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La passion du roman

1. Histoire/Roman

A pour vocation à la fois de rendre compte du temps impersonnel de l'histoire collective et du temps privé et perçu par les personnages, le roman est dans les deux sens une tentation de saisir la vérité, de comprendre l'évolution d'un paysage, d'une conscience.

Et pour appréhender la spécificité de ce genre, selon la durée prise en considération que les comparaisons proposent des éclaircissements. Ponctuelle, la poésie vise à exprimer l'éternité de l'instant tenu. La nouvelle, le théâtre contribuent à déchiffrer la vérité d'une problématique spécifique qui concentre l'action. Quant au roman, étalé sur des durées beaucoup plus longues, son objectif est de montrer l'évolution d'une conscience, d'une instance face aux événements.

Ce rassemblement de l'Histoire et des histoires; deux formes de récits entremêlées.

Objective, impersonnelle, puisée dans des documentations variés et des références précises, l'écriture d'un historien se veut une vision neutre du monde. Factuelle, l'Histoire évoque la succession des événements sans dévoiler les répercussions pour les acteurs. Elle énumère les faits sans ajout d'un regard individuel car son point de vue est universel. Les livres d'Histoire présentent un catalogue, une mémoire d'une époque, d'une personnalité sans en explorer les dessous psychologiques. Sur ce même cheminement, la prose romanesque traite le même sujet mais en mettant l'accent sur les vécu subjectif du personnage: n'est qu'un exemple Manuel dans L'espoir d'André Malraux.

A la manière d'un verbe météorologique ou impersonnel (pleuvoir, neiger, venter etc.), le point de vue de l'histoire est principalement universelle comme celle d'un Dieu; celui qui voit tout et sait tout en permanence. Regroupement des milliers de documents différents que l'historien fusionne dans une option de regard supérieur; objectif. Il s'agit d'un contenu de connaissance déjà prêt à formuler et à exposer sans intervention personnelle. Au courant de la suite, l'historien sait bel et bien qu'un Napoléon va perdre la bataille de Waterloo. Le romancier montre autrement en nous intégrant dans le point de vue du personnage: " Avant de livrer bataille, Napoléon croyait, une fois encore, qu'il allait la gagner (sinon il ne l'aurait pas livrée!). Une vocation retrace l'état psychologique d'une personnalité dans un passage d'une phase à une autre.

Le travail d'un romancier consiste aussi à tisser des liens entre deux dimensions qui peuvent paraître contradictoires.

2. La peinture de l'évolution:

La concordance des étapes d'un personnel romanesque: matière de l'intrigue démontre le processus du passage d'une erreur à une vérité, d'une illusion à désillusion. Un bon romancier peut nous exposer surtout comment un personnage a passé d'un obstacle à une résolution, comment il a remplacé des démarches antérieures, et rectifier des fautes du passé. Loin d'une linéarité banale, le progrès se constate à travers les surprises, les mouvements, les changements, les péripéties, " les ruptures épistémologiques" selon l'expression de Bachelard.

L'enquête du roman avec des sériations, des suites d'expériences corrigées se décèle avec une prose de Proust. Du temps perdu au temps retrouvé, la narration d'une conquête, d'un périple se fait graduellement ou fil des saisons d'apprentissage de la vie, de la rédaction. De l'étrange, du moins connu, la connaissance n'est qu'un éveil, un développement et d'un passage à un autre, se peint le mûrissement d'un profil, les découvertes; de l'ignorance infantile à la maturité de l'adulte jusqu'à la sagesse du vieillard.

Observateur du visible concret (lieu, décor) ou abstrait (tempéraments, sentiments, sensations) dans ses transformations, un romancier accède à ciseler la diversité des formes et des couleurs d'un objet ou d'un être dans de multiples situations.

3. Formes du roman:

Puisque l'unité de mesure la plus intéressante c'est le temps, on s'est convenu de repartir les romans selon une simple typologie en quatre saisons:

- Les romans du printemps: ceux qui montrent le passage de l'âge de l'enfance à l'âge de l'adolescence, puis l'âge adulte (roman d'apprentissage).

- Les romans de l'été: ceux qui font la description du mûrissement propre à l'âge adulte.

- Les romans de l'automne: ceux qui font la peinture du vieillissement de l'individu.

- Les romans de l'hiver: ceux qui décrivent le déclin de la vieillesse et de la mort.

a) Les romans d'initiation:

Rares et précieux sont les romans en prose qui parlent de l'éveil au monde des gamins. Citons d'exemple Alphonse Daudet avec Le petit Chose, récit basé sur le souvenir d'enfance de l'auteur lui-même ou encore Jules Renard avec Poil de Carotte rapportant des persécutions familiales de cet enfant roux.

Les romans d'apprentissage évoquent les premières flammes de l'amour, les premiers émois des rencontres avec des récits qui ont été à l'honneur d'une période dite romantique; René de Chateaubriand et bien d'autres auteurs.


b) Les romans d'un jeune héros adulte:

Nombreux sont les récits qui décrivent le périple d'un jeune adulte aux prises avec les difficultés de la vie: famille, travail, société, les guerres, les révolutions, les idées, les combats idéologiques et politiques etc.

Avec Julien Sorel de Stendhal, on assiste à cette ascension d'un ambitieux de Grenoble à la recherche de la gloire et de la fortune, comme son auteur, à Paris.

Ce genre de romans sont souvent axés sur un conflit individu/individu ou groupe/groupe.

Les trois mousquetaires d'Alexandre Dumas on poursuit les aventures d'Artagnan, qui intègre l'équipe de trois aînés: Athos, Porthos et Aramis, jeune personnage qui comprendra que le Pouvoir est souvent perfide (Richelieu) et les belles femmes dangereuses (Mylady...) "et anachroniquement (Christine Leclerc une éditrice universitaire) "...


C) Les romans de la maturité:

Se produit aux alentours de la quarantaine que le personnage réalise qu'il a déjà parcouru rapidement, presque la moitié de son existence...D'exemples, on cite les histoires du Démon de midi, ceux qui racontent les anecdotes amoureuses et les aventures d'un homme, prouvant qu'il est toujours jeune, avec une maîtresse. Mais aussi, quand les femmes réalisent qu'elles sont dépassées par le regard des hommes, courent haletantes les salons de coiffure ou les instituts de beauté...les exemples abondent!

C'est aussi une thématique de nombreux films d'actualité. D'habitude, on relate l'histoire d'une deuxième chance, d'un tournant affectif, d'une séparation. Un personnage qui divorce pour refaire sa vie avec une autre. Une déviation d’ordre professionnelle fait partie de ce genre, quand un jeune licencié trouvant un nouvel emploi, tout différent de sa carrière universitaire. Un autre qui délaisse tout pour retrouver sa voie à l'étranger, etc.

Notons ici, qu'il est souvent question d'une rupture, d'une transition décisive.

D) Les romans de la vieillesse:

"Ah! si jeunesse savait! Si vieillesse pouvait! " Tel pourrait être l'adage de ce genre de romans. Certes, la jeunesse est une force vive, chargée de vitalité, mais elle manque parfois d'expériences, et agit quelques fois sans bien réfléchir, ce qui amène souvent à des mésaventures, des drames, ou d'amères leçons. Quant à la vieillesse, c'est le contraire: c'est cette période riches de connaissances, mais de plus en plus dégarnie de pouvoir. Goût ou action manquent petit à petit. Et tandis que le jeune adhère à un monde grandissant, le vieillard fait l'inverse et ne cesse de s'isoler dans son microcosme. La lumière qui décline, de Kipling est un exemple de ce rétrécissement progressif. D'autres formes existent comme celle qui traite de la mort par blessure ou maladie comme Les neiges du Kilimandjaro, d'Hemingway. Il s'agit ici de l'histoire d'un chasseur blessé, miné et arrogé par la fièvre et qui vit ses derniers moments dans une tente au pied d'une célèbre montagne d'Afriqu. Il revoit par pensée les principales périodes de sa vie, entre les poussées de la fièvre, les pertes de connaissance, alors que le mal avance et ses idées se brouillent.

Noêlle Chatelet écrit sur la vieillesse aborde un sujet passé tabou: la sexualité des personnes âgées.

5. Ages et adages d'évolution:

Surpeuplé d'esprits, de personnes, de caractères, notre monde se fait comme un ensemble de trois âges. Et comme dit Alain " Tout esprit doit mûrir en une personne, et vieillir en un caractère." Telle est la logique normale de l'évolution de la vie du début à la fin. A juste titre, le romancier met en lumière les exceptions.

a) Les esprits:

   Dans se pôle se placent des personnages qui " règnent par droit de naissance, et qui possèdent avant d'avoir désiré". Libres et imprudents tels Patrocle, Achille, Alexandre...Leur propre nature n'a jamais fixé de limites à leur course facile, ... mais c'est le destin extérieur qui termine l'aventure.


B) Les caractères:

Ce sont ceux qui sont gouvernés par leur corps plutôt que par leur esprit. Sont des exemples comme les types de gens qui bégaient, boitent, ou louchent et qui forgent leur vie en fonction. Portant en eux-mêmes leurs limitations et rusent avec elles pour vivre, ce qui détermine lourdement leur manière de vivre en un caractère marqué par des manies, des tics, une sorte de règles fixées.

C) La personne:

En position d'équilibre, c'est entre ces deux pôles que se trouve la personne qui correspond généralement au personnage adulte, réalisant cette harmonie entre son corps et son esprit.

   	D'habitude, l'Esprit est un caractère jeune, offensif, point limité par son corps et qui se pense que tout est possible, pour ne pas dire presque.  Certains esprits demeurent esprits toute leur vie comme les aventuriers. D'autres jeunes sont prématurément des caractères en raison d'une limitation supposée ou réelle et restent toujours sur la défensive. Prince Bolkonski dans  Tolstoï , ancien esprit qui, sur le tard, devient un caractère qui règne par ses de vieillard.

   	Notons de passage que les limitations en théâtre, les personnages y sont limités, figés à une seule phase de la vie et que les caractères, plus marqués, sont dominants: Citons d'exemples moliéresques: L’avare, Le Misanthrope, La femme savante, Le malade imaginaire.


    	L'avantage du roman n'est pas seulement de capter cette durée, mais surtout de rendre sensible le passage d'un type à un autre, ou contrairement, la limitation, le figement ou le maintien exceptionnel d'un type. C'est la vocation proprement romanesque.


7. Arts et roman:

    	Statue, tableaux, romans sont tous bien évidement des formes d'art. Comment se conçoit la différence? Du côté de l'artiste qui a consacré de longues journées à fabriquer l'œuvre ou du côté du public, de son regard perpétuellement changeant ? 

   	Le tableau se laisse apprécier dès le premier regard exerçant comme l'effet d'un coup de foudre sur la personne qui contemple, tandis que le roman, en tant qu'œuvres, ne se dessinera finalement qu'au terme de longues heures de lecture, qui regrouperont dans la mémoire, peu à peu la totalité de ses composantes.

   	Une totalité donnée de l'œuvre d'art cause une difficulté de compréhension. Une totalité qui résiste aux efforts de l'analyse. Par un effort volontaire, l'amateur doit séparer mentalement les différentes composantes de travail pictural: lignes, formes, couleurs... pour appréhender, apprécier l'œuvre.


   	C'est le cas contraire pour le roman, puisque la difficulté, cette fois-ci, c'est de cette capacité de  faire la synthèse de milliers de phrases. Et c'est pourquoi le Temps est l'élément clé du roman. Un écrivain doit établir une coïncidence équivalente entre la progression de la pensée de ses personnages et celle de son lecteur.

   	Ce n'est plus une démonstration mathématiquement  abstraite, mais il s'agit bien d'une modification vécue de la conscience du personnage. Comme dans la vie, cette modification n'est qu'une suite d'essais et d'erreurs, d'hypothèses et de réfutations, bref un passage des vérités contestables aux connaissances plus approfondies, des expériences mieux rectifiées.

Cette sincérité assumée, ou cette modestie se lit souvent dans des préfaces de romans, ou des ouvrages théoriques, n'est qu'un exemple parmi beaucoup d'autres, cet avis au lecteur de Montaigne dans ses Essais.

Montrer que vivre ou écrire c'est surtout surmonter ses erreurs: telle est la devise de la vocation littéraire. Le genre:

Un genre est un système formé d'éléments organisés en fonction d'un but.

Dans un système il y a une fonction et une structure.

1- une fonction: un but ciblé.

2- une structure: un ensemble de moyens choisis et organisés pour produire ce but.

Dans la fiction, le système s'appelle un genre, c'est-à-dire un nombre d'éléments choisis et mis en combinaison pour produire un certain effet sur le lecteur. Comme exemples de genres majeurs: la comédie, l'épopée, la tragédie. Et ces genres admettent des sous-genres: le roman d'amour, d'aventure, à thèse, etc.

L'interprétation littéraire décompose la fiction en sous-systèmes:

1- Le système des personnages; 2- Le système des actions, des scènes. 3- Le système des décors (espaces - temps). 4- Le système des thèmes, des valeurs. 5- Le système symbolique global.

Ces 5 sous-systèmes interagissent pour produire l'œuvre ou la famille d'œuvre.

La Chick-Lit

Exemple d'un nouveau genre, ce mot américain qu'est la Chick Lit pour désigner des romans ou des téléfilms spécialement orientés vers les jeunes femmes libérées et modernes; " Littérature pour poulettes" . Telles qu'on voyait à la télé dans " Sex and the city».

En un premier sens, il s'agit d'une écriture romanesque écrite par les femmes et pour les femmes et cela nous rappelle des expériences connues comme témoigne La Princesse de Clèves, de Mme de Lafayette (dans l'intimité Marie-Madeleine Pioche de la Vergne). En fait, s'est développée au 19ème siècle une littérature de masse pensante du genre Les deux orphelines ou Le maître de Forges. De même au 20 ème siècle, on a eu les romans à l'eau de rose de Delly (écrits par un frère et une sœur célibataires à Versailles). Quant au 21 ème siècel, le but reste le même, il s'agit d'inviter les adolescentes et les femmes à lire. Habitude ancienne et liée à des exemples d'exaltation, de culture, de spiritualité et de production, la littérature pour les femmes se voit aujourd'hui partiellement matérialisée et focalisée sur des thèmes comme: amour, beauté, sexe et compétition.

Une déviation de modernité a fait sortir ces histoires des romans pour des adaptations aux grands écrans. Le succès est presque certain: les fameux titres que voici:

- Le journal de Bridget Jones, d’Helen Fielding. - Sex and the city, de Cadace Bushnell. - Le diable s'habille en Prada, de Lauren Weisberger.

Avec ces titres cités, nous sommes face à des traductions déjà parus en livre de poche et qui ont été tournés en film pas sans succès.

Les expériences à la française sont là avec:

- L'accro du Shopping dit oui, de Sophie Kinsella. - French Manucure, de Géraldine Maillet (Flammarion), un livre très à la mode en 2008.

Des auteurs spécialistes en la matière, d'autres sont venus de milieux divers et plus spécifiquement du domaine d'art, littérature moderne, du journalisme, du cinéma, de la mode avec des jeux parfois de réglementations de comptes (ironie, humour, parodie, caricature) entre équipes et personnalités. De la classe moyenne ou plus, ces sortes de romans mettent en scène des jeunes femmes et leurs relations. Des intercommunications audacieuses entre elles évoquent plaisir, désir, sensualité, volupté, mais aussi sexualité. C'est le cas de Mr Big dans Sex and the city Il s'agit de ces anecdotes ou plutôt ces schèmes: ( Se vanter des prouesses de son amant de l'instant, faire du charme à son banquier pour obtenir un nouveau découvert pour pouvoir s'accorder de nouvelles fringues...des astuces etc.).

Cette catégorie de livre à la page par un public de jeunesse s'appelle lire et faire des courses; Read and Shop.

Comédie des habitudes et des mœurs, des collections de modernité proposant des traitements des sujets de l'actualité. Et le passage du texte devenu scénario puis diffusé en film n'est qu'un indice de l'attraction du lecteur comme du téléspectateur.