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Utilisateur:Wasserspiegel.Schiff/Brouillon

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Interprétation[modifier | modifier le code]

Mensonges familiaux et médiatiques[modifier | modifier le code]

Wolfgang Becker cite ce célèbre trait d’esprit : « Un film n’est rien d’autre qu’un enchainement de 24 mensonges par seconde »[1]. Il s’agirait donc « d’une falsification dans une falsification », encore une fois « quelque chose de particulier »[2]. Good Bye, Lenin ! parle essentiellement de falsifications, de tromperies et de mensonges, apparents ou dissimulés. L’histoire familiale et l’Histoire s’imbriquent l’une dans l’autre. Ce sont les circonstances extérieures, qui font que des hommes intègres et honnêtes deviennent des menteurs. Alex commence par un mensonge de circonstances (il raconte à sa mère qu’elle s’est évanouie en faisant la queue devant un magasin). Cela fonctionne, il continue et se retrouve prisonnier de ses mensonges. Il doit toujours en inventer un nouveau pour que tout ne s’effondre pas et doit faire de toutes les personnes impliquées ses complices. Avec le temps, cela devient une habitude et même une sorte de « sport »: « prends une grande respiration et jette-toi à l'eau », dit-il à son père, « c’est simple ». Mais comme Alex agit avec de bonnes intentions, il gagne la sympathie des spectateurs et même à la fin, celle de la personne à qui il a menti. Lorsque Christiane voit clair dans son jeu, elle y participe et lui laisse le plaisir de savourer son « succès ».  »Le mensonge pour exprimer son amour, c’est ce qui, dans cette histoire, a éveillé l'intérêt de Becker. Cela inclut-il le mensonge de Christiane, le mensonge de toute une vie?[3]

Contrairement à Alex, Christiane n’a menti au fond qu’une seule fois. Elle a refusé de faire une demande de visa pour pouvoir suivre son mari à l'Ouest, comme elle le lui avait promis, par peur de perdre la garde de ses enfants, sa plus grande crainte. Il ne lui reste alors qu'un seul moyen d’empêcher ses enfants de découvrir la vérité. Elle leur raconte que Robert est resté à l’Ouest à cause d’une autre femme, afin de leur ôter le moindre doute. L’effet souhaité est obtenu (« Nous n'avons plus jamais parlé de papa ». Le mensonge de Christiane brise les liens physiques entre ses enfants et leur père, mais aussi leurs liens affectifs: en le faisant passer pour un menteur, elle les empêche d'aimer leur père. A long terme, ce choix est pour elle encore plus lourd de conséquences. Ce n'est pas par hasard qu'elle commence sa confession par cette apparente exagération: « Je vous ai menti - tout est différent de ce que vous croyez ». Or c'est bien ainsi qu'elle a dû le vivre: d’abord, le mutisme total pendant ses huit semaines de grave dépression, puis les lettres qu'elle reçoit pendant des années, qu’elle n’ouvre pas, mais qu'elle garde et dissimule derrière le buffet de la cuisine. A l'approche de la mort, elle considère maintenant cette décision comme « sa plus grosse erreur ». Son mensonge finit tragiquement, alors que le mensonge d’Alex produit un effet avant tout comique.

Mais les deux mensonges familiaux ont aussi leurs ressemblances. D'une part, le menteur construit un monde illusoire et veille à ce que rien d’extérieur ne s’introduise qui pourrait le compromettre[4]. D’autre part, il s'appuie sur le fait que celui à qui on ment ne puisse pas vérifier par lui-même, que ce soit à cause d'un mur, d'une maladie ou (ce qui arrive dans les deux cas) de sa situation de minorité, réelle ou contrainte. Ceci caractérise aussi les mensonges médiatiques présentés dans Good Bye, Lenin ! Alex commente ainsi en voix off ses créations : « La vérité était une chose complexe que je pouvais redessiner pour les yeux de ma mère suivant mon inspiration et les circonstances. Il suffisait d'adopter le langage de Aktuelle Kamera [journal télévisé de la RDA] et de stimuler l'ambition de Denis, le futur réalisateur ». Toutefois, cette émission d'information de la RDA (« l'équivalent du Marchand de sable pour les citoyens adultes de la RDA »)[5], dans laquelle, selon Becker on masquait l'important pour gonfler l'insignifiant[2], ne sert bientôt plus que de toile de fond à Alex et Denis, ces deux manipulateurs des médias. Leurs propres mises en scène sont audacieuses, et pleines d'originalité. Non sans ressemblance avec les requêtes que Christiane rédige, ils se créent un « royaume gai et poétique ». Le revers de la médaille est que cela édulcore également ce qu'était en réalité la RDA.[6]

  1. Becker cite Michael Haneke, qui de son côté reprend le mot d'esprit de Jean-luc Godards : un film serait « 24 fois la vérité par seconde », ironiquement retournée. Voir : Haneke par Haneke .
  2. a et b « C’est exactement ce qu’il s’est passé – un documentaire sur le travail de recherche intensif sur le scénario et le film. » Good Bye, Lenin!, édition exquise, 3 DVD, 2004.
  3. Alex ment par amour pour sa mère, et celle-ci par amour pour ses enfants, comme on peut le lire dans plusieurs textes secondaires, par exemple chez Seán Allen: «Good Bye, Lenin!: Ostalgie et identité dans l’Allemagne réunifiée».
  4. transmettrelecinema.com. Bundeszentrale für politische Bildung
  5. Michael Töteberg : Adieu, RDA. Dans: Michael Töteberg (éd. ): Good Bye, Lenin! Schwarzkopf & Schwarzkopf, Berlin 2003.
  6. Kerstin Cornils: La comédie du temps perdu. Utopie et patriotisme dans Good Bye Lenin! de Wolfgang Becker! Dans: Jörn Glasenapp, Claudia Lillge (éd. ): La comédie cinématographique du présent. Fink, Paderborn 2008, p. 252 à 272.