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Utilisateur:Sid Ahmed-Jérôme

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Le fils du vent.

Un bébé faucon est sorti de sa coquille depuis quelques semaines seulement. Aujourd'hui, il a, plusieurs heures durant, observé le ciel mais il n’aperçoit toujours pas sa mère, avec ou sans nourriture. Elle lui avait donné l’habitude de revenir lui apporter à manger ou lui faire sa toilette. La faim et l’ennui grandissent. Comme tous les enfants laissés seuls, il profite de l'absence de sa pour faire une bêtise. D’un pas vacillant et curieux il va sur la branche d'à côté. C’est ainsi qu'il explore l'arbre de branche en branche et se trouve loin de son nid, perdu. Réalisant son manque d'expérience pour retrouver le chemin du nid douillet, il panique. D’instinct, il appelle sa mère par de petits cris qui restent sans réponse. Parmi tous les êtres qui peuplent la planète, seuls les fauves ont entendu et reconnu les cris du petit faucon en détresse. Ils décident d'un commun accord de trouver une solution. Mais aucun fauve ne sait voler pour lui apprendre. Devant leur incapacité à résoudre le problème du petit faucon, ils forment une assemblée dont le seul juge sera la Nature elle-même. Car pour eux envol est synonyme de liberté et si sa mère est prise dans les intempéries, il serait juste de lui venir à l’aide ou même de le sauver. L’assemblée fait appel à toutes les régions du globe pour faire prendre en charge le petit. Mais chacun des lieux a des arguments pour refuser. La forêt, interrogée, répond : -Mes arbres poussent trop vite et ils sont aussi trop serrés. Je n'ai pas de place. L’océan, interpellé, dit, à juste raison : -Il n' y a pas d’arbre chez moi et les faucons ne savent pas nager, je ne peux rien faire pour lui. La région polaire, dans un souffle qui les glace jusqu'aux os, donne ses arguments: -Il fait froid sur mon territoire. Les animaux qui le peuplent prennent déjà toute mon attention. Je n’ai pas le temps. La ville, d'une voix grondante, dans une haleine polluée par les gaz d'échappement répond aux fauves: -Mes habitants ont inventé des machines aériennes, ferroviaires, terrestres et des fils électriques. Ces machines polluent, il s’étouffera avec ma pollution et les fils électriques sont dangereux pour lui. Je ne peux pas prendre cette responsabilité, car ici chez moi, il mourra. Puis l’assemblée regarda du côté du désert. A l'unanimité, elle jugea que le désert était le lieu le plus dangereux pour un bébé et l’écarta. Voyant qu’on ne lui demandait pas son aide, le désert prend la parole et dit : -Sur mes dunes, dans mes regs et mes ergs, si ce n'est pas très hospitalier, au moins, tous les habitants respectent une chose: la liberté. Cette liberté ne peut être offerte: elle doit être conquise et méritée! Si l’enfant est résistant, chez moi, il vivra libre. C’est bien cruel, je le sais, mais c'est ainsi. La liberté des fils du vent est à ce prix. L’assemblée écoute avec recueillement les paroles du Désert, les paroles de l’exclu et ils jugent tous que le jeu en vaut la chandelle et acceptent. Les fauves se levèrent alors et chantèrent tous en choeur. Un petit vent doux et léger souffla sur l’enfant faucon qui le prit comme un jeu pour oublier sa peur. Il déplia ses ailles et maladroitement, il tenta un premier envol qui s’avéra un échec. Les fauves chantèrent plus fort; le vent forcit. Une deuxième tentative: une maigre amélioration. Les fauves chantent de plus en plus fort pour donner du courage au petit. Le vent et le chant augmentaient de plus en plus. A la septième tentative, le faucon est prit dans le courant. Il combat longuement pour garder son équilibre. Qu’il finit par trouver. Quand il réalisa qu'il volait, il était déjà très haut dans le ciel. Il regarde le sol et pousse un cri de triomphe. Celui-là était bien différent de ses petits cris de peur et de détresse. Par sa persévérance et sa volonté, il avait acquis sa liberté. A la vitesse de l'éclair, il survole les forêts, les régions glaciales, les océans et les villes et revient enfin au Désert, pour atterrir devant l'assemblée qui s’arrêta instantanément de chanter. Enivré par son triomphe, il avait fait le tour de la planète en un clin d'oeil. Il devient ainsi l’un des oiseaux le plus rapide du monde. Le faucon baissa la tête en signe de remerciement. Sans la moindre difficulté, il reprit son vol et disparu dans la lumière rougeoyante du couchant. Le Désert s’adressa à la Nature et son assemblée et dit : -Voyez, regardez bien ! Chez moi, c’est cela la liberté. Aussi, prenez toujours le temps d’observer, et d’admirez la liberté et surtout gardez-vous à jamais de l’entraver. Parmi l'assemblée, un humain était présent : c’était un targui. Un frisson parcourut son corps et aussitôt il poussa un cri pareil à celui du faucon. Le cri qu'aucun humain n'avait émis et n'avait jamais entendu à ce jour. Un cri qui se transmit de targui en targui, à travers les siècles. L’homme s’adressa au Désert et dit : - Je te fais le serment que, de mon côté, je défendrai cette liberté, au péril de ma vie et de celle de tout mon peuple. Pour qu'ici, chez nous, elle demeure à jamais. Car, ô Désert ! même la poussière des os de nos aïeux est mélangée aux grains de ton sable."

Aujourd'hui encore, dans la première chanson, (Le chant des fauves) du premier Album, (the Radio Tisdas session) du groupe de musiciens touareg TINARIWEN (déserts, en langue touareg) vous pourriez, si vous écoutez bien, entendre l’hymne de la liberté.

Sid AG Mossa Jérôme VERNHET