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Utilisateur:Ps4/Séquence 4/Incipit Confessions - Rousseau

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Séquence 4 Le biographique. L'autobiographie, le rapport entre l'écriture et la vie.
Incipit des Confessions de Rousseau
       ''Intus, et in cute''
 
 Je forme une entreprise qui n'eut jamais d'exemple et dont l'exécution n'aura point d'imitateur. 
 Je veux montrer à mes semblables un  homme dans toute la vérité de la nature; et cet homme ce sera moi.
 
 Moi seul. Je sens mon cœur et je connais les hommes. Je ne suis fait comme aucun de ceux que j'ai vus; 
 j'ose croire n'être fait comme  aucun de ceux qui existent. Si je ne vaux pas mieux, au moins je suis autre. 
 Si la nature a bien ou mal fait de briser le moule dans  lequel elle m'a jeté, c'est ce dont on ne peut 
 juger qu'après m'avoir lu.
 
 Que la trompette du jugement dernier sonne quand elle voudra; je viendrai, ce livre à la main, me 
 présenter devant le souverain juge. Je dirai hautement: voilà ce que j'ai fait, ce que j'ai pensé, 
 ce que je fus. J'ai dit le bien et le mal avec la même franchise. Je n'ai rien tu de mauvais, rien 
 ajouté de bon, et s'il m'est arrivé d'employer quelque ornement indifférent, ce n'a jamais été que 
 pour remplir un vide occasionné par mon défaut de mémoire; j'ai pu supposer vrai ce que je savais 
 avoir pu l'être, jamais ce que je savais être faux. Je me suis montré tel que je fus, méprisable et 
 vil quand je l'ai été, bon, généreux, sublime, quand je l'ai été: j'ai dévoilé mon intérieur tel que 
 tu l'as vu toi-même. Être éternel, rassemble autour de moi l'innombrable foule de mes semblables; 
 qu'ils écoutent mes confessions, qu'ils gémissent de mes indignités, qu'ils rougissent de mes misères. 
 Que chacun d'eux découvre à son tour son cœur au pied de ton trône avec la même sincérité; 
 et puis qu'un seul te dise, s'il l'ose: Je fus meilleur que cet homme-là.

Motif de l'écriture, titre et incipit[modifier | modifier le code]

  • Cause : un pamphlet anonyme (de Voltaire !) l'accuse d'avoir abandonné ses enfants, lui, Rousseau, auteur d'un livre sur l'éducation des enfants (Emile, ou de l'Education des enfants).
  • Titre : Confessions => avouer ses pêchés, visée religieuse. Rousseau est protestant mais il accomplit un acte catholique.
  • Incipit : Intus, et in cute = à l'intérieur et sous la peau => C'est donc un texte intime.

Premier paragraphe[modifier | modifier le code]

  • Présentation d'un projet : unique
  • Il y a des prédécesseurs (dont il souhaite se démarquer).
  • Il va ouvrir la voix à d'autres (prépare le romantisme avec le culte de l'intime).
  • Insistance ( "je", "je", "moi", "moi seul" )
  • "dans toute la vérité de la nature" => mythe du bon sauvage, bonté originelle (= bilan d'une vie et affirmation d'une pensée philosophique)
  • "seul" s'oppose à "semblables" => différence
  • phrase nominale

Second paragraphe[modifier | modifier le code]

  • Parallélisme et opposition
sentiments | savoir
"sens"     | "connais"  
"coeur"    | "hommes"
  • Construction parallèle
  • "comme aucun de ceux qui" (style lourd)
  • Opposition "lui" et "les autres" (sur laquelle il insiste)
  • Humilité et orgueil "j'ose croire"
  • Il insiste sur la différence (supériorité ?)
  • Image du "moule brisé" (objets identiques)
    • unicité du personnage de Rousseau
    • référence à sa mère morte ?
  • Verbe "juger" (=>transition)

Troisième paragraphe[modifier | modifier le code]

  • "Jugement dernier", "juger", "souverain juge" (le livre à la main => image biblique) (=> importance de ce livre, livre de sa vie)
  • => But des Confessions : le jugement (Rousseau écrit pour se défendre)
  • Utilisation du futur : certitude de sa projection dans l'avenir.
  • "ce que" (rythme ternaire, solennelle), avec gradation vers l'intime
    • "faire" : extérieur
    • "pense" : plus intérieur
    • "fus" : existence même
  • Parallélisme "bien","mauvais" avec "taire" et "ajouter" => souligner la franchise, il se méfie de lui même
  • Style lourd, formules solennelles, répétitions
  • Commence par deux termes péjoratifs, puis trois termes mélioratifs => insistance sur le bien malgré la neutralité affichée.
  • Dieut peut vérifier ce que Rousseau dit => affirmation de la sincérité de l'auteur.
  • Il demande à Dieu que les hommes le regardent. Dieu est un intermédiaire entre lui et ses "semblables" (humains comme moi).
  • Utilisation du rythme ternaire (de nouveau!), avec gradation
    • "écouter" : Rousseau a l'impression d'être incompris.
    • "gémir" : demande de piété
    • "rougir" : ambiguité, rougir de qui : de Rousseau ? de ce qu'ils ont fait à Rousseau ?
  • Etape suivante : il veut des confessions réciproques de tous les fidèles.
  • Dernière étape : jugement des autres hommes -> impossible (tous les hommes sont semblables).
    • Allustion biblique (Marie-Madeleine : "que celui qui n'a jamais pêché jette la première pierre")
    • Il souhaite prouver qu'il est "meilleur"


  • But de Rousseau : se défendre vis-à-vis des hommes.

Comparaison avec Montaigne[modifier | modifier le code]

  • Montaigne : aucun jugement (absence du plan moral)
  • Rousseau : insiste sur le jugement
  • Visée, but différent
    • Montaigne : pour sa famille, le lecteur est un ami
    • Rousseau : pour que ses ennemis se jugent eux-mêmes
  • Limite
    • Montaigne : ne pas gêner le public, le lecteur
    • Rousseau : sa mémoire => veut corriger se problème, veut tout dire

Autres extraits étudiés[modifier | modifier le code]

  • Livre I : L'épisode du peigne cassé de "j'étudiais un jour seul ma leçon" à "carnifex!"
  • Livre II : La rencontre avec Madame de Warens de "j'arrive enfin" à "j'irai causer avec vous"
  • Livre II : L'anecdote du ruban volé de "que n'ai-je achevé tout ce que j'avais à dire" à "elle ne cesse pas un jour de s'accomplir"