Graphiose de l'orme

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Graphiose de l'orme
Image illustrative de l’article Graphiose de l'orme
Symptômes de la graphiose de l'orme.

Type Maladie fongique
Noms communs Graphiose de l'orme,
maladie de l'orme,
maladie hollandaise de l'orme
Agents Ophiostoma ulmi
Hôtes Orme
Code OEPP CERAUL
Répartition Europe, Amérique du Nord

La graphiose, aussi nommée « maladie hollandaise de l'orme », est une maladie fongique de l'orme.

Description de la maladie

Agent infectieux et symptômes

Orme attaqué par Ophiostoma ulmi.

La graphiose de l'orme est causée par le champignon Ophiostoma ulmi (sensu lato) transmis par le scolyte de l'orme (Scolytus scolytus), coléoptère de la sous-famille des Scolytinae.

Un des premiers symptômes est une déformation de l'écorce des branches de l'orme adulte. On reconnaît aussi un arbre malade à son feuillage desséché qui reste malgré tout en place. Des stries noires apparaissent parfois sous l'écorce, d'où le nom graphiose.

Propagation

Le champignon est réputé se transmettre de deux manières : par l'insecte vecteur et par contacts racinaires (une contamination par des outils de taille est aussi possible). Le scolyte vecteur se reproduit sur les arbres mourants. L'adulte a besoin de consommer un peu d'écorce d'orme pour atteindre sa maturité sexuelle. C'est durant ce repas de maturation qu'il transmet la maladie aux arbres sains en transportant des spores d'un arbre malade à un arbre sain. Les arbres voisins sont en étroit contact via des « greffes » naturelles de racines, autrement dit d'anastomoses des parties racinaires entre arbres voisins, l'exemple le plus connu d'anastomoses racinaire étant la survenance de souches dites « sarcophages » chez les pins. Le champignon est capable de passer d'un arbre malade à un voisin sain via ces greffes. Cela permet à la maladie de se disperser très efficacement dans une haie relativement monospécifique où les ormes sont en contact racinaire.

Cycle général de la maladie hollandaise de l'orme[1]

Traitement

Il n'y a pas de remède à cette maladie ; il est généralement préconisé d'abattre l'arbre malade pour qu'il en contamine moins d'autres (prophylaxie), bien qu'en général le mal soit déjà fait. La graphiose affecte toutes les espèces d'ormes américaines et européennes. Les ormes de forêt sont moins sujets à la maladie grâce à leur situation plus isolée et éventuellement mélangées. Les branches anciennes et le tronc meurent, mais la souche reste souvent vivante quand l'arbre est taillé dans une haie. Cela explique la persistance de l'orme qui reste très présent dans certains bocages et haies. Les ormes n'atteignent plus des tailles importantes car dès qu'ils présentent des branches de 4-5 cm de diamètre, ils peuvent être contaminés par les scolytes vecteurs et meurent.

Origine géographique

La graphiose de l'orme est vraisemblablement d'origine asiatique, qui est apparue en 1919 pour la première fois aux Pays-Bas (d'où son nom) et dans le nord de la France, puis s'est développée dans toute l'Europe. Son introduction en Amérique du Nord (États-Unis puis Canada) en 1928 provoque de très graves dégâts sur l'orme américain qu'elle détruit sur des surfaces considérables. Vers 1970, une nouvelle souche encore plus agressive fut introduite en Europe à la faveur d'importations de grumes.

Impact écologique de la maladie hollandaise de l'orme

Effets visibles

Les ormes, beaux arbres autrefois présents en masse sur les continents européen et nord américain, ont vu leurs populations fortement décliner et même être éliminées dans certaines régions. La dissémination du champignon par les scolytes n’a visiblement que des impacts négatifs, car les pertes dendrologiques[2] en richesse végétale sur le continent sont très importantes et puisque la nature est composée de cycles, nous pouvons supposer que, si une espèce d’arbre disparaît majoritairement d’un biome, les espèces animales ou végétales qui en dépendent en partie seront affectées et peut-être même finiront par disparaître dans certains secteurs où le champignon a décimé les ormes.

Régulation naturelle

Par contre, il est possible que ce déséquilibre de cycle soit bénéfique pour certaines espèces animales ou végétales. En effet, certaines espèces animales se nourrissant de déchets ligneux ou de ce qu’ils contiennent (vers et arthropodes, comme les insectes et araignées), tels les décomposeurs à la base de toute relation trophique possible entre animaux et végétaux, pourront croître plus rapidement car de nouvelles niches écologiques seront disponibles. Cela pourrait causer une effervescence des populations d’insectivores. Ainsi, le déclin d’une espèce végétale peut favoriser[3], d’un point de vue écologique, d'autres espèces animales et même servir de facteur de régulation de ces populations. Il ne faut cependant pas négliger la lutte contre une maladie causée par une espèce de champignon exotique qui peut être négative à court et long terme.

Des études plus poussées sont nécessaires pour mieux comprendre l'impact de ces animaux sur l’insecte porteur du champignon, car si l’insecte voit sa population diminuée, il se pourrait qu’en réponse à ce stress, il crée des galeries larvaires plus grandes pouvant accueillir un plus grand nombre d’œufs pour assurer la survie de son espèce. Ses prédateurs, n'étant pas nécessairement adaptés à forer plus profondément dans les arbres pour se nourrir, n’auraient plus accès à cette ressource et l’insecte et le champignon prendraient de l’ampleur, puisque l’un dépend de l’autre, causant de grands problèmes épidémiques qui finiraient rapidement par échapper à notre contrôle et décimer les ormes subsistants.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Dagmar Nierhaus-Wunderwald, Graphiose de l'orme : biologie, prévention et lutte, WSL FNP, , 6 p.
  2. Lina Breton, Maladie hollandaise de l'orme, Ministère des Ressources naturelles du Québec, https://www.mffp.gouv.qc.ca/forets/fimaq/insectes/fimaq-insectes-maladies-hollandaise.jsp
  3. Nicolas Sauvion, Paul-André Catayud, Denis Thiéry et Frédéric Marion-Poll, Interaction insectes-plantes, éditions Quae et IRD Édition, , 743 p.