Voir la source de Deutsche Arbeitsfront

{{Ébauche|histoire}}
{{voir homonymes|DAF}}
{{Langue du titre|de}}
{{Infobox Organisation2
|image=Bundesarchiv Bild 183-J09311, Auszeichnung von Kriegsmusterbetrieben durch Robert Ley.jpg
|légende=Une manifestation de la DAF avec la participation de son chef, le ''Reichsorganisationsleiter'' Ley remettant des diplômes, en mars 1944.
|drapeau=Deutsche Arbeitsfront.svg
|légende drapeau=Drapeau du DAF.}}
Le '''''{{lang|de|Deutsche Arbeitsfront}}''''' ou '''DAF''' {{en fr|Front allemand du travail}}, était sous le [[Troisième Reich]] l'organisation des [[travailleurs]] et des [[Employeur|employeurs]] allemands, soumise au contrôle étroit du [[Parti national-socialiste des travailleurs allemands|parti national-socialiste]] (NSDAP). 

Créé dans le but de lutter contre les particularismes des associations de salariés nazis, le DAF est confié à un proche d'[[Adolf Hitler]], [[Robert Ley]], ''[[Reichsleiter]]'' pour l'organisation du parti, et connaît une croissance importante, d'abord en raison de la suppression des syndicats ouvriers, puis de l’absorption de l'association des employeurs en novembre 1933<ref name="Bracher-P445">K. D. Bracher, ''Hitler et la dictature allemande'', {{p.|445}}.</ref>.

== Création ==
=== Un nouveau rouage de l’administration nazie ===
Pensé par Hitler comme un moyen d'intégrer la classe ouvrière, vivier politique du [[Parti social-démocrate d'Allemagne|SPD]] et du [[Parti communiste d'Allemagne|KPD]], au nouveau régime, dans un contexte de remise en cause des conquêtes sociales du début du siècle<ref>K. D. Bracher, ''Hitler et la dictature allemande'', {{p.|444-445}}.</ref>, le Front du Travail est organisé à partir d'avril 1933 par Ley et Muchow, responsable des cellules d'entreprises<ref name="RJ Evans p518">R. J. Evans, ''Le {{IIIe}} Reich'', II, {{p.|518}}.</ref>. Seule conséquence réelle du discours de Hitler du {{1er}} mai 1933 lors de la [[fête nationale du peuple allemand]], la création du Front du Travail doit permettre de surmonter les antagonismes de classes au sein d'une organisation destinée à créer les conditions d'une meilleure connaissance des classes, les {{Lang|de|texte=Stände}}, les unes par rapport aux autres, dans le cadre de la ''{{Lang|de|texte=Volksgemeinschaft}}''<ref name="Bro223">{{harvsp|texte= Broszat, ''L'État hitlérien''|p=223|réf=Bro|}}.</ref>.

=== Une création sous le sceau de l’illégalité ===
Dans le climat de confiance créé par le discours de la veille, la police et ses auxiliaires de la SA et de la SS, sous la direction des responsables des syndicats nazis, les [[Nationalsozialistische Betriebszellenorganisation|NSBO]], occupent le {{date|2 mai 1933}} à 10 heures du matin, l’ensemble des locaux des organisations syndicales liées au [[Parti social-démocrate d'Allemagne|parti social-démocrate]] et au [[Parti communiste d'Allemagne|parti communiste]] (bourses du travail, sièges de journaux, directions), placent en détention provisoire les principaux dirigeants et proposent à leurs permanents de continuer leur action dans le cadre des NSBO. Cette action illégale, menée par le NSDAP avec le soutien de la police, qui ne dispose cependant pas encore des possibilités légales permises par les lois ultérieures, rencontre peu de résistance dans la population<ref name="Bro224">{{harvsp|texte= Broszat, ''L'État hitlérien''|p=224|réf=Bro|}}.</ref>. 

Par ce coup de force contre les syndicats (les syndicats catholiques étant momentanément épargnés dans le contexte de négociation du concordat et de préparation de la réintégration de la [[Sarre (Land)|Sarre]]<ref name="Bro224"/>), le NSDAP entre en possession non seulement des biens des syndicats, mais aussi des fonds contrôlés par ces structures<ref name="Too62">{{harvsp|texte= Tooze, ''Le salaire de la destruction''|p=62|réf=Too|}}.</ref>. L’illégalité de cette prise de possession, officiellement justifiée par des détournements de fonds (non jugés par la suite) de la part de {{citation|mandarins}} syndicaux, n’est pas légalisée, ni en 1933, ni par la suite, ce qui pose tout au long du {{IIIe}} Reich des problèmes juridiques de propriété au DAF<ref name="Bro225">{{harvsp|texte= Broszat, ''L'État hitlérien''|p=225|réf=Bro|}}.</ref>.

Au cours du mois de septembre 1933, Ley tente de donner à l'organisation dont il est le chef un statut juridique clairement défini, qui aurait abouti à sa transformation en collectivité de droit public, ce qui aurait permis de légaliser les usurpations de propriété du mois de mai<ref name="Bro231">{{harvsp|texte= Broszat, ''L'État hitlérien''|p=231|réf=Bro|}}.</ref>, tout en influant sur la constitution d'un État corporatiste, qu'il était question de mettre en place à l'automne 1933; cette orientation est rapidement mise de côté sous la pression des conservateurs et de leurs représentants<ref name="Bro232">{{harvsp|texte= Broszat, ''L'État hitlérien''|p=232|réf=Bro|}}.</ref>.

=== Le congrès fondateur ===

Le [[10 mai]] 1933, à Berlin, en présence de la totalité du gouvernement et de la direction du parti, est organisé le premier congrès du DAF, placé sous le patronage de Hitler<ref name="Bro225"/> ; celui-ci fixe les modalités de la fusion des différentes organisations destinées à composer le DAF<ref name="Bro224"/>. Regroupant les syndicats dissous de fait le 2 mai 1933, deux organisations sont créées, l'association générale des travailleurs allemands, confiée à [[Walter Schuhmann]], chef de la NSBO, et l'association générale des employés allemands, confiés à [[Albert Forster]], ''[[Gauleiter]]'' de [[Ville libre de Dantzig|Dantzig]], et deviennent les centres du DAF<ref name="Bro225"/>.

== Des tensions internes dès la création ==

Des divergences politiques se font jour entre les tenants de la création d'un État corporatiste, autour des dirigeants des cellules d'entreprises du parti, regroupés autour de Muchow et les proches de Hitler et Ley<ref name="RJ Evans p518" />.

La loi du 19 mai 1933 réorganise les relations sociales en Allemagne, fixant, au grand dépit des anciens membres des NSBO, la réalité des compétences des fonctionnaires du DAF dans le domaine des négociations salariales<ref name="Bro227">{{harvsp|texte= Broszat, ''L'État hitlérien''|p=227|réf=Bro|}}.</ref> ; elle est précisée par la loi du 20 janvier 1934, qui ordonne les relations salariales selon le ''Führerprinzip''<ref>R. J. Evans, ''Le {{IIIe}} Reich'', II, {{p.|519}}.</ref>.

La loi du 19 mai 1933, créant les fidéicommissaires du travail, dépendant de l'État, choisis parmi les représentants des milieux économiques, instaure les conditions de violentes oppositions entre les NSBO, surtout dans les régions industrielles, et les commissaires : ainsi, par exemple, en appelant directement à Hitler, le chef des NSBO du Gau de [[Silésie]], est éconduit par le ministère du Travail du Reich, qui justifie l'existence des commissaires et rappelle la nature strictement politique du NSBO<ref name="Bro228">{{harvsp|texte= Broszat, ''L'État hitlérien''|p=228|réf=Bro|}}.</ref>. Accusé à cette occasion de vouloir détruire la {{Citation|collaboration harmonieuse entre responsables d'entreprises, ouvriers et employés}}, le NSBO de Silésie est accusée de sympathies marxistes dissimulées, à la suggestion du commissaire du travail pour le Gau de Silésie, comme à de nombreuses fois par la suite<ref name="Bro229">{{harvsp|texte= Broszat, ''L'État hitlérien''|p=229|réf=Bro|}}.</ref>. La création des fidéicommissaires, et plus encore, usurpant les compétences du NSBO (notamment concernant la politique salariale)<ref name="Too62" /> les décisions qu'ils prennent, toujours en faveur du patronat, participant à la marginalisation des NSBO au sein des institutions nazies<ref name="Bro230">{{harvsp|texte= Broszat, ''L'État hitlérien''|p=230|réf=Bro|}}.</ref>, se trouve à la base de la désaffection des salariés à l'encontre du DAF<ref name="Bro231"/>.

== L'idéologie du DAF dans le cadre nazi ==

Créé au départ pour concurrencer les syndicats nazis, le DAF s'inscrit totalement dans l'idéologie nazie de la ''Volksgemeinschaft''. Les entreprises sont envisagées comme des communautés au sein desquelles évoluent en harmonie dirigeants, ouvriers et salariés : cette harmonie est censée se matérialiser par le pouvoir des délégués du personnel, jouant un rôle de conseil auprès des dirigeants, qui, s'ils sont remis en cause, peuvent être démis de leurs fonctions<ref name="Bracher-P445"/>.

Face aux contradictions internes du régime qui proclame à la fois la révolution et son achèvement, le Front du Travail développe une argumentation opposant socialisme et socialisation, défini l'un comme {{citation|le droit d’accéder à la propriété par un travail honnête}} et plus largement le {{citation|travail, la réussite, l'accomplissement de son devoir et le sens des responsabilités à l'égard de l'État et de la nation}}, l'autre renvoyait au {{citation|collectivisme et à une vision matérialiste de l'histoire}}<ref name="Sch83">{{harvsp|texte=Schoenbaum, ''La Révolution brune''|p=83|id=Sch}}.</ref>.

== Organisation ==

=== Le schéma de mai 1933 ===
Lors du congrès fondateur, est dévoilé le schéma de l'organisation. L'association générale des travailleurs allemands et l'association générale des ouvriers allemands, pensées au départ comme les piliers du DAF, doivent composer avec les associations autonomes d'ouvriers et d'employés, divisées par branches, avec des adhésions individuelles<ref name="Bro225"/>. 

Ces trois groupes d'associations sont coiffées par un bureau central du DAF, dirigé par [[Robert Ley]] et divisé en 11 sections spécialisées<ref name="Bro225"/>.

Au niveau territorial, treize districts sont créés, confiés chacun à un chef de district. chaque district est lui-même subdivisé en cercles et en groupes locaux<ref name="Bro226">{{harvsp|texte= Broszat, ''L'État hitlérien''|p=226|réf=Bro|}}.</ref>.

Enfin, d'un strict point de vue juridique et institutionnel, le DAF et le [[Parti national-socialiste des travailleurs allemands|NSDAP]] sont totalement séparés, mais cette séparation légale ne doit pas faire illusion car les principaux dirigeants du DAF exercent tous des responsabilités au sein du NSDAP : Robert Ley y exerce les fonctions d'« organisateur » du NSDAP (''Reichsorganisationsleiter''), et tous les postes importants au sein du DAF sont occupés par les principaux responsables du NSBO, encore sensibles en 1933 à la rhétorique socialiste du parti<ref name="Bro226"/>.

=== Une réorganisation précoce ===

Durant le mois de novembre 1933, Le DAF connaît de nombreuses mutations et réorganisations. 

Tout d'abord, les organisations représentant le patronat et les industriels, ayant fait le constat du caractère peu révolutionnaire de la nouvelle structure, intègrent le DAF<ref name="Bro232"/>. Dès le 29 novembre, la corporation nationale de l'industrie allemande, par la voie de son principal dirigeant, [[Gustav Krupp von Bohlen und Halbach]], appelle ses membres à adhérer au DAF<ref name="Bro234">{{harvsp|texte= Broszat, ''L'État hitlérien''|p=234|réf=Bro|}}.</ref> : en effet, selon lui, le DAF avait clarifié son rôle dans les relations sociales<ref name="Bro235">{{harvsp|texte= Broszat, ''L'État hitlérien''|p=235|réf=Bro|}}.</ref>.

Ensuite, en dépit de déclarations fracassantes, les ambitions de Ley et des cadres du DAF en matière syndicale sont remises en cause après les élections du {{date|12 novembre 1933}}, le DAF tendant à partir de ce moment à se transformer en organe de propagande, au détriment de ses activités syndicales : en effet, le {{date|27 novembre 1933}}, sous la pression des ministres de l'Économie et [[Ministère du Travail du Reich|du Travail]], Ley signe une déclaration avec ces deux ministres déniant toute possibilité d'intervention du DAF dans la politique sociale et salariale du régime<ref name="Bro232"/>.

== Une organisation aux multiples ramifications ==
Dès la suppression des syndicats en mai 1933, le [[ministère du Travail du Reich]] crée au sein du DAF l’organisation ''[[Kraft durch Freude]]'' (« La Force par la joie »), destinée à subventionner les congés ouvriers (organisation de vacances, croisières) et les manifestations culturelles et sportives.
{{Refnec|D’autres structures voient également le jour :
* [[Office pour la beauté du travail]] (''Amt für Schönheit der Arbeit'')
* [[Reichsarbeitsdienst|Service du travail du Reich]] (''Reichsarbeitsdienst'')
* [[Office de la propagande]]
* [[Office pour les voyages, le tourisme et les vacances]]
* [[Office pour les loisirs]]
* [[Office pour le sport]]
* [[Office pour les bataillons d’usines]]
* [[Office de l’Association allemande pour la culture populaire]]
* ''[[Frauenschaft|NS-Frauenschaft]]'', pendant féminin du syndicat, fort de plusieurs millions de membres.
}}

Pour financer ces multiples organisations, le gouvernement du Reich rend obligatoire, pour l'ensemble des travailleurs du Reich, l'adhésion au Front du Travail, financé par les cotisations prélevées directement sur les salaires, faisant du DAF une organisation détestée des ouvriers et des salariés allemands ; les cotisations versées sont pour une part non négligeable détournées par les salariés du Front du Travail, pour leur usage personnel<ref name="Evans p524">R. J. Evans, ''Le {{IIIe}} Reich'', 1933-1939, {{p.|524}}.</ref>.

== Une organisation corrompue et calquée sur celle du NSDAP ==
=== La mise en place du ''Führerprinzip'' ===
À partir de novembre 1933, le Front est réorganisé sur la base du ''Führerprinzip'' : tout le pouvoir est concentré dans les mains de Robert Ley et de ses proches, dans le cadre d'une organisation centralisée, malgré l'opposition d'un certain nombre des cadres qui ont créé sur le terrain le Front du Travail<ref>R. J. Evans, ''Le {{IIIe}} Reich'', 1933-1939, {{p.|521}}.</ref>.

=== Le DAF dans le Troisième Reich ===

Rapidement, le DAF entre en concurrence avec d'autres structures de la nébuleuse national-socialiste, la {{citation|polycratie nazie}}, selon le mot de [[Martin Broszat]]<ref name="Bro425">{{harvsp|texte= Broszat, ''L'État hitlérien''|p=425|réf=Bro|}}.</ref>. Il doit notamment contrer l'influence des cellules national-socialistes d'usines (NSBO) ; soutenue par [[Hermann Göring|Göring]]<ref name="Sch113">{{harvsp|texte=Schoenbaum, ''La Révolution brune''|p=113|id=Sch}}.</ref>, l'organisation de [[Robert Ley]] devance définitivement à partir de la fin de l'année 1934 ses concurrents, s'affirmant comme l'une des organisations du Reich national-socialiste, avec ses millions de cotisants, parmi les plus importantes<ref name="Sch114-116">{{harvsp|texte=Schoenbaum, ''La Révolution brune''|p=114-116|id=Sch}}.</ref>. 

Au cours des années 1930, lorsque le DAF dispose de moyens importants, les projets qu'il lance sont ainsi largement critiqués par d'autres responsable du régime : le projet de ''{{Lang|de|texte=Volkswohnungen}}'', les appartements du peuple, visant à permettre l'accession à la propriété, sont ainsi critiqués par [[Joseph Goebbels|Goebbels]] en raison de leur coût, de leur piètre qualité et de leur faible superficie, jugée indigne de la ''{{Lang|de|texte=Volksgemeinschaft}}''<ref name="Too173">{{harvsp|texte= Tooze, ''Le salaire de la destruction''|p=173|réf=Too|}}.</ref>.

De plus, à partir de 1938, le DAF, disposant d'une autonomie réelle, tient ses congrès à Nuremberg, au même moment que ceux du parti<ref name="Sch116">{{harvsp|texte=Schoenbaum, ''La Révolution brune''|p=116|id=Sch}}.</ref>. 

Ses moyens, fournis par les cotisations mensuelles des salariés du Reich, placent l'organisation en position de force par rapport aux autres acteurs économiques du Reich, l'administration du [[Vierjahresplan|plan de Quatre Ans]], ou la [[Reichsbank]], dont le directeur, [[Hjalmar Schacht|Schacht]], ordonne aux organisations sur lesquelles il exerce une tutelle, de classer sans suite les rapports du DAF<ref name="Sch116" />.

=== Corruption au sein du DAF ===
Les cotisations que perçoit l'organisation font de la corruption l'une des principales caractéristiques de l'organisation, dès sa mise en place. Ainsi, de Robert Ley au moindre des permanents du Front, l'ensemble des salariés du Front du Travail se laissent corrompre par les entreprises allemandes, auxquelles ils octroient des contrats préférentiels<ref name="Evans p524"/>.

== Budget et sources de financement ==

Grâce à des actifs estimés à près de 500 millions de [[reichsmark]], en 1937, et à des rentrées annuelles évaluées à 20 millions de reichsmarks (les cotisations obligatoires), le DAF dispose de moyens pour mener une politique conforme à ses objectifs et aux idéaux du [[nazisme|national-socialisme]]<ref name="Too168">{{harvsp|texte= Tooze, ''Le salaire de la destruction''|p=168|réf=Too|}}.</ref>.

Lors de la mise en œuvre de la {{Lang|de|texte=Volkswagen}}, les fonds du DAF se trouvent accrus : en effet, c'est sur un compte non rémunéré du DAF que les acheteurs potentiels d'une voiture doivent effectuer un versement hebdomadaire de 5 reichsmark. une fois la somme de 750 reichsmarks atteinte, une voiture devait être livrée au propriétaire du compte. À la fin de l'année 1939, {{Formatnum:270000}} personnes avaient souscrit à cette formule d'achat ({{Formatnum:340000}} à la fin de la guerre)<ref name="Too169">{{harvsp|texte= Tooze, ''Le salaire de la destruction''|p=169|réf=Too|}}.</ref>).

== Mise en œuvre d'une politique spécifique ==

=== Réalisations ===

Dès la mi-mai [[1933]], les responsables du NSBO tentent d'exercer leurs nouveaux pouvoirs dans les usines mais ils sont rapidement rappelés à l'ordre par [[Adolf Hitler|Hitler]] lui-même, à la demande de [[Hjalmar Schacht|Schacht]], des grands patrons et de nombreux hauts-fonctionnaires du ministère de l'Économie<ref name="Bro227"/>.

Le {{date|8 janvier 1934}}, le DAF est représenté à l'inauguration de la nouvelle usine de la [[Dehomag]] à [[Berlin]], première structure de [[mécanographie]] allemande, par [[Rudolf Schmeer]], qui remplace ce jour-là [[Robert Ley]]. 

Dès sa mise en place, le DAF participe à la politique de grands travaux souhaitée par le régime afin de réduire le [[chômage]]. En effet, le DAF est l'un des acteurs de la construction des [[autoroute]]s du Reich, ou du lac artificiel de [[Maschsee]] creusé dans la région de [[Hanovre]]. 

C'est surtout dans le domaine de la [[propagande]] que le DAF s'est manifesté. Ainsi, en [[Prusse-Orientale]], [[Erich Koch]] vise, par la [[conscription]], à un strict contrôle des chômeurs, parqués dans des ''{{Lang|de|texte=Kameradschaftslager}}'' (camps de camaraderie), afin de mener des travaux de terrassements ; dans ces camps le DAF doit assurer l'endoctrinement politique des travailleurs internés<ref name="Too66">{{harvsp|texte= Tooze, ''Le salaire de la destruction''|p=66|réf=Too|}}.</ref>. De même, lors de la crise des changes du printemps 1934, les militants du DAF réclament un changement de politique économique, sans succès<ref name="Too89">{{harvsp|texte= Tooze, ''Le salaire de la destruction''|p=89|réf=Too|}}.</ref>.

=== Les {{Lang|de|texte=''Volksprodukte''}}<ref group=N>Les produits du peuple.</ref> ===

À partir de [[1935]], le DAF finance, sous l'impulsion de Hitler et des représentants de l'industrie automobile, le projet de la {{Lang|de|texte=Volkswagen}}, la « voiture du peuple », dans le cadre d'une entreprise à but non lucratif, comme l'a suggéré Franz-Joseph Popp, le PDG de [[Volkswagen]]<ref name="Too167">{{harvsp|texte= Tooze, ''Le salaire de la destruction''|p=167|réf=Too|}}.</ref>. Cependant, malgré l'importance de ses moyens, le DAF est rapidement dépassé par l'ampleur des sommes à engager pour le financement d'un tel projet et doit se séparer dans l'urgence d'une partie des actifs dont il s'était emparé en 1933<ref name="Too168" />.

De même, des projets de ''{{Lang|de|texte=Volkswohnungen}}'', « appartements du peuple », sont également commencés et confiés au DAF, mais les contradictions entre les idéaux du régime, un grand appartement familial de {{unité|74|m|2}} doté de tout le confort et facilités de l'époque, les moyens à disposition et les capacités réelles des bénéficiaires supposés rendent le projet aléatoire : de ce fait, seuls {{Formatnum:117000}} logements sont mis en chantier entre 1933 et [[1939]] (sur un total annoncé de {{Formatnum:300000}} par an)<ref name="Too173" />, les économies d'échelle à réaliser pour la construction de ce programme se révélant trop importantes<ref name="Too174">{{harvsp|texte= Tooze, ''Le salaire de la destruction''|p=174|réf=Too|}}.</ref>.

== Le DAF à l'épreuve du conflit ==

Le DAF, par le contrôle qu'il exerce sur la main d’œuvre, est un acteur de premier plan dans la gestion allemande du conflit. 

En effet, le DAF constitue un vivier de recrutement pour le parti, qui peuple les organes de planification de l'économie de guerre avec des technocrates choisis parmi le DAF, à l'image de Paul Walter, mais celui-ci, par ses interventions intempestives et sa rhétorique anticapitaliste, effraie les principaux industriels du secteur charbonnier, qui, appuyés par [[Hermann Göring]], obtiennent son renvoi en [[février 1941 (guerre mondiale)|février 1941]]<ref name="Too409">{{harvsp|texte= Tooze, ''Le salaire de la destruction''|p=409|réf=Too|}}.</ref> 

Organisation nationale-socialiste, le DAF présente en novembre 1941 un [[Generalplan Ost|projet de colonisation]] de l'Est de l'Europe. Il propose ainsi un plan de long terme : étalé sur une centaine d'années, celui-ci prévoit la [[germanisation]] totale de la [[Russie européenne|Russie d'Europe]]<ref name="Bae322">{{Harvsp|texte=C.Baechler, ''Guerre et exterminations à l'Est''|p=322|}}.</ref>.

De plus, à partir de 1940, avec l'afflux de travailleurs dans le Reich, Ley obtient, pour le DAF, la cogestion, avec les services de [[Fritz Sauckel|Sauckel]], des travailleurs de l'Est ; contre Sauckel, les cadres du DAF, soutenus par leur chef, encouragent la mise en place de mauvais traitements afin de forcer les ''{{Lang|de|texte=Ostarbeiter}}'' au travail<ref name="Too513">{{harvsp|texte= Tooze, ''Le salaire de la destruction''|p=513|réf=Too|}}.</ref>.

Peu populaire auprès des ouvriers et salariés qu'elle est censée représenter, la DAF cesse d’exister lors de la [[Campagne d'Allemagne (1945)|défaite du Reich]], au cours de l'hiver et du printemps 1945.

== Notes et références ==
=== Références ===
{{Références | colonnes = 3 }}

=== Notes ===
{{Références|groupe=N}}

== Bibliographie ==
* {{Ouvrage
| langue=fr
| auteur1=Chistian Baechler
| titre=Guerre et extermination à l'Est. Hitler et la conquête de l'espace vital. 1933-1945
| éditeur=Tallandier
| lieu=Paris
| année=2012
| pages totales=524
| isbn=978-2-84734-906-1
| id=Bae
}}.
* {{fr}} Karl Dietrich Bracher, ''Hitler et la dictature allemande'', Préface d'[[Alfred Grosser]], 1969 (éd. allemande), Bruxelles, complexe 1995 {{ISBN|2-87027-569-2}}.
* {{Ouvrage
| prénom1=Martin
| nom1=Broszat
| titre=L'État hitlérien
| sous-titre=L'origine et l'évolution des structures du troisième Reich
| éditeur=Fayard
| lieu=Paris
| année=1985 (édition utilisée)
| pages totales=625
| isbn=978-2-213-01402-9
| id=Bro
}}. {{plume}}
* {{fr}} Richard J. Evans, ''le Troisième Reich'', Flammarion, Paris, collection ''Au fil de l'Histoire'', 
** Volume I, L'avènement {{ISBN|978-2-0821-0111-0}}.
** Volume II, 1933-1939 {{ISBN|978-2-0821-0112-7}}.
** Volume III, 1939-1945 {{ISBN|978-2-0812-0955-8}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |prénom1=Ian |nom1=Kershaw |lien auteur1=Ian Kershaw |titre=La Fin |sous-titre=Allemagne, 1944-1945 |éditeur=Seuil |lieu=Paris |année=2012 |pages totales=665 |isbn=978-2-02-080301-4 |id=Ker}}.
* {{Ouvrage
| prénom1=David
| nom1=Schoenbaum
| titre=La Révolution brune
| sous-titre=La société allemande sous le troisième Reich
| éditeur=Gallimard
| lieu=Paris
| année=2000 (édition française)
| pages totales=420
| isbn=978-2-07-075918-7
| id=Sch
}}.
* {{Ouvrage |langue=fr |langue originale=en |prénom1=Adam |nom1=Tooze |lien auteur1=Adam Tooze |titre=Le salaire de la destruction |sous-titre=Formation et ruine de l'économie nazie |éditeur=Les Belles Lettres |lieu=Paris |année=2012 |pages totales=806 |isbn=978-2-251-38116-9 |id=Too}}.

== Voir aussi ==
{{Autres projets
| commons = Category:German Labour Front
}}
=== Articles connexes ===
{{colonnes|nombre=2|
* [[Robert Ley]]
* [[Gleichschaltung]]
* [[Parti national-socialiste des travailleurs allemands|NSDAP]]
* [[Nationalsozialistische Betriebszellenorganisation|NSBO]]
}}
=== Liens externes ===
{{...}}

{{Palette|Organisation nazie}}

{{Portail|nazisme|syndicalisme|Seconde Guerre mondiale|}}

[[Catégorie:Parti national-socialiste des travailleurs allemands]]
[[Catégorie:Syndicat disparu en Allemagne]]
[[Catégorie:Organisme fondé en 1933]]
[[Catégorie:Organisme disparu en 1945]]