Aller au contenu

Piquetero

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 10 juillet 2022 à 00:44 et modifiée en dernier par Cjazerty1 (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.

José Maria Coccaró, René-Paul Desse et Maria Ines Robiani, « Les territoires de la crise argentine : lecture de géographes », L'information géographique, vol. 67, no 4,‎ , p. 289–306 (DOI 10.3406/ingeo.2003.2908, lire en ligne, consulté le )

Les piqueteros qui manifestent à Buenos Aires, Argentine

Les piqueteros sont des participants de mouvements sociaux apparus en Argentine au cours des années 1990. Le terme est une extension du mot piquete désignant le blocage physique d'axes de communication par des manifestations statiques. Généralement, les piqueteros bloquent les routes par leur présence physique mais aussi par l'emploi de pneus en flammes et d'autres objets servant de barricade.

Dans un premier temps, dans les provinces de l'Argentine, notamment dans les villes de Cutral Có et Plaza Huincul en 1996, c’est dans un contexte de privatisations et de licenciements[1] dans le secteur industriel argentin que les premiers mouvements piqueteros sont apparus, dont officiellement les «puebladas» (mobilisations populaires). Les piqueteros appartiennent à un mouvement protestant contre les mesures néolibérales des gouvernements argentins successifs qui ont engendré un déclin du climat économique et des conditions de vie difficiles pour la population[2]. Les mouvements de piqueteros, mettant en scène des chômeurs réclamant l'octroi de subsides de l'État, se sont développés dans l'ensemble du pays et particulièrement dans les zones périurbaines pauvres de la métropole de Buenos Aires. Ils ont joué un grand rôle dans les événements liés à la crise économique de 2001. Les décès de deux piqueteros, Maximiliano Kosteki et Dario Santillan, assassinés par la police le aux abords du Puente Pueyrredón, une des entrées de la ville de Buenos Aires, ont poussé le gouvernement de Eduardo Duhalde à anticiper les élections présidentielles qui ont vu la victoire de Nestor Kirchner. En plus du décès de ces deux piqueteros, une piqueteros de 25 ans, Teresa Rodriguez, a été tuée par la police le a Plaza Huincul[3]. Un mouvement piquetero porte son nom aujourd'hui en sa mémoire, el MTR (Movimiento Teresa Rodriguez)[4].

Certains mouvements piqueteros travaillent en autogestion indépendamment du gouvernement pour survivre par l'entraide à la crise économique que traverse le pays. Le piquetage (piquetes) ou le blocage de routes (cortes de ruta) par les piqueteros vise à ce que le gouvernement national octroie des planes jefes y jefas de hogar (plans pour les soutiens de famille) qui correspondent à 150 pesos par mois en contrepartie de 20 heures de travail par semaine pour la municipalité ou des entités habilitées par l'État. Une grande partie des mouvements piqueteros ont reçu cette habilitation par la lutte et développent leur propres ateliers de production qui sont parfois autogérés.

La rappeuse d'origine argentine Keny Arkana prend position en faveur des piqueteros dans son morceau Victoria.

Actions contestataires

Blocage de routes

Le nom « piquetero » prend inspiration de l’action principale entreprise pour acquérir plus de visibilité, soit le blocage des routes par des chômeurs brandissant des pancartes. Étant ignorés par les médias, « [c]eux qui organisent les barrages n'ont pas d'autre solution, pour gagner en visibilité et ouvrir des espaces de négociation, que d'exposer leur propre corps sur les routes », comme expliqué par Pereyra et Svampa[5]. Ils obtiennent ainsi une attention et une représentativité, leur voix devenant entendue mondialement[5]. Cette méthode d’action perturbatrice semble plus efficace et donner plus de résultats que les marches populaires habituelles, car les indigents interagissent ainsi directement avec les autres acteurs concernés[6]. Par ailleurs, les barrages sont sur des routes et endroits de circulation clés, par exemple la route nationale no 3 reliant la capitale fédérale avec la province de Buenos Aires et la Patagonie[6] , ou devant des bureaux gouvernementaux[6]  ou des lieux-clés de Buenos Aires comme La Plaza de Mayo[7].

Voir aussi

Lien externe

Bibliographie

  • Andro Juliette, Changer le monde à domicile: l'exemple du Movimiento de Trabajadores Desocupados de la Matanza, Mémoire de fin d'études, Sciences-Po Rennes, 2007
  • Alexandra Guité, L’action collective en argentine répertoires, héritages et traditions politiques les piqueteros, Mémoire de maîtrise (science politique), Université du Québec à Montréal, 2006, 163 pages 
  • Graciela, Hopstein, « Piqueteros : Limites et potentialités » dans Multitudes, vol. 4, no. 14, 2003, p. 155-163 dans Cairn, http://www.cairn.info/revue-multitudes-2003-4-page-155.htm (page consultée le )
  • Prevot-Schapira et Marie-France, « De l'usage de la fragmentation urbaine en Amérique latine (vue de Buenos Aires) (About the use of urban fragmentation in Latin America, a view from Buenos Aires) » dans Bulletin de l'Association de géographes français, no. 4, 2005, p. 483-495 dans Persée, http://www.persee.fr/doc/bagf_0004-5322_2005_num_82_4_2481 (page consultée le
  • Svampa, Mariella et Pereyra, Sebastian. « Les dimensions de l'expérience piquetera : tensions et cadres communs dans l'organisation et la mobilisation des chômeurs en Argentine » dans Tiers-Monde, vol. 45, no. 178, 2004, p. 419-441 dans Persée, http://www.persee.fr/doc/tiers_1293-8882_2004_num_45_178_5895 (page consultée le

Références

  1. Marie-France Prevot-Schapira, « De l'usage de la fragmentation urbaine en Amérique latine (vue de Buenos Aires) (About the use of urban fragmentation in Latin America, a view from Buenos Aires) », Bulletin de l'Association de géographes français, vol. 82, no 4,‎ , p. 483–495 (DOI 10.3406/bagf.2005.2481, lire en ligne, consulté le )
  2. Alexandra Guité. L’action collective en argentine répertoires, héritages et traditions politiques les piqueteros, Mémoire de maîtrise (science politique), Université du Québec à Montréal, 2006, 163 pages. 
  3. (es) « A diez años del asesinato de Teresa Rodríguez no se sabe quién disparó », sur Pagina 12,
  4. (es) « MTR: 20 años de lucha por trabajo, dignidad y cambio social », sur Que Digital,
  5. a et b « Les dimensions de l'expérience piquetera : tensions et cadres communs dans l'organisation et la mobilisation des chômeurs en Argentine », Tiers-Monde, vol. 45, no 178,‎ , p. 419–441 (DOI 10.3406/tiers.2004.5895, lire en ligne, consulté le )
  6. a b et c Graciela Hopstein, « Piqueteros : limites et potentialités », Multitudes, vol. no 14, no 4,‎ 0000-00-00, p. 155–163 (ISSN 0292-0107, lire en ligne, consulté le )
  7. José Maria Coccaró, René-Paul Desse et Maria Ines Robiani, « Les territoires de la crise argentine : lecture de géographes », L'information géographique, vol. 67, no 4,‎ , p. 289–306 (DOI 10.3406/ingeo.2003.2908, lire en ligne, consulté le )