Voir la source de Antigonides

{{Infobox Ancienne entité territoriale 
| nom français  = Royaume antigonide<br>
([[royaume de Macédoine]])
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| année début   = [[277 av. J.-C.|277]]
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| gouvernement  = Monarchie [[Époque hellénistique|hellénistique]]
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| carte         = Map Macedonia 200 BC-fr.svg|
| légende       = Le royaume antigonide vers 200 av. J.-C <small>en orange</small>
| religion      = [[Religion grecque antique]]
| langues       = [[Ancien macédonien]], [[grec ancien]]
| capitale      = [[Pella (cité antique)|Pella]]
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Les '''Antigonides''' (en [[grec ancien]] {{grec ancien|Ἀντιγονίδαι|Antigonidai}}) sont une dynastie de l'[[époque hellénistique]] qui a régné sur la [[Royaume de Macédoine|Macédoine]] de [[277 av. J.-C.|277]] à [[168 av. J.-C.]] Les Antigonides ont donné [[Liste des rois de Macédoine|six rois à la Macédoine]] mais son fondateur, [[Antigone le Borgne]], n'a jamais régné sur la Macédoine. Abandonnant les grands desseins asiatiques des [[Diadoque]]s, leur politique extérieure est centrée sur la [[Grèce antique|Grèce]] continentale, la [[mer Égée]] et les [[Détroits|Détroits hellespontiques]]. Ils rencontrent l'hostilité de certaines [[Cité grecque|cités grecques]], dont [[Histoire d'Athènes|Athènes]] et [[Sparte]], et de certaines ligues fédérales, dont la [[Ligue étolienne]]. Ils font face à la [[thalassocratie]] [[Royaume lagide|lagide]] en mer Égée ainsi qu'aux ambitions des [[Attalides]] et des [[Séleucides]], notamment en [[Thrace]]. Ils luttent également contre les incursions des peuples « [[barbare]]s », [[Celtes]] et [[Dardanie (Balkans)|Dardaniens]] principalement. Le souverain le plus ambitieux de la dynastie est [[Philippe V (roi de Macédoine)|Philippe V]] qui cherche à s'implanter en [[Illyrie]] et à établir des protectorats en [[Anatolie]]. Les Antigonides finissent par être éliminés en 168 av. J.-C. à l'issue des [[guerres de Macédoine]] contre la [[République romaine]] qui mène la lutte au nom de la « liberté des Grecs. » 

Sous les Antigonides, les institutions du royaume de Macédoine demeurent stables par rapport à celle mises en place par les [[Argéades]], alors que l'économie connait une prospérité certaine et que les cités de [[Pella (cité antique)|Pella]] et de [[Thessalonique]] prennent leur essor.

== Histoire de la Macédoine antigonide ==
{{Article connexe|Liste des rois de Macédoine|Généalogie des Antigonides}}

=== Démétrios Poliorcète, éphémère roi de Macédoine ===

Le fondateur de la dynastie, [[Antigone le Borgne]], « [[roi d'Asie]] » vers {{Date-|305}}, n'a jamais régné sur la [[Royaume de Macédoine|Macédoine]]. C'est son fils [[Démétrios Ier Poliorcète|Démétrios {{Ier}} Poliorcète]] qui est le premier à devenir roi de Macédoine en {{Date|-294}} ; mais c'est [[Antigone II Gonatas]], fils de Démétrios, qui installe la dynastie sur le trône pour un siècle à partir de [[277 av. J.-C.|277]].

Par les [[accords de Babylone]] réglant la [[succession d'Alexandre le Grand]] mort en [[-323|323]], [[Antipater (général)|Antipater]] conserve la régence de [[Royaume de Macédoine|Macédoine]] au titre de [[stratège]]. À la mort d'Antipater en [[319 av. J.-C.|319]], lui succède [[Polyperchon]], entraînant un long conflit avec [[Cassandre (roi)|Cassandre]] qui a été écarté du testament politique de son père<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=46-50|loc=tome 1}}.</ref>. Cassandre finit par être proclamé roi vers [[305 av. J.-C.|305]], après avoir notamment fait exécuter [[Olympias]] et Alexandre IV, dernier des [[Argéades]]<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=51-52|loc=tome 1}}.</ref>. La mort de Cassandre en [[297 av. J.-C.|297]] plonge la royauté dans une longue période d'instabilité politique. La royauté est en effet confiée à son fils aîné, [[Philippe IV (roi de Macédoine)|Philippe IV]], alors âgé de 18 ans<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=89|loc=tome 1}}.</ref>. Ce dernier décède rapidement ; lui succèdent alors conjointement ses deux frères, [[Alexandre V (roi de Macédoine)|Alexandre V]] et [[Antipater de Macédoine|Antipater]]. Mais désireux de régner seul, ce dernier fait assassiner leur propre mère, [[Thessaloniké]] (fille de [[Philippe II (roi de Macédoine)|Philippe II]]) au prétexte qu'elle aurait favorisé Alexandre dans le partage. Celui-ci appelle alors à son secours [[Pyrrhus Ier|Pyrrhos]], le roi d'[[Épire]], et [[Démétrios Ier Poliorcète|Démétrios Poliorcète]], fils d'Antigone. Pyrrhos rétablit promptement la situation au profit d'Alexandre et se fait céder d'importantes provinces frontalières. Aussi lorsque Démétrios apparaît, Alexandre cherche à s'en débarrasser. Démétrios anticipe le projet d'assassinat en faisant tuer Alexandre à [[Larissa (Thessalie)|Larissa]] en [[Thessalie]] en [[294 av. J.-C.|294]] et se fait proclamer roi à sa place. Quant à [[Antipater de Macédoine|Antipater]], il est finalement assassiné par [[Lysimaque]], roi de [[Thrace]], après sa victoire contre [[Démétrios Ier Poliorcète|Démétrios]] en [[288 av. J.-C.|288]], date à laquelle la royauté passe aux mains de [[Pyrrhus Ier|Pyrrhos]]<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=97-98|loc=tome 1}}.</ref>. En [[285 av. J.-C.|285]], Lysimaque défait Pyrrhos et se fait proclamer roi<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=94|loc=tome 1}}.</ref>.

Après la mort de Lysimaque à la [[bataille de Couroupédion]] en [[281 av. J.-C.|281]] face à [[Séleucos Ier|Séleucos]], lui succède brièvement [[Ptolémée Kéraunos]], un fils répudié de [[Ptolémée Ier|Ptolémée]], qui trouve la mort en bataillant contre les [[Galates]] durant leur [[Grande Expédition|Grande expédition]] en [[279 av. J.-C.|279]]<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=105|loc=tome 1}}.</ref>. [[Méléagre (roi)|Méléagre]], le frère de Ptolémée Kéraunos, règne pendant deux mois avant d'être remplacé par [[Antipater II Étésias]], un petit-fils d'[[Antipater (général)|Antipater]]. Mais le jugeant inapte à assumer la défense de la Macédoine face aux bandes celtes, [[Sosthène de Macédoine|Sosthène]], proclamé [[stratège]] des Macédoniens, le dépose sans pour autant accepter le titre royal. Sosthène gouverne le pays avec fermeté de [[279 av. J.-C.|279]] à [[277 av. J.-C.|277]]. Sa mort entraîne le réveil des ambitions royales de [[Ptolémée de Telmessos]], fils de Lysimaque, et d'[[Antigone II Gonatas]], fils de [[Démétrios Ier Poliorcète|Démétrios Poliorcète]], alors établi en [[Thrace]]. Ce dernier profite de son éclatante victoire contre les Galates à la [[bataille de Lysimacheia]] pour installer durablement la dynastie antigonide au pouvoir à partir de 277, l'éphémère lignée des [[Antipatrides]] prenant fin avec l'assassinat d'Antipater II.

=== Antigone II ''Gonatas'' et l’avènement des Antigonides ===
[[Fichier:Tetradrachm of Antigonus Doson.jpg|vignette|redresse=1.5|Monnaie à l'effigie d'[[Antigone II Gonatas]].]]

Après sa retentissante victoire contre les [[Celtes]] à la [[bataille de Lysimacheia]] en {{Date|-277}}, [[Antigone II Gonatas]] tire un prestige suffisant pour s'imposer comme roi d'une Macédoine affaiblie par deux décennies de guerres civiles. Rejetant les politiques asiatiques aventureuses de ses prédécesseurs, il se consacre à redresser le royaume, désormais à l'écart des grands conflits<ref name="will2003">{{Harvsp|Will|2003|p=107-109|loc=tome 1}}.</ref>. Symbole de son retour à la tradition, il ramène d'emblée la capitale royale à [[Pella (cité antique)|Pella]] de [[Cassandréia]] et [[Démétrias]] où elle a été successivement déplacée, hors du cœur historique du royaume<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=211|loc=tome 1}}.</ref>. Afin de maintenir l'influence macédonienne en Grèce, Antigone maintient de fortes garnisons à travers la Grèce<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=210|loc=tome 1}}.</ref>, qui soutiennent des gouvernements fantoches, occasionnant de lourdes dépenses financières qui pénalisent la reconstruction militaire de la Macédoine.

Le pouvoir d'Antigone est menacé une première fois par [[Pyrrhus Ier|Pyrrhos]], le roi d'[[Épire ancienne|Épire]], rentré d'Italie en [[275 av. J.-C.|275]] ; mais celui-ci est tué en [[272 av. J.-C.|272]]<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=214-215|loc=tome 1}}.</ref>. La domination macédonienne sur la Grèce est toutefois rapidement menacée : un des chefs du parti antimacédonien à [[Athènes antique|Athènes]], [[Chrémonidès]], manœuvre avec succès pour un rapprochement avec [[Sparte]] en [[268 av. J.-C.|268]]. De nombreuses cités du [[Péloponnèse]] et de [[Crète]] rejoignent cette alliance soutenue par [[Ptolémée II]], marquant le début de la [[guerre chrémonidéenne]], dont les opérations ont lieu essentiellement autour de [[Corinthe antique|Corinthe]], le point fort du dispositif macédonien tenu par Cratère, son demi-frère, et en [[Attique]]. Antigone assiège Athènes qui trouve un bref répit dans une diversion causée par l'attaque en Macédoine du roi d'Épire [[Alexandre II d'Épire|Alexandre II]] en [[262 av. J.-C.|262]]. Antigone doit mener une campagne rapide pour le chasser de Macédoine et d'Épire, avant de revenir mettre le siège devant Athènes qui, affamée, capitule en [[261 av. J.-C.|261]]<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=219-224|loc=tome 1}}.</ref>.

La décennie suivante voit Antigone Gonatas mener une politique agressive dans les îles et se mêler aux conflits entre [[Séleucides]] et [[Royaume lagide|Lagides]], en allié fidèle des premiers. Il remporte ainsi une victoire importante à [[Kos (Dodécanèse)|Cos]]<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=231|loc=tome 1}}.</ref>, vers [[255 av. J.-C.|255]], dans le contexte de la [[Guerres de Syrie|deuxième guerre syrienne]]<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=234|loc=tome 1}}.</ref>. Vers [[250 av. J.-C.|250]], une flotte lagide défait néanmoins de façon décisive les Macédoniens et remet en cause leur influence dans les [[Cyclades]] jusqu'à une nouvelle victoire d'Antigone, au large d'[[Andros (Grèce)|Andros]] en [[245 av. J.-C.|245]].

La fin du règne d'Antigone Gonatas est marquée par la révolte du fils et successeur de Cratère (son demi-frère), Alexandre, et par l'ascension de la [[Ligue achéenne]] dans le [[Péloponnèse]]. Alexandre, d'abord confirmé dans son commandement de [[Corinthe antique|Corinthe]], se rebelle en [[249 av. J.-C.|249]] et entraîne avec lui l'[[Eubée]]<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=316-318|loc=tome 1}}.</ref>{{,}}<ref group=N>L'Eubée se voit accorder une large autonomie comme en témoigne l'apparition d'un monnayage indépendant.</ref>. Cette sécession est de courte durée, car Alexandre meurt soudainement en [[245 av. J.-C.|245]], et sa veuve, Nicée, accepte la proposition d'Antigone d'épouser son fils [[Démétrios II de Macédoine|Démétrios]]<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=324|loc=tome 1}}.</ref>. À la faveur des préparatifs du mariage, Antigone s'empare de l'[[Acrocorinthe]] et restaure ainsi sa domination sur l'isthme et l'Eubée. Mais en [[243 av. J.-C.|243]], [[Aratos de Sicyone]] s'empare de Corinthe, entraînant la défection de la [[Mégaride]] du côté achéen<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=329-330|loc=tome 1}}.</ref>. Antigone ne réagit pas à la perte de ce maillon essentiel et se contente de faire la paix avec la [[Ligue étolienne]] qu'il encourage à attaquer les Achéens. Lorsqu'il meurt en [[239 av. J.-C.|239]], après quarante ans de règne, la Macédoine n'a pas retrouvé ses positions en Grèce centrale et doit faire face aux deux confédérations puissantes d'Étolie et d'Achaïe<ref>Pour un bilan du règne d'Antigone Gonatas voir {{Harvsp|Will|2003|p=338-343|loc=tome 1}}.</ref>.

=== Démétrios II face aux ligues grecques ===

[[Démétrios II de Macédoine|Démétrios II]] est associé au trône à la fin du règne de son père, [[Antigone II Gonatas]]. Il est déjà un homme mûr quand il accède au pouvoir<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=343-344|loc=tome 1}}.</ref>. En [[240 av. J.-C.]], dès le début de son règne, il doit lutter contre une coalition  des ligues [[Ligue étolienne|étolienne]] et [[Ligue achéenne|achéenne]] qui entrent en guerre contre la [[Royaume de Macédoine|Macédoine]]. Dans le même temps il renforce ses relations avec l'[[Épire]] en épousant [[Phthia]] la fille d'[[Alexandre II d'Épire|Alexandre II]]. Il passe d'une stratégie défensive, forgée par son père, à une stratégie offensive avec pour ambition de reprendre le contrôle de [[Corinthe antique|Corinthe]]<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=345-346|loc=tome 2}}.</ref>. À l'issue de la guerre démétriaque (239-235), il parvient à maintenir les positions macédoniennes face aux Étoliens et aux Achéens, même si ces derniers parviennent à s'étendre dans le [[Péloponnèse]]<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=346-347|loc=tome 1}}.</ref>. Par ailleurs, la chute de la monarchie épirote encourage les Étoliens à attaquer l'[[Acarnanie]] qui appelle à l'aide Démétrios. Celui-ci demande alors aux [[Illyrie|Illyrien]]s d'intervenir<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=351|loc=tome1}}.</ref> : les Illyriens chassent les Étoliens en [[231 av. J.-C.|231]] puis ravagent l'[[Élide]] et la [[Messénie]] ; au retour ils s'emparent de [[Phœnicè]], tandis qu'une autre armée envahit l'Épire. Attaqués par ceux chargés de les aider, les Épirotes se tournent alors vers les Étoliens et les Achéens qui acceptent de leur porter secours. Les Illyriens doivent rappeler leur armée afin de faire face à une menace des [[Dardanie (Balkans)|Dardaniens]]. Les Illyriens obtiennent toutefois avant leur départ un nouveau revirement des Épirotes qui renoncent à l'alliance achéenne et étolienne. En [[229 av. J.-C.|229]], une nouvelle armée illyrienne ravage les cités de la côte épirote, défait une flotte achéenne et étolienne à [[Paxos]] et prend [[Corcyre]] où est placée une garnison illyrienne<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=355|loc=tome 1}}.</ref>. Mais les [[Illyrie|Illyriens]] ont attiré l'attention du [[Sénat romain]] et la [[première guerre d'Illyrie]] se termine en [[228 av. J.-C.|228]] par leur défaite.

Les incursions des Dardaniens n'affectent pas seulement l'Illyrie. Le royaume de Macédoine subit, à la frontière de la [[Péonie]], l'invasion surprise des [[Dardanie (Balkans)|Dardaniens]], une tribu [[Thraces|thraco]]-[[illyrie]]nne. Les Macédoniens sont défaits et Démétrios trouve la mort au combat en [[229 av. J.-C.|229]]<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=353|loc=tome 1}}.</ref>, ouvrant une période d'incertitude. Son fils, le futur [[Philippe V (roi de Macédoine)|Philippe V]], n'est en effet pas en âge de régner, et c'est son cousin, [[Antigone III Doson|Antigone III ''Doson'']] qui exerce la régence<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=359|loc=tome 1}}.</ref>.

=== Antigone {{III}} ''Doson'' et la victoire contre Sparte ===

Cousin de [[Démétrios II (roi de Macédoine)|Démétrios II]], [[Antigone III Doson|Antigone III ''Doson'']] est d'abord désigné [[stratège]] et tuteur (''épitropos'') du jeune roi [[Philippe V (roi de Macédoine)|Philippe V]] qu'il adopte après avoir épousé sa mère, [[Chryséis (mère de Philippe V)|Chryséis]]. En [[227 av. J.-C.]], il reçoit probablement le titre royal<ref name="WILL367">{{Harvsp|Will|2003|p=367|loc=tome 1}}.</ref>. Il met d'abord fin à la menace des [[Dardanie (Balkans)|Dardaniens]], bien qu'il soit probable que la [[Péonie]] septentrionale reste sous leur domination<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=361|loc=tome 1}}.</ref>. Il lance également une offensive en [[Carie (Antiquité)|Carie]] dans le golfe de [[Iasos (ville)|Iasos]]. Les motifs de cette expédition asiatique restent mal connus<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=366-370|loc= tome 1}}.</ref>. Il s’agit sans doute de montrer la puissance maritime macédonienne dans les îles voire de contester l'influence des [[Royaume lagide|Lagides]] car [[Ptolémée III]] soutient encore à cette date la ligue achéenne. Il parvient à étendre son influence sur [[Priène]] et [[Samos]] et à prendre le contrôle de la Carie. Ces territoires cherchent probablement à se prémunir des ambitions d'[[Attale Ier|Attale {{Ier}}]] de [[Pergame]] qui vient de battre le [[Séleucides|Séleucide]] [[Antiochos Hiérax]]. Pour autant la [[Carie (Antiquité)|Carie]] n'a pas été pas l'objet d'une occupation ou d'une administration [[Royaume de Macédoine|macédonienne]] permanentes.

Puis Antigone ''Doson'' restaure de façon magistrale l'hégémonie macédonienne dans le [[Péloponnèse]], où il est appelé à la rescousse en [[224 av. J.-C.|224]] par les [[Ligue achéenne|Achéens]], ses anciens adversaires, qui s'inquiètent des réformes progressistes du roi de [[Sparte]], [[Cléomène III]]<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=365, 371-37|loc=tome 1}}.</ref>. Antigone en profite pour restaurer la [[Ligue de Corinthe]] en regroupant dans une coalition la moitié de la Grèce<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=389-390|loc=tome 1}}.</ref>. Cette confédération, dont il se proclame ''hégémon'', regroupe le royaume de Macédoine, la ligue achéenne<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=380-381|loc=tome 1}}.</ref>, l'[[Épire]], la [[Phocide]], la [[Béotie]], l'[[Acarnanie]], la [[Thessalie]] et l'[[Eubée]]. Il défait Cléomène à la [[Bataille de Sellasie|bataille de Sellasia]] en [[222 av. J.-C.|222]] marquant la fin de la [[guerre de Cléomène]]<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=397|loc=tome 1}}.</ref>. Il entre dans Sparte, qui n'a encore jamais été profanée par un ennemi victorieux. Célébré comme « Bienfaiteur des Grecs » après sa victoire contre Sparte, il meurt de maladie l'année suivante, après une victoire contre les [[Illyrie]]ns<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=398|loc=tome 1}}.</ref>.

=== Philippe V et l'expansion macédonienne ===
{{Article détaillé|Première guerre macédonienne|Deuxième guerre macédonienne}}
[[Fichier:Aegean_Sea_192_BC-fr.svg|vignette|redresse=1.5|Le monde égéen en 192 av. J.-C.]]

Le règne de [[Philippe V (roi de Macédoine)|Philippe V]] est marqué par l'intervention de plus en plus marquée de [[Rome antique|Rome]] dans les affaires du monde [[Époque hellénistique|hellénistique]]. Philippe V est un jeune monarque énergique, qui participe tout d'abord à une guerre entre les [[ligue étolienne|Étoliens]] et les [[ligue achéenne|Achéens]], la [[Guerre des Alliés (220-217)|guerre des Alliés]], qui se termine en [[217 av. J.-C.]]<ref>{{Harvsp|Will|2003||p=72-75|loc=tome 2}}, tome 2.</ref>. En [[215 av. J.-C.|215]], il conclut une alliance avec [[Hannibal Barca]], l'une des plus significatives de l'[[époque hellénistique]]<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=82-83|loc=tome 2}}, tome 2.</ref>, marquant la volonté de combattre un adversaire commun, Rome. Philippe cherche par exemple à occuper l'[[Illyrie]] en profitant des difficultés romaines durant la [[deuxième guerre punique]]. La [[première guerre macédonienne]] se solde par le partage de l'Illyrie entre Rome et la Macédoine en [[205 av. J.-C.|205]] à l'issue du [[traité de Phoenicé]]<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=94-97|loc=tome 2}}, tome 2.</ref>. Philippe V intervient ensuite dans la [[première guerre crétoise]] en menant des opérations de piraterie. À [[Bataille de Ladé (201 av. J.-C.)|Ladè]], au large de [[Milet]], il remporte une victoire navale contre [[Rhodes]]. Il marche ensuite contre [[Pergame]]. La flotte macédonienne est vaincue par une coalition réunissant notamment Rhodes et Pergame à la [[bataille de Chios]] en [[201 av. J.-C.|201]], mettant fin aux ambitions thalassocratiques de Philippe V même s'il tient toujours les détroits [[Mer Noire|hellespontiques]]<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=125|loc = tome 2}}.</ref>. 

En [[200 av. J.-C.|200]], Philippe V se tourne contre Athènes afin de reprendre pied au [[Le Pirée|Pirée]] perdu sous [[Antigone III Doson|Antigone III ''Doson'']]<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=130|loc=tome 2}}</ref>. Pergame et Rhodes viennent en aide aux Athéniens et déclarent la guerre à Philippe V. C'est dans ce contexte que le [[Sénat romain]] décide d’intervenir en lui adressant un premier ultimatum en 200<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=132|loc= tome 2}}.</ref>. Les Romains enjoignent à Philippe de ne s'attaquer à aucun État grec tandis qui lui est fait grief des torts faits auparavant à Pergame. Rome se place désormais en protectrice de la Grèce contre Philippe qui devient l'agresseur. Les opérations de l’armée romaine commencent dès l'automne 200, marquant le début de la [[deuxième guerre macédonienne]], alors que quasiment tous les États grecs s'allient à Rome. Après une première période de conflit indécise, durant laquelle Philippe V mène des opérations en [[Attique]], en [[Thrace]] et sur les Détroits<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=133|loc= tome 2}}</ref>, l'[[armée macédonienne]] est vaincue à [[Bataille de Cynoscéphales (197 av. J.-C.)|Cynoscéphales]] en [[197 av. J.-C.|197]]<ref>{{Harvsp|Will|2003||p=159-160|loc=tome 2}}, tome 2.</ref>. L'année suivante, Rome impose une paix drastique à Philippe V qui doit notamment renoncer à ses places fortes en Grèce et en [[Anatolie]]<ref>{{Harvsp|Will|2003||p=162|loc=tome 2}}.</ref>.

=== Persée et la défaite face à Rome ===
{{Article détaillé|Troisième guerre macédonienne|Quatrième guerre macédonienne}}
[[Fichier:Perseus_of_Macedon_BM.jpg|thumb|Monnaie à l'effigie de [[Persée (roi)|Persée]].]]

[[Persée (roi)|Persée]], fils de [[Philippe V (roi de Macédoine)|Philippe V]], hérite en [[179 av. J.-C.]] d'un royaume dont la cohésion a été renforcée après la défaite contre les Romains<ref>{{Harvsp|Will|2003||p=256|loc=tome 2}}.</ref> : l'armée est réorganisée, les finances reconstituées. Il demande immédiatement au [[Sénat romain|Sénat]] d'être reconnu comme souverain légitime, son frère [[Démétrios (fils de Philippe V)|Démétrios]] proche des intérêts romains, ayant été éliminé, et de renouveler la paix de [[196 av. J.-C.|196]]<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=257|loc= tome 2}}.</ref>. [[Persée (roi)|Persée]] cherche à rétablir en [[Grèce]] l’[[Royaume de Macédoine|hégémonie macédonienne]] alors qu'une [[crise économique]] et sociale frappe notamment la [[Thessalie]] et l'[[Étolie]]. Il utilise cette situation pour lutter contre le parti oligarchique, plutôt pro-romains, au profit d'un « prolétariat » endetté<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=258|loc=tome 2}}.</ref>.

Face à l'essor du royaume de [[Pergame]] sous [[Eumène II]], qui est sorti vainqueur de son conflit contre [[Prusias II|Prusias]] de [[Bithynie]] et [[Pharnace Ier|Pharnace {{Ier}}]] du [[Royaume du Pont|Pont]], Persée se rapproche des [[Séleucides]] : vers [[177 av. J.-C.|177]] il épouse [[Laodicé V]], une fille de [[Séleucos IV]], tandis que sa sœur [[Apama IV|Apama]] épouse Prusias, Persée se rapproche également de [[Rhodes]], inquiet de la nouvelle puissance pergamienne. Il envoie même une ambassade à [[Carthage]]. Cette politique d'alliance inquiète suffisamment le [[Sénat romain]] pour qu'il envoie en [[174 av. J.-C.|174]] une première ambassade en Grèce, mais elle revient sans avoir pu rencontrer Persée. En [[173 av. J.-C.|173]], une nouvelle ambassade arrive en [[Thessalie]] après que les Thessaliens se soient plaints des visées [[Royaume de Macédoine|macédoniennes]], contraignant [[Persée (roi)|Persée]] à réduire son influence sur ce pays. Dans le même temps, Persée conclut une alliance avec la [[Ligue béotienne]].

La lutte contre Rome reprend activement à partir de [[172 av. J.-C.|172]], car [[Eumène II]] de [[Pergame]], fidèle allié des Romains, se sent menacé<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=264|loc=tome 2}}.</ref>. La [[Troisième guerre macédonienne|troisième guerre de Macédoine]] débute en [[171 av. J.-C.|171]] après la déclaration de guerre des Romains. Persée reçoit le soutien de [[Cotys II]], roi des [[royaume des Odryses|Odryses]]. La première grande bataille se déroule en Thessalie près de [[Larissa (Thessalie)|Larissa]] au printemps 171 : Persée manque d'écraser les légions romaines à la [[bataille de Callinicos]]. Une partie des [[Épire|Épirotes]], dont les [[Molosses (Épire)|Molosses]], se rallient alors à Persée. La guerre se déplace ensuite en Illyrie dont le dynaste [[Genthios]] finit par rejoindre la cause de Persée<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=274|loc=tome 2}}.</ref>. L'arrivée en [[168 av. J.-C.|168]] de [[Lucius Æmilius Paullus Macedonicus|Paul-Émile]], un général expérimenté, change la donne. Après avoir débarqué à [[Delphes]], il s'avance vers le Sud de la Macédoine où se déroule la bataille décisive : les [[Phalange (Antiquité)|phalanges macédoniennes]] sont écrasées à la [[bataille de Pydna]]<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=277-278|loc=tome 2}}.</ref>. [[Persée (roi)|Persée]] finit par être capturé par [[Lucius Æmilius Paullus Macedonicus|Paul-Émile]], qui l'emmène à [[Rome]] pour son [[triomphe romain|triomphe]]. Le royaume est alors divisé en quatre républiques placées sous la tutelle de Rome<ref>{{Harvsp|Will|2003||p=279|loc=tome 2}}.</ref>.

La [[quatrième guerre macédonienne]] voit la défaite d'[[Andriscos]], qui se proclame fils de Persée, à la [[Bataille de Pydna (148 av. J.-C.)|seconde bataille de Pydna]] en [[148 av. J.-C.|148]]<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=387-389|loc=tome 2}}.</ref>. La Macédoine devient dès lors une [[province romaine]], la [[Macédoine (province romaine)|Macédoine romaine]]. En [[142 av. J.-C.|142]] un autre aventurier, qui se fait appeler Philippe, suscite une nouvelle insurrection. Vaincu par le [[Questeur (Rome antique)|questeur]] Lucius Tremellius, Philippe est capturé et mis à mort.

== Institutions et administration de la Macédoine antigonide ==

=== Organisation des pouvoirs ===
[[Fichier:Philip V of Macedon.jpg|thumb|Monnaie à l'effigie de [[Philippe V (roi de Macédoine)|Philippe V]].]]

Les Antigonides héritent des structures politiques mises en place par les [[Argéades]]. Le roi, ou ''[[basileus]]'', des Macédoniens (et non de Macédoine du moins officiellement) détient l'autorité suprême au titre de chef de guerre, de grand-prêtre et de chef de l'administration. Il s'appuie sur un Conseil royal<ref name="SEVE73">{{Harvsp|Martinez-Sève|2014|p=73}}.</ref>, le [[Synedrion de Macédoine]], composé des Amis (''philois'') et des principaux généraux. Cette subsistance du Conseil est attestée par [[Tite-Live]] (qui reprend [[Polybe]]) lorsqu'il évoque le règlement des affaires macédoniennes par [[Lucius Aemilius Paullus Macedonicus|Paul Émile]] à [[Amphipolis]] en {{Date|-167}}{{refnec}}

Le pouvoir du roi est tempéré par l'[[Ligue des Macédoniens|Assemblée des Macédoniens]], hypothétiquement détentrice de la souveraineté. Elle est composée de citoyens-soldats et dispose de compétences en matière de succession royale et de justice<ref name="SEVE73"/>. C'est ainsi qu'[[Antigone II Gonatas|Antigone {{II}} Gonatas]] est proclamé par l'Assemblée après sa victoire contre les Celtes en [[277 av. J.-C.|277]]<ref name="will2003" />, ou qu'[[Antigone III Doson|Antigone {{III}} ''Doson'']], alors régent, reçoit le titre royal en [[227 av. J.-C.|227]]<ref name="WILL367"/>. La nomination des régents (''épitropoi'') et des grands administrateurs du royaume (''épimeletai'') suit la même procédure que l'acclamation des rois et réclame la tenue de l'Assemblée.

Contrairement aux monarchies [[Royaume lagide|lagide]] et [[Séleucides|séleucide]], il n'existe pas de culte royal ou de déification des rois dans le cadre d'une idéologie d'État<ref>{{Ouvrage | langue=en | auteur1=Robert M. Errington | titre=A History of Macedonia | éditeur=University of California Press | année=1990 | isbn= | passage=219-220}}.</ref>.

=== Rôle des ''philoi'' ===
Bien que les ''philoi'' (Amis) des rois antigonides soient moins connus que leurs homologues [[Dynastie lagide|ptolémaïque]] et [[Séleucides|séleucide]] du fait d'un manque de source les concernant, ils n'en ont pas moins joué un rôle important dans la politique des rois. Les sources, parcellaires, nous fournissent le nom de plusieurs d'entre eux. On connaît sous [[Démétrios II (roi de Macédoine)|Démétrios II]] un dénommé Autoklès ; pour ce qui est de [[Philippe V (roi de Macédoine)|Philippe V]] treize ''philoi'' l'ont servi dont : Alexandros, Appellès, Chrysogonos, Didas, Hérakleidès, Onomastos ou encore Philoklès ; enfin pour ce qui est du dernier des rois antigonides, [[Persée (roi)|Persée]], on lui connait six ''philoi'' : Andronicos, Evandros, Hippias, Médon, Nikias et Pantauchos.

Les ''philoi tou basileos'' peuvent jouer un rôle important au sein de la monarchie antigonide :
* Ils peuvent servir en tant qu'[[Émissaire|émissaires]] comme c'est le cas d'Appellès et de Philokles qui sont envoyés en ambassade à [[Rome antique|Rome]] sous le règne de [[Philippe V (roi de Macédoine)|Philippe V]], dont le fils [[Démétrios (fils de Philippe V)|Démétrios]] est otage à [[Rome]].
* Ils peuvent servir en tant qu'officiers de haut rang. Ainsi, Alexandros dirige l'aile droite des [[Royaume de Macédoine|Macédoniens]] à la [[Bataille de Sellasie|bataille de Sellasia]] en [[222 av. J.-C.]] puis il est nommé [[gouverneur militaire]] de la cité de [[Philippes ]];
*Chrysogonos commande les troupes royales en [[Thessalie]] en [[220 av. J.-C.|220 ]]; enfin Didas est désigné gouverneur de [[Péonie]] (c’est d'ailleurs lui qui est chargé de mettre à mort [[Démétrios (fils de Philippe V)|Démétrios]] le fils de [[Philippe V (roi de Macédoine)|Philippe V]]).

=== Administration des territoires ===

Le royaume de Macédoine, dont l'administration a été remaniée par [[Philippe II de Macédoine|Philippe II]], est un État national (les Macédoniens forment un corps civique) et un État territorial (les communautés locales, cités ou ''ethnos'', sont autonomes). C'est un territoire relativement réduit et homogène qui intègre aussi des peuples conquis ([[Thraces]], [[Péonie]]ns, [[Illyrie]]ns, etc.). Le territoire est divisé en trois catégories<ref name="SEVE72">{{Harvsp|Martinez-Sève|2014|p=72}}.</ref> :
* Le territoire « royal » : il est exploité au nom du roi ou concédé à des particuliers ;
* Le territoire « national » : il est placé sous l'autorité des communautés civiques ou des ''ethnè'' (« communautés ») comme en Haute-Macédoine ([[Élimée]], [[Lyncestide]], [[Orestide]], etc.) ;
* Le territoire « allié » : il comprend des peuples soumis (Thraces, Péoniens, Illyriens, etc.) non-assimilés, il est placé sous la gouvernance de [[stratège]]s.

Le royaume est divisé en quatre districts ou [[Mérides de Macédoine|mérides]] d'après le découpage effectué par Philippe II ; l'examen des sources numismatiques et épigraphiques montre qu'ils perdurent sous les Antigonides. On distingue les mérides d'[[Amphipolis]], d'Amphaxitide (avec pour capitale [[Thessalonique]]), de Bottiée (avec pour capitale Pella) et de Haute-Macédoine (capitale inconnue)<ref group=N>À l'époque romaine, la capitale est [[Pélagonie|Pélagonia]] en [[Péonie]].</ref>. Ces districts servent de base territoriale pour le recrutement de l'armée. L'existence possible d'un monnayage propre à ces districts supposerait une autonomie financière (incarnés par des ateliers monétaires) et des institutions politiques particulières, mais ces dernières sont mal connues. On suppose que chaque méride dispose d'une assemblée rassemblant tous les Macédoniens de la région, et élit annuellement un stratège dont la fonction est de représenter l'assemblée et le pouvoir central.

En Basse-Macédoine ([[Bottiée]], [[Piérie (district régional)|Piérie]], [[Émathie]]), il existe de nombreuses cités dont les institutions sont comparables à celles du reste de la Grèce. L'urbanisation se poursuit dans la région sous les Antigonides. La Haute-Macédoine est quant à elle plus faiblement urbanisée ; les habitants sont regroupés en communautés villageoises (ou ''ethnè'' )<ref group=N>''Ethnos'' est dans ce contexte souvent traduit en « tribu ».</ref>. En [[Thrace]], le territoire est divisé en associations de villages, les ''[[sympolitie]]s''<ref name="SEVE73"/>. Enfin la [[Thessalie]], « vassalisée » sous le règne de Philippe II, conserve ses propres institutions<ref name="SEVE72"/>.

Les cités disposent d'une autonomie et d'institutions propres, tout en restant fortement liées au pouvoir central à travers des règlements royaux ratifiés par un vote de chaque cité. Le représentant du roi est l’''épistate'' ; celui-ci n'est pas un gouverneur mais un citoyen élu<ref name="SEVE73"/>. Les cités disposent de revenus civiques propres importants. L'épigraphie témoigne à ce sujet de l'existence d'une administration spécialisée dirigée par des magistrats particuliers, les ''tamiai'' (« trésoriers »). La numismatique montre qu'à partir du règne de [[Philippe V (roi de Macédoine)|Philippe V]], les cités de [[Pella (cité antique)|Pella]], [[Amphipolis]] et [[Thessalonique]] peuvent frapper des monnaies de cuivre<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=249|loc=tome 3}}.</ref>.

=== Composition de l'armée ===
[[Fichier:Ancient Mieza, Macedonian tombs of Lefkadia, Tomb of Lyson and Kallikles a72b9b998c2e98a1390dbae9e032ea1c.jpg|vignette|redresse=1.5|Fresque de l'époque hellénistique provenant d'une tombe à [[Imathie]], {{-s-|II|e}}]]

Sous les Antigonides l'[[armée macédonienne]] reste le socle de la royauté, les rois étant acclamés par l'[[Ligue des Macédoniens|Assemblée des Macédoniens]] « en armes » en temps de guerre. La force principale de cette « armée nationale » réside toujours dans la combinaison de la [[Phalange (Antiquité)|phalange]] de [[sarisse|sarissophores]] et de la cavalerie lourde des Compagnons. Le recrutement s'effectue au niveau des [[Mérides de Macédoine|mérides]] (districts) et des cités, de manière que chaque citoyen puisse y contribuer en fonction de ses revenus : les plus riches servent dans la cavalerie, les « classes moyennes » dans la phalange, les plus pauvres dans l'infanterie légère. Chaque foyer envoie le plus apte de ses hommes âgé de 15 à 50 ans, les autres sont incorporés dans des contingents de réservistes. L'entrainement des jeunes recrues s'effectuent dans des gymnases dont [[Philippe V (roi de Macédoine)|Philippe V]] en fait des institutions publiques et civiques<ref name="SEVE73"/>. Il convient de noter que durant la [[troisième guerre macédonienne]], Philippe V doit recruter par défaut des hommes trop jeunes ou trop âgés<ref>Tite-Live, {{XXI}}, 3, 4.</ref>. Les Antigonides font aussi appel à des mercenaires, souvent [[illyrie]]ns, [[celtes]] ou [[thraces]] du [[royaume des Odryses]], ces mercenaires barbares étant meilleur marché que les [[hoplite]]s grecs.
 
L'armement et la tactique ne connaissent pas de grands bouleversements mais des adaptations sont tout de même à noter. D'abord l'équipement et le dispositif des [[Phalange (Antiquité)|phalangites]] (appelés ''chalkaspides'' « boucliers de bronze » comme chez les [[Séleucides]]) s'alourdissent. Les rangs de la phalange peuvent être dans certains cas doublés pour passer de 16 à 32, au détriment de la manœuvre, comme à la [[bataille de Pydna]]. Le port des armures métalliques et des casques enveloppants se généralise tandis que la taille de la [[sarisse]] s'allonge de 5 à {{unité|7.5|m}}. Ces changements, notamment l'allongement de la [[sarisse]], sont destinés à s'opposer avec davantage d'efficacité à d'autres armées de type macédonien, à une époque où le besoin de posséder une [[armée]] efficace contre des troupes flexibles, comme les [[Légion romaine|légions romaines]], ne se fait pas encore ressentir. La phalange, de par cette rigidité, nécessite pour être efficace d'être déployée sur terrain plat comme l'a bien remarqué [[Polybe]]<ref>Polybe, {{XVIII}}, 14.</ref>. Cet alourdissement de la phalange cause finalement sa perte face aux légions romaines à [[Bataille de Cynoscéphales (197 av. J.-C.)|Cynoscéphales]]<ref>* Polybe, {{XVIII}}, 20-26 ; Plutarque, ''Vie de Flamininus'', 8 ; Tite-Live, {{XXXIII}}, 7-10.</ref> et à [[Bataille de Pydna|Pydna]]<ref>Plutarque, ''Vie de Paul-Émile'', 13-23 ; Tite-Live, {{XLIV}}, 32-46.</ref>. 

Un contingent de {{formatnum:2000}} à {{nombre|3000|fantassins}} d'élite constitue la Garde royale (ou ''agèma'') sur le modèle des [[hypaspistes]] ou des [[argyraspides]]<ref group=N>Ils sont appelés [[peltaste]]s par [[Polybe]] et [[Tite-Live]] probablement parce qu'ils utilisent une ''péltê''.</ref>, même si ces derniers disparaissent en tant qu'unité combattante dans l'armée antigonide. Le terme «[[Hypaspistes| hypaspiste ]]» (« porte-boucliers ») ne renvoie en effet à l'époque qu'aux seuls gardes du corps directs du roi<ref group=N>Un hypaspiste est par exemple chargé par [[Philippe V (roi de Macédoine)|Philippe V]] d'aller brûler les archives royales à [[Larissa (Thessalie)|Larissa]].</ref>.

L'équipement des [[peltaste]]s s'alourdit avec l'emploi de casques métalliques et d'un long bouclier ovale hérité des [[Celtes]] (le ''thuréos'') qui remplace le ''peltè''. Ce bouclier a probablement été importé en Grèce par les [[Thraces]] et les [[Illyrie]]ns. Par ailleurs les Antigonides alourdissent l'équipement des [[thuréophore]]s pour en faire des [[thorakitès|thorakitai]], protégés par une [[cotte de mailles]] voire un [[linothorax]]. Sous [[Persée (roi)|Persée]], une unité d'[[infanterie]] a été spécialement formée et équipée pour combattre les [[Éléphant de guerre|éléphants]], employés par les [[Rome antique|Romains]], mais sans succès.

La cavalerie lourde, équipée comme les [[Compagnon (cavalerie)|Compagnons]] du temps d'[[Alexandre le Grand|Alexandre]], est divisée en escadrons (''ilai''). Il y en a 10 à [[Bataille de Pydna|Pydna]], dont la Garde (ou ''agéma''), deux [[Escadron|escadrons]] sacrés et sept escadrons royaux. L'armée compte aussi des cavaliers légers macédoniens ou thraces, des archers montés et des lanceurs de javelots (ou ''akontistes''). Persée a entraîné sa cavalerie à combattre des éléphants à partir de maquettes grandeur nature.

=== Finances du royaume ===

Comme à l'époque des [[Argéades]], le roi est le gardien du trésor de Macédoine et des revenus royaux (''basilika'') qui appartiennent en théorie aux Macédoniens. Les tributs prévus dans les traités accordés aux peuples vaincus sont ainsi dus aux Macédoniens et non au roi. Selon [[Polybe]] et [[Tite-Live]]{{refnec}}, les ''basilika'' comprennent les sources de revenus suivantes :
* les propriétés foncières royales, terres que le roi a annexées au domaine royal lors de la conquête, et qu'il exploite soit directement, notamment grâce à une main d'œuvre servile composée de prisonniers, soit indirectement par un système d'[[affermage]] ;
* les mines de métaux précieux (or et argent du [[Pangée (massif)|Pangée]] par exemple), dont le roi a le monopole, ce qui lui permet de frapper monnaie, un privilège exclusif qu'il conserve jusqu'au règne de [[Philippe V (roi de Macédoine)|Philippe V]]. Ce dernier concède en effet à certaines cités ([[Pella (cité antique)|Pella]], [[Amphipolis]], [[Thessalonique]]) et peut-être aux districts le droit de battre des monnaies de bronze<ref>{{Harvsp|Will|2003|p=249|loc=tome 3}}</ref> ;
* les forêts, dont le bois de charpente est très prisé par les cités grecques pour la construction navale, comme [[Rhodes]] ;
* les taxes portuaires sur le commerce (taxes d'importation et d'exportation).

Le mode d'exploitation de ces différents revenus est le plus souvent l'affermage comme dans l'[[Royaume lagide|Égypte ptolémaïque]]. Tite-Live écrit que les mines et les forêts sont affermées pour une somme fixe sous le règne de Philippe V{{refnec}}. Hormis la terre royale soumise au tribut, la terre en Macédoine est libre : les Macédoniens sont des hommes libres et ne paient pas de taxes sur les terres privées. Il n'existe pas non plus en Macédoine d'impôt extraordinaire en temps de guerre. Même lorsqu'il se trouve en situation financière périlleuse, comme [[Persée (roi)|Persée]] en [[168 av. J.-C.|168]], le roi n'a pas recours à l'impôt mais lève des fonds en empruntant, notamment à ses Amis, ou en augmentant le produit de l'[[affermage]].

== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe=N}}
=== Références ===
{{Références|taille=30}}

== Annexes ==

=== Bibliographie ===
* {{Chapitre |prénom1= Sylvie | nom1=Le Bohec| titre= L'entourage royal à la cour des Antigonides| titre ouvrage = Le Système Palatial en Orient, en Grèce et à Rome. Actes du Colloque de Strasbourg, 19-22 juin 1985, Leuven | éditeur = Pallas |numéro= 62 |date= 1987 |passage = 315-326}}
* {{Chapitre |prénom1= Sylvie | nom1=Le Bohec |titre= Intrigues et soulèvements dans la Macédoine des Antigonides|titre ouvrage= Ancient Macedonia VI. Papers read at the sixth international Symposium held in Thessaloniki |date= 1996 |pages= 679–689 }}
* {{Article |prénom1= Sylvie | nom1=Le Bohec |titre= L'héritier du diadème chez les Antigonides|périodique= Gerión Anejos| numéro = 9 | date= 2005 | pages= 57–70}}
* {{Ouvrage | auteur1=Miltiade Hatzopoulos | titre=L'organisation de l'armée macédonienne sous les Antigonides | éditeur=Meletimata 30 | année=2001 | isbn=}}
* {{Ouvrage| auteur1=Laurianne Martinez-Sève| titre=Atlas du monde hellénistique| sous-titre=Pouvoir et territoires après Alexandre le Grand| lieu=Paris| éditeur=Éditions Autrement| année=2014| pages totales=96| isbn=978-2-7467-3616-0| bnf=43755196}}
* {{HPMH}}
* {{HamMac}}
* {{en}} M. Hatzopoulos, ''Macedonian Institutions Under the Kings'', Athènes, 1996

=== Articles connexes ===
* [[Royaume de Macédoine]]
* [[Généalogie des Antigonides]]
* [[Guerres de Macédoine]]
* [[Guerres des Diadoques]]

=== Lien externe ===
* [http://antikforever.com/Grece/Macedoine/Genea-Antigonide%20b.htm Généalogie des Antigonides]

{{Palette|Histoire du royaume de Macédoine|Histoire des royaumes hellénistiques}}
{{Portail|Grèce antique|monarchie|Monde hellénistique}}

[[Catégorie:Antigonides|*]]
[[Catégorie:Dynastie hellénistique]]
[[Catégorie:Royaume de Macédoine]]