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Utilisateur:Saddiki Baker/Moulay Messaoud Agouzzal

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Moulay Messaoud Agouzzal
Moulay Messaoud Agouzzal
Naissance
Décès
(à 89 ans)
Casablanca (Maroc)
Nom de naissance
مولاي مسعود أكوزال
Activité
entrepreneur, résistant marocain.

Moulay Messaoud Agouzzal Ben Brahim (1930-2019), est né et a grandi à Idaougnidif, avant de voyager à Meknès à l'âge de 12 ans. Descendant du saint-patron des Idagnidif Moulay Messaoud Afoullous, il a tôt travaillé dans le commerce et l'industrie, puis a rallié très jeune le mouvement national et la résistance contre le protectorat français au Royaume Chérifien. Devenu entrepreneur après l'Indépendance, il a contribué à l'édification économique du Maroc.

Né en 1930, à douar Zaouiet Ifoullousen, province de Chtouka Aït Baha au Maroc, son père est Moulay Brahim Ben Moulay Ali et sa mère hajja Khadija Bent Moulay Saïd.

Généalogie

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Moulay Messaoud est descendant des chorfa idrissides, les oued sida Messaoud Ben Ali, et par cette lignée, descendant de l'imam ‘Ali Ibn Abî Tâleb que Dieu l'honore. Il a voyagé accompagné de sa famille à Idaougnidif depuis Idaousemlal, une des tribus des Jazoula (Idaoutilt) et des Illalen, tribu amazighe, où l'ancêtre des Idrissides semlali, Sidi 'Msalli, s'est établi dès 925 ap. J.-C. Vu leur noble descendance, plusieurs sultans de la dynastie alaouite ont honoré les ouled Sidi Messaoud Ben Ali de dahirs, certifiant leur descendance de l'imam ‘Ali Ibn Abî Tâleb, gendre du prophète Sidna Mohammed et garantissant le respect de leur statut. Ainsi, les héritiers de Moulay Messaoud en détiennent trois dahirs. Il s'agit d'un dahir charif de Moulay Hassan Ier, daté de 1890 (1308 h), d'un autre dahir charif de Moulay Abdelaziz, daté de 1901 (1319 h) et d'un troisième de Sidi Mohammed Ben Youssef, daté de 1939 (1357 h).

Enfance et voyage à Meknès

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Il a vécu une enfance normale dans son village natal, étudié au msid (école coranique) et à l'école d'enseignement traditionnel. En 1942, il voyage à Meknès, où résidait son frère Moulay Hmad, gérant les nombreux commerces que leur père Moulay Brahim Ben Ali, mort en 1936, a laissés. Au début, Moulay Messaoud a travaillé comme assistant de son frère, avant de fonder son propre commerce en 1947. L'année suivante (1948), il se marie dans son village natal avec hajja Oulqadi Fatima Bent Mohammed Ben Larbi. Ils ont eu, que Dieu les ait en Sa Sainte Miséricorde, six garçons et six filles.[2]

Activité commerciale

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Après avoir fondé son propre commerce d'huiles, compris embouteillage et distribution, entre 1947 et 1952, Moulay Messaoud a élargi son activité commerciale pour englober huiles végétales et légumineuses, exportation d'huile d'olive (notamment vers l'Italie), avant d'acquérir l'équipement et les structures nécessaires pour sa fabrication, et par là il est entré officiellement dans l'industrie en général dès 1961.

Activité industrielle

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Autodidacte par excellence, Moulay Messaoud a conquis le domaine industriel en édifiant une des plus grandes holdings marocaines durant les deux dernières décennies du 2e millénaire. Il a ainsi construit ses usines dans plusieurs villes du Royaume notamment Meknès, Mohammedia, Casablanca, Essaouira, Marrakech, Guelmim, Tan Tan, Laayoune, entre autres… Il a aussi monté des unités de production en s'appuyant sur une vision complémentaire entre les différentes structures et secteurs. Ce qui a apporté de la valeur ajoutée à l'économie nationale, déclinée en termes de rationalisation de la facture énergétique et des potentialités, transformation endogène des matières premières, recyclage des résidus, optimisation de l'exploitation des résidus de résidus. Encore faut-il ajouter que Moulay Messaoud a découvert, et ce dès la fin des années soixante, l'intérêt de l'énergie verte, et a su l'utiliser dans les usines de son groupe à bon escient. Il a entamé cette grande marche industrielle en construisant l'usine Huileries de Meknès, pour le raffinage des huiles végétales et la fabrication de l'huile d'olive puis la conserve et le tourteau de la même denrée dans les usines de Meknès, Essaouira et Marrakech ainsi que le savon végétal, la distillation des acides gras, important pour ce faire des machines et des équipements ultramodernes. Dans les années soixante, il a construit les Moulins du Zerhoun à Meknès, et une unité de production de farine de poisson et une conserverie à Essaouira. Et vu l'importance stratégique de l'investissent dans les province du sud du Maroc, il a investi dans le même secteur de la conserverie au Sahara marocain juste après la Marche verte, et ce en construisant une unité de production à Tan Tan ainsi que les conserves de Laayoune. D'autre part, et dans le secteur du cuir, il a acquis, en 1973, dans le contexte de la politique de marocanisation, quatre grandes tanneries dont les propriétaires étaient des familles françaises, à Essaouira, Mohammedia, Meknès et Casablanca tout en améliorant sa capacité productive. Dans les années quatre-vingt, il est devenu propriétaire de l'usine de fabrication de peinture Chimicolor, de Chimilabo et de Caplam (caoutchouc), puis de la société maghrébine des polymères. Et parallèlement à la modernisation et la mise à niveau de ses unités industrielles dans tous les secteurs depuis le début des années quatre-vingt-dix, il a installé une unité de raffinage physique des huiles, une autre de distillation de l'acide gras, première dans la région (Afrique du Nord). Et grâce à ses exigences professionnelles et à son respect naturel des normes de qualité, l'AFI (Association of food industries) a jugé que tous les critères requis pour un membre sont totalement respectés par la société Huileries de Meknès. Cette grande société marocaine pionnière est désormais représentée dans cet organisme international. Elle est devenue aussi membre de la North American Olive Oil Association (association américaine de renom). Et avec la modernisation des unités industrielles, Moulay Messaoud a établi le statut juridique de toutes ses sociétés sous le nom de Holding Moulay Messaoud Agouzzal, HMMA Group. Moulay Messaoud, en vrai Marocain, trouvait dans l'agriculture un champ de prédilection tout autant naturel. Ainsi, il a construit un cycle complémentaire intégré entre industrie et agriculture, en s'appuyant sur la production agricole issue de ses fermes disséminées dans les régions de Meknès et Agadir.[3]

Activité industrielle

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Dans le contexte d'événements, de transformations nationales et internationales successives, survenus dans les années quarante du vingtième siècle, pendant et après la Seconde Guerre mondiale, la personnalité de Moulay Messaoud s'est formée grâce à divers facteurs. Ainsi, il a suivi ces grandes transformations de l'histoire de l'humanité et réagi à l'appel de la patrie en soutenant la résistance, branche armée du Mouvement National marocain, depuis l'année 1947. Il a aussi adhéré au Parti de l'Istiqlal et rejoint les cercles et cellules de la résistance. Et quand la Révolution du Roi et du Peuple est déclarée, après l'exil forcé de feu Mohammed V, accompagné de la famille royale, le 20 août 1953, Moulay Messaoud est plein d'enthousiasme et son sens patriotique le pousse à encore plus d'immersion dans la résistance, avec participation effective et sur le terrain, soutien de nombreuses cellules résistantes et de leaders de l'Armée de Libération. Leur apportant moyens financiers, produits alimentaires, vêtements et armes, au nord, au centre comme au sud et au Sahara marocain. Son activité n'était pas limitée au seul territoire national, tant s'en faut, Moulay Messaoud avait des liaisons dépassant les frontières. Ainsi, il a soutenu, par tous les moyens, de manière individuelle directe ou dans le cadre du Comité marocain de défense de l'Algérie (ou Comité marocain de soutien à l'Algérie). Il tissait de grandes amitiés avec plusieurs leaders politiques algériens, pour ne citer que deux grandes figures de la résistance algériennes, Ahmed Ben Bella et Mohamed Boudiaf. Quant à la cause palestinienne, son soutien était tout aussi inconditionnel, spontané et naturel. Les produits de ses usines étaient de vrais « ambassadeurs » du Maroc dans les camps palestiniens au Liban, notamment à Aïn El Heloueh et Sabra et Shatila.

Mécénat et actions caritatives et sociales

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Moulay Messaoud était un homme sociable, aimé partout et de tous, lui qui a mené une vie synonyme de don, de compassion et de partage. Dire qu’il avait un cœur qui savait écouter les douleurs du prochain est presque un pléonasme ! Il s’est intéressé au développement humain avant même que ce terme ne soit « monnaie courante » chez les théoriciens de l’économie et de la politique et véhiculé par les médias. L’emploi des jeunes ? encore un de ses grands soucis et préoccupations. En effet, les usines de son groupe ne cessaient de recevoir les générations d’étudiants de tous niveaux et de différentes spécialités pour les stages et formations. Ingénieurs, techniciens bénéficiaient de son soutien spontané. D’autres ont eu la chance de passer des stages, grâce à des bourses spéciales, assurées par Moulay Messaoud, dans nombre de pays européens (Italie, France, Allemagne, Suisse, entre autres). Au niveau sportif, il suffit d’évoquer le fait que le club de football RAJA a joué en portant des maillots estampés au logo de la marque Chimicolor, avec la marque d’huile Annasr a joué le club local de Meknès et avec celle de l’huile Bab Mansour a joué la Hassania d’Agadir. Et une des fiertés nationales qui marqueront à jamais les annales du football marocain est le soutien sans faille qu’il a su prodiguer afin d’appuyer la candidature du Maroc pour l’organisation de la Coupe du monde, en 1994. Ainsi, il a reçu dans son domicile à Mohammedia, le président de la FIFA à l’époque, M. Joao Havelange, et son secrétaire général, M. Josef Blater. L’action sociale et citoyenne, les œuvres caritatives, santé, art, culture… étaient pour ainsi dire plus qu’une vocation chez Moulay Messaoud, c’étaient des raisons d’exister et de vivre. Tant il hissait le bien commun au rang de « religion ». Sa maison était de surcroît un lieu de « pèlerinage » pour les intellectuels, ouléma et acteurs de la société civile.[4]

Initiatives d’un patriote

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Quelques mois avant la Marche verte, Moulay Messaoud se préoccupait des développements dramatiques que connaissait la cause nationale, à savoir les provinces du sud marocain appelées communément Sahara. Il a tout de suite compris l’importance d’informer les notables et hommes d’affaires sahraouis sur les réalisations économiques et sociales au nord du Royaume, et juste après la réception l’accord et bénédiction royaux, il a organisé une tournée dans plusieurs villes en se chargeant des frais nécessaires. Tournée pendant laquelle ils ont visité donc nombre de villes et infrastructures stratégiques ; et ce entre juillet et août 1975. Ses contributions lors des préparatifs qui ont précédé l’organisation de la glorieuse Marche verte, aux niveaux régional et national, étaient un édifiantes. En effet, il a veillé à ce que le ravitaillement des participants originaires de Meknès (10000 individus des deux sexes) soit assuré dans les meilleures conditions possibles lors de leur rassemblement local avant de rejoindre le point de rassemblement national. Le même soin et accueil les attendait à leur retour après avoir accompli leur devoir lors de cet historique événement national. Outre cela, il a amplement contribué au niveau logistique en mettant 25 camions à la disposition de l’État ainsi qu’une équipe de techniciens et administrateurs appartenant à son groupe. Et vu les besoins en termes de nourriture pour une Marche de 350000 personnes environ, il a commandé 352 tonnes de dattes en guise de participation à un effort plutôt de paix. Moulay Messaoud militait sur tous les fronts de la paix et de l’humanisme et de l’entente tous azimuts entre peuples et entre États. Ainsi, il a tout fait pour que les produits marocains trouvent place sur le marché américain. Pour l’anecdote, et lors de sa présence dans la réunion annuelle du conseil de l’Association américaine des Industries alimentaires (AFI), en 1991, il est intervenu, ce qui fut une exception, pour parler des industries agro-alimentaires au Maroc, des potentialités et opportunités à saisir. Et quelle initiative que celle qu’il a prise en invitant l’association, représentée par ses membres et responsables, en disant : « Pour que vous vous assuriez du niveau de développement réalisé par les industries agro-alimentaires chez nous au Maroc, je vous invite à organiser la réunion annuelle de votre conseil pour l’année prochaine, 1992, chez nous, et je me chargerai de tous les frais nécessaires afin de mener à bien cette rencontre entre les entrepreneurs des deux pays. » Et il a même proposé aux invités d’être accompagnés de leurs conjoints, ce qui a porté le nombre à 250 personnes. Et après délibération et échanges diplomatiques, Moulay Messaoud a enfin reçu ses hôtes au palais des congrès à Marrakech. En marge de cette réunion, il organisé une exposition réservée à tous les intervenants marocains du secteur. Diplomatie des hommes d’affaires pour ainsi dire. Ainsi, a-t-il eu le mérite d’être désigné membre d’honneur dans cette grande association. Encore une distinction, et non des moindres, lorsqu’il a été décoré du Wissam Er-Rida par feu Sa Majesté Hassan II, en 1968, pour les services rendus à sa patrie et ses œuvres en tant que résistant, du Wissam al-Arch de l'ordre de Chevalier, en 1989. Sa Majesté Mohammed VI, l’a en outre honoré du Wissam Al-Arch de l'ordre d’Officier, en 2008.[5]

Décès de « l’homme des deux combats »

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Moulay Messaoud a rendu l’âme samedi 6 Safar al-Khayr correspondant à 5 octobre 2019. Ses cendres ont été transportées à Meknès pour enterrement au cimetière Sidi Bouzekri. Des obsèques où tous ceux qui l’ont connu et aimer, de près ou de loin digne d’un grand patriote lui ont été réservées. Le même jour sa famille a reçu un message de condoléances de la part de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Toute une gloire. La légende Moulay Messaoud continue de résonner à travers tous ceux qui l’ont côtoyé. Ses qualités et vertus inspirent par leur simplicité, leur diversité et leur profondeur les nouvelles générations. Un legs que compatriotes et État devraient bien entretenir. Son génie d’autodidacte persévérant doit trouver sa place dans les manuels scolaires. La moindre des choses en hommage à ce grand patriote.[6]