=JETER/> immigrés de Babylonie : avec Néhémie, il interdit le mariage des Juifs avec des étrangères, et il aurait établi l'usage des caractères carrés venant de l'[[araméen]] pour écrire l'[[hébreu]]<ref>Toutefois l'alphabet [[paléo-hébraïque]] a continué à être utilisé car on a découvert à Qumran des textes datant du tournant de l'ère commune, écrits avec des caractères paléo-hébraïques et non en lettres carrés. Voir {{Ouvrage|langue=fr|auteurs=Héricher, Michaël Langlois et Estelle Villeneuve|prénom1=Laurent|titre=Qumrân. les secrets des manuscrits de la mer Morte|lieu=Paris|éditeur=[[Bibliothèque nationale de France]]|année=2010|pages totales=172|isbn=978-2-7177-2452-3}}, page 96</ref> ; il établit la [[Grande Assemblée]] qui va continuer à fixer les règles du judaïsme pendant les siècles à venir ; il organise une séance publique de la lecture de la [[Torah]], par laquelle on lui attribue d'en avoir finalisé le texte puis fixe les règles de lecture de la Torah les lundis, jeudis et shabbats<ref>DEJ, page 363</ref>. Néhémie solennise ces décisions en organisant une grande cérémonie où le peuple assemblé jure d'observer la Torah<ref>{{Lien web|url=http://www.sefarim.fr/?Library=Hagiographes&Book=N%E9h%E9mie&Chapter=10&Verse=30|titre=Néhémie, 10,30}}</ref>. La ''[[Jewish Encyclopedia]]'', se fondant sur la Bible, estime la population juive de Judée de cette époque à {{nombre|130000|personnes}}, au plus<ref name=JETER/>.

S'ouvre alors, une assez longue période de paix et de prospérité pour les Juifs d'abord sous la domination perse puis sous la domination d'[[Alexandre le Grand]] et de ses héritiers [[Dynastie des Ptolémées|lagides]].

On estime qu'à la fin de la domination perse, la population juive de la terre d'Israël est concentrée dans la région montagneuse autour de Jérusalem, des confins de la plaine côtière au [[Jourdain]]<ref>HUJ, D'Alexandre à Pompée</ref>.

== La domination grecque (332-142 av. J.-C.) ==
[[Fichier:Menorah_engraving,_Great_Mosque_of_Gaza.jpg|alt=|vignette|upright|[[Bas-relief]] réutilisé (aujourd'hui détruit), trouvé en 1870 sur la Grande mosquée anciennement église des [[Croisé|Croisés]] de [[Gaza]], indiquant en grec et en hébreu : « A Hanania fils de Jacob »<ref>[https://archive.org/stream/archaeologicalre02cler#page/392/mode/2up ''Archaeological researches in Palestine during the years 1873-1874'', Ch. Clermont-Ganneau, A. Stewart, J. Macfarlane, 1896], p. 393 et suivantes.</ref>.]]
[[Alexandre le Grand]] conquiert l'empire perse et pendant près de 200 ans, les Grecs vont gouverner la terre d'Israël.

Seuls les [[Kohen Gadol|grands-prêtres]] représentent une autorité juive : ils exercent une sorte d'autorité civile et leur autorité religieuse, reconnue jusqu'à Alexandrie<ref>HUJ, Un morceau du monde grec</ref>, demeure incontestée sous le règne des [[Dynastie des Ptolémées|Lagides]]. En 201 av. J.-C., les Lagides sont vaincus par les [[Séleucides]] qui commencent par améliorer le sort de la Judée en y abaissant les impôts mais en 189 av. J.-C., devant les [[Histoire des Juifs dans l’Empire romain|revers contre les Romains]] essuyés à [[Bataille de Magnésie du Sipyle|Magnésie]], et l'imposition de la paix d'[[Apamée]], la très lourde indemnité dont ils doivent s'acquitter est répercutée sur la Judée. Les rois séleucides convoitent le trésor du temple de Jérusalem et vendent la charge de grand-prêtre au plus offrant. Le conflit entre [[Judaïsme hellénistique|Juifs hellénisants]] et Juifs plus fidèles à la tradition divise même la famille du grand-prêtre quand Jason promet une importante somme d'argent au roi [[Antiochos IV|Antiochus Épiphane]] pour obtenir le titre de grand-prêtre que possède alors son propre frère [[Onias III]]<ref name=HJ2V>{{Lien web|titre=HJ, Deuxième période, chapitre V, La persécution hellénique et les Macchabées — (175-160)|url=http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/GHI/Graetz/Histoire_Juifs/HJ_205.htm|site=mediterranee-antique.fr}}</ref>. Jérusalem est alors hellénisée - on y construit un [[Gymnase (Grèce antique)|gymnase]] - et rebaptisée ''Antioche''. Une puissante garnison est installée dans une nouvelle forteresse, l'[[Acra]] ; et le Temple est profané par le sacrifice de porcs et des fêtes [[Dionysos|dionysiaques]], tandis que les livres sacrés sont brûlés<ref name=DEJ1254>DEJ, page 1254</ref>.

== La révolte des Maccabées et les Hasmonéens (168-63 av. J.-C.) ==
{{Article détaillé|Maccabées|Révolte des Maccabées|Hasmonéens}}
La révolte éclate en 167 av. J.-C. à l'instigation du prêtre [[Mattathias]] l'Hasmonéen, relayé après sa mort par ses fils, [[Simon Maccabée|Simon]] et [[Judas Macchabée|Judas]] dit [[Maccabées|Maccabée]], le chef militaire. En 164, ils pénètrent dans Jérusalem, purifient le Temple et le ré-inaugurent. Ils instituent alors la fête de la Dédicace, appelée en hébreu [[Hanoucca]]<ref name=MHLGrece43/>.

Judas recherche et obtient l'alliance romaine qui fait l'objet d'un traité qui sera renouvelé pendant près d'un siècle par les souverains hasmonéens<ref>L'alliance est formellement d'égal à égal puisqu'elle stipule non seulement le soutien de Rome aux Juifs mais aussi celui des Juifs aux Romains : {{citation|Mais si une guerre menace Rome la première, ou l'un quelconque de ses alliés en un point quelconque où s'exerce sa domination, la nation des Juifs, de la manière que les circonstances lui dicteront, participera au combat de tout son cœur}}. Voir {{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=14-21}}</ref>.

Après la mort au combat de Judas, son frère [[Jonathan (hasmonéen)|Jonathan]] lui succède et profite des luttes internes au royaume de Syrie pour agrandir son territoire. Il est nommé grand-prêtre lors de la [[fête des Tabernacles]] en 152 av. J.-C.<ref name=MHLGrece43>Mireille Hadas-Lebel, ''Athènes et Jérusalem, les Juifs à l'époque hellénistique'', MOOC à l'UNEEJ, leçon 4, séquence 3, 2016</ref>.

Après une vingtaine d'années de luttes, il faut la mort violente de quatre des cinq fils de Mattathias pour que Simon soit reconnu ''de facto'' comme « grand prêtre, stratège et [[ethnarque]] » en mai 142 av. J.-C.<ref>DEJ, page 1255 et {{Lien web|titre=Premier livre des Maccabées, 13, 42|url=http://www.magnificat.ca/textes/bible/1maccabees.htm|site=magnificat.ca}}</ref>. Il bat monnaie<ref name=MHLGrece43/> et le peuple est enchanté de son règne, selon le [[premier livre des Maccabées]].

[[Fichier:Tomb of Avshalom in the Kidron Valley;.jpg|thumb|upright|[[Yad Avshalom|Monument d'Absalon]] ({{-s-|I}}) à Jérusalem]]

Les Hasmonéens, tels [[Jean Hyrcan Ier|Jean Hyrcan]] (134-104 av. J.-C.) qui conquiert le pays des [[Édom|Iduméens]] et les convertit au judaïsme et [[Alexandre Jannée]] (103-76 av. J.-C.), agrandissent considérablement leur royaume qui s'étend du [[Sinaï]] aux monts du [[Plateau du Golan (géographie)|Golan]] et de la [[mer Méditerranée]] à l'est du [[Jourdain]]. Le judaïsme est loin d'y constituer la religion majoritaire<ref name=HUJ46>HUJ, Grandeur et décadence des Asmonéens</ref>. Bien qu'arrivés au pouvoir par une révolte contre l'hellénisation, les Hasmonéens, à partir d'[[Aristobule Ier|Aristobule {{Ier}}]] (104-103 av. J.-C.), qui se fait appeler « Philhellène »<ref name=MHL51>Mireille Hadas-Lebel, ''Athènes et Jérusalem, les Juifs à l'époque hellénistique'', MOOC à l'UNEEJ, leçon 5, séquence 1, 2016</ref>, prennent le titre de ''[[basileus]]'' (roi) et organisent leur royaume à la mode grecque<ref name=HUJ46/>. Le style des monuments est hellénisant comme en témoigne le monument dit d'Absalon à Jérusalem. Mais surtout les Hasmonéens se querellent en permanence, tant et si bien, qu'ils sollicitent l'intervention de Rome. Finalement, [[Pompée]] conquiert Jérusalem en 63 av. J.-C. et profane le Temple, sans toutefois le piller<ref>{{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=26}}</ref>. Douze mille Juifs périssent dans les combats et de nombreux prisonniers sont envoyés à Rome<ref>{{Lien web|titre=HJ, deuxième période, chapitre XI, les rois hasmonéens (106-40)|url=http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/GHI/Graetz/Histoire_Juifs/HJ_211.htm}}</ref>. Ils sont à l'origine de la [[Histoire des Juifs en Italie|communauté juive italienne]], la plus ancienne d'Occident. Pompée établit alors la domination romaine pour près de 7 siècles, jusqu'à la conquête arabe.

== Un vivier intellectuel ({{-s-|III}} - {{sap-|I}}) ==
Du {{-s-|III}} au {{sap-|I}}, malgré une vie politique violente marquée par les rivalités entre membres des familles royales et sacerdotales et entre les divers courants religieux, malgré les guerres contre les Grecs puis les Romains, la terre d'Israël voit éclore une production intellectuelle d'une très grande richesse, tant aux points de vue littéraire que religieux, qui reflète souvent la confrontation des mondes juif et grec.

=== Une littérature en hébreu, en araméen et en grec ===
Certains de ces textes seront retenus dans le [[Canon (Bible)#Canon de la Bible hébraïque|canon biblique juif]] comme l'[[Ecclésiaste]], d'autres font partie du canon catholique ou orthodoxe comme les deux premiers [[livres des Macchabées|livres des Maccabées]] (les protestants considérant ces livres comme apocryphes), de nombreux autres sont considérés comme [[Apocryphes bibliques|apocryphes]]. Un des sujets les plus souvent abordés est l'[[Apocalypse]], comme dans le livre de Daniel ou [[livre d'Hénoch|celui de Hénoch]]. Certains manuscrits de cette époque ont été retrouvés à [[Qumrân]], au-dessus de la [[mer Morte]], dont le [[document de Damas]] qui relate les persécutions subies par les [[esséniens]]<ref>HUJ, Littératures au temps du Second Temple</ref>.

Le monde juif a son historien, [[Flavius Josèphe]] (37 - vers 100), une des sources principales pour l'histoire de cette période, qui vécut la guerre des Juifs contre les Romains de [[Vespasien]] et de [[Titus (empereur romain)|Titus]] d'abord en tant que général juif puis en tant que prisonnier passé aux Romains. Dans ses textes, (comme ''[[Antiquités judaïques]]'' et la ''[[Guerre des Juifs]]'') écrits en araméen et en grec, outre la volonté de se justifier, il s'efforce de faire comprendre le point de vue juif aux Romains parmi lesquels il passe la fin de sa vie.

=== De multiples courants religieux ===
Le judaïsme de l'[[Période du Second Temple|époque du Second Temple]] est parcouru de multiples courants religieux qui peuvent se combattre violemment et dont la division est souvent considérée comme une des causes de la chute du Second Temple. Les Juifs partagent alors la terre d'Israël avec les Grecs et une frange du monde juif, souvent liée au pouvoir tend à helléniser le culte. Le [[judaïsme hellénistique]], très influent à [[Alexandrie]], était aussi celui des derniers Hasmonéens.

On parle aussi des [[Hassidéens]], des hommes pieux qui ont été parmi les premiers à se rallier à Judas Maccabée pour libérer le Temple. Mais surtout, le monde juif est partagé entre [[Sadducéens]] et [[Pharisaïsme|Pharisiens]]. Les Sadducéens affirment la primauté du [[Pentateuque]] et de ses lois, aux dépens des enseignements ultérieurs et de toute mystique. Les Pharisiens prennent en compte la Torah mais aussi les autres livres de la Bible et les enseignements des sages. Ils croient à l'immortalité de l'âme. Ils vont donner naissance au [[judaïsme rabbinique]]. [[Hillel Hazaken|Hillel l'Ancien]], un docteur de la Loi venu de Babylone, descendant de la maison de David, qui préside le [[Sanhédrin]] et [[Shammaï]] fondent des écoles rabbiniques d'interprétation de la Torah, qui vont être à l'origine de la [[Mishnah]].

De nombreuses autres sectes existent, qui attendent l'arrivée imminente du [[Messie]], comme les [[esséniens]]<ref>HUJ, Bouillonnement religieux et agitation sociale</ref>.

C'est du {{-s-|I}} que datent les plus vieilles [[synagogue]]s qu'on connaisse aujourd'hui. La synagogue la plus ancienne dont on ait des traces serait l'une de celles de [[Jéricho]], située près des ruines d'un palais [[hasmonéen]]<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.archaeology.org/9807/newsbriefs/israel.html|titre=Israel's Oldest Synagogue|éditeur=Archaeological Institute of America|consulté le=2 février 2009|date=juillet/août 1998|auteur=Spencer P.M. Harrington}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.pohick.org/sts/jericho.html|titre=Jericho|éditeur=Pohick Church (Lorton, Virginie)|auteur=Donald D. Binder|consulté le=2 février 2009}}</ref>. Il faut aussi citer celle de [[Gamla]] sur le Golan.

Au {{s-|I}} apparaissent de nouvelles sectes juives, les [[zélotes]], partisans de la lutte à outrance contre les Romains, les [[Mouvements baptistes antiques|baptistes]], autour de Jean le Baptiste<ref>{{Lien web|titre=AJ, XVIII, 116|url=http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/juda18.htm#116}}</ref> puis les disciples de [[Jésus de Nazareth|Jésus]]<ref>{{Lien web|titre=AJ, XVIII, 63|url=http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/juda18.htm#63}}</ref>{{,}}<ref name=DEJ1257/>.

Enfin, en marge du judaïsme, il faut rappeler l'existence (jusqu'à ce jour)<ref>{{Lien web|url=http://www.lefigaro.fr/international/2009/04/11/01003-20090411ARTFIG00009-les-samaritains-fetent-la-paque-de-l-ancien-monde-.php|titre= Les Samaritains fêtent la Pâque de l'ancien monde|site=[[Le Figaro]]|date=10 avril 2009|consulté le=12 avril 2009|auteur=Adrien Jaulmes}}</ref> des [[Samaritains]], qui ne reconnaissent que le Pentateuque et adorent l'Éternel, non à Jérusalem mais sur le [[mont Garizim]] (aujourd'hui près de [[Naplouse]]).

== De la conquête de Pompée à la destruction du Second Temple par Titus (63 av. J.-C. - 70 apr. J.-C.) ==
=== Les derniers Hasmonéens (63-37 av. J.-C.) ===
Pompée se garde d'annexer entièrement la terre d'Israël à la province romaine de [[Syrie (province romaine)|Syrie]] de même qu'il évite d'en faire une province à part entière. Il laisse à [[Hyrcan II]], le roi hasmonéen et à [[Antipater (Judée)|Antipater]], son ministre, la Judée et la [[Galilée (région)|Galilée]] tandis que la Syrie reçoit la côte, la [[Samarie]] et la [[Décapole (Proche-Orient)|Décapole]]<ref>{{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=27-29}}</ref>.

En -54, [[Crassus]] s'empare du trésor du temple de Jérusalem, que Pompée n'avait pas touché, et selon Flavius Josèphe, récupère un total de {{formatnum:10000}} Talents ainsi qu'une poutre d'or que le sacrificateur Eléazar lui avait remise à condition de promettre par serment - non respecté - de laisser les anciennes tapisseries qui ornaient le sanctuaire<ref>[http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/juda14.htm ''Antiquités juives''], livre 14, VII, 1</ref>.

César, lui, favorise Antipater qui l'a soutenu dans sa campagne d'Égypte<ref name=Hadas34>{{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=34-36}}</ref>, avec ses fils [[Phasaël]] nommé gouverneur de Jérusalem et [[Hérode Ier le Grand|Hérode]], gouverneur de Galilée. Il confirme par décret puis par [[senatus-consulte]], peu avant son assassinat, l'ethnarchie à Hyrcan et à ses descendants et il exempte les Juifs d'impôts<ref name=Hadas34/>.

Les exactions d'Hérode en Galilée puis son procès à Jérusalem par le [[Sanhédrin]] {{incise|dont il fera plus tard exécuter les membres<ref name=MHL22>Mireille Hadas-Lebel, ''Rome et Jérusalem : Les Juifs à l'époque romaine'', MOOC à l'UNEEJ, leçon 2, séquence 2, 2016</ref>}} suscitent la guerre civile en Judée entre les partisans d'[[Antigone II Mattathiah|Antigone]], fils d'[[Aristobule II]], soutenus par les [[Parthes]] et ceux de Hérode et Phasaël, soutenus par les Romains. En -40, Antigone prend le contrôle de Jérusalem et remet Hyrcan II aux Parthes. Mais Hérode se déplace à Rome, obtient le support du [[Sénat romain|Sénat]] contrôlé par [[Auguste|Octave]] et [[Marc Antoine]] qui le proclament roi des Juifs<ref name=Hadas39>{{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=39}}</ref>. La guerre reprend entre les deux rois de Judée, Antigone et Hérode et en -37, Hérode qui bénéficie de l'assistance des légions romaines met le siège devant Jérusalem qui est prise au bout d'un siège de quelques mois. Antoine fait décapiter Antigone en -37 à [[Antioche]] et Hérode peut régner sans partage, d'autant qu'il fait rapidement assassiner ceux qui pourraient paraître plus légitimes : en -35, [[Aristobule III]], grand-prêtre, petit-fils d'Hyrcan II et frère de son épouse [[Mariamne l'Hasmonéenne|Mariamne]] puis Hyrcan II lui-même âgé de plus de 80 ans<ref name=Hadas41>{{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=41-45}}</ref>.

=== La dynastie hérodienne (37 av. J.-C. - 44 apr. J.-C.) ===
[[Fichier:Herodium from above 2.jpg|thumb|Vue aérienne de l'Hérodion en cours de fouilles archéologiques]]
Hérode est un [[Édom|Iduméen]], donc issu d'un peuple récemment converti au judaïsme, qui épouse Mariamne, une princesse hasmonéenne. Lui-même est très influencé par la culture grecque. C'est un fin général qui reconquiert tout le domaine des Hasmonéens. Il établit une certaine prospérité dans son royaume et ménage pharisiens et esséniens<ref name=DEJ1257>DEJ, page 1257</ref>. C'est aussi un grand bâtisseur qui agrandit et restaure le [[Second Temple]], à partir de 20 av. J.-C., dont les travaux finiront en 63 soit 7 ans seulement avant sa destruction et dont il reste encore le [[Mur des Lamentations|Mur occidental]], élève des palais - forteresses impressionnants à [[Massada]] ou à [[Hérodion]] où, chaque fois, il fait construire une synagogue, et crée des villes comme [[Césarée]]. Mais la peur d'être assassiné le conduit à faire tuer la plupart des membres de sa famille proche et il laisse l'image d'un roi cruel. Il meurt en 4 av. J.-C. et ses fils survivants n'arrivent pas à maintenir son royaume. En 6 apr. J.-C., [[Hérode Archélaos|Archelaos]] est exilé par les Romains en Gaule et la Judée devient province romaine, dans les frontières du royaume d'Hérode.

Comme toute province romaine, la Judée devient alors administrée par des gouverneurs romains. Ils portent le titre de [[préfet]] ou [[procurateur]]<ref>{{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=70}}</ref>. Ils peuvent exercer tous les pouvoirs et faire et défaire les grands-prêtres<ref name=DEJ1257/>. On peut citer [[Coponius]] sous la procurature duquel a lieu le recensement de 6 apr. J.-C. qui suscite l'hostilité de [[Judas le Galiléen|Judas de Gamala]]<ref>Ce recensement est ordonné par [[Quirinius]], légat romain de Syrie ce que rapporte Coponius. Voir {{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=67}}.</ref>. De 26 à 36 apr. J.-C. c'est [[Ponce Pilate]]. La mort de [[Tibère]] permet à [[Hérode Agrippa Ier|Hérode Agrippa {{Ier}}]], protégé de son successeur [[Caligula]], descendant d'Hérode le Grand et des Hasmonéens, de retrouver le trône d'abord en tant que [[tétrarque]] (il gouverne la Galilée, la Samarie, la Judée et l'Idumée) puis grâce à l'empereur [[Claude (empereur romain)|Claude]], en tant que roi de Judée. Son règne fut un bref moment de renaissance pour le judaïsme. Il rend son autorité au [[Sanhédrin]] mais il meurt en 44<ref>{{Lien web|url=http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/GHI/Graetz/Histoire_Juifs/HJ_215.htm|titre=HJ, deuxième période, chapitre XV}}</ref>. Son fils et successeur, [[Hérode Agrippa II]] reçoit bien, après quelque temps, un titre royal et l'inspection du Temple et le droit de nommer le grand prêtre, mais il ne règne pas sur la Judée<ref>{{harvsp|Hadas-Lebel|2009|p=89}}</ref>{{,}}<ref name=HJ2XVII>{{Lien web|url=http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/GHI/Graetz/Histoire_Juifs/HJ_217.htm|titre=HJ, deuxième période, chapitre XVII}}</ref>. Rome reprend le contrôle de la Judée et le pouvoir revient aux procurateurs.

=== Les dernières années du Temple et la guerre des Juifs (44-73) ===
Les procurateurs romains reprennent donc le pouvoir, suscitant la rancœur des Judéens. Les heurts sont nombreux parmi les Juifs, particulièrement à cause des [[zélotes]] et autres [[sicaires]], et avec les Samaritains, les Grecs et les Romains. Les procurateurs, corrompus, contribuent à l'agitation<ref name=DEJ1258>DEJ, page 1258</ref>. Sous le procurateur [[Antonius Felix|Félix]] (52-60), les émeutes de [[Césarée]] entre Juifs et Grecs<ref>Selon Flavius Josèphe, les Juifs réclamaient la possession de Césarée fondée par un Juif, Hérode, de même que les Grecs qui, eux, expliquaient qu'elle avait été créée à leur intention vu les nombreuses statues et temples qu'Hérode y avait fait élever.</ref> amènent l'intervention de la troupe romaine et la mort de nombreux Juifs<ref>{{Lien web|titre=GJ, II, 266|url=http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/guerre2.htm#XIII}}</ref> puis l'arbitrage de l'empereur, [[Néron]], qui donne raison aux Grecs.

C'est l'époque où seuls, quelques-uns, essayent de se tenir au-dessus du conflit. Ils se réunissent autour des autorités du Sanhédrin, [[Shimon ben Gamliel I|Shimon ben Gamliel]] et [[Yohanan ben Zakkaï]]<ref name=HJ2XVII/> et se consacrent à l'enseignement de la Torah.

De nouveaux troubles, à Césarée, en 66, entraînent la révolte, marquée par la cessation par Éléazar ben Hanania des sacrifices pour l'empereur<ref name=HJ2XVII/> et malgré les appels au calme de Hérode Agrippa II, les Juifs, sous la conduite des Zélotes, battent, à [[Beït-Horon]], la douzième légion du gouverneur de Syrie [[Gaius Cestius Gallus|Cestius Gallus]]<ref name=DEJ1258/> et s'emparent de Jérusalem. Il semble que les membres du Sanhédrin, plus modérés que les Zélotes, prennent alors le contrôle des affaires. Ils nomment des gouverneurs de province et notamment [[Flavius Josèphe|Joseph ben Mattathias]], issu d'une famille sacerdotale, à la tête de la province stratégique de Galilée<ref name=HJ2XVII/>.

{{Article détaillé|Première Guerre judéo-romaine|Siège de Jérusalem (70)}}
[[Fichier:Sack of jerusalem.JPG|thumb|left|La menorah et les trompettes du temple de Jérusalem telles que représentées sur l'[[Arc de Titus|arc de triomphe de Titus à Rome]]]]
[[Fichier:Menora.JPG|thumb|upright|Réplique de la menorah exposée non loin du [[Mur des Lamentations|Mur occidental]] à Jérusalem]]
[[Fichier:Sestertius - Vespasiano - Iudaea Capta-RIC 0424.jpg|thumb|left|Judaea capta : [[Sesterce]] romain célébrant la victoire sur la Judée]]

L'historien [[Heinrich Graetz]] trouve inexplicable la nomination par le Sanhédrin de Joseph ben Mattathias, dont les sympathies pour Rome qu'il avait visitée lors d'une mission pour les Juifs de Judée étaient bien connues. En effet, celui-ci ne tarde pas à trahir la confiance mise en lui et se rend aux Romains et en 67, toute la Galilée leur tombe aux mains malgré la défense de [[Jean de Gischala]]. La campagne est marqué par le désastre de [[Gamla]]<ref>{{en}} {{Lien web|url=http://www.pohick.org/sts/gamla.html|titre=Gamla|auteur=Donald D. Binder|consulté le=17 avril 2009|site=Second Temple Synagogues}}</ref>, sur le [[plateau du Golan]]. L'assassinat de Néron en 68 et l'instabilité politique dans l'Empire amène un arrêt provisoire des opérations par les Romains, le temps que Vespasien devienne empereur.

À Jérusalem, la guerre civile fait rage entre les différentes factions, les [[Pharisiens]] et les membres du [[Sanhédrin]], partisans d'un compromis avec les Romains et les Zélotes eux-mêmes divisés entre [[Jean de Gischala]] et [[Simon bar Giora]]. Cette division affaiblit considérablement les Juifs. En 69, lorsque Vespasien devient empereur, il laisse son fils Titus terminer la guerre. Après un siège meurtrier, le Temple puis toute la ville de Jérusalem sont pris (été 70) et détruits par les Romains. Selon Flavius Josèphe, les Romains firent {{formatnum:97000}} prisonniers et {{nombre|1100000|personnes}} périrent durant le siège de Jérusalem mais ce dernier chiffre est suspect<ref>{{Lien web|titre=GJ, VI, 420|url=http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/guerre6.htm#IX}}</ref>. Le Temple est pillé et prisonniers et butin sont exposés aux Romains lors du triomphe de Titus, représenté sur l'[[arc de Titus]] à Rome. Il fallut encore trois ans aux Romains pour réduire les dernières poches de résistance des Zélotes, notamment à Hérodion et [[Massada]] où, toujours selon Flavius Josèphe, tous les défenseurs, se suicident avec femmes et enfants (73). Quelques Juifs fuirent vers les villes juives d'Égypte ou de Cyrénaïque, d'autres allèrent fonder des communautés en [[Arabie]], à [[Médine|Yathrib]]<ref name=HJ2XX/>.

== La Judée soumise, jusqu'à la révolte de Bar Kochba (70-135) ==
Pendant les règnes de Vespasien (69-79) et Titus (79-81), le dernier roi juif Hérode Agrippa II, toujours en faveur auprès des empereurs et dont la Galilée faisait partie des possessions et sa sœur, [[Bérénice (princesse de Judée)|Bérénice]], maîtresse de Titus, adoucissent le sort des Juifs restant en Judée, soumis à un nouvel impôt, le ''[[fiscus judaicus]]''<ref name=HJ3I/>.

=== Yohanan ben Zakkaï et la naissance du judaïsme rabbinique ===
Le judaïsme avait perdu son centre et beaucoup de ses lois perdaient tout leur sens avec la chute du temple de Jérusalem, qui jusqu'à la fin avait reçu les dons des fidèles d'Alexandrie ou de Rome<ref name=HJ2XX>{{Lien web|url=http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/GHI/Graetz/Histoire_Juifs/HJ_220.htm|titre=HJ, deuxième période, chapitre XX, Les suites de la guerre (70-73).}}</ref>. On doit à [[Yohanan ben Zakkaï]] les fondations du judaïsme rabbinique. Membre du [[Sanhédrin]] opposé à la guerre, il s'était, dit-on<ref name=HJ3I>{{Lien web|url=http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/GHI/Graetz/Histoire_Juifs/HJ_301.htm|titre=HJ, troisième période, chapitre I}}</ref>, échappé de Jérusalem dans un cercueil pour se présenter à Vespasien (Titus ?) qui l'autorise à établir une école à [[Yavné]] (entre [[Jaffa]] et [[Ashdod]]), pour y enseigner la Torah. Il y recrée une sorte de Sanhédrin, qui détermine le calendrier religieux et son enseignement est à la base de la [[Halakha]]. Le sacrifice au Temple étant impossible, il centre le judaïsme sur l'enseignement et la pratique de la Torah<ref name="DEJ1259"/>. Grâce à son œuvre, le judaïsme d'Éretz-Israël où est fixé le calendrier accepté par toutes les communautés, reste central pour la diaspora. Avec ses disciples, il continue l'œuvre des [[Tannaïm]].

Ses successeurs sont [[Gamaliel II]] avec Eleazar ben Azariah<ref>{{en}} {{Lien web|url=http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=139&letter=E&search=eleazar%20azariah|titre=JE,Eleazar B. Azariah|auteur=Solomon Schechter et S. Mendelsohn}}</ref> puis Rabbi Yehoshoua ben Hanania<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=551&letter=J&search=JOSHUA%20B.%20Hanania:|titre=JE, Joshua B. Hananiah|auteur=[[Solomon Schechter]] et [[Wilhelm Bacher]]}}</ref>. Avec leurs nombreux disciples et surtout [[Rabbi Akiva]] dont l'école était située à [[Bnei Brak]], aujourd'hui un faubourg de [[Tel Aviv-Jaffa|Tel Aviv]], ils jouent un rôle prépondérant dans l'élaboration de la [[Mishnah]] et du [[Talmud de Jérusalem|Talmud dit de Jérusalem]].

C'est à cette époque que certains traits du judaïsme se sont définitivement fixés : les disciples de Yohanan ben Zakkaï qui enseignaient, étaient appelés רבי (rabbi, « mon maître »), rabban étant réservé au plus éminent des maîtres donc à Yohanan ben Zakkaï<ref name=HJ3I/>. Même si son rôle se substitue quelque peu à celui des prêtres du Temple, le rabbin n'est pas un prêtre mais seulement le plus sage de la communauté, celui qui peut enseigner. Quant aux [[synagogue]]s, elles existaient déjà, particulièrement en diaspora, avant la chute du Temple. Mais celle-ci transforme leur rôle et, de lieux de réunions (signification de synagogue, du {{lang-grc|συναγωγή|synagōgḗ}}, « rassemblement, assemblée » adapté de l'hébreu בית כנסת - Beit Knesset), elles deviennent lieux de prières, la prière remplaçant le sacrifice au Temple<ref>HUJ, De Jérusalem à Yabné.</ref>.

=== La séparation d'avec les judéo-chrétiens ===
Les premiers disciples de Jésus, les [[nazôréen (titre)|nazaréens]] ou [[ébionisme|ébionites]], étaient recrutés parmi les Juifs et suivaient les commandements de la Torah. Les difficultés surgirent lorsque, suivant l'enseignement de [[Paul de Tarse|Saint Paul]], de nombreux païens furent accueillis dans le christianisme naissant et qu'il ne fut plus exigé d'eux qu'ils suivent toute la Torah. En particulier, la circoncision ne fut plus obligatoire. D'autres dogmes chrétiens purent choquer les Juifs, comme la proclamation de Jésus, [[Messie]] et fils de Dieu, ce qui est inconcevable aux yeux des Juifs<ref name=HJ3II>{{Lien web|url=http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/GHI/Graetz/Histoire_Juifs/HJ_302.htm|titre=HUJ, troisième période, chapitre II, L’activité à l’intérieur}}</ref>.

C'est donc à Yavné que Samuel Ha-Katan (Samuel le petit), un disciple de Yohanan ben Zakkaï, introduisit dans la [[Amida (judaïsme)|Amida]], la prière trois fois quotidienne des Juifs, rédigée pour la plus grande part à cette époque, une bénédiction demandant à Dieu de détruire les ''minim'', les calomniateurs et dénonciateurs du peuple juif. Parmi les [[Minim]] figuraient les [[Christianisme ancien|premiers chrétiens]], même si le terme est plus général, désignant toutes sortes de dissidents à l'orthodoxie pharisienne<ref>Simon Claude Mimouni, ''Les chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité'', éd. Albin Michel 2004</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=627&letter=M&search=Minim|titre=JE, Minim|auteur=Joseph Jacobs et [[Isaac Broydé]]}}</ref>.

=== Le monde juif en ébullition : les révoltes de 115-117 et la révolte de Bar Kochba (132-135) ===
L’attitude de l’empereur Domitien ([[81]]-[[96]]) envers les Juifs et les Chrétiens a suscité de nombreux travaux et débats<ref>E.M. Smallwood, « Domitian’s attitude toward the Jews and Judaism », ''Classical Philology'', 51-1, 1956, {{p.}}1-13</ref>{{,}}<ref>P. Kerestzes, « The Jews, the Christians and Emperor Domitian », ''Vigilae Christianae'', 27, 1973, {{p.}}1-28.</ref>{{,}}<ref>L.A. Thompson, « Domitian and the Jewish Tax », ''Historia'', 31-3, 1982, {{p.}}329-342.</ref>{{,}}<ref>M.H. Williams, « Domitian, the Jew and the Judaizers – A Simple Matter of Cupiditas and Maiestas ? », ''Historia'', 39, 1990, {{p.}}196-211.</ref>. [[Suétone]]<ref>''Vie de Domitien'', XII, 2</ref> et [[Dion Cassius]]<ref>LXVII, 14, 1-2</ref> témoignent du fait que Domitien exigea avec une rigueur particulière le paiement de la taxe juive instituée par son père Vespasien, entraînant des exactions nombreuses. En lien avec ces attaques les dernières années du règne de Domitien sont aussi marquées par des accusations contre des aristocrates romains vivant à la façon des Juifs et accusés d’impiété et d’atteinte à la ''maiestas'' de l’empereur<ref name="L.A. Thompson 1982">L.A. Thompson, « Domitian and the Jewish Tax », ''Historia'', 31-3, 1982, {{p.}}329-342</ref>. C’est dans ce cadre que Domitien fit mettre à mort des membres de sa famille, Flavius Clemens et sa femme Flavia Domitilla, exécutions que l’auteur chrétien [[Eusèbe de Césarée]] rattache à une persécution anti-chrétienne plus vaste<ref>{{Lien web|url=http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mefr_0223-5102_1978_num_90_1_1152|titre=La condamnation des Flaviens chrétiens sous Domitien : Persécution religieuse ou répression à caractère politique ?|auteur=Philippe Pergola|date=1978}}</ref>. La question est cependant débattue de savoir si Clemens et Domitilla furent condamnés en tant que chrétiens ou que juifs<ref>[[Benjamin Isaac]], ''The invention of racism in classical antiquity'', Princeton, 2006{{p.}}460</ref>. De plus, à la mort d'Hérode Agrippa II, vers 92, Domitien réunit son domaine à la province de [[Syrie (province romaine)|Syrie]]<ref name=HJ3II/>. Le dernier souvenir de l'indépendance juive disparaît.

Les exactions de Domitien laissèrent un souvenir tel que son successeur [[Nerva]] (96-98) prit soin de faire savoir largement qu’il avait mis fin à ces pratiques<ref name="L.A. Thompson 1982"/>. La taxe due au ''fiscus Iudaicus'' ne fut plus exigée que des Juifs pratiquants et elle ne fut plus prise comme prétexte à une condamnation relative à la loi sur la maiestas<ref>M. Goodman, « Nerva, the ''fiscus judaicus'' and Jewish identity », ''JRS'', 79, 1989, {{p.}}40-44</ref>.

Sous [[Trajan]] (98-117), la situation est telle que les Juifs se révoltent, en 115, en de multiples régions de l'Empire, en [[Cyrénaïque]] puis en Égypte et à [[Chypre (île)|Chypre]], alors qu'en Mésopotamie, les Juifs contribuent au recul de Trajan puis d'[[Hadrien]] face aux [[Parthie|Parthes]]<ref name=DEJ2>DEJ, Les Juifs dans le monde antique et médiéval, Babylonie</ref>.

[[Fichier:Barkokhba-silver-tetradrachm.jpg|thumb|left|Tétradrachme de Bar-Kochba - on voit la façade du Temple et l'[[Arche d'alliance]] sous l'étoile et à droite [[Quatre espèces|loulav]] et [[etrog]]]]

Aussi, la mort de Trajan et l'avènement de son successeur [[Hadrien]] (117-138) sont-ils bien accueillis par les Juifs. On dit même que ce dernier va permettre la reconstruction du temple de Jérusalem<ref name=HJ3III>{{Lien web|url=http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/GHI/Graetz/Histoire_Juifs/HJ_303.htm|titre=HJ, troisième période, chapitre III, Soulèvement des Judéens sous Trajan et Adrien (98-135)}}</ref>, mais il apparaît vite qu'il s'agit de toute autre chose : Hadrien fonde une nouvelle ville païenne ''[[Ælia Capitolina]]'' sur les ruines de Jérusalem, très légèrement au nord de l'antique [[cité de David]]<ref>Des ruines d'Ælia Capitolina, particulièrement le [[Cardo maximus|Cardo]] sont visibles aujourd'hui dans la [[vieille ville de Jérusalem]].</ref>, ce qui s'ajoute à l'interdiction de la circoncision qui datait probablement de quelques années auparavant et qui ne visait pas nécessairement uniquement les Juifs<ref>HUJ, la révolte de Bar-Kohba</ref>.

{{Article détaillé|Révolte de Bar Kokhba}}
La révolte éclate en 132. Son chef en est [[Bar-Kokhba]], « fils de l'étoile » ainsi surnommé par [[Rabbi Akiva|Rabbi Akiba]] mais son vrai nom était Bar Koziba<ref name=DEJ1259>DEJ, page 1259</ref>. Les révoltés rencontrent de premiers succès, prennent le contrôle d'une bonne partie de la Judée et battent même monnaie. Hadrien doit faire appel à un de ses grands généraux, Iulius Severus pour venir à bout des insurgés dont le dernier refuge est la forteresse de [[Betar (Judée)|Betar]], près de Jérusalem.

C'est un désastre pour les Juifs de Judée. Selon [[Dion Cassius]], si la guerre a été dure pour les Romains, ce fut bien pire pour les Juifs : « Cinquante de leurs places les plus importantes, neuf cent cinquante-cinq de leurs bourgs les plus renommés, furent ruinés ; cent quatre-vingt mille hommes furent tués dans les incursions et dans les batailles (on ne saurait calculer le nombre de ceux qui périrent par la faim et par le feu, en sorte que la Judée presque entière ne fut plus qu'un désert) ».

== Les Juifs dans la Palestine romaine et byzantine (135-634) ==
[[Fichier:CardoAeliae.JPG|thumb|Ruines du [[cardo maximus|cardo]] d'Ælia Capitolina dans la [[vieille ville de Jérusalem]]]]
La défaite de Bar Kokhba est un désastre, pour les Juifs de la terre d'Israël, non seulement militaire et politique mais aussi démographique et spirituel. La Judée a été ravagée par les combats, Hadrien fait interdire la nouvelle ville d'Ælia Capitolina aux Juifs et élève une statue de Jupiter sur les ruines du Temple, il interdit l'enseignement de la Torah<ref name =3IV>{{Lien web|url=http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/GHI/Graetz/Histoire_Juifs/HJ_304.htm|titre=HJ, troisième période, chapitre IV, Suite de la guerre de Bar Koceba}}</ref>. Les rabbins sont persécutés et [[Rabbi Akiva|Rabbi Akiba]] est supplicié. Les chrétiens cherchent à se distancier des [[Juifs]] et abandonnent de plus en plus la [[Halakha|loi juive]]<ref name=3IV/>. Autre conséquence de la guerre, le peuplement juif de la terre d'Israël ne reste important qu'en [[Galilée (région)|Galilée]]<ref name=DEJ1259/>.

C'est aussi l'époque où l'usage du terme ''[[Palestine (région)|Palestine]]'' se généralise. [[Hadrien]], qui avait fait frapper des pièces de monnaie mentionnant la Judée en 130<ref>{{en}} {{Lien web|url=http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=47&letter=H&search=hadrian|titre=JE, Hadrian|auteur=[[Richard James Horatio Gottheil|Richard Gottheil]] et Samuel Krauss}}</ref> utilise dans son rapport de campagne au [[Sénat romain|Sénat]], le mot ''Palestine'' du nom d'un ancien peuple de la région, les [[Philistins]]<ref>de l'hébreu פְּלָשֶׁת - Pelaset - pays des Philistins, {{Lien web|url=http://www.sefarim.fr/?Library=Pentateuque&Book=Exode&Chapter=15&Verse=14|titre=Exode 15, 14}}</ref>. La province est désormais appelée [[Syrie-Palestine]].

=== Le Sanhédrin, de sa restauration à son abolition (140-426) ===
Il faut attendre le règne d'[[Antonin le Pieux]] (138-161) pour que soit abrogées en [[139]] ou en [[140]] les lois anti-juives, à l'exception de l'interdiction de circoncire des prosélytes et d'entrer dans [[Jérusalem]]<ref name =3IV/>. C'est à [[Ousha (ville)|Ousha]] en Galilée occidentale que s'établit le Sanhédrin, autour de Rabbi [[Shimon ben Gamliel II]]<ref>DEJ, page 429</ref>, de [[Rabbi Meïr]] et de [[Shimon bar Yohaï|Rabbi Shimon bar Yohaï]], à qui l'on attribue le [[Sefer Ha Zohar|Zohar]].

Le Sanhédrin est dirigé par son président, le [[nassi]] ([[hébreu]] : נָשִׂיא), choisi jusqu'à la fin dans la maison de [[Hillel Hazaken|Hillel]], qui est lui-même rattaché par certaines traditions à la [[maison de David]]. Avec la disparition des rois de Judée, c'est la seule autorité juive subsistant et son influence s'exerce bien au-delà de la terre d'Israël. Il fait fonction de tribunal suprême du [[judaïsme]]<ref>DEJ, article Sanhédrin, page 1025</ref> et sur le territoire de l'ancienne Judée, il perçoit la [[dîme]]<ref name=HJ3V/>. L'autorité du Sanhédrin est relayée dans les villes et les villages (les Juifs y sont majoritairement des paysans) par des collèges de sept juges<ref name=HUJ66>HUJ, La vie quotidienne en Palestine au temps du Talmud</ref>. La communauté perçoit des impôts pour l'entretien des [[Synagogue|synagogues]], l'achat de [[sefer Torah]], les salaires des fonctionnaires. Les écoles apprennent à lire et donnent l'éducation religieuse de base aux enfants, surtout aux garçons<ref name=HUJ66/>. Les ressources du [[Sanhédrin]] allant s'amenuisant avec les taxes romaines et l'appauvrissement de la population juive, Juda II, au {{s-|III}}, fait, pour la première fois, appel au financement du Sanhédrin par la [[Diaspora juive|Diaspora]], en particulier par les [[Histoire des Juifs en Italie|Juifs de Rome]]<ref>{{Lien web|url=http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/GHI/Graetz/Histoire_Juifs/HJ_306.htm|titre=HJ, Chapitre VI — Le patriarche Juda II ; les Amoraïm — (220-280)}}</ref>.

Le Sanhédrin aura encore des chefs prestigieux. [[Juda Hanassi]], à la fin du {{s-|II}}, est à l'origine de la compilation de la [[Mishnah]], sur laquelle se fonde le Talmud. Il transporte le Sanhédrin à [[Sepphoris]], avant que son petit-fils Juda II ne le déplace à [[Tibériade]]<ref>{{Lien web|url=http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/GHI/Graetz/Histoire_Juifs/HJ_306.htm|titre=HJ, Troisième période, chapitre VI, Le patriarche Juda II ; les Amoraïm — (220-280)}}</ref>. C'est aussi à cette époque que sont rédigés de nombreux [[midrash]]im. [[Hillel II]], est crédité d'avoir établi en 359 les règles de calcul du [[calendrier juif]]<ref name=HUJ68>HUJ, la Palestine et les Juifs sous la Rome chrétienne</ref>. Par ce geste, il abandonne un des derniers symboles de la puissance du Sanhédrin, qui jusqu'à lui déterminait seul le calendrier et donc la date des fêtes mais il permet ainsi au [[judaïsme]] de se perpétuer indépendamment de l'avenir de cette institution<ref name=HG>{{Lien web|titre=Histoire des Juifs, III,1,9|url=http://www.histoiredesjuifs.com/articles.php?lng=fr&pg=8701|auteur=[[Heinrich Graetz]]}}</ref>.

Cependant, avec l'avènement du christianisme, l'opposition avec les autorités ecclésiastiques se fait de plus en plus forte et quand Gamaliel VI meurt en [[426]], il n'est pas remplacé et un décret de [[Théodose II]] demande que les impôts qu'il percevait soient désormais versés au trésor impérial<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=56&letter=G&search=gamaliel|titre=JE, Gamaliel VI|auteur=Solomon Schechter et Wilhelm Bacher}}</ref>{{,}}<ref name=HJ3X>{{Lien web|url=http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/GHI/Graetz/Histoire_Juifs/HJ_310.htm|titre=HJ, troisième période, chapitre X, Les derniers Amoraïm — (375-500)}}</ref>.

En fait, c'est dès le {{s-|III}} que le centre spirituel du [[judaïsme]] se déplace hors l'[[Empire romain]], vers la [[Histoire des Juifs en Irak|Mésopotamie]], où les Juifs sont beaucoup moins en butte à l'hostilité du pouvoir. La rédaction du Talmud de Jérusalem est interrompue vers le début du {{s|V}}<ref>DEJ, Talmud, page 1094</ref>. En terre d'Israël subsistent néanmoins des écoles, moins prestigieuses que les [[académies talmudiques en Babylonie|académies talmudiques de Mésopotamie]], à [[Sepphoris]], [[Tibériade]], [[Lod (Israël)|Lydda]] et même [[Césarée]], siège du procurateur romain<ref name=HJ3V>{{Lien web|url=http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/GHI/Graetz/Histoire_Juifs/HJ_305.htm|titre=HJ, troisième période, chapitre V, Patriarcat de Juda le Saint. Dernière génération des Tannaïtes — (170-220)}}</ref>.

=== Les Juifs dans la Palestine byzantine (324-634) ===
Lorsque [[Constantin Ier (empereur romain)|Constantin]] s'empare des provinces orientales de l'Empire romain, les Juifs sont encore majoritaires en Palestine<ref name=HUJ68/>. Mais, dès le siècle suivant, ce sont les chrétiens qui y sont majoritaires. Constantin redonne son nom à Jérusalem sans toutefois autoriser les Juifs à y revenir et fait construire l'église du [[Saint-Sépulcre]], faisant ainsi de Jérusalem la ville sainte du christianisme. De plus, Hélène, la mère de Constantin, fait du [[mont du Temple]], la décharge de Jérusalem<ref>{{Lien web|langue=en|url=https://books.google.com/books?id=M0wUKoMJeccC&printsec=frontcover&dq=inauthor:moshe+inauthor:gil&lr=&as_drrb_is=q&as_minm_is=0&as_miny_is=&as_maxm_is=0&as_maxy_is=&as_brr=0&as_pt=ALLTYPES#PPA71,M1|titre=HP, page 65}}</ref>. L'Église cherche à limiter les influences juives sur la religion chrétienne en évitant tout contact entre Juifs et chrétiens : la date clé est celle du [[premier concile de Nicée]] en 325 qui établit une date de [[Pâques]] différente de celle de la [[Pâque]] juive, même si elle en reste proche. Le Sanhédrin ne proclame donc plus la date des fêtes chrétiennes et comme le gouvernement impérial empêche les messagers juifs de diffuser le calendrier arrêté par le Sanhédrin, [[Hillel II]] en établit les règles définitives<ref name=HUJ68/>.

Au {{s|IV}}, [[Jérôme de Stridon]] témoigne de l'habitude déjà prise par les Juifs de venir prier le long des ruines du Temple<ref>{{en}} {{Lien web|titre=HP, page 69|url=https://books.google.com/books?id=M0wUKoMJeccC&printsec=frontcover&dq=inauthor:moshe+inauthor:gil&lr=&as_drrb_is=q&as_minm_is=0&as_miny_is=&as_maxm_is=0&as_maxy_is=&as_brr=0&as_pt=ALLTYPES#PPA71,M1}}</ref>, seul endroit de Jérusalem où ils ont accès, contre paiement.

Les premières lois démontrant la primauté du christianisme sur le judaïsme sont édictées dès 329 quand il devient interdit aux Juifs de dénoncer les [[Conversion au christianisme|conversions]] du judaïsme au christianisme alors que les [[Conversion au judaïsme|conversions au judaïsme]] sont interdites. Dix ans plus tard, il est interdit aux Juifs d'acquérir des [[Esclavage|esclaves]] [[Non-juif|non-juifs]] et leur circoncision est punie de mort<ref name=HUJ68/>. Les restrictions et les taxes qui s'abattent alors sur les Juifs amènent ceux-ci à la révolte, matée en 352 par [[Constantius Gallus|Gallus]] qui rase [[Sepphoris]] et détruit partiellement [[Tibériade]] et [[Lod (Israël)|Lydda]]<ref name=HG/>.

Le règne de [[Julien (empereur romain)|Julien]] (361-363) apporte un court répit car il abroge les lois anti-[[Païenne|païennes]] et [[Antijudaïsme|anti-juives]] et promet la reconstruction du temple de Jérusalem<ref name=HUJ68/>. Mais, au {{s-|V}}, c'est la construction de nouvelles [[Synagogue|synagogues]] qui est interdite par le [[code de Théodose|code théodosien]], même si les fouilles ont démenti la bonne application de cette loi<ref name=HUJ68/>.

En effet, les ruines de [[synagogue]]s byzantines sont nombreuses en terre d'Israël. On y remarque dans beaucoup d'entre elles une influence [[Judaïsme hellénistique|hellénisante]] importante. La plus célèbre de ces synagogues est celle de [[Capharnaüm]], même si elle est bien postérieure à celle où Jésus aurait prêché. Certaines sont ornées de mosaïques comme à [[Synagogue de Beth Alpha|Beth Alpha]] et à [[Synagogue d'Ein Gedi|Ein Gedi]] où est représenté le [[zodiaque]], ou à [[Synagogue de Hammath|Hammath-Tibériade]] où l'on voit le dieu du Soleil [[Hélios]]. La mosaïque de Hammath Gader, visible à la [[Cour suprême d'Israël]], est plus orthodoxe puisqu'elle représente deux lions rappelant le lion de Juda. D'autres synagogues existent à [[Jéricho]]<ref>{{en}} {{Lien web|url=http://www.travelpod.com/travel-photo/eric/israel_1975-76/180058200/jrc18.jpg/tpod.html|titre=Mosaic floor in the synagogue - Jericho, Palestinian Territory}}</ref> ou à [[Synagogue de Gaza|Gaza]].

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File:Kafarnaum BW 20.jpg|Synagogue de Capharnaüm ({{s-|IV}})
File:Beit Alpha.jpg|Représentation du [[zodiaque]] dans la synagogue de Beth Alpha ({{sp-|V|-|VI}})
File:ZodiacMosaicTzippori.jpg|Représentation du [[zodiaque]] dans la synagogue de Sepphoris ({{s-|V}})
Fichier:Hammat Gader.JPG|Lions et cyprès de la synagogue de Hammath Gader ({{sp-|V|-|VI}})
</gallery>

Au {{s|VI}}, selon Heinrich Graetz, la seule ville où les Juifs soient encore majoritaires est [[Nazareth]]<ref name=HJ3XI/>. La situation des Juifs s'aggrave au fur et à mesure que progresse le [[christianisme]] en Palestine. En 532, l'empereur [[Justinien]] interdit aux Juifs de témoigner contre des chrétiens ou de célébrer la [[Pâque]] avant les [[Pâques]] chrétiennes. Il impose l'usage d'une traduction grecque (ou latine en Italie) pour la [[lecture de la Torah]] et interdit de dire le ''[[Chema Israël]]'', la [[profession de foi]] juive, prononcée matin et soir par les Juifs<ref name=HJ3XI>{{Lien web|url=http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/GHI/Graetz/Histoire_Juifs/HJ_311.htm|titre=HJ, troisième période, chapitre XI, Les Juifs dans la Babylonie et en Europe — (jusque vers 650)}}</ref>.

Les poètes [[Yannaï]] et [[Eleazar Hakalir]] composent les premiers [[piyyout]]im.

Le {{s|VII}} amène de nombreux bouleversements : en 614, [[Khosro II]], empereur [[empire perse|perse]], prend Jérusalem avec le soutien de rebelles juifs dirigés par {{Lien|langue=en|trad=Benjamin of Tiberias|fr=Benjamin de Tibériade}} et {{Lien|langue=en|trad=Nehemiah ben Hushiel|fr=Néhémie ben Hushiel}}, et il rétablit un pouvoir juif sur cette ville, ce qui vaudra aux Juifs de l'empire byzantin de nouvelles persécutions<ref>DEJ, page 1266</ref>. Mais l'empereur byzantin [[Héraclius]] rétablit sa situation et peut entrer triomphalement dans Jérusalem le 29 mars 629<ref>HUJ, La Palestine entre Perses, Byzantins et Arabes</ref>. Le triomphe est de courte durée car, dès 634, commence la conquête arabe.

== Les Juifs dans la Palestine arabe (634-1517) ==
=== De la conquête par les Arabes à celle par les Croisés (634-1099) ===
[[File:Illustration jews Holy land.jpg|thumb|upright|Illustration des régions habitées par les Juifs depuis la conquête par les Arabes et jusqu'à la fin du Moyen Âge]]
La conquête par les Arabes d'[[Omar ibn al-Khattâb|Omar]] paraît avoir bien été accueillie par les Juifs. Ils leur auraient facilité la conquête d'[[Hébron]]<ref>Les musulmans auraient alors donné aux Juifs le droit de construire une synagogue à Hébron. Voir {{Lien web|langue=en|url=https://books.google.com/books?id=M0wUKoMJeccC&printsec=frontcover&dq=inauthor:moshe+inauthor:gil&lr=&as_drrb_is=q&as_minm_is=0&as_miny_is=&as_maxm_is=0&as_maxy_is=&as_brr=0&as_pt=ALLTYPES#PPA71,M1|titre=HP, page 58}}.</ref> et de [[Césarée]]<ref name=HUJ80>HUJ, Les quatre grands califes et l'époque omeyyade</ref>. Après la prise de Jérusalem entre 635 et 638<ref name=VL155>{{harvsp|Lemire|Berthelot|Loiseau|Potin|2016|p=155|id=Lemire 2016}}</ref>, Omar autorise soixante-dix familles juives de [[Tibériade]] à s'y installer<ref name=HUJ80/> dans le quartier dit des « Détritus »<ref>De nos jours, c'est encore le quartier juif de la vieille ville de Jérusalem.</ref>, car il avait assigné aux Juifs la responsabilité de la propreté du mont du Temple<ref>{{Lien web|langue=en|url=https://books.google.com/books?id=M0wUKoMJeccC&printsec=frontcover&dq=inauthor:moshe+inauthor:gil&lr=&as_drrb_is=q&as_minm_is=0&as_miny_is=&as_maxm_is=0&as_maxy_is=&as_brr=0&as_pt=ALLTYPES#PPA71,M1|titre=HP, page 71}}</ref>. Le statut de [[dhimmi]] que leur octroie le [[pacte d'Umar|pacte d'Omar]] ({{s|VII}} ou {{s|VIII}}) est un progrès par rapport au [[code de Justinien]]<ref name=HUJ80/>. Toutefois, dans une société fondée sur la paysannerie, l'[[impôt foncier]] éloigne de nombreux Juifs du travail de la terre<ref name=HUJ80/>.

L'[[urbanisation]] qui s'ensuit ne se limite pas à Jérusalem où une synagogue est construite<ref>{{Lien web|langue=en|url=https://books.google.com/books?id=M0wUKoMJeccC&printsec=frontcover&dq=inauthor:moshe+inauthor:gil&lr=&as_drrb_is=q&as_minm_is=0&as_miny_is=&as_maxm_is=0&as_maxy_is=&as_brr=0&as_pt=ALLTYPES#PPA71,M1|titre=HP, page 161}}</ref>, des communautés importantes existent à [[Tibériade]] et à [[Ramla|Ramleh]], de nombreux Juifs étant venus de Babylonie<ref name=HUJ84>HUJ, Les Juifs dans la Palestine musulmane</ref>. À la tête de la communauté d'Eretz-Israel se trouve la [[Académies talmudiques en terre d'Israël|''Yeshiva'' de la terre d'Israël]], située selon les époques à Jérusalem, Tibériade ou Ramleh. Elle adopte quelque peu le modèle des [[académies talmudiques en Babylonie|académies talmudiques de Babylonie]], sans en avoir le prestige. Les [[rosh yeshiva|directeurs académiques]] qui portent, comme leurs collègues babyloniens, le titre de ''[[Gueonim|Gaon]]'' sont reconnus comme dirigeants spirituels par les Juifs des possessions fatimides, comme l'Égypte et la Syrie, ainsi que par les Juifs d'Italie du Sud et de Sicile.

[[Tibériade]] conserve une communauté importante, qui compte en son sein deux des plus grandes familles de [[Massorète]]s, les Ben Asher et les Ben Naphtali. C'est donc probablement à Tibériade qu'a été fixé le texte [[massorète|massorétique]] de la Bible au {{s|IX}}<ref name="Cohen1979">Menachem Cohen, [http://cs.anu.edu.au/~bdm/dilugim/CohenArt/ The Idea of the Sanctity of the Biblical Text and the Science of Textual Criticism] in ''HaMikrah V'anachnu'', ed. Uriel Simon, HaMachon L'Yahadut U'Machshava Bat-Z'mananu and Dvir, Tel-Aviv, [[1979]]</ref>.

Au {{s-|IX}}, le judaïsme de la terre d'Israël est profondément marqué par le [[karaïsme]], un mouvement juif né en Babylonie, qui a fait sécession avec le [[judaïsme rabbinique]] dont il ne reconnaît pas le caractère sacré du [[Talmud]]. Si le témoignage selon lequel le fondateur de ce mouvement, [[Anan ben David]], aurait émigré à Jérusalem, ne semble pas digne de foi, il est certain qu'un mouvement messianique, mené par [[Daniel al-Qumissi]], entraîne un fort afflux de Karaïtes en terre d'Israël, et particulièrement à Jérusalem<ref>''[http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/judaica/ejud_0002_0011_0_10087.html Jerusalem]'', un article de l'[[Encyclopaedia Judaica]], dans la [[Jewish Virtual Library]]</ref>. La synagogue karaïte est la plus vieille synagogue existante aujourd'hui dans la vieille ville de Jérusalem<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.road90.com/watch.php?id=tGmFntjLnV|titre=The Karaite Synagogue of Jerusalem}}</ref>.

Au {{s-|X}}, le géographe arabe [[al-Muqaddasi]], originaire de Jérusalem, décrit une ville où les éléments juifs et chrétiens dominent, les premiers parmi les fabricants de monnaie, teinturiers, banquiers et tanneurs, les seconds parmi les physiciens et les scribes<ref>Al-Muqaddasi dans « Description of Syria, Including Palestine » cité par Marie Lebert dans {{Lien web|url=http://www.etudes-francaises.net/jerusalem/histoire.htm|titre=La Jérusalem médiévale|site=Université de Toronto}}</ref>. La ville est belle, mais la vie y est dure, en particulier pour un musulman<ref>{{Article|nom=Al-Muqaddasi cité par Michael Zank|titre=Muqaddasi: A Muslim Native of Jerusalem| extrait=Vous ne trouverez nulle part des bains aussi sales que ceux de la Ville Sainte. Vous ne devrez payer nulle part plus cher pour leur usage. Il y a peu de gens éduqués et beaucoup de chrétiens. Ces derniers sont rustres dans les lieux publics. Dans les hôtelleries, de lourdes taxes pèsent sur tout ce qui est en vente Il y a des gardes à chaque porte et personne ne peut vendre ce qui est nécessaire à la vie hors des lieux désignés à cet effet. Dans cette ville, les pauvres n'ont aucun secours. Les faibles se font attaquer et les riches sont enviés. On ne consulte pas les juristes et les savants restent inconnus. Les écoles ne sont pas fréquentées, car il n'y a pas de cours. Partout, les chrétiens et les Juifs dominent et on ne voit pas d'assemblée d'érudits à la mosquée| périodique=Boston University|année=2008|consulté le=14 mai 2009|url texte=http://www.bu.edu/mzank/Jerusalem/tx/muqqadasi.htm}}</ref>.

=== Les Juifs dans le royaume croisé (1099-1291) ===
Le 15 juillet 1099, les Juifs de Jérusalem combattent les envahisseurs puis se réfugient dans leur synagogue et y sont brûlés vifs lors de la prise de cette ville par les troupes chrétiennes de [[Godefroy de Bouillon]]. Les chrétiens rétablissent l'interdiction aux Juifs d'habiter Jérusalem. Un nouveau massacre de Juifs se produit lors de la prise de [[Haïfa]] en 1104<ref name=HUJ108>HUJ, la Palestine des Croisés</ref>.

Mais probablement, à cause de la présence chrétienne en Palestine qui rend le voyage possible, les Juifs d'Europe manifestent de nouveau leur intérêt pour la terre d'Israël. [[Juda Halevi]]<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=643&letter=J&search=juda%20ha-levi|titre=JE, Judah Ha-Levi|auteur=Richard Gottheil, Max Schloessinger et [[Isaac Broydé]]}}</ref>, médecin, poète, philosophe et rabbin espagnol, auteur des ''Odes à Sion'' ou ''[[Sionides]]''<ref>Ses poèmes font aujourd'hui partie de la liturgie des jeûnes du [[Tisha Beav|9 Ab]] (commémoration de la destruction des deux Temples) et de [[Yom Kippour]]. Voir {{Lien web|url=http://www.un-echo-israel.net/Dossier-Juda-Ha-Levi-le-chantre-de|titre=Dossier : Juda Ha-Lévi, le chantre de Sion|auteur=Loïc Le Méhauté|site=Un écho d'Israël}}</ref> est le premier à vouloir aller vivre sur la terre d'Israël mais il meurt en route pour Jérusalem. [[Benjamin de Tudèle]], dans les années 1160, nous a laissé un témoignage unique sur la vie juive tout le long de ses immenses voyages et notamment en Palestine. Il consacre plusieurs pages aux [[Samaritains]], vivant autour du [[Mont Gerizim|mont Guerizim]]. Il nous apprend qu'il y a malgré tout, quelque 200 Juifs à Jérusalem, à la fin de la présence croisée dans cette ville, qui ont l'habitude de prier au [[Mur des Lamentations|Mur occidental]] et qui y exercent la profession de teinturiers, de même que douze d'entre eux à [[Bethléem]]. Il décrit aussi le [[tombeau des Patriarches]] à [[Hébron]]<ref>{{Lien web|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k104380z/f4.table|titre=Voyages de Rabbi Benjamin, fils de Jona de Tudèle|site=Gallica}}</ref>, dont il dit qu'il s'y situait une synagogue du temps des musulmans, avant qu'il ne soit transformé en église Saint Abraham. En 1165, la famille du jeune [[Moïse Maïmonide]], qui deviendra l'un des plus grands sages du judaïsme, fait aussi étape à Jérusalem dans sa fuite des [[Almohades]].

La prise de Jérusalem par [[Saladin]] en 1187 permet le retour des Juifs qui en sont à nouveau chassés lors de l'occupation franque de 1229 à 1244. Toutefois, les persécutions en Europe incitent certains Juifs à aller s'établir en terre d'Israël. C'est le cas de nombreux érudits français ou espagnols, parmi lesquels des [[tossafistes]], dont [[Yehiel de Paris]], {{Lien|langue=en|trad=Samson ben Abraham of Sens|fr=Samson de Sens|texte=Samson de Sens}}, et [[Moshe ben Nahman|Nahmanide]] sont parmi les plus illustres. Ce dernier découvre une Jérusalem en ruine (elle a été ravagée par les [[Mongols]] en 1260), et n'y trouve que deux Juifs, teinturiers de leur état. Avec quelques autres des villages avoisinants, ils forment le [[miniane|minyan]], le [[Chabbat]]<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.jewishencyclopedia.com/articles/8604-jerusalem#anchor31|titre=JE, Naḥmanides in Jerusalem|auteur=Richard Gottheil, Gotthard Deutsch, Martin A. Meyer, Joseph Jacobs & M. Franco}}</ref>. Il y crée en 1267, la [[synagogue Ramban]] qui existe toujours. Il s'installe ensuite à [[Acre (Israël)|Acre]] tenue par les Croisés jusqu'en 1291 et où prospère au {{s-|XIII}} une communauté juive, anéantie, comme toute la population, lors de la prise de la ville par les [[Mamelouk]]s<ref name=HUJ108/>.

=== La domination des Mamelouks (1250-1517) ===
À partir du milieu du {{s-|XIII}}, les [[Mamelouk]]s, dont la capitale est au [[Le Caire|Caire]], en [[Égypte]], dominent la Palestine. Les communautés juives se regroupent dans quelques villes, Jérusalem, Hébron et Gaza et autour de [[Safed]] en Galilée<ref name=HUJ124>HUJ, la Palestine des Mamelouks</ref>. Les Juifs de la terre d'Israël ont à leur tête un ''Naghid'' ou gouverneur qui ne peut arrêter les émeutes anti-juives et les mesures discriminatoires<ref name=HUJ124/>. Cela n'empêche pas quelques Juifs d'y émigrer à la suite de l'[[Histoire des Juifs en France#Sous Philippe le Bel (1285-1314) : persécutions, spoliations et expulsion|expulsion des Juifs de France en 1306]]<ref name=HJ4X>{{Lien web|url=http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/GHI/Graetz/Histoire_Juifs/HJ_410.htm|titre=HJ, troisième période, Chapitre X — Progrès de la bigoterie et de la Cabale — (1270-1325)}}</ref> ou aux massacres liés à la [[peste noire]]. Une [[yechiva]] [[ashkénaze]] est fondée au {{s-|XIV}} à Jérusalem<ref name=HUJ124/>. À partir de la fin du {{s-|XIV}} et de l'aggravation de la situation des Juifs en [[Espagne]], une immigration [[séfarade]] se développe en Palestine, qui va marquer profondément le judaïsme palestinien<ref name=HUJ124/>, alors même qu'à Jérusalem, les taxes et la famine conduisent une centaine de familles juives à quitter la ville vers le milieu du {{s-|XV}} et que s'établit une certaine défiance entre [[Ashkénaze|Ashkénazim]] et [[Séfarade|Séphardim]]<ref name=JEAS>{{Lien web|langue=en|url=http://www.jewishencyclopedia.com/articles/8604-jerusalem#anchor32|titre=JE, Ashkenazim and Sephardim|auteur=Richard Gottheil, Gotthard Deutsch, Martin A. Meyer, Joseph Jacobs et M. Franco}}</ref>.

En 1481, un voyageur de Florence, Meshullam ben Menahem Volterra, trouve 60 familles juives cultivant la vigne et des céréales dans des fermes autour de [[Gaza]]<ref name=JEAGR>{{en}} {{Lien web|url=http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=907&letter=A&search=colonies|titre=JE, Agricultural colonies in Palestine|auteur =Herman Rosenthal}}</ref>.

À la fin du {{s-|XV}}, un Juif italien, [[Obadiah ben Abraham]] de Bertinoro<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=937&letter=B&search=bertinoro|titre=Obadiah (Yareh) B. Abraham Bertinoro|auteur=Louis Ginzberg}}</ref> prend en main les destinées de la communauté juive de Jérusalem et y fonde ou refonde ses institutions administratives et charitables.

À la même époque, [[Joseph Saragossi]], un rabbin fuyant l'Espagne, rejoint la communauté de [[Safed]], qui compte alors 300 familles<ref name=HJ4XVII>{{Lien web|url=http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/GHI/Graetz/Histoire_Juifs/HJ_417.htm|titre=HJ, troisième période, chapitre XVII — Pérégrination des Juifs et des Marranes d’Espagne et du Portugal — (1497-1520)}}</ref> et y développe l'étude de la [[Kabbale]].

== Les Juifs dans la Palestine ottomane (1517-1917) ==
En 1517, [[Selim Ier|Selim {{Ier}}]], [[sultan (titre)|sultan]] [[Empire ottoman|ottoman]] prend le contrôle de la Palestine. Or, son prédécesseur, [[Bayezid II]] avait ouvert les portes de son empire aux [[décret de l'Alhambra|Juifs expulsés d'Espagne]] en 1492<ref>On dit de lui qu'il avait déclaré à ses ministres, à propos des Juifs d'Espagne : « Vous vous risquez à dire que [[Ferdinand II d'Aragon|Ferdinand]] est un gouvernant sage, lui qui est assez fou pour appauvrir son royaume et enrichir le mien. » Voir {{Lien web|langue=en|url=http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=143&letter=B&search=bajazet|titre=JE, Bajazet II|auteur=Richard Gottheil et Abraham Danon}}</ref>. C'est par dizaines de milliers<ref name=HUJ130>HUJ, Le refuge ottoman</ref> que les Juifs se réfugient dans l'Empire ottoman et vont contribuer à sa prospérité au {{s-|XVI}} et à partir de 1517, en particulier en Palestine.

On estime à {{nombre|10000|personnes}} la population juive de Palestine au début de la domination ottomane, Jérusalem, Safed et Tibériade en étant les principaux centres<ref>Trevor Mostyn et Albert Hourani, ''The Cambridge Encyclopedia of the Middle East and North Africa'', p. 186, Cambridge University Press, 1988, {{ISBN|0521321905}}</ref>.

=== Le rayonnement de Safed ({{s-|XVI}}) ===
[[Image:Synagogue Ari Ashkenazi - Safed.jpg|thumb|left|upright|[[Arche sainte (synagogue)|Aron]] de la synagogue Ari Ashkenazi de [[Safed]] ({{s-|XVI}})]]
[[Image:Synagogue Abouhav - Safed.jpg|thumb|upright|[[Bimah]] et coupole de la synagogue Abouhav de [[Safed]] ({{s-|XVI}})]]
Les rabbins établis à [[Safed]] en [[Galilée (région)|Galilée]] marquent considérablement le judaïsme : l'un d'eux, le rabbin [[Yossef Karo]], rédige une compilation de toutes les lois énoncées par le [[Talmud]], appelée ''[[Choulhan Aroukh]]'' ([[hébreu]] : שולחן ערוך ''La Table dressée'') qui règle la vie des Juifs pratiquants jusqu'à nos jours. Son collègue [[Salomon Alkabetz]] écrit le [[Lekha Dodi]], un poème encore chanté au début du [[chabbat]] dans toutes les synagogues séfarades et ashkénazes par lequel la communauté souhaite la bienvenue au chabbat.

Cependant, c'est le développement de l'étude de la [[Kabbale]] qui fait le grand renom de Safed. La Kabbale est un mysticisme reposant « à la fois sur l'ésotérisme et la théosophie »<ref>DEJ, Mystique juive, page 787</ref>. Les plus éminents des maîtres de la Kabbale sont [[Moïse Cordovero]], un rabbin espagnol établi à Safed, [[Isaac Louria]], son élève, dont le disciple [[Hayyim Vital]] compile l'œuvre dans le Sefer Etz Hayim (''Le livre de l'[[Arbre de Vie (Kabbale)|arbre de vie]]'').

C'est à Safed qu'est installée la première presse d'imprimerie hébraïque, par Abraham Askhenazi<ref name=JESafed>{{en}} {{Lien web|url=http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=41&letter=S&search=safed|titre=JE, Safed|auteur=Gotthard Deutsch et M. Franco}}</ref>.

Toujours en Galilée, Tibériade bénéficie aussi de l'influence auprès du sultan de [[Joseph Nassi]], seigneur de Tibériade, qui fait reconstruire les murailles de Tibériade et y promeut l'industrie du [[Bombyx du mûrier|ver à soie]] afin de faire revenir les Juifs sur la terre d'Israël, sans succès notable<ref>{{en}} {{Lien web|url=http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=80&letter=N&search=naxos|titre=JE, Joseph Nasi, duc de Naxos|auteur= [[Isidore Singer]] et [[Max Schloessinger]]}}</ref>.

Un peu plus tôt, vers 1540, avait été établie par le rabbin [[Malkiel Ashkenazi]], à [[Hébron]], la [[synagogue Abraham Avinou]].

=== Du {{s mini-|XVII}} au {{s-|XIX}} ===
[[Fichier:Hostellerie de Jaffa.JPG|thumb|left|Hostellerie juive et synagogue de Jaffa (1740), à l'intention des pèlerins en route pour Jérusalem]]
[[Fichier:Synagogue Yohanan ben Zakkaï.JPG|thumb|Synagogue [[Yohanan ben Zakkaï]] ({{s-|XVII}}), une des ''quatre synagogues séfarades'' de Jérusalem]]
Le déclin et le repli sur lui-même de l'Empire ottoman à partir du {{s-|XVII}} et un renouveau de l'hostilité anti-juive peuvent expliquer le déclin de la communauté juive palestinienne de cette époque<ref name=HUJ156>HUJ, sous la loi ottomane</ref>. Toutefois, cela n'empêche pas un lent mouvement d'établissement ou de pèlerinage en Eretz Israel.

Depuis le {{s-|XVII}} (et jusqu'à aujourd'hui pour les séfarades), la communauté juive d'Eretz-Israel possède à sa tête un grand-rabbin séfarade, appelé ''Rishon LeTzion'' (ראשון לציון-le premier à Sion)<ref>DEJ, Richon le-Tsiyyon, p. 978</ref>, lui-même sous l'autorité du ''[[Hakham Bachi]]'' (« Sage en chef ») de Constantinople.

En 1660, les Juifs de Safed sont massacrés<ref>{{Lien web|url=https://books.google.fr/books?id=cV5M5H4czu4C&pg=PA88&vq=massacre+safed&source=gbs_search_r&cad=1_1|titre=Essai sur l'histoire des Israélites de l'Empire ottoman, p. 88|auteur=Moïse Franco|date=1897|site=Google books}}</ref>. Ce qui restait de la communauté est anéanti par la peste de 1742 et le tremblement de terre de 1769<ref name=JESafed/>.

C'est à [[Gaza]] qu'en 1663, [[Sabbataï Tsevi]] qui se prétend le [[messie]], trouve son plus fervent partisan, [[Nathan de Gaza]], un Juif de Jérusalem, qui prétend être une réincarnation du prophète [[Élie]]. Nathan de Gaza parcourt le Moyen-Orient et le monde méditerranéen pour essayer vainement de convaincre les communautés juives de la justesse de cette cause.

[[Fichier:Hurva Synagogue (before 1899).jpg|thumb|left|La synagogue Hourba (avant 1899) dans la [[vieille ville de Jérusalem]]]]
[[Fichier:Mill mo.jpg|thumb|Le moulin de Montefiore (1863) près de Mishkenot Sha'ananim]]

À Jérusalem, différentes communautés séfarades établissent quatre synagogues mitoyennes les unes des autres à partir du {{s-|XVI}} : la [[Quatre synagogues séfarades#Synagogue Eliyahou Hanavi|synagogue Eliyahou Hanavi]] qui servait plutôt de lieu d'étude, la [[Quatre synagogues séfarades#Synagogue Yohanan ben Zakka.C3.AF|synagogue Yohanan ben Zakkaï]] au {{s-|XVII}}, la [[Quatre synagogues séfarades#Synagogue Istanbuli|synagogue Istanbuli]] au {{s-|XVIII}} et la [[Quatre synagogues séfarades#Synagogue Emtsai|synagogue Emtsai]] au milieu de ces trois synagogues. La plus ancienne synagogue ashkenaze de Jérusalem est la [[synagogue Hourba]]<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.jewishmag.com/4MAG/ISRAEL/israel.htm|titre =The Churva Synagogue in Jerusalem|auteur= Dovid Rossoff|consulté le=23 mai 2008|site= The Jewish magazine}}</ref>. Le début de sa construction remonte à 1700 mais elle est interrompue par manque d'argent.

À [[Jaffa]], une hostellerie juive est fondée en 1740.

Au début du {{s-|XVIII}}, la population juive de Jérusalem ne serait plus que de 1 000 habitants mais une immigration continue la renforce quelque peu : un millier de [[Histoire des Juifs en Pologne|Juifs de Pologne]] menés par un disciple de [[Sabbataï Tsevi]], [[Juda Hahassid (Jérusalem)|Juda Hahassid]], au tout début du {{s-|XVIII}} puis des [[Juifs italiens|Italiens]] puis des [[Juifs marocains|Marocains]] en 1741. Vers 1760, Jérusalem est une petite ville de {{nombre|15000|habitants}} au plus dont deux à trois mille Juifs. Puis, dans le dernier quart du siècle, viennent des Juifs [[ashkénazes]], disciples du [[Baal Shem Tov]] et du [[Gaon de Vilna]]. Une partie notable de cette population étudie la Torah dans les [[yechiva|yechivot]], à l'époque séfarades, et vit donc de subsides venus de la [[Diaspora juive|diaspora]]<ref name=Nahon>{{Lien web|titre=L'autel de l'imprimerie, l'approbation rabbinique du livre à Jérusalem au {{s-|XVIII}}|url=http://www.antebiel.com/nahon/fr-cours.html|site=Séminaire de Gérard Nahon|consulté le=26 avril 2009}}</ref>.

En 1776, la communauté juive de Safed est refondée par des [[Juifs russes]], suivis par des [[Histoire des Juifs en Ukraine|Ukrainiens]]<ref name=JESafed/>, disciples du Gaon de Vilna.

Dans la première partie du {{s-|XIX}}, l'immigration ashkénaze des ''[[Peroushim]]'' (ainsi dénommés parce qu'à l'image des anciens [[Pharisaïsme|Pharisiens]], il se détournent des choses profanes) continue à se développer, et aboutit à la création d'une yechiva ashkénaze, puis d'une première synagogue ashkénaze (Menachem Zion) en 1837<ref name=JE19>{{Lien web|langue=en|url=http://www.jewishencyclopedia.com/articles/8604-jerusalem#anchor40|titre=JE,In the nineteenth century|auteur=Richard Gottheil, Gotthard Deutsch, Martin A. Meyer, Joseph Jacobs et M. Franco}}</ref>.

Les [[années 1830]] sont marquées par une nouvelle série de catastrophes qui affectent la communauté de Safed : en juin - juillet 1834, un [[pogrom]] mené par les Arabes à Safed fait plusieurs centaines de morts<ref name=finkelstein>{{en}} Louis Finkelstein: ''The Jews: their history, culture, and religion''; éditeur: The Jewish Publica; Philadelphie; 1900; réédité par: Harper & Row; 1960; p. 679; ASIN: B005AM7N44.</ref>{{,}}<ref name="schur">{{he}} Nathan Schur: ''History of Safed'' (Toldot Tzefat); éditeur: Ariel; 1983; p. 189-193; {{ISBN|9650100970}}, 9789650100971; [https://books.google.com/books?id=JZ8LAAAAIAAJ&q=%D7%99%D7%A9%D7%A8%D7%90%D7%9C+%D7%9E%D7%A9%D7%A7%D7%9C%D7%95%D7%91&source=gbs_word_cloud_r&cad=6 Numérisé le 23 mai 2006 par Google Books]</ref>. Puis en 1837, c'est un tremblement de terre qui ravage la ville et particulièrement le quartier juif<ref name ="Ambraseys">{{en}} N.N Ambraseys: [http://www.earth-prints.org/bitstream/2122/1595/1/09%20ambraseys.pdf ''The earthquake of 1 January 1837 in Southern Lebanon and Northern Israel'']; in Annali di Geofisica; août 1997; p. 933; </ref>. Un nouveau pogrom mené cette fois par les [[Druzes]] frappe Safed<ref name=finkelstein/>.

En 1856, sur les {{nombre|18000|habitants}} de Jérusalem, 5 137 sont juifs, dont 3 500 séfarades et le reste ashkénazes, majoritairement des ''Peroushim''<ref name=JE19/>.

L'intervention de [[Philanthropie|philanthropes]] juifs tels les [[Famille Rothschild|Rothschild]] en Europe ou Yechezkel Reuben de [[Bagdad]], ainsi que le soutien du roi [[Frédéric-Guillaume IV de Prusse]] permet la reprise de la construction et l'[[synagogue Hourba|achèvement en 1864 de la synagogue Hourba]].

La communauté juive de Jérusalem continue à bénéficier de l'intérêt de riches philanthropes de la Diaspora qui vont permettre son développement non seulement en la finançant mais aussi en défendant ses droits vis-à-vis des autorités turques : parmi eux-ci, [[Moïse Montefiore]] se distingue en finançant en 1860 le développement du premier [[quartier juif]] hors les murs, [[Mishkenot Sha'ananim]], près duquel s'étendra à partir de 1892 le quartier de [[Yemin Moshe]]<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/Society_&_Culture/geo/mishkenot.html|titre=Mishkenot Sha'ananim|site=site de la Jewish Virtual Library|consulté le=28 avril 2009}}</ref>.

En 1873, est fondé toujours à Jérusalem, par des Juifs orthodoxes, le nouveau quartier de [[Méa Shéarim]]<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/vie/Jerusalem3.html#Yemin|titre=Jerusalem - Beyond the Old City Walls|site=site de la Jewish Virtual Library|consulté le=28 avril 2009}}</ref>.

=== L'immigration en terre d'Israël avant Herzl (1860-1896) ===
[[Fichier:Mishkenot Shaananim.jpg|thumb|left|Bâtiment de [[Mishkenot Sha'ananim]], aujourd'hui, une maison d'hôtes (1860)]]
Depuis le premier exil, les Juifs ont exprimé dans leurs prières leur désir de retour à Sion. Certains des plus religieux d'entre eux l'ont entrepris. On peut rappeler, au cours des siècles, les noms d'[[Esdras|Ezra]], de [[Hillel Hazaken|Hillel]], de [[Juda Halevi]], de [[Yehiel de Paris]], de [[Moshe ben Nahman|Nahmanide]] ou du [[Gaon de Vilna]]. Ceux-ci et leurs disciples cherchaient à mieux vivre leur foi sur la terre d'Israël. Les tentatives de refaire vivre l'agriculture de la [[terre d'Israël]] sont plus rares : la première connue est celle de fermiers à Gaza, rapportée en 1481 par [[Meshullam ben Menahem Volterra]]<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Volterra, Meshullam ben Menahem, da {{!}} Encyclopedia.com |url=https://www.encyclopedia.com/religion/encyclopedias-almanacs-transcripts-and-maps/volterra-meshullam-ben-menahem-da |site=www.encyclopedia.com |consulté le=2023-04-01}}</ref>. On peut aussi citer celle de [[Joseph Nassi]] au {{s|XVI}}. Au {{s|XVII}}, [[Moshe ben Joseph di Trani]], rapporte que des Juifs palestiniens cultivent le coton, les céréales et les légumes pratiquent la [[sériciculture]] ou l'[[apiculture]]<ref name=JEAGR/>. Mais les premières tentatives plus abouties remontent au {{s-|XIX}}.

Si [[Moïse Montefiore]] aide au premier développement urbain juif hors les murs à Jérusalem dès 1860, la première tentative pérenne d'établissement agricole est due à [[Charles Netter]], l'un des fondateurs de l'[[Alliance israélite universelle]] qui acquiert 250 hectares auprès du gouvernement turc et fonde, en 1870, la ferme-école de [[Mikvé-Israël]] (aujourd'hui un collège-lycée franco-israélien sur le territoire de la ville de [[Holon]])<ref name=JEAGR/>.

[[Fichier:V01p248001 Zikron Ya'aqob.jpg|thumb|left|Bâtiment administratif à [[Zikhron Yaakov]] (circa 1900)]]
En 1881, à la suite de l'[[Assassinat d'Alexandre II de Russie|assassinat]] d'[[Alexandre II de Russie|Alexandre II]], une vague de [[pogrom]]s sanglants déferle sur l'[[Russie impériale|Empire russe]]. [[Léon Pinsker]], médecin juif polonais<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=340&letter=P&search=pinske|titre=JE, Lev Semionovich Pinsker|auteur=Herman Rosenthal et J. G. Lipman}}</ref>, publie en allemand, en janvier 1882, sa brochure ''Auto-émancipation'' dans laquelle il dénonce la ''[[judéophobie]]'' (« Judophobie » en allemand)<ref>« La judéophobie est une psychose. Comme la psychose, elle est héréditaire et depuis 2000 ans, c'est une maladie inguérissable ». Voir {{Lien web|langue=de|url=http://ldn-knigi.lib.ru/JUDAICA/LPinskA.htm|titre=Autoemanzipation|auteur=Léon Pinsker}}.</ref> et promeut l'indépendance juive. Ces pogroms et ce texte sont à l'origine de la création de la société des [[Amants de Sion]] et de la [[première Aliyah]] (1881-1903)<ref name=DUJ202>HUJ, la renaissance de la Palestine juive</ref>.

C'est aussi en 1882 que les premiers établissements agricoles de Juifs russes et roumains sont créés en terre d'Israël, à [[Zikhron Yaakov]] et à [[Rishon LeZion]]. C'est l'aide financière et organisationnelle déterminante du baron [[Edmond de Rothschild]] qui permet le succès de ces établissements : à la fin du siècle, la population de Rishon-LeZion dépasse les 500 habitants et celle de Zihron Yaakov, près de 1000 habitants<ref name=JEAGR/>. Edmond de Rothschild contribue ensuite à la fondation d'autres établissements comme à [[Metoula]] ou à [[Rosh Pina]]. Ils forment le noyau de ce qu'on appelle le nouveau [[Yichouv]].

==== Démographie ====
Bien que l'immigration juive en Palestine soit encore modeste, les chiffres fournis par la [[Jewish Encyclopedia]] montrent une croissance nette de la population juive en Palestine, liée en partie au succès des nouveaux établissements agricoles, en partie à la continuation de l'immigration religieuse et en partie certainement à l'amélioration des conditions de vie de la minorité juive. La population juive de la province ottomane de Syrie-Palestine est de {{nombre|70000|personnes}}<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=1044&letter=S&search=statistics|titre=JE, Statistics|auteur=Joseph Jacobs}}</ref> et celle de Jérusalem a cru de {{nombre|7000|personnes}} en 1862 à 30 ou {{nombre|50000|personnes}} en 1902, à tel point que les Juifs sont dès lors majoritaires à Jérusalem<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.jewishencyclopedia.com/view.jsp?artid=242&letter=J&search=jerusalem#950|titre=JE, Population|auteur=Richard Gottheil, Gotthard Deutsch, Martin A. Meyer, Joseph Jacobs et M. Franco}}</ref>{{,}}<ref>La population juive de Jérusalem dans la seconde partie du {{s-|XIX}} est donnée par le tableau disponible ici {{Lien web|url=http://www.jewishencyclopedia.com/table.jsp?table_id=430&volid=11&title=STATISTICS:|titre=JE, Évolution de la population de Jérusalem}}</ref>.
Selon l'historien de l'[[Empire ottoman]] [[François Georgeon]], jusqu'en 1880 la population juive en Palestine ne dépassait pas les {{nombre|24000|personnes}} et était issue d'un courant migratoire très irrégulier<ref>François Georgeon, ''Abdulhamid II : Le sultan calife'', Fayard, 19 novembre 2003, {{p.|332}}.</ref>.

==== Renaissance de l'hébreu ====
Dans les années 1880-1900 débutent les travaux pour la [[renaissance de l'hébreu]]. Les immigrés juifs parlaient alors le yiddish ou la langue de leur pays d'origine. L'hébreu était réservé à l'étude des textes et prières bibliques et talmudiques. [[Eliézer Ben Yehoudah]], issu d'une famille yiddishophone, immigre en Palestine en 1881 et se consacre à la renaissance de l'hébreu en commençant par en imposer l'usage à sa famille. Il rédige un grand dictionnaire hébraïque. Il se heurte aux oppositions de ceux qui préfèreraient l'allemand ou le français comme nouvelle langue nationale et de ceux pour qui l'usage profane de l'hébreu s'apparente au blasphème. Son premier succès est l'adoption de l'hébreu par le [[Technion]], la nouvelle école d'ingénieurs de [[Haïfa]], en 1913<ref>HUJ, L'hébreu, langue sacrée et profane</ref>.

=== Les débuts du sionisme (1896-1917) ===
{{Article détaillé|Sionisme|Histoire du sionisme}}
[[Fichier:Yemenite_elders_studying_Torah,_Ottoman_Palestine,_1906–1918.jpg|vignette|Viellards [[Juifs yéménites|yéménites]] ayant immigré en Palestine ottomane et étudiant la Torah]]
En 1896, officiellement à la suite des réflexions que lui inspire l'[[affaire Dreyfus]], un journaliste viennois juif, [[Theodor Herzl]], publie ''L'État des Juifs'' (''[[Der Judenstaat]]'') dans lequel il promeut la création d'un État pour les Juifs et en détaille les institutions et le fonctionnement. Il crée aussi l'organisation sioniste dont le premier congrès se réunit à Bâle en 1897 et qui va continuer son œuvre après sa mort en 1904. C'est l'organisation sioniste qui entérine le choix de la Palestine pour l'État des Juifs.

Le développement du sionisme combiné à la peur suscitée par les nouveaux [[pogroms de Kichinev|pogroms à Kichinev]], en 1903 et 1905, aboutissent à la deuxième vague d'immigration en terre d'Israël ou [[Alya#La seconde alya .281903-1914.29|deuxième aliyah]], qui amène quelques dizaines de milliers d'immigrants d'Europe orientale, parmi lesquels [[Yitzhak Ben-Zvi]] ou David Grün qui prend le nom hébreu de [[David Ben Gourion]]<ref name=DEJ1493>DEJ, p. 1493</ref>. Quelques étapes importantes pour le développement du yichouv marquent cette période : la création en 1903 de l'Anglo-Palestine Company, à l'origine du système bancaire moderne en Palestine ; l'apparition des premiers partis politiques juifs, socialisants, en 1905 ; la création, en 1907, du [[Fonds national juif]] ou Keren Kayemet LeIsrael, chargé de l'acquisition des terres en Palestine, la création de [[Bar-Guiora]], une organisation paramilitaire d'auto-défense en 1907<ref>Bar-Guiora donnera naissance, dès 1909, au mouvement [[Hashomer]] qui protège les établissements agricoles des razzias de nomades bédouins</ref> ; la fondation de [[Tel Aviv-Jaffa|Tel-Aviv]], en 1909, sur des dunes au nord de [[Jaffa]] ; la même année, la naissance du premier [[kibboutz]] à [[Degania]]<ref name=DEJ1493/> et en 1912, l'inauguration du [[Technion]] à Haïfa, la première université en Palestine<ref name=HUJ198>HUJ, La Palestine moderne</ref>.

Ce succès relatif de l'immigration juive en Palestine ne doit pas faire oublier qu'à la même époque, plus d'un million de Juifs, subissant notamment l'antisémitisme des populations russes et polonaises, préfère émigrer vers les [[Histoire des Juifs aux États-Unis|États-Unis]]. Les sionistes restent très minoritaires au sein des Juifs, où les orthodoxes, coalisés dans l'[[Agoudat Israel]], s'opposent très vivement à eux<ref>HUJ, Le sionisme</ref>. C'est aussi durant cette période qu'apparaissent les premiers signes d'opposition arabe au mouvement sioniste : en 1891, des notables arabes habitant Jérusalem protestent contre la vente de terres aux Juifs et des démarches sont faites auprès des autorités ottomanes, pour lutter contre l'arrivée de Juifs sur le territoire ; en 1908, sont fondés les premiers journaux nationalistes arabes ''Al-Karmel'' et ''Falistin''<ref name="DEJ1496"/>.

En 1918, à la fin de la période ottomane, la population juive est estimée entre {{nombre|56000|personnes}}<ref>DEJ, page 1494</ref> et {{nombre|82000|personnes}}<ref>HUJ, L'émergence de la nouvelle société</ref> et la population arabe, elle, compte plus de {{nombre|600000|personnes}}<ref name="DEJ1495"/>.

== Les Juifs dans la Palestine sous administration britannique (1917-1948) ==
=== L'installation de l'administration britannique (1917-1922) ===
{{Article connexe|Palestine mandataire}}
[[Fichier:Jewish legion hakotel 1917.jpg|left|thumb|1918. Soldats de la [[Légion juive]], près du Mur]]
[[Fichier:Weizmann and feisal 1918.jpg|thumb|L'émir [[Fayçal ibn Hussein|Fayçal]] et [[Chaim Weizmann]] (à gauche, portant aussi une tenue bédouine)]]
La [[Première Guerre mondiale]] bouleverse la géographie du [[Moyen-Orient]]. L'Empire ottoman est allié aux [[empires centraux]] et les Français et les Anglais comptent bien profiter d'une défaite turque pour se partager la région. Les [[accords Sykes-Picot]] attribuent la Palestine à l'influence britannique. Ces accords n'empêchent pas les Anglais de promettre aux Arabes, un royaume indépendant et aux Juifs, la construction d'un « foyer national » en Palestine. Ce dernier est l'objet de la [[déclaration Balfour de 1917]], inspirée par le chimiste et dirigeant sioniste [[Chaim Weizmann]].

Sur le plan militaire, les Anglais, sous la conduite du général [[Edmund Allenby]] et avec la participation d'une brigade juive, conquièrent la Palestine en 1917 et 1918 et nomment en 1920 une administration civile dirigée par un haut-commissaire civil Sir [[Herbert Samuel]]. En juillet 1922, la [[Société des Nations]] attribue à la [[Grande-Bretagne]] un mandat qui doit préparer la création d'un foyer national juif, tout en permettant à l'ensemble de la population de se gouverner<ref name=DEJ1496>DEJ, page 1496</ref>. Il précise par son article 2 que la Grande-Bretagne doit assumer « la responsabilité d’instituer dans le pays un état de choses politique, administratif et économique de nature à assurer l’établissement du foyer national pour le peuple juif (…) et à assurer également le développement d’institutions de libre gouvernement, ainsi que la sauvegarde des droits civils et religieux de tous les habitants de la Palestine, à quelque race ou religion qu’ils appartiennent »<ref name=AJ/>.

[[Fichier:PikiWiki_Israel_5635_Agriculture_in_Israel.jpg|vignette|Viticulteurs à [[Rishon LeZion]] au début des années 1920]]

Les sionistes avaient proclamé leur neutralité dès le début du conflit. Seuls Chaïm Weizmann et [[Vladimir Jabotinsky]] voient que la guerre va radicalement changer les choses<ref name=HUJ198/>. Ce dernier convainc les Anglais de créer un régiment juif (la [[légion juive]]), le 23 août 1917, qui regroupe 800 hommes et qui est envoyé en Palestine en février 1918<ref>HUJ, Les Juifs dans la Première Guerre mondiale</ref>. Chaim Weizmann se consacre à la diplomatie et obtient des Anglais la déclaration Balfour. Il participe à la préparation de la [[conférence de paix de Paris (1919)|conférence de la paix]] à Paris et il y signe, en 1919, un accord avec [[Fayçal ibn Hussein|Fayçal]], futur roi d'Irak<ref>{{Lien web|url=http://www.france-palestine.org/article1641.html|titre=Accords Fayçal-Weizmann (1919)|site=le site de l'Association France-Palestine|consulté le=8 mai 2009|date=16 février 2005}}</ref>.

Malgré ces accords, les premières émeutes anti-juives se produisent en mars-avril 1920 à Jérusalem puis en mai 1921 à Jaffa et contre des établissements agricoles, notamment les premiers kibboutz créés à partir de 1909. Ces émeutes font plus de 50 morts et sont attribuées par la commission Haycraft nommée par les Britanniques à la colère arabe contre l'immigration juive<ref name=DEJ1496/>. Cela débouche sur la publication du premier [[Livre blanc (Palestine mandataire)|Livre blanc]], dit le livre blanc [[Winston Churchill|Churchill]], visant à rassurer les Arabes, en limitant l'immigration juive. Mais ces émeutes débouchent aussi sur la création des unités de défense juive, la [[Haganah]] à partir des unités de l'organisation [[Hashomer]].

Cette période est celle de la [[Aliyah#La troisi.C3.A8me alya .281919-1923.29|troisième Aliyah]], suscitée par la déclaration Balfour et aussi les troubles d'Europe centrale et orientale, faisant suite à la Première Guerre mondiale. En 1921, est créé le premier [[moshav]] ou village coopératif de paysans indépendants dans la [[vallée de Jezreel]]<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/Society_&_Culture/moshavim.html|titre=The Moshav|site=le site de la Jewish Virtual Library|consulté le=8 mai 2009}}</ref>.

=== Les Juifs dans la Palestine sous mandat britannique (1922-1948) ===
==== De 1922 à 1939 ====
En 1922, l'hébreu, grâce aux efforts d'[[Éliézer Ben-Yehoudah]] devient une des langues officielles de la [[Palestine mandataire]] aux côtés de l'arabe et de l'anglais<ref>{{article|périodique=Yod - Revue des études hébraïques et juives|titre=La guerre des langues : pourquoi l’hébreu a triomphé|auteur=Ariane Bendavid|numéro=23|année=2021|lire en ligne=https://journals.openedition.org/yod/4177}}</ref>.

En 1921, le [[Abraham Isaac Kook|Rav Abraham Isaac Kook]] a été élu premier [[Grand-rabbinat d'Israël|grand-rabbin ashkénaze]] de la terre d'Israël, au côté du grand-rabbin séfarade. Les ''[[Juifs mizrahim|Mizrahim]]'', Juifs orientaux, sont dès lors assimilés aux séfarades, bien que leurs familles ne soient pour la plupart jamais passées par l'Espagne<ref>Étymologiquement, les séfarades sont les Juifs originaires d'Espagne. Le mot désigne souvent aujourd'hui tous les Juifs originaires du bassin méditerranéen ou du Moyen-Orient, alors que certaines communautés par exemple les Italiens ou les Irakiens ne sont ni ashkénazes (originaires d'Europe centrale), ni séfarades mais bien descendantes de communautés émigrées directement de la terre d'Israël durant l'antiquité.</ref>{{,}}<ref>{{lien web|titre=Ancient Jewish History: Jews of the Middle East and North Africa|site=Jewish Virtual Library|url=http://www.jewishvirtuallibrary.org/jews-of-the-middle-east}}</ref>. Il fonde en 1924, à Jérusalem, une [[yechiva]], [[Merkaz Harav]], qui se veut « favorable au sionisme, universelle dans sa vision des choses et son programme d'études »<ref>DEJ, Abraham Isaac Kook, p. 628</ref>. Par son influence, il contribue à l'émergence d'un [[sionisme religieux]], jusque-là marginal, voire inexistant.

Le {{1er}} avril 1925, l'[[université hébraïque de Jérusalem]] est solennellement inaugurée sur le [[mont Scopus]] en présence de Chaïm Weizmann, du général Allenby, de lord Balfour, du Rav Kook et du poète [[Haïm Nahman Bialik]]<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.huji.ac.il/huji/eng/aboutHU_history_e.htm|titre=About the University - History|site=Université Hébraïque de Jérusalem|consulté le=8 mai 2009}}</ref>. Cette université symbolise le triomphe des idées d'[[Eliézer Ben Yehoudah]], qui est mort en 1922.

En 1920, avait été créée la [[Histadrout]], la centrale syndicale des travailleurs juifs de Palestine, dont le premier secrétaire général est [[David Ben Gourion]]. En 1925 commence à paraître son journal, ''[[Davar]]''.

En 1929, l'organisation sioniste mondiale crée l'[[Agence juive]] qui va aider à l'administration du foyer national juif, en vertu du mandat de la Société des Nations : pour assister la Grande-Bretagne dans cet objectif, « un organisme juif convenable sera officiellement reconnu et aura le droit de donner des avis à l’administration de la Palestine et de coopérer avec elle dans toutes questions économiques, sociales et autres, susceptibles d’affecter l’établissement du foyer national juif et les intérêts de la population juive en Palestine, et, toujours sous réserve du contrôle de l’administration, d’aider et de participer au développement du pays »<ref name=AJ>{{Lien web|url=http://www.jewishagency.org/JewishAgency/French/home/Lhistoire+de+lAgence+Juive|titre=Histoire de l'Agence Juive|consulté le=8 mai 2009|site=jewishagency.org}}</ref>.

Cette période relativement paisible d'essor du Yichouv permet la [[Aliyah#La quatri.C3.A8me alya .281924-1928.29|quatrième aliyah]], datée de 1924 à 1928, qui subit la politique des quotas américaine, limitant l'immigration aux États-Unis des personnes originaires d'Europe orientale.

La situation s'aggrave brutalement en 1929 avec de violentes [[Massacre d'Hébron (1929)|émeutes antijuives à Hébron]], [[Jérusalem]] et [[Safed]], qui font près de cent-cinquante victimes juives et de quatre-vingt dix victimes arabes lors de la répression britannique<ref name=DEJ1496/> selon le Dictionnaire Encyclopédique du Judaïsme et 136 victimes arabes et 135 juives selon [[Henry Laurens]]<ref>{{Ouvrage | langue=fr | prénom1=Henry | nom1=Laurens | lien auteur1=Henry Laurens | titre=La Question de Palestine | sous-titre=Tome 2 - Une mission sacrée de civilisation (1922-1947) | tome=2 | éditeur=[[Fayard (maison d'édition)|Fayard]] | année=2002 | mois=mars | jour=27 | pages totales=704 | passage=179 | isbn=978-2-213-61251-5}}</ref>. Pour la première fois depuis les Croisés, les Juifs sont obligés d'abandonner Hébron, leur seconde ville sainte où, d'après la tradition, sont enterrés [[Abraham]] et [[Sarah (Bible)|Sarah]].

De nouveau, les Anglais nomment une commission d'enquête qui tend à dédouaner le [[Amin al-Husseini|grand mufti de Jérusalem]] de ses responsabilités<ref name=DEJ1496/> et qui aboutit à un [[Livre blanc (Palestine mandataire)#Deuxième livre blanc, 21 octobre 1930|second livre blanc]] restreignant les acquisitions foncières et l'immigration juive<ref name=DEJ1497>DEJ, p. 1497</ref>. Chaïm Weizmann obtient dès 1931 la quasi-annulation de ce livre blanc, ce qui va entraîner la confrontation directe avec les Arabes et les Anglais<ref name=DEJ1497/>.

[[Fichier:Bundesarchiv Bild 146-1987-004-09A, Amin al Husseini und Adolf Hitler.jpg|thumb|right|Rencontre du grand mufti, Amin al-Husseini avec Hitler en 1941.]]

Après une période de violents affrontements anglo-arabes, de 1933 à 1936, les Arabes constituent le 25 octobre 1936 le [[Haut Comité arabe]], sous la direction du grand [[mufti]] de Jérusalem, [[Amin al-Husseini]]. Les Anglais répondent en augmentant le nombre de policiers juifs et politiquement par une nouvelle [[Commission Peel|commission d'enquête, sous la direction de Lord William Peel]], qui propose un premier partage de la Palestine : une région juive (la [[Galilée (région)|Galilée]] et une partie de la plaine côtière), une région arabe (Judée-Samarie et Négev) et une région sous contrôle britannique (Jérusalem)<ref name=DEJ1497/>. Les Juifs refusent le plan en espérant l'améliorer. Le Haut Comité arabe le rejette totalement, mais l'[[émir]] [[Abdallah Ier de Jordanie|Abdallah]] de [[Jordanie|Transjordanie]] l'accepte<ref name=DEJ1497/>. Après l'assassinat du commissaire régional britannique en Galilée, la répression anti-arabe par les Anglais est très dure (plus de {{nombre|5000|morts}}), le Haut Comité arabe est dissous et Amin al-Husseini est exilé<ref name=DEJ1498>DEJ, page 1498</ref>.

==== La vie culturelle ====
Cette vie politique violente s'accompagne pourtant d'un développement culturel important : l'hébreu devient la langue effective du Yichouv, c'est la langue de la presse et la littérature avec [[Haïm Nahman Bialik|Bialik]] et [[Shmuel Yosef Agnon|Agnon]] (futur [[prix Nobel]] de littérature) qui obtient en 1934 le prix Bialik ; le théâtre [[Habima]] de [[Moscou]] s'installe à [[Tel Aviv-Jaffa|Tel-Aviv]] en 1928 et deviendra le théâtre national israélien ; les fouilles débutent sur le site de Massada en 1932 ; l'orchestre symphonique de Palestine, aujourd'hui orchestre symphonique d'Israël, donne son premier concert en 1936 avec [[Arturo Toscanini]] au pupitre ; en 1938, [[Martin Buber]] s'installe à Jérusalem ; le journal [[Yediot Aharonot]], aujourd'hui le plus fort tirage d'Israël, commence à paraître en 1939<ref>HUJ, L'invention de la culture hébraïque moderne</ref>. C'est aussi l'époque où s'élèvent les bâtiments de style [[Bauhaus]] de Tel-Aviv (la « Cité blanche »), aujourd'hui classés au [[patrimoine mondial|patrimoine mondial de l'humanité]] par l'[[Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture|Unesco]].

==== Démographie ====
La [[Aliyah#La cinqui.C3.A8me alya .281929-1939.29|cinquième aliyah]], de 1933 à 1939, voit arriver un nombre considérable de Juifs allemands, qui fuient les [[Nazisme|Nazis]] et apportent avec eux capitaux et savoir-faire. La population de Tel-Aviv, créée en 1909, atteint {{nombre|150000|personnes}} en 1936<ref name=DEJ1495>DEJ, page 1495</ref>. La population alors est en 1945 de {{formatnum:550000}} Juifs et {{formatnum:1200000}} Arabes<ref name=DEJ1495/>.

=== De 1939 à l'indépendance (14 mai 1948) ===
La révolte arabe conduit les Juifs à revoir leur stratégie de défense du Yichouv : les [[kibboutz]]im et [[moshav]]im s'équipent d'une enceinte, d'une tour de guet et de groupes ou sections de sécurité, la Haganah forme ses premiers commandos. En marge du mouvement sioniste officiel, l'[[Irgoun]], organisation droitière sioniste, sous l'influence de [[Vladimir Jabotinsky|Jabotinsky]], s'engage à partir de novembre 1937 dans une politique de terrorisme systématique contre les civils arabes.

Devant les menaces de guerre avec l'[[Allemagne]], les Anglais veulent éviter que les Arabes ne rejoignent les forces de l'[[Axe Rome-Berlin-Tokyo|Axe]] et publient en mai 1939 un [[Livre blanc (Palestine)#Troisième livre blanc, 17.C2.A0mai.C2.A01939|troisième Livre blanc]] qui réduit drastiquement l'immigration juive en Palestine ({{formatnum:10000}} visas par an pendant 5 ans et {{formatnum:25000}} visas de réfugiés et, de fait, seuls {{nombre|15000|immigrants}} arrivent en Palestine de 1939 à 1945<ref name=DEJ1498/>), qui interdit la vente de terre aux Juifs sur 80 % du territoire et qui promet la création d'un État palestinien indépendant dans les 10 ans<ref name=DEJ1498/>. Aussi, en septembre 1939, David Ben Gourion peut-il déclarer : « Nous ferons la guerre comme s'il n'y avait pas de Livre blanc, et nous combattrons le Livre blanc comme si la guerre n'existait pas »<ref>{{Lien web|url=http://www.jafi.org.il/education/100/french/chrono.html|titre=Un siècle de sionisme - Chronologie|site=Agence Juive|consulté le=9 mai 2009}}</ref>. De leur côté, les Arabes acceptent les termes de ce livre blanc, même si le grand mufti de Jérusalem demande l'indépendance immédiate de la Palestine.

Pendant la guerre, des volontaires juifs de Palestine rejoignent les forces britanniques<ref name=HUJ230>HUJ, La Palestine dans la seconde guerre mondiale</ref> (c'est en combattant les Français de [[Régime de Vichy|Vichy]] que [[Moshe Dayan]] perd un œil) et le 6 août 1942, les Britanniques, qui avaient voulu créer des unités judéo-arabes palestiniennes, annoncent, à la suite du peu d'empressement des Arabes, la formation de bataillons juifs puis, en 1944, la formation d'une brigade juive, qui est engagée en Italie en 1945<ref name=HUJ230/>. Ces troupes juives se sont notamment illustrées près de [[Bataille de Bir Hakeim|Bir-Hakeim]] dès juin 1942, quand le général [[Marie-Pierre Kœnig|Kœnig]] fait saluer par ses légionnaires le drapeau d'un détachement juif, pour sa résistance face aux Allemands<ref>{{Lien web|url=http://www.resistancejuive.org/Archives_OJC/archives_journal/1_23/Docs/23/23.htm|titre="Quand Même"… Archives du journal Renaissance, journal de l'OJC (années 1944-1946)|site=Archives de l'[[Armée juive|OJC]]|consulté le=13 juillet 2010}}</ref>.

Sur le plan politique, la guerre est marquée par la conférence sioniste du 11 mai 1942 à [[New York]], qui proclame que la Palestine doit devenir un État juif (''Jewish Commonwealth'')<ref name=DEJ1499>DEJ, p. 1499</ref>.

Dès mai 1944, l'Irgoun reprend ses opérations anti-britanniques et elle est rejointe par la Haganah en octobre 1945. Mais après l'arrestation de l'exécutif de l'Agence juive, le 29 juin 1946, la Haganah cesse la lutte armée contre les Britanniques que continue l'Irgoun et qui culmine dans l'attentat contre l'[[hôtel King David]] qui fait une centaine de morts.

Malgré les souhaits d'une commission d'enquête anglo-américaine créée en 1946 d'accorder {{formatnum:100000}} visas pour la Palestine devant être accordées aux réfugiés juifs souhaitant venir en Palestine, les Anglais interdisent toute immigration légale et la Haganah se consacre à favoriser l'immigration clandestine ; ainsi, {{formatnum:70000}} illégaux peuvent rejoindre, depuis l'Europe, la Palestine<ref name=DEJ1499/>. L'affaire de l'[[Exodus 1947]], où 4500 réfugiés se voient contraints de retourner en Allemagne, bouleverse ainsi l'opinion mondiale.

La Grande-Bretagne confie alors en mars 1947 le dossier à l'[[Organisation des Nations unies]] qui, avec le soutien des États-Unis et de l'Union soviétique et malgré l'opposition de tous les pays arabes, votent le [[plan de partage de la Palestine]], le 29 novembre 1947, ce qui provoque des manifestations de joie de la part des Juifs et de colère de la part des Arabes de Palestine. Ce plan de partage divise la Palestine en trois secteurs : l'un arabe, représentant environ 45 % du territoire, l'autre juif qui dispose de 55 % du territoire et le troisième est la ville de Jérusalem et Bethléem, qui devra être géré par un comité international, sous l'autorité de l' ONU.

Le 14 mai 1948, David Ben Gourion, président du Yichouv, proclame à 16 heures au musée des Beaux-Arts de Tel Aviv l'indépendance de l'État d'Israël, qui est attaqué dès le 15 mai par les États arabes suivants : Jordanie, Égypte, Syrie, Irak et Liban.

== Les Juifs dans l'État d'Israël, de 1948 à nos jours ==
{{Article détaillé|Israël|Histoire de l'État d'Israël|conflit israélo-arabe}}
[[Fichier:PikiWiki_Israel_2612_Agriculture_in_Israel_בנות_המושב_בזמן_חגיגות_הקציר.jpg|vignette|Filles juives du moshav Beit Hanan avant la récolte ( début 1950)]]
[[Fichier:Ethiopie.Kotel.JPG|thumb|left|Juifs d'[[Éthiopie]] au Mur occidental]]
Ben Gourion avait déclaré en 1937 : « J’ai toujours fait la différence entre Eretz Israël et un État en Eretz Israël »<ref name=mondip>{{Lien web|url=http://www.monde-diplomatique.fr/2000/11/SCHATTNER/14412|titre=Jérusalem, mythe et réalités|auteur=[[Marius Schattner]]|site=[[Le Monde diplomatique]]|date=novembre 2000|consulté le=10 mai 2009}}</ref> mais paradoxalement, avec l'indépendance de l'État d'Israël et la souveraineté des Juifs sur une grande partie de la terre d'Israël, les Juifs perdent accès à la Judée, à la [[vieille ville de Jérusalem]] où ils s'étaient maintenus sous toutes les périodes de domination arabe ou ottomane et au Mur occidental. Le 13 décembre 1949, devant les députés israéliens (élus en janvier 1949), Ben Gourion, allors chef du gouvernement israélien, proclame que Jérusalem est capitale d'Israël, ce qui est contraire au plan de partage de 1947, qui donnait un statut international à Jérusalem. En janvier 1950, le gouvernement israélien réaffirme sa volonté de considérer Jérusalem comme capitale du nouvel État juif, créé depuis le 14 mai 1948.

Le 5 juillet 1950, la [[Knesset]] (le parlement israélien) vote la [[loi du retour]] qui donne à tout Juif le droit d'immigrer en Israël et qui donne ''de jure'' la citoyenneté israélienne à tout Juif ayant foulé le sol de l'État d'Israël, par tout moyen d'accès.

En 1953 et en 1980, deux lois précisent le fonctionnement du [[grand-rabbinat d'Israël]] et en fixent les domaines d'intervention : le Grand-Rabbinat, dominé depuis l'indépendance par les orthodoxes, administre la vie religieuse et familiale des Juifs israéliens, pour ce qui concerne mariages, divorces et conversions. Toutefois, le 31 mars 2015, une décision de la [[Cour suprême d'Israël]] remet en question le statut du Grand-Rabbinat en décidant que les personnes ayant effectué une conversion devant tout tribunal rabbinique orthodoxe, en Israël ou à l’étranger, seront reconnues comme juives et donc admissibles à la citoyenneté israélienne<ref>{{lien web|url=http://fr.timesofisrael.com/letat-doit-reconnaitre-les-conversions-orthodoxes-privees-selon-la-cour-supreme/|titre=L’État doit reconnaître les conversions orthodoxes privées, selon la Cour Suprême|site=The Times of israel|date=01-04-2016|auteur=Adiv Sterman}}</ref>. En avril 2016, le Grand-Rabbinat réduit considérablement la portée de cette décision en publiant une liste limitée de cent cinquante rabbins orthodoxes établis hors d'Israël et dont les décisions sont acceptables pour l’établissement de l’identité juive d’un plaignant<ref>{{lien web|url=http://fr.timesofisrael.com/la-liste-des-rabbins-acceptables-compte-2-qui-ont-ete-deshonores-aux-etats-unis/|titre=La liste des rabbins “acceptables” compte 2 qui ont été “déshonorés” aux Etats-Unis|site=The Times of Israel|date=19 avril 2016|auteur=Amanda Borschel-Dan}}</ref>.

En Israël même, l'opposition est et reste forte d'une part entre les Juifs orthodoxes représentés par les partis religieux et la majorité laïque et d'autre part entre les Séfarades et les Ashkénazes, au point même de susciter dans les années 1990 un parti religieux séfarade, le [[Shass]] face aux partis religieux ashkénazes<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/Politics/shas.html|titre=Shas|consulté le=13 mai 2009|site=Jewish Virtual Library}}</ref>.

Toutefois, Israël reste uni face à l'opposition des pays arabes et à l'autre grande difficulté à laquelle doit faire face le nouvel État, à savoir l'intégration de près de six cent mille juifs devant fuir les pays arabes entre 1948 et 1962<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/History/jewref.html|titre=Jewish Refugees from Arab Countries|site=Jewish Virtual Library|consulté le=10 mai 2009}}</ref>. Israël sera même amené à organiser cette émigration avec l'[[opération Tapis volant]] pour les [[Histoire des Juifs au Yémen|Juifs du Yémen]] en 1949-1950 et l'[[opération Ezra et Néhémie]] pour les [[Histoire des Juifs en Irak|Juifs d'Irak]] en 1950-1951. La population israélienne qui comprenait environ sept cent mille Juifs en mai 1948, atteint, en 1967, 2,4 millions d'habitants en 1967<ref>HUJ, L'état d'Israël, les années de formation</ref>.

La [[guerre des Six Jours]], du 5 au 10 juin 1967, donne à Israël le contrôle de toute la Cisjordanie - ou Judée-Samaire pour les Israélien s- , sur la rive occidentale du [[Jourdain]]. Les Juifs ont de nouveau accès à Jérusalem au quartier juif de la vieille ville et au [[Mur des Lamentations|Mur occidental]] où est créé une grande place, afin de favoriser les rassemblments de prière , en détruisant des dizaines de maisons habitées par des Arabes, dans le quartier dit « des Magrébins ». Toutefois, dès le 17 juin 1967, [[Moshe Dayan]] confirme au [[Waqf de Jérusalem|Waqf]], (le conseil d'administration des lieux saints musulmans de Jérusalem) le contrôle du [[Esplanade des mosquées|Haram al-Sharif]], c'est-à-dire du [[mont du Temple]]<ref name=mondip/>.

La fin des années 1980 et les années 1990 voient une très forte immigration (plus d'un million de personnes) en provenance de [[Russie]] et plus généralement de l'ex-[[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]]<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.jewishvirtuallibrary.org/jsource/Immigration/FSU.html|titre=Immigration from the Former Soviet Union|site=Jewish Virtual Library|consulté le=10 mai 2009}}</ref>, soit plus du tiers de toute l'immigration jamais reçue en Israël.

L'[[Communauté russe d'Israël|immigration des Juifs de Russie]], dont certains n'ont de juif que le nom d'un grand-père ({{référence nécessaire|selon le principe « si quelqu'un est assez juif pour avoir été persécuté par les nazis-qui remontaient aux grands-parents-il est assez juif pour être accueilli en Israël »|date=26 septembre 2023}}), de même que le sauvetage des [[Falashas|Juifs d'Éthiopie]] à travers les opérations [[opération Moïse|Moïse]] et [[opération Salomon|Salomon]], remet dans l'actualité la question de savoir [[identité juive|qui est juif]]. Elle peut être parfois résolue différemment par les autorités israéliennes et le [[Grand-rabbinat d'Israël|grand rabbinat]].

Les [[accords d'Oslo]], signés à [[Washington (district de Columbia)|Washington]] le 13 septembre 1993, jettent les bases d'un futur État palestinien au côté de l’État d'Israël sur le territoire el, une des questions non résolues et très sensibles reste le statut des villes et villages établis par les Israéliens, à l'intérieur du territoire qui était [[jordanie]]n de mai 1948 à juin 1967. Israël doit-il les conserver ou doit-il les donner à l’État palestinien ? Dans ce dernier cas, faut-il évacuer leurs citoyens ou en faire des Palestiniens juifs comme il y a des Israéliens arabes<ref>Cette solution a été évoquée par le négociateur palestinien [[Ahmed Qoreï]], selon les [[Révélations de documents secrets sur les négociations au Proche-Orient par Al-Jazira|Palestine Papers]] produits par [[Al Jazeera]]. Ahmed Qorei dit en effet : « Cela m'est égal si les Israéliens deviennent citoyens palestiniens. Qu'ils restent. » Voir {{Lien web|langue=en|url=http://www.guardian.co.uk/world/palestine-papers-documents/2618|titre=The Palestine papers: Israel responds to land-swap proposals|site=[[The Guardian]]|date=23 janvier 2011|consulté le=28 janvier 2011}}, p. 12</ref> ?

Une autre question sensible reste le statut de Jérusalem dont les Israéliens et aussi les Palestiniens, depuis 1988, font leur capitale<ref>Depuis la Déclaration d'indépendance de la Palestine de 1988, l'[[Organisation de libération de la Palestine|OLP]] revendique Jérusalem comme capitale en faisant valoir que cette ville était la capitale de la région sous les administrations turque et britannique et que les Arabes y étaient les plus nombreux jusqu'à l'immigration juive. Voir {{Lien web|langue=en|url=http://www.nad-plo.org/inner.php?view=nego_permanent_jerusalem_related_hjstatinterp|titre= The Status of Jerusalem in International Law|site=PLO Negotiations Affairs Department|consulté le=13 mai 2009}}</ref>. Ces questions restent d'autant plus d'actualité que le 29 novembre 2012, l'[[Assemblée générale des Nations unies]] donne le statut d'État observateur non membre à la Palestine<ref>{{lien web|url=https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/11/29/la-palestine-devient-etat-non-membre-permanent-a-l-onu_1798052_3218.html|titre=La Palestine devient Etat observateur non membre à l'ONU|date=30 novembre 2011|site=Le Monde|auteur=[[Gilles Paris]]}}</ref>. En 2017, Israël quitte l'UNESCO après les votes des [[décisions « Palestine occupée » du conseil exécutif de l'UNESCO]] et l'inscription de la vieille ville d'[[Hébron#Classement au Patrimoine mondial de l'Unesco|Hébron]] sur la [[liste du patrimoine mondial en péril]] car, pour les Israéliens, ces décisions nient le caractère juif de [[Jérusalem]] et d'[[Hébron]]<ref>{{lien web|site=Le Figaro|url=http://www.lefigaro.fr/international/2017/10/12/01003-20171012ARTFIG00211-les-etats-unis-se-retirent-de-l-unesco.php|titre=Les États-Unis et Israël quittent l'Unesco|date=12 octobre 2017}}</ref>.

La fin de l'année 2011 voit de violents affrontements entre ultraorthodoxes juifs et le gouvernement israélien à propos de la conduite des femmes dans les quartiers où ils vivent. Celles-ci y doivent se comporter suivant leurs principes anciens et très stricts, dont le non-respect peut entraîner des réactions violentes<ref>{{Lien web|url=https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-monde/20120101.RUE6798/israel-confronte-aux-provocations-des-ultra-religieux-juifs.html|titre=Israël confronté aux provocations des ultra-religieux juifs|date=1er janvier 2012|site=[[Rue89]], nouvelobs.com|auteur=[[Pierre Haski]]}}</ref>.

En 2012, c'est l'arrivée à expiration de la loi permettant aux Juifs religieux d'éviter le service militaire depuis 1948 qui fait polémique car le gouvernement et l'opinion se déchirent quant au contenu de la nouvelle loi qui devrait être votée avant le {{1er}} août 2012<ref>{{Lien web|url=https://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2012/07/18/les-enjeux-du-debat-sur-la-la-conscription-en-israel_1735103_3218.html|titre=Les enjeux du débat sur la conscription en Israël|site=Le Monde|date=18 juillet 2012|auteur=Laure Beaulieu}}</ref>. En l'absence de nouvelle législation, les Juifs orthodoxes doivent faire leur service militaire<ref>{{Lien web|langue=en|url=https://www.bbc.co.uk/news/magazine-19492627|titre=Israel's ultra-Orthodox fight to be exempt from military service|site=BBC|auteur=Linda Pressly|date=11 septembre 2012}}</ref>. Le combat politique et les violentes manifestations se poursuivent sur ce sujet en 2017<ref>{{lien web|url=http://www.lepoint.fr/monde/israel-les-juifs-ultra-orthodoxes-protestent-contre-le-service-militaire-obligatoire-17-09-2017-2157740_24.php|site=Le Point|titre=Israël : les juifs ultra-orthodoxes protestent contre le service militaire obligatoire|auteur=AFP|date=17 septembre 2017}}</ref> et sont une des causes de la dissolution de la Knesset en décembre 2018<ref name="timesofisrael.com DF1">{{lien web|url=https://fr.timesofisrael.com/elections-anticipees-le-9-avril-netanyahu-veut-toujours-une-coalition-de-droite|titre=Élections anticipées le 9 avril : Netanyahu veut toujours une coalition de droite|site=The Times of Israel|date=24 décembre 2018|auteur=Raoul Wootliff}}</ref>.

En 2020 et 2021, la [[pandémie de Covid-19 en Israël|pandémie de Covid-19]] donne lieu à une nouvelle opposition violente entre ultra-orthodoxes et le reste de la population juive d'Israël. En effet, des groupes ultra-orthodoxes refusent à plusieurs reprises les mesures de gestes-barrières et se rassemblent en grand nombre notamment à l'occasion de funérailles de rabbins célèbres, ce qui donne lieu parfois à de véritables émeutes<ref>{{Lien web |titre=Manifestation ultra-orthodoxe à Modiin Illit après l’arrestation de fidèles|url=https://fr.timesofisrael.com/manifestation-ultra-orthodoxe-a-modiin-illit-apres-larrestation-de-fideles/|site=The Times of Israel |date=29 septembre 2020}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Nouveaux affrontements entre émeutiers ultra-Orthodoxes et policiers|url=https://fr.timesofisrael.com/nouveaux-affrontements-entre-emeutiers-ultra-orthodoxes-et-policiers/|site=The Times of Israel |date=24/1/2021}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|titre=Le grand rabbin dénonce les émeutiers haredi qui « profanent le nom de Dieu »|url=https://fr.timesofisrael.com/le-grand-rabbin-denonce-les-emeutiers-haredi-qui-profanent-le-nom-de-dieu/|site=The Times of Israel|date=25 janvier 2021}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=Deuxième grand enterrement d’un rabbin ultra-orthodoxe, malgré le confinement|url=https://fr.timesofisrael.com/deuxieme-grand-enterrement-dun-rabbin-ultra-orthodoxe-malgre-le-confinement/|site=The Times of Israel |date=1/2/2021}}</ref>.
{{clr}}

Le {{1er}} mars 2021, la [[Cour suprême d'Israël]] statue que les personnes qui se sont converties au judaïsme en Israël par le biais des mouvements [[Judaïsme réformé|Réformé]] et [[Judaïsme massorti|Massorti]] doivent être reconnues comme juives aux fins de la [[Loi du retour]] et ont donc à ce titre droit à la citoyenneté israélienne<ref>{{lien web|titre=La Cour suprême reconnaît les conversions des Juifs libéraux faites en Israël|site=The Times of israel|url=https://fr.timesofisrael.com/la-cour-supreme-disrael-reconnait-les-conversions-faites-par-les-juifs-liberaux/|date=1/3/2021}}</ref>. Les juges ont statué que les conversions au judaïsme effectuées en Israël par les mouvements réformés et massorti doivent désormais être considérées comme valables aux fins de la citoyenneté et ainsi les autorités juives orthodoxes n'ont plus le monopole de pouvoir conférer le statut de « juif » au sein de l’État juif. Cette décision constitue donc {{citation|la joie pour la gauche non orthodoxe, l’horreur pour la droite orthodoxe}}<ref>{{lien web|url=https://fr.timesofisrael.com/conversions-liberales-larret-de-la-cour-annonce-une-bataille-entre-juifs/|titre=Conversions libérales: L’arrêt de la Cour annonce une guerre au cœur du judaïsme|auteur=[[David Horovitz]]|site=The Times of Israel|date=2 mars 2021}}</ref>.

En 2023, les ultra-orthodoxes qui représentent plus de 10 % de la population et dont nombre d’entre eux ne travaillent pas pour se consacrer à l’étude de la [[Torah]] bénéficient de subventions et d'exonérations fiscales défendues par les partis politiques qui les représentent et qui sont membres de la coalition gouvernementale de [[Benyamin Netanyahou]]. Ces subventions et exonérations leur attirent l’hostilité d’une grande partie des Juifs Israéliens non religieux, qui les accuse de vivre à leur frais<ref>{{lien web|titre=La refonte judiciaire bouleverse les clivages politiques en Israël|url=https://fr.timesofisrael.com/la-refonte-judiciaire-bouleverse-les-clivages-politiques-en-israel/|date=6 avril 2023|auteur=AFP|site=The Times of israel}}</ref>.

=== Massacre du 7 octobre 2023 ===
Le 7 octobre 2023, les habitants du sud d'Israël, au pourtour de la bande de Gaza, Israéliens juifs ou arabes (souvent Bédouins)<ref>{{lien web|site=France 24|titre=Les Bédouins d'Israël, ces autres victimes de l'attaque du Hamas|url=https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20231017-les-b%C3%A9douins-d-isra%C3%ABl-ces-autres-victimes-des-attaques-du-hamas|date=17 octobre 2023}}</ref> et travailleurs ou visiteurs étrangers sont victimes d'un massacre {{incise|parfois appelé [[pogrom]]<ref>{{lien web|titre=Le pogrom du 7 octobre 2023 : la dimension exterminatrice d’un crime|url=https://www.leddv.fr/analyse/le-pogrom-du-7-octobre-2023-la-dimension-exterminatrice-dun-crime-20231028|auteur=Marie Moutier-Bitan|date=28 octobre 2023}}</ref>, le premier en terre d'Israël depuis la création de l'État<ref>{{lien web|site=l'Opinion|titre=Attaque du Hamas: un pogrom en terre d’Israël|url=https://www.lopinion.fr/international/attaque-du-hamas-un-pogrom-en-terre-disrael|date=9 octobre 2023|auteur=Jean-Dominique Merchet}}</ref>}} organisé par le [[Hamas]] qui fait environ {{unité|1200|morts}} et dont s'ensuit depuis 2023 la [[Guerre Israël-Hamas (depuis 2023)|guerre Israël-Hamas]].
{{Article détaillé|Attaque du Hamas contre Israël|Guerre Israël-Hamas (depuis 2023)}}

== Notes et références ==
{{Traduction/Référence|en|History of the Jews in the Land of Israel}}
{{Références}}
<small>
* AJ - Flavius Josèphe, Antiquités juives
* BD - [[Israël Finkelstein]] et [[Neil Asher Silberman]], [[la Bible dévoilée]]
* DEJ - Geoffrey Wigoder, Dictionnaire encyclopédique du judaïsme
* GJ - Flavius Josèphe, la Guerre des Juifs
* HJ - Hisch Graetz, Histoire des Juifs
* HP - Moshe Gil, A History of Palestine (634 - 1099)
* HUJ - Elie Barnavi, Histoire Universelle des Juifs
* JE - Jewish Encyclopedia
</small>

== Voir aussi ==
=== Articles connexes ===
* [[Histoire du peuple juif]]
* [[Datation de la Bible]]
* [[Histoire de la Palestine]]
* [[Israël antique]]

==== Archéologie ====
* [[Natoufien]], [[Vénus de Berekhat Ram]]
* {{Lien|langue=en|trad=Archaeology of Israel|fr=Archéologie en Israël}}, {{Lien|langue=en|trad=Harifian|fr=Harifian}}
* {{Lien|langue=en|trad=Levantine archaeology|fr=Archéologie au Levant}}

=== Bibliographie ===
Une des difficultés pour l'écriture de cet article est de s'assurer de l'historicité des sources anciennes. Beaucoup d'entre elles sont religieuses, juives ou chrétiennes et à ce titre, ne versent pas nécessairement dans l'exactitude historique. Le premier historien à traiter de ces sujets est Flavius Josèphe, mais comme il a joué dans les événements un rôle de premier plan très critiqué, il cherche à se justifier. Quant aux événements plus anciens qu'il relate dans les Antiquités Juives, c'est en s'appuyant sur les livres des Maccabées, qui présentent les choses du point de vue juif ou chrétien.

Au {{s-|XIX}}, l'Histoire des Juifs d'[[Heinrich Graetz]] est un des premiers ouvrages modernes à traiter du sujet. La [[Jewish Encyclopedia]] est une source aisément consultable et souvent remarquable de précision. Plus récemment, le Dictionnaire encyclopédique du Judaïsme, sous la direction de [[Geoffrey Wigoder]] et l'Histoire Universelle des Juifs, sous la direction d'[[Élie Barnavi]] permettent d'avoir le point de vue des historiens contemporains. Dans les années 2000, les thèses proposées dans [[la Bible dévoilée]] d'[[Israël Finkelstein]] et de [[Neil Asher Silberman]] ont été largement diffusées même si l'on manque encore du recul nécessaire pour assurer leur solidité.

Le premier auteur de cet article ayant fait l'effort de citer systématiquement ses sources, il remercie ceux qui ne manqueront pas de l'améliorer, de faire de même. N'ayant pas utilisé de sources arabes, il remercie ceux qui auraient accès notamment à l'œuvre d'[[Al-Muqaddasi]] de compléter cet article.

* {{Lien web|titre=''Écrits historiques'' (présentés par Ferdinand Delaunay) |url=https://books.google.be/books?id=7lwLAAAAIAAJ&pg=PA391&dq=Philon+d%27Alexandrie&hl=fr&source=gbs_selected_pages&cad=0_1#PPR3,M1|auteur=[[Philon d'Alexandrie]]|site=Google - Recherche de livres|consulté le=9 avril 2009}}.
* {{Lien web|titre=''Antiquités Juives''|url=http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/intro.htm#JUDA0|auteur=Flavius Josèphe, traduit par René Harmand|site=site de l'antiquité grecque et latine|consulté le=9 avril 2009}}. Dans le corps de cet article, les références vers cet ouvrage sont identifiées par les initiales '''AJ''' suivies des références.
* {{Lien web|titre=''La guerre des Juifs''|url=http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Flajose/intro.htm#GUERRE_|auteur=Flavius Josèphe, traduit par René Harmand|site=site de l'antiquité grecque et latine|consulté le=9 avril 2009}}. Dans le corps de cet article, les références vers cet ouvrage sont identifiées par les initiales '''GJ''' suivies des références.
* {{Lien web|url=http://remacle.org/bloodwolf/historiens/Dion/livre69.htm|titre=''Histoire romaine'', tome neuvième, livre LXIX|auteur=[[Dion Cassius]], traduit du grec par E. Gros}}. Cet historien romain a donné un des rares résumés antiques de la [[révolte de Bar Kokhba]]. Toutefois, il ne donne pas le nom des chefs juifs.
* [[Heinrich Graetz|Hirsch Graetz]], ''[http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/GHI/Graetz/Histoire_Juifs/H_Juifs_00.htm Histoire des Juifs]'', éditeur François-Dominique Fournier (l'édition originale est parue de 1853 à 1875). Dans le corps de cet article, les références vers cet ouvrage sont identifiées par les initiales '''HJ''' suivies d'un lien vers le chapitre pertinent.
* {{Jewish Encyclopedia||||||}} Dans le corps de cet article, les références vers la Jewish Encyclopedia sont identifiées par les initiales '''JE''' suivies du titre de l'article ou du paragraphe de cette encyclopédie.
* Ouvrage collectif sous la direction d'[[Élie Barnavi]], ''Histoire universelle des Juifs'', Hachette, 1992, {{ISBN|2-010163346}}. Dans le corps de cet article, les références vers cet ouvrage sont identifiées par les initiales '''HUJ''' suivies du titre de l'article.
* {{en}} [[Haim Hillel Ben-Sasson]], ''A History of the Jewish People'' (dir.), [[Harvard University Press]], {{ISBN|0674397304}} (0-674-39730-4) ; [[Orion Publishing Group]], Limited, {{ISBN|0297770705}} (0-297-77070-5)
* {{en}} [[Moshe Gil]], ''A History of Palestine, 634-1099''. Cambridge and New York: Cambridge University Press, 1992. [https://books.google.com/books?id=M0wUKoMJeccC&printsec=frontcover&dq=inauthor:moshe+inauthor:gil&lr=&as_drrb_is=q&as_minm_is=0&as_miny_is=&as_maxm_is=0&as_maxy_is=&as_brr=0&as_pt=ALLTYPES#PPP1,M1 Cet ouvrage est partiellement disponible sur Google books]. Dans le corps de cet article, les références vers cet ouvrage sont identifiées par les initiales '''HP''' suivies du numéro de page. Cette œuvre est notamment fondée sur les documents trouvés dans la [[Guenizah du Caire]].
* {{Ouvrage | langue=fr | prénom1=Mireille | nom1=Hadas-Lebel | lien auteur1=Mireille Hadas-Lebel | titre=Rome, la Judée et les Juifs | lieu=Paris | éditeur=A. & J. Picard | année=2009 | pages totales=231 | isbn=978-2-7084-0842-5 | lccn=2009479675}}
* Ouvrage collectif sous la direction de [[Geoffrey Wigoder]], ''[[Encyclopaedia Judaica|Dictionnaire encyclopédique du judaïsme]]'', éditions du Cerf, {{ISBN|2-20404541-1}}. Dans le corps de cet article, les références vers cet ouvrage sont identifiées par les initiales '''DEJ''' suivies du numéro de page.
* [[Israël Finkelstein]] et [[Neil Asher Silberman]], ''[[La Bible dévoilée]]. Les nouvelles révélations de l'archéologie'', Bayard, 2002, {{ISBN|2-22713951X}}. Dans le corps de cet article, les références vers cet ouvrage sont identifiées par les initiales '''BD''' suivies du numéro de page
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Vincent|nom1=Lemire|directeur1=oui|auteur2=[[Katell Berthelot]]|auteur3=[[Julien Loiseau]]|auteur4=[[Yann Potin]]|titre=Jérusalem|sous-titre=Histoire d'une ville-monde|lieu=Paris|éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]]|collection=Champs Histoire|année=2016|pages totales=544|isbn=978-2-08-138988-5|oclc=961352313|présentation en ligne=http://www.telerama.fr/livres/jerusalem-histoire-d-une-ville-monde,149170.php|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=9VJADQAAQBAJ&printsec=frontcover&dq=histoire+d%27une+ville+monde|id=Lemire 2016}} (aperçu)
* [[Bernard-Henri Lévy]], ''[[Solitude d'Israël]]'', Grasset, 2024,{{ISBN|978-2246838722}}.

{{Palette|Judaïsme et culture juive}}
{{Portail|histoire|judaïsme|Israël|religions et croyances}}

[[Catégorie:Histoire juive par pays|Israel]]
[[Catégorie:Histoire d'Israël]]
[[Catégorie:Histoire de la Palestine]]
[[Catégorie:Israël antique]]