Utilisateur:Rivaillo

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Bonjour, je suis un étudiant à Sciences Po Paris, spécialisé en politiques de la ville et en stratégies territoriales. Mes contributions sont effectuées dans le cadre d'un cours intitulé "Politique de la ville numérique".


Carnet de bord : retour sur mon expérience de contributeur wiki


Il s'agit d'un exercice peu commun pour des étudiants puisque que d'ordinaire Wikipédia est loin d'être en haut de la hiérarchie des valeurs défendues par l'institution scolaire. Je pense que la plupart des élèves ont depuis la primaire, entendu qu'il ne fallait surtout pas se documenter sur Wikipédia. C'est une encyclopédie en ligne et contributive qui peine à acquérir une légitimité dans le champ académique. Pourtant, depuis une dizaine d'année, force est de constater que la plateforme a gagné en légitimité, faisant l'objet de travaux académiques en sociologie ou bien comme ici d'une évaluation d'une institution de sciences politiques, elle-même détentrice d'une forte autorité dans de nombreux champs. C'est donc à la fois avec curiosité, intérêt et scepticisme - prénotions obligent - que j'ai appréhendé cet exercice.

J'ai été tout d'abord déconcerté par le manque d'inspiration provoqué par le devoir de "contribuer à Wikipédia". L'infinité des objets sur lesquels écrire supprime paradoxalement la possibilité du choix. La thématique est prédéfinie : tout ce qui est à la croisée de l'urbain et du numérique, mais allez trouver un sujet assez connu pour être connu par nous-même mais assez pointu pour ne pas faire l'objet d'un article déjà publié. Lorsqu'on pense à une "contribution" on s'imagine immédiatement écrire sur un nouveau sujet, de niche, si possible, c'est davantage valorisé et vous place directement en haut de l'échelle de la distinction. Dès lors, choisir un sujet de contribution est aussi difficile que de choisir un sujet de mémoire de recherche, voire davantage puisqu'en sciences sociales, il est possible d’élargir le champs des possibles en multipliant les angles d’analyse. Là, il s’agit de trouver un sujet qui n’a réellement pas été traité.

L’idée de rédiger un article sur la startup Tier Mobility ne m’est pas venue de manière mécanique, ni même, je dois l’avouer grâce au cours de Politique de la ville numérique. En un sens, et à mon échelle, cette idée vient en partie du hasard et de la sérendipité. Je rentrais très tard – et éméché - d’une soirée étudiante et, bravant le couvre-feu, n’avais aucun moyen pour rentrer pendant la nuit, alors qu’il pleuvait. Me refusant de prendre un Uber j’ai découvert l’application Tier via une autre application (Citymapper) qui me proposait ce mode de transport. Je suis donc rentré en trottinette électrique et avec l’idée qu’il fallait que je m’intéresse à ces modes de transport urbain.

Ma première rédaction ne fut pas sans rebondissements : je me suis d’amblée heurté au contributeur Nicov, me disant que je n’avais pas écrit au bon endroit. L’expérience de Wikipédia témoigne que la prise en main peut être complexe et déroutante. Ecrire directement sans consulter de guide pratique revient à partir en montagne sans carte ni boussole. C’est une plateforme qui requiert d’autres modes de communication avec les internautes, d’autres conventions, d’autres normes. C’est un terrain, certes immatériel – mais avec des zones où écrire et d’autres où ne pas écrire. Je me souviens avoir ressenti colère, amertume et déception lorsqu’un utilisateur avait supprimé mon article qui représentait plus de 4 heures de travail. Je n’avais rien sauvegardé et pensais, à tort, que tout était perdu. Ainsi, ne pas maitriser les codes et usages de la plateforme entraine des réactions et émotions en total décalage avec la réalité (virtuelle ?). En effet, mon travail avait été sauvegardé et j’ai pu aisément le retrouver. Après quelques discussions avec le contributeur – véritable ange-gardien pour le meilleur et pour le pire – j’ai publié mon article. Il fallait le faire de manière neutre, sourcée et factuelle, ce qui témoigne de la rigueur exigé par la rédaction sur la plateforme. J’étais loin d’imaginer une telle exigence.

Je dois avouer que la rédaction d’un article, même anonyme, est grisante. Cela donne le sentiment qu’on s’est montré utile, réellement contributif, même si c’est en donnant des détails sur le modèle économique d’une startup. Je me surprends parfois à regarder le nombre de vues obtenues par mon article – oui je dis « mon », ce qui est paradoxal. Ce rapport à l’appropriation personnelle de la contribution ou plutôt à l’expérience d’écrire des articles anonymes pourrait faire l’objet de recherches intéressantes. J’ai également suivi la progression de l’article dans les algorithmes de la barre de recherche google, lorsqu’on fait une recherche, la page est le deuxième résultat. De plus, d’autres contributeurs ont ajouté le logo, des photos et perfectionné le texte. Désormais, c’est un article autonome et laissé à disposition de la plateforme.

Je m’en réjouis, merci pour cette expérience Antoine !