Mouvement national des chômeurs et précaires
Le Mouvement national des chômeurs et précaires est une association française de défense des chômeurs créée en 1986. Elle regroupe aujourd'hui une quarantaine d'associations locales, qui fonctionnent comme des maisons de chômeurs, accueillant des demandeurs d'emploi et leur proposant des services. Ces associations mènent plusieurs missions : défense des droits individuels et accès à la citoyenneté des chômeurs, soutien à leur recherche d'emploi, mais aussi organisation d'activités économiques relevant de l'économie solidaire. Sa présidente est Chantale Gauthier (depuis ).
Historique
Le Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP) trouve ses origines dans le Syndicat des chômeurs fondé en 1982 par Maurice Pagat, chômeur de longue durée. En 1984, la première Maison des chômeurs est créée à Paris, rue de la Fontaine-au-Roi.
Elle inspirera le fonctionnement des associations du MNCP, associant déjà services aux demandeurs d’emploi et activités militantes. Le , le Syndicat des chômeurs organise une première manifestation nationale à Paris. 5 000 à 7 000 personnes viennent de toute la France[réf. nécessaire], malgré les difficultés financières et l’absence de soutien des médias. En 1986, Maurice Pagat crée à Bais, en Mayenne, un « centre d’expérimentation sociale » en milieu rural. Des chômeurs sont embauchés en « Tuc » pour la culture de produits fermiers. Premier essai, ancêtre des activités du MNCP dans le domaine de l’économie sociale et solidaire. La même année voit naître le Mouvement national des chômeurs et précaires réunissant le Syndicat national des chômeurs (surtout basé à Paris) et des associations de chômeurs dispersées dans toute la province. Les revendications qui ont traversé l’histoire du mouvement sont déjà là : présence des associations de chômeurs partout où leurs intérêts sont en jeu; instauration d’un revenu minimum équivalent à 2/3 du Smic (le RMI n’existe pas encore); promotion d’un partage plus juste du travail et des revenus, notamment par le passage aux 35 heures; création d’une économie alternative créatrice d’emplois socialement utiles.
Développement, crise et refondation
En 1987 a lieu à Bais une première rencontre européenne d’organisations de chômeurs. Neuf pays sont représentés. En 1988, les premiers « États généraux du chômage et de l’emploi » ont pour ambition d’associer toutes les forces sociales concernées : chercheurs, travailleurs sociaux, chômeurs. La dominante intellectuelle décourage certains : beaucoup de matière grise… mais peu de changements.
1992 est une date charnière. Le mouvement manque de s’effondrer par manque de moyens et en raison de divisions internes. Quand Maurice Pagat envisage de dissoudre le mouvement, il rencontre une résistance de la majorité des membres du bureau. Une Assemblée générale de refondation est convoquée tandis que Maurice Pagat prend ses distances. Les statuts donnent davantage de place aux associations locales, une charte est rédigée, dont l’essentiel figure aujourd’hui encore sur la carte d’adhésion. Le syndicat national des chômeurs quitte la fédération. Cependant, jamais le MNCP ne reniera son héritage.
En 1993, des syndicalistes de différentes fédérations (dont Sud et la CFDT ANPE) proposent à différentes organisations de se fédérer pour prendre des initiatives communes contre le chômage. C’est le démarrage d’AC « Agir ensemble contre le chômage ». Le MNCP est sollicité et devient partie prenante. Une marche nationale vers Paris se déroule au printemps 1994. Jean Desessart, un des animateurs d’AC, sera le premier permanent salarié du MNCP.
Parti de la « CGT chômeurs » de Marseille, suscité par la réduction des fonds sociaux des Assedic, un large mouvement de chômeurs se développe durant l’hiver 97-98[réf. nécessaire]. AC, MNCP, CGT chômeurs et APEIS (Association pour l'emploi, l'information et la solidarité des chômeurs et des précaires) travaillent main dans la main et obtiennent un contact direct avec le gouvernement. Celui-ci tarde à réagir mais finit par relever les minima sociaux et par mettre en chantier une loi contre l’exclusion[réf. nécessaire].
Dans la foulée, un mouvement européen s’ébauche avec les marches d’Amsterdam, de Cologne et les rassemblements de Bruxelles[réf. nécessaire]. Le MNCP sera également présent aux Forums sociaux européens de Paris, de Londres et d’Athènes. En 2004, la rentrée dans leurs droits des « recalculés » permet l’indemnisation de milliers de personnes[réf. nécessaire].
En 20 ans, au milieu de la montée permanente du chômage et de la précarité, le mouvement considère n’avoir pas réussi à inverser la tendance, ni à créer avec ses partenaires un grand mouvement de chômeurs. Le déficit de dialogue et de collaboration persiste avec des syndicats dont la majorité s’arroge la représentation exclusive des chômeurs, en contradiction avec la réalité.
Maurice Pagat, fondateur du MNCP, l’a quitté en 1992 pour fonder le réseau Partage. À sa mort en 2009[1],[2],[3], le MNCP a repris sa lettre : "Revue Partage"[4]
Bibliographie
- Chantal Gautier et Joseph Boudaud, «Les 20 ans du Mouvement national des chômeurs et précaires», ceras, Le logement social, n° 294, , Projet.
Chantal Gautier et Joseph Boudaud sont anciens membres du Conseil d’administration du MNCP (17 rue de Lancry 75010 Paris). Ce texte reprend « l’évocation à deux voix » proposée à Clermont-Ferrand, en , lors de la célébration des 20 ans du mouvement. C’est le témoignage personnel de militants, « fiers d’avoir contribué à le construire »
Notes et références
- Décès de Maurice Pagat le 19/03/2009, "Le fondateur des maisons des chômeurs est mort début mars à 81 ans. Maurice Pagat, créateur du syndicat des chômeurs en 1982, avait dès 1984 créé la première maison des chômeurs dans le quartier de la Fontaine-au-Roi (Paris XIe), une expérience qui a duré deux ans, avant qu'il ne la reprenne un peu plus tard à Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis)... Dans la foulée de la création de la première expérience d'un nouveau lieu de représentation et de prise en charge des chômeurs par eux-mêmes, il est aussi à l'origine de la fondation du MNCP (Mouvement national des chômeurs et précaires) en 1986. Le mouvement des maisons des chômeurs s'est ensuite développé avec les marches qui ont eu lieu un peu partout en Europe au milieu des années 90. En France, de nombreuses maisons des chômeurs ont localement mis en œuvre des initiatives d'économie solidaire : mise en commun d'épargne pour créer de l'activité, jardins partagés, auto-production. Maurice Pagat a été aussi l'animateur inlassable de la revue Partage, qui se voulait un lieu de débats sur des thèmes touchant au chômage, à l'exclusion et à l'économie solidaire." Portail de la revue Territorial
- dernier hommage à un homme d'exception décédé le 2 mars 2009 à l'âge de 81 ans Publié par Fanga sur huffingtonpost.fr
- Le fondateur de la Maison des chômeurs, est mort Publié par La Croix
- Hommage à Maurice Pagat, par Denis Clerc, "périodique mettant à la disposition de tous des articles ou des extraits de rapports sur les questions d'emploi, et dans lequel des intellectuels de haute volée, comme André Gorz ou Jean-Baptiste de Foucauld, se sont exprimés.", revue Alternatives économiques
Annexes
Articles connexes
- Jean Desessard, Permanent du MNCP de 1994 à 2000
- Maurice Pagat, fondateur du Mouvement national des chômeurs, dont le nom s'est enrichi ensuite d'un "et des précaires", MNCP
- AC!
- Solidarités nouvelles face au chômage
- Mouvement des chômeurs