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[[Fichier:Relief flute player Glyptothek Munich.jpg|thumb|right|upright=1.1|Joueur d'aulos et sa famille devant Dionysos et Artémis, v.&nbsp;360-350 av. J.-C., Glyptothèque de Munich.]]

Le '''dithyrambe''' (en [[grec ancien]] {{grec ancien|διθύραμϐος|dithúrambos}}, [[étymologie]] obscure) est un [[hymne religieux]] chanté par un chœur d’hommes accompagné d'un [[Aulos (instrument)|aulos]] et d'une danse représentant à l'origine l'emprise de [[Dionysos]] sur les hommes. Même si des dithyrambes ont été adressés à d'autres divinités grecques, il s'agit avant tout d'une action liturgique célébrée en l’honneur de Dionysos, dont l'une des [[Épiclèse (Antiquité)|épiclèse]]s est ''Dithyrambos''<ref>Par exemple chez {{EurBac}}, v.&nbsp;526.</ref>.

Par extension, il désigne aujourd'hui une louange enthousiaste, et le plus souvent excessive.

== Origines ==
[[Fichier:Poet Dionysos Louvre Ma1606.jpg|thumb|left|Dionysos ivre rend visite à un poète dramatique. Copie romaine d'un original hellénistique, musée du Louvre.]]

Au début du {{VIIe siècle av. J.-C.}}, le poète [[Archiloque]] proclame avec fierté qu'il entame volontiers un dithyrambe quand il est ivre : {{citation|Je sais entonner le beau chant du Seigneur Dionysos, le dithyrambe, foudroyé au cœur d’un bon coup de vin}}<ref>Archiloque, frag.&nbsp;120 W.</ref>. À cette époque, le dithyrambe est un chant culturel sans contenu mythologique particulier, chanté par un ''exarchon'' (« meneur »), avec un refrain chanté par le chœur<ref>G. A. Privitera, ''Laso di Ermione'', Rome, 1965, p.&nbsp;125.</ref>. À cette inspiration désordonnée du délire, a succédé un spectacle, dès lors que les choreutes apprirent un texte par cœur<ref>[[Louis Séchan]] et [[Pierre Lévêque (helléniste)|Pierre Lévêque]], ''Les Grandes divinités de la Grèce'', Éditions E. de Boccard, 1966, {{p.}}301.</ref>. 

[[Arion de Méthymne]] (v.&nbsp;[[-600|600 av. J.-C.]]), un [[cithare|citharède]] de [[Corinthe]], introduit un dialogue entre le [[coryphée]], chef de chœur, et le chœur lui-même ; [[Hérodote]] en fait le père du dithyrambe<ref>{{HérEnq}}, I, 23.</ref>. Arion ajoute également des [[Prosodie|mètres]] supplémentaires. Selon [[Théophraste]], ce fut des mesures qui composent le vers héroïque que se forma l'[[anapeste]], qui a plus d'étendue, et qui donna naissance au dithyrambe, ce genre si libre et si riche, dont les débris se retrouvent, comme le dit encore Théophraste, dans toute composition oratoire abondante et harmonieuse. [[Lasos d'Hermione]], dans la seconde moitié du {{VIe siècle av. J.-C.}}, introduit à [[Athènes antique|Athènes]] les concours de dithyrambes, recourant à l'[[Aulos (instrument)|aulos]] ([[hautbois]] double). Rapidement, le genre acquiert sa forme fixe : une alternance de strophes (chantées par le coryphée seul) et d’[[Antistrophe (poésie)|antistrophe]]s (refrains chantés à l’unisson par le chœur), préfigurant, selon [[Aristote]], la [[tragédie grecque]]<ref>Aristote, ''Poétique'', 1449 a 14 f.</ref> : le coryphée se transforme en véritable acteur. Le dialogue qui s'installe entre lui et le chœur est appelé en grec {{grec ancien|ὑπόκρισις}}, ''hypokrisis'', littéralement ''réponse'', et relève du dialogue dramatique.

À [[Athènes antique|Athènes]], [[Pisistrate]] place le genre au programme des concours musicaux des [[Panathénées]] et des [[Dionysies]] : chacune des dix [[tribus (Grèce antique)|tribus]] fournit un chœur de 50 hommes et de 50 garçons<ref>Pickard-Cambridge, {{p.|75}}, {{n.|1}}.</ref>. Le concours de dithyrambe des Dionysies mobilise ainsi un millier d'Athéniens. Peu à peu, le dithyrambe se transforme en [[genre littéraire]] où [[Simonide de Céos]], [[Bacchylide]] et [[Pindare]] (qui aurait eu Lasos pour maître) se distinguent. Dans une [[épigramme]] rapportée par l’''[[Anthologie palatine]]''<ref>Anthologie palatine, VI, 213.</ref>, Simonide se targue de l'avoir emporté à 56 reprises dans des concours de chœurs d'hommes. Il subsiste d'importants fragments de dithyrambes de Bacchylide, découverts en [[1898]] dans des [[Papyrus (papier)|papyrus]]. Les sujets y sont puisés dans la [[mythologie grecque]], mais il est fait peu d'allusions à Dionysos lui-même. En comparaison, Pindare ménage une place plus importante à ce dieu.

== Le dithyrambe tardif ==
Dans le dernier quart du {{Ve siècle av. J.-C.}}, le dithyrambe s'affranchit de ses règles classiques. La musique prend une part de plus en plus importante. Le langage devient de plus en plus précieux. Le dithyrambe est alors condamné par [[Platon]] dans ''[[Les Lois (Platon)|Les Lois]]''<ref>{{PlaLoi}}, III, 700, d–e.</ref> pendant qu'[[Aristophane]] fait du poète dithyrambique [[Cinésias]] l'une de ses têtes de Turc. Dans ''les Oiseaux'', le Cinésias de théâtre explique ainsi au héros que son art est celui des nuées, {{cita|tout le brillant des hymnes héroïques est dans le vaporeux, le ténébreux, les bleuités lustrées et les bercements d'ailes}}<ref>{{AriOis}}, 1388-1390. Traduction de [[Victor-Henry Debidour]] pour Gallimard, 1966.</ref>. Une [[scholie]] à ce passage rapporte même l'expression : {{cita|tu es encore moins compréhensible qu'un dithyrambe}}. 

== Notes et références ==
{{Références|colonnes=2}}

== Annexes ==
{{Autres projets|wiktionary = dithyrambe}}

=== Bibliographie ===
* Michel Corvin, ''Dictionnaire encyclopédique du théâtre à travers le monde'', Bordas, Paris, 2008 {{ISBN|978-2-04-731295-7}}, {{p.|440}}.
* {{MorThe}}.
* [[Henri Jeanmaire]], ''Dionysos, Histoire du culte de Bacchus'', réédition Payot, 1991 {{ISBN|978-2228884402}}
* {{en}} A. W. Pickard-Cambridge, ''Dithyramb, Tragedy and Comedy'', Clarendon Press, Oxford, 1962 ({{2e|édition}} revue par T. B. L. Webster, {{1re|édition}} 1927).

=== Liens externes ===
* {{Autorité}}

{{Portail|Grèce antique|littérature|théâtre|poésie}}

[[Catégorie:Poésie de la Grèce antique]]
[[Catégorie:Culte de Dionysos]]
[[Catégorie:Genre théâtral]]