Ballooning

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Araignée Xysticus audax émettant un « fil de la vierge ».

La technique du ballooning (« montgolfière ») est un moyen de locomotion aérienne des araignées juvéniles ou d'espèces d'araignées adultes suffisamment petites et légères, dites araignées-montgolfières. Le ballooning assure principalement leur dispersion et représente une part importante du plancton aérien.

Historique

« Fils de la Vierge » déposés sur de l'herbe.

Bien que ce phénomène soit connu depuis l'époque d'Aristote, les premières observations précises ont été publiées par l'arachnologue John Blackwall en 1827[1].

Plusieurs études ont depuis permis d'analyser cette technique.
Ce phénomène de transport passif (on ne peut ainsi parler de vol stricto sensu) permet d'échapper à un danger, de franchir des obstacles, de coloniser de nouveaux milieux et d'élargir leurs territoires de chasse. Cette technique permet d'atteindre des hauteurs considérables, des araignées ayant été observées sur des ballons sondes et à des altitudes de cinq kilomètres[2]. Les araignées-montgolfières font même partie des espèces pionnières qui colonisent de nouveaux territoires ou reconquièrent un biotope perturbé, après un incendie, une inondation ou une éruption volcanique[3]. Il n'est cependant pas sans risque, les araignées pouvant être mangées par des prédateurs aériens (oiseaux, chauves-souris) ou retomber dans des endroits hostiles (rivière, lac)[4].

Technique

Les araignées qui pratiquent le ballooning grimpent sur un point haut (branche, mur, etc.), se dressent sur leurs huit pattes, puis pointent leur abdomen vers le ciel et éjectent un réseau de fines soies jusqu'à ce que le frottement de l'air sur le fil soit assez grand pour qu'elles soit soulevées dans les airs et emportée par la brise ou le vent. Le champ électrique statique de la Terre peut également assurer la portance dans des conditions sans vent[5]. C'est ce qu'on appelle l’aérostation, modélisée mathématiquement par une équipe du laboratoire britannique Rothamsted Research. Le modèle antérieur dit Humphrey model ne pouvait prédire ou expliquer que des « vols » d'araignées jusqu'à 200 mètres du point de départ, alors que Charles Darwin avait recueilli sur son navire (le Beagle), de telles araignées-montgolfière à plus de 100 km au large des côtes sud-américaines [6]. Des araignées volantes, notamment chez les Linyphiidae, peuvent ainsi se laisser dériver sur plusieurs centaines de kilomètres y compris au large, en pleine mer, des espèces d'Orsonwelles ayant été observées à plus de 1 600 km des côtes[7].

Ce phénomène s'observe en toute saison mais pour les juvéniles principalement en automne et au printemps, saisons d'émergence des cocons qui voient les jeunes araignées se disperser en cohorte au même moment et pour le adultes en été et an automne, les courants ascensionnels présents pendant les journées ensoleillées de ces saisons étant favorables à ce type de locomotion[8].

Légendes

La Vierge et sa quenouille.

Comme les araignées ne consomment pas le fil qu’elles laissent traîner derrière elles, il est courant de retrouver ces longues soies accrochées à la végétation ou aux vêtements et qui sont rendues bien visibles par la rosée. Ces « fils de la Vierge » ou « fils Notre-dame » sont l'objet de plusieurs légendes : la Vierge Marie, pendant le sommeil de Jésus-Christ, tisserait les fils de sa quenouille pour réaliser le linceul de morts miséreux ou les laisse s’éparpiller dans l’air, pour rendre plus chaud l’hiver le nid des oiselets[9].

La légende des cheveux d'ange (en), retrouvés à la suite d’observations ou de survols de la part d’OVNI ou de manifestations de la Vierge Marie, peut s'expliquer par des cocons qui se dévident dans l'air ou ces filaments d’araignée-montgolfières qui s’accrochent sur différents obstacles ou tombent à terre[10].

Une superstition veut que lorsqu'une « money spider » (« araignée de l'argent ») atterrit sur une personne par son « fil de la Vierge » qui s'est accroché au tissu, elle lui porte chance ou richesse, en référence probable à l'ancienne prospérité des tisserands[11].

Notes et références

  1. (en) E. Duffey, « Aerial dispersal in a known spider population », Journal of Animal Ecology, no 25,‎ , p. 85
  2. (en) Greenstone, M.H.; Morgan, C.E. and Hultsh, A.-L, « Ballooning spiders in Missouri, USA, and New South Wales, Australia: Family and mass distributions », The Journal of Arachnology, no 15,‎ , p. 163–170 (lire en ligne)
  3. (en) Crawford, R. L., Sugg, P. M. 86 Edwards, E. S., « Spider arrival and primary establishment on terrain depopulated by volcanic eruption at Mount St. Helens », American Midland Naturalist, no 133,‎ , p. 60-75
  4. (en) Ellen René, Investigating Spiders and Their Webs, The Rosen Publishing Group, , p. 13
  5. (en) Peter W. Gorham, « Ballooning Spiders: The Case for Electrostatic Flight », 18 septembre 2013
  6. (en) « Leap forward for 'flying' spiders », sur BBC News,
  7. (en) G Hormiga, « Orsonwells, a new genus of giant linyphild spiders (Araneae) from the Hawaiian Island », Invertebrate Systamatics, vol. 16, no 3,‎ , p. 369–448 (DOI 10.1071/IT01026)
  8. Araignées. Locomotion aérienne
  9. Georges Dubosc, Les fils de la Vierge, Journal de Rouen du 17 septembre 1899
  10. (en) Evelyn Dorothy Oliver, James R. Lewis, Angels A to Z, Visible Ink Press, , p. 18
  11. (en) Peter Marren, Richard Mabey, Bugs Britannica, Random House UK, , p. 110

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes