Voir la source de Chartreuse du Liget

{{En-tête label|AdQ|année=2018}}
{{Infobox Monument
 | nom                   = Chartreuse du Liget
 | nom local             = 
 | image                 = Liget Chartreuse montage.png
 | légende               = Vues de la chartreuse. De haut en bas :<br>Panorama général de la maison haute, <br>son portail et les ruines de son église.
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 | classement            = {{Classé MH|1862||chapelle Saint-Jean-du-Liget}}<ref name="MH3">{{Base Mérimée|PA00098109}}.</ref><br>{{Inscrit MH|1926||monastère de la Corroierie}}<ref name="MH2">{{Base Mérimée|PA00097652}}.</ref><br>{{Classé MH|1972||cinq portails et deux pavillons}}<ref name="MH">{{Base Mérimée|PA00097650}}.</ref><br>{{Inscrit MH|1972||sol de l'ancienne chartreuse, mur de clôture, restes de l'église et du cloître, façades et toitures des communs}}<ref name="MH"/>.<br>{{Inscrit MH|1972||site historique, bâtiments non classés, sol des parcelles de la chartreuse}}<ref name="MH 2015">{{Légifrance|url=https://www.legifrance.gouv.fr/eli/liste/2016/4/22/MCCC1610377K/jo/texte|texte=JORF {{n°|0095}} du 22 avril 2016 texte {{n°|55}}}} Liste des immeubles protégés au titre des monuments historiques en 2015.</ref><br>{{Site naturel classé|1947||Corroirie, chartreuse et abords}}<ref name="SN"/>
 | site                  = https://lachartreuseduliget.com/
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 | commune               = [[Chemillé-sur-Indrois]]
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La '''chartreuse du Liget''' est un ancien [[monastère]] de [[Ordre des Chartreux|chartreux]], sis à [[Chemillé-sur-Indrois]], dans le [[département français]] d'[[Indre-et-Loire]] en [[Région française|région]] [[Centre-Val de Loire]].

Fondée vers la fin du {{s-|XII}} par [[Henri II (roi d'Angleterre)|{{nobr|Henri II}}]], [[Liste des monarques d'Angleterre|roi d'Angleterre]] et [[Comté d'Anjou|comte d'Anjou]], elle est le seul monastère [[Ordre des Chartreux|cartusien]] présent en [[Touraine]]. La chartreuse se compose, comme le veut la règle, d'une maison haute au Liget même et d'une maison basse à la [[Corroirie]]. Disposition plus spécifique, l'ensemble du Liget compte également une [[chapelle Saint-Jean du Liget|chapelle]] isolée dans une clairière de la forêt de [[Loches]], là où se sont installés les premiers moines qui fondent l'ermitage. La chartreuse prend une grande importance au [[Moyen Âge]] et à l'[[époque moderne]] où elle compte jusqu'à {{nobr|25 pères}} et frères et contrôle plus de {{unité|2500|ha}} de terres, malgré une histoire mouvementée marquée par la [[guerre de Cent Ans]] et les [[guerres de Religion (France)|guerres de Religion]]. L'une des particularités du Liget est que sa maison basse constitue également un fief détenant les droits de [[justice seigneuriale|justice]] sur son territoire depuis le Moyen Âge jusqu'à la [[Révolution française]]. Un vaste programme de reconstruction et d'agrandissement de la maison haute vient à peine d'être mis en œuvre lorsqu'il est interrompu par la Révolution française. En 1790-1791, les onze pères et frères chartreux qui résident encore au Liget sont chassés, le mobilier, la bibliothèque riche de {{nombre|6900|ouvrages}} et les {{nobr|150 [[Œuvre d'art|œuvres d'art]]}} dispersés ; les bâtiments (monastère, Corroirie et chapelle) sont vendus comme [[bien national|biens nationaux]] et tout ou partiellement détruits. En 2018, la maison haute et la maison basse sont toujours habitées par la famille de Côme-Edmond de Marsay, acheteur en 1837 d'une partie d'un domaine finalement reconstitué en 1899.

Au {{s-|XXI}}, la maison haute du Liget ne conserve que les ruines de son église médiévale et un certain nombre de bâtiments, plus ou moins réaménagés, qui datent du {{s-|XVII}} ou de la reconstruction de 1787 comme le [[grand cloître]]. La Corroirie se présente toujours dans sa configuration médiévale. La rotonde de la chapelle du {{s-|XII}} et une partie des fresques qui la décorent subsistent.

De 1862 à 2015, la chapelle, la Corroirie et la maison haute sont progressivement classées ou inscrites au titre des [[monument historique (France)|monuments historiques]]. Des éléments de mobilier et des tableaux, déplacés après la Révolution à Loches ou à Chemillé-sur-Indrois même, font l'objet d'une inscription ou d'un classement dans la [[base Palissy]] des objets protégés. En 1947, la maison haute est intégrée, comme la Corroirie et les abords de ces deux groupes de bâtiments, à un [[Site classé ou inscrit (France)|site classé]] dans le cadre de la [[Loi ayant pour objet de réorganiser la protection des monuments naturels et des sites de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque|loi du {{date-|2 mai 1930}}]].

{{Sommaire|niveau=2}}

== Localisation et toponymie ==
[[Fichier:Liget chartreuse plan général.svg|vignette|gauche|upright=1.2|alt=Carte en couleurs représentant l'emplacement de plusieurs groupes de bâtiments.|Plan général de la chartreuse.]]
Ce monastère est situé en [[Indre-et-Loire]] à cinquante kilomètres au sud de [[Tours]], en limite de la forêt de [[Loches]] sur la commune de [[Chemillé-sur-Indrois]]. La maison haute prend place sur le fond et les pentes du [[Talweg|thalweg]] du ruisseau du Liget, sous-affluent de l'[[Indrois]], ce qui a conduit à ménager des terrasses pour y asseoir certains bâtiments. À l'époque moderne, son domaine est traversé par la {{nobr|D 760}} qui passe au plus près du monastère lui-même et de la Corroirie, établie près du confluent du ruisseau du Liget et de celui d'Aubigny. La chapelle Saint-Jean, plus en amont, est également construite non loin du ruisseau du Liget{{sfn|gr=D|Dufaÿ|2014|p=14}}. Les trois établissements sont alignés sur un axe sud-ouest—nord-est.
{{Média externe | image1 = [http://www.michelbureau.com/Content/mbu/photos/774.jpg Vue aérienne de la maison haute] sur [http://www.michelbureau.com/ le site de Michel Bureau].}}
La fondation de la chartreuse, à laquelle {{Henri II}} prend une part active, comme celle de la Corroirie sur la route entre Loches et [[Montrésor]] dont les donjons sont construits par [[Foulques III d'Anjou|Foulques Nerra]]<ref>{{article|auteur1=Samuel Riou|auteur2=Flore Marteaux|titre=Une motte castrale dans le contexte des recompositions politiques au tournant de l’an mil (Région Centre, Indre-et-Loire)|périodique=[[Revue archéologique du centre de la France]]|année=2012|tome=LI|url=http://journals.openedition.org/racf/1765|page=alinéa 72}}.</ref>, renforce l'autorité de la [[Comté d'Anjou|maison d'Anjou]] déjà dominante dans le Lochois depuis le {{s-|XI}} et qui dispose ainsi de trois positions solides dans un même territoire{{sfn|gr=D|Dufaÿ|2014|p=14}}. La chartreuse du Liget est par ailleurs, au {{s-|XII}}, la plus occidentale des chartreuses françaises{{sfn|gr=M|id=Me|Meunier|loc=Une fondation expiatoire ?|p=23}}.

L'origine du nom « Liget » n'est pas attestée pour ce qui concerne la chartreuse tourangelle ; il apparaît sous le nom {{latin|Ligetum}} dans une charte de 1172<ref>{{ouvrage|titre=Table chronologique des diplômes, chartes, titres et actes imprimés concernant l'histoire de France continuée par M. Pardessus|volume=3|lieu=Paris|éditeur=Imprimerie royale|année=1783|pages totales=560 et XXVII|url=https://books.google.fr/books?id=CQ9UAAAAcAAJ&pg=PA471|passage=471}}.</ref>. Albert Philippon, dans les études qu'il mène sur la chartreuse, reprend en 1934 un document plus ancien et envisage que le Liget puisse être une déformation du mot « [[Hommage lige|lige]] » qui indiquerait alors une forme de lien de dépendance<ref>{{lien web|titre=Lige|site=CNRTL|url=http://www.cnrtl.fr/lexicographie/lige|consulté le=10/10/2017}}.</ref> entre cette terre et l'abbaye-mère [[Abbaye Saint-Sauveur de Villeloin|Saint-Sauveur de Villeloin]] dont elle relevait à l'origine{{sfn|gr=P4|Philippon|1934|p=326}}. Le Liget pourrait également désigner un lieu initialement inculte et boisé (''leg'' ou ''lig'', du germanique ''liska''){{sfn|Foreville|1975|p=21}}. Il peut aussi simplement s'agir d'un toponyme local<ref>{{ouvrage|auteur=Jean-Pierre Aniel|titre=Les Maisons de Chartreux|lieu=Genève|année=1983|éditeur=[[Librairie Droz]]|pages totales=192|isbn=978-2-60004-617-6|url=https://books.google.fr/books?id=8OAX0Uo4VwsC&pg=PA24|passage=24}}.</ref>.

== Histoire ==
=== Fondation ===
==== Un premier ermitage dans la forêt de Loches ====
[[Fichier:Abbayes sud-Touraine.svg|vignette|alt=Carte en couleurs montrant par un jeu de points de couleurs l'emplacement d'abbayes.|Établissements monastiques du sud-est de la [[Touraine]] au Moyen Âge.<br>Les prieurés bénédictins, dont le nom n'est pas précisé, sont des dépendances de l'une ou l'autre abbaye mentionnée.]]
La terre du Liget, alors recouverte par la forêt de Loches<ref>{{Chapitre
 | auteur1             = Gaëlle Jacquet-Cavalli
 | titre chapitre      = Forêt de Loches : son évolution
 | auteurs ouvrage     = Élizabeth Zadora-Rio (dir.)
 | titre ouvrage       = Atlas Archéologique de Touraine
 | sous-titre ouvrage  = {{53e}} Supplément à la [[Revue archéologique du centre de la France]]
 | lieu                = Tours
 | éditeur             = FERACF
 | année               = 2014
 | issn                = 1760-5709
 | format électronique =pdf
 | lire en ligne       = http://a2t.univ-tours.fr/pdf/RACF_suppl53_AAT-189.pdf
}}.</ref>, semble rachetée à l'abbaye de Villeloin par [[Henri II (roi d'Angleterre)|Henri II]], [[Liste des monarques d'Angleterre|roi d'Angleterre]] et [[Comté d'Anjou|comte d'Anjou]], entre 1176 et 1183 puis donnée à la petite communauté monastique, à l'origine quatre ermites chartreux<ref>{{article|auteur=[[Guy-Marie Oury]]|titre=L'érémitisme dans l'ancien diocèse de Tours au {{s-|XII}} (fin)|périodique=revue Mabillon|tome=LVIII|mois=avril-juin|année=1971|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5816361s/f26.image|page=88}}.</ref> ou [[Ordre de Saint-Benoît|bénédictins]], installée vers le milieu du {{s-|XII}} au niveau de la chapelle Saint-Jean du Liget et qu'elle a très probablement fait construire en forêt de Loches, à condition qu'elle intègre définitivement l'[[ordre des Chartreux]]{{sfn|gr=D|Dufaÿ|2014|p=14}}. Ce schéma de fondation est comparable à celui observé à quelques kilomètres de là, sous l'égide du même souverain, pour l'abbaye [[Ordre cistercien|cistercienne]] de [[abbaye de Beaugerais|Beaugerais]] vers 1150<ref>{{chapitre|auteur=Willibrord Witters|titre=Notes historiques sur les fresques du Liget|auteur ouvrage=[Collectif]|titre ouvrage=Val de Loire roman et Touraine romane |lieu=Saint-Léger-Vauban|éditeur=Zodiaque|année=1965|pages totales=414|passage=210}}.</ref> et le [[prieuré]] [[ordre de Grandmont|grandmontain]] de [[Prieuré Notre-Dame et Saint-Étienne de Villiers|Villiers]] vers 1160-1170<ref name="r1">
{{Article
 | auteur1        = Michel Bourderioux
 | titre          = Vestiges grandmontains tourangeaux
 | périodique     = bulletin de la [[Société archéologique de Touraine]]
 | tome           = XXXII
 | année          = 1959
 | pages          = 201
 | url texte      = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6551245c/f43.image
 | issn           = 1153-2521
}}.</ref>. Ces transactions foncières ont probablement pour but de stabiliser de nouvelles communautés religieuses<ref name="L130"/>, tout en cherchant à contrebalancer la domination régionale des bénédictins [[abbaye de Cluny|clunisiens]] appuyés par le pape avec lequel {{Henri II}} est en conflit, par la promotion d'ordres monastiques émergents{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Un oratoire au fond d'une vallée|p=18-20}}{{,}}<ref>{{chapitre|auteur=Willibrord Witters|titre=Notes historiques sur les fresques du Liget|auteur ouvrage=[Collectif]|titre ouvrage=Val de Loire roman et Touraine romane |lieu=Saint-Léger-Vauban|éditeur=Zodiaque|année=1965|pages totales=414|passage=216}}.</ref>. L'acte de fondation, daté de 1178{{sfn|id=Grandmaison|Loizeau de Grandmaison|1891|p=100 (liasse H. 193)}} {{incise|les historiens estiment que la construction du monastère n'a cependant débuté que vers 1188-1190{{sfn|gr=D|Dufaÿ|2014|p=14}}}}, est confirmé en 1199 par [[Jean sans Terre]] et, en 1234, par [[Louis IX|Saint-Louis]]<ref name="MH"/>.

Il est possible que les chartreux aient envisagé dans un premier temps de construire leur maison haute autour de la chapelle Saint-Jean du Liget, où ils s'étaient installés primitivement, ce qui expliquerait l'agrandissement de l'édifice par l'ajout d'une nef, avant de se raviser pour des raisons inconnues{{sfn|gr=D|Dufaÿ|2014|p=17}}.

Le Liget est placé sous le double patronage de la [[Marie (mère de Jésus)|Vierge Marie]] et de [[Jean le Baptiste|saint Jean-Baptiste]], ce que traduisent les [[Héraldique|armoiries]] de la chartreuse qui se blasonnent ainsi : ''d'azur à un crucifix adextré d'une Notre-Dame et senestré d'un saint Jean, le tout d'or''{{sfn|gr=B|Bossebœuf|1897|p=22}}.

==== L'expiation du meurtre de Thomas Becket en question ====
[[Fichier:Thomas Becket Murder.JPG|vignette|gauche|upright=0.8|alt=Dessin médiéval en couleurs représentant plusieurs personnages dont l'un reçoit un coup d'épée.|Le meurtre de Thomas Becket, miniature d'un psautier anglais, vers 1175-1200, [[British Library]], Harley 5102, {{folio|32}}.]]
Il est souvent mentionné que cette fondation constitue une [[expiation]] pour le meurtre de [[Thomas Becket]], [[archevêque de Cantorbéry]] perpétré en 1170 par des chevaliers interprétant une phrase d'{{nobr|Henri II}}<ref>{{ouvrage|auteur=Raymonde Foreville|titre=L'Église et la royauté en Angleterre sous Henri II Plantagenêt (1154-1189)|lieu=Paris|éditeur=Bloud & Gay|année=1943|pages totales=611|passage=320}}.</ref>{{,}}{{Note|group=Note|{{Henri II}} aurait déclaré {{Citation étrangère|langue=en|Will no one rid me of this turbulent priest?}} ({{citation|N'y aura-t-il donc personne pour me débarrasser de ce prêtre turbulent ?}})<ref>{{ouvrage|auteur1=Gilbert Guislain|auteur2=Pascal Le Pautremat|auteur3=Jean-Marie Le Tallec|titre=500 citations de culture générale|année=2005|éditeur=Studyrama|pages totales=232|isbn=978-2-84472-658-2|url=https://books.google.fr/books?id=pBQMTdLS_wUC&pg=PA27|passage=27}}.</ref>.}}. Cette tradition n'apparaît toutefois dans aucun document contemporain de la fondation<ref>{{Article|auteur=Raymonde Foreville|titre=Tradition et renouvellement du monachisme dans l'espace Plantagenêt au {{s-|XII}}|périodique=Cahiers de civilisation médiévale|volume={{29e}} année|numéro=113 et 114|mois=janvier et juin|année=1986|pages=61-73|doi=10.3406/ccmed.1986.2316|consulté le=24/09/2018}}.</ref>. Elle semble s'appuyer sur un manuscrit du {{s-|XIII}} de la [[chartreuse du Parc-en-Charnie]]<ref name="L130">{{ouvrage|auteur=[[Élisabeth Lorans]]|titre=Le Lochois du Haut Moyen Âge au {{s-|XIII}} - territoires, habitats et paysages|année=1996|lieu=Tours|éditeur=Publication de l'Université de Tours|pages totales=289|isbn= 2-86906-092-0|passage=130}}.</ref>{{,}}<ref>{{article|auteur=[[Guy-Marie Oury]]|titre=L'érémitisme dans l'ancien diocèse de Tours au {{s-|XII}} (fin)|périodique=revue Mabillon|tome=LVIII|mois=avril-juin|année=1971|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5816361s/f25.image|page=87}}.</ref> ainsi que sur une inscription qui ornait le portail d'entrée principal de la chartreuse jusqu'aux travaux entrepris en 1787, juste avant la [[Révolution française]]{{sfn|gr=B|Bossebœuf|1897|p=19}} et ainsi libellée {{citation étrangère|lang=la|Anglorum Henricus rex Thomæ coede crucntus Ligeticos fundat Cartusioe monachos}}{{Note|group=Note|« Meurtrier de Thomas, Henri, roi d'Angleterre, des Chartreux du Liget fonda le monastère »<ref>{{ouvrage|auteur=[[Georges Touchard-Lafosse]]|titre=La Loire historique, pittoresque et biographique|tome=IV|année=1851|édition=Horvath|pages totales=334|isbn=2-71710-018-0|passage=232}}.</ref>.}} ; cette inscription a disparu depuis les travaux{{sfn|gr=P3|Philippon|1933|p=215}}. D'autre part, et comme le souligne Christophe Meunier, une véritable fondation expiatoire se situerait plus près chronologiquement (début des {{nobr|années 1170}}) et spatialement (non loin de Londres) du meurtre que le Liget, comme c'est le cas pour des chartreuses anglaises. Dans le cas du Liget, la fondation par {{Henri II}} semble être un acte essentiellement politique destiné à affaiblir les bénédictins et à travers eux, le pape ; les considérations strictement religieuses interviennent peu dans cette décision{{sfn|gr=M|id=Me|Meunier|loc=Une fondation expiatoire ?|p=26-28}}.

Raymonde Foreville pense, pour sa part, que malgré l'absence de mention dans les sources datant de l'époque de la fondation et reliant le meurtre de Thomas Becket et la fondation du Liget{{sfn|Foreville|1975|p=14}}, le Liget est bien une fondation expiatoire, intervenue tardivement à une période où les relations entre {{Henri II}} et le pape [[Alexandre III (pape)|{{nobr|Alexandre {{III}}}}]] sont plus apaisées ; la fondation de la [[Chartreuse de Witham|chartreuse anglaise de Witham]], à la même date, répond aux mêmes motivations{{sfn|Foreville|1975|p=18 et 21-22}}. Selon cette [[médiéviste]], la présence au Liget de reliques attribuées à Thomas Becket est un indice supplémentaire{{sfn|Foreville|1975|p=22}}. L'historien bénédictin dom Willibrord Witters{{sfn|gr=D|Dufaÿ|2014|p=5}} partage le même avis et pense que le Liget est fondé en contrepartie de la promesse non tenue par {{Henri II}} de partir en [[croisade]]<ref>{{chapitre|auteur=Willibrord Witters|titre=Notes historiques sur les fresques du Liget|auteur ouvrage=[Collectif]|titre ouvrage=Val de Loire roman et Touraine romane|lieu=Saint-Léger-Vauban|éditeur=Zodiaque|année=1965|pages totales=414|passage=212-213}}.</ref>.
{{clr}}

=== Développement rapide à l'époque médiévale ===
[[Fichier:Chemillé Corroirie possessions.svg|vignette|alt=Carte en couleurs des contours d'un domaine seigneurial.|Territoire directement géré par la chartreuse au {{s-|XVII}}.<br>
{{Légende/Début}}
{{Légende double|#aaffaa|#ffe6d5| forêts et taillis / autres terres}}
{{Légende double|#ff0000|#ff0000| habitations, dont métairies}}
{{Ligne de légende|#ff7f2a solid 2px|limites du « désert » de la chartreuse}}
{{Légende/Fin}}]]
[[Fichier:Chemillé Corroirie métairies.svg|vignette|upright=1.3|gauche|alt=Carte en couleurs localisant des fermes médiévales sur un fond cadastral moderne.|Fiefs et métairies [[Tenure (féodalité)|tenus]] par la Corroirie pour le compte de la chartreuse du Liget dans le Lochois. (Fond de carte : découpage communal moderne).]]
La [[Donation en droit français|donation]] d'{{Henri II}}, en 1178, ne comprend que l'emplacement futur du monastère et cinq [[Métairie (colonat paritaire)|métairies]]{{sfn|gr=P3|Philippon|1933|p=217}}, constituant le « désert » de l'ermitage{{Note|group=Note|Le territoire administré par la Corroirie comprend l'enclos monastique initial, ou « désert », généralement délimité par un fossé, et les fiefs et métairies environnantes{{sfn|gr=D|Dufaÿ|2014|p=19-20}}.}}, un domaine que les chartreux souhaitent occuper et dont eux seuls peuvent racheter les terres<ref name="Uni">{{lien web|titre=Le « désert » et l'organisation des chartreuses|site=[[Encyclopædia Universalis]]|url=https://www.universalis.fr/encyclopedie/chartreux/2-le-desert-et-l-organisation-des-chartreuses/|consulté le=16/08/2018}}.</ref>. Hors des limites de ce « désert », aucune acquisition ne leur est théoriquement possible{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Un havre de paix privilégié par les rois|p=43}}. Pourtant, au début du {{s-|XIII}}, les terres de Craçay (ou Crassay), [[fief]] relevant de la [[châtellenie]] de Loches, à quelque {{unité|800|m}} au nord-est de la chartreuse, reviennent au Liget par une donation contestée puis confirmée{{sfn|id=Grandmaison|Loizeau de Grandmaison|1891|p=100 (liasse H. 193)}}{{,}}{{sfn|gr=D|Dufaÿ|2014|p=22-23}}. Les chartreux y fondent leur maison basse. Comme pour les autres ermitages cartusiens à partir du {{s-|XIII}}<ref>{{article|auteur=Sylvain Excoffon|titre=Les chartreuses et leurs limites ({{sp-|XI|-|XV}})|périodique=Actes des congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public, {{37e}} congrès, Mulhouse, 2006. Construction de l'espace au Moyen Age :
pratiques et représentations|année=2006|page=96|doi=10.3406/shmes.2006.1915}}.</ref>, les chartreux du Liget travaillent activement à agrandir leur domaine au-delà des limites originelles de leur désert. Ils sont aidés en cela par les rois de France successifs qui leur accordent et leur renouvellent de nombreux [[privilège (droit médiéval)|privilèges]]{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Un havre de paix privilégié par les rois|p=43-45}}{{incise|{{Souverain2|Charles V le Sage}}, {{Souverain2|Charles VII (roi de France)}} et {{Souverain2|Louis XI}} viennent même visiter la chartreuse<ref>{{ouvrage|auteur=Bernard Briais |illustrateur=Denise Labouyrie |titre=Vagabondages en Val d'Indrois |éditeur=Séria |lieu=Monts |année=2001 |pages totales=127 |passage=51}}.</ref>|stop}}. Les papes adoptent la même attitude à l'égard des chartreux{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Un havre de paix privilégié par les rois|p=45}}. De riches nobles comme {{Souverain3|Dreux IV de Mello}}, mais également des personnes plus pauvres, participent à l'essor de la chartreuse par leurs donations{{sfn|gr=P3|Philippon|1933|p=226-232}}.

C'est ainsi que le domaine géré par la Corroirie pour le compte de la chartreuse comprend au milieu du {{s-|XIII}} un grand nombre de métairies formant un total de {{unité|800|hectares}} en terres labourables, prés, pâturages, jardins et vignes ; à cela s'ajoutent plus de {{unité|500|hectares}} de forêts et {{unité|43|hectares}} d'étangs{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Une architecture gothique|p=63}}. Plusieurs autres fiefs et métairies, dans un rayon de plus de {{nobr|15 km}}, relèvent également du Liget, comme le fief de [[métairie monastique de Bergeresse|Bergeresse]] à [[Azay-sur-Indre]]{{sfn|gr=P4|Philippon|1934|p=310-320}}. Plus près du Liget, à la même époque, la forêt de Loches a presque disparu entre la chartreuse et l'Indrois au nord-est<ref>{{ouvrage|auteur=[[Élisabeth Lorans]]|titre=Le Lochois du Haut Moyen Âge au {{s-|XIII}} - territoires, habitats et paysages|année=1996|lieu=Tours|éditeur=Publication de l'Université de Tours|pages totales=289|isbn= 2-86906-092-0|passage=170}}.</ref>. Par contre, elle subsiste au sud ; le Liget y possède de nombreuses parcelles, tout comme le prieuré de Villiers, et ce voisinage est source de litiges<ref name="r1" />.

La chartreuse du Liget détient par ailleurs plus d'une trentaine de [[relique]]s, dont la liste détaillée figure dans un [[calendrier liturgique]] du {{s-|XIII}}. Ces reliques sont très variées, tant du point de vue de la période à laquelle elles sont réputées remonter que du point de vue de leur origine géographique. De la terre sur laquelle poussa le [[Buisson ardent (Bible)|Buisson ardent]] aux restes de [[Bruno le Chartreux|saint Bruno]] et de Thomas Becket, elles semblent ainsi composer un résumé de toute l'histoire chrétienne en général et de celle de la chartreuse du Liget en particulier<ref>{{article|auteur=Louis-Auguste Bossebœuf |lien auteur=Louis-Auguste Bosseboeuf |titre=La chartreuse du Liget - ses reliques|périodique=La Semaine religieuse de la ville et du diocèse de Tours|numéro=10|date=2 juin 1883|pages=151-154}}.</ref>{{,}}<ref>{{Article|auteur=Louis-Auguste Bossebœuf |lien auteur=Louis-Auguste Bosseboeuf |titre=La chartreuse du Liget - ses reliques (suite)|périodique=La Semaine religieuse de la ville et du diocèse de Tours|numéro=11|date=9 juin 1883|pages=169-175}}.</ref>.

La fondation initiale ne comporte que douze cellules. En 1363, {{Charles V}} autorise l'édification de treize cellules supplémentaires mais ce programme de construction est toutefois mis en chantier avec beaucoup de retard et de lenteur et les vingt-cinq cellules ne sont achevées, par étapes, qu'au {{s-|XVI}}. {{Charles V}} permet en outre aux chartreux d'acquérir {{nobr|300 livres}} de rente annuelle sur le domaine royal{{sfn|gr=P3|Philippon|1933|p=218}}.

=== Guerre de Cent Ans et guerres de Religion ===
[[Fichier:Chemillé-sur-Indrois (Indre-et-Loire) (18399462473).jpg|vignette|alt=Photographie en couleurs d'une église à plusieurs étages.|Église de la Corroirie, surélevée et fortifiée au {{s-|XV}}.]]
Les premières décennies de la [[guerre de Cent Ans]] ne semblent pas avoir affecté la vie de la chartreuse. Par contre, selon les dispositions du [[traité de Brétigny]] en [[1360]], permettant une longue trêve dans le conflit, les Anglo-gascons doivent abandonner les places qu'ils occupent en Touraine, l'Angleterre renonçant à la possession de cette province<ref>{{chapitre|auteur=Suzanne Périnet|titre=Heurs et malheurs de la Touraine|auteur ouvrage=Claude Croubois dir.|titre ouvrage=L'Indre-et-Loire : la Touraine des origines à nos jours|lieu=Saint-Jean-d'Angély|année=1986|éditeur=Bordessoules|collection=L'histoire par les documents|isbn=2-90350-409-1|pages totales=470|passage=172}}.</ref>. Lors de leur retraite, les soldats en déroute, auxquels se mêlent des opportunistes locaux, se constituent en bandes de pillards<ref>{{chapitre |auteur=[[Bernard Chevalier]] |titre=Naissance de la bonne ville|auteur ouvrage=Bernard Chevalier (dir.) |titre ouvrage=Histoire de Tours |année= 1985 |lieu=Toulouse |édition=Privat |collection=Univers de la France et des pays francophones |isbn=2 708 98224 9|pages totales=423 |passage=108}}.</ref>. En 1361, les chartreux, qui se sont réfugiés dans leur maison basse de la Corroirie, doivent soutenir un siège face à ces bandes armées. Après ce siège, vers 1379, ils congédient leurs serviteurs et se réfugient à Loches, dans une maison qu'ils y possèdent{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Dans les affres de la Guerre de Cent Ans|p=79}}. Lorsqu'ils retournent au Liget au début du {{s-|XV}}, ils munissent la Corroirie d'aménagements qui existent encore en partie aujourd'hui{{sfn|id=Grandmaison|Loizeau de Grandmaison|1891|p=100 (liasse H. 193)}}, faisant de cette maison basse un lieu fortifié. Elle sert de refuge en cas de troubles jusqu'au {{s-|XVI}} d'autant plus que, par [[lettres patentes]] de [[Charles VII (roi de France)|{{nobr|Charles VII}}]] en date du {{date-|12|juillet|1432}}, elle est même pourvue d'une garnison avec son commandement, chargée de protéger l'ensemble du domaine{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Dans les affres de la Guerre de Cent Ans|p=80}}.

Les [[Guerres de Religion (France)|guerres de Religion]] marquent gravement la chartreuse du Liget, dont la prospérité et les richesses attirent les convoitises. En 1562, le [[prieur]] Guillaume Bretonneau est assassiné et l'abbaye dévastée{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=La Chartreuse et les guerres de religion|p=89}} ; faute de sources, il est difficile de savoir si cette attaque est le fait de [[protestantisme en France|protestants]] « organisés » venant de Tours qu'ils tiennent d'avril à juillet<ref>{{chapitre|auteur=Bernard Chevalier|titre=La fin d'un grand destin|auteur ouvrage=Bernard Chevalier (dir.)|titre ouvrage=Histoire de Tours|lieu=Toulouse|éditeur=[[Éditions Privat|Privat]]|année=1985|pages totales=423|isbn=978-2-70898-224-6|passage=170-172}}.</ref>, ou de bandes de pillards opérant de manière autonome{{sfn|gr=P4|Philippon|1934|p=297}}. Un autre pillage perpétré en 1584 est clairement attribué à ces bandes errantes{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Le protestantisme en Touraine Sud|p=86}}. Pendant cette période, les religieux ont quitté l'abbaye. Ils ont repris possession des lieux lorsqu'en 1598 une autre bande venue des environs de Montrésor assiège et pille la Corroirie ; des paysans de Chemillé-sur-Indrois se mêlent aux pillards et brûlent les titres de propriété de la chartreuse{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=La Chartreuse et les guerres de religion|p=91-92}}. À la charnière des {{s2-|XVI|XVII}}, la fortification de la maison haute est renforcée sous le mandat du prieur Raphaël Sterpin sur une demande du [[Chapitre de religieux|chapitre général]] de l'ordre{{sfn|gr=V|Vallery-Radot|1949|p=154}}.

=== Second apogée aux {{s2-|XVII|XVIII}} ===
==== {{s-|XVII}} : renouveau religieux sans incidence sur la vie de la chartreuse ====
[[Fichier:Alphonse Louis du Plessis.JPG|vignette|gauche|upright|[[Alphonse-Louis du Plessis de Richelieu]], gravure d'[[Abraham Bosse]], [[Bibliothèque nationale de France|BNF]].|alt=Représentation d'un cardinal.]]
Entre la promulgation de l'[[édit de Nantes]] en 1598 et la mort du cardinal de [[Bérulle]] en 1629, la spiritualité en France connaît une période d'essor{{sfn|gr=M|id=Me|Meunier|loc=Les chartreux et la Contre-Réforme|p=95}}. Ceci ne semble pas avoir d'incidence sur la vie des chartreux du Liget, fidèles à la devise de leur ordre, {{citation étrangère|langue=la|Cartusia numquam reformata quia numquam deformata}}{{Note|group=Note|{{citation|La chartreuse (n'est) jamais réformée ni jamais déformée{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Les Chartreux et la Contre-Réforme|p=97}}.}}}}. C'est à cette époque que l'abbaye tourangelle reçoit des hôtes célèbres : dom Marc-Antoine Durant, originaire d'[[Aix-en-Provence]], auteur présumé d'un poème sur [[Marie de Magdala]], vit au Liget pendant {{nobr|54 ans}}{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Les Chartreux et la Contre-Réforme|p=97}}{{,}}<ref>{{ouvrage|auteur=[[Giovanni Dotoli]]|directeur=oui|titre=Les Méditerranées du {{s-|XVII}}|sous-titre= actes du {{VIe}} colloque du Centre international de rencontres sur le {{s-|XVII}}, Monopoli (Bari), {{nobr|13-15 avril 2000}}|année=2002|éditeur=Gunter Narr Verlag|pages totales=347|url=https://books.google.fr/books?id=oXYmvOm-O4wC&pg=PA101|isbn=978-3-82335-549-6|passage=101, note {{numéro|35}}}}.</ref> ; dom [[Alphonse-Louis du Plessis de Richelieu]], frère aîné du [[Armand Jean du Plessis de Richelieu|cardinal de Richelieu]], est envoyé au Liget en 1608-1609 pour y remplir la fonction de coadjuteur chargé de la gestion du personnel de la Corroirie et du domaine de la chartreuse<ref>{{ouvrage
|auteur=[[Guy-Marie Oury]]
|titre=Le Pays de Loches
|éditeur=CLD
|collection=La Touraine au fil des siècles
|lieu=Chambray-lès-Tours
|année=1979
|pages totales=217
|passage=106-108}}.</ref>. À la même époque, les pères chartreux, qui devaient auparavant préparer individuellement leur cuisine dans leur cellule, sont maintenant servis grâce à des [[passe-plat]]s ménagés dans le mur mitoyen de cette cellule et du [[cloître]], les repas étant élaborés dans les cuisines pour l'ensemble de la communauté<ref name="Br">{{ouvrage|titre=La chartreuse du Liget|sous-titre=brochure de documentation et de visite|année=[s.d.]}}.</ref> qui comprend également désormais des frères convers{{sfn|gr=P3|Philippon|1933|p=233}}.

La chartreuse du Liget ne vit pas entièrement coupée du monde. [[Michel de Marolles]], abbé de Villeloin de 1626 à 1674, vient rendre de fréquentes visites au Liget « en voisin »{{sfn|de Mareüil|2004|p=19}}. Peut-être vers le milieu du {{s-|XVII}}, tous les [[frère lai|convers]] qui habitaient la Corroirie, dont l'église est par la suite désaffectée, sont désormais logés à la maison haute elle-même, les serviteurs continuant toutefois à résider sur place. Cette disposition semble anticiper une décision du chapitre général de l'ordre prise en 1678 et valable pour l'ensemble des chartreuses{{sfn|gr=D|Dufaÿ|2014|p=67}}. En 1681, le domaine du Liget s'étend sur plus de {{unité|1000|hectares}}. C'est également au {{s-|XVII}} que le monastère recueille de nombreux objets d'art comme ceux qu'[[Hippolyte de Béthune (1603-1665)|Hippolyte de Béthune]], comte de Selles et neveu de [[Maximilien de Béthune (duc de Sully)|Sully]], ramène d'Italie ; parmi eux figurent deux tableaux attribués au [[le Caravage|Caravage]], dont la découverte dans l'[[église Saint-Antoine de Loches]] est annoncée en 2006<ref>{{lien web |titre=En Touraine, la petite ville de Loches défend ses deux Caravage |url=http://www.lepoint.fr/culture/en-touraine-la-petite-ville-de-loches-defend-ses-deux-caravage-30-04-2013-1661732_3.php |site=Le Point |jour=30 |mois=avril |année=2013|consulté le=30 juin 2014}}.</ref>.

==== {{s-|XVIII}} : projet d'agrandissement ====
Au {{s-|XVIII}}, les chartreux du Liget viennent de l'ensemble de la France mais préférentiellement du [[Val de Loire]] ([[Orléanais]] surtout) et du [[Berry]] ; l'un d'eux est cependant originaire de [[Billiat]], dans l'[[évêché de Genève]]. Entre 1737 et 1775, il entre au moins un frère par an à la chartreuse{{sfn|gr=M|id=Me|Meunier|loc=Un ermitage de bourgeois|p=112}} et, en 1770, les pères sont au nombre de onze mais la communauté compte également une douzaine de [[Frère lai|frères convers]]<ref>{{ouvrage|auteur=Jean-Luc Flohic|directeur=oui|titre=Patrimoine des communes de France - L'Indre-et-Loire|année=2001|éditeur=Flohic|tome=2|pages totales=1406|isbn=2-84234-115-5|passage=977}}.</ref>. L'activité agricole du domaine de la chartreuse est importante et des « expériences sur la conservation des grains » y sont réalisées en 1755<ref>{{ouvrage|auteur=[[Henri Louis Duhamel du Monceau]]|titre=Traité de la culture des terres, suivant les principes de M. Tull, anglois|tome=V|année=1753-1761|lieu=Paris|éditeur= H.-L. Guérin et L.-F. Delatour|pages totales=599|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9612057z/f350.image|passage=304-308}}.</ref>.
[[Fichier:Liget chartreuse cintre.jpg|vignette|alt=Photographie en couleurs d'un assemblage de pièces de bois supportant une voûte en briques.|[[Cintre (architecture)|Cintre]] utilisé pour le montage des voûtes du cloître en 1787.]]
L'ordre des Chartreux approuve, le {{date-|9 mai 1787}}, l'ambitieux programme d'une reconstruction presque totale de la chartreuse décidé par le prieur Antoine Couëffé. Les travaux doivent être réalisés sous la direction de l'architecte tourangeau [[Jean-Bernard-Abraham Jacquemin]]<ref name=Vieira>{{Article
|auteur=Ludovic Vieira
|titre=Une dynastie d'architectes tourangeaux : Les Jacquemin (1720-1869)
|périodique=Bulletin de la [[Société archéologique de Touraine]]
|année=1997
|tome=XLV
|pages=260-261
|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6543810k/f262.image
}}.</ref> dont le plan des travaux projetés a pu être recopié{{sfn|gr=M|id=Me|loc=Un programme de reconstruction à la veille de la Révolution|Meunier|p=120-121}}. Le principal chantier concerne la reconstruction du grand cloître, en mauvais état depuis les guerres de Religion{{sfn|Ranjard|1968|p=279}} et la construction de nouvelles cellules, portant leur total à dix-huit. Les [[dépendance (architecture)|communs]] doivent être rebâtis et leur architecture uniformisée pour les rendre plus fonctionnels, le petit cloître et ses cellules reconstruits, l'église agrandie. Les nouveaux bâtiments doivent respecter un plan orthogonal axé sur l'allée qui vient de l'entrée principale, réaménagée au nord au début du siècle{{sfn|gr=V|Vallery-Radot|1949|p=155-156}} ; cette entrée monumentale donne sur la route de Loches à Montrésor, dont le percement semble remonter à la même époque{{sfn|gr=D|Dufaÿ|2014|p=14}}. Le budget estimé est alors de {{unité|110000|[[livre française|livres]]}} (soit environ {{euro|1210000}} en 2007). Les travaux débutent le {{date-|6 septembre 1787}} mais, en raison de la Révolution française, n'arriveront jamais à leur terme{{sfn|gr=M|id=Me|loc=Un programme de reconstruction à la veille de la Révolution|Meunier|p=119-122}}.

=== Démembrement sous la Révolution ===
==== Les inventaires ====
[[Fichier:Liget chartreuse cadastre napoléonien.jpg|vignette|gauche|upright=1.2|alt=Extrait d'une carte ancienne.|La chartreuse sur le [[cadastre napoléonien]], [[Archives départementales d'Indre-et-Loire]].]]
Le {{date-|2|novembre|1789}}, l'[[Assemblée constituante de 1789|Assemblée constituante]] [[Décret des biens du clergé mis à la disposition de la Nation|décrète que les biens du clergé sont mis à la disposition de la Nation]]{{sfn|gr=P1|Philippon|1941|p=100}} ; l'année suivante ces biens sont mis en vente par lots. Il ne reste que très peu de documents attestant des événements qui se déroulent à la chartreuse pendant la Révolution{{sfn|gr=P4|Philippon|1934|p=334}}. Le {{date-|10 mai 1790}}, les responsables du district de Chemillé-sur-Indrois se rendent à la chartreuse. Un chartreux seulement, parmi les onze recensés durant la visite{{sfn|Montoux|1987|p=59}}, a moins de {{nobr|40 ans}}{{sfn|gr=P1|Philippon|1941|p=103}} {{Incise|il est âgé de {{nobr|26 ans}}|stop}} ; l'âge des autres moines s'étale jusqu'à {{nobr|74 ans}}.

Une première visite de la chartreuse par le comité d'inspection a lieu le {{date-|12 mai 1790}} ; elle est consacrée à une première estimation des biens du monastère. Les inspecteurs dénombrent {{nombre|6900|volumes}} dans la bibliothèque{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Biens de l'Église biens nationaux|p=131}}. Ils constatent en outre que si des constructions nouvelles ont bien eu lieu depuis 1787, certains chantiers sont en cours : plusieurs cellules du grand cloître, par exemple, sont inachevées et le petit cloître est partiellement démoli{{sfn|Montoux|1987|p=58}}. Un inventaire détaillé et précis des biens mobiliers est réalisé le {{date-|9 novembre 1790}}, ce qui ouvre la voie à leur vente{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Biens de l'Église biens nationaux|p=131-132}}.

Les revenus fonciers annuels de la chartreuse, qui exploite {{unité|2600|ha}} de terres sur sept principaux fiefs rassemblant {{nobr|29 [[fermage|fermes]]}} et [[borderie (agriculture)|borderies]] ainsi que {{nobr|37 [[métairie (colonat paritaire)|métairies]]}}, se montent à {{unité|27500|livres}} par an en moyenne{{sfn|gr=P2|Philippon|1942|p=242}}, comme le détaille une déclaration des chartreux faite le {{date-|11 mai 1790}} et dont l'exactitude est vérifiée par les inspecteurs{{sfn|gr=P2|Philippon|1942|p=236}}.

==== Les ventes ====
[[Fichier:Liget chartreuse petit cloître 2.jpg|vignette|alt=Photographie en couleurs d'un mur sur lequel est plaqué un grand arc brisé.|Vestige de la [[salle capitulaire]] : amorce d'arc sur le mur de la nef.]]
Le départ des religieux semble dater du mois de {{date-|février 1791}}{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Biens de l'Église, biens nationaux|p=132}}. Leur sort reste en partie inconnu, même s'il est avéré que certains sont déportés<ref>{{ouvrage|auteur=[[Aimé Guillon]]|titre=Les martyrs de la foi pendant la révolution française|volume=3|éditeur=G. Mathiot|année=1821|pages totales=607|url=https://books.google.fr/books?id=nfVEAQAAIAAJ&pg=PA488|passage=488}}.</ref>, d'autres emprisonnés<ref>{{ouvrage|auteur=F.-A. Lefebvre|titre=Saint Bruno et l'ordre des chartreux|tome=I|année=1887|lieu=Paris|éditeur=Imprimerie de l'œuvre de Saint-Paul|pages totales=603|url=http://www.liberius.net/livres/Saint_Bruno_et_l_Ordre_des_Chartreux_(tome_1)_000000862.pdf |format électronique=pdf|passage=449}}.</ref> et que l'un d'entre eux meurt au Liget vers cette époque{{sfn|gr=P4|Philippon|1934|p=340-341}}.

Dès la fin de l'{{nobr|année 1790}}, certaines pièces, comme l'argenterie, sont envoyées à Tours<ref>{{lien web
 |auteur={{Mme|Froger}} sous la direction de {{M.|Massiet du Biest}}, archiviste
 |titre=Inventaire sommaire de la série L (période révolutionnaire) - Tome I (fonds du département)
 |site=Archives départementales d'Indre-et-Loire
 |éditeur=Conseil départemental d'Indre-et-Loire
 |année= 1953<!--ajouter éventuelle date de réimpression-->
 |url=http://archives.cg37.fr/UploadFile/GED/Arcvhives1790-1800/1256291696.pdf
 |format=pdf
 |pages= 89 (liasse L 118)
 |consulté le=23/09/2018
 |id=Froger
}}.</ref>. Le mobilier et le contenu de la bibliothèque sont mis sous scellés<ref>{{lien web
 |auteur={{Mme|Froger}} sous la direction de {{M.|Massiet du Biest}}, archiviste
 |titre=Inventaire sommaire de la série L (période révolutionnaire) - Tome I (fonds du département)
 |site=Archives départementales d'Indre-et-Loire
 |éditeur=Conseil départemental d'Indre-et-Loire
 |année= 1953<!--ajouter éventuelle date de réimpression-->
 |url=http://archives.cg37.fr/UploadFile/GED/Arcvhives1790-1800/1256291696.pdf
 |format=pdf
 |pages= 126 (liasse L 132)
 |consulté le=23/09/2018
 |id=Froger
}}.</ref>. La maison haute est achetée comme [[bien national]] le {{date-|19|août|1791}} pour {{unité|25300|livres}} par [[Louis Ours Victor Philippe Potier|Louis-Ours-Victor-Philippe Potier]], juge au tribunal de Loches et Jean Ondet, marchand de cette même ville, l'ensemble du mobilier ayant été mis aux enchères entre le 5 et le {{date-|21 juin}}{{sfn|gr=P2|Philippon|1942|p=251}}.

Les bâtiments sont immédiatement transformés en carrière ; des entrepreneurs et des particuliers viennent s'y approvisionner en matériaux de démolition. Ce démembrement est toujours en cours lorsque [[Amans-Alexis Monteil]] visite le Lochois vers 1804 ou 1809<ref>{{ouvrage|auteur=Alexis Monteil|titre=Promenades dans la Touraine|lieu=Tours|éditeur=[[Mame (maison d'édition)|Mame]]|année=1861|pages totales=205|passage=93-100|url=https://books.google.fr/books?id=3AcbAAAAYAAJ&pg=PA93}}.</ref>{{,}}<ref>
{{Article
 | auteur1        = [[Daniel Schweitz]]
 | titre          = Un premier regard ethnographique sur la Touraine : les « promenades » d'Amans-Alexis Monteil (vers 1804)
 | périodique     = bulletin de la [[Société archéologique de Touraine]]
 | tome           = LIV
 | année          = 2008
 | pages          = 178
 | url texte      = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6562371s/f179.image
 | issn           = 1153-2521
}}.</ref>. Plusieurs bâtiments, pourtant récemment reconstruits ou dont les chantiers sont encore en cours{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Un programme de reconstruction à la veille de la Révolution|p=122}}, disparaissent totalement, comme l'ensemble composé du réfectoire des frères, de leurs cellules, de la cuisine surmontée de l'hôtellerie{{sfn|gr=P1|Philippon|1941|p=107}} au nord de l'église ainsi que le petit cloître qui séparait les deux édifices{{sfn|Ranjard|1968|p=279}} {{incise|le [[mur gouttereau]] nord de la nef de l'église conserve, sur sa face extérieure, un grand arc brisé, vestige de la [[salle capitulaire]] qui formait l'aile orientale du petit cloître{{sfn|gr=V|Vallery-Radot|1949|p=162}}|stop}}. La Corroirie est, pour sa part, vendue le {{date-|1|juin|1791}} pour {{unité|700|livres}} à Martin Legrand ; malgré plusieurs changements de propriétaires, ses bâtiments échappent presque totalement à la destruction{{sfn|gr=D|Dufaÿ|2014|p=76-77}}. La chapelle Saint-Jean du Liget, abandonnée dès le {{s-|XVI}} et presque ruinée, ce qui apparaît sur des plans d'[[arpentage]] du {{s-|XVII}}<ref>{{ouvrage|auteur=[[Robert Favreau (historien)|Robert Favreau]]|titre=Études d'épigraphie médiévale|lieu=Limoges|éditeur=Presses universitaires de Limoges|volume=1|année=1995|pages totales=621|isbn=978-2-91001-644-9|passage=140}}.</ref>, est également vendue{{sfn|gr=P4|Philippon|1934|p=327}}.

Les terres du Liget sont vendues aux enchères entre {{date-|janvier 1791}} et {{nobr|fin 1792}} et trouvent preneurs à des montants très supérieurs aux mises à prix initiales{{sfn|gr=P2|Philippon|1942|p=250-251}}.

=== Reconstitution du domaine et mesures de protection du {{sp-|XIX|au|XXI}} ===
==== Rôle de la famille de Marsay ====
[[Fichier:Blason de la famille de Marsay.svg|vignette|gauche|upright=0.6|alt=Dessin d'un blason noir couvert de fleurs de lys dorées.|Blason de la famille de Marsay{{Note|groupe=Note|Blasonnement : ''de sable, semé de fleurs-de-lys d'or''<ref>{{ouvrage|auteur=[[Marc de Vulson de La Colombière]]|titre=La science héroïque : traitant de la noblesse, de l'origine des armes, de leurs blasons et symboles [...]|lieu=Paris|éditeur=Sébastien et Gabriel Cramoisy|année=1644|pages totales=992|url=https://books.google.fr/books?id=NEQ_AAAAcAAJ&pg=PA226&lpg=PA226|passage=226}}.</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage|auteur=Charles d'Hozier |lien auteur=Charles d'Hozier (1640-1732)| titre=Armorial général de France, dressé, en vertu de l'édit de 1696, par Charles D'Hozier.|volume=XXXIV |tome=II |année=1701-1800 |url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1111424/f483.image|passage=1077}}.</ref>.}}.]]
Les premières décennies du {{s-|XIX}} sont marquées par des reventes successives du domaine. Pendant cette période, les bâtiments de la maison haute continuent à se dégrader{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Biens de l'Église biens nationaux|p=133-134}}. Le {{date-|6|août|1837}}, Côme-Edmond de Marsay, fils de Côme-Pierre de Marsay qui fut maire de Loches de 1826 à 1830, achète une partie de la chartreuse (cloître, [[pressoir]] et église). Il meurt en 1838. Le {{date-|13|décembre|1862}}, ses deux fils Édouard et Arthur ayant atteint leur majorité, le bien de la chartreuse est partagé{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=L'œuvre des Marsay|p=138}}. Après plusieurs transactions, Arthur de Marsay devient seul propriétaire de l'ensemble de la chartreuse et entreprend les premiers travaux de conservation du site. Au Liget, il acquiert des terres, cherche à reconstituer le « désert » des chartreux{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=L'œuvre des Marsay|p=138}}{{,}}{{Note|group=Note|Arthur de Marsay est élu à la mairie de Chemillé-sur-Indrois en 1878{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=L'œuvre des Marsay|p=138}}, fonction qu'il conserve jusqu'à sa mort dix ans plus tard.}}. À sa mort en 1888, son deuxième fils, René de Marsay, hérite de la chartreuse et continue l'œuvre de son père. En 1899, il réussit à racheter la Corroirie mais il meurt en 1910 sans laisser d'enfant{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=L'œuvre des Marsay|p=141-142}}. Après la [[Première Guerre mondiale]], les terres reviennent donc à Henri de Marsay, neveu de René, qui s'installe au Liget en {{date-|juillet 1919}} avec son épouse et poursuit la restauration des bâtiments<ref>
{{Article
 | auteur1        = Victor Guignard
 | titre          = Communication orale en séance
 | périodique     = bulletin de la [[Société archéologique de Touraine]]
 | tome           = XXIV
 | année          = 1928
 | pages          = 31
 | url texte      = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6551460r/f33.image
 | issn           = 1153-2521
}}.</ref>. À sa mort, en 1975, la propriété du Liget couvre {{unité|700|hectares}}. Les terres sont alors partagées entre ses six filles, dont Anne-Marie et Germaine{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=L'œuvre des Marsay|p=143}}.

Au {{s-|XXI}}, une partie de la chartreuse, dont la maison haute elle-même, appartient à la famille d'Anne-Marie Arnould née de Marsay. Une autre partie, comprenant la Corroirie, est la propriété de la famille de Germaine Boula de Mareüil née de Marsay{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=L'œuvre des Marsay|p=143}}. Les deux entités sont partiellement aménagées en [[gîte rural|gîtes ruraux]]. La chapelle Saint-Jean du Liget, pour sa part, est la propriété de la commune de [[Sennevières]] depuis 2007 ; cette cession par l'État {{Incise|qui l'avait acquise en 1851<ref>{{chapitre|auteur=[[Marc Thibout]]|titre=La chapelle Saint-Jean du Liget et ses peintures murales|titre ouvrage=Congrès archéologique de France, CVI{{e}} session tenue à Tours en 1948|éditeur=[[Société française d'archéologie]]|lieu=Paris|année=1949|pages totales=416|passage=177}}.</ref>}} intervient dans le cadre de la [[politique culturelle française#Décentralisation culturelle|décentralisation culturelle]]{{sfn|Meunier|2011|p=7-9}}.

==== Reconnaissance de la chartreuse comme monument historique ====
La chapelle Saint-Jean fait partie des monuments historiques classés par la [[Liste des monuments historiques de 1862|liste de 1862]]<ref name="MH3"/>. Pour ce qui concerne la Corroirie, la porte fortifiée, la chapelle et l'ancienne prison ont fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques le {{date-|9 juillet 1926}}<ref name="MH2"/>. De nombreux bâtiments ou constructions de la maison haute elle-même sont inscrits ou classés en 1972<ref name="MH"/>. En 2015, ce sont les parties non encore protégées des sites de la Corroirie et de la chartreuse qui sont finalement inscrites<ref name="MH 2015"/>. Dès le {{date-|31|07|1947}}, la maison haute, la Corroirie et les terrains environnants sont inclus dans le périmètre d'un nouveau [[Site classé ou inscrit (France)|site classé]] dans le cadre de la [[Loi ayant pour objet de réorganiser la protection des monuments naturels et des sites de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque|loi du {{date-|2 mai 1930}}]]<ref name="SN">{{lien web|titre=Site classé - La chartreuse du Liget, la Corroirie et leurs abords|site=DREAL région Centre Val-de-Loire |url=http://www.donnees.centre.developpement-durable.gouv.fr/Zonages-Nature-pdf/Sites/37/SC_chartreuse_du_liget_la_corroierie_et_leurs_abords.pdf|format=pdf|consulté le=09/09/2018}}.</ref>.

<center>
'''Quelques dates de l'histoire de la chartreuse du Liget.'''
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  # Époques
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  from:start till:end color:gris # Arrière plan
  from:1100 till:1105 shift: (60) text:"1084 : ordre des Chartreux"
  from:1151 till:1189 shift: (30) text:"~Henri II comte d'Anjou''
  from:1337 till:1453 text:"Guerre de~Cent Ans"
  from:1562 till:1595 shift: (-30) text:"Guerres de Religion"
  from:1597 till:1599 shift: (50) text:"~1598 : Édit de Nantes"
  from:1789 till:1799 shift: (-20) text:"Révolution~française"
  from:1839 till:1841 shift: (30) text:"1840 : première liste~de monuments historiques"
 
  # Évennements
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  #alignement →

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  from:1152 till:1154 text:"ca. 1153 : installation~des premiers ermites"
  from:1177 till:1179 text:"1178 : charte fondatrice"
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  from:1187 till:1191 text:"premiers bâtiments"
 from:1220 till:1300 text:"Corroirie,~expansion"

  #alignement →
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  from:1360 till:1362 text:"1361 : pillage"
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  from:1400 till:1440 text:"fortification de~la chartreuse"
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  from:1561 till:1563 text:"1562 : pillage et~assassinat du prieur"
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  from:1595 till:1610 text:"fortification complémentaire~de la maison haute"

  #alignement →
  # Recommencer l'indentation en haut
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  from:1650 till:1660 text:"v. 1650 : regroupement des~frères à la maison haute"
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  from:1787 till:1789 text:"chantier de~reconstruction"
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  from:1790 till:1792 text:"1791 : vente comme~bien national"
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  from:1791 till:1837 text:"démolition progressive"

  #alignement →
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  from:1836 till:1839 text:"1837 : de Marsay~propriétaire"
  from:1861 till:1863 text:"1862 : inscription~partielle MH"
  from:1946 till:1948 text:"1947 : classement~site naturel"
  from:2014 till:2016 text:"2015 : inscription~totale MH"
  </timeline>

{{coloré|#87CEEB|■}} Quelques dates de l'histoire de France et de la Touraine<br>{{coloré|#98EE90|■}} Histoire politique et religieuse de la chartreuse - {{coloré|#10A000|■}} Épisode de construction - {{coloré|#FF8000|■}} Épisode de destruction

</center>

== Description et architecture ==
La chartreuse du Liget, comme toutes les chartreuses, est composée de deux parties : une maison haute (ainsi nommée parce que les activités de prière qui s'y exercent la rapprochent symboliquement du Ciel), abritant notamment les cellules des pères chartreux qui vivent en ermites, et une maison basse, la Corroirie, vouée aux activités manuelles et agricoles, proches de la terre, où sont logés la plupart des frères convers vivant en communauté{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Une architecture gothique|p=64}}.

La [[chapelle Saint-Jean du Liget]], isolée dans une clairière non loin de la maison haute et plus ancienne construction de tout l'ensemble, constitue un troisième élément qui fait la spécificité du Liget{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Un havre de paix privilégié par les rois|p=35}}.

=== Le monastère de la chartreuse ou maison haute ===
[[Fichier:Liget chartreuse plan 1750.svg|vignette|gauche|alt=Plan légendé en couleurs des vestiges d'une abbaye.|Plan schématique des bâtiments monastiques vers 1750{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Une architecture gothique|p=54-57}}{{,}}{{sfn|gr=P4|Philippon|1934|p=336-337}}.]]
[[Fichier:Liget chartreuse plan 2018.svg|vignette|upright=1.1|alt=Plan légendé en couleurs des vestiges d'une abbaye.|Vestiges de la maison haute au {{s-|XXI}}.<br>
{{Légende/Début}}
{{Légende|#FF6600|Constructions médiévales}}
{{Légende|#DEAA87|Constructions modernes}}
{{Légende/Fin}}]]
Les documents font défaut pour établir une histoire architecturale et topographique de la maison haute avant le {{s-|XVIII}} ; seule l'existence de certains bâtiments est attestée et leur emplacement indiqué{{sfn|gr=P4|Philippon|1934|p=333}}. Grâce aux plans laissés par l'architecte tourangeau Jacquemin en 1787{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Un programme de reconstruction à la veille de la Révolution|p=120-121}}, il est cependant possible de restituer les bâtiments qui formaient la maison haute juste avant les travaux de 1787. Elle comprenait deux cours. La cour extérieure était flanquée de longs bâtiments, [[four à pain]], [[forge (métallurgie)|forge]] et divers autres ateliers. La cour intérieure renfermait les principaux bâtiments monastiques, bibliothèque, cuisine surmontée de l'hôtellerie, petit cloître cerné de corps de bâtiments dont le réfectoire, la salle capitulaire et de l'église. Il ne subsiste du mobilier du réfectoire, dans lequel avait lieu le repas dominical de toute la communauté monastique réunie, qu'une de ses tables en bois, exposée dans le grand cloître. La cuisine, indépendante{{sfn|Gaultier|2010|p=84}}, ne se signale plus que par un escalier descendant à une cave disparue, dans la cour de la chartreuse. Derrière l'église se déployait le grand cloître qui renfermait le cimetière. Les dix-huit cellules individuelles des pères donnaient sur ce cloître. Chacune des cellules était complètement indépendante. Elle consistait en un pavillon à étage, prolongé d'un jardinet{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Une architecture gothique|p=53}} selon un plan d'ensemble commun, à quelques détails près, à l'ensemble des chartreuses<ref name="Uni"/>. La seule construction « rescapée » de l'abbaye médiévale est l'église, ce qui explique son orientation différente de celle des autres bâtiments, datant du {{s-|XVII}} ou postérieurs. L'église observe une orientation est-nord-est—ouest-sud-ouest et les édifices disparus du monastère médiéval devaient être alignés sur l'un de ses axes, alors que les bâtiments modernes sont sensiblement parallèles ou perpendiculaires à l'allée venant de l'entrée principale, orientée nord-ouest-sud-est{{sfn|gr=V|Vallery-Radot|1949|p=158}}.

==== Enceinte et portail ====
La [[clôture]] de l'espace protégé de la chartreuse est constituée de hauts murs. Elle est extérieurement doublée de [[douve (fossé)|douves]] de part et d'autre de l'entrée. À chacun des angles est érigée une [[échauguette]] ronde en [[encorbellement]]. Sur la [[courtine]] est, au plus près du coin nord-est du cloître se trouve une [[Tour (fortification)|tour de guet]] de plan carré plus élaborée. Ces mesures de défense et protection sont édifiées à la suite des [[Guerres de Religion (France)|guerres de Religion]] durant lesquelles le monastère est pillé et dévasté plusieurs fois{{sfn|gr=V|Vallery-Radot|1949|p=154}}.

Le portail d'entrée monumental est percé dans le mur nord de l'enceinte extérieure de la chartreuse. Datant de la première moitié du {{s-|XVIII}}<ref name="B01-52">{{ouvrage|auteur=Bernard Briais |illustrateur=Denise Labouyrie |titre=Vagabondages en Val d'Indrois |éditeur=Séria |lieu=Monts |année=2001 |pages totales=127 |passage=52}}.</ref> et peut-être dû à l'architecte tourangeau [[Pierre Meusnier]] (1702-1781)<ref name=Vieira/>{{,}}<ref>{{lien web|titre=L'Hôtel consulaire de Tours|site=le site de la Chambre de commerce de Touraine|url=http://www.touraine.cci.fr/lh%C3%B4tel-consulaire-de-tours|consulté le=28/09/2018}}.</ref>, il se compose d'une large porte charretière complétée par deux portes piétonnes. La porte principale est surmontée d'un [[tympan (architecture)|tympan]] orné d'un [[bas-relief]] représentant côté extérieur [[Bruno le Chartreux|saint Bruno]] (fondateur de l'[[ordre des Chartreux|ordre cartusien]]) en prière et côté intérieur [[Jean le Baptiste|saint Jean Baptiste]] sous le patronage duquel était placé le monastère{{sfn|Ranjard|1968|p=279}}. Côté extérieur, le portail arbore également les armes de la famille de Marsay<ref>{{ouvrage|auteur=André Montoux|titre=Loches et Beaulieu-lès-Loches|éditeur=FeniXX|pages totales=142|url=https://books.google.fr/books?id=2lFYDwAAQBAJ&pg=PT199|isbn=978-2-40203-454-8}}.</ref>, signe d'une modification intervenue après 1837, année où Côme de Marsay achète la chartreuse, et antérieure à 1860, puisqu'il est déjà représenté dans ''La Touraine, histoire et monuments'' de [[Jean-Jacques Bourassé]], paru cette année-là<ref>{{ouvrage|auteur=[[Jean-Jacques Bourassé]]|titre=La Touraine, histoire et monuments|lieu=Tours|année=1860|éditeur=[[Mame (maison d'édition)|Mame]]|url=https://books.google.fr/books?id=eE4_AAAAcAAJ&pg=PA256|pages totales=610|passage=256}}.</ref>. Le portail a d'ailleurs été restauré à plusieurs reprises depuis sa construction<ref>{{ouvrage|auteur=[[Jacques-Marie Rougé]]|titre=Voyage en Touraine inconnue|année=1976|éditeur=CLD, Normand et {{Cie}}|pages totales=250|passage=195}}.</ref>.

Une seconde enceinte, dont la porte est flanquée de deux pavillons symétriques ([[porterie]] et cuisine des femmes), enserre l'espace réservé aux communs et aux ateliers ; il date lui aussi de la première moitié du {{s-|XVIII}}{{sfn|gr=V|Vallery-Radot|1949|p=154-155}}.

Un dernier mur bas rythmé de pilastres, plus moderne ({{s-|XIX}}), délimite, avec une partie des bâtiments et des terrasses, une cour intérieure de plus petites dimensions qui abrite les principaux bâtiments monastiques{{sfn|gr=P1|Philippon|1941|p=107}}.

<gallery mode="packed">
Montresor20.jpg|alt=Photographie en couleurs d'un portail aux montants et au tympan en pierre sculptée.|{{centrer|Portail monumental de la chartreuse du Liget.}}
tympan_du_liget.jpg|alt=Photographie en couleurs d'un bas-relief représentant des personnages.|{{centrer|Saint Bruno en prière (tympan de l'entrée de la chartreuse, face nord).}}
Portal Chartreuse du Liget.JPG|alt=Photographie en couleurs d'un bas-relief représentant des personnages.|{{centrer|Saint Jean-Baptiste (tympan de l'entrée de la chartreuse, face sud).}}
Liget chartreuse enceinte.jpg|alt=Photographie en couleurs d'un mur terminé par une échauguette.|{{centrer|Partie nord-est de l'enceinte extérieure.}}
Liget chartreuse porterie.jpg|alt=Photographie en couleurs d'un pavillon flanquant un portail|{{centrer|Pavillon de la [[porterie]].}}
Liget chartreuse enceinte intérieure.jpg|alt=Photographie en couleurs d'un muret rythmé par des piliers|{{centrer|Enceinte de la cour intérieure.}}
</gallery>

==== Église abbatiale ====
[[Fichier:Liget chartreuse église plan.svg|vignette|upright=1.2|alt=Plan en couleurs des vestiges d'un édifice religieux.|Plan schématique des vestiges de l'église abbatiale au {{s-|XXI}}{{sfn|gr=F|Fleury|2010|p=67}}.]]
Les vestiges de cet édifice consacré à Notre-Dame et Saint-Jean-Baptiste sont les seuls datés de la première phase de construction de la chartreuse. Ils occupent le fond du vallon. L'église comporte à l'origine une [[nef]] de deux travées et un [[Chœur (architecture)|chœur]] composé d'une [[massif barlong|travée barlongue]] prolongée par une [[abside]] semi-circulaire ou polygonale, l'absence de vestiges suffisants ne permettant pas de trancher ce point{{sfn|gr=F|Fleury|2010|p=69}}. Les murs de la nef peuvent avoir été édifiés vers 1180-1190, mais ils sont intérieurement épaissis pour supporter le poids d'une voûte dont la construction n'est pas antérieure à 1215 ; à la même époque, l'augmentation de la taille des deux contreforts qui contrebutent le mur gouttereau sud répond à la même exigence, alors que ceux du mur nord restent inchangés{{sfn|gr=F|Fleury|2010|p=66}}.

Il ne subsiste de cette église que les murs de la [[nef]] qui mesure {{dunité|27|8|m}}{{sfn|gr=B|Bossebœuf|1897|p=23}}, dont la base est enfouie sous environ {{unité|1.5|m}} de remblais, du moins extérieurement{{sfn|gr=V|Vallery-Radot|1949|p=160-161}}{{,}}{{Note|group=Note|Ces remblais sont constitués par les décombres des bâtiments détruits après la Révolution<ref name="B01-52"/>.}}, ainsi que l'amorce du chœur. Les [[voûte]]s caractéristiques du style [[Gothique angevin|gothique de l'Ouest]] n'ont conservé que leur départ reposant sur des [[console (architecture)|consoles]] non ornementées sur les murs de la nef {{incise|certaines consoles fortement [[historié]]es résultent d'une reprise au {{s-|XVIII}}{{sfn|gr=V|Vallery-Radot|1949|p=159}}|stop}}. Cette disposition, courante dans les édifices cartusiens, permet de dégager tout l'espace intérieur en s'affranchissant de la présence de colonnes{{sfn|gr=F|Fleury|2010|p=66}}. La hauteur sous voûtes de l'église dépasse certainement {{nobr|10 m}}{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Une architecture gothique|p=51}}. Dans les murs gouttereaux sont encastrées des [[Vase acoustique|poteries acoustiques]] destinées à améliorer la sonorité à l'intérieur de l'église<ref>{{ouvrage|auteur=[[Eugène Viollet-le-Duc]]|titre=Dictionnaire raisonné de l’architecture française du {{sp-|XI|au|XVI}}|lieu=Paris|volume=VII|année=1856|url=https://books.google.fr/books?id=V0CYBwAAQBAJ&pg=PA438|passage=438-439}}.</ref>{{,}}{{Note|group=Note|Le chant tient une place importante dans la liturgie cartusienne<ref>{{lien web|titre=La voix cartusienne|site=le site de l'ordre des Chartreux|url=https://www.chartreux.org/fr/voie-cartusienne.php|consulté le=17/09/2018}}.</ref>, ce qui nécessite une bonne acoustique dans les églises.}}. Ces murs sont intérieurement recouverts d'un enduit en [[trompe-l'œil]] simulant les joints d'un appareil de maçonnerie. Le dallage du sol était constitué de petits carreaux émaillés{{sfn|gr=B|Bossebœuf|1897|p=23}}. La nef est éclairée par deux hautes baies en plein cintre de chaque côté ; ce sont trois baies qui sont percées dans le chœur{{sfn|gr=F|Fleury|2010|p=66}}. Les inventaires faits au moment de la Révolution ne font pas état de vitraux garnissant les baies de l'église ; elles étaient probablement munies de simples verrières.

Le portail percé dans la façade occidentale est en [[cintre (architecture)|plein cintre]], encadré de deux colonnettes à [[chapiteau (architecture)|chapiteaux]] qui supportent une double [[tore (architecture)|tore]] soulignant la [[voussure]] de l'arc{{sfn|gr=B|Bossebœuf|1897|p=22}}. Deux autres portes, s'ouvrant primitivement dans le petit cloître, sont ménagées dans le mur gouttereau nord ; un escalier ménagé dans l'épaisseur de ce même mur est accessible de l'intérieur de l'église, au niveau du chœur{{sfn|gr=V|Vallery-Radot|1949|p=160}}, donnant accès à une structure disparue (clocher de l'église ou étage du petit cloître).

Devant le portail, un escalier permet d'accéder au niveau du sol de l'église. La façade porte les arrachements d'un corps de bâtiment à deux travées, appuyé contre elle et qui oblitère certaines de ses structures. Construit dans un second temps, peut-être au {{s-|XIII}}{{sfn|gr=V|Vallery-Radot|1949|p=162}}, il s'agit d'un [[narthex]] qui précède la nef tout en protégeant le portail{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Une architecture gothique|p=55}}.

Le [[clocher]] probablement construit au-dessus du chœur{{sfn|gr=B|Bossebœuf|1897|p=23}} et l'abside qui fermait le chevet ont disparu {{incise|le plan dressé en 1787 montrait encore cette dernière{{sfn|gr=F|Fleury|2010|p=68}}}}, ainsi que la [[sacristie]] attenante au flanc sud de l'église{{sfn|gr=F|Fleury|2010|p=66}}.

La sobriété générale de l'architecture et du décor de l'église s'accordent bien avec l'austérité cartusienne{{sfn|gr=B|Bossebœuf|1897|p=23}}.

<gallery mode="packed">
eglise_notre_dame_du_liget.jpg|alt=Photographie en couleurs d'une église ruinée vue de l’extérieur.|{{centrer|Vue générale extérieure.}}
ChartreuseLiget03.jpg|alt=Photographie en couleurs d'une église ruinée vue de l'intérieur.|{{centrer|Intérieur de la nef.}}
Liget chartreuse église voûtes.jpg|alt=Photographie en couleurs du détail des voûtes d'une ancienne église.|{{centrer|Départ des voûtes ; les consoles sont modernes.}}
Liget chartreuse église poteries (2).jpg|alt=Photographie en couleurs de vases en terre cuite encastrés dans un mur.|{{centrer|Poteries acoustiques.}}
Liget chartreuse église enduit.jpg|alt=Photographe en couleurs d'un mur recouvert par places d'un enduit imitant des pierres et leurs joints.|{{centrer|Enduit sur le mur intérieur de la nef.}}
Liget chartreuse église portail.jpg|alt=Photographie d'un portail en pierre en plein cintre|{{centrer|Portail principal.}}
</gallery>


==== Grand cloître ====
Le [[grand cloître]] rectangulaire et mesurant {{dunité|114|39|m}}{{sfn|gr=B|Bossebœuf|1897|p=26}} {{incise|élément architectural caractéristique des monastères chartreux et qui ici abritait le cimetière des chartreux}}, dont la reconstruction avait débuté moins de deux ans avant le début de la [[Révolution française]], est fort endommagé. Seules subsistent son aile ouest avec sa galerie voûtée large de {{unité|3.5|m}}{{sfn|gr=B|Bossebœuf|1897|p=26}} ; l'enduit qui aurait dû recouvrir les voûtes n'a toutefois jamais été appliqué et les deux arcades nord sont murées par une construction récente. Les consoles supportant les voûtes en brique des ailes nord et sud témoignent de l'inachèvement des travaux : certaines de ces consoles sont sculptées alors que d'autres sont brutes. Dans les murs du grand cloître sont encore visibles plusieurs [[passe-plat|guichets]] de formes différentes, permettant le service des repas pris en cellule par les pères ermites ; ils donnaient sur les cellules bâties à l'extérieur du cloître, sur son pourtour, disparues elles aussi. Ces cellules à étage, pourvues d'un jardin, étaient reliées entre elles par une coursive supérieure autour de l'enceinte du cloître aboutissant à la cellule du prieur, à l'angle nord-ouest du cloître<ref name="Br"/> ; elles étaient individuellement alimentées en eau par un système de canalisations souterraines{{sfn|de Mareüil|1988|p=131}}. La galerie du cloître repose primitivement, sur chacun de ses grands côtés, sur {{nobr|38 arcades}}{{sfn|gr=B|Bossebœuf|1897|p=26}} de maçonnerie de brique prenant appui sur des consoles en pierre de taille à des degrés divers de finition.

<gallery mode="packed">
ChartreuseLiget04.jpg|alt=Photographie d'un long mur à arcades percé d'un portail.|{{centrer|Aile ouest (vue intérieure).}}
Liget chartreuse cloître extérieur.jpg|alt=Photographie d'un long mur sans décor percé d'une porte.|{{centrer|Aile ouest (vue extérieure).}}
Liget chartreuse cloître voûtes.jpg|alt=Photographie en couleurs d'une succession de voûtes en briques.|{{centrer|Voûtes de l'aile ouest.}}
Liger chartreuse cloître consoles.jpg|alt=Photographie en couleurs montrant la juxtaposition de pierres de taille sculptées et d'autres brutes.|{{centrer|Aile sud et ses consoles inégalement achevées (vue intérieure).}}
Liget chartreuse cellule passe-plat et lavabo.jpg|alt=Photographie en couleurs d'une petite ouverture et d'un évier en pierre dans un mur.|{{centrer|Passe-plat et lavabo d'une cellule.}}
Liget chartreuse table réfectoire.jpg|alt=Photographie en couleurs d'une grande table en bois massif.|{{centrer|Table en bois du réfectoire, déposée dans le cloître.}}
</gallery>

==== Autres bâtiments et constructions ====
Une [[chapelle]], au nord du cloître, est aménagée au {{s-|XIX}} par la famille de Marsay dans la pièce servant initialement au stockage des archives de la chartreuse. Dans l'un de ses murs est scellée une plaque en pierre dédicatoire à Hippolyte de Béthune, protecteur de la chartreuse{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Que reste-t-il de ses beaux jours ?|p=157}} et qui porte son blason. Cette plaque datée de 1654 provient de fouilles effectuées au nord de l'église{{sfn|gr=B|Bossebœuf|1897|p=24}}. Une autre plaque provient certainement d'un [[reliquaire]] ou d'une chapelle aménagés en 1657 par l'archevêque de Tours [[Victor Le Bouthillier]]{{sfn|gr=B|Bossebœuf|1897|p=25}}. À l'entrée de la chapelle est déposée la [[première pierre]] des travaux de reconstruction de la chartreuse, datée du {{date-|6 septembre 1787}} et qui avait été dans un premier temps enchâssée dans un mur du grand cloître{{sfn|gr=B|Bossebœuf|1897|p=25}}. Les vitraux de la chapelle moderne portent la signature du Tourangeau [[Lucien-Léopold Lobin]]. L'ancienne chapelle et la bibliothèque, attenantes, sont détruites{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Les Chartreux et la Contre-Réforme|p=99}}.

Le ruisseau du Liget, venant de la forêt de Loches et passant près de la chapelle Saint-Jean, se jette dans le ruisseau d'Aubigny au niveau de la Corroirie. Au passage, il traverse en sous-sol la maison haute dont il irriguait les jardins et où il alimentait plusieurs bassins dont l'ancien [[vivier]] du monastère{{sfn|Couderc|1987|p=294}}. Le poisson (de rivière à 60 % et de mer à 40 %) représente d'ailleurs, vers le milieu du {{s-|XVIII}}, la presque totalité de l'alimentation carnée des chartreux du Liget qui ne consomment pas de viande, celle de la loutre exceptée car cet animal aquatique est considéré comme un « poisson » du point de vue alimentaire{{sfn|Gaultier|2010|p=86-87}}{{,}}{{Note|group=Note|Par ailleurs, la modicité des sommes consacrées aux achats de grains et légumes dans les comptes de la chartreuse suggère que ces aliments étaient en très grande partie produits sur le domaine lui-même{{sfn|Gaultier|2010|p=87}}.}}.

Non loin de l'entrée, à l'ouest de l'allée d'accès, se trouve une fontaine en pierre, peut-être [[Renaissance française|Renaissance]], en forme de tonneau{{sfn|Couderc|1987|p=294}}. À l'est de cette même allée sur une terrasse, un ensemble de bâtiments constituant les [[dépendance (architecture)|communs]] et les ateliers de l'abbaye sont toujours présents, bien que remaniés dans leur architecture et leurs ouvertures{{sfn|Ranjard|1968|p=279}}.

Le bâtiment destiné à l'origine au logement des domestiques est situé au fond du vallon près de l'église. Il sert dans un second temps à héberger certains chartreux ou des hôtes venus y faire [[Retraite spirituelle|retraite]] dans des cellules aménagées au premier étage, tandis que le rez-de-chaussée abrite les écuries. Devenu logis principal, il est reconstruit au {{s-|XVII}}{{sfn|Ranjard|1968|p=280}} et prolongé par deux pavillons d'angle aux {{s2-|XIX|XX}}{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=l'œuvre des Marsay|p=141-143}}.
{{clr}}

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Liget chartreuse chapelle Marsay.jpg|alt=Photographie en couleurs d'un petit bâtiment carré coiffé en pyramide.|{{centrer|Chapelle du {{s-|XIX}}.}}
Liget chartreuse chapelle plaque.jpg|alt=Photographie en couleurs de plaques de pierre gravées d'inscriptions.|{{centrer|Dédicaces dans la chapelle.}}
Liget chartreuse première pierre 1787.jpg|alt=Photographie en couleurs d'une pierre taillée gravée d'inscriptions.|{{centrer|Première pierre des travaux de 1787.}}
Liget chartreuse fontaine.jpg|alt=Photographie en couleurs d'une fontaine en pierre en forme de tonneau.|{{centrer|Fontaine en pierre.}}
Liget chartreuse ateliers 2.jpg|alt=Photographie en couleurs d'un long corps de bâtiment sans étage.|{{centrer|Anciens ateliers.}}
ChartreuseLiget02.jpg|alt=Photographie en couleurs d'un long bâtiment terminé par deux pavillons.|{{centrer|Logis principal, en arrière-plan à droite de l'église.}}
</gallery>

==== Décor et mobilier ====
Trente-six tableaux et cent quinze gravures sont inventoriés à la chartreuse en 1790. Après leur saisie, toutes ces œuvres, comme celles des autres édifices religieux de la région, sont temporairement transférées à l'hôtel de ville de Loches en attendant d'être vendues{{sfn|gr=M|id=Me|Meunier|loc=Que reste-t-il de ses beaux jours ?|p=148}}. Parmi les biens confisqués au Liget, cinq tableaux sont, au {{s-|XXI}}, exposés dans divers lieux de Loches{{sfn|gr=M|id=Me|Meunier|loc=Que reste-t-il de ses beaux jours ?|p=151}}. Deux tableaux, découverts dans l'[[église Saint-Antoine de Loches]] en 1999 mais dont l'existence n'est révélée qu'en 2006, sont potentiellement attribués au [[Le Caravage|Caravage]], bien que les experts restent divisés sur ce point<ref name="NR">{{article|auteur=Xavier Roche-Bayard|titre=Il y a dix ans, la découverte des Caravage semait le doute|périodique=[[La Nouvelle République du Centre-Ouest]]|date=7 février 2016|url=https://www.lanouvellerepublique.fr/loches/il-y-a-dix-ans-la-decouverte-des-caravage-semait-le-doute}}.</ref>. L'un représente ''L'Incrédulité de saint Thomas'' et offre de grandes similitudes avec le [[L'Incrédulité de saint Thomas (Le Caravage)|tableau]] exposé à [[Potsdam]]<ref group=Pl>{{Base Palissy|PM37001066|tableau : L'Incrédulité de saint Thomas|source=non}}.</ref>. Le second figure ''La Cène à Emmaüs'' ; il est très semblable à [[Le Souper à Emmaüs (Le Caravage, Londres)|l'œuvre]] exposée à la [[National Gallery]] de [[Londres]]<ref group=Pl>{{Base Palissy|PM37001065| tableau : Le Repas à Emmaüs ou les Pèlerins d'Emmaüs|source=non}}.</ref>. Ils auraient été, avec d'autres, ramenés d'Italie par [[Philippe de Béthune]] et son fils aîné [[Hippolyte de Béthune (1603-1665)|Hippolyte]] en aurait ensuite fait don à la chartreuse. Leur description dans les inventaires révolutionnaires indique qu'ils étaient exposés dans le chœur de l'église{{sfn|gr=M|id=Me|Meunier|loc=Que reste-t-il de ses beaux jours ?|p=152}}. Ces deux tableaux sont visibles dans la galerie de l'église Saint-Antoine<ref name="NR"/>. Un [[retable]], représentant la [[Crucifixion]], se compose sous la forme d'un [[triptyque]] attribué à [[Jean Poyer]]<ref group=Pl>{{Base Palissy|PM37000263|retable|source=non}}.</ref>. Dans le troisième volet, un moine en prière serait Jean Béraud, prieur de la chartreuse entre 1483 et 1490{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Que reste-t-il de ses beaux jours ?|p=154-155}}. Depuis 2012, l'œuvre est elle aussi exposée dans la galerie de l'église Saint-Antoine<ref>{{article|auteur=Xavier Roche-Bayard|titre=Le retable de Jean Poyet de retour dans la ville|périodique=[[La Nouvelle République du Centre-Ouest]]|date=30 juin 2016|url=https://www.lanouvellerepublique.fr/loches/le-retable-de-jean-poyet-de-retour-dans-la-ville}}.</ref>. Deux autres tableaux provenant de la chartreuse, sont conservés. L'un, représentant ''l'Assomption'', peint par [[David Teniers le Jeune]] en 1663, se trouve dans l'[[église Saint-Ours de Loches]]<ref group=Pl>{{Base Palissy|PM37000275|tableau : l'Assomption|source=non}}.</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage|auteur=Gérard Fleury|titre=L'église Saint-Ours de Loches|lieu=Chemillé-sur-Indrois|année=2013|éditeur=Hugues de Chivré|pages totales=63|isbn=978-2-91604-363-0|passage=54}}.</ref>. L'autre, un portrait d'{{nobr|Henri II}}, est installé à la mairie de Loches.

Les inventaires des biens de la chartreuse en 1790 mentionnent plusieurs cloches, installées dans l'église, mais aussi dans d'autres bâtiments de la chartreuse ou dans des métairies qui en dépendent{{sfn|gr=P1|Philippon|1941|p=126-128}}. Le beffroi de l'[[église Saint-Vincent de Chemillé-sur-Indrois]] abrite l'une de ces cloches, classée en 1942 au titre des objets protégés<ref group=Pl>{{Base Palissy|PM37000138|cloche de la chartreuse du Liget|source=non}}.</ref>. D'un poids de {{nobr|237 kg}}, elle sonne en si bémol<ref>{{lien web|titre=Monuments |site=le site de Chemillé-sur-Indrois |url=http://www.chemillesurindrois.fr/monuments-article-3-5.html |consulté le=8 mars 2015}}.</ref>. Elle est restaurée en 1998<ref>{{ouvrage|auteur=Bernard Briais |illustrateur=Denise Labouyrie |titre=Vagabondages en Val d'Indrois |éditeur=Séria |lieu=Monts |année=2001 |pages totales=127 |passage=48}}.</ref>. Fondue en 1367 comme en témoigne l'inscription qu'elle porte et baptisée ''Maria'', elle est la plus ancienne d'[[Indre-et-Loire]]<ref>{{ouvrage|auteur=Bernard Briais |illustrateur=Jean-Claude Degré et Philippe Grellier|titre=Découvrir la Touraine |sous-titre=la vallée de l'Indrois |année=1979 |lieu=Chambray-lès-Tours |édition=CLD |pages totales=173 |passage=115}}.</ref> :
{{citation bilingue bloc|lang=la|S. MARIA ORA PRO NOBIS MCCCLXVII YSEMBART FIST CHEST VESCEL SIGNUM SURGENDI DO FRATRIBUS ATQUE LEGENDI DAN IAHAN COULON PRIOR ME FIST|Sainte Marie, priez pour nous. Cette cloche a été faite en 1367 par Ysembart. Le prieur Dom Jehan la fit faire pour être le signal qui fait lever les frères et qui les appelle à la lecture.}}
Dans le chœur de cette même église est installée une chaire en bois sculpté provenant également de la chartreuse du Liget{{sfn|Couderc|1987|p=294}}.

L'horloge encastrée dans la face sud du beffroi de la [[porte Picois]], à Loches, était jusqu'à la Révolution dans le clocher de l'église de la chartreuse{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Que reste-t-il de ses beaux jours ?|p=148}}.

Les ouvrages de la bibliothèque de la chartreuse, après avoir été stockés eux aussi à Loches{{sfn|gr=P1|Philippon|1941|p=113}} sont dispersés. La plus grande partie, recueillie à la bibliothèque municipale de Tours, disparaît dans l'incendie du bâtiment en {{date-|juin 1940}}<ref>{{Article|format électronique=pdf |auteur=Daniel Schweitz |titre=L'incendie de la bibliothèque de Tours (juin 1940) |url=http://academie-de-touraine.com/Tome_22_files/134_183-202.pdf |périodique=Mémoires de l’Académie des sciences, arts et belles-lettres de Touraine |tome=XXII|année=2009|pages=183-202 }}.</ref>{{,}}{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Que reste-t-il de ses beaux jours ?|p=148}}. L'[[université d'Oxford]] acquiert un certain nombre de documents, dont des gravures commandées par [[Louis XIV|{{nobr|Louis {{XIV}}}}]]. Les bibliothèques de Tours et Loches, la médiathèque de [[Villefranche-de-Rouergue]] ainsi que les archives départementales d'Indre-et-Loire sont dépositaires de plusieurs ouvrages, dont des [[incunable]]s, un [[cartulaire]] rédigé au {{s-|XIV}}{{sfn|id=Grandmaison|Loizeau de Grandmaison|1891|p=93 (liasse H. 167)}}, des [[antiphonaire]]s et un [[herbier]]{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Que reste-t-il de ses beaux jours ?|p=150}}.

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Loches Caravage Thomas.jpg|alt=Photographie en couleurs d'un tableau représentant des personnages dont l'un touche du doigt une plaie abdominale.|{{centrer|''L'Incrédulité de saint Thomas'' (galerie Saint-Antoine, Loches).}}
Loches Caravage Emmaüs.jpg|alt=Photographie en couleurs d'un tableau représentant des personnages en train de manger.|{{centrer|''La Cène à Emmaüs'' (galerie Saint-Antoine, Loches).}}
Jean Poyet - triptyque de la Crucifixion - chartreuse du Liget.png|alt=Photographie en couleurs d'un triple tableau représentant des étapes de mise en croix du Christ.|{{centrer|Triptyque de ''La Crucifixion'' (galerie Saint-Antoine, Loches).}}
Loches Saint-Ours Assomption.jpg|alt=Photographie en couleurs d'un tableau représentant une scène biblique.|{{centrer|''L'Assomption de la Vierge'' ([[église Saint-Ours de Loches|église Saint-Ours]], Loches).}}
File:Église paroissiale Saint-Vincent de Chemillé-sur-Indrois.JPG|alt=Photographie en couleurs d'une église, de sa nef et de son clocher|{{centrer|[[Église Saint-Vincent de Chemillé-sur-Indrois]].}}
Loches porte Picois horloge.jpg|alt=Photographie en couleurs d'une horloge sur le toit d'un beffroi.|{{centrer|Horloge (porte Picois, Loches).}}
</gallery>

=== La Corroirie ou maison basse ===
{{Article détaillé|Corroirie}}
[[Fichier:Chemillé-sur-Indrois (Indre-et-Loire) (18833885679).jpg|vignette|alt=Photographie en couleurs d'un ensemble de bâtiments avec une forêt en second plan.|Vue générale de la Corroirie.]]
Dans une chartreuse, opposée à la « maison haute », lieu de prière, la « maison basse » ailleurs souvent nommée [[correrie]], mais ici [[corroirie]], est quant à elle proche de la terre et de ses bienfaits, assurant l'existence matérielle des moines {{incise|corroirie viendrait du latin {{latin|conderium}} ou {{latin|conderia}}, qui désigne tout ce dont les moines ont besoin pour survivre : nourriture, vêtements et entretien{{Note|group=Note|Le terme est un dérivé possible mais controversé du « corrier », désignant dans le [[Lyonnais (province)|Lyonnais]] et le [[Dauphiné]], au [[Moyen Âge]], le procureur chargé de gérer les biens d'un évêque ou d'un abbé<ref>{{article|auteur=[[Jacques Dubois (moine)|Jacques Dubois]]|titre=Les moines dans la société du Moyen Âge (950-1350)|périodique=Revue d'histoire de l'Église de France|tome=60|numéro=164|année=1974|page=13|doi=10.3406/rhef.1974.1519}}.</ref>. Ce mot serait lui-même formé à partir du latin {{latin|conderium}}, désignant l'ensemble de ce qui est relatif à la vie matérielle d'un moine<ref>{{article|auteur=[[Jacques Chaurand]]|titre=Un toponyme cartusien : la correrie (''correria'')|périodique=Revue internationale d'onomastique|année=1975|pages=241-246}}.</ref>, mais ce terme peut avoir été utilisé par d'autres ordres monastiques avant la fondation des chartreuses<ref>{{Ouvrage|auteur=[[Auguste Bouchayer]]|titre=Les Chartreux, maîtres de forges|éditeur=Éditions Didier et Richard|lieu=Grenoble|année=1927|pages totales=245|passage=25-26}}.</ref>.}}|stop}}. On y trouve des moulins, un pressoir et des granges. Une chapelle, bâtie au {{s-|XIV}}, s'élève dans l'enceinte de la Corroirie du Liget. Cette dernière est également le lieu seigneurial auquel de nombreux droits sont attachés. À ce titre, les chartreux constituent donc une puissance féodale en Touraine. Ils jouissent de tous leurs privilèges, dont le droit de justice{{sfn|id=Grandmaison|Loizeau de Grandmaison|1891|p=93 (liasse H. 167)}}, maintes fois renouvelés jusqu'en 1789.

Distante d'un peu plus de {{unité|1|km}} à l'est de la chartreuse, le long de la {{nobr|D 760}}, la Corroirie a conservé d'importants vestiges de ses bâtiments<ref>{{harvsp|Ranjard|1968|p=280-281}}.</ref>.
La porte fortifiée, reconstruite au {{s-|XV}}, se présente sous la forme d'une tour carrée pourvue d'un [[chemin de ronde]] protégé par des [[mâchicoulis]], percée d'une porte et d'une [[poterne]] autrefois défendues par des ponts-levis{{sfn|gr=D|Dufaÿ|2014|p=61}}. La chapelle date de la fin du {{s-|XII}} mais elle a été progressivement surélevée au {{s mini-|XV}} puis au {{s-|XVI}} de deux étages dont le premier est muni de meurtrières ; son plan très simple comprend une nef à deux travées prolongée par une abside à quatre pans{{sfn|Fleury|gr=F|2010|p=70-82}}. La prison est une tourelle isolée des autres bâtiments ; son unique accès se faisait par une porte percée à l'étage qui desservait deux cellules superposées{{sfn|gr=D|Dufaÿ|2014|p=61-65}}

=== La chapelle Saint-Jean du Liget ===
{{Article détaillé|Chapelle Saint-Jean du Liget}}
[[Fichier:Liget chapelle StJean sud-ouest.jpg|gauche|vignette|alt=Photographie en couleurs d'une chapelle circulaire.|Chapelle Saint-Jean-du-Liget.]]
La chapelle est construite vers le milieu du {{s-|XII}}, sans qu'il soit possible d'être plus précis, à l'initiative des premiers moines venus de l'abbaye de Villeloin qui se sont installés dans ce secteur. Sa dédicace à l'[[Jean (apôtre)|apôtre Jean]] est contestée<ref>{{article|auteur=Robert Favreau|lien auteur=Robert Favreau (historien)|titre=Peinture et épigraphie : la chapelle du Liget|périodique=Cahiers de l'inventaire|éditeur=Éditions du patrimoine|numéro=15|mois=décembre|année=1988|page=41}}.</ref>.

Elle est située sur la commune de [[Sennevières]] {{incise|elle en est la propriété depuis 2007, après avoir appartenu à la famille de Marsay en 1837 qui l'a revendue à l'État en 1851}}, limitrophe de [[Chemillé-sur-Indrois]], à environ {{unité|750|m}} [[orthodromie|« à vol d'oiseau »]] au sud-ouest de la chartreuse, à l'écart de la route de Loches à Montrésor. Elle se présente presque dans son plan circulaire d'origine, une nef ajoutée peu de temps après la construction initiale étant détruite ; les arrachements en sont visibles sur le mur courbe de la chapelle<ref>{{ouvrage|auteur=Bérénice Terrier-Fourmy |titre=Voir et croire. Peinture murales médiévales en Touraine |lieu=Tours |éditeur=Conseil général d'Indre-et-Loire |année=2002 |pages totales=126 |passage=94}}.</ref>.

Son plan circulaire assez inhabituel rappelle celui du [[Saint-Sépulcre]]. Elle mesure {{unité|7|m}} de diamètre intérieur pour une hauteur de {{unité|6|m}} à la naissance de la coupole{{sfn|Meunier|2011|p=11-17}}. Les murs intérieurs et le plafond étaient entièrement recouverts de fresques dont certaines, qui ont subsisté, sont placées sur les panneaux qui séparent les fenêtres. Datant probablement du {{s-|XII}} comme la chapelle elle-même, elles illustrent figurativement les grands [[Mystère (christianisme)|mystères]] de la [[foi chrétienne]] avec une nette prédominance des évocations [[Marie (mère de Jésus)|mariales]]{{sfn|Couderc|1987|p=496}}{{,}}<ref>{{article|auteur=Anne Granboulan|titre=Peintures murales romanes. Méobecq, Saint-Jacques-des-Guérets, Vendôme, Le Liget, Vicq, Thevet-Saint-Martin, Sainte- Lizaigne, Plaincourault|périodique=Bulletin Monumental|tome=147|numéro=4|année=1989|url=http://www.persee.fr/doc/bulmo_0007-473x_1989_num_147_4_4797_t1_0364_0000_5|page=364}}.</ref>. Un travail de restauration de ces fresques est entrepris en 2008<ref>{{ouvrage|auteur=Geneviève Reille-Taillefert|titre=Conservation-restauration des peintures murales : De l'Antiquité à nos jours|lieu=Paris|éditeur=Eyrolles|année=2010|pages totales=382|isbn=978-2-21217-576-9|url=https://books.google.fr/books?id=tIjP4ErDkXwC&pg=PA46|passage=46}}.</ref>.

== Prieurs de la chartreuse du Liget ==
{{Article détaillé|Liste des prieurs de la chartreuse du Liget}}
Une première liste, incomplète, des [[prieur]]s de la chartreuse est publiée en 1882 par [[Jacques-Xavier Carré de Busserolle]] dans son ''Dictionnaire géographique, historique et biographique d'Indre-et-Loire et de l'ancienne province de Touraine''<ref>{{Ouvrage
 | auteur         = [[Jacques-Xavier Carré de Busserolle]]
 | titre          = Dictionnaire géographique, historique et biographique d'Indre-et-Loire et de l'ancienne province de Touraine
 | éditeur        = [[Société archéologique de Touraine]]
 | tome           = IV
 | année          = 1882
 | pages totales  = 430
 | passage        = 53-59
 | url            = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2100434/f56.image
}}.</ref> ; elle est reprise dans d'autres ouvrages. En 1933, la publication de l'[[obituaire]] du Liget permet de combler certaines de ses lacunes{{sfn|gr=P3|Philippon|1933|p=235-237}}. Pour autant, la liste n'est vraiment complète et datée qu'à partir de 1480 environ, exception faite de la période des [[guerres de Religion (France)|guerres de Religion]] ; jusqu'en 1400, des noms manquent et aucune date n'est attestée{{sfn|gr=P3|Philippon|1933|p=233}}.

Soixante-treize prieurs différents et identifiés sont recensés, quatre d'entre eux ayant exercé deux fois cette fonction avec une interruption. Les prieurs exercent cette charge pour une durée très variable ; c'est ainsi que Laurent de Villers est prieur pendant {{nobr|33 ans}}, de 1504 à 1537.

== La chartreuse du Liget dans les arts et la culture ==
La chartreuse elle-même et la chapelle Saint-Jean ne semblent pas avoir servi de lieu de tournage pour des œuvres audiovisuelles ni avoir inspiré des écrivains. Plusieurs scènes de films (''{{langue|en|Joan of Arc}}'', ''Les Condiments irréguliers'') sont tournées à la Corroirie<ref>{{article|titre=Jeanne d'Arc a été brûlée... à la Corroirie du Liget|périodique=[[La Nouvelle République du Centre-Ouest]]|date=4 juillet 2015|url=https://www.lanouvellerepublique.fr/actu/jeanne-d-arc-a-ete-brulee-a-la-corroirie-du-liget}}.</ref>{{,}}<ref>{{YouTube|EjiRx2DaLgc|La Marquise de Brinvilliers en héroïne (Tours)}} {{consulté le|11/09/2018}}.</ref> et le roman policier ''Clair-obscur en Chartreuse : une enquête à tiroirs'' s'y déroule partiellement<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur=Mary Play-Parlange|titre=Clair-obscur en Chartreuse|année=2013|lieu=[[Plombières-les-Bains]]|éditeur=[[Éditions Ex Aequo]]|collection=Collection Rouge|pages totales=132|isbn1=978-2-35962-557-8|isbn2=978-2-35962-559-2|bnf=43708972c|présentation en ligne=https://editions-exaequo.fr/epages/fc87d040-8e0b-4ca2-8b3b-710a0fc4e391.sf/fr_FR/?ObjectPath=/Shops/fc87d040-8e0b-4ca2-8b3b-710a0fc4e391/Products/5578|url=https://books.google.fr/books?id=pW4HDgAAQBAJ&pg=PT91|passage=postface}}.</ref>.

== Études architecturales et historiques ==
Cette liste d'études n'est pas exhaustive. Elle est limitée à celles plus particulièrement consacrées à la chartreuse du Liget, et ayant fait l'objet d'une large diffusion.

En 1787, en préalable aux travaux de reconstruction projetés, l'architecte Jean-Bernard-Abraham Jacquemin dresse un plan précis de la maison haute où il indique les bâtiments en place à conserver, à aménager ou à détruire et les nouvelles constructions à entreprendre. Ce plan, conservé mais en mauvais état, fait l'objet en 1830 d'une copie, laquelle est réduite en {{nobr|septembre 1922}} ; ce document n'est pas immédiatement publié{{sfn|gr=M|Meunier|id=Me|loc=Un programme de reconstruction à la veille de la Révolution|p=119-122}}.

Dans le ''bulletin de la [[société archéologique de Touraine]]'', Albert Philippon fait en 1933 et 1934 le point sur les données historiques concernant les trois ensembles de la chartreuse : monastère, Corroirie et chapelle. Il est le premier à reproduire la copie de 1922 du plan réalisé par Jacquemin en 1787, ainsi que plusieurs actes et chartes qui ont « survécu » à la Révolution française{{sfn|gr=P3|Philippon|1933}}{{,}}{{sfn|gr=P4|Philippon|1934}}. Dans la même publication, il complète son travail en 1941 et 1942 par une étude détaillée des conditions dans lesquelles les biens et bâtiments de la chartreuse sont liquidés à la Révolution{{sfn|gr=P1|Philippon|1941}}{{,}}{{sfn|gr=P2|Philippon|1942}}.

La session du ''congrès archéologique de France'' organisée en 1948 à [[Tours]] par la [[société française d'archéologie]] est consacrée à l'étude des monuments tourangeaux. Les [[Actes de congrès|actes]] qui sont publiés l'année suivante contiennent un chapitre réservé à ''la chartreuse du Liget et la Corroirie'', leur histoire et l'architecture de leurs églises ; il est rédigé par l'[[histoire de l'art|historien de l'art]] [[Jean Vallery-Radot]]{{sfn|gr=V|Vallery-Radot|1949}}.

En 2007, Christophe Meunier publie un ouvrage exclusivement consacré à la chartreuse du Liget qui rassemble toutes les connaissances alors disponibles sur ce monastère cartusien. Outre la compilation et la relecture de sources déjà publiées, l'auteur se livre à une étude sociologique sur l'origine des frères et pères qui, au {{s-|XVIII}}, occupent la chartreuse. Il fait également état des plus récents travaux engagés par les propriétaires qui, depuis le {{s-|XIX}}, restaurent et font revivre les bâtiments.

Dans le courant des {{nobr|années 2000}}, Gérard Fleury réalise une étude architecturale détaillée des églises de la chartreuse et de la Corroirie, qui permet de proposer une chronologie plus précise de la construction de ces édifices. L'étude paraît dans le ''Bulletin de la société des amis du pays lochois''{{sfn|gr=F|Fleury|2010}}.

Dans un ouvrage écrit en 2011, le premier à être intégralement consacré à la chapelle Saint-Jean du Liget, Christophe Meunier dresse l'état des lieux des connaissances acquises et des questions en suspens. Il relie l'histoire de cette chapelle à celle des origines de la chartreuse{{sfn|Meunier|2011}}.

À la fin des {{nobr|années 2000}} et dans le cadre des restaurations mises en œuvre par ses propriétaires, une étude historique et archéologique de l'ensemble du site de la Corroirie est engagée, encadrée par un groupe de travail pluri-disciplinaire ; elle apporte un nouvel éclairage sur les relations entre la maison haute et la maison basse de la chartreuse. Les résultats de cette étude sont publiés en 2014 dans la ''[[Revue archéologique du centre de la France]]'' sous la direction de Bruno Dufaÿ{{sfn|gr=D|Dufaÿ|2014}}.

== Pour en savoir plus ==
=== Bibliographie ===
{{légende plume}}
==== Publications exclusivement consacrées à la chartreuse du Liget ====
* {{ouvrage|auteur=Jean-Baptiste Bellon|titre=Reconversion d'une ferme fortifiée : la Corroirie en Touraine|sous-titre=Mémoire de diplôme d'architecture|lieu=Paris|année=1985|éditeur=École d'architecture de Paris-La Défense|pages totales=101}}
* {{ouvrage|auteur=C. Cognet|titre=La chartreuse du Liget au {{s-|XVIII}}|sous-titre=mémoire de maîtrise|lieu=Tours|année=2001|éditeur=[[Centre d'études supérieures de la Renaissance]]|pages totales=100}}
* {{article|auteur=Bruno Dufaÿ|titre=La Corroirie de la Chartreuse du Liget à Chemillé-sur-Indrois (Indre-et-Loire). Étude historique et architecturale|périodique=[[Revue archéologique du centre de la France]]|éditeur=FERACF|tome=53 |année=2014|url=http://racf.revues.org/pdf/2125|format électronique=pdf|plume=oui}}.
* {{article|auteur=Gérard Fleury|titre=L'église de la Corroirie du Liget|périodique=Bulletin de la Société des amis du pays lochois|numéro=25|année=2010|pages=65-82|issn=2554-4381|plume=oui}}.
* {{article|auteur=Raymonde Foreville|titre=La place de la Chartreuse du Liget parmi les fondations pieuses de Henri II Plantagenêt|périodique=mémoire de la [[Société archéologique de Touraine]]|tome=IX|année=1975|pages=13-22|plume=oui}}.
* {{article|auteur=Frédéric Gaultier|titre=À la table des chartreux du Liget|périodique=Bulletin de la Société des amis du pays lochois|numéro=25|année=2010|pages=83-92|issn=2554-4381|plume=oui}}.
* {{article|auteur=Jacqueline de Mareüil|titre=La vie quotidienne à la chartreuse du Liget et à la Corrioirie|périodique=Bulletin de la Société des amis du pays lochois|année=1988|numéro=4|issn=2554-4381|pages=127-138}}.
* {{article|auteur=Jacqueline de Mareüil|titre=La chartreuse et la Corroirie|périodique=Bulletin de la Société des amis du pays lochois|année=2004|numéro=19|issn=2554-4381|pages=9-16}}.
* {{ouvrage|auteur1=Christophe Meunier |titre=La Chartreuse du Liget |pages totales=172 |éditeur=Hugues de Chivré |lieu=Chemillé-sur-Indrois |année=2007 |isbn=978 2 916043 15 9|id=Me|plume=oui}}.
* {{ouvrage|auteur=Christophe Meunier|titre=La chapelle Saint-Jean du Liget |éditeur=Hugues de Chivré |lieu=Chemillé-sur-Indrois |année=2011 |pages totales=78 |isbn=978-2-91604-346-3|plume=oui}}.
* {{ouvrage|auteur=C. Montoux|titre=Étude du cartulaire de la chartreuse du Liget|sous-titre=mémoire de maîtrise|lieu=Tours|éditeur=Université de Tours|année=1975|pages totales=174}}
* {{chapitre|auteur=[[Emmanuel de Pastoret]]|titre chapitre=Lettres patentes de Louis XI, Plessis-du-Parc-lèz-Tours, janvier 1478 (1477 avant Pâques)|sous-titre chapitre=Privilèges des chartreux de Saint-Jean de Liget|titre ouvrage=Ordonnances des roys de France de la troisième race|sous-titre ouvrage=recueillies par ordre chronologique, avec des renvoys des unes aux autres, des sommaires, des observations sur le texte|volume=18|année=1828|consulté le=24 septembre 2018|passage=328-346|url=https://books.google.fr/books?id=j3kUAQAAMAAJ&pg=PA328}}.
* {{article|auteur=Albert Philippon|titre=La chartreuse du Liget|périodique=Bulletin de la [[Société archéologique de Touraine]]|tome=XXV|année=1933|pages=213-248|url texte=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6567394b/f64.image| issn=1153-2521|plume=oui}}.
* {{article|auteur=Albert Philippon|titre=La chartreuse du Liget (suite)|périodique=Bulletin de la [[Société archéologique de Touraine]]|tome=XXV|année=1934|pages=289-342|url texte=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6551732g/f43.image|issn=1153-2521|plume=oui}}.
* {{article|auteur=Albert Philippon|titre=La liquidation de la chartreuse du Liget par la Révolution|périodique=Bulletin de la [[Société archéologique de Touraine]]|tome=XXVIII|mois=janvier|année=1941| pages=100-128|url texte=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6551243j/f106.image|issn=1153-2521|plume=oui}}.
* {{article|auteur=Albert Philippon|titre=La liquidation de la chartreuse du Liget par la Révolution (suite)|périodique= Bulletin de la [[Société archéologique de Touraine]]|tome=XXVIII|mois=janvier|année=1942|pages=236-256|url texte=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6551230x/f30.image|issn=1153-2521|plume=oui}}.
* {{ouvrage|langue originale=en|auteur=[[David Rabinowitch]]|traducteur=Pierre Furlan|titre=Construction pour la Chartreuse du Liget (1994)|année=1996|lieu=Tours|éditeur=Atelier Calder|isbn=978-2-90991-105-2|pages totales=106}}.
* {{chapitre|auteur=[[Jean Vallery-Radot]]|titre=La chartreuse du Liget et la Corroirie|titre ouvrage=Congrès archéologique de France, CVI{{e}} session tenue à Tours en 1948|éditeur=[[Société française d'archéologie]]|lieu=Paris|année=1949|pages totales=416|passage=153-172|plume=oui}}.

==== Autres publications ====
* {{ouvrage|auteur=Louis-Auguste Bossebœuf |lien auteur=Louis-Auguste Bosseboeuf |préface=abbé Émile le Pironnec |titre=De l'Indre à l'Indrois |sous-titre=Montrésor, le château, la collégiale, et ses environs : Beaulieu-Lès-Loches, Saint-Jean, le Liget et la Corroirie |année=1897 |réimpression=1993 |éditeur=Res Universis |collection=Monographie des villes et villages de France |pages totales=103 |isbn=2-74280-097-2|plume=oui}}.
* {{ouvrage|auteur1=Dominique Bouguet|auteur2=Michel Thibault|titre=Répertoire numérique détaillé des sous-séries 1 Q et 2 Q : domaines nationaux (1790-1939)|année=1993|éditeur=Archives départementales / Conseil général d'Indre-et-Loire|pages totales=175|isbn=2-85443-209-6}}.
* {{Ouvrage
 | auteur = [[Jacques-Xavier Carré de Busserolle]]
 | titre = Dictionnaire géographique, historique et biographique d'Indre-et-Loire et de l'ancienne province de Touraine
 | éditeur = [[Société archéologique de Touraine]]
 | tome = IV
 | année = 1882
 | pages totales = 430
 | passage = 53-59
 | url = https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2100434/f56.image
}}.
* {{ouvrage|auteur=Jean-Mary Couderc |directeur=oui |titre=Dictionnaire des communes de Touraine |pages totales=967|lieu=Chambray-lès-Tours|édition=CLD |année=1987 |ISBN= 978-2-85443-136-0}}.
*{{lien web
 |auteur=[[Charles de Grandmaison|Charles Loizeau de Grandmaison]]
 |titre=Archives ecclésiastiques antérieures à 1790 - Inventaire sommaire de la série H (clergé régulier)
 |site=Archives départementales d'Indre-et-Loire
 |éditeur=Conseil départemental d'Indre-et-Loire
 |année= 1891 (réimpression 1994)<!--ajouter éventuelle date de réimpression-->
 |url=http://archives.cg37.fr/UploadFile/GED/Archives1790/1214914940.pdf
 |format=pdf
 |consulté le=31/08/2018
 |id=Grandmaison
}}.
* Jean Vallery-Radot, « La chartreuse du Liget et La Corroirie », dans ''Congrès archéologique de France. {{106e}} session. Tours. 1948'', [[Société française d'archéologie]], Paris, 1949, {{p.|153-163}}
* {{ouvrage|auteur=André Montoux|titre=Vieux logis de Touraine|volume=7|lieu=Chambray-lès-Tours|éditeur=CLD|collection=La Touraine au fil des siècles|année=1987|pages totales=217|isbn=978-2-85443-134-6|plume=oui}}.
* {{ouvrage |auteur=[[Robert Ranjard]] |titre=La Touraine archéologique |sous-titre=guide du touriste en Indre-et-Loire |numéro d'édition=3 |éditeur=Imprimerie de la Manutention |lieu=Mayenne |année première édition=1949|année=1968|réimpression=1986 |pages totales=733 |isbn=2-85554-017-8|plume=oui}}.
* [[Robert Favreau (historien)|Robert Favreau]], « La chapelle du Liget », dans ''Études d'épigraphie médiévale'', PULIM, Limoges, 1995, {{p.|137-139}} [https://books.google.fr/books?id=HxZr7pcpURQC&pg=PA138#v=onepage&q&f=false (''voir'')]
* {{ouvrage
|auteur1=François-Christian Semur
|illustrateur=Michel Sigrist
|titre=Abbayes de Touraine
|éditeur=Geste éditions
|année=2011
|pages totales=236
|isbn=978 2 845 61766 7
}}.

=== Articles connexes ===
* [[Ordre des Chartreux]]
* [[Liste des chartreuses]]
* [[Bruno le Chartreux|Saint Bruno]]
* [[Liste des monuments historiques d'Indre-et-Loire (A-J)]]
* [[Liste des monuments historiques protégés en 1972]]
* [[Liste des monuments historiques protégés en 2015]]

=== Liens externes ===
{{Autres projets
 | commons            = Category:Chartreuse du Liget
 | commons titre      = Chartreuse du Liget
 | commons2           = Category:Corroirie du Liget
 | commons titre2     = Corroirie
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}}
* {{Autorité}}
* {{Bases architecture}}
* {{lien web|url=http://www.chartreux.org/fr/ordre-aujourdhui.php|titre=L'Ordre des Chartreux aujourd'hui|site=site de l'[[Ordre des Chartreux]]|consulté le=6 juillet 2014}}.
* {{lien web|url=http://www.musee-grande-chartreuse.fr|titre=Musée de la Grande Chartreuse|site=Musée de la Grande Chartreuse|consulté le=6 juillet 2014}}.
{{clr}}

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe=Note}}

=== Références ===
* [[Base Palissy]] du [[Ministère de la Culture (France)|ministère français chargé de la Culture]] :
{{références|groupe=Pl}}

* ''De l'Indre à l'Indrois : Montrésor, le château, la collégiale, et ses environs : Beaulieu-Lès-Loches, Saint-Jean, le Liget et la Corroirie'', 1897 (réimpression Res Universis, 1993) :
{{références|groupe=B}}

* ''La chartreuse du Liget'', [[Société archéologique de Touraine]], 1933 :
{{références|groupe=P3}}

* ''La chartreuse du Liget (suite)'', [[Société archéologique de Touraine]], 1934 :
{{références|groupe=P4}}

* ''La liquidation de la chartreuse du Liget sous la Révolution'', [[Société archéologique de Touraine]], 1941 :
{{références|groupe=P1}}

* ''La liquidation de la chartreuse du Liget sous la Révolution (suite)'', [[Société archéologique de Touraine]], 1942 :
{{références|groupe=P2}}

* ''La chartreuse du Liget et la Corroirie'', [[Société française d'archéologie]], 1949 :
{{références|groupe=V}}

* ''La chartreuse du Liget'', éditions Hugues de Chivré, 2007 :
{{références|groupe=M}}

* ''L'église de la Corroirie du Liget'', Bulletin de la Société des amis du pays lochois, 2010 :
{{références|groupe=F}}

* ''La Corroirie de la chartreuse du Liget à Chemillé-sur-Indrois (Indre-et-Loire). Étude historique et architecturale'', FERACF, 2014 :
{{Références|groupe=D}}

* Autres références :
{{Références}}

{{portail|architecture chrétienne|monachisme|Indre-et-Loire|MH}}
{{Article de qualité|oldid=153488264|date=30 octobre 2018}}

[[Catégorie:Chartreuse en Indre-et-Loire|Liget]]
[[Catégorie:Chartreuse désaffectée|Liget]]
[[Catégorie:Chartreuse monument historique en France|Liget]]
[[Catégorie:Monument historique classé en 1862]]
[[Catégorie:Monument historique classé en 1972]]
[[Catégorie:Monument historique inscrit en 1926]]
[[Catégorie:Monument historique inscrit en 1972]]
[[Catégorie:Monument historique inscrit en 2015]]
[[Catégorie:Monument historique en Indre-et-Loire]]
[[Catégorie:Site classé ou inscrit en Indre-et-Loire|Liget]]