Français : Gravure au trait de Charles Normand reproduisant "Edwy et Elgiva", tableau d'histoire présentée au Salon de 1812 par Elizabeth Harvey. Reproduit dans les Annales du musée et de l'école moderne des beaux-arts sous le titre "Edwin et Elgiva", accompagné du commentaire suivant de Charles-Paul Landon (p. 29-30)

"Edwin, petit-fils d'Alfred-le-Grand, monta sur le trône à l'âge de 18 ans, en 953. Elgiva, jeune princesse du sang royal, ayant fait une vive impression sur le cœur du jeune roi, il l'épousa quoiqu'elle fût sa parente, malgré l'avis de ses anciens conseillers. Le jour de son couronnement, la noblesse s'était rassemblée dans une grande salle où elle s'abandonnait aux excès de la table, lorsqu'Edwin, attiré par des plaisirs plus doux , alla trouver la reine dans l'appartement de sa mère. Il s'y livrait aux sentimens que lui inspirait Elgiva, lorsque Dunstan, accompagné de l'archevêque de Cantorbéry, força l'appartement où était la reine, et l'injuria en l'arrachant des bras d'Edwin, qu'il accabla de reproches insultants.

Nous ignorons quelle chronique a fourni à l'artiste cette tradition, qui peut-être est exacte ; mais il en existe une autre bien différente, plus vraisemblable, et plus conforme au caractère connu de S. Dunstan  : «  Edwin étant monté sur le trône , et scandalisant ses sujets par ses déréglements, Dunstan lui parla plusieurs fois avec la liberté d'un homme apostolique. Il poussa un jour la fermeté jusqu'à entrer dans une chambre où le roi s'était renfermé avec une de ses concubines, et l'emmena de force. Le roi, excité par cette femme, envoya en exil ce saint archevêque, qui se retira en Flandres, mais sa disgrâce ne fut pas de longue durée. » (Dict. histor.)

De quelque côté que soit la vérité historique, elle importe peu pour le mérite du tableau sous le rapport de l'exécution. Cette exécution n'est pas très-forte, et le dessin est un peu grêle , mais ces imperfections sont en partie compensées par la douceur des caractères et la grâce de l'ensemble. Edwin a déposé aux pieds d'Elgiva son sceptre et sa couronne, cette idée est admissible dans un sens figuré, mais présentée dans un tableau, c'est-à-dire dans le sens absolu, nous la croyons peu digne et même inconvenante."