Fichier:Le Génie du Lac des Deux-Montagnes.jpg

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Description

Description
Français : Représentation d'une légende amérindienne par le sulpicien Arthur Guindon, vers 1920.
Date
Source Photo d'une oeuvre d'Arthur Guindon, peintre (vers 1920) selon la notice de l'exposition au vieux séminaire de Montréal, 2017.
Auteur Guindon, Arthur (1864 – 1923) - Artiste-Artisan
Lieu de la prise de vue45° 30′ 16,15″ N, 73° 33′ 23,72″ O Kartographer map based on OpenStreetMap.Voir cet endroit et d’autres images sur : OpenStreetMapinfo

ref Répertoire du patrimoine culturel du Québec: Peinture (Le Génie du Lac des Deux-Montagnes)

Poème associé:

LE GÉNIE DU LAC DES DEUX-MONTAGNES

Les Secrets du Lac.

Sauvage lac des Deux-Montagnes,
O mobile image du temps,
Du ciel, des paisibles campagnes
Comme des furieux autans !
Dès qu'une hirondelle la touche
Du bout de son aile, en passant,
Ton eau lui sourit d'une bouche
Dont brillent les lèvres d'argent.
Par les soirs calmes, tout l'espace
Avec ses astres au plafond,
Sous ton invisible surface
Se reproduit vaste et profond.
Le couchant, rouge de nuages,
Te pave aussi de ses splendeurs.
D'autres fois tu bats tes rivages
Avec de mystiques fureurs.
Mais, le croirait-on, la tempête
Qui te soulève avec transport,
Fait la garde autour d'une fête
Et tient les curieux au bord,
Que cache-t-elle aux yeux profanes? — De pittoresques rendez-vous
Fêtés au son des chichigouanes (1)
Et qu'enchantent les manitous.

La Barque-à-Rivot.

Au large, voyez-vous ces roches désolées
Que voile un peu l'embrun des flots,
Où la mauve (2) s'endort entre deux envolées,
Loin de la route des canots ?
L'onde en est à peine tachée ;
Elles forment pourtant l'îlot
Dont par l'esprit du lac la paix est recherchée
Et qu'on nomme Barque-à-Rivot.
Deux affûts en cailloux y veillent sans sourire
D'un seul brin de mousse aux vivants.
Le sol pierreux y siffle et la vague y soupire,
En réponse aux baisers des vents.
Aux mois des feuilles purpurines,
Des rayons tièdes et doreurs;
Lorsque aux aurores les collines
Disputent l'éclat des couleurs,
Hérons, canards, râles, sarcelles,
Y vont bécoter le fretin
Et se faire casser les ailes
Avec des perles de satin.
Or, quand la vague se balance
Et bruyamment en fait le tour,
Noire et pleine de violence,
Du rendez-vous c'est le retour.

Apparition du Génie.

Voici que la tempête lève
Sa panne sombre à l'horizon;
La vague saute sur la grève
Et retombe dans sa prison;
Les joncs lui fouettent la crinière;
Elle court, l'écume aux naseaux;
Le nuage éteint la lumière
Qui scintillait sur les roseaux.
C'est l'heure où des replis de l'onde,
Emerge un manitou narquois,
Un être au buste d'Iroquois,
Et dont la face rubiconde,
Aux yeux noirs, au nez aquilin,
Au sourire amusé, câlin,
A pour sourcils deux longues plumes.
On écoute, on soupire,
On s'émeut, on délire
De joie et de bonheur; on regarde, et bientôt
On vole à tire d'aile
Au divin philomèle
Sur son île enchantée.
A chaque instant, le flot
Y jette la barbotte,
Le wawaron, la lotte.
Laquaîche aux yeux de lune, achigans et brochets.
Achalandent la grève;
D'une vague qui crève
S'élancent, tout en feu, perchaudes et crapets.
Autour du dieu s'assemblent
Gens qui ne se ressemblent
Ni d'aspect, ni de moeurs : harmonieux conflit
De couleurs, de figures,
De tailles, d'encolures :
D'un beau caprice en l'art la règle s'accomplit.
Vocalises, ramages,
Trilles, cris, babillages,
Soutiennent du roseau les modulations;
Et l'oreille, ravie,
Goûte une symphonie
Où se mêlent d'accord la flûte et les chansons.
Martin-pêcheur prend la crécelle
Rat-musqué son aigre sifflet
Wawaron le violencelle,
Pluvier, bec fin, le flageolet
t'artiste grenouille s'entête
A marteler son trémolo;
Et du ciel où court la tempête
Tombe l'intermittent solo
De maints huards à voix flutée
Des milliers d'ailes vannent l'aii
Sous la sombre voûte bleutée
Où griffonne en courant l'éclair
Et puis cent troupes élégantes
De ces petits musiciens
Aux fines ailels transparentes,
Coureurs de bals aériens,
En sonnant de leurs chanterelles
Désertent l'abri du caillou
Et vont, sonores étincelles,
Flaire leur cour au manitou.
Vlaringouins, mouches et moustiques
Plus légers que des feux follets
Et jouant tous de leurs musiques
Dansent en rond de fous ballets.
Leur svelte soeur et leur émule
Au long corsage velouté,
La demoiselle libellule,
Arrive en volant de côté;
Et triste, la fleur du rivage
Qu'un papillon baise en partant,
Semble accuser d'être volage
Le coeur de son poudreux amant.
Or, sur l'îlot, la mélopée,
Pour eux, s'exhale en quarts-de-tons :
Fine dentelle découpée
Dans les rumeurs des aquilons,
Dans les airs du vent que tamise
Le pin, cette lyre des dieux.

Et jamais cet art ne s'épuise

Du vif l'air passe au langoureux,
Charme l'oreille des barbues
Eprises de rythme indolent,
Et règle à ravir des tortues
La ronde au pas rétif et lent.
Bien plus, merveille ! des gébies
Dont on ignore les tombeaux,
Montrent leurs- faces de harpies.
Le vent agite les lambeaux
De leurs tuniques, et des larmes
Humectent leurs yeux desséchés :
La flûte a percé de ses charmes
L'ombre où ces morts dormaient couchés.
Les voilà sortis de la terre,
Rêvant au pays des aïeux;
Ils sont heureux, par quel mystère?
Le bonheur semblait si loin d'eux!
Ils tirent des sons d'allégresse
Des chichikoués, des tambourins :
Par une poétique ivresse
Oka dissipe leurs chagrins.

Convocation des manitous.

Mais voici que se tait la flûte,
Et le génie entonne un chant ;
C'est par un appel qu'il débute.
Le lac s'émeut à son accent.
"Esprits de l'eau, des bois sonores,
"Qui chevauchez dans le ciel bleu,
"Sur la croupe des météores,
"Tenant leurs crinières de feu,
"Venez : l'étendard de la pluie
"Se déroule, noir, dans le vent;
"Venez, enfants de l'harmonie:
"C'est le pathétique moment;
"Le soleil luit sur cette plage
"Qu'environnent les tourbillons :
"Derrière un épais mur d'orage,
"Venez jouer dans ses rayons."
Ce chant ému se mêle au lacustre murmure,
Aux éclats de la foudre, au refrain de l'oiseau;
Puis le barde finit son hymne à la nature,
Et, de rechef, ses doigts courent sur le roseau.
Sa muse de trois soeurs est à l'instant suivie:
Trois manitous qu'anime un souffle du désert,
Chantent ce qu'ils ont vu dans leurs mille ans de vie.
Muse, oh! répète-nous leur sauvage concert!

Chant du Nibanabègue.

"Le gouffre est mon palais, avec l'onde je coule,"
Reprend Nibanabègue; "au plus profond de l'eau,
"S'endort, à mon côté, le serpent qui se roule
"Et forme l'arc-en-ciel de son immense anneau."
"Jadis à Métouak (1), la grande île marine
"Dont Chémanitou (2) fit sa table de travail,
"Je l'ai vu façonner un monstre dont l'échiné
"Noircissait- du levant l'éblouissant émail."
"Avant que son auteur lui fît octroi d'une âme,
"Et s'enfermât trois jours dans ses flancs ténébreux,
"Quand le roi des serpents, pour assouvir sa rage,
"Engloutit les forêts, les montagnes sous l'eau,
"Je contemplai Missou, le divin, le très sage,
"Des bêtes entouré, flottant sur un radeau."

Chant de l'Imakinac.

"Et moi qui suis tombé des étoiles sublimes,
"Des chutes je suis rame", entonne Imakinac;
"J'aime les bois rêveurs, les rochers, les abîmes,
"L'anfracture sonore où mugit un ressac."
"Je suis le confident des brises, du mystère;
"J'habite avec le songe et les illusions,
"Dans la grotte où se glisse une pâle lumière
"Par la fente qui baille et parle aux aquilons."
"Ma race a pour séjours Québec, le cap Tourmente,
"Tous les Niagara, le Saguenay, le Bic,
"Oka, les Rochers-Peints où l'onde se lamente,
"Et, sur l'Abbitibbi, le Sassinanabic."
"Lorsque le grand Missou, délivré du Déluge,
"Fit tisser des filets aux premiers Indiens,
"Michillimakinac fut leur plus doux refuge,
"Et du site enchanteur nous fûmes les gardiens."
"C'est là qu'on nous offrait sous la lune sereine
"Qui par solennité, ralentissait le pas,
"Les calumets, le chants les grains de porcelaine,
"Les prières, les voeux, les mystiques repas."

Chant du Poukouaginin.

"Je chéris les sommets calcinés par la foudre,
"Balayés par les vents", dit Poukouaginin,
"La grêle qui crépite et l'eau qui vole en poudre,
"Et les nuages d'or qui voilent le matin."
"J'admire les bouleaux tordus par la tempête,
"Les cèdres rabougris suspendus au rocher;
"J'aime des plus grands monts à parcourir la crête,
"Et, sur le bord croulant du gouffre, à me pencher."
"J'aime l'escarpement où l'aigle fait son aire,
"D'où l'écho se détourne en poussant des clameurs;
"Le sommet nu, levant sa face solitaire
"Et que jamais printemps ne couronna de fleurs."

Fin du concert.

Ainsi, dans le grand lac, loin des causes d'alarme,
Tant que les éléments se montrent en courroux,
Tant que rage le vent et que dure le charme,
Tant que le veut Oka, chantent le manitous,
Le tonnerre se tait, l'obligeante tempête
Déchire ses rideaux, calme son hurlement :
Le soleil reparaît; à partir on s'apprête;
Sur un signe d'Oka cesse l'enchantement.
"Les calumets, le chants les grains de porcelaine,
"Les prières, les voeux, les mystiques repas."
"Pour y mettre la vie en allumant la flamme,
"Mon belvédère était le rebord de ses yeux."

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dépeint

1 janvier 1920Grégorien

45°30'16.153"N, 73°33'23.724"W

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