Voir la source de Fiodor Dostoïevski

{{Redirect|Dostoïevski}}
{{Nom russe |Mikhaïlovitch|Dostoïevski}}
{{Infobox Biographie2|charte=écrivain
 | nom               = Fiodor Dostoïevski
 | image             = Dostoevsky 1879.jpg
 | légende           = Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski en 1879.
 | alt               = Portrait en sépia d'un homme au regard fixe, ayant la tête tournée à droite
 | nom de naissance  = Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski
 | activités         = [[Roman (littérature)|Romancier]]
 | date de naissance = 11 novembre 1821
 | lieu de naissance = [[Moscou]]<br />{{Empire russe}}
 | date de décès     = 9 février 1881
 | lieu de décès     = [[Saint-Pétersbourg]]<br />{{Empire russe}}
 | langue            = [[Russe]]
 | mouvement         = [[Réalisme (littérature)|Réalisme]]
 | œuvres principales = * ''[[Les Carnets du sous-sol]]'' (1864)
* ''[[Crime et Châtiment]]'' (1866)
* ''[[L'Idiot]]'' (1868-1869)
* ''[[Les Démons]]'' (1871)
* ''[[L'Adolescent]]'' (1875)
* ''[[Les Frères Karamazov]]'' (1880)
 | signature         = Fyodor Dostoyevsky Signature.svg{{!}}class=skin-invert
}}

'''Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski''' (en {{Lang-ru|Фёдор Михайлович Достоевский}}, {{MSAPI|ˈfʲɵdər mʲɪˈxajləvʲɪtɕ dəstɐˈjɛfskʲɪj}}<ref group="N">Prononciation en [[russe]] [[Transcription phonétique|retranscrite]] selon la [[alphabet phonétique international|norme API]].</ref> {{Prononciation|Ru-Dostoevsky.ogg}}), né le {{Date|11|11|1821}} à [[Moscou]] et mort le {{Date|9|2|1881}} à [[Saint-Pétersbourg]], est un [[écrivain]] [[Russie|russe]].

Après une enfance difficile, il est élève d'une école d'officiers et se lie avec le [[progressisme|mouvement progressiste]] de Saint-Pétersbourg. Arrêté en avril 1849, il est condamné à mort, mais, après un [[simulacre d'exécution]], est finalement déporté dans un bagne de [[Sibérie]] où il passe quatre ans. Redevenu sous-lieutenant, il démissionne en 1859 et s'engage complètement dans l'écriture. [[Épilepsie|Épileptique]], joueur couvert de [[Dette|dettes]] et d'un caractère sombre, Dostoïevski fuit ses créanciers et mène en [[Europe]] une vie d'errance au cours de laquelle il abandonne toutes ses convictions [[socialisme|socialistes]] et progressistes, devenant un partisan convaincu de l'[[Empire russe]] et de la [[Christianisme orthodoxe|religion orthodoxe]]. À l'opposé de ses contemporains [[Léon Tolstoï]], [[Ivan Tourgueniev]] et [[Ivan Gontcharov]], l'activité d'écriture de Dostoïevski fut semée de difficultés matérielles constantes. Il trouve durant les dix dernières années de sa vie une stabilité matérielle et une reconnaissance dans tout le pays.

Écrivain admiré à la suite de la publication de ''[[Crime et Châtiment]]'' ([[1866 en littérature|1866]]) et de ''[[L'Idiot]]'' ([[1869 en littérature|1869]]), il publie ensuite ses deux œuvres les plus abouties : ''[[Les Démons]]'' ([[1871 en littérature|1871]]) et ''[[Les Frères Karamazov]]'' ([[1880 en littérature|1880]]). Ses œuvres ne sont pas des [[Roman à thèse|romans à thèse]], mais plutôt des œuvres [[Polyphonie|polyphoniques]] où s'opposent idées et points de vue multiples, à travers des personnages qui se construisent eux-mêmes, au travers de leurs actes et de leurs interactions sociales.

Les [[roman (littérature)|romans]] de Dostoïevski sont parfois qualifiés de « [[métaphysique]]s » : les questions du [[libre arbitre]], de l'existence de [[Dieu]], ou la figure du [[Jésus-Christ|Christ]] sont au cœur de sa réflexion angoissée. Au travers d'une variété de thèmes relatifs à la [[Humanité|nature]], à la [[religion]], Dostoïevski s'attache à la description de l'[[Être humain (philosophie)|homme]] et de sa [[Condition humaine|condition]] dans l'atmosphère sociale et politique de la Russie du {{S-|XIX}}.

Considéré aux côtés de [[Léon Tolstoï]] comme un des plus grands romanciers russes, il a influencé de nombreux écrivains ([[Albert Camus]], [[André Gide]], [[André Malraux]] ; les russes [[Alexandre Soljenitsyne]], [[Anton Tchekhov]] ou encore [[Mikhaïl Boulgakov]]) et philosophes ([[Friedrich Nietzsche]] et [[Jean-Paul Sartre]]), ainsi que l'émergence de l'[[existentialisme]] et du [[Sigmund Freud|freudisme]]. Ses livres ont été traduits dans plus de {{Nobr|170 langues}} et presque tous sont l'objet d'adaptations cinématographiques.

== Biographie ==
=== Jeunesse et formation (1821-1843) ===
{{Article détaillé|Mikhaïl Andreïevitch Dostoïevski#Généalogie {{!}} Ancêtres de Dostoïesvki|Mikhaïl Andreïevitch Dostoïevski#Enfance de l'écrivain Fiodor Dostoïevski {{!}} Enfance de l'écrivain}}
{{Multiple image
| align = left
| header = Parents
| footer = 
| image1 = Maria Fyodorovna Dostoyevskaya.jpg
| alt1   = Portrait en noir et blanc d'une jeune femme regardant le lecteur
| caption1 = [[Maria Dostoïevskaïa|Maria Fiodorovna Dostoïevskaïa]]
| width1 = 111
| image2 = Mikhail Andreyevich Dostoyevsky.jpg
| alt2 = Portrait en noir et blanc d'une jeune homme regardant le lecteur
| caption2 = [[Mikhaïl Andreïevitch Dostoïevski]]
| width2 = 100
}}

D'origine [[Tatars|tatare]] par son ancêtre Aslan Tchereby-[[Mourza|Mours]], {{Citation|demeuré en [[Grande-principauté de Moscou|Moscovie]] après l'éviction de la [[Horde d'or]]}}{{Sfn|Arban|1995|p=5}}, Fiodor<ref group=N>Aussi Fedor, Fédor ou Théodore, dénomination utilisée par Dostoïevski lui-même. Par exemple lorsqu'il habite à [[Genève]] : {{Citation|M-r Theodore Dostoiewsky<!-- sic -->, Suisse, Genève, poste restante}} (lettre du 28 août 1867 à [[Apollon Maïkov]]).</ref> Mikhaïlovitch Dostoïevski (en {{Lang-ru|Фёдор Михайлович Достоевский}}<ref group="N">{{Ru-17-18|Ѳедоръ Михайловичъ Достоевскій|m=oui}}.</ref>) est le second fils de [[Mikhaïl Andreïevitch Dostoïevski]], [[médecin militaire]] à l'hôpital des Indigents de Moscou et de [[Maria Dostoïevskaïa|Maria Fiodorovna Netchaïev]]. Il naît le {{Date|11|11|1821}}<ref name="ref_auto_1">{{Lien archive|url=http://w3.slavica-occitania.univ-tlse2.fr/pdf/articles/18/307.pdf|titre=Un dossier controversé : Les cas Dostoïevski par Freud|format=pdf|date=19/01/2017|horodatage archive=20180201020251|pages=167|auteur=Jacques Catteau}}.</ref> à [[Moscou]] dans le [[Gouvernement de Moscou (1708-1929)|gouvernement de Moscou]]. Son père, [[Alcoolisme|alcoolique]]{{Sfn|Tănase|2012|p=13}}, est d'humeur morose et fait régner une atmosphère insupportable à la maison. En 1827, Mikhaïl Andréiévitch est nommé {{Citation|[[Table des rangs|assesseur de collège]]}} et obtient ainsi un titre de noblesse héréditaire{{Sfn|Grossman|2003|p=20}}. Il fait l'acquisition de deux villages, [[Darovoïe (oblast de Moscou)|Darovoïe]] et [[Tchermochnia (oblast de Toula)|Tchermochnia]], en 1831. En 1832, les deux hameaux sont détruits par un incendie. Après la mort de sa mère, le {{Date-|27|02|1837}}<ref group="N">La mère meurt d'une forme de [[tuberculose]], plus précisément de [[phtisie]]. {{Commentaire biblio SRL|{{Ouvrage |auteur1=Fédor Dostoïevski |titre=[[Les Démons]] |passage=751 |isbn=2070394166 |titre chapitre=chronologie}}.}}</ref>, sa tante maternelle, Alexandra, joue un grand rôle dans la vie de la famille.

==== Petite enfance ====
[[Fichier:Wki_Dostoyevsky_Street_2_Moscow_Mariinsky_Hospital.jpg|vignette|Hôpital Mariinski de Moscou, à proximité duquel Dostoïevski a passé son enfance.|alt=Large façade beige clair à colonnes éclairée par la lumière d'un ciel bleu en hiver]]

Fiodor Dostoïevski grandit dans la maison familiale située dans l'enceinte de l'hôpital des pauvres de Mariinsky, dans un quartier populaire à la périphérie de Moscou{{Sfn|Bloom|2004|p=9}}. Dostoïevski rencontrait les patients, en bas de l'échelle sociale russe, lorsqu'il jouait dans les jardins de l'hôpital{{Sfn|Breger|2008|p=72}}.

Dostoïevski est initié très jeune à la littérature. À l'âge de trois ans, il lit des sagas héroïques, des contes de fées et des légendes contées par sa nourrice, Alena Frolovna, une figure influente dans son éducation et son attrait pour la fiction{{Sfn|Leatherbarrow|2002|p=23}}. À quatre ans, sa mère utilise la [[Bible]] pour lui apprendre à lire et à écrire{{Sfn|Grossman|2003|p=18}}. Ses parents l'introduisent à un large éventail littéraire, notamment les écrivains russes [[Nikolaï Karamzine|Karamzine]], [[Alexandre Pouchkine|Pouchkine]] et [[Gavrila Derjavine|Derjavine]] ; aux œuvres romantiques de [[Friedrich von Schiller|Schiller]] et [[Johann Wolfgang von Goethe|Goethe]] ; aux contes héroïques de [[Miguel de Cervantes]] et [[Walter Scott]] ; et aux [[Épopée|poèmes épiques]]{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=6-11}}{{,}}{{Sfn|Frank|1979|p=23-54}}. Malgré l'attitude de son père dure et sévère{{Sfn|Mochulsky|1967|p=4}}{{,}}{{Sfn|Grossman|2003|p=13}}, Dostoïevski rapporte que son imagination a été vivifiée par les lectures nocturnes de ses parents{{Sfn|Breger|2008|p=72}}.

Il lit avec ferveur le russe [[Nicolas Gogol]], [[William Shakespeare|Shakespeare]], [[Johann Wolfgang von Goethe|Goethe]], [[Victor Hugo]], et surtout [[Friedrich von Schiller|Schiller]], auteur déterminant dans sa vocation d'écrivain : {{Citation|Lorsque j'avais dix ans, je vis à Moscou, une représentation des ''[[Les Brigands|Brigands]]'' de Schiller avec Motchalov, et je vous affirme que l'énorme impression que je subis alors exerça une féconde influence sur mon univers spirituel}}{{Sfn|Grossman|2003|p=18}}.

Bien que Dostoïevski ait une constitution physique délicate, ses parents le décrivent comme impétueux et têtu{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=6}}. En 1833, le père de Dostoïevski, profondément religieux, l'envoie dans un internat français puis à l'internat Tchermak{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=39}}{{,}}{{Sfn|Grossman|2003|p=23}}.

==== Adolescence ====
En {{Date-|mai 1837}}, leur père Mikhaïl, qui y voit probablement les avantages d'une prise en charge financière par l'État de l'éducation, envoie ses deux fils aînés au pensionnat K. F. Kostomarov<ref>{{Lien web |langue=ru|titre=Костомаров Коронад Филиппович |url=http://www.fedordostoevsky.ru/around/Kostomarov_K_F/ |éditeur=Федор Михайлович Достоевский. Антология жизни и творчества |consulté le=12 mai 2024}}</ref> à [[Saint-Pétersbourg]] pour les préparer à entrer à l'[[Académie du génie Nicolas|École Centrale des Ingénieurs militaires]]{{Sfn|Якубович|Орнатская|1993|loc=1837 год. Мая конец}}. Les deux frères Dostoïevski, sans dons ni goût pour la vie de soldat{{Sfn|Grossman|2003|p=32}}, espéraient pouvoir étudier et pratiquer la littérature<ref group="N">Dans le ''[[Journal d'un écrivain]]'', Dostoïevski rappelle comment sur le chemin de Saint-Pétersbourg avec son frère {{Citation|ils ne rêvaient que de poésie et de poètes}}. {{Citation|J'avais constamment à l'esprit la composition d'un roman sur la vie vénitienne}}(Достоевский Ф. М. «Дневник писателя». 1876 год. Январь. Гл. 3. § 1)</ref>.

Mais leur père considérait que cela ne leur permettrait pas de gagner leur vie et fit prévaloir son point de vue pour qu'ils entrent à l'école d'ingénieur qui leur garantissait un meilleur avenir financier. En septembre de la même année, la mère de Fiodor Dostoïevski meurt de [[tuberculose]] ; Dostoïevski n'a que {{Nobr|16 ans}}{{Sfn|Якубович|Орнатская|1993|loc=1837 год. Февраля 27}}, et cet évènement éclate l'unité de la famille Dostoïevski{{Sfn|Grossman|2003|p=32}}.

[[Fichier:Saint_Michael's_Castle_South.jpg|gauche|vignette|L'[[Académie du génie Nicolas|Institut supérieur des Ingénieurs militaires]] (ou École Centrale) se trouve dans les salles du château Saint-Michel à [[Saint-Pétersbourg]].|alt=Large bâtiment orange éclairée par la lumière d'un ciel bleu]]

Dostoïevski entre à l'École en {{Date-|janvier 1838}}, son frère Mikhaïl se voit refuser l'admission pour des raisons de santé et est envoyé dans une académie à [[Tallinn|Reval]] (aujourd'hui Tallinn, en [[Estonie]]){{Sfn|Kjetsaa|1989|p=17-23}}{{,}}{{Sfn|Frank|1979|p=69-90}}.

Il doit redoubler son année en raison de ses piètres résultats dans les domaines sportifs et militaires. Tant bien que mal, il effectue sa scolarité dans l'indigence, n'ayant parfois pas de quoi se nourrir, car son oncle (qui l'accueille) refuse de lui envoyer suffisamment d'argent. C'est un élève taciturne, au regard mystérieusement mélancolique, qui ne s'intègre pas bien à l'école{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=39}}. Comme dans ses précédents internats, il ne se sent pas à sa place parmi ses 120 camarades aristocratiques. Son caractère solitaire et religieux lui apporte tout de même le respect de ses camarades de classe et lui vaut le surnom de « Moine [[Photios Ier de Constantinople|Photius]] »{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=24-27}}{{,}}{{Sfn|Frank|1979|p=69-111}}. Il méprise le [[matérialisme]] et le [[Carrière (ressources humaines)|carriérisme]] de ses camarades. Cela se refléta plus tard dans certaines de ses œuvres, notamment ''[[L'Adolescent]]''{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=14-15}}{{,}}{{Sfn|Frank|1979|p=23-54}}.

Selon une rumeur forgée par un riche voisin, P. P. Hotjaïncev, qui lorgnait les terres du village de Darovoïe, Mikhaïl Dostoïevski aurait été tué le {{Date-|8 juin 1839}} par les [[Servage en Russie|serfs]] de Darovoïe, excédés par les mauvais traitements que leur faisait subir leur maître{{Sfn|Tănase|2012|p=32}}{{,}}{{Sfn|Andreï Dostoïevski|1930}}. En réalité, il meurt victime d'une crise d'[[apoplexie]], comme le confirme son [[autopsie]]. Selon la tradition familiale, la nouvelle de la mort de son père tué par ses serfs est l'occasion d'une crise nerveuse, qui pourrait bien être une première [[crise d'épilepsie]]{{Sfn|Grossman|2003|p=42}}. Cette légende familiale, renforcée par le diagnostic de [[Sigmund Freud]]<ref>{{Chapitre |auteur1=[[Sigmund Freud]] |titre chapitre=Dostoïevski et la mise à mort du père |titre ouvrage=[[Œuvres complètes de Freud / Psychanalyse|OCF.P]] |tome=XVIII |lieu=Paris |éditeur=PUF |année=1994 |passage=205-225 |isbn=2 13 046576 5}}.</ref> selon lequel cette attaque épileptique était {{Citation|une autopunition pour le souhait de mort contre le père haï}}, est aujourd'hui remise en question par certains ou étudiée sous d'autres angles<ref name="ref_auto_1" />, Dostoïevski ayant probablement eu sa première crise d'épilepsie en 1850 à [[Omsk]]{{Sfn|Ollivier|2015|p=39}}{{,}}<ref group="N">Un crime de sang étouffé par la famille de la victime elle-même pour des raisons économiques - châtier les coupables reviendrait à se priver du capital servile - est pourtant courant et rapporté dans des circonstances très similaires, par exemple, par [[Alexandre Radichtchev]] en 1790 déjà, dans son ''[[Voyage de Pétersbourg à Moscou]]''.</ref>.

Après la mort de son père, Dostoïevski poursuit ses études, et obtient le grade d'élève-ingénieur, lui permettant de vivre hors de l'École des Ingénieurs{{Sfn|Grossman|2003|p=38}}. Il rend visite à son frère Mikhaïl à Reval et fréquente régulièrement les salles de concerts, d'opéras, de théâtres et de ballets. C'est à cette période qu'il est initié au jeu par deux de ses amis{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=31-36}}{{,}}{{Sfn|Frank|1979|p=69-111}}.

En [[1842]], Fiodor Dostoïevski est nommé sous-lieutenant et entre en tant que [[dessinateur]] au département des plans de campagne de la direction du Génie à Saint-Pétersbourg, emploi qui l'ennuie profondément{{Sfn|Motchoulski|1963|p=20}}.

La première œuvre littéraire achevée de Dostoïevski, une traduction du roman ''[[Eugénie Grandet]]'' d'[[Honoré de Balzac]] est publiée en juin et {{Date-|juillet 1843}} dans les {{6e}} et {{7e}} volumes de la revue ''Répertoire et Panthéon''{{Sfn|Grossman|2003|p=51}}. Elle est suivie de plusieurs autres traductions. Aucune ne lui apporte une stabilité financière, ce qui amène Dostoïevski à l'idée d'écrire une nouvelle{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=36-37}}{{,}}{{Sfn|Frank|1979|p=69-111}}.

=== Premiers écrits (1844-1849) ===
==== Une gloire éphémère ====
{{Article connexe|Histoire de la création du roman Le Double{{!}}Histoire de la création du roman « Le Double »}}

À l'été [[1844]], il démissionne à {{Nobr|22 ans}} pour se consacrer à son premier roman, ''[[Les Pauvres Gens]]''. Porté aux nues par le poète [[Nikolaï Nekrassov]] et l'influent critique [[Vissarion Belinski]], le roman est publié en janvier [[1846 en littérature|1846]] et connaît un succès public certain. Dostoïevski se retrouve alors propulsé au rang de {{Citation|nouveau [[Nicolas Gogol|Gogol]]}} et se pavane dans les cercles mondains de Saint-Pétersbourg{{Sfn|Grossman|2003|p=77}}.

Bientôt, l'élite commence à railler son manque de tenue, son air abattu. [[Ivan Tourgueniev]] publie une [[satire]] en vers, où il le qualifie de {{Citation|chevalier à la triste figure}} et d'{{Citation|aimable fanfaron}}{{Sfn|Grossman|2003|p=78}}{{,}}{{Sfn|Troyat|1960|p=89}}. C'est lors d'une de ces soirées que l'écrivain connaît vraisemblablement une première crise d'épilepsie (non diagnostiquée comme telle){{Sfn|Grossman|2003|p=79}}. Sa disgrâce est accélérée par la publication de ses romans suivants, ''[[Le Double]]'' et ''[[La Logeuse]]'', qui ne rencontrent pas le succès escompté{{Sfn|Grossman|2003|p=69}}.

==== Dostoïevski révolutionnaire ? ====
À peu près à la même époque, Dostoïevski découvre le [[socialisme]] à travers les écrits des penseurs français [[Charles Fourier|Fourier]], [[Étienne Cabet|Cabet]], [[Pierre-Joseph Proudhon|Proudhon]] et [[Claude-Henri de Rouvroy de Saint-Simon|Saint-Simon]]. Sa relation avec Belinski lui permet d'élargir ses connaissances en philosophie du socialisme. Il est attiré par sa logique, son sens de la justice et sa préoccupation pour les démunis et les défavorisés. Cependant, sa foi orthodoxe russe et ses sensibilités religieuses ne peuvent s'accorder avec l'[[athéisme]], l'[[utilitarisme]] et le [[matérialisme scientifique]] de Belinski{{Sfn|Grossman|2003|p=84}}. Dostoïevski s'éloigne progressivement de lui et de ses associés{{Sfn|Frank|1979|p=159-182}}{{,}}{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=53-55}}.

[[Fichier:Trutovsky_004.jpg|vignette|redresse|Portait de Dostoïevski, vers 1847.|alt=Portait au crayon d'un homme au regard froid]]

Depuis {{Date-|décembre 1846}} ou {{Date-|janvier 1847}}, il fréquente le [[Cercle de Petrachevski|Cercle fouriériste de Mikhaïl Petrachevski]], un fonctionnaire au ministère des Affaires étrangères, qui combat l'[[absolutisme]] de [[Nicolas Ier (empereur de Russie)|Nicolas {{Ier}}]]{{Sfn|Tănase|2012|p=54}}. Il n'adhère pas à un système en particulier (ses opinions se seraient orientées vers un mysticisme [[Slavophilisme|slavophile]]), mais cherche à maintenir une présence dans les milieux intellectuels [[Progressisme|progressistes]] pétersbourgeois. Il ne fréquente pas ces cercles pour fomenter de réelles actions révolutionnaires, mais pour discuter d'idées nouvelles et surtout parler de l'avenir de la [[Russie]]{{Sfn|Grossman|2003|p=101}}. Cette même année, il fait sa première crise d'[[épilepsie]], à {{Nobr|26 ans}}.

De {{Date-|1846}} à {{Date-|1848}}, Dostoïesvki, qui connait une dégradation de sa santé et des crises de plus en plus fréquentes, publie plusieurs nouvelles dans la revue ''[[Annales de la Patrie]]'', dont ''[[Monsieur Prokhartchine]]'', ''[[La Logeuse]], [[Un cœur faible]]'' et ''[[Les Nuits blanches]]''{{référence nécessaire|date=juillet 2024}}''.''

==== La condamnation à mort ====
[[Fichier:B_pokrovsky_kazn_1849.jpg|gauche|vignette|Un dessin du [[simulacre d'exécution]] du 22 décembre 1849 du cercle de Petrachevski. Le simulacre était une procédure assez courante.|alt=Dessin riches en personnage, trois hommes sur le point de se faire fusiller par une rangée de militaires russes.]]

En {{Date|avril 1849}}, les membres du [[Cercle de Petrachevski]] sont arrêtés ; Dostoïevski est [[prison|emprisonné]] à la [[forteresse Pierre-et-Paul]]{{Sfn|Grossman|2003|p=131}}. L'empereur [[Nicolas Ier (empereur de Russie)|Nicolas {{Ier}}]] voit resurgir le spectre de l'[[insurrection décabriste]] (ou décembriste), un complot qui s'était propagé dans l'armée et avait abouti à la sanglante émeute du {{Date|14|décembre|1825}}{{Sfn|Grossman|2003|p=140}}. [[Mikhaïl Dostoïevski]] est également brièvement arrêté<ref group="N">La question de l'éventuelle « trahison » et celle de sa collaboration avec les autorités est restée ouverte.</ref>. Après une instruction de plusieurs mois, un procès, les inculpés sont condamnés à mort le {{Date|22|décembre|1849}} par peloton d'exécution place Semenovski à [[Saint-Pétersbourg|Saint-Petersbourg]]{{référence nécessaire|date=juillet 2024}}.

Le jour même, Dostoïevski est au côté de [[Alexeï Plechtcheïev|Plechtcheïev]] et [[Sergueï Dourov|Dourov]]. L'exécution est en fait un [[Simulacre d'exécution|simulacre]] : à l'instant même de la fusillade, une charrette délivre une lettre de l'empereur commuant la peine en un [[exil]] de plusieurs années et la peine en [[déportation]] dans un [[Katorga|bagne]] à [[Omsk]] en [[Sibérie]]{{Sfn|Tănase|2012|p=71}}. Dostoïevski décrit cette expérience dans ''[[L'Idiot#Thèmes autobiographiques|L'Idiot]]'', narré par son héros le [[prince Mychkine]], dont il tire les implications philosophiques et spirituelles<ref>{{Ouvrage |auteur1=Fiodor Dostoïevski |traducteur=[[André Markowicz]] |titre=L'Idiot |sous-titre=volume 1, livres 1 & 2 |éditeur=[[Actes Sud]] |année=1993 |pages totales=529 |passage=110 et {{Sq.}} |isbn=978-2-7427-3645-4}}</ref>.

[[Leonid Grossman]] voit dans cet épisode tragique l'origine du revirement idéologique de Dostoïevski, constaté à plusieurs reprises à partir de son séjour au bagne d'Omsk. Plus tard, dans une lettre à Apollon Maïkov du {{Date|2|août|1868}}, Dostoïevski reconnaît explicitement avoir {{Citation|trahi ses anciennes convictions}}{{Sfn|Grossman|2003|p=161}}.

En {{Date|1849}}, les premiers chapitres de ''[[Nétotchka Nezvanova]]'', un roman que Dostoïevski prépare depuis {{Date|1846}}, sont publiés dans les ''Annales''. Ce travail est mis en pause par son bannissement, et Dostoïevski ne terminera pas ce roman{{Sfn|Mochulsky|1967|p=99-101}}.

=== Le bagne d'Omsk (1849-1854) ===
{{Article détaillé|Souvenirs de la maison des morts|contenu=Dostoïesvki relate, de manière romancée, cet exil dans les ''[[Souvenirs de la maison des morts]]''.}}
Le condamné Dostoïevski est mis aux fers. Le convoi part pour la Sibérie le jour de Noël et passe par [[Tver]], [[Nijni Novgorod]], [[Kazan]], [[Perm]] et enfin [[Tobolsk]], où il arrive le {{Date-|9 janvier 1850}}. Dostoïevski dissuade un de ses compagnons d'infortune de se suicider. À Tobolsk, les prisonniers reçoivent la visite de plusieurs épouses des [[Liste des décabristes|décabristes]] condamnés en {{Date|1826}} qui avaient accompagné leurs maris en exil<ref name=":0">{{Ouvrage |auteur1=Dostoïevski |titre=[[Journal d'un écrivain]] |éditeur=Bibliothèque de la Pléiade}}.</ref>. Nathalie Fonvizine remet à Dostoïevski une [[Bible]] dont il ne se séparera jamais{{Sfn|Tănase|2012|p=74}}.

Le {{Date-|23 janvier 1850}}, Dostoïevski arrive à [[Omsk]] (''[[Souvenirs de la maison des morts]]''){{Sfn|Fanger|1998|p=14}}. En sa qualité de [[Noblesse|noble]], certaines punitions et certains mauvais traitements lui sont épargnés{{Sfn|Boris Sergeyevich Kondratiev|2002}}, ce qui lui vaut d'être détesté par les autres détenus. Les punitions corporelles lui sont épargnées sur l'intervention de M. de Grave, un officier d'origine française ; le médecin du camp le prend en sympathie et lui accorde des séjours à l'infirmerie{{référence nécessaire|date=juillet 2024}}.

Dans les baraquements, il partage sa vie avec des forçats de droit commun. Il écrit dans sa correspondance : {{Citation|Je n'ai pas perdu mon temps : j'ai appris à bien connaître le peuple russe, comme peut-être peu le connaissent}}. L'intellectuel de salon qu'il était commence alors son évolution : {{Citation|J'étais coupable, j'en ai pleine conscience… J'ai été condamné légalement et en bonne justice… Ma longue expérience, pénible, douloureuse, m'a rendu ma lucidité… C'est ma croix, je l'ai méritée… Le bagne m'a beaucoup pris et beaucoup inculqué.}} Il rencontre au bagne {{Citation|les hommes les plus richement doués, les plus forts de tout notre peuple…}}, et se rapproche ainsi du « peuple russe » orthodoxe, rapprochement qui nourrira plus tard son [[slavophilisme]]{{Sfn|Laqueur|1996|p=30 {{Sq.}}}}.

Durant sa captivité, Dostoïevski tente d'obtenir qu'on lui épargne les fers. Ses vaines demandes<ref name="Dostoïevski et Balzac. Chronique des lettres françaises">{{Lien web |titre=Dostoïevski et Balzac. Chronique des lettres françaises |url=http://agora.qc.ca/reftext.nsf/Documents/Feodor_Mikhailovich_Dostoievski--Dostoievski_et_Balzac_par_Chronique_des_lettres_francaises |site=agora.qc.ca}}.</ref> déclenchent l'ironie à Pétersbourg, où l'on raille la faiblesse du « révolutionnaire » Dostoïevski demandant la grâce de l'empereur.

Cette période déterminante trouvera écho dans plusieurs passages importants de ses livres ultérieurs, dont l'[[épilogue]] de ''[[Crime et Châtiment]]''{{Sfn|Grossman|2003|p=179}}.

=== Après le bagne (1854-1871) ===
==== Premier mariage ====
{{article détaillé|Maria Dmitrievna Dostoïevskaïa|amorce=La rencontre et le mariage avec Maria Dimitrievna est détaillée sur }}
[[Fichier:Image_dost_01.jpg|vignette|redresse|Dostoïevski dans son uniforme d'[[ingénieur militaire]], en 1859.|gauche|alt=Homme en habit militaire assis sur une chaise, le regard tourné vers la gauche.]]

Sa peine se termine le {{Date-|23 janvier [[1854]]}} et Dostoïevski est affecté comme simple soldat dans un régiment de [[Semeï|Semipalatinsk]] en [[Sibérie]]{{Sfn|Tănase|2012|p=79}}. Il demande à son frère [[Mikhaïl Dostoïevski|Mikhaïl]] de l'aider financièrement et de lui envoyer des livres de [[Giambattista Vico|Vico]], [[François Guizot|Guizot]], [[Leopold von Ranke|Ranke]], [[Georg Wilhelm Friedrich Hegel|Hegel]] et [[Emmanuel Kant|Kant]]{{Sfn|Frank|1988|pp=8–20}}.

Après deux mois de vie de caserne, Dostoïevski obtient le privilège rarissime de pouvoir habiter en ville. Il fréquente les [[notable]]s locaux et y fait la connaissance d'un petit fonctionnaire, Alexandre Ivanovitch Issaïev, et de sa jeune épouse poitrinaire, [[Maria Dmitrievna Dostoïevskaïa|Maria Dimitrievna]]{{Sfn|Tănase|2012|p=81}}. Trompé par l'intérêt charitable et sans doute purement mondain que lui porte la jeune femme, qu'il prend aussitôt pour de l'amour, Dostoïevski tente de la faire quitter son mari et de l'épouser{{Sfn|Tănase|2012|p=83}}. Sa condition de banni ne joue pas en sa faveur. L'écrivain entreprend alors toutes sortes de démarches auprès de l'empereur en vue d'obtenir une [[Grâce (droit)|grâce]] (la [[guerre de Crimée]] vient de commencer). Les milieux littéraires pétersbourgeois se moquent de l'[[Politesse|obséquiosité]] du {{Citation|révolutionnaire}} Dostoïevski{{Sfn|Tănase|2012|p=84}}.

Cependant, la situation personnelle de Dostoïevski s'améliore grandement avec la nomination du [[Alexandre Wrangel|baron Wrangel]] comme [[procureur]] de [[Semeï|Semipalatinsk]]. Son ode sur le couronnement lui vaut d'être promu, le {{Date|1|octobre|1856}}, aspirant, premier grade d'officier<ref name="ref_auto_3">Vladimir Solovyov, ''Sobranie sochinenii Vladimira Sergeevicha Solov'eva'', St. Petersburg, Obshchestvennaia Pol'za, 1901–07, 5:382</ref>. Les frasques d'Alexandre Ivanovitch Issaïev ont conduit sa famille dans la pauvreté, et Dostoïevski cherche à leur venir en aide. Il parvient à faire nommer Alexandre Ivanovitch comme inspecteur des débits de boissons à mille kilomètres de Semipalatinsk. Malgré la mort de l'encombrant mari au mois d'août 1855, la situation amoureuse de l'écrivain ne s'améliore pas car un autre homme lui dispute les faveurs de Maria Dimitrievna, l'instituteur local Nicolas Borisovitch Vergounov. Après de nombreux atermoiements de sa « fiancée », Dostoïevski épouse enfin Maria Dmitrievna Issaïeva le {{Date-|15 février 1857}} dans la ville de [[Novokouznetsk|Kouznetsk]], en [[Sibérie]]. Après le mariage, Dostoïevski poursuit son voyage en  compagnie de sa nouvelle épouse, vers [[Barnaoul]], où il est atteint par une crise d'épilepsie qui ébranle fortement Maria, puis Semipalatinsk<ref>{{Ouvrage|langue=ru|auteur1=Sergueï Belov/Белов, Сергей Владимирович|titre=Энциклопедический словарь «Ф. М. Достоевский и его окружение»|lieu=Saint-Pétersbourg|éditeur=Алетейя|date=2001|pages totales=540|isbn=978-5-89329-380-7|isbn2=978-5-89329-379-1|consulté le=2024-07-09}}</ref>. 

En {{Date-|avril 1857}}, Dostoïevski est rétabli dans ses [[Titre de noblesse|titres de noblesse]] et obtient à nouveau le droit de publier librement{{Sfn|Tănase|2012|p=92}}. Il recommence à écrire : les ''[[Souvenirs de la maison des morts]]'', récit romancé de sa vie au bagne et premier roman publié sur les prisons russes{{Sfn|Sekirin|1997|p=107-21}} ; puis un roman plus léger {{Incise|car il redoute toujours la censure}}, ''[[Le Bourg de Stépantchikovo et sa population]]''.

[[Fichier:Epokha.jpg|vignette|Première page de la revue ''[[L'Époque (revue littéraire)|L'Époque]]'' des frères Dostoïevski (1864).|redresse|alt= Copie d'une page de garde d'une revue écrite en russe.]]

En [[1859]], il obtient sa retraite comme [[sous-lieutenant]] et l’autorisation de rentrer vivre à Saint-Pétersbourg, sous la surveillance de la police secrète. C'est la fin de dix années de souffrance, et la renaissance de l'homme{{Sfn|Grossman|2003|p=198}}. Il renoue alors avec les libéraux et fonde avec son frère [[Mikhaïl Dostoïevski|Mikhaïl]] une revue modérée et [[Nationalisme|nationaliste]], ''[[Le Temps (revue littéraire)|Le Temps]]'', où paraît notamment ''[[Souvenirs de la maison des morts]]'' en [[1861 en littérature|1861]] et ''[[Humiliés et Offensés|Humiliés et offensés]]''{{Sfn|Frank|1987|p=290 et suivants}}{{,}}{{Sfn|Frank|1988|p=8-62}}{{,}}{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=135-137}}. Cette revue est interdite en {{Date|1863}}, car un article publié, à propos de l'[[insurrection de Janvier|insurrection polonaise]], est jugé trop contestataire par la [[censure]]. Pour la remplacer, les deux frères fondent la revue ''[[L'Époque (revue littéraire)|L'Époque]]'', mais qui rencontre moins de succès<ref group="N">''Le Temps'' connut un succès immédiat avec plus de {{Nbr|4 000|abonnés}}, avant d'être dissout le {{Date-|24 mai 1863}} par le régime tsariste. ''Vremia'' et son successeur ''L'Époque'' exprimeront la philosophie du mouvement conservateur et [[Slavophilisme|slavophile]] ''[[Potchvennitchestvo]]'', soutenu par Dostoïevski à partir des années de bagne.</ref>{{,}}{{Sfn|Frank|1988|p=33-64}}{{,}}{{Sfn|Grossman|2003|p=276}}.

L'arrivée au pouvoir du nouvel empereur [[Alexandre II (empereur de Russie)|Alexandre II]] en [[1855]] a amené de nombreuses réformes en Russie, comme l'abolition du [[Abolition du servage de 1861|servage en 1861]]. Malgré ces ouvertures politiques, des mouvements révolutionnaires violents émergent, ce qui inquiète beaucoup Dostoïevski. Il commence déjà à polémiquer de plus en plus sévèrement avec les [[Socialisme|socialistes]]<ref group="N">Il écrira plus tard que {{Citation|le socialiste chrétien est plus dangereux que le socialiste athée}} dans ''[[Les Frères Karamazov]]'' (1877).</ref> qui considèrent l'homme comme raisonnablement et {{Citation|fondamentalement bon}} et que la [[science]] le conduit obligatoirement vers la lumière. Dostoïevski raille sa {{Citation|sainteté la chimie}}{{référence nécessaire|date=juillet 2024}}.

==== Années d'errance ====
[[Fichier:Dostoevskij 1863.jpg|thumb|left|redresse|Dostoïevski en [[1863]].|alt=Photographie d'un homme accoudé géométriquement au regard fixe.]]

En {{Date|juin [[1862]]}}, il voyage pour la première fois en [[Europe]] occidentale. Ses ''[[Notes d'hiver sur impressions d'été]]'' décrivent ses impressions durant le voyage, dans lequel sont critiqués le [[capitalisme]], la [[Théorie de la modernisation|modernisation sociale]], le [[matérialisme]], le [[catholicisme]] et le [[protestantisme]]{{Sfn|Frank|1988|p=233-249}}{{,}}{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=143-145}}.

Dostoïevski effectue un nouveau voyage en Europe d’août à {{Date|octobre [[1863]]}}, où il rencontre à Paris [[Apollinaria Souslova]], qui devient sa maîtresse. Dostoïesvki manque d'être ruiné aux jeux de [[Wiesbaden]] et [[Baden-Baden]]{{Sfn|Frank|1988|p=197-211, 283-294, 248-365}}{{,}}{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=151-175}}.

Sa femme [[Maria Dmitrievna Dostoïevskaïa|Maria Dmitrievna]] puis son frère [[Mikhaïl Dostoïevski|Mikhaïl Mikhaïlovitch]] meurent en {{Date|1864}}. Il commence ''[[Les Carnets du sous-sol]]'' alors qu'il veille le corps de sa femme défunte. Cette longue nouvelle sert de {{Citation|laboratoire aux grands romans}}{{Sfn|Larangé|2002}} : en réponse au roman ''[[Que faire ? (Tchernychevski)|Que faire ?]]'' du révolutionnaire [[Nikolaï Tchernychevski]], il y développe une réflexion [[Théologie|théologique]] sur la place de l'homme moderne et les limites de sa liberté dans la Création.

Il revoit la jeune [[Apollinaria Souslova]], qui refuse sa demande en mariage. Il est malade, couvert de dettes et doit fournir de quoi vivre à la veuve et aux enfants de son frère qu'il a adoptés. Au {{Date-|printemps 1867}}, pour échapper à ses créanciers, il voyage en Allemagne, en Suisse (il séjourne à [[Genève]], où il vit la naissance puis la mort {{Nbr|trois|mois}} plus tard de sa première fille Sophie<ref group="N">Leur fille Sophie est morte à [[Genève]] en [[1868]], âgée de trois mois, et est ensevelie au [[cimetière des Rois]]. Fiodor et Anna Dostoïevski eurent encore trois enfants, une fille [[Lioubov Dostoïevskaïa]] (en 1869) puis deux fils Fiodor (1871) et Alexeï (1875).</ref>) et en Italie ([[Milan]], [[Florence]]), désespéré, tente une nouvelle fois sa chance à la [[Roulette (jeu de hasard)|roulette]]. On trouve des échos de sa passion maladive du jeu dans ''[[Le Joueur (roman)|Le Joueur]]'' (1866) et ''[[L'Adolescent]]'' (1875). Il publie en parallèle son ''[[Journal d'un écrivain]]''{{référence nécessaire|date=juillet 2024}}.

Ces années d'errance et de troubles marquent profondément Dostoïevski. Son aversion pour l'Europe et la démocratie grandit. Selon Dostoïevski, l'égalité démocratique n'efface pas la violence des rapports humains mais l'exacerbe au contraire. En outre, en détruisant Dieu et la [[monarchie]], l'homme crée selon lui un monde dominé par le [[matérialisme]], l'[[individualisme]] et l'[[égoïsme]]. Sa pensée le conduit alors à revenir dans le giron de l'[[Église orthodoxe]] et à développer sous forme de roman une [[philosophie de la religion]] [[Église orthodoxe russe|orthodoxe]]{{Sfn|Larangé|2002}}.

==== Second mariage et lune de miel ====
Les deux premières parties de ''[[Crime et Châtiment]]'' sont publiées en janvier et {{Date-|février 1866}} dans le périodique ''[[Le Messager russe]]''{{Sfn|Frank|2010|loc=[https ://books.google.ca/books?id=lp1RpM8o9BQC&pg=PA462 462]}}, qui gagne dès lors en popularité{{Sfn|Leatherbarrow|2002|p=83}}.

[[Fichier:Baden-Baden_10-2015_img19_Dostoevsky_plaque.jpg|vignette|Plaque commémorative en l'honneur de Dostoïevski, à [[Baden-Baden]].|alt=Sur la plaque figure une gravure de maison, à droite un texte descriptif.]]

Dostoïevski retourne à [[Saint-Pétersbourg]] à la mi-septembre et promet à son éditeur qu'il terminerait ''[[Le Joueur (roman)|Le Joueur]]'' en novembre {{Incise|dont il n'a pas débuté la rédaction|fin}}. L'un des amis de Dostoïevski, Milyukov, lui conseille d'embaucher une secrétaire. Dostoïevski contacte le sténographe Pavel Olkhin qui lui a recommandé son élève, [[Anna Dostoïevskaïa|Anna Grigorievna Snitkina]], alors âgée de vingt ans. Sa sténographie permet à Dostoïevski de terminer la rédaction du ''Joueur'' le {{Date-|30 octobre}}, après {{Nobr|26 jours}} de travail{{Sfn|Frank|1997|p=42-183}}{{,}}{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=162-196}}.

Dostoïevski épouse, contre l'avis de sa famille, Anna Grigorievna Snitkina dans la [[Cathédrale de la Trinité de Saint-Pétersbourg|Cathédrale de la Trinité, à Saint-Pétersbourg]] seulement quelques mois après, le {{Date|15 février 1867}}. Les revenus des romans précédents, dont ''Crime et Châtiment'', ne couvrent pas leurs dettes, obligeant Anna à vendre ses objets de valeur. Le {{Date|14 avril 1867}}, ils entreprennent une lune de miel en Allemagne avec l'argent de la vente. Ils séjournent à Berlin et visitent la [[Gemäldegalerie Alte Meister]] de [[Dresde]], puis voyagent à [[Francfort-sur-le-Main|Francfort]], [[Darmstadt]], [[Heidelberg]] et [[Karlsruhe]]. Ils passent cinq semaines à [[Baden-Baden]], où Dostoïevski se dispute avec [[Ivan Tourgueniev|Tourgueniev]] et perd encore beaucoup d'argent à de roulette<ref>{{Cite Q|Q109057625}}</ref>{{,}}{{Sfn|Grossman|2003|p=370}}. Le couple se rend à [[Genève]] en août de la même année{{Sfn|Grossman|2003|p=376}}.

[[Fichier:Plaque-SophieDostoievsky-CimetiereDesRois_RomanDeckert01032022.jpg|gauche|vignette|redresse|Sophie Dostoïesvki enterrée au [[Cimetière des Rois]], à Genève.|alt=Petite plaque en pierre ; en haut, un dessin et une fleur.]]

Dostoïevski commence ''[[L'Idiot]]'' à [[Genève]], dont la rédaction est recommencée une fois, et est terminée à grand peine en {{Date-|janvier 1869}}<ref>Sylvie Luneau, « Préparation de ''L'Idiot'' 1866-1869 », édition de la pléiade, 1953, page XIX</ref>{{,}}{{Sfn|Frank|1997|p=151-363}}{{,}}{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=201-237}}. Leur premier enfant, Sophia, nait à Genève le 5 mars 1868, mais meurt de [[Pneumonie aiguë|pneumonie]] trois mois plus tard{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=219}}. Sophie est enterrée au [[Cimetière des Rois]]<ref group="N">La tombe est par la suite enlevée ; en 1986, la [[Société internationale Dostoïevski|Société Internationale Dostoïevski]] fait don d'une plaque commémorative en l'honneur de Sophia.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Suzanne |nom1=Kathari |prénom2=Natalie |nom2=Riliet |titre=Histoire et Guide des cimetières genevois |lieu=Genève |éditeur=Éditions Slatkine |date=2009 |passage=110, 222, 227 |isbn=978-2-8321-0372-2}}</ref>.

En {{Date-|septembre 1868}}, la famille Dostoïevski quitte Genève et part pour [[Milan]] et s'installe en novembre à [[Florence]]. Anna donne naissance à leur deuxième fille, [[Lioubov Dostoïevskaïa|Lioubov]], le {{Date|26 septembre 1869}} à Dresde. Grâce à l'esprit pratique et à la volonté de son épouse, la situation du ménage s'améliore considérablement. Dostoïevski finit par renoncer au [[jeu]]<ref group="N">La raison de l'arrêt du jeu n'est pas clairement établi. En plus de la naissance de Lioubov, une autre raison peut être la fermeture des casinos en Allemagne en {{Date|1872}} et {{Date|1873}} (il faudra attendre la montée d'[[Adolf Hitler]] pour leur réouvertures. ({{Harvsp|Kjetsaa|1989|p=245}}) Enfin, l'écrivain aurait confondu l'entrée d'un casino avec celle d'une synagogue, et prit cela comme un signe de ne plus jouer. ({{Harvsp|Frank|2003|p=639}})</ref>.

La famille rentre à Saint-Pétersbourg le {{Date-|8 juillet 1871}}, marquant la fin d'une lune de miel (initialement prévue pour trois mois) qui a duré plus de quatre ans{{Sfn|Frank|1997|p=241-363}}{{,}}{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=265}}.

=== Maturité (1871-1881) ===
==== Retour en Russie ====
[[Fichier:Dostoyevsky_in_prison.jpg|droite|vignette|Dostoïevski (à gauche), les 21-22 mars 1874.|alt=Un cliché négatif montre trois hommes assis sur des lits dans une pièce.]]

De retour en Russie en {{Date|juillet 1871}}, la famille connait de nouvelles difficultés financières et doit vendre le reste de ses biens. Leur fils Fiodor nait le 16 juillet, et ils emménagent peu après dans un appartement près de l'Institut de technologie à [[Saint-Pétersbourg]].

Dostoïevski ravive ses amitiés avec [[Apollon Maïkov]] et [[Nikolaï Strakhov|Nicolaï Strakhov]] et a fait de nouvelles connaissances{{Sfn|Grossman|2003|p=431}}. Politiquement, d'abord fervent [[Occidentalisme|occidentaliste]], il devient [[Nationalisme|nationaliste]] et presque [[Chauvinisme|chauvin]] sous l'influence de [[Constantin Pobiedonostsev]], futur haut-commissaire impérial du [[Très Saint-Synode]]. Dostoïevski aime le peuple russe avec passion et hait profondément les [[Usure (finance)|usuriers]] qui saignent les pauvres gens. ''[[Crime et Châtiment]]'' s'ouvre d'ailleurs sur l'assassinat d'une [[Prêt sur gage|prêteuse sur gage]] par un étudiant pauvre, et dépeint longuement les milieux très pauvres de Saint-Pétersbourg et les ravages que l'[[alcoolisme]] y produit.

Parallèlement, son rêve d’un [[universalisme]] panhumain sous férule slave le rend {{Citation|[[Antisémitisme|antisémite]] comme un [[Cent-Noirs|Cent Noir]]}}<ref>{{Ouvrage |prénom1=Michel |nom1=Heller |lien auteur1=Michel Heller |titre=Histoire de la Russie et de son empire |lieu=Paris |éditeur=Perrin |collection=Tempus |date=2015 |année première édition=1995 |passage=1165-& suiv. |isbn=2081235331}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr |titre=De Pasternak à Vassili Grossman : la liste noire du Kremlin, par Bernard Minier |url=https://www.nouvelobs.com/tribunes/20220409.OBS56862/de-pasternak-a-vassili-grossman-la-liste-noire-du-kremlin-par-bernard-minier.html |site=L'Obs |date=2022-04-09 |consulté le=12 mai 2024}}</ref>.

Au début de {{Date|1872}}, la famille passe plusieurs mois à la [[station thermale]] [[Staraïa Roussa]]. Durant cette période, le travail de Dostoïevski est retardé par d'une part le décès de la sœur d'Anna, du [[typhus]] ou du [[paludisme]]<ref>{{Article encyclopédique|prénom=Nikolay|nom=Nasedkin|titre article=Around Dostoyevsky|trans-title=|encyclopedia=The Dostoyevsky Encyclopedia|url=http://www.niknas.narod.ru/4dost/1dost_enz/dost_enz3-10.htm|titre=Вокруг Достоевского|langue=ru|consulté le=5 novembre 2017|archive-url=https://web.archive.org/web/20130502232436/http://www.niknas.narod.ru/4dost/1dost_enz/dost_enz3-10.htm|archive-date=2 May 2013|url-status=dead}}</ref>, et d'autre part le développement d'un abcès à la gorge d'Anna{{Sfn|Frank|2003|p=14-63}}{{,}}{{Sfn|Kjetsaa|1989||p=269-289}}. La famille retourne à Saint-Pétersbourg en septembre.

Son roman ''[[Les Démons]]'' est inspiré d'un fait divers tragique : l'assassinat par les siens d'un des membres du groupe révolutionnaire de [[Serge Netchaïev]]{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=240-261}}. Il est publié en {{Date|1873}} par la ''Société d'édition Dostoïevski'', fondée par Dostoïevski et son épouse. Au même moment, un manque de fonds pousse Dostoïevski à rejoindre la revue ''Le Citoyen'', fondée par [[Vladimir Mechtcherski]], pour un salaire de {{Nbr|3 000|roubles}} par an, et à y publier le ''[[Journal d'un écrivain]]''{{Sfn|Frank|2003|p=38-118}}{{,}}{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=269-289}}. À la suite de diverses affaires judiciaires et financières, il quitte ''Le Citoyen'' et son environnement stressant et bureaucratique en {{Date|mars 1874}}.

Sa santé commençe à se détériorer, et on lui conseille de suivre une cure hors du pays. À [[Bad Ems|Ems]] en [[Allemagne]], un médecin lui diagnostique un [[Inflammation|catarrhe]]. Durant son séjour, il commence ''[[L'Adolescent]]'', et envoie quelques passages aux ''[[Annales de la Patrie]]'' ; il terminera sa rédaction un an plus tard. Il retourne à Saint-Pétersbourg fin {{Date|juillet}}{{Sfn|Frank|2003|p=120-147}}{{,}}{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=273-295}}.

Sous l'impulsion d'Anna, ils passent l'{{Date-|hiver 1874}} à Staraïa Roussa pour permettre à Dostoïevski de se reposer. Son fils Alexeï y nait {{Date-|10 août 1875}}. À la mi-septembre la famille retourne à Saint-Pétersbourg{{Sfn|Frank|2003|p=149-197}}{{,}}{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=273-302}}.

==== Dernières années ====
[[Fichier:Dostoevsky.jpg|vignette|Dostoïevski, en 1879.|alt=Un homme barbu en tenue de ville, en noir et blanc, regardant vers la gauche.]]

Au début de [[1876 en littérature|1876]], Dostoïevski poursuit son ''Journal''. Le livre comprend de nombreux essais et quelques nouvelles sur la société, la religion, la politique et l'éthique. La collection se vend deux fois plus que ses livres précédents. Dostoïevski reçoit plus de lettres de lecteurs que jamais auparavant et des personnes de tous âges et de toutes professions lui rendent visite. Avec l'aide du frère d'Anna, la famille achète une [[datcha]] à Staraïa Roussa. Au cours de l’{{Date|été 1876}}, Dostoïevski recommençe à souffrir d’essoufflement. Il se rend à Ems pour la troisième fois et on lui a dit qu'il peut vivre encore {{Nobr|15}} ans s'il déménageait dans un climat plus sain. À son retour en Russie, l'empereur [[Alexandre II (empereur de Russie)|Alexandre II]] ordonne à Dostoïevski de visiter son palais pour lui présenter le ''Journal'' et lui demande d'éduquer ses fils, Sergueï et Paul. Il est un invité fréquent dans plusieurs salons de Saint-Pétersbourg et rencontre de nombreuses personnalités, dont la comtesse [[Sophie Tolstoï]], [[Iakov Polonski]], [[Serge Witte]], [[Alexeï Souvorine]], [[Anton Rubinstein]] et [[Ilia Répine]]{{Sfn|Frank|2003|p=199-280}}{{,}}{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=303-306}}.

Seulement, la santé de Dostoïevski se détériore encore et il connait quatre crises d'épilepsie en {{Date|mars 1877}}. Plutôt que de retourner à Ems, il visite Maly Prikol, un manoir près de [[Koursk|Kursk]]. De retour à Saint-Pétersbourg pour finaliser son ''Journal'', il visite Darovoïe, où il a passé une grande partie de son enfance. En décembre, il assiste aux funérailles du poète [[Nikolaï Nekrassov|Nekrassov]] et prononce un discours. En {{Date|1877}}, il est nommé membre honoraire de l'[[Académie des sciences de Russie]] ; élu au conseil d'administration de la Société slave de Saint-Pétersbourg ; à l'été, il est élu au comité d'honneur de l'{{Lien|langue=en|trad=Association Littéraire et Artistique Internationale|fr=Association Littéraire et Artistique Internationale}}, qui compte parmi ses membres [[Victor Hugo]], [[Ivan Tourgueniev]], [[Paul Johann Ludwig von Heyse|Paul Heyse]], [[Alfred Tennyson]], [[Anthony Trollope]], [[Henry Longfellow]], [[Ralph Waldo Emerson]] et [[Léon Tolstoï]]. Dostoïevski effectue sa quatrième et dernière visite à Ems début août 1879. On lui diagnostique un [[emphysème pulmonaire]] à un stade précoce, qui pourrait être traité avec succès{{Sfn|Frank|2003|p=320-375}}{{,}}{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=307-349}}.

[[Fichier:Dostoyevsky_on_his_Bier,_Kramskoy.jpg|vignette|gauche|redresse|Dostoïevski sur son [[lit de mort]], dessin de [[Ivan Kramskoï]], 1881.|alt=Dessin réaliste d'un buste homme allongé.]]

Son œuvre romanesque s'achève en [[1880 en littérature|1880]] par ''[[Les Frères Karamazov]]'' qu'il publie à l'âge de {{Nobr|59 ans}}. Cette œuvre incarne l'apogée de l'art de Dostoïevski{{Sfn|Grossman|2003|p=506-511}}. Le roman synthétise ses deux plus grands thèmes de réflexion : la force irrationnelle de la [[Passion (émotion)|passion]] et l'existence de [[Dieu]]. Ce livre connaît un succès certain et assoit la place de Dostoïevski parmi les grands écrivains russes.

En {{Date|juin 1880}}, son ''[[Discours sur Pouchkine]]'', où il évoque sa vision sur le rôle de la Russie dans le monde, fait de lui un [[héros national]] acclamé tant par la jeunesse, les femmes russes que par ses anciens ennemis ([[Ivan Tourgueniev]] au premier rang). Certains critiques lui ont reproché sa fervente poursuite de l'[[idée russe]], comme le politologue libéral Alexander Gradovsky{{Sfn|Lantz|2004|p=170}}, ou le penseur conservateur [[Constantin Léontiev]] dans son essai ''Sur l'amour universel''{{Sfn|Lantz|2004|p=230-231}}. Les attaques ont conduit à une nouvelle détérioration de son état d'esprit et de santé{{Sfn|Frank|2003|p=475-531}}{{,}}{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=353-363}}.

=== Mort ===
[[Fichier:Dostoyevsky's_funeral.jpg|vignette|Dessin des funérailles de Dostoïesvki, qui ont réuni plus de {{Unité|60000|personnes}}.|alt=Dessin d'un défilé funéraire, un grand nombre d'hommes et femmes accompagnent le cortège.]]

Il succombe à [[Saint-Pétersbourg]] d'une [[Hémorragie alvéolaire|hémorragie pulmonaire]] le {{Date-|9|2|1881}}<ref group="N">28 janvier du calendrier julien.</ref>{{,}}{{Sfn|Frank|2003|p=707-750}}{{,}}{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=368-371}}. Dostoïevski demande avant de mourir que la [[Fils prodigue|parabole du fils prodigue]] soit lue à ses enfants. Le sens profond de cette demande est souligné par son biographe Joseph Frank :<blockquote>C'est cette parabole de la transgression, du repentir et du pardon qu'il souhaitait laisser comme dernier héritage à ses enfants. Elle pourrait être considérée comme sa propre compréhension du sens de sa vie et du message de son œuvre{{Sfn|Frank|2010|p=925}}.</blockquote>Ses [[obsèques nationales]] ont lieu le {{Date-|12|2|1881}} et sont suivies par trente mille personnes{{Sfn|Frank|2010|p=754}}{{,}}<ref group="N">Selon Jacques Catteau, ce nombre s'élevait à {{Formatnum:60000}}. ({{Harvsp|Dostoïevskaïa|2001|p=7|loc=préface}})</ref>. Il est enterré au [[cimetière Tikhvine]] à Saint-Pétersbourg. À la fin de sa vie, Dostoïevski est un fervent [[Croyance|croyant]] et abandonne l'[[agnosticisme]] de ses premières années. Sur sa pierre tombale est cité un verset du [[Nouveau Testament]] : {{Citation|En vérité, en vérité, je vous le dis, si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul ; mais, s'il meurt, il porte beaucoup de fruit.}} ({{Réf Bible|Jn|12|24|auteur=Crampon|display=long}}){{Sfn|Frank|2003|p=707-750}}{{,}}{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=373 et {{sq.}}}}.

== Dostoïevski, l'homme ==
=== Un caractère complexe ===
Au vu de la vie et des personnages de Fiodor Dostoïesvki, il est tentant d'en transposer le caractère sombre et tourmenté au caractère de l'auteur. En effet, dès son enfance, ce dernier connaît, auprès des malades de l'hôpital des pauvres de Mariinsky, la maladie et la mort. Sa mère décède alors qu'il n'a que quinze ans ; son père est décrit comme tyrannique et froid et décède brutalement trois ans plus tard{{Sfn|Grossman|2003|p=42}}. Les brefs témoignages que l'on a de son passage à l'internat de Saint-Petersbourg le décrivent comme {{Citation|taciturne}}, au {{Citation|teint pâle et maladif}}{{Sfn|Pascal|1970|p=289}}. Ces traits ont été parfois exagérés ou surinterprétés par ses biographes{{Sfn|Pascal|1970|p=289, 297}}{{,}}<ref name="ref_auto_1" />. Dans son analyse des ''[[Les Frères Karamazov|Frères Karamazov]], [[Dostoïevski et le parricide]]'', [[Sigmund Freud|Freud]] distingue ainsi quatre caractéristiques communément attribué à l'homme : {{Citation|l'écrivain, le névrosé, le moraliste et le pécheur}}. Il s'attache à montrer la difficulté de toute entreprise de réduction de la personnalité complexe de Dostoïesvki en quelques traits{{Sfn|Freud|Pontalis|1973|p=7}}.

D'autre part, il est tentant d'identifier l'auteur au héros de ''[[L'Adolescent]]'', enfant bâtard placé chez des étrangers où il grandit sans amour et est souvent humilié, dans une haine mêlée d’attirance envers sa famille et spécialement son père. D'autres rapports complexes entre père et fils peuvent être chez les ''Frères Karamazov, [[Nétotchka Nezvanova]], [[Les Pauvres Gens|Les Pauvres gens]]'' ou encore ''[[La Logeuse]].'' Mais alors pourquoi identifier Dostoïesvki en [[Ivan Karamazov|Ivan]] plutôt qu'en [[Alexeï Karamazov|Alexis Karamazov]] ; en [[Les Démons|Stavroguine]] plutôt qu'en le [[prince Mychkine]] ? La personnalité et les idées de Dostoïesvki se reflètent dans l'ensemble de ses œuvres et de ses personnages{{Sfn|Pascal|1970|p=311}}.

C'est à travers son œuvre romanesque prise dans son ensemble et non dans les paroles de ses personnages qu'il faut chercher cette pensée, principalement d'ordre [[Ontologie (philosophie)|ontologique]], voire [[Anthropologie|anthropologique]]. C'est aussi à travers son ''[[Journal d'un écrivain|Journal]]'' et sa correspondance que transparaissent certaines de ses pensées et attitudes. Encore faut-il prendre garde au ton polémique que peut prendre son ''Journal'' et au destinataire de certaines lettres{{Sfn|Pascal|1970|p=333}}.

=== Une santé fragile ===
[[Fichier:Fyodor_Mikahailovich_Dostoyevsky_1880.jpg|vignette|redresse|Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski en 1880.|alt=Un homme moustachu au regard sévère et sérieux.]]

Dostoïevski se qualifiait lui-même d'[[Épilepsie|épileptique]], maladie qu'on lui constata au bagne d'[[Omsk]] et à [[Barnaoul]]. Dostoïevski tient un carnet où est détaillé l'heure, les symptômes et les conséquences de l'attaque. Ses attaques sévères sont accompagnées de pertes de conscience, de contractions musculaires et d'un abattement consécutif. Cet état rend impossible le travail de l'écrivain pendant parfois une semaine{{Sfn|Pascal|1970|p=294-295}}. Ces crises sont précédées d'un bref instant d'[[extase]] que Dostoïevski décrit dans ''[[L'Idiot]]'' par les mots du prince Mychkine :
{{Citation bloc|Son cerveau lui semblait prendre feu… une tension subite de toutes ses énergies… un sens vital décuplé… le cerveau, le coeur d'une lumière extraordinaire… ses troubles, doutes inquiétudes apprises, fondus dans une quiétude supérieure faite de joie et d'espérance, limpide, harmonieuse, plein d'intelligence de la cause finale…{{sfn|Pascal|1970|p=295}}}}

Dès [[1846]], Dostoïevski est très préoccupé de sa santé, et sa futur femme [[Anna Dostoïevskaïa]] le sera tout autant{{Sfn|Pascal|1970|p=296}}.

Par ailleurs Dostoïevski est d'un caractère nerveux. Les mémoires d'Anna Dostoïevskaïa font état d'excès de jalousie ou de violence. On sait qu'il a connu l'addiction aux [[Jeu d'argent|jeux d'argents]]. L'écrivain le sait, lui-même se dit {{Citation|ridicule et infect}}, il en tire un matériau littéraire important dans la construction de certains des personnages de ses romans, voire des thèmes abordés comme ''Le Joueur'' à propos de la séduction du jeu{{Sfn|Pascal|1970|p=298}}.

=== La volonté et le sens social ===
Son caractère privé contraste toutefois avec son attitude dans le monde, où Dostoïevski se montre la plupart du temps sociable et généreux{{Sfn|Pascal|1970|p=298}}. Ayant gagné de grandes sommes au casino, Dostoïevski n'hésite pas à faire preuve d'une grande générosité avec son entourage. Il endossa les dettes de son frère Mikhaïl, et entretint dix ans après la mort de ce dernier la veuve et ses enfants{{Sfn|Pascal|1970|p=299}}.

Il connait l'instabilité matérielle en tant qu'étudiant et écrivain, avant la stabilité familiale. Alors, Dostoïevski se montre être un père aimant, voire dévoué, et tendre envers ses enfants{{Sfn|Pascal|1970|p=300}}. [[Paul Claudel]] réconcilie cet aspect contradictoire de l'homme à la nature trouble, selon lui {{Citation|Dostoïevski [est] quelqu'un qui a cette chose si rare chez les écrivains : le coeur… il a souffert, il a aimé.}}{{Sfn|Pascal|1970|p=301}}

La dimension sociale que prennent des œuvres comme ''[[Crime et Châtiment]]'' ou ''[[Nétotchka Nezvanova]]'', mais aussi explicite dans ses carnets, donne un aperçu de l'engagement moral de l'auteur. Il fut toute sa vie un observateur assidu de l'évolution politique, économique, morale et sociale de la Russie. Pendant [[#Les années d'errance|ses séjours en Europe]], il lit encore les quotidiens russes{{Sfn|Pascal|1970|p=298}}.

=== Dostoïevski penseur ===
[[Fichier:Dostoevski_grave_at_Alexander_Nevsky_Monastry.jpg|gauche|vignette|redresse|Tombe de Dostoïevski au [[monastère Saint-Alexandre-Nevski]] ([[cimetière Tikhvine]]), à [[Saint-Pétersbourg]].|alt=Une pierre tombale dans un chemin boisé. Dessus, un buste d'homme chatoyant.]]

Lorsque l'on cherche à définir la pensée de Dostoïevski, on se heurte d'emblée à une difficulté : son œuvre romanesque comporte très peu d'interventions directes de l'auteur comme on en trouve souvent dans les romans du {{S-|XIX}}{{Sfn|Pascal|1970|p=333}}. Ce ne sont pas des « romans à thèse », mais des romans où s'opposent de façon dialectique des points de vue différents. Ainsi, dans ''[[Les Frères Karamazov]]'', Aliocha le croyant s'oppose à Ivan le sceptique, mais l'auteur fait de chacun un personnage cohérent et touchant. Rien ne serait donc plus trompeur que de prêter à Dostoïevski les opinions de ses personnages. C'est avec la plus grande prudence qu'il faut lire les citations extraites de son œuvre romanesque.

Il existe bien une pensée originale chez Dostoïevski, notamment au vu de son influence sur de nombreux philosophes tels que [[Friedrich Nietzsche|Nietzsche]], [[André Suarès]], [[Albert Camus]]<ref group="N">Dans ''[[L'Homme révolté]]'', Camus intègre et critique les idées de Dostoïevski dans sa propre [[philosophie de l'absurde]] et de la révolte à l'aide des romans ''Les Démons'' et ''Les Frères Karamazov.'' On lit ainsi dans ''l'Homme révolté'' : <blockquote>C'est chez Dostoïevski que j'ai trouvé le plus complètement ce que je cherchais: l'image des conflits de l'homme occidental avec sa condition spirituelle et sociale.</blockquote></ref>, les [[Existentialisme|existentialistes]]<ref name=":1" />, [[René Girard]]<ref>{{Article|langue=en|prénom1=David J|nom1=Leigh|titre=The Philosophy and Theology of Fyodor Dostoevsky|périodique=Ultimate Reality and Meaning|volume=33|numéro=1-2|pages=85–103|date=2010-03|issn=0709-549X|doi=10.3138/uram.33.1-2.85|lire en ligne=https://utpjournals.press/doi/10.3138/uram.33.1-2.85|consulté le=2024-06-28}}</ref>, ou encore sur la psychologie<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Fyodor Dostoyevsky {{!}} Biography, Books, Philosophy, & Facts|url=https://www.britannica.com/biography/Fyodor-Dostoyevsky |site=britannica.com |date=2024-05-21 |consulté le=2024-06-28}}</ref>. À ce sujet, [[Sigmund Freud|Freud]] écrit un article ''[[Dostoïevski et le parricide]]''. Cependant, il ne s'agit pas de dégager un système philosophique de l'ensemble de son œuvre. Au contraire, l'écrivain fuyait l'abstraction et a rarement tenté d'organiser sa pensée. Tout au plus peut-on esquisser le cadre dans lequel se sont formées les problématiques : ce cadre est chrétien, mais d'une pensée {{Citation|frémissante de vie et de liberté}}{{Sfn|Pascal|1970|p=334}}.

De plus, la proximité de la pensée de Dostoïevski avec l'[[existentialisme]] est telle qu'on a pu le compter parmi les fondateurs de ce courant philosophique, au même titre que [[Søren Kierkegaard|Kierkegaard]]<ref>{{Lien web |langue=ru |auteur=Piama Gaïdenko/Гайденко, Пиама Павловна |titre=ЭКЗИСТЕНЦИАЛИЗМ |traduction titre=Existentialisme |url=http://iph.ras.ru/elib/3505.html |série=Новая философская энциклопедия |éditeur=Институт Философии Российской Академии Наук |consulté le=2016-01-17}}</ref>. En effet, ses personnages se construisent au travers de leurs rapports dialectiques à autrui, de leurs actes ou de leurs interactions sociales, par imitation ou opposition. Il montre également la part d'angoisse associée au libre arbitre (voir par exemple l'[[apologue]] du [[Le Grand Inquisiteur|Grand Inquisiteur]] dans ''[[Les Frères Karamazov]]'').

== Opinions personnelles et politiques ==
=== Formation politique et morale ===
Le jeune Dostoïevski aimait lire l'''Histoire de l'empire de Russie'' de [[Nikolaï Karamzine]], monumental travail historique des [[années 1820]] faisant l'éloge du [[conservatisme]] et de l'[[Idée russe|indépendance russe]], idées dont s'emparera l'écrivain dans sa vie. Avant son arrestation et son [[Katorga|envoi au bagne]] pour participation au [[Cercle de Petrachevski]] en {{Date|1849}}, Dostoïevski note : {{Citation|Rien ne m'a jamais été plus ridicule que l'idée d'un gouvernement républicain en Russie.}} Dans une édition de 1881 de son ''[[Journal d'un écrivain|Journal]]'', Dostoïevski écrit que l'empereur et le peuple doivent former une unité : {{Citation|Pour le peuple, l'empereur n'est pas une puissance extérieure, ni le pouvoir d'un quelconque conquérant… mais le pouvoir de tout le peuple, un pouvoir unificateur d'un peuple désirant{{Sfn|Lantz|2004|p=183–89}}.}}

Dans les [[années 1840]], Dostoïevski fait la rencontre du critique [[Vissarion Belinski]], qui prône alors un [[Ludwig Feuerbach|athéisme feuerbachien]]. Belinski, alors libéral, écarte la personne du Christ qu'il considère comme un gueux prisé par le peuple. Il entraine Dostoïevski un moment avec lui : il note dans son ''Journal'' {{Citation|J'ai perdu le Christ dans la maison paternelle.}} Mais Dostoïevski conçoit la figure du Christ populaire qui s'écarte de celle des Évangiles. Il ne fait pas la distinction entre les [[Pensées (Pascal)#Les trois ordres|ordres pascaliens]] de la chair, de l'esprit et de la charité. Il se sépare de Belinski ; c'est le début du développement de la pensée politique de l'écrivain russe{{Sfn|Pascal|1970|p=358}}. Pour autant, il n'est pas aisé de situer politiquement Dostoïevski : en tant que chrétien, il rejette le socialisme athée ; en tant que conservateur, il rejette la destruction des institutions ; enfin, en tant que pacifiste, il rejette toute méthode violente ou révolutionnaire<ref name=":0" />{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Bruce K. |nom1=Ward |titre=Dostoyevsky's Critique of the West: The Quest for the Earthly Paradise |éditeur=[[Presse universitaire Wilfrid Laurier|Wilfrid Laurier Univ. Press]] |date=30 October 2010 |isbn=9781554588169 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=Bt3fAgAAQBAJ&q=property&pg=PT23 |consulté le=12 mai 2024}}</ref>. Ce dernier point l'éloigne du [[Mikhaïl Petrachevski|cercle Petrachevski]]. Il reproche en outre au socialisme athée, qu'il qualifie de « fourmilière », le manque d'esprit, l'absence d'un rapport à l'âme, et une tendance à la réaction plutôt qu'à la proposition ou à la création politique{{Sfn|Pascal|1970|p=343}}.

=== Critique de son temps ===
Selon Dostoïevski, la société démocratique dans laquelle la Russie est brutalement projetée au cours des [[années 1850]] ne fait que rendre les conflits plus violents. Elle promet en effet à chacun un égal droit à la réussite et à la gloire : serfs affranchis, petits fonctionnaires, étudiants pauvres se sentent à égalité avec les nobles ou les grands bourgeois. Inévitablement, les obstacles et les rigidités sociales engendrent alors frustrations et amertume (cf. ''[[Les Carnets du sous-sol]]''). C'est d'ailleurs le point de départ du concept de [[ressentiment]] chez Nietzsche. Pour le philosophe russe [[Léon Chestov]], Dostoïevski se rapproche de Nietzsche {{Citation|en ce que leurs œuvres contiennent non pas une réponse mais une question : peuvent-ils encore concevoir quelque espoir, ceux qui ont repoussé la science et la morale ? Autrement dit : la philosophie de la tragédie est-elle possible ?}} Léon Chestov avance que les romans métaphysiques de Dostoïevski sont une réponse à ''[[Critique de la raison pure|La Critique de la raison pure]]'' et de la science positive de [[Emmanuel Kant|Kant]].

Bien qu'étant critique du [[Servage en Russie|servage]], Dostoïevski est sceptique quant à la création d'une [[Monarchie constitutionnelle|constitution]], concept qu'il considérait comme sans rapport avec l'[[histoire de la Russie]]. Plutôt qu'une {{Citation|une constitution asservirait simplement le peuple}}, il aspire à la suppression du [[Féodalité|système féodal]] et une réduction des inégalités entre la paysannerie et les classes aisées. Prenant pour support l'[[Histoire de la France au XVIIIe siècle|histoire politique de la France]]{{Sfn|Lantz|2004|p=323-327}}, il juge que la démocratie et l'[[oligarchie]] sont de mauvais systèmes politiques. Son utopie est une Russie christianisée où {{Citation|si tout le monde était activement chrétien, aucune question sociale ne se poserait… S'ils étaient chrétiens, tout serait réglé}}{{Sfn|Lantz|2004|p=323–27}}. Dans les [[années 1860]], il découvre le ''[[Potchvennitchestvo]]'', un mouvement similaire au [[slavophilisme]] en ce sens qu'il rejette la culture européenne et certains mouvements philosophiques contemporains, tels que le [[nihilisme]] et le [[matérialisme]]. Le ''Potchvennitchestvo'' diffère du slavophilisme en ce qu'il vise à établir, non une Russie isolée, mais un État ouvert sur le modèle de la Russie de [[Pierre Ier le Grand|Pierre le Grand]]{{Sfn|Lantz|2004|p=323–27}}.

Dans son article incomplet ''Socialisme et christianisme'', Dostoïevski affirmait que la civilisation ({{Citation|la deuxième étape dans l'histoire de l'humanité}}) s'est dégradée en s'orientant vers le [[Libéralisme politique|libéralisme]] et perdant la [[Christianisme orthodoxe|foi en Dieu]]. La « crise » religieuse et morale que traversait selon lui l'Europe occidentale est conséquence de la collision entre les intérêts communautaires et individuels où la survie et le narcissisme prenait le pas sur la compassion et l'unité{{Sfn|Lantz|2004|p=183–89}}.

=== L'utopie slave ===
En cela, Dostoïevski distingue trois {{Citation|idées énormes du monde}} répandues à son époque : le [[Catholicisme|catholicisme romain]], le [[protestantisme]] et l'[[Église orthodoxe russe|orthodoxie russe]]. Selon lui, le catholicisme, qui prolonge la tradition [[Empire romain|impériale romaine]], est devenu antichrétien et proto-socialiste, l'idée du Christ ayant été abandonnée par l'Église {{quoi|pour des {{Citation|la dernière incarnation de l'idée catholique}} et son {{Citation|allié naturel}}}}. D'autre part, le protestantisme perd de son pouvoir et de sa spiritualité de lui-même dans un mouvement inéluctable. Il considère l’orthodoxie (russe) comme la forme idéale du christianisme.

Ses dernières années restent marquées par des discours enflammés sur l'[[Âme russe|âme]] et le peuple russes ainsi que sur la supériorité du « génie russe » sur les autres nations. Il attribue un rôle [[Messianisme|messianique]] au peuple russe, seul peuple capable de comprendre tous les autres et d'avoir ses spécificités nationales. Selon lui, le peuple russe a pour mission d'apporter le bonheur à l'humanité, et voir dans la monarchie le salut pour la Russie d'une nouvelle nation moderne{{Sfn|Pascal|1970|p=347}}.

=== Au sujet du peuple juif ===
De nombreux personnages de l'œuvre de Dostoïevski, comme les Juifs, ont été décrits suivant des stéréotypes négatifs<ref>{{Lien web |prénom=Fernanda |nom=Eberstadt |titre=Dostoevsky and the Jews |url=https://www.commentarymagazine.com/articles/dostoevsky-and-the-Jews/ |périodique=Commentary Magazine |date=1987}}</ref>. Dans une lettre de {{Date|1877}} à Arkady Kovner, un juif qui avait accusé Dostoïevski d'antisémitisme, il répond ainsi :<blockquote>Je ne suis pas du tout un ennemi des Juifs et je ne l'ai jamais été. Mais comme vous le dites, son existence de quarante siècles prouve que cette tribu a une vitalité exceptionnelle […] comment ne pas se trouver, ne serait-ce que partiellement, en désaccord avec la population indigène&nbsp; – la tribu russe ?<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Joseph Franck |auteur2=David I. Goldstein |traducteur=Andrew Macandrew |titre=Selected Letters of Fyodor Dostoevsky |éditeur=[[Rutgers University Press]] |date=1989 |pages totales=437-438 |isbn=9780813514536}}</ref></blockquote>Dostoïevski se tient à une idéologie [[Panslavisme|panslave]] soutenue entre autres à cause des [[Histoire de la Hongrie|occupations ottomanes d'Europe de l'Est]]. L'écrivain soutient l’héritage chrétien orthodoxe commun, qu'il considère à la fois comme unificateur et salvateur<ref name=":0" />.

== Dostoïevski et la religion ==
=== Jeunesse et expérience religieuse ===
[[Fichier:Dostoyevsky_New_Testament.PNG|vignette|Pages de couverture du [[Nouveau Testament]] que Dostoïevski apporta en prison.|alt=Manuscrit aux pages craquelées et usées dont les bords sont cornés et brunis par le temps.]]
Dostoïevski est élevé dans une famille [[Église orthodoxe|chrétienne orthodoxe]]{{Sfn|Pattison|Thompson|2001|loc=[https://books.google.com/books?id=GlLm4gbPZdQC&pg=PA135 p. 135]}} ; il fréquente l'[[Évangile]] dès son plus jeune âge{{Sfn|Frank|1979|p=401}}{{,}}{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=8-9}}. Un diacre de l'hôpital lui a donné une instruction religieuse{{Sfn|Jones|2005|p=1}}. Parmi ses souvenirs d'enfance les plus précieux se trouve sa récitation, alors qu'il {{Citation|était encore presque un enfant}} des passages du [[Livre de Job]] aux malades{{Sfn|Frank|2010|loc=[https://books.google.ca/books?id=lp1RpM8o9BQC&pg=PA24 p. 24], 30}}. Plus tard, une Bible sera toujours placée en évidence sur son bureau (et est depuis conservée au [[Musée Dostoïevski]] à Saint-Petersbourg) ; ainsi qu'une reproduction de ''[[La Madone Sixtine]]'' de Raphaël qu'il a vue à Dresde en 1862.

Il témoigne d'une grande sensibilité à la question de l'expérience religieuse jusqu'à la fin de sa vie. Il écrit par exemple, le {{Date|10|juin|1875}}, à sa femme [[Anna Dostoïevskaïa]] : {{Citation|je lis le ''Livre de Job'' et je plonge dans une extase maladive : je m'arrête de lire et marche de long en large à travers la pièce pendant une heure, au bord des larmes.}} À propos du tableau de ''La Madone Sixtine'', Anna rapporte dans ses ''Mémoires'' : {{Citation|Que de fois j'ai trouvé Fiodor Mikhaïlovitch pendant la dernière année de sa vie debout devant ce grand tableau, en proie à un attendrissement si profond qu'il ne m'entendait pas entrer}}{{Sfn|Allain|1982|p=20}}.

À travers la littérature d'[[Ernst Hoffmann|Hoffmann]], [[Honoré de Balzac|Balzac]], [[Eugène Sue]] et [[Johann Wolfgang von Goethe|Goethe]], Dostoïevski crée son système de croyance propre, similaire au [[Christianisme spirituel|sectarianisme russe]] et aux [[Orthodoxes vieux-croyants|vieux-croyants]]{{Sfn|Jones|2005|p=2}}. Après l'épisode de son arrestation, du [[simulacre d'exécution]] et de son emprisonnement, il se concentre intensément sur la figure du [[Jésus-Christ|Christ]] et sur le [[Nouveau Testament]], le seul ouvrage autorisé en prison{{Sfn|Jones|2005|p=6}}. Dans une lettre de {{Date|janvier 1854}} adressée à la femme qui lui avait envoyé le Nouveau Testament, Dostoïevski écrit qu'il est et restera {{Citation|un enfant de l'incrédulité et du doute jusqu'à la tombe}}. Il écrit : {{Citation|même si l'on me démontrait que la vérité se trouve en dehors du Christ, je choisirais le Christ plutôt que la vérité}}{{Sfn|Jones|2005|p=7}}.

=== Entre foi et incroyance ===
Cependant ses rapports à sa propre croyance sont délicats. Deux personnages du roman ''[[Les Démons]]'' peuvent éclairer l'ambivalence dostoïevskienne de la foi et de la croyance. D'une part, il y a l'athéisme pénétré du personnage de Kirilov : {{Citation|Dieu est la souffrance de la peur de la mort. […] Il n'existe pas, mais Il est.}} (I, III, 8) qui se tient à {{Citation|l'avant-dernier échelon qui précède la foi parfaite}}. D'autre part, se trouve à l'opposé le personnage de Chatov. À la question de Stavroguine de savoir s'il croit en Dieu, Chatov répond{{Sfn|Allain|1982|p=8}} (II, I, 7):{{Citation bloc|– Je crois à la Russie, je crois à son orthodoxie… Je crois au corps du Christ… Je crois que le second avènement aura lieu en Russie… Je crois, balbutia Chatov hors de lui.
– Et en Dieu ? En Dieu ?
– Je… croirai en Dieu.|}}La foi et l'incroyance relèvent d'une même volonté d'approcher les questions fondamentales de l'œuvre de Dostoïevski. Mais là où la première procède par une certitude religieuse qui est celle du cœur, l'autre parvient à la vérité par la recherche de preuves{{Sfn|Allain|1982|p=18}}.

=== Dieu et le Christ ===
C'est lors de son passage au bagne que se développe la force spirituelle de Dostoïevski. Il écrit dans une correspondance : {{Citation|Je te jure que je ne perdrai pas espoir et garderai purs mon esprit et mon cœur… Je dois vivre… Ces années ne seront pas stériles.}} Au fond de son enfer, il rencontre le [[Jésus de Nazareth|Christ]], et sa foi renouvelée va désormais le guider dans sa vie privée, dans sa vie d'écrivain et dans sa vie politique : {{Citation|… il n'est rien de plus beau, de plus profond, de plus sympathique, de plus raisonnable, de plus viril et de plus parfait que le Christ… Désormais, je n'écrirai plus d'âneries}}.

L'attitude religieuse de Dostoïevski est hésitante, partagée entre la transcendance d'un Dieu – métaphysique, lointain – et l'immanence d'un Christ – intelligible et concret{{Sfn|Allain|1982|p=34}}. L'[[Église orthodoxe russe|orthodoxie russe]] du siècle de Fiodor Dostoïevski ne fait pas de préférence entre les figures chérifiennes de [[Dieu]] et du [[Jésus-Christ|Christ]]. Or la personne du Christ a pour l'écrivain bien plus de poids que celle du Dieu, comme certains des extraits précédents le montrent. Les définitions que donne Dostoïevski de ces deux entités sont confuses :{{Colonnes|{{Citation|La nature de Dieu est directement opposée à la nature de l'homme. […] C'est une synthèse de tout l'être, se contemplant elle-même dans l'infinie diversité, dans l'analyse. La doctrine des matérialistes : inertie universelle et mécanisme de la matière, c'est la mort. La doctrine de la véritable philosophie, c'est l'abolition de l'inertie, c'est-à-dire la pensée comme centre et synthèse de l'univers et de sa forme apparente, et l'abolition de la matière, c'est-à-dire Dieu, c'est-à-dire la vie éternelle}}{{Sfn|Allain|1982|p=31}}.

{{Citation|Le Christ a été de toute éternité l'idéal vers lequel tend, vers lequel doit tendre l'homme selon la loi de la nature. […] Après l'apparition en tant qu'''idéal incarné de l'homme'', le Christ est entier tout entier dans l'humanité et l'homme aspire à se transformer en le moi du Christ comme en son idéal.}}{{Sfn|Allain|1982|p=32}}|nombre=2}}Il ne tranchera jamais la question de déterminer le rapport du Christ à Dieu, il sait avec douleur qu'il ne pourra jamais le savoir. Le commentateur Louis Allain avance deux certitudes qu'a soutenues Dostoïevski. Premièrement celle de l'[[Arguments sur l'existence de Dieu|existence de Dieu]] ; secondement que le Christ est le garant du salut de l'humanité{{Sfn|Allain|1982|p=32}}.

=== L'immortalité ===
{{Exergue|Oui, nous ressusciterons, nous nous reverrons tous et nous nous raconterons joyeusement tout ce qui se sera passé, dit Aliocha, mi-rieur, mi enthousiaste.|Fiodor Dostoïevski, excipit|Les Frères Karamazov}}Parallèlement à la croyance de l'homme en Dieu, Dostoïevski attache une grande importance à la croyance en l'[[Âme|immortalité]] de l'homme. Deux textes fondamentaux traitent de ce thème : la ''Méditation'' ([[1864 en littérature|1864]]) écrit au chevet du corps de [[Maria Dmitrievna Dostoïevskaïa|Marie Dmitrievna]], première épouse de Dostoïevski, et une lettre à N. P. Peterson ([[1878 en littérature|1878]]) sur la {{Citation|résurrection des morts}}{{Sfn|Allain|1982|p=37}}. Ces textes distinguent deux formes d'immortalités : celle de l'âme après le [[Jugement dernier]] au sein du Christ, et une immortalité historique {{Citation|au stade final de l'humanité}} que le Christ achève. Chaque individu se confond dans le développement de l'humanité, et Dostoïevski de préciser dans la ''Méditation'' qu'après le Jugement dernier, nous {{Citation|serons des êtres en fusion perpétuelle avec tout, en contractant point d'union charnelle. Alors tout aura pleine conscience et connaissance de soi, à jamais.}}{{Sfn|Allain|1982|p=41}}.

Dans ses dernières années, Dostoïevski ajoute à sa réflexion le projet de la {{Citation|résurrection des morts}}, c'est-à-dire le projet immédiat de chaque vivant de rétablir la justice avec les morts en les faisant ressusciter. Certes il manque à l'homme le savoir scientifique et spirituel pour y parvenir ; mais telle est la tâche de l'homme idéal. Ce faisant, l'homme se montre un être collectif, voir confondu à l'humanité entière. On lit ainsi dans les brouillons des ''Frères Karamazov'' :
{{Citation bloc|''Transfert'' de l'amour. Il n'a pas oublié non plus ceux-là. Croyance que nous renaîtrons et que nous nous retrouverons tous dans l'harmonie universelle […] ''La résurrection des ancêtres'' dépend de nous.}}

== Thématiques de l'œuvre ==
Ses premières œuvres mettent l'accent sur le [[Réalisme (littérature)|réalisme]] et le [[Naturalisme (littérature)|naturalisme]], ainsi que sur des questions sociales telles que les rapports entre classes économiques. Des éléments de [[Roman gothique|fiction]] {{Citation|un explorateur d'idées}}{{Sfn|Terras|1998|p=59}}, grandement affecté par les événements sociopolitiques survenus de son vivant. Après sa sortie de prison, son style d'écriture s'est éloigné de ce qu'[[Apollon Grigoriev]] nomme le {{Citation|naturalisme sentimental}} de ses œuvres antérieures, et s'est davantage préoccupé de la dramatisation de thèmes [[Psychologie|psychologiques]] et [[Philosophie|philosophiques]].

=== Description chronologique ===
==== Premiers écrits ====
[[Fichier:185px_Dostoevsky_1859.jpg|vignette|Dostoïevski, en 1859.|alt=Un homme moustachu porte un regard horizontal et sérieux devant lui. Sa main est posée sur son veston militaire.]]
Les traductions d'''[[Eugénie Grandet]]'' de Balzac et de ''[[La Dernière Aldini]]'' de Sand diffèrent des traductions standards. Sa traduction du roman de Balzac est ponctuée d'omissions et de paraphrases, peut-être dues à sa connaissance rudimentaire du français ou de sa précipitation{{Sfn|Lantz|2004|p=29}}. Il utilise un registre littéraire sombre, comme « lugubre » pour traduire « pâle » ou « froid », et des adjectifs sensationnels, comme « horrible » et « mystérieux ». La traduction de ''La Dernière Aldini'' ne fut jamais achevée car une autre traduction avait été publiée en 1837{{Sfn|Catteau|1978|p=12-13}}. Il abandonna également son travail sur ''Mathilde'' d'[[Eugène Sue]], faute de fonds suffisants{{Sfn|Lantz|2004|p=419}}.

Le premier roman de Dostoïevski, ''[[Les Pauvres Gens]]'', est un [[roman épistolaire]] dépeignant la relation entre le vieux fonctionnaire Macaire Diévouchkine et la jeune couturière Varvara Dobroselova, une parente éloignée. Leur correspondance révèle l'adoration tendre et sentimentale de Diévouchkine pour Varvara alors qu'ils sont aux prises avec les problèmes déroutants et parfois déchirants que leur impose leur humble position sociale. Le roman fut un succès, décrit comme {{Citation|le premier [[roman social]] de Russie}}{{Sfn|Bloom|2004|p=12}} par [[Vissarion Belinski]], en raison de sa représentation sympathique des personnes pauvres et opprimées{{Sfn|Lantz|2004|p=334-35}}. L'œuvre suivante de Dostoïevski, ''[[Le Double]]'', est opposée à la fois par sa forme et par son style aux ''Pauvres Gens''. Contrairement au premier roman, ''Le Double'' n'a pas été bien reçu par la critique, qui a pointé sa logorrhée et la structure complexe{{Sfn|Reber|1964|p=22}}{{,}}{{Sfn|Terras|1969|p=224}}.

Les nouvelles que Dostoïevski a écrites avant son emprisonnement explorent des thèmes similaires aux ''Pauvres Gens'' et au ''Double''{{Sfn|Frank|2019|p=103}}. Le narrateur des ''[[Les Nuits blanches|Nuits blanches]]'', un jeune homme souffrant de solitude, rencontre une jeune femme et en tombe amoureux. Le texte est empreint d'un riche répertoire musical, d'ironie, et d'un {{Citation|pathétique chaleureux}}. Les trois premières parties de son roman inachevé ''[[Nétotchka Nezvanova]]'' racontent les épreuves et les tribulations de Nétotchka, belle-fille d'un violoniste, tandis que dans ''[[Un sapin de Noël et un mariage]]'', Dostoïevski s'essaie à la satire sociale{{Sfn|Terras|1998|p=14–30}}.

==== Maturité ====
Après sa sortie de prison, Dostoïevski s'est davantage préoccupé d'élucider des thèmes psychologiques et philosophiques ; son style littéraire s'éloigne du {{Citation|naturalisme sentimental}} que l'on retrouve dans ses premiers romans{{Sfn|Catteau|1978|p=197}}. Bien qu'il ait passé quatre ans en prison dans des conditions éprouvantes, il tire de ces années deux œuvres humoristiques : la nouvelle ''[[Le Rêve de l'oncle]]'' et le roman ''[[Le Bourg de Stépantchikovo et sa population]]''{{Sfn|Terras|1998|p=32–50}}. Les ''[[Souvenirs de la maison des morts]]'' constituent la description {{Incise|quoique romancée|}} des quatre années que Dostoïevski passa au bagne d'Omsk, et traitent des thèmes religieux. Des personnages des trois [[Religion abrahamique|religions abrahamiques]] {{Incise|le judaïsme, l'islam et le christianisme}} y apparaissent, et bien que le personnage juif Isay Fomich et les personnages affiliés à l'[[Église orthodoxe|Église orthodoxe orientale]] et aux vieux croyants soient représentés en mal, les musulmans Nurra et Aley du [[Daghestan]] sont représentés en bien. Aley est ensuite éduqué en lisant la Bible et montre une fascination pour le message [[Altruisme|altruiste]] du [[Sermon sur la montagne]] du Christ, qu'il considère comme la philosophie idéale{{Sfn|Bercken|2011|p=23-26}}.

Le roman ''[[Les Carnets du sous-sol]]'', écrit en partie en prison, est son premier livre [[Laïcité|laïque]]. Dostoïevski insiste plus tard sur sa réticence à supprimer les thèmes religieux du livre<ref>Pisma, XVIII, 2, 73</ref>.

Le chercheur {{Lien|langue=es|trad=Victor Terras|fr=Victor Terras}} émet l'hypothèse que l'inquiétude de Dostoïevski envers les opprimés après ''Les Carnets'' est {{Citation|motivée moins par la compassion que par une curiosité malsaine pour les recoins les plus sombres de la psyché humaine […], que par un esprit pervers attiré pour les états malades de l'esprit humain […], par le plaisir sadique d'observer la souffrance humaine}}{{Sfn|Terras|1998|p=préface}}. Le roman ''[[Humiliés et Offensés|Humiliés et offensés]]'' est également laïque ; ce n'est qu'à la fin des années 1860, à partir de la publication de ''Crime et Châtiment'', que les thèmes religieux de Dostoïevski refont surface{{Sfn|Bercken|2011|p=23-26}}.

Les ouvrages publiés par Dostoïevski dans les années 1870 explorent la capacité de manipulation de l’être humain. Les nouvelles ''[[Le mari éternel]]'' et ''[[La douce]]'' décrivent la relation entre un homme et une femme mariés, le premier relatant la manipulation d'un mari par sa femme ; le second la réciproque. ''[[Le Rêve d'un homme ridicule]]'' élève le thème de la manipulation de l'individu à un niveau [[métaphysique]]{{Sfn|Neuhäuser|1993|p=94–95}}. Le philosophe Strakhov décrit Dostoïevski comme {{Citation|un grand penseur et visionnaire… un dialecticien de génie, l'un des plus grands métaphysiciens de Russie}}{{Sfn|Scanlan|2002|p=2}}.

=== Thèmes ===
Les thèmes abordés dans l'œuvre de Fiodor Dostoïevski ont trait aux relations de l'homme avec lui-même ; avec les autres hommes ; et enfin avec Dieu. Cela amène l'auteur à traiter de sujets variés tels que le [[suicide]], la [[pauvreté]], la [[condition humaine]] ou encore la [[Morale|moralité]] et l'immoralité. Dostoïevski est profondément [[Église orthodoxe|chrétien orthodoxe]] et les thèmes religieux parcourent l'ensemble de ses œuvres, en particulier celles écrites après sa sortie de prison en 1854.

==== La variété de passions ====
L'une des caractéristiques les plus frappantes des romans de Dostoïevski est l'outrance des personnages et des situations. On rencontre ainsi des débauchés nihilistes, des femmes fatales, des mères prostituant leurs enfants, des alcooliques invétérés, de nombreux personnages à la limite de la folie (mégalomanie, délire de persécution, sadisme…), mais aussi des « saints » incarnant l'idéal chrétien, tel le [[starets]] Zosima (''Les Frères Karamazov'') ou le prince Mychkine (''L'Idiot''). Toute une palette de figures se décline ainsi, allant du personnage démoniaque, comme Rogojine, au fol-en-Christ comme le prince Mychkine. Mais les opposés s'attirent malgré tout et la somme des excès ne peut aboutir qu'à une destruction totale<ref>{{Article |auteur1=Daniel S. Larangé |titre=L'Idiot, au plus haut de la schizophrénie russe |périodique=[[Revue littéraire]] |volume=524 |numéro=3 |pages=80-81 |année=2012}}.</ref>. Les meurtres, les ruines soudaines, les mariages annulés, les maladies mortelles, les suicides se succèdent, parfois à la limite de la vraisemblance. L'intensité de ces scènes est encore relevée par l'utilisation de la narration à la première personne (''[[Le Joueur (roman)|Le Joueur]]'', ''[[L'Adolescent]]'', ''[[Humiliés et Offensés]]'' entre autres) ou par l'utilisation du dialogue.

Les personnages de Dostoïevski ont en outre la particularité d'évoluer au cours du roman, et souvent radicalement, tel le [[Rodion Raskolnikov|Raskolnikov]] de ''[[Crime et Châtiment]]'' ou Arkadi Dolgorouki dans ''[[L'Adolescent]]''. Ce trait marque une profonde rupture avec la tradition littéraire qui privilégie l'unité et la cohérence des personnages et ouvre vers la modernité littéraire.

==== Approche mystique de l'homme ====
[[Fichier:Dostoyevsky_The_Demons_Manuscript.jpg|gauche|vignette|Manuscrit des ''[[Les Démons|Démons]]'', parsemé de croquis d'habitations et d'un portrait d'homme.|alt=Feuille emplie d'une écriture effilée. Les paragraphes sont dispersés sans structure manifeste.]]
Selon son ami le critique [[Nikolaï Strakhov]], Dostoïevski a {{Citation|toute son attention dirigée vers les gens, et il ne saisit que leur nature et leur caractère}} ; il est {{Citation|intéressé par les gens, les gens exclusivement, avec leur état d'âme, avec la façon dont ils vivent, leurs sentiments et leurs pensées}}. Le philosophe [[Nicolas Berdiaev]] dit de l'écrivain qu'il {{Citation|n'est pas un artiste réaliste, il est un expérimentateur, un créateur d'une métaphysique expérimentale de la nature humaine. Ses personnages vivent dans un monde illimité et irréaliste}}. Ainsi, Dostoïevski révèle une nouvelle [[Mystique|science mystique]] de l'homme<ref name="berdyaev">{{Lien web|langue=en|auteur=Nikolay Berdyaev |titre=The Revelation About Man in the Creativity of Dostoevsky |url=https://drive.google.com/file/d/17KHSbzcjkTF-4trnjWIxECmxfgmDUxAn/view?usp=sharing |date=1918}}</ref>.

Les œuvres de Dostoïevski explorent des motifs irrationnels et sombres, les [[Rêve|rêves]], les [[Émotion|émotions]] et les [[Vision (religion)|visions]]. Son inspiration gothique peut remonter à sa lecture des œuvres de [[Ann Radcliffe|Radcliffe]], [[Honoré de Balzac|Balzac]], [[Ernst Theodor Amadeus Hoffmann|Hoffmann]], [[Charles Robert Maturin|Charles Maturin]] et [[George Soulié de Morant|Soulié]]. Parmi ses premières œuvres gothiques figurait ''[[La Logeuse]]''. Le violon démoniaque du beau-père et le mystérieux vendeur dans ''[[Nétotchka Nezvanova]]'' sont de type gothique. D'autres aspects du même genre peuvent être trouvés dans ''[[Crime et Châtiment]]'', par exemple les pièces sombres et lugubres et le personnage [[Méphistophélès|méphistophélien]] de [[Rodion Raskolnikov|Raskolnikov]], et dans les descriptions de Nastassia Filippovna dans ''[[L'Idiot]]'' et Catherine Ivanovna dans ''[[Les Frères Karamazov]]''{{Sfn|Lantz|2004|p=167–170}}.

==== Théologie ====
Lors de son passage au bagne se développe la force spirituelle de Dostoïevski : il y découvre le [[Jésus-Christ|Christ]]. Il ne s'endurcit pas, il ne se révolte pas et accepte les révélations qui lui arrivent peu à peu sur la Russie, le peuple russe, la monarchie russe et la religion. Mais cette découverte du Christ n'empêche pas l'écrivain de laisser croyants et athées s'opposer librement dans ses œuvres.

À cet égard, Kirilov, personnage des ''[[Les Démons|Démons]]'', imagine que Jésus mourant ne s'est pas retrouvé au Paradis : {{Citation|Les lois de la nature, dit l'ingénieur, ont fait vivre le Christ au milieu du mensonge et mourir pour un mensonge}}. Ce qui fait dire à [[Albert Camus]] analysant l'œuvre de Dostoïevski, que {{Citation|Jésus incarne bien tout le drame humain. Il est l'homme parfait, étant celui qui a réalisé la condition la plus absurde. Il n'est pas le Dieu-homme, mais l'homme-dieu. Et comme lui, chacun de nous peut être crucifié et dupé {{Incise|l'est dans une certaine mesure.|fin}}}}<ref>{{Ouvrage |auteur1=[[Albert Camus]]|titre=[[Le Mythe de Sisyphe]] |éditeur=Gallimard |collection=Folio essais |année=1942 |passage=145-146}}.</ref>

La question du Christ, et de l'existence de Dieu, est en fait au cœur de sa réflexion, ainsi que Dostoïevski lui-même l'affirme, parlant des ''Karamazov'' : {{Citation|La question principale qui sera poursuivie dans toutes les parties de ce livre est celle même dont j'ai souffert consciemment ou inconsciemment toute ma vie : l'existence de Dieu}}<ref>{{Ouvrage |auteur1=[[Albert Camus]]|titre=[[Le Mythe de Sisyphe]] |passage=150}}.</ref>.

==== Le libre arbitre ====
Les personnages de Dostoïevski saisissent parfois trop tard que la liberté sans bornes peut devenir dangereuse pour eux-mêmes et pour les autres hommes. Dans son essai sur l'écrivain russe, [[André Gide]] note la proximité de l'« idée » que poursuivent ces personnages au [[Démon (esprit)|démon]], une {{Citation|dépréciation évangélique}}{{Sfn|Pascal|1970|p=339}}.

==== Problème du mal ====
Durant toute sa vie et d'un intérêt croissant avec l'âge, Dostoïevski fut tourmenté par le [[problème du mal]]. Plus qu'un thème de méditation, il était fasciné par cette énigme et la concevait comme une mine d'expérimentation majeure. Presque toute l'œuvre de Dostoïevski en est imprégnée, et son étude culmine dans le roman ''[[Les Frères Karamazov]]''{{Note|texte=Le théologien Paul Evdokimov y dédit une étude complète dans ''Dostoïevsky et le problème du mal'' 1992. Seul l'''Adolescent'' échappe peut-être à ce thème.}}. Le mal et l'amour sont les seuls vecteurs de signification et d'authenticité dans le monde ; l'un et l'autre s'écartent de tout cadre rationnel et apportent un élément transcendant dans le monde{{Sfn|Drouilly|1971|p=433}}.

Un passage essentiel de la pensée de Dostoïevski est la ''Légende du [[Le Grand Inquisiteur|Grand Inquisiteur]]'' au chapitre 5 de la deuxième partie ''des Frères Karamazov'', où le Grand Inquisiteur, qui ne croit plus en Dieu, offre aux hommes d'échanger leur liberté contre le bonheur terrestre. [[Nicolas Berdiaev]] y voit une explication prémonitoire du {{Citation|socialisme athée et matérialiste}}<ref>{{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Nicolas Berdiaeff |titre=L'esprit de Dostoievski |lieu=Paris |éditeur=Stock |année=1974 |année première édition=1945 |pages totales=289 |titre chapitre=Ch 8: "le Grand Inquisiteur: Christ et Antéchrist"}}</ref>: {{Citation|S'il n'y a pas de Vérité, pas de Pensée, il ne reste plus qu'un seul concept élevé, la sympathie à l'égard de la masse des hommes, le désir de leur faire goûter un bonheur irréfléchi dans le court instant de la vie terrestre.}} Pour Berdiaev, c'est le principe de l'[[Antéchrist]], où {{Citation|le mal apparaît sous l'aspect du bien.}}.

Corrélativement, le [[suicide]] est un thème récurrent des écrits de Dostoïevski. Les années 1860 et 1880 sont marquées par une [[Effet Werther|période de suicides]] en Russie, et de nombreux auteurs russes contemporains ont écrit sur le suicide. Les suicidés et les meurtriers de Dostoïevski sont la plupart du temps incroyants ou tendent vers l'incrédulité : [[Rodion Raskolnikov]] dans ''Crime et Châtiment'', Hippolyte dans ''L'Idiot'', Kirilov et Stavroguine dans ''Les Démons'', et [[Ivan Karamazov]] et [[Pavel Smerdiakov]] dans ''Les Frères Karamazov''. L'incrédulité en Dieu et en l'immortalité, et l'influence de philosophies contemporaines telles que le [[positivisme]] et le [[matérialisme]] sont des facteurs notables du développement des tendances suicidaires des personnages, bien que Dostoïevski considère lui-même la [[Foi|croyance en Dieu]] et en l'immortalité comme nécessaire à l'existence humaine{{Sfn|Paperno|1997|p=123-126}}{{,}}{{Sfn|Lantz|2004|p=424-428}}.

==== Imitation ====
L'une des idées fortes de Dostoïevski est l'existence chez tout être humain d'un besoin inné d'[[désir mimétique|imitation]]. Le thème de l'imitation est récurrent dans son œuvre, qu'il s'agisse d'un personnage historique ([[Napoléon Ier|Napoléon {{Ier}}]] dans ''[[Crime et Châtiment]]'', [[James de Rothschild]] dans ''[[L'Adolescent]]'') ou d'un autre personnage romanesque (''[[Le Double]]'', ''[[Nétotchka Nezvanova]]'', ''[[L'Éternel Mari]]'', etc.). Ce besoin d'imitation porte en lui une tension entre admiration et rivalité qui peut dégénérer en fusion passionnelle comme en haine acharnée. C'est en repérant ce thème dans l'œuvre de Dostoïevski (et d'autres auteurs parmi lesquels [[Miguel de Cervantes|Cervantes]], [[Stendhal]] et [[Marcel Proust|Proust]]) que [[René Girard]] élabora son concept de ''désir mimétique'', développé d'abord dans ''[[Mensonge romantique et Vérité romanesque]]'' (1961), puis dans toute son œuvre. Pour Dostoïevski (comme pour Girard), seule l'imitation du [[Jésus de Nazareth|Christ]], du fait de sa nature à la fois divine et humaine, sublime et humble, peut conduire à une société juste et sans violence.

==== Autres thèmes ====
Enfin, l'utilisation de l'espace et du temps par Dostoïevski est analysée par le [[Philologie|philologue]] [[Vladimir Toporov]]. Toporov relève l'atmosphère de tension à la lecture de ''[[Crime et Châtiment]]'', qui est renforcée par la répétition de mots spécifiques, comme « vdrug » (soudain) qui apparaît {{Nobr|560 fois}} dans l'édition russe<ref name="Toporov">{{Ouvrage |langue=ru |auteur1=Vladimir Toporov |titre=Мив. Ритуал. Симбол. Образ. |traduction titre=Mythe. Rituel. Symbole. Image |éditeur=Прогресс (Progrès) |date=1995 |pages totales=193–211 |isbn=5-01-003942-7}}</ref>. Les œuvres de Dostoïevski font usage de nombres précis (« à deux pas… », « deux routes à droite »), ainsi que des quantités hautes et arrondies (100, 1000, 10000). Des critiques, tels que Donald Fanger{{Sfn|Fanger|1998|p=14}}, Roman Katsman ou Boris Kondratiev{{Sfn|Boris Sergeyevich Kondratiev|2002}} nomment ce procédé la [[Mythopoeïa|mythopoéique]].

== Analyse de l'œuvre ==
=== Les sources : Dostoïevski lecteur ===
[[Fichier:Dostoevskij_1872.jpg|vignette|Portrait par [[Vassili Perov]] ([[1872]]), Dostoïevski manifeste une apparente concentration.|alt=Portrait d'un homme à la barbe touffue, les yeux fatigués, le front dégarni. Ses mains sont croisées sur ses genoux.]]
Avant de devenir écrivain, Dostoïevski est dès l'adolescence un lecteur passionné. On trouve ainsi une évocation du bonheur de la lecture dans ''[[Nétotchka Nezvanova]]''. Il a une excellente connaissance de la littérature européenne de son temps ; il lit le français et l'allemand{{Sfn|Pascal|1970|p=332}} ; [[Lord Byron|Byron]], [[Honoré de Balzac|Balzac]], [[Charles Dickens|Dickens]], [[Victor Hugo]], [[Ernst Theodor Amadeus Hoffmann|E. T. A. Hoffmann]] figurent parmi ses auteurs favoris. Dans ses premières années, il est également volontiers lecteur de romans populaires, notamment des feuilletonistes français [[Eugène Sue]] ou [[Paul de Kock]].

Balzac a toutefois une influence déterminante sur l'écrivain russe, qui traduit dès {{Date|1844}} ''[[Eugénie Grandet]]'', dont il s'inspire pour son premier roman, ''[[Les Pauvres Gens]]''. [[J.-Wladimir Bienstock|Bienstock]] voit en Balzac une source d'inspiration de Dostoïevski, tant dans la forme (on retrouve dans ''Les Pauvres Gens'' des expressions du père de ''[[La Comédie humaine]]'') que dans le fond<ref name="Dostoïevski et Balzac. Chronique des lettres françaises" />.

C'est aussi chez ses prédécesseurs russes [[Alexandre Pouchkine|Pouchkine]] et [[Nicolas Gogol|Gogol]] qu'il puise une part de son inspiration littéraire, notamment le mélange des styles [[Réalisme (littérature)|réaliste]], [[grotesque]] et [[Épopée|épique]], caractéristique de cette tradition.

Il montre également un grand intérêt pour le théâtre ([[Jean Racine|Racine]], [[William Shakespeare|Shakespeare]], [[Friedrich von Schiller|Schiller]], [[Molière]] en particulier). De fait, ses romans se présentent fréquemment comme des suites de scènes dramatiques presque entièrement dialoguées. On rencontre également des dispositifs classiques du théâtre tels que le ''[[quiproquo]]'' ou le témoin caché.

À cette passion pour la lecture s'ajoute celle pour la [[critique littéraire]] et pour le débat d'idées en général. Dans les ''[[Souvenirs de la maison des morts]]'', le narrateur relate l'émotion intense qu'il ressent lorsqu'il parvient à se procurer pour la première fois depuis de nombreuses années une revue littéraire. Les allusions à la littérature contemporaine parsèment l'œuvre de Dostoïevski, sous forme de parodie, d'attaque directe ou implicite, notamment contre le [[romantisme]].

Cependant, il est notable que Dostoïevski ait conservé son indépendance intellectuelle et stylistique. Dostoïevski tire grand profit de ses lectures tout en poursuivant son idée, l'idée chrétienne. Un certain [[slavophilisme]] lui vient de [[Nikolaï Karamzine|Karamzine]] ; [[Friedrich von Schiller|Schiller]] lui donne les joies du « rêve » et du [[romantisme allemand]] ; de [[Walter Scott]] il tire une idée de la beauté et du bien ; de [[Charles Dickens|Dickens]] et [[George Sand|Sand]], une certaine forme du [[roman social]]{{Sfn|Pascal|1970|p=332}}.

=== Structure narrative ===
==== Le style romanesque ====
Bien que parfois décrit comme un [[Réalisme (littérature)|réaliste littéraire]], caractérisé par la représentation de la vie contemporaine dans sa réalité quotidienne, Dostoïevski se considérait comme un {{Citation|réaliste fantastique}}{{Sfn|Terras|1998|p=préface}}. Selon Léonid Grossman, Dostoïevski veut {{Citation|introduire l'extraordinaire au plus profond du commun, fusionner […] le sublime avec le grotesque, et pousser les images et les phénomènes de la réalité quotidienne jusqu'aux limites du fantastique}}<ref>{{Ouvrage |prénom1=Leonid |nom1=Grossman |titre=La Poétique de Dostoïevski |date=1925 |pages totales=61–62}}</ref>. Dostoïevski approche des problèmes philosophiques et sociaux par les techniques du roman d'aventures comme moyen de {{Citation|tester l'idée et l'homme de l'idée}}{{Sfn|Bakhtine|1970|p=105}}. Les personnages sont réunis dans des situations extraordinaires pour provoquer et mesurer les idées philosophiques qui les dominent{{Sfn|Bakhtine|1970|p=114}}. Pour [[Mikhaïl Bakhtine]], « l'idée » est au cœur de la poétique de Dostoïevski, qui invente alors le roman [[Dialogisme|polyphonique]], dans lequel de multiples « idées-voix » coexistent et se concurrencent. C'est cela, selon Bakhtine, qui a rendu possible la coexistence de genres distincts au sein d'un tout{{Sfn|Bakhtine|1970|p=105}}.

==== Introduction du dialogisme ====
Une place considérable est dévolue aux dialogues. C'est ainsi que le critique russe [[Mikhaïl Bakhtine]] a été amené à définir le concept de [[dialogisme]] pour caractériser le style romanesque de Dostoïevski. Le roman dostoïevskien se présente comme une confrontation des points de vue « existentiels » des différents personnages, qui s'expriment dans des styles différents. Le [[burlesque]] peut ainsi côtoyer le [[tragique]], et le [[Empfindsamkeit|sentimentalisme]], le [[cynisme]]. Dostoïevski apporte un soin particulier au réalisme des dialogues, en utilisant notamment des expressions populaires, des digressions, des interruptions.

Chacun des personnages se définit par rapport aux autres, par imitation ou par opposition. De nombreux romans (souvent burlesques) sont bâtis sur les relations d'amour et de haine entre deux personnages très semblables ou complémentaires : ''[[Le Double]]'', mais aussi ''[[Le Bourg de Stépantchikovo et sa population]]'' ou ''[[L'Éternel Mari]]''. On trouve également de longues scènes impliquant des discussions houleuses entre de nombreux personnages (''[[L'Idiot]]'' ou ''[[Les Démons]]''). Mais Dostoïevski est également l'un des premiers à présenter des romans sous forme de [[monologue]] (''[[Les Carnets du sous-sol]]'', ''[[La Douce]]'', ''[[L'Adolescent]]''). Même dans ces monologues, le principe dialogique est à l'œuvre : le narrateur s'adresse à un public imaginaire, répond à ses objections, cherche à le séduire ou à le défier.

La confrontation des points de vue entraîne une grande variété des styles, d'une œuvre à l'autre, mais aussi au sein d'un même texte. Des épisodes grotesques ou bouffons sont intercalés au milieu de scènes dramatiques (''[[Le Bourg de Stépantchikovo et sa population]]''), comme dans les pièces de [[William Shakespeare|Shakespeare]]. On notera enfin les caractéristiques propres à la publication sous forme de feuilleton : foisonnement des intrigues, digressions, mais aussi incohérences, caractéristiques que l'on peut retrouver dans d'autres œuvres contemporaines telles que ''[[La Maison d'Âpre-Vent]]'' de [[Charles Dickens|Dickens]] ou ''[[La Foire aux vanités]]'' de [[William Makepeace Thackeray|Thackeray]].

=== Une philosophie dostoïevskienne ? ===
{{Article détaillé|Approche de la philosophie par Dostoïevski}}
Dostoïevski n'a pas été le fondateur de son propre système philosophique, mais a été fortement influencé par une partie de la philosophie occidentale allemande. Il n'a pas eu de formation spécialisée en la matière et a choisi la littérature comme champ d'action dans sa vie{{Sfn|Pascal|1970|p=304-306}}. Il n'en reste pas moins que l'œuvre de cet écrivain et publiciste contient les idées fondamentales de la philosophie russe classique qui s'est formée dans la seconde moitié du {{S-|XIX|e}}. Le philosophe russe [[Mikhaïl Masline]] écrit : {{Citation|La vision du monde de Dostoïevski est de type existentialiste, une philosophie de l'existence humaine}}<ref name=":1">{{Lien web |langue=ru |auteur=[[Mikhaïl Masline]] |titre=Новая философская энциклопедия |traduction titre=Nouvelle encyclopédie philosophique : Dostoïevski |url=http://iph.ras.ru/elib/1012.html}}</ref>.

Les œuvres de Dostoïevski étaient souvent qualifiées de « philosophiques », bien qu'il ne se considère pas comme philosophe mais plutôt comme {{Citation|faible en philosophie}}<ref name="AnnaDostoyevskaya">Anna Dostoyevskaya, ''Polnoe sobranie sochinenii F. M. Dostoevskogo'', St. Petersburg, 1882–83, 1:225</ref>. Selon Strakhov, {{Citation|Fiodor Mikhaïlovitch aime les questions portant sur l'essence des choses et les limites de la connaissance.}}<ref name="AnnaDostoyevskaya" /> Son ami proche, le philosophe et théologien [[Vladimir Soloviev]], estime que Dostoïevski est {{Citation|plus un sage et un artiste qu'un penseur logique et cohérent}}<ref name="ref_auto_3" />. Son irrationalisme est étudié dans ''Irrational Man: A Study in Existential Philosophy'' de [[William Barrett]] et dans ''Existentialism from Dostoevsky to Sartre'' de [[Walter Kaufmann]]{{Sfn|Scanlan|2002|p=3-6}}.

== Postérité ==
=== Réception littéraire ===
[[Fichier:Dresden_Dostojewski-Denkmal.JPG|vignette|Statue de Dostoïevski, à [[Dresde]] (Allemagne).|alt=Dostoïevski assis sur le socle statuaire, une main sur son genou droit, tête inclinée vers le sol.]]
Dostoïevski est considéré comme l'un des romanciers les plus grands et les plus influents de l'[[Littérature russe#Âge d'or|Âge d'or de la littérature russe]]{{Sfn|Lauer|2000|p=364}}. De multiples écrivains et penseurs lui ont rendu hommage : [[Léon Tolstoï]] admirait plusieurs œuvres de Dostoïevski, en particulier les ''[[Souvenirs de la maison des morts]]'', en lequel il voit un art religieux exalté, inspiré par une foi profonde et un amour de l'humanité{{Sfn|Frank|2010|p=369}}{{,}}<ref name="Dosteoevsky3">{{Ouvrage|langue=en|auteur1=[[Lyubov Dostoevskaya|Aimée Dostoyevskaya]] |titre=Fyodor Dostoyevsky: A Study |lieu=Honolulu, Hawaii |éditeur=University Press of the Pacific |date=1921 |passage=[https://books.google.es/books?id=n7fb7eH6nRUC&pg=PA218 p. 218]}}</ref>. [[Albert Einstein]] a qualifié Dostoïevski de {{Citation|grand écrivain religieux}} qui explore {{Citation|le mystère de l'existence spirituelle}}<ref>{{Ouvrage |prénom1=Alexander |nom1=Vucinich |lien auteur1=Alexander Vucinich |titre=Einstein and Soviet Ideology |éditeur=[[Stanford University Press]] |date=2001 |passage=[https://books.google.ca/books?id=f_-lAYZzP1UC&pg=PA181 p. 181] |isbn=978-0-8047-4209-2}}</ref>. [[Sigmund Freud]] place Dostoïevski juste derrière [[William Shakespeare|Shakespeare]] en tant qu'écrivain créatif<ref>{{Ouvrage |prénom1=Sigmund |nom1=Freud |lien auteur1=Sigmund Freud |titre=The Standard Edition of the Complete Psychological Works of Sigmund Freud |éditeur=The Hogarth Press |date=1961 |passage=177}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Rieff, Philip |titre=Freud, the Mind of the Moralist |éditeur=University of Chicago Press |date=1979 |numéro édition=3rd |passage=[https://archive.org/details/freudmindofmoral0000rief/page/132 p. 132] |isbn=9780226716398 |lire en ligne=https://archive.org/details/freudmindofmoral0000rief |accès url=inscription}}</ref>. De même, [[Virginia Woolf]] écrit : {{Citation|Hors de Shakespeare, il n'y a pas de lecture plus passionnante.}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Virginia |nom1=Woolf |lien auteur1=Virginia Woolf |directeur1=Mcneillie, Andrew |titre=The Common Reader |éditeur=A Harvest Book – Harcourt |date=1984 |passage=[https://archive.org/details/commonreader00wool_0/page/178/mode/2up?q=exciting p. 178] |isbn=015602778X |lire en ligne=https://archive.org/details/commonreader00wool_0 |titre chapitre=Chapter 16: The Russian Point of View}}</ref>[[Friedrich Nietzsche]] écrit que {{Citation|Dostoïevski est la seule personne qui m'ait appris quelque chose en psychologie.}}"{{Sfn|Müller|1982|p=7}}. Pour [[Mikhaïl Bakhtine]], Dostoïevski invente le roman [[Dialogisme|polyphonique]], dans lequel de multiples « idées-voix » coexistent et se concurrencent{{Sfn|Bakhtine|1970|p=105}}.

Dans son ouvrage posthume ''[[Paris est une fête]]'', [[Ernest Hemingway]] écrit qu'il y a chez Dostoïevski {{Citation|des choses crédibles et improbables, mais certaines semblent si vraies qu'elles vous transforment à mesure que vous les lisez : la fragilité et la folie, la méchanceté et la sainteté, et la folie du jeu.}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Bhim S. |nom1=Dahiya |lien auteur1=Bhim S. Dahiya |titre=Hemingway's A Farewell To Arms: a Critical Study |éditeur=Academic Foundation |date=1992 |passage=15 |isbn=978-81-269-0772-4 |lire en ligne={{Google books|plainurl=y|id=O5kw7ukXZ3gC|page=15}}}}</ref> [[James Joyce]] souligne que {{Citation|[Dostoïevski] est l'homme qui, plus que tout autre, a façonné et intensifié la prose moderne jusqu'à sa forme actuelle. C'est sa puissance explosive qui a brisé le roman victorien ; les livres sans imagination, ni violence}}<ref>{{Ouvrage |prénom1=Arthur |nom1=Power |directeur1=Hart, Clive |champ libre=Introduction by David Norris |titre=Conversations with James Joyce |éditeur=[[The Lilliput Press]] |date=2000 |pages totales=51–60 |isbn=9781901866414}}</ref>. [[Franz Kafka]] fait de Dostoïevski son {{Citation|parent de sang}}<ref>{{Ouvrage|langue=en|prénom1=Patrick |nom1=Bridgwater |titre=Kafka: Gothic and Fairytale |éditeur=Rodopi |date=2003 |passage=9 |isbn=978-90-420-1194-6 |lire en ligne={{Google books|plainurl=y|id=x2_4TSvSO2gC|page=9}}}}</ref> ; ''Les Frères Karamazov'' et ''Crime et Châtiment'' ont tous deux profondément influencé ''[[Le Procès]]''<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Roman S. |nom1=Struc |titre=Kafka and Dostoevsky as 'Blood Relatives' |périodique=Dostoevsky Studies |volume=2 |pages=111-117 |éditeur=[[Université de Toronto]] – International Dostoevsky Society |date=1981 |lire en ligne=http://sites.utoronto.ca/tsq/DS/02/111.shtml |archiveurl=https://web.archive.org/web/20121004214338/http://www.utoronto.ca/tsq/DS/02/111.shtml |archivedate=4 October 2012}}</ref>. Les écrivains associés à des mouvements culturels tels que le [[surréalisme]], l'[[existentialisme]] et les [[Beat Generation|Beats]] reconnaissent Dostoïevski comme une influence majeure{{Sfn|Bloshteyn|2007|p=5}}. Il est considéré comme un précurseur du [[symbolisme russe]]{{Sfn|Lavrin|2005|p=38}}, de l'[[Expressionnisme (littérature)|expressionnisme]]{{Sfn|Burry|2011|p=57}}, ou encore de la [[psychanalyse]]{{Sfn|Breger|2008|p=270}}.

=== Honneurs ===
[[Fichier:The_Soviet_Union_1971_CPA_4027_stamp_(Fyodor_Dostoyevsky_(after_Vasily_Perov)).jpg|gauche|vignette|redresse|Timbre-poste en Union soviétique, 1971.|alt=Timbre-poste représentant un homme accoudé, regard fixé vers la droite, éclairé de face]]

En [[1956]], un timbre-poste vert olive dédié à Dostoïevski est émis en Union soviétique, avec un tirage de {{Nbr|1000|exemplaires}}<ref>{{Lien web |titre=Russian Postage Stamps of 1956–1960 |url=http://www.stamprussia.com/56.htm |éditeur=Союзпечать |consulté le=5 novembre 2017}}</ref>. Un [[musée Dostoïevski]] ouvre ses portes le 12 novembre 1971 dans l'appartement pétersbourgeois où il a écrit ses premier et dernier romans<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=Museum |url=http://eng.md.spb.ru/museum/ |éditeur=[[Dostoevsky Museum|F.M. Dostoevsky Literary Memorial Museum]] |consulté le=5 novembre 2017 |archive-url=https://web.archive.org/web/20080117112658/http://eng.md.spb.ru/museum/ |archive-date=17 January 2008}}</ref>. Une [[planète mineure]] ([[(3453) Dostoevsky]]) et un [[Liste des cratères de Mercure|cratère de Mercure]] sont nommés en son honneur.

De nombreux monuments commémoratifs sont érigés à [[Moscou]], [[Saint-Pétersbourg]], [[Novossibirsk]], [[Omsk]], [[Semeï]], [[Novokouznetsk]], Darovoïe, [[Staraïa Roussa]], [[Lublino]], [[Tallinn]], [[Dresde]], [[Baden-Baden]] ou [[Wiesbaden]]{{référence nécessaire|date=juillet 2024}}. Une [[Dostoïevskaïa (métro de Saint-Pétersbourg)|station de métro du nom de Dostoïevskaïa]] porte son nom à Saint-Pétersbourg depuis le 30 décembre 1991 et [[Dostoïevskaïa (métro de Moscou)|une autre]] à Moscou depuis le 19 juin 2010, pour le {{75e}} anniversaire du [[métro de Moscou]]. La gare de Moscou{{Laquelle}} est décorée de peintures murales de l'artiste [[Ivan Nikolaïev]] représentant des scènes des œuvres de Dostoïevski<ref>{{Lien web |titre=Liublinsko-Dmitrovskaya Line |url=http://engl.mosmetro.ru/pages/page_6.php?id_page=561 |éditeur=[[Moscow Metro]] |archive-url=https://web.archive.org/web/20120310104241/http://engl.mosmetro.ru/pages/page_6.php?id_page=561 |archive-date=10 March 2012}}</ref>{{,}}<ref name="NPR.org 20103">{{Lien web|langue=en|titre=A Dark View Of Dostoevsky On The Moscow Subway |url=https://www.npr.org/templates/story/story.php?storyId=128954859 |site=NPR.org |date=09-08-2010 |consulté le=25 novembre 2020}}</ref>.

En 2021, le [[Kazakhstan]] célébre le {{200e}} anniversaire de la naissance de Dostoïevski<ref>{{Lien web |prénom=Dmitry |nom=Babich |titre=Dostoyevsky's 200th Anniversary Celebrated in Kazakhstan, the Land of His Formative Years |url=https://astanatimes.com/2021/11/dostoyevskys-200th-anniversary-celebrated-in-kazakhstan-the-land-of-his-formative-years/ |site=The Astana Times |date=10 November 2021 |consulté le=2021-11-10}}</ref>.

=== Critique de l'œuvre ===
L'œuvre de Dostoïevski n'a pas toujours reçu un accueil positif. Certains critiques, tels que [[Nikolaï Dobrolioubov]], [[Ivan Bounine]] ou [[Vladimir Nabokov]] considéraient ses écrits comme excessivement psychologiques et philosophiques plutôt qu'artistiques. Certains pointent les intrigues chaotiques et désorganisées ; d'autres, comme [[Ivan Tourgueniev|Tourgueniev]], ont critiqué le naturalisme et la psychologisation excessifs.

Le poète et critique écossais [[Edwin Muir]] a émis des réserves quant à la qualité des personnages de Dostoïevski, notant que {{Citation|l'étrangeté des personnages de Dostoïevski, dont il a été souligné l'aspect uniquement « pathologique », sont en réalité représentés plus clairement que n'importe quelle figure de la littérature imaginative.}}<ref>{{Ouvrage |prénom1=Fyodor |nom1=Dostoevsky |titre=The Karamazov Brothers |éditeur=OUP Oxford |année=June 12, 2008 |pages totales=xx |isbn=9780191647802}}</ref>

=== Traductions et adaptations ===
{{Catégorie détaillée|Film tiré d'une œuvre de Fiodor Dostoïevski}}Les livres de Dostoïevski ont été traduits dans plus de {{Nobr|170 langues}}{{Sfn|Kjetsaa|1989|p=foreword}}. Les œuvres de Dostoïevski ont été adaptées ou transposées de très nombreuses fois sur scène et à l'écran. La princesse Varvara Dmitrevna Obolenskaya a été parmi les premières à proposer une mise en scène de ''Crime et Châtiment''. Dostoïevski n'a pas refusé l'autorisation, mais l'a déconseillé, estimant que {{Citation|chaque art correspond à une forme de pensées poétiques, de sorte qu'une idée ne peut pas être exprimée sous une autre forme.}}. Il pensait qu'un seul épisode pouvait être dramatisé, ou qu'une idée pouvait être reprise et incorporée dans une intrigue distincte{{Sfn|Burry|2011|p=3}}. Selon le critique Alexander Burry, certaines des adaptations les plus réussies sont les opéras ''[[Le Joueur (opéra)|Le joueur]]'' de [[Sergueï Prokofiev|Prokofiev]], et ''[[De la maison des morts]] de'' [[Leoš Janáček]], et les films ''[[L'Idiot (film, 1951)|L'Idiot]]'' (1951) d'[[Akira Kurosawa]] et ''[[Les Possédés (film, 1988)|Les Possédés]]'' (1988) d'[[Andrzej Wajda]]{{Sfn|Burry|2011|p=5}}.

Après la [[Révolution russe|révolution russe de 1917]], des passages des livres de Dostoïevski furent parfois raccourcis, et deux livres furent censurés : ''Les Démons'' et le ''Journal d'un écrivain''<ref>{{Lien web |langue=ru |titre=[Д-З] |url=http://www.opentextnn.ru/censorship/russia/sov/libraries/books/blium/ilp/?id=344 |série=Forbidden Books of Russian Writers and Literary Scientists, 1917–1991 |consulté le=31 août 2013 |archive-url=https://web.archive.org/web/20170729223705/http://www.opentextnn.ru/censorship/russia/sov/libraries/books/blium/ilp/?id=344 |archive-date=29 July 2017}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |titre=3.3. Книги об отдельных писателях |url=http://www.opentextnn.ru/censorship/russia/sov/libraries/books/blium/ilp/kritik/?id=579 |série=Forbidden Books of Russian Writers and Literary Scientists, 1917–1991 |consulté le=31 août 2013 |archive-url=https://web.archive.org/web/20180220061102/http://opentextnn.ru/censorship/russia/sov/libraries/books/blium/ilp/kritik/?id=579 |archive-date=20 February 2018}}</ref>.Selon l'historien Boris Ilizarov, Staline a lu plusieurs fois'' Les Frères Karamazov'' de Dostoïevski<ref>{{Lien web |langue=ru |auteur=Vladimir Bushin |titre=Враньё от юного папуаса |url=http://gazeta-pravda.ru/content/view/115/ |série=[[Pravda]] |archive-url=https://web.archive.org/web/20131029201750/http://gazeta-pravda.ru/content/view/115/ |archive-date=29 October 2013}}</ref>.

=== Dans la culture populaire ===
Fiodor Dostoïevski apparait comme personne dans ''Le maître de Petersbourg'' de [[J. M. Coetzee]] ([[1994 en littérature|1994]]) et dans ''Un été à Baden-Baden'' de [[Leonid Tsypkine]]<ref>{{Lien web |titre=Un été à Baden-Baden |url=http://www.lexpress.fr/culture/livre/un-ete-a-baden-baden_802707.html |site=L'Express |date=01/02/2003 |consulté le=16 juillet 2017 |nature document=critique}}.{{Accès limité}}</ref> ([[2003 en littérature|2003]]). Il apparait aussi comme personne du manga [[Bungo Stray Dogs]].

== Chronologie de l'œuvre ==
L'œuvre romanesque de Dostoïevski est constituée seize romans, dix-sept nouvelles, et cinq traductions. La plupart de ses romans ont été publié comme [[roman-feuilleton]] dans des revues et journaux russes, dont ''[[Le Messager russe]]'', ''[[Le Temps (revue littéraire)|Le Temps]]'' ou ''[[L'Époque (revue littéraire)|L'Époque]]''. Par ailleurs, Dostoïesvki est l'auteur d'un grand nombre d'articles et de plusieurs poèmes. Enfin, la connaissance de projets de roman jamais écrits nous est connu.

=== Romans ===
* [[1846 en littérature|1846]] : ''[[Les Pauvres Gens]]''
* [[1846 en littérature|1846]] : ''[[Le Double]]''
* [[1848 en littérature|1848]]-[[1849 en littérature|1849]] : ''[[Nétotchka Nezvanova]]'' (inachevé)
* [[1859 en littérature|1859]] : ''[[Le Rêve de l'oncle]]''
* [[1859 en littérature|1859]]: ''[[Le Bourg de Stépantchikovo et sa population]]'' (connu aussi sous le titre ''Carnet d'un inconnu'')
* [[1861 en littérature|1861]] : ''[[Humiliés et Offensés]]''
* [[1860 en littérature|1860]]-[[1862 en littérature|1862]] : ''[[Souvenirs de la maison des morts]]'' (connu aussi sous le titre ''Les Carnets de la maison morte'')
* [[1864 en littérature|1864]] : ''[[Les Carnets du sous-sol]]''
* [[1866 en littérature|1866]] : ''[[Crime et Châtiment]]''
* [[1866 en littérature|1866]] : ''[[Le Joueur (roman)|Le Joueur]]''
* [[1868 en littérature|1868]]-[[1869 en littérature|1869]] : ''[[L'Idiot]]''
* [[1870 en littérature|1870]] : ''[[L'Éternel Mari]]''
* [[1871 en littérature|1871]] : ''[[Les Démons]]''
* [[1875 en littérature|1875]] : ''[[L'Adolescent]]''
* [[1880 en littérature|1880]] : ''[[Les Frères Karamazov]]''

=== Nouvelles ===
{{Colonnes|taille=24|
* [[1846 en littérature|1846]] : ''[[Du danger de se livrer à des rêves ambitieux]]''<ref group="N">Œuvre écrite à trois mains, Dostoïevski, [[Nikolaï Nekrassov]] et [[Dmitri Grigorovitch]].</ref>
* 1846 : ''[[Monsieur Prokhartchine]]''
* [[1847 en littérature|1847]] : ''[[Un roman en neuf lettres]]''
* 1847 : ''[[La Logeuse]]'' (autre traduction : ''L'Hôtesse'')
* [[1848 en littérature|1848]] : ''[[Polzounkov (nouvelle)|Polzounkov]]''
* 1848 : ''[[La Femme d'un autre et le mari sous le lit]]''
* 1848 : ''[[Un sapin de Noël et un mariage]]''
* 1848 : ''[[Les Nuits blanches]]''
* 1848 : ''[[Un cœur faible]]''
* 1848 : ''Récits d'un vieux routier'', comprenant :
** ''Le Soldat en retraite''<ref group="N">Texte supprimé par l'auteur dans l'édition de [[1860 en littérature|1860]]. Source : Fédor Dostoïevski, ''Récits, chroniques et polémiques'', note de Gustave Aucouturier {{P.}}1 689, [[Bibliothèque de la Pléiade]].</ref>
** ''[[Le Voleur honnête]]''
* 1848 : ''[[La Femme d'un autre et le mari sous le lit|Le Mari jaloux]]''
* [[1849 en littérature|1849]] : ''[[Le Petit Héros]]''
* [[1862 en littérature|1862]] : ''[[Une sale histoire (nouvelle)|Une sale histoire]]''
* [[1863 en littérature|1863]] : ''[[Notes d'hiver sur impressions d'été]]''
* [[1865 en littérature|1865]] : ''[[Le Crocodile (nouvelle)|Le Crocodile]]''
* [[1873 en littérature|1873]] : ''[[Journal d'un écrivain]]'' :
** ''[[Bobok]] ''
** ''[[Petites Images]]''
** ''[[Le Quémandeur]]''
* [[1874 en littérature|1874]] : ''[[Petites Images (en voyage)]]''
* [[1876 en littérature|1876]] : ''[[Journal d'un écrivain]]'' :
** ''[[Le Garçon « à la menotte »]]''
** ''[[Le Moujik Maréï]]''
** ''[[La Douce]]'' (autres traductions : ''Une femme douce'', ''Douce'', ''La Timide'')
** ''[[La Centenaire]]''
** ''[[Deux suicides]]''
* [[1877 en littérature|1877]] : ''[[Journal d'un écrivain]]'' :
** ''[[Le Rêve d'un homme ridicule]]''
* [[1878 en littérature|1878]] : ''[[Le Triton]]''
* [[1880 en littérature|1880]] : ''[[Discours sur Pouchkine]]''}}

=== Traductions ===
* [[1843 en littérature|1843]] : ''Mathilde'', de [[Eugène Sue]] (abandonnée par manque de moyens)
* [[1844 en littérature|1844]] : ''Eugénie Grandet'', d'[[Honoré de Balzac]]
* [[1844 en littérature|1844]] : ''La dernière Aldini'' by [[George Sand]] (abandonnée car une autre traduction est publiée en 1837)
* [[1855 en littérature|1855]] : ''Leçons sur la philosophie de l'histoire'' de [[Georg Wilhelm Friedrich Hegel|Hegel]] (collaboration avec Wrangel)
* [[1855 en littérature|1855]] : ''Psyche'' de [[Carl Gustav Carus]] (collaboration avec Wrangel)

=== Chronique ===
* [[1847 en littérature|1847]] : ''[[Les Annales de Pétersbourg]]''

=== Carnets ===
* ''Carnets'' : éditions Payot et Rivages, Paris, 2005. Extraits des carnets de l'auteur de 1872 à 1881.

=== Projets de roman ===
* Vers [[1835 en littérature|1835]] : ''[[Le Mariage (projet de Dostoïevski)|Mariage]]''
* Vers [[1856 en littérature|1856]] : ''[[Le Grand Roman]]''
* Vers [[1868 en littérature|1868]] : ''[[L'Athéisme]]''
* Vers [[1869 en littérature|1869]] : ''[[La Vie d'un grand pécheur]]''

== Notes et références ==
{{Traduction/Référence|lang1=en|art1=Fyodor Dostoevsky|lang2=de|art2=Fjodor Michailowitsch Dostojewski}}

=== Notes ===
{{Références |groupe=N}}

=== Références ===
{{Références nombreuses|taille=30}}

== Voir aussi ==
{{Autres projets|wikisource=Fédor Dostoïevski|commons=Фёдор Михайлович Достоевский|wikiquote=Fedor Dostoïevski}}
{{Catégorie principale}}

=== Bibliographie ===
{{Légende plume}}

==== Sources primaires ====
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Fiodor Dostoïevski |traducteur=Anne Coldefy-Faucard |langue originale=ru |préface=Jacques Catteau |titre=Correspondance |tome=1 |titre volume=1832-1864 |lieu=Paris |éditeur=Bartillat |année=1998 |pages totales=813 |isbn=978-2-84100-176-7 |id=dostoïesvki_t1|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Fiodor Dostoïevski |traducteur=Anne Coldefy-Faucard |langue originale=ru |préface=Jacques Catteau |titre=Correspondance |tome=2 |titre volume=1865-1873 |lieu=Paris |éditeur=Bartillat |année=1998 |pages totales=908 |isbn=978-2-84100-241-2 |id=dostoïesvki_t2|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Fiodor Dostoïevski |traducteur=Anne Coldefy-Faucard |langue originale=ru |préface=Jacques Catteau |titre=Correspondance |tome=3 |titre volume=1874-1881 |lieu=Paris |éditeur=Bartillat |année=1998 |pages totales=966 |isbn=978-2-84100-312-9 |id=dostoïesvki_t3|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Anna Dostoïevskaïa|Anna G. Dostoïevskaïa]] |traducteur=Jean-Claude Lanne |langue originale=ru-Latn |préface=Paul Kalinine |titre=Journal (1867) |lieu=Paris |éditeur=Édition des Syrtes |année=2019 |année première édition=1978 |pages totales=234 |isbn=978-2-94062-811-7}}
* {{Ouvrage |langue=fr |nom=Dostoïevskaïa|auteur1=|prénom=Anna G. |traducteur=[[André Beucler]] |langue originale=ru-Latn |préface=Jacques Catteau |titre=Dostoïevski |sous-titre=Mémoires d'une vie |lieu=Paris |éditeur=Mémoire du Livre |année=2001 |année première édition=1930 |pages totales=520 |isbn=2-913867-21-9|plume=oui}}

==== Biographies ====
===== En français =====
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Dominique Arban |titre=Dostoïevski |lieu=Paris |éditeur=Seuil |collection=écrivain de toujours |année=1995 |année première édition=1977 |pages totales=189 |isbn=9782020000574 |oclc=613313091|plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=Constantin Motchoulski |titre=Dostoïevski |sous-titre=l'homme et l'œuvre |éditeur=Payot |année=1963|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Pierre Pascal]] |titre=Dostoïevski, l'homme et l'œuvre |éditeur=L'Âge d'homme |année=1970 |pages totales=370}} {{Plume}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Serge Persky]] |titre=La Vie et l'œuvre de Dostoïevsky |année=1918|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Henri Troyat]] |titre=Dostoïevski |lieu=Paris |éditeur=Fayard |année=1960 |pages totales=446|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Leonid Grossman]] |traducteur=Michèle Kahn |langue originale=ru-Latn |préface=Michel Parfenov |titre=Dostoïevski |lieu=Paris |éditeur=Parangon |collection=Biographies |année=2003 |pages totales=520 |isbn=2-84190-096-7|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=[[Virgil Tănase]] |titre=Dostoïevski |lieu=Paris |éditeur=Gallimard |collection=Folio biographies |numéro dans collection=92 |année=2012 |pages totales=425 |isbn=978-2-07-043902-7|plume=oui}}
* {{Ouvrage|prénom1=Stefan|nom1=Zweig|titre=Dostoïevski: 1920|éditeur=Ginkgo éditeur|collection=Les retrouvés|date=2021|isbn=978-2-84679-467-1|consulté le=2024-06-26}}

===== En anglais =====
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Harold |nom1=Bloom |lien auteur1=Harold Bloom |titre=Fyodor Dostoevsky |éditeur=Infobase Publishing |année=2004 |isbn=978-0-7910-8117-4 |lire en ligne={{Google books|plainurl=y|id=1C1K-BnFGFIC}}}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Louis |nom1=Breger |titre=Dostoevsky: The Author As Psychoanalyst |éditeur=Transaction Publishers |date=2008 |isbn=978-1-4128-0843-9 |lire en ligne={{Google books|plainurl=y|id=vxX2JGsN7PoC}}}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Joseph |nom1=Frank |titre=Dostoevsky: The Seeds of Revolt, 1821–1849 |éditeur=[[Princeton University Press]] |date=1979 |année première édition=1976 |isbn=978-0-691-01355-8 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=pDEAXltygUIC|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Joseph |nom1=Frank |titre=Dostoevsky: The Years of Ordeal, 1850–1859 |éditeur=[[Princeton University Press]] |date=1987 |année première édition=1983 |isbn=978-0-691-01422-7 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=K98hhw0IEHgC|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Joseph |nom1=Frank |titre=Dostoevsky: The Stir of Liberation, 1860–1865 |éditeur=[[Princeton University Press]] |date=1988 |année première édition=1986 |isbn=978-0-691-01452-4 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=QJj6qb6Rh3AC|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Joseph |nom1=Frank |titre=Dostoevsky: The Miraculous Years, 1865–1871 |éditeur=[[Princeton University Press]] |date=1997 |année première édition=1995 |isbn=978-0-691-01587-3 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=iAs4Lz5yog0C|plume=oui}}
** {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=Joseph |nom1=Frank |traducteur=Aline Weill |titre=Dostoïevski, Les années miraculeuses (1865–1871) |éditeur=[[Actes Sud]] |collection=Solin |date=1998 |isbn=2-7427-1546-0 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=gI5aAAAACAAJ}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Joseph |nom1=Frank |titre=Dostoevsky: The Mantle of the Prophet, 1871–1881 |éditeur=[[Princeton University Press]] |date=2003 |année première édition=2002 |isbn=978-0-691-11569-6 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=mQqonU-pweEC}} {{Plume}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Joseph |nom1=Frank |titre=Dostoevsky: A Writer in His Time |éditeur=[[Princeton University Press]] |date=2010 |isbn=9780691128191 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=lp1RpM8o9BQC}}
** {{Ouvrage |langue=fr |auteur1=Joseph Frank |traducteur=[[Jean-Pierre Ricard]] |langue originale=en |titre=Dostoïevski |sous-titre=un écrivain dans son temps |éditeur=Éditions des Syrtes |année=2019 |pages totales=1052 |isbn=2-9405-2383-5|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Geir |nom1=Kjetsaa |titre=Fyodor Dostoyevsky: A Writer's Life |éditeur=Fawcett Columbine |date=1989 |isbn=978-0-449-90334-6 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=2lzWAAAAMAAJ}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=William J |nom1=Leatherbarrow |titre=The Cambridge Companion to Dostoevskii |éditeur=Cambridge University Press |date=2002 |isbn=978-0-521-65473-9 |lire en ligne={{Google books|plainurl=y|id=4Lf0xf3a6s4C}}}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Konstantin |nom1=Mochulsky |champ libre=Minihan, Michael A. (translator) |titre=Dostoevsky: His Life and Work |éditeur=[[Princeton University Press]] |date=1967 |année première édition=1967 |isbn=978-0-691-01299-5 |lire en ligne={{Google books|plainurl=y|id=mDKphT8_XLsC}}}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Peter |nom1=Sekirin |titre=The Dostoevsky Archive: Firsthand Accounts of the Novelist from Contemporaries' Memoirs and Rare Periodicals, Most Translated Into English for the First Time, with a Detailed Lifetime Chronology and Annotated Bibliography |éditeur=McFarland |date=1997 |isbn=978-0-7864-0264-9 |lire en ligne={{Google books|plainurl=y|id=EExUdTF7iLYC}}}}

===== En russe et allemand =====
* {{Ouvrage |langue=ru |auteur1=Сост. Якубович И. Д. |auteur2=Орнатская Т. И. |titre=Летопись жизни и творчества Ф. М. Достоевского |sous-titre=1821—1881 |tome=1 |lieu=СПб. |éditeur=Академический проект |année=1993 |pages totales=540 |isbn=5-7331-0002-8 |oclc=30450091 |id=ЯкубовичОрнатская1993}}
* {{Ouvrage |langue=ru |prénom1=Vissarion |nom1=Belinsky |titre=Polnoye sobranye |volume=10 |date=1847}}
* {{Chapitre |langue=ru |auteur1=Т. И. Орнатская |auteur2=В. А. Туниманов |titre chapitre=Достоевский Фёдор Михайлович |titre ouvrage=Русские писатели. 1800—1917. Биографический словарь. |tome=2 |lieu=М. |éditeur=Большая российская энциклопедия |année=1992 |pages totales=624 |passage=165—177 |isbn=5-85270-064-9 |lire en ligne=http://www.rvb.ru/dostoevski/bio.htm}}
* {{Ouvrage |langue=ru |auteur1=Andreï Dostoïevski |lien auteur1=Andreï Dostoïevski |titre=Воспоминания Андрея Михайловича Достоевского |traduction titre=Mémoires d'Andrei Mikhaïlovitch Dostoïevski |éditeur=Изд-во писателей в Ленинграде |année=1930 |pages totales=426 |lire en ligne=http://www.fedordostoevsky.ru/memories/relatives/008/ |consulté le=12 mai 2024}} Mémoires de son frère cadet Andreï Dostoïevski.
* {{Ouvrage |langue=de |prénom1=Ludolf |nom1=Müller |titre=Dostojewskij: Sein Leben, Sein Werk, Sein Vermächtnis |éditeur=Erich Wewel Verlag |date=1982 |isbn=978-3-87904-100-8}}

==== Études ====
===== En français ou traduit en français =====
* {{Ouvrage |auteur1=Louis Allain |titre=Dostoïevski et Dieu. La Morsure du divin |éditeur=Presses Universitaires de Lille-III |année=1982 |pages totales=120 |isbn=978-2-85939-186-7 |lire en ligne=http://excerpts.numilog.com/books/9782859391867.pdf}} {{Plume}}
* {{Ouvrage |auteur1=Gabrielle Althen |titre=Dostoïevski. Le meurtre et l'espérance |lieu=Paris |éditeur=Éditions du Cerf |collection=Cerf littérature |année=2006 |isbn=9782204076531 |oclc=174100621}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Mikhaïl Bakhtine]] |titre=La Poétique de Dostoïevski |éditeur=Seuil |année=1970 |isbn=9782020026178 |oclc=1024012746|plume=oui}}
* {{Lien web |auteur=[[Arvède Barine]] |auteur2=[[Eugène-Melchior de Vogüé]] |auteur3=[[André Suarès]] |auteur4=[[Élie Faure]] |auteur5=[[Léon Chestov]] |et al.=oui |titre=Premiers écrits et essais francophones sur Dostoïevski |url=https://bibliotheque-russe-et-slave.com/dostoievski.php |site=Bibliothèque russe et slave}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Nicolas Berdiaev]] |titre=L'Esprit de Dostoïevski |lieu=Paris et Liège |éditeur=St-Michel |année=1929 |année première édition=1921}}
* {{Chapitre |auteur1=Jean-Pierre Brèthes |titre chapitre=L'Harmattan |titre ouvrage=D'un auteur l'autre |lieu=Paris |année=2009 |passage=43–51}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Augustin Cabanès]] |titre=Grands névropathes |tome=3 |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Albin Michel]] |année=1935 |pages totales=382 |passage=327-370 |lire en ligne=https://fr.wikisource.org/wiki/Grands_n%C3%A9vropathes_(Caban%C3%A8s)/Tome_3/13 |titre chapitre=Dostoïevsky |id=Cabanès}}
* {{Ouvrage |auteur1=Jacques Catteau |titre=La Création littéraire chez Dostoïevski |lieu=Paris |éditeur=Institut d'études slaves |année=1978 |isbn=2-7204-0142-0}} {{Plume}}
* {{Ouvrage |auteur1=Jacques Catteau |responsabilité1=dir. |titre=Fiodor Dostoievski |éditeur=[[L'Herne|Cahier de l'Herne]] |année=1973 |isbn=9782851970183}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Léon Chestov]] |titre=La Philosophie de la tragédie, Dostoïevski et Nietzsche |lieu=Paris |éditeur=Éditions J. Shiffrin, Éditions de la Pléiade |année=1926}} {{Commentaire biblio SRL| rééd. Paris, Flammarion, 1966, traduction et préface (''Lecture de Chestov'') par [[Boris de Schlœzer]] ; rééd. Paris, Le Bruit du temps, 2012.}}
** Même titre, trad. J.-B. Pontalis, en coll. avec C. Heim et L. Weibel, ''in'' S. Freud, ''Résultats, idées, problèmes II'', Paris, [[P.U.F.]], 1985 {{P.|161-179}}
* {{Ouvrage |auteur1=Jean Drouilly |titre=La pensée politique et religieuse de Dostoïevski |lieu=Paris |éditeur=Librairie des cinq continents |année=1971 |pages totales=501|plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Alain Durel]] |titre=Dostoïevski amoureux |éditeur=éditions de l'Œuvre |année=2013 |isbn=2204076538}}
* [[Paul Evdokimov]],
** {{Ouvrage |titre=Dostoïevski et le problème du mal |éditeur=Desclée de Brouwer |année=1992 |pages totales=426 |ean=9782220020617}},
** {{Ouvrage |titre=Gogol et Dostoïevski ou la descente aux enfers |éditeur=De Corlevour |année=2011 |pages totales=286 |isbn=2915831394}}
* {{Ouvrage |auteur1=Michel Estève |responsabilité1=éd. |auteur2=André Z. Labarrère |responsabilité2=éd. |titre=Dostoïevski à l’écran |éditeur=[[Cinémaction (revue)|Cinémaction]] |année=2017 |isbn=9782847066739 |oclc=1006638339}}
* {{Ouvrage |auteur1=László F. Földényi |traducteur=Natalia Zaremba-Huszsvai et Charles Zaremba |langue originale=hongrois |préface=[[Alberto Manguel]] |titre=Dostoïevski lit Hegel en Sibérie et fond en larmes |lieu=Paris |éditeur=Actes Sud |collection=Un endroit où aller |année=2008}}
* {{Chapitre |prénom1=Sigmund |nom1=Freud |lien auteur1=Sigmund Freud |prénom2=Jean-Bertrand |nom2=Pontalis |lien auteur2=Jean-Bertrand Pontalis |responsabilité2=traduction |titre chapitre=Préface |sous-titre chapitre=Dostoïevski et le parricide |auteurs ouvrage=[[Dostoïevski|F.M. Dostoïevski]] |titre ouvrage=Les Frères Karamazov |lien titre ouvrage=Les Frères Karamazov |éditeur=Gallimard |année=1973|plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[André Gide]] |titre=Dostoïevski |éditeur=Plon |année=1923|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=fr |prénom1=René |nom1=Girard |lien auteur1=René Girard |titre=Mensonge romantique et vérité romanesque |lieu=Paris |éditeur=[[Bernard Grasset (éditeur)|Bernard Grasset]] |année=1961 |pages totales=351 |isbn=2-01-011849-9|plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Romano Guardini]] |traducteur=Henri Engelmann et Robert Givord |titre=L'Univers religieux de Dostoïevski |éditeur=Seuil |année=1947|plume=oui}}
* {{Article |auteur1=[[Juliette Hassine]] |titre=Correspondance des arts : Rembrandt-Dostoïevski dans l'Europe du vingtième siècle (In memoriam Jo Yoshida) |périodique=Department Bulletin Paper |pages=253-278 |éditeur=Kyoto University Research Information Repository |date=20 juin 2006 |doi=10.14989/138068 |consulté le=27 avril 2017}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Viatcheslav Ivanovitch Ivanov]] |titre=Dostoïevski : Tragédie, Mythe, Religion |éditeur=Éditions des Syrtes |année=2000 |année première édition=1932}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Alexis Klimov]] |titre=Dostoïevski ou la connaissance périlleuse |lieu=Paris |éditeur=Seghers |nature ouvrage=présentation, choix de textes, bibliographie <!--, par Alexis Klimov,--> |année=1971}}
* {{Ouvrage |auteur1=Walter Laqueur |titre=Histoire des droites en Russie. Des centuries noires aux nouveaux extrémistes |éditeur=Michalon |année=1996 |isbn=2841860086|plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=Daniel S. Larangé |titre=Récit et foi chez Fédor M. Dostoïevski. Contribution narratologique et théologique aux « Notes d'un souterrain » (1864) |lieu=Paris-Turin-Budapest |éditeur=L'Harmattan |nature ouvrage=critiques littéraires |année=2002 |isbn=9782747518451 |oclc=49225034}}
* {{Ouvrage |auteur1=André Levinson |titre=La Vie pathétique de Dostoïevski |lieu=Paris |éditeur=Plon |année=1931}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[Jacques Madaule]] |titre=Le Christianisme de Dostoïevski |éditeur=Bloud & Gay |année=1939}}
* {{Ouvrage |auteur1=Vladimir Marinov |titre=La Figure du crime chez Dostoïevski |lieu=Paris |éditeur=PUF |année=1990 |isbn=2-13-043173-9|plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=Nicolas Milochevitch |titre=Dostoïevski penseur |éditeur=L'Âge d'homme |année=1988 |isbn=2-82-512154-1|plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=Michel Niqueux |titre=Dictionnaire Dostoïevski |lieu=Paris |éditeur=Institut d'études slaves |année=2021 |pages totales=320 |isbn=978-2-7204-0662-1 |présentation en ligne=https://institut-etudes-slaves.fr/products-page/domaine-culturel/dictionnaire-dostoievski/}}
* {{Ouvrage |auteur1=Sophie Ollivier |titre=Regards sur Dostoïevski |éditeur=Éditions Publibook |année=2015|plume=oui}}
* {{Ouvrage |auteur1=[[John Cowper Powys]] |préface=[[Marc-Édouard Nabe]] |titre=Dostoïevski |lieu=Paris |éditeur=Bartillat |année=2001 |isbn=284100242X}}
* {{Ouvrage |auteur1=Marguerite Souchon |titre=Le Dieu de Dostoïevski |éditeur=Éditions Première partie |année=2021 |isbn=9782365262590}}{{Commentaire biblio SRL|Présentation en ligne :}}
** {{Lien web |auteur=Mélinée Le Priol |titre={{Citation|Le Dieu de Dostoïevski}} : l’écrivain et le Christ russe |url=https://www.la-croix.com/Culture/Le-Dieu-Dostoievski-lecrivain-Christ-russe-2021-10-27-1201182510 |site=la-croix.com |date=27 octobre 2021}}
** {{Lien web |auteur=Cécile Devoucoux |titre=Passionnée par la Russie, elle écrit un livre sur Dostoïevski |url=https://www.lejsl.com/culture-loisirs/2022/01/19/passionnee-par-la-russie-elle-ecrit-un-livre-sur-dostoievski |site=lejsl.com |date=19 janvier 2022}}
** {{Lien web |auteur=Aymeric Christensen |titre=Livres spirituels : notre sélection du mois de janvier 2022 |url=https://www.lavie.fr/ma-vie/spiritualite/livres-spirituels-notre-selection-du-mois-de-janvier-2022-79899.php |site=lavie.fr |date=6 janvier 2022}}
* {{Article |auteur1=[[André Suarès]] |titre=Dostoïevski |périodique=Cahiers de la Quinzaine |année=1911}}
* {{Ouvrage |auteur1=Najate Toufid |titre=Hegel et Dostoïevski : Les enjeux idéologiques de la figure christique |éditeur=L'Harmattan |année=2022 |pages totales=274 |isbn=978-2-14-030735-5 |présentation en ligne=https://www.editions-harmattan.fr/livre-hegel_et_dostoievski_les_enjeux_ideologiques_de_la_figure_christique_najate_toufid-9782140307355-75037.html}}
* Igor Volguine (trad. du russe par Christophe Trontin), ''Dostoïevski : La saga familiale'', Paris : L'Harmattan, 2021, 272 p. {{ISBN|978-2-343-22718-4}}

===== En anglais =====
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Wil van den |nom1=Bercken |titre=Christian Fiction and Religious Realism in the Novels of Dostoevsky |éditeur=Anthem Press |date=2011 |isbn=978-0-85728-976-6 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=mFFFtwjQnigC}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Harold |nom1=Bloom |titre=Fyodor Dostoevsky |éditeur=Infobase Publishing |date=2004 |isbn=978-0-7910-8117-4 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=1C1K-BnFGFIC|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Maria R. |nom1=Bloshteyn |titre=The Making of a Counter-Culture Icon: Henry Miller's Dostoevsky |éditeur=University of Toronto Press |date=2007 |isbn=978-0-8020-9228-1 |lire en ligne={{Google books|plainurl=y|id=9NvAaLyYoCwC}}|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Alexander |nom1=Burry |titre=Multi-Mediated Dostoevsky: Transposing Novels Into Opera, Film, and Drama |éditeur=Northwestern University Press |date=2011 |isbn=978-0-8101-2715-9 |lire en ligne={{Google books|plainurl=y|id=lfLnzvLaB-kC}}|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Predrag |nom1=Cicovacki |titre=Dostoevsky and the Affirmation of Life |éditeur=Transaction Publishers |date=2012 |isbn=978-1-4128-4606-6 |lire en ligne={{Google books|plainurl=y|id=6wUX-eI738MC}}}}
* {{Ouvrage |prénom1=Donald |nom1=Fanger |titre=Dostoevsky and Romantic Realism: A Study of Dostoevsky in Relation to Balzac, Dickens, and Gogol |éditeur=Northwestern University Press |année=1998|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Malcolm V. |nom1=Jones |titre=Dostoevsky And the Dynamics of Religious Experience |éditeur=Anthem Press |date=2005 |isbn=978-1-84331-205-5 |lire en ligne={{Google books|plainurl=y|id=L52TNlWprfcC}}|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Kenneth A. |nom1=Lantz |titre=The Dostoevsky Encyclopedia |lieu=[[Westport, Connecticut]] |éditeur=Greenwood Publishing Group |date=2004 |isbn=978-0-313-30384-5 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=XfDOcmJisn0C|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Janko |nom1=Lavrin |titre=Dostoevsky: A Study |éditeur=Kessinger Publishing |date=2005 |isbn=978-1-4179-8844-0 |lire en ligne={{Google books|plainurl=y|id=57iTq6YSJbcC}}|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Irina |nom1=Paperno |langue originale=en |titre=Suicide As a Cultural Institution in Dostoevsky's Russia |éditeur=Cornell University Press |date=1997 |isbn=978-0-8014-8425-4|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=James Patrick |nom1=Scanlan |titre=Dostoevsky the Thinker |éditeur=Cornell University Press |date=2002 |isbn=978-0-8014-3994-0|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Peter |nom1=Sekirin |titre=The Dostoevsky Archive: Firsthand Accounts of the Novelist from Contemporaries' Memoirs and Rare Periodicals, Most Translated Into English for the First Time, with a Detailed Lifetime Chronology and Annotated Bibliography |éditeur=McFarland |date=1997 |isbn=978-0-7864-0264-9 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=EExUdTF7iLYC&q=dostoevsky+in+the+memoirs+of+a+publishing+house+worker}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=George |nom1=Pattison |prénom2=Diane Oenning |nom2=Thompson |titre=Dostoevsky and the Christian tradition |éditeur=Cambridge University Press |année=2001 |isbn=978-0-521-78278-4 |lire en ligne={{Google books|plainurl=y|id=GlLm4gbPZdQC}}}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Victor |nom1=Terras |titre=The Young Dostoevsky: A critical study |lieu=The Hague & Paris |éditeur=Mouton |collection=Slavistic Printings and Reprintings |année=1969 |lccn=69-20326|plume=oui}}
* {{Ouvrage |langue=en |prénom1=Victor |nom1=Terras |titre=Reading Dostoevsky |éditeur=University of Wisconsin Press |date=1998 |isbn=978-0-299-16054-8 |lire en ligne=https://books.google.com/books?id=4nV9o8k9y34C|plume=oui}}

===== En russe et allemand =====
* {{Ouvrage |langue=de |prénom1=Reinhard |nom1=Lauer |titre=Geschichte der Russischen Literatur: von 1700 bis zur Gegenwart |éditeur=Verlag C.H. Beck |date=2000 |isbn=978-3-406-50267-5 |lire en ligne={{Google books|plainurl=y|id=VEx1OAAACAAJ}}}}
* {{Ouvrage |langue=de |prénom1=Rudolf |nom1=Neuhäuser |titre=F.M. Dostoejevskij: Die Grossen Romane und Erzählungen; Interpretationen und Analysen |lieu=Vienna; Cologne; Weimar |éditeur=Böhlau Verlag |date=1993 |isbn=978-3-205-98112-1}}
* {{Ouvrage |langue=de |prénom1=Natalie |nom1=Reber |titre=Studien zum Motiv des Doppelgängers bei Dostojevskij und E.T.A. Hoffmann |éditeur=Marburg Arbeitsgemeinsch. f. Osteuropaforsch. d. Philipps-Universität |date=1964 |isbn=9783877110805}}
* {{Lien web |langue=ru |auteur=Boris Sergeyevich Kondratiev |titre=Мифопоэтика снов в творчестве Ф. М. Достоевского |traduction titre=Rêves mythopoétiques dans la créativité de F. M. Dostoïevski |url=http://www.dissercat.com/content/mifopoetika-snov-v-tvorchestve-f-m-dostoevskogo |date=2002 |consulté le=23 juin 2024}}

=== Filmographie ===
* [[2011 à la télévision|2011]] : ''[[Dostoïevski (série télévisée)|Dostoïevski]]'', série télévisée russe de [[Vladimir Khotinenko]] ; [https://www.lemonde.fr/culture/article/2013/12/05/dostoievski_3522879_3246.html voir sur ''lemonde.fr''], consulté le 25 juin 2017.
* ''[http://mirafilm.ch/filme/Die-Frau-mit-den-5-Elefanten?lang=en Die Frau mit den fünf Elefanten]'' (''[http://www.5elefanten.ch/Events?language=fr La femme aux cinq éléphants]''), film documentaire de Vadim Jendreyko (Suisse, Allemagne, 2009) avec Swetlana Geier, traductrice de cinq œuvres de Dostoïevski en allemand entre 1992 et 2009.

=== Liens externes ===
==== Ressource numérique ====
* [https://beq.ebooksgratuits.com/vents/dostoievski.htm La bibliothèque Fiodor Dostoïevski] répertorie l'œuvre de Dostoïevski traduite en Français. Librement accessible en ligne.
* {{Gutenberg author| id=Dostoïevski | name=Fiodor Dostoïevski}}

==== Bases de données et dictionnaires ====
{{Liens}}

{{Palette|Culture russe|Fiodor Dostoïevski|Fiodor Dostoïevski au cinéma et à la télévision}}
{{Portail|littérature|culture russe|christianisme|Slaves|Empire russe|arts}}

{{CLEDETRI:Dostoievski, Fiodor}}
[[Catégorie:Naissance à Moscou]]
[[Catégorie:Naissance dans le gouvernement de Moscou]]
[[Catégorie:Écrivain russe du XIXe siècle]]
[[Catégorie:Romancier russe du XIXe siècle]]
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