Si on n'y songe pas assez, si on y songe trop, on s'entête et on s'en coiffe.
Si on considère son ouvrage incontinent après l'avoir fait
on en est encore tout prévenu, si trop longtemps après
on (n') y entre plus.
Ainsi les tableaux vus de trop loin et de trop près.
Et il n'y a qu'un point indivisible qui soit le véritable lieu.
Les autres sont trop près, trop loin, trop haut ou trop bas.
La perspective l'assigne dans l'art de la peinture, mais dans la vérité
et dans la morale qui l'assignera ?
Quand on dit de chaque être vivant qu'il vit et qu'il reste le même - par exemple, on dit qu'il reste le même de l'enfance à la vieillesse -, cet être en vérité n'a jamais en lui les mêmes choses.
Même si l'on dit qu'il reste le même, il ne cesse pourtant, tout en subissant certaines pertes, de devenir nouveau, par ses cheveux, par sa chair, par ses os, par son sang, c'est-à-dire par tout son corps.
Et cela est vrai non seulement de son corps, mais aussi de son âme. Dispositions, caractères, opinions, désirs, plaisirs, chagrins, craintes, aucune de ces choses n'est jamais identique en chacun de nous.