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Communalisation

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La communalisation est un terme introduit par Max Weber dans Économie et société en 1920. Il désigne « une relation sociale basée sur un sentiment d'appartenance, telle que la famille ou la nation »[1].

Définition

La notion de communalisation (ou communautisation) va de pair avec la notion de sociation (ou sociétisation). Ces deux notions se distinguent de la différence entre communauté et société établie par Ferdinand Tönnies. Communauté et société sont deux sortes d'organisations sociales qui se succèdent historiquement. Pour Max Weber, communalisation et sociation sont des "logiques de relations sociales" présentes dans toutes les sociétés indépendamment de la période historique. Max Weber utilise le terme de communauté indépendamment du type de relation sociale qui l'anime. Ainsi, une communauté peut relever de la communalisation ou de la sociation selon sens que les individus attribuent à leur action dans ce groupe. Là où la communalisation est la relation sociale basée sur « le sentiment subjectif d'une appartenance commune (d'ordre affectif ou traditionnel). »[2]. Tandis que la sociation désigne un groupe d'individus ayant choisi délibérément de s'associer autour d'intérêts partagés[1], à l'instar un parti politique[3].

Usages

La sociologue Danielle Juteau utilise ce concept présente l'avantage de ne pas être statique, contrairement à celui de communauté, évitant ainsi « le substantialisme et l’homogénéisation des catégories »[4]. Elle l'utilisation avec la définition suivante : « Enracinée dans un rapport inégalitaire, la communalisation est un processus par lequel des personnes orientent mutuellement leurs comportements, en vue d’une action collective motivée par des intérêts matériels ou idéels. ». Elle l'a mobilisée dans son étude sur la comparaison des canadiens francophones de l'Ontario et de ceux du Québec. Dans ce cas, la notion de communalisation évite de prendre la communauté comme une donnée, et d'étudier « l’élaboration d’une définition du groupe ethnique basée sur la croyance en des ancêtres communs, réels ou imaginés […] [dans] une compréhension constructiviste et relationnelle du phénomène. »[5].

Autre sens

Bibliographie

  • Danielle Juteau, L'ethnicité et ses frontières, Presses de l'université de Montréal, 1999, p. 43-46 [1], [2]

Notes et références

  1. a et b Catherine Colliot-Thélène, La sociologie de Max Weber, , 128 p. (ISBN 978-2-7071-7825-1 et 2-7071-7825-X, OCLC 892179492, lire en ligne), p. 101
  2. Max Weber, Élisabeth Kauffmann (éditrice et traductrice) et Catherine Colliot-Thélène (éditrice et traductrice), Les communautés, Paris, La Découverte, , 316 p. (ISBN 978-2-348-04188-4 et 2-348-04188-X, OCLC 1099293200, lire en ligne), p. 29
  3. Michel Offerlé, Les partis politiques, Presses Universitaires de France, (ISBN 978-2-13-080390-4 et 2-13-080390-3, OCLC 1043711780, lire en ligne)
  4. Danielle Juteau, « "Nous" les femmes : sur l'indissociable homogénéité et hétérogénéité de la catégorie », L'Homme et la société, nos 176-177,‎ , p. 65-81 (ISSN 0018-4306 et 2101-0226, DOI 10.3917/lhs.176.0067, lire en ligne, consulté le )
  5. Félix Deslauriers, « L’ethnicité et ses frontières, de Danielle Juteau, Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2015 [2e éd., rev. et mise à jour], 306 p. », Politique et Sociétés, vol. 36, no 1,‎ , p. 141–144 (ISSN 1203-9438 et 1703-8480, DOI 10.7202/1038769ar, lire en ligne, consulté le )