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AA(PIERRE VAN PER)[modifier | modifier le code]

, jurisconsulte distingué, naquit au commencement du -16e siècle, à Louvain, où il devint professeur de droit ; il fut ensuite assesseur du conseil souverain de Brabant, puis président du conseil à Luxembourg. Il mourut en 4594. On a de lui : Commentariumdeprivilegiis creditorum ; Pro- chiron sive Enchiridion judiciarium. Il était issu d'une ancienne famille de la Belgique, qui, investie déjà au 10e siècle de fiefs nombreux, avait donné des châtelains à Bruxelles et se montra constamment attachée à la liberté et a l'indépendance de sa patrie opprimée par la puissance espagnole. -Trois de ses parents ( Adolphe, Philippe et Gérard van der AA) présentèrent, en 1366, à Marguerite de Parme, gouvernante des Pays-Bas, des remontrances énergiques contre la tyrannie de Philippe II. G-T.{RC}

AA (PIERRE VAN DER)[modifier | modifier le code]

, géographe et libraire-éditeur, établi à Leyde, publia, au commencement du e siècle, un grand nombre de cartes et plusieurs recueils de voyages, entre autres : \° Collection de voyages dans les deux Indes, Leyde, 1706, 8 vol. in-fol. ; 2° Recueil de voyages en France, en Italie, en Angleterre, en Hollande et en Moscovie, Leyde, vol. in-12 : ces deux ouvrages sont en hollandais a un Atlas de deux cents caries faites sur les voyages de long cours, depuis le 45e siècle jusqu'à la fin du 17e ; mais ces cartes sont la plupart inexactes ; un recueil de figures, connu sous le titre de Galerie agréable du monde, où l'on voit, en un grand nombre de cartes et de figures, les empires, royaumes, républiques, provinces, villes, etc., des quatre parties du monde, Leyde, <>6 vol. in-fol. reliés en Cette énorme collection, qui est sans texte, était néanmoins alors un des monuments les plus précieux de la géographie ; mais les progrès que cette science a faits, et les variations qu'elle a éprouvées, en ont diminué l'utilité. Cet infatigable éditeur a encore publié un Recueil de divers voyages curieux faits en Tartane et ailleurs, 1729, 2 vol. in-4 ( Voy. BERGERON Pierre ). H a aussi rendu service à la botanique, en publiant plusieurs ouvrages intéressants, qui seraient restés inédits sans son zèle éclairé pour les sciences, entre autres : le Botani- con parisiense, de Vaillant ; les Œuvres posthumes de Malpiyhi. Il réimprima en latin le Discours sur la structure des fleurs, de Vaillant ; enfin il aétérédi-{RC} JNIVERSELLE.{RC} leur du Thésaurus anliquitatum grœcarum de J. Grônorius, du Thésaurus anliquitatum Italiœ^ etc. Van der Aa mourat vers l'an 1750. Son catalogue, qui parut à Amsterdam en 1729, contient la liste très détaillée de ses nombreux ouvrages géographiques.-Son frère, H. van der AA graveur de cartes géographiques, a travaillé principalement pour ses éditions. E--s.{RC}

A A ( C.-C. HENRI VAN DER )[modifier | modifier le code]

, ministre luthérien, né à Zwoll en -17-18, fit ses études à Leyde, se rendit, en 1737, à l'université d'îéna, ftit nommé, en 1759, président de la communion luthérienne à Alcmaer, et, en 1742, à Harlem, où il prêcha pendant cinquante et un ans avec tant de succès, que son église était toujours remplie d'auditeurs de toutes les religions. Il fut un des fondateurs et le secrétaire de la Société hollandaise des sciences, érigée à Harlem en S2. On a de lui des sermons et des mémoires sur l'histoire naturelle lus dans cette Société. Un an avant sa mort, en 1792, il eut le rare plaisir de célébrer, pour la cinquantième fois, l'anniversaire de son entrée dans le ministère. Un des meilleurs artistes de la Hollande, J.-G. Holtrey, a consacré cet événement par une médaille dont la description se trouve dans le 10e vol. duKunsl-enLellerbode. D-G.{RC}

AAGARD (NICOLAS)[modifier | modifier le code]

, naquit en 16(2, à Viborg. Après avoir achevé ses études à l'université de Copenhague, il visita les principaux États de l'Europe pour étendre ses connaissances. De retour en Danemark, il embrassa l'étal ecclésiastique et cumula quelque temps les fonctions du pastoral avec celles de recteur d'une école. En 1647, il fut nommé professeur d'éloquence à l'académie de So- roë, et bientôt il joignit à cette chaire les places de conservateur de la bibliothèque et de secrétaire de l'académie. Diverses thèses et plusieurs opuscules lui avaient déjà mérité la réputation d'un savant philologue et d'un habile critique ; et il s'occupait de travaux plus importants, lorsqu'une mort prématurée l'enleva, le 22 janvier 1637. On cite de lui : de Stylo Novi Testamenti ; de Usu syllogismi in theo- logia ; de Oplimo Génère oratorum ; Prolusio- nes in Tatilum, Soroë, in-4° ; Ânimadversiones in Ammianum MarceUinwn contra Saxhorn, Soroë, in-4° ; de Ignibus subterraneis ; de Nido phœnicis M-B-N.{RC}

AÀGÀRD (CHRISTIAN)[modifier | modifier le code]

, poëte danois, ne à Viborg, en 1616, frère cadet du précédent, fut professeur de poésie à Soroë, puis à Copenhague, et mourut en 1664. On a de lui quelques poésies latines qui étaient estimées de son temps ; elles ont été recueillies dans le t. 4" des Deliciœ quorumdam poêla- rum danorum Fredcrîd Roslgaard, p. 559, Lug- duni Balavorum, -1695, 2 vol. in-12. Sa vie, écrite par son fils ( Se-werà ), se trouve clans le même recueil. M- B-N.{RC}

ÀÂGESE'N (SvENB[modifier | modifier le code]

, connu aussi sous le nom latin Sueno Agonis F.), historien danois, florissait en du temps de l'archevêque Absalon, dont il paraît avoir été le secrétaire. Il écrivit, par ordre de ce prélat, une histoire du Danemark, sous ce titre : Compendiosa Historia regum Daniœ a Sltioldo ad Camitum YI...Cet ouvrage est très inférieur pour le style à celui de Saxo Gramraaticus ; mais sur quelques points de critique historique, Svend Aagesen a eu des opinions plus conformes à la tradition des Islandais, adoptée aujourd'hui par les savants du Nord. Il ne remonte pas jusqu'à Dan Ier, roi fabuleux de Saxo. On a encore de lui : Historia legum casfren- sium régis Canuti Magni ; c'est une traduction latine de la loi dite de Wilherlag, donnée par Canut le Grand et publiée de nouveau par Absalon, sous le roi Canut VI. Aagesen Ta mise en tète d'une notice historique sur l'origine de cette loi. On trouve l'un et l'autre ouvrage dans le recueil intitulé : Sueno- nis Agonis filii, Chrislicrm ncpotis, primi Daniœ gcniis hîslarici, quœ cxiant Opuscula. Stcphanus Johannis Sfep/mniHS, ex vetuslifsimo codicc mc-m- braneo Ms. regiœ bibliothecce Hafniensis, prunus publid juris fecit. Sorœ, typis Hcnrici Crusii, -1642, pages in-8°. Dans cet intitulé, il faut, par rcgice bibliothccœ, entendre la bibliothèque de l'université de Copenhague. On trouve encore l'Histoire de Danemark de Svend Aagesen insérée avec des notes excellentes, dans'les Smp£oresdeLangebeck,t. Ier, p. 42, suiv. La traduction des Liges easlrcnses régis Canuti Magni est également imprimée dans les Scriplores, t. 5, p. -159, sqq. M-B-N.{RC}

AARE ( DIRK VAN DER )[modifier | modifier le code]

, évèque et seigneur d'Utrecht dans le 13e siècle, avait été prévôt à Maè's- tricht. Parvenu à l'épiscopat, il eut bientôt à soutenir une guerre périlleuse contre Guillaume, comte de Hollande, qui le battit, le fit prisonnier à Stavoren, et se disposait à le faire transférer au couvent d'Oosterzée, lorsque les moines, aidés des habitants de l'évêché d'Utrecht, délivrèrent, leur souverain. Celui-ci dissimula d'abord son ressentiment ; mais le comte de Hollande ayant été à son tour surpris et fait prisonnier par le comte de Brabant, Àare profita de cette circonstance pour s'emparer de plusieurs places de la Hollande. Guillaume étant rentré daas ses Étals après avoir acheté sa liberté, l'évêque d'Utrecht fut obligé de, lui accorder la paix, qui ne fut pas de longue durée. ; Le comte de Looz, qui avait épousé la fille de Guillaume, ei qui était devenu son ennemi, n'eut pas de peine à communiquer son ressentiment à Aare ; il lui vendit ; pour f, 000 marcs d'argent, l'investiture{RC} du comté de Hollande, et tous deux se mirent en campagne pour s'en emparer. Ils eurent d'abord quelques succès ; mais bientôt obligés d'abandonner leurs conquêtes, ils furent réduits à chercher leur sûreté dans les murs d'Utrecht. Aare s'empara néanmoins ensuite de Dordrecht, qu'il pilla et. réduisit en cendres ; cependant il fut contraint de faire la paix, et de renoncer à tous les projets d'envahissement qui avaient occupé son règne. 11 mourut à Dewenter, l'an 12)2, après avoir régné 14 ans, et fut inhumé dans la cathédrale d'Utrecht. D-G.{RC}

AARON[modifier | modifier le code]

, premier grand prêtre des Juifs, fils d'Amram et de Jochabed, arrière-petit-fils de Lévi, frère de Moïse, et né trois ans avant lui, en Egypte, vers Tan 2450 delà création (1374 ans avant J.-C.). Lorsque Dieu voulut affranchir son peuple de la captivité d'Egypte, il associa Âaron à Moïse pour cette importante mission ; et les deux frères se rendirent ensemble auprès du roi d'Egypte pour lui annoncer les ordres du Seigneur, ce qui ne fit qu'endurcir encore plus le cœur de ce monarque. Pour le convaincre de la vérité de leur mission, ils furent obligés d'avoir recours à des prodiges. Aaron changea en serpent la verge de Moïse ; les magiciens du roi opérèrent le même miracle, mais le serpent d'Aaron dévora tous les autres. Rien de tout cela ne put ébranler le monarque ; Aaron changea alors en sang les eaux de l'Egypte. On vit naître une multitude de grenouilles, de sauterelles, etc. A la voix de l'envoyé de Dieu, la peste se joignit à tous ces fléaux, et la terre fut couverte des plus épaisses ténèbres. L'ange du Seigneur frappa de mort tous les premiers-nés des Égyptiens, et il épargna ceux des Israélites. Pharaon consentit alors seulement à laisser partir les Hébreux. Aaron était doué de beaucoup d'éloquence. Dans plusieurs circonstances, ce fut lui qui parla à Pharaon et au peuple, pour Moïse, qui avait de la peine à s'exprimer. Moïse, allant recevoir sur le mont Sinaïles tables de laloi.conduisitaveclui Aaroii, qu'accompagnèrent Nadab et Abiu, ses fils, et soixante-dix vieillards d'Israël. Dieu se fit voir à eux ; mais Moïse, étant retourné seul sur la même montagne, y demeura pendant quarante jours : les Hébreux, mécontents de son absence, demandèrent à Aaron de leur faire des dieux qui pussent les conduire et marcher devant eux. Aaron, ne sachant comment résister à une multitude séditieuse, eut la faiblesse de consentir à sa demande ; et employant les pendants d'oreilles, ainsi que les autres bijoux que les femmes et les enfants lui fournirent, il fit fondre un veau d'or, à l'imitation du bœuf Apis, que les Égyptiens adoraient, et qu'une partie des Hébreux eux-mêmes avaient adoré en Egypte. Le peuple révéra cette idole comme le dieu qui l'avait délivré de l'esclavage ; on lui dressa un autel ; on lui offrit des sacrifices, et on dansa autour d'elle. Tandis qu'Israël se livrait à ce culte sacrilège, Moïse descendit de la montagne, et accabla de reproches son frère et les Hébreux. Aaron, qui n'avait été coupable que par faiblesse, essaya dé s'excuser : il répondit à son frère que les menaces des Israélites l'avaient effrayé : «Vous savez, dit-il, que ce peuple est méchant. » Dieu vit la pureté de »- <{RC} cœur et lui pardonna. Aaron -ne fut point compris dans le massacre des rebelles, qui fut exécuté par les enfants de Lévi, armés du glaive exterminateur ; des plus coupables périrent dans le jour même. D'après la loi de Dieu, que 31oïse donna ensuite au peuple, Aaron et ses quatre fils, Nadab, Abiu, Éléazar et Ithamar furent appelés à exercer la suprême sacrificature. Moïse les purifia par l'eau sacrée, et revêtit Aaron des habillements de sa dignité, c'est-à-dire d'une robe couleur d'hyacinthe, d'une tunique de lin, de Fépliod, et du ralional, ou pectoral, sur lequel étaient gravés les noms des douze tribus d'Israël. L'huile sainte répandue sur la tête d'Aaron, et la mitre dont on le décora, achevèrent la consécration. Sur le devant de la mitre, était une lame d'or où on lisait ces mots : La sainteté est au Seigneur. Le grand prêtre portait aussi sur sa poitrine les emblèmes appelés urim et £/wrmnfm, par le moyen desquels Dieuavait promis de lui découvrir ses volontés. La dignité à laquelle Aaron venait d'être élevé excita de grandes jalousies ; Coré, qui descendait de Lévi au même degré que lui, et qui jouissait d'une grande considération par son âge et ses richesses, voulut lui disputer la sacrificature suprême ; mais Dieu l'engloutit dans le sein de la terre avec ses deux complices, Abiron, Dathan, et deux. cent cinquante autres qui s'étaient soulevés contre Moïse et Aaron, et les avaient obligés à se réfugier dans le tabernacle. Dieu allait les venger, eu envoyant contre le peuple un feu dévorant, lorsque, l'encensoir à la main, Aaron, se plaça entre les morts elles vivants, et ohiint la grâce d'Israël. Dieu, pour mieux confirmer le choix qu'il avait fait d'Aaron, opéra de nouveaux prodiges Le grand prêtre fit écrire sur douze verges les noms des iribus : celui d'Aaron était sur celle de la tribu de Lévi ; on les plaça toutes- dans le tabernacle, et le lendemain on vit que celle d'Aaron s'était couver !e de Heurs et de fruits. Le feu du ciel consuma ensuite l'holocauste d'Aaron ; mais deux des enfants de ce pontife, Nadab et Abiu, ayant mis dans l'encensoir du feu étranger, malgré la défense de Dieu, furent aussitôt foudroyés ; et Moïse ne permit point qu'Aaron pleurât ces coupables que le Seigneur avait punis. Les fonctions d'Aaron et de sa famille étaient de garder le sanctuaire, dont ils avaient seuls la permission d'approcher. Eux seuls aussi pouvaient accomplir toutes les cérémonies qui se pratiquaient en deçà du voile placé à l'entrée du lieu saint. 11 leur était défendu de boire du vin ou toute autre liqueur enivrante quand ils devaient entrer dans le sanctuaire. Toutes les offrandes qui n'étaient point destinées à être bnïlées sur l'autel leur appartenaient, mais les mâles seuls de cette famille avaient le droit d'y participer, et ils étaient obligés de s'en nourrir dans l'intérieur du lieu saint. (Voy, LÉVI.) La vie d'Aaron n'offre plus rien de remarquable jusqu'à sa mort. Les Israélites, arrivés pour la seconde fois à Cadès, étaient sur le point d'entrer dans la terre promise ; Aaron soupirait comme les autres après cet heureux événement ; mais Dieu, pour le punir de ce qu'il avait douté de sa puissance, auprès de ce même rocher où il se trouvait alors, et qu'il lui avait autrefois ordonné de{RC} frapper pour en faire jaillir une source d'eau, lui signifia qu'il mourrait sans passer le Jourdain. Aaron, résigné à cette volonté sainte, se transporte sur la montagne de Hor, où Moïse le dépouille des habits pontificaux, dont Eléazar, son Ois, est aussitôt revêtu, à la vue de tout le peuple ; et Aaron expire entre les bras de son frère, à l'âge de 425 ans, <en ayant passé dans l'exercice du sacerdoce. L'alliance que le Seigneur avait faite avec lui et avec toute sa postérité dans sa personne, à l'exclusion de tout autre, devait durer autant que la nation dont il était 10 grand prêtre. Les Juifs modernes ont mis le nom cl'Aaron clans leur calendrier. II y eut à Jérusalem quatre-vingt-six grands prêtres depuis Aaron jusqu'à la destruction de temple. Cette dignité était essentiellement à vie ; mais lorsque les Romains se furent rendus maîtres de la Judée, les empereurs en disposèrent à leur gré et la vendirent quelquefois ù l'encan. (Yoy. MOÏSE.) D-T.{RC}

AARON (Saint)[modifier | modifier le code]

, fondateur du premier monastère qui ait été élevé en Bretagne, naquit dans celte province, au commencement du 6e siècle* II virait clans l'exercice des vertus chrétiennes, au milieu de sa famille, nouvellement convertie, ainsi que lui, lorsque St. Malo arriva dans le même pays avecl'ijiten- tion d'y prêcher la foi. Les deux saints réunirent leurs prédications. Peu de temps après, St. Aaron, ayant assemblé autour de lui plusieurs néophytes, céda à leurs instances, bâtit un monastère et consentit à être leur père spirituel ; il les gouverna avec autant de sagesse que d'édification jusqu'à sa mort, arrivée en 580. On célébrait sa fête le 22 juin, dans le diocèse de St-Malo, et il y avait, avant Ja révolution, une paroisse sous son invocation clans celui de Sl-Brieuc. G-s.{RC}

AARON, d'Alexandrie, ou AHRQN,[modifier | modifier le code]

prêtre et médecin célèbre, florissait. vers Fan 622. Dans un ouvrage divisé en 50 livres, connu sous le nom de Pcmdeclœ, et écrit en langue syriaque, il a faiblement commenté les ouvrages des médecins grecs. C'est par le secours de ces versions syriaques que les Arabes commencèrent à connaître les ouvrages des Grecs. Le premier qui les ait traduits dans la langue arabe est le médecin Maderjawaihus, Syrien et juif, qui, vers l'an 683, donna une interprétation des Pan- deetes. Aaron est aussi le premier qui ait fait connaître, dans un traité en langue syriaque, la petite vérole, que quelques-uns veulent à tort faire remonter jusqu'aux Grecs, et dont quelques autres n'assignent l'origine qu'au temps des Arabes. C. et A.{RC}

AARON ou HAROUN, surnommé An-RÉcm'D,[modifier | modifier le code]

le Juste, S- calife abasside, et l'un des princes les plus célèbres de sa dynastie, naquit à Rey, en \48 de l'hégire (7CS-6 de J.-C.). Mahcly, son père, confia sa jeunesse aux soins de Yahya le barméeyde. ( Voy. MAÏIDY et BAKMÉCYDE. ) Dès l'année 779, il débute dans la carrière militaire par une expédition contre les Grecs, à qui il enlève la ville de Samalica, avec un immense butin. Il n'obtint pas moins de gloire dans une seconde expédition qui eut lieu deux ans après. L'impératrice Irène envoya contre lui Nicétas, soa général. Le fils du calife, dédaignant de se mesurer{RC} avec cet infidèle, fait marcher contre lui Yézyd, son lieutenant, qui met en fuite les Grecs, et tue lent- chef. Après cette victoire, Haroun longe le Sangaris à la tête d'une armée de 93,000 hommes, traverse la Bithynie, et pénètre jusqu'au Bosphore. Ses lieutenants n'obtinrent pas moins de succès. Lacha- nodracon, le plus habile général grec, fut battu, et trois armées arabes, prêtes à se réunir, menacèrent Constantinople. Irène députa auprès du vainqueur Staurace, Antoine, et Pierre, grand maître du palais. A peine ces trois officiers sont-ils arrivés au camp d'Haroun, qu'il les fait jeter en prison, sous prétexte qu'ils n'avaient point de lettres de sauvegarde. Irène, privée de ses conseillers, et livrée à elle-même, se soumit à la loi du vainqueur, et s'engagea à payer un tribut annuel de 70,000 pièces d'or environ un million ), à faire pratiquer des chemins pour le retour de ses ennemis, et à leur indiquer leur route par des colonnes élevées de distance en distance. Au retour de cette expédition, le calife, père d'Haroun, le déclara successeur du premier de ses fils nommé Hady. ( Voy. HADÏ'. ) Ce calife mourut en 169 de l'hégire (785-6) ; et Haroun, loin de profiter pour usurper le trône de l'absence de son frère, occupé à faire la guerre en Djordjan, le proclama calife, et reçut en son nom le serment de fidélité des troupes. Le mérite éclatant d'Haroun, et la confiance dont l'avait honoré son père, excitèrent la jalousie de Hady. À celte jalousie se joignait un ressentiment particulier : Haroun avait reçu de son père mourant un diamant d'une rare beauté, et le "portait à son doigt. Hady, lorsqu'il fut calife, désira le posséder, et le fit demander à Haroun, un jour qu'il se promenait sur les bords du Tigre. Haroun refusa de donner ce gage précieux de la tendresse de son père ; et Hady ayant ordonné qu'on le lui prît par force, il le détacha de son doigt, et le jeta au milieu du fleuve. Ce trait de fermeté ne contribua pas peu à aigrir le calife contre son frère. Il tenta plusieurs fois de le priver de la succession au trône, et n'en fut empêché que par les conseils et l'ascendant de Yahya le barmécyde. Enfin, lassé de l'opposition que ce ministre mettait à ses desseins, et craignant de plus en plus son frère, il ordonna la mort de l'un et de l'autre. Cet ordre allait être exécuté, lorsque le calife mourut lui-même subitement. Cet événement sauva la vie à Haroun, et le mit en possession du trône, le 15 de rebyi Ier, de l'hégire(-14 septembre 786 de J.-C. ). Dès qu'il y fut monté, il s'acquitta de la reconnaissance qu'il devait à Yahya, et en fit le second personnage de l'empire. Telle fut l'origine de la fortune rapide des Barmécydes. Les talents de ce ministre et les services de ses fils ne contribuèrent pas peu à la splendeur du règne d'Haroun. Ce prince possédait un des plus vastes empires qui aient jamais existé, mais cette étendue même était une source de guerres et de rébellions continuelles. Les provinces orientales étaient livrées aux incursions des peuples voisins ; à l'occident, les Grecs attaquaient sans relâche l'empire, déchiré au dedans par la faction des Alycles. Voy. ALI.) Haroun s'opposa lui-même aux Grecs,{RC} tandis que ses lieutenants, et particulièrement FadhI, fils de Yahya, soumirent les peuples rebelles par leurs victoires, ou par une sage administration. En 791, il désigna pour son successeur son fils âgé de 3ans. Ce fut une démarche impolitique d'assurer la couronne à un prince dont il "ne pouvait connaître la capacité ; et le peuple, qui la jugea telle, refusa de reconnaître Amyn, et ne donna son consentement que lorsqu'il y M contraint. En 792, l'alyde Yahya, qui s'était sauvé dans le Déylem, fut reconnu pour iman par les habitants de cette province. Haroun envoya contre lui FadhI, fils de Yahya, qui, par une adroite négociation, l'amena à des dispositions pacifiques. Yahya consentit même à se rendre à la cour du calife, s'il voulait lui donner des lettres de sauvegarde écrites de sa propre main et signées de ses principaux officiers. Haroun dissimula, délivra les lettres de sauvegarde, et lorsque Yahya fut à sa cour, il se saisit de sa personne et le fit mou- Tir. Les écrivains orientaux n'ont point cherché à diminuer l'horreur de ce crime, et les poêles osèrent même déplorer dans des élégies l'assassinat de Yahya, et couvrir de honte le prince des croyants. En 797, Haroun marcha sur Moussoul, et, irrité des rébellions fréquentes des habitants, il lit abattre les murs et les fortifications de cette ville. La même année il rentra dans l'Asie Mineure, enleva Sassaf aux Grecs, et revint chargé d'un riche butin. Il s'acquitta pompeusement, du pèlerinage, en 802, et fit suspendre son testament à la Kaabah. Il y déclarait Amyn son successeur, et lui donnait la Syrie et l'Irac. Mamoun devait succéder a son frère Amyn, et avait pour apanage toute la partie orientale de l'empire. L'apanage deMotassem, son troisième fils, se composait du Djezyreh, clés Tsaghour, de l'A- wasim et de l'Arménie. Nicéphore, qui était monté sur le trône de Constantinople, après la chute d'Irène, écrivit à Haroun pour lui redemander les sommes que lui avait payées cette impératrice. Il ne lui laissait point d'alternative entre la restitution ou la guerre, et ses ambassadeurs présentèrent au calife un faisceau d'épées en signe des intentions de leur maître. Haroun écrivit pour toute réponse sur le dos de la lettre : « Haroun, commandeur des croyants, à Nicéphore, chien de Romain. Fils d'une mère infidèle, j'ai lu ta lettre ; tu n'enten- ciras pas ma réponse, tu la verras. » Et rompant en même temps le faisceau d'épées d'un coup de cimeterre Vous voyez, dit-il aux ambassadeurs, si les armes de votre maître peuvent résister aux miennes ; mais, eût-il mon cimeterre, il lui faudrait encore mon bras. » L'effet suivit de près la menace ; Haroun traverse une partie de l'Asie, assiège Hé- raclée, met tout à feu et à sang, et fait trembler le faible Nicéphore, qui s'offre de lui-même à payer un tribut annuel. Haroun accepta sa proposition et se retira. La rigueur de l'hiver qui suivit parut à Nicéphore une occasion favorable pour refuser de payer le tribut. Mais Haroun, bravant la pluie et le froid le plus rigoureux, traverse de nouveau l'Asie Mineure, et vient encore une fois près du Bosphore recevoir le tribut de Nicéphore. Plus avide d'argent que de{RC} éonquêtes, il se retira aussitôt après. Nicëphore, plus avare que sensible àThonneur, tirait avec peine des sommes considérables de son trésor, pour les livrer à son ennemi. Il rassembla donc toutes les forces de l'empire, se mit à leur tête, et se dirigea sur la Syrie ; Haroun était également entré en campagne à la tête de 153,000 hommes. Les armées se rencontrèrent près de Crase, enPhrygie. Les Grecs furent encore défaits, et Nicéphore reçut trois blessures ; il paya encore une fois le tribut, et Haroun rentra dans ses États pour revenir, deux ans après, à la tête de 500,000 hommes, se venger d'une nouvelle agression. Jl envoya un corps d'armée jusqu'à Ancyre. Nicéphore, aussi prompt à s'effrayer qu'à manquer à ses promesses, demanda la paix, et l'obtint en payant encore des sommes considérables. Haroun, voulant l'humilier et l'accabler du dernier mépris, l'obligea à racheter sa propre personne par 6 pièces d'or, dont 5 pour sa télé, et 5 pour celle de son fils. Ce dernier tribut flattait plus Haroun qu'une victoire brillante. A peine fut-il de retour dans ses États, que Nicéphore rompit ce traité, en faisant rétablir les forteresses détruites. Haroun revint, pril Sébaste, et jura de ne jamais faire la paix avec im aussi vil ennemi. Sans les troubles élevés dans le Khoraçan, et qui exigèrent, sa présence, Constanlinople serait peut-être tombé dès lors au pouvoir des musulmans. Mais, en 807, Haroun alla en Khoraçan, clans le dessein de soumettre Beby ben Leits, qui avait secoué le joug de l'obéissance, et s'était emparé de Saniarcand. Il était parti malade de Raccah, où il faisait sa résidence, et il mourut à Thous, au mois de djoumady, 2% -195 clé l'hégire (mars 809), après un règne de 23 ans, et à l'âge de 47 ans. L'histoire des califes ne nous présente aucun règne aussi brillant. «Jamais l'État ne jouit de plus de splendeur et de prospérité, dit un écrivain arabe, et les bornes de l'empire des califes ne furent jamais plus reculées. La plus grande partie de l'univers était soumise à ses lois. L'Egypte même formait une province de son empire, et celui qui y commandait n'était qu'un de ses lieutenants. Jamais la cour d'aucun calife ne réunit un aussi grand nombre de savants, de poètes et de gens du plus haut mérite. » Haroun eut le bonheur d'être conseillé par de grands ministres, et quoiqu'il faille attribuer à leurs talents l'état brillant de son immense empire, il faut convenir qu'à de grands vices il joignit d'éminentes qualités. Sous son règne, les chrétiens d'Orient n'éprouvèrent point de persécutions. Tl aimait les lettres, et admettait à sa familiarité ceux qui les cultivaient. Bon poêle lui-même, il avait des connaissances très étendues en histoire et en littérature. Sa gaieté naturelle avait rendu sa cour l'asile des plaisirs et d'une aimable liberté. Il aimait beaucoup les échecs ; et il assigna des appointements à ceux qui professaient ce jeu. Ce qui peint surtout Haroun et son siècle, c'est qu'il figure dans presque tous les contes inventés par les Arabes. Mais des qualités aussi belles sont flétries par clés yices et des crimes impardonnables. Il manqua de bonne foi envers Irène ; il usa de la plus noire perfidie à l'égard{RC} de Yahya, et sacrifia, sans aucune raison, la famille des Barmécydes, à qui il devait une partie de sa gloire. (Foi/. YAHYA.) Sa dévotion était feinte, et sa générosité tenait plus à l'orgueil qu'à la grandeur d'aine. Charlemagne jetait alors le même éclat en Occident, et ces deux princes, dignes de s'apprécier, furent en correspondance. Le calife envoya, en 807, une ambassade au monarque français avec les clefs du saint sépulcre. Parmi les présents qu'il lui fit offrir, on remarquait une clepsydre, ou horloge d'eau, regardée alors comme un prodige, un jeu d'échecs, et des plants de légumes et de fruits de différentes espèces, dons inappréciables dans un temps où la France était peu cultivée. Les restes du jeu d'échecs furent déposés, en 1795, à la bibliothèque nationale, où ils se voient encore. La même bibliothèqute possède un petit Coran in-16, écrit en caractères koufyques, sur peau de gazelle, qui a appartenu à Haroun. Amyii, son fils, lui succéda. J-w.{RC}

AARON, BEN - ASE.R[modifier | modifier le code]

, célèbre docteur juif, entreprit de corriger, avec Ben - Nephtali, les exemplaires hébreux de la Bible. Le premier recueillit les diverses leçons des manuscrits d'Occident, et le second, celles des manuscrits d'Orient. Leurs exemplaires, conservés religieusement, l'un à Jérusalem, l'autre à Babylone, ont servi de modèles à ceux qui ont été faits depuis. Il en est résulté deux sectes parmi les Juifs : celle des occidentaux, qui reconnaît Ben-Aser pour chef, et celle des orientaux, qui suit scrupuleusement Ben-Nephtali. Du reste, leurs corrections n'ont guère pour objet que des minuties grammaticales. L'opinion la plus commune les place dans le 40e ou le 11e siècle. Comme on croit qu'ils étaient chefs d'académies, et que leurs exemplaires sont lespremiersdanslesquelsontrouve les points-voyelles, on a conclu qu'ils eu ont été les inventeurs ; -ce qui fournit un argument plausible en faveur de la nouveauté de ces points, que le commun des rabbinistes fait remonter aune plus haute antiquité. T-1>.{RC}

AARON ( ISAAG )[modifier | modifier le code]

, né vers le milieu du -H6 siècle, voyagea dans la partie occidentale de l'Europe, et se retira dans sa patrie sous le règne de Manuel Comnène, dont il était né sujet. Ses voyages le mirent à même de rendre des services à son prince ; il devint son interprète pour les langues des différents Etats qu'il avait parcourus ; mais il trahit ses devoirs en révélant les secrets de son souverain aux ambassadeurs des puissances qui résidaient auprès de lui. L'impératrice découvrit son crime, et il fut condamné à avoir les yeux crevés, ses biens furent confisqués. Lorsque Andronic Comnène eut usurpé le trône, Aaron lui conseilla de ne pas se contenter d'arracher les yeux à ses ennemis, mais encore de leur couper la langue, qui pouvait lui nuire davantage. Aaron fut dans la suite victime de cet horrible conseil ; car Isaac l'Ange étant monté sur le trône, en 4205, lui fit couper cette langue, qui avait conseillé tant de crimes. Cet homme, suivant les mœurs du temps, s'occupait de prédictions et de nécromancie. M-T.{RC}

AARON-ARISCON,[modifier | modifier le code]

fils de Joseph, rabbin caraïte et médecin, vivait à Constantiuopleaui§e siè-{RC} clé. Il était docte interprète de la loi, habile théologien, et l'vm des plus iUustïes écrivains de sa secte. Le rabbin Mardochée, caraïte, dans son livre intitulé Dod Mordachai, ou Notice sur les caraïtes, que Wolfius a publiée avec une version latine, le vante encore comme grand philosophe et cabaliste. comme un homme plein d'honnêteté, d'amour pour la vérité, et vénère ses écrits comme prophétiques et divins. Ceux qui subsistent sont ; 1° un Commentaire sur le Pentateuque, intitulé ftlachvar, Choisi., qui en effet, dit le docteur Rossi, est choisi, précis, excellent, grammatical et littéral, mais quelquefois allégorique, subtil et obscur ; 2° Commentaire sur les premier s prophètes, c'est-à-dire, sur les livres de Josué, des Juges, de Samuel, et des. Rois ; 5° Commentaire sur Isaïc et sw-r les Psaumes ; 4° Commentaire sur Job : ces quatre ouvrages n'ont pas été imprimés ; 5° Chelil Jofî, par/ail en beauté, petit, mais excellent livre de critique sacrée et de grammaire, très rare, imprimé in-3° à Constantinople, en -1581 ; 6° Seder Tefilolh, Ordre de prières selon le rite de la synagogue des caraïtes ? Venise, 2 vol petit in-i", 1528 et 1329. En 1715, les caraïtes essayèrent de le réimprimer à Venise, mais ne purent y parvenir. La part qu'eut Àaron dans cette espèce de bréviaire caraïle fut d'avoir indiqué l'ordre dans lequel se trouvent toutes les prières relatives aux fêtes et aux autres jours, et d'y avoir joint une préface, ainsi que ses Piutim ou hymnes sacrées, qui se trouvent, dans la première partie de l'ouvrage. D-T.{RC}

AARON-ACHARON[modifier | modifier le code]

, fils d'Elias, rabbin, natif de Nicomédie, vivait vers 1546, et a composé différents ouvrages très estimes de sa secte. Le premier est Elz Chaûm, l'Arbre de la vie, ouvrage philosophique et théologique qui expose les fondements de la religion et la vérité de la loi mosaïque, selon les idées des caraïtes. 2° Gan Eden, Jardin d'Eden, appelé aussi Sefer Mitzwoth, Uvre de préceptes. L'ouvrage contient, en 15 traités, tous les rites et. préceptes des caraïtes. 3° Cheder Tora, Couronne de la loi, commentaire littéral, mais diffus, sur le Pentateuque, Nolzer emunim, Gardien de la foi ; ce livre, en 11 chapitres, traite des fondements de la loi, et fut composé en 1546. Quelques-uns lui ont attribué un Commentaire sur Isaïe, qui n'est pas de lui, mais d'Aaron-Ariscon. D-T.{RC}

AARON (PJETRO)[modifier | modifier le code]

, né à Florence vers 1480, fut moine de Tordre des Porte-Ci'oix ( Crosachieri}' de cette ville, et chanoine de Rimini. On ignore la date de sa mort, mais on sait qu'il vivait, encore en car il publia, cette année, l'un de ses ouvrages intitulé Lucidario in musica. On connaît de lui : Compendiolo di multi dubbi segreti e setitenze, in- torno al canlo ferma e figuralo, da molli eccellenti consumati musici dichiarate raccolle datt' eccellenle e sulnzato autore, frate Pielro Âaron clell' ordme de Crosachicri, e dclla inclita ciltàdiFirenzeinMilano per Gio, Antonio da Castiglione ; in-8° (sans date). Jean-Antoine Flaminio, ami de l'auteur, traduisit, ce livre en latin et. le publia sous ce titre : Libri 1res de Inslilulione harmonica^edili a Petro Àaron Flo- rentino,interprète Jo. Ànt. Flaminio Forocorne- liensi ;Bononiœt 45(6, in-8°. 2° Traltato délia na-{RC} tura e délia cognizione di lulti gli Tuoni nel canto figurato ; Venezia, 1525, in-fol. La deuxième édition est de 1527, in-fol, 3° 11 Toscanctto délia musica ; Venise, 1523, 1525, 1329, 1539 et 1562, in-fol. C'est le meilleur de ses ouvrages, et c'est celui où les règles du contre-point ont été le mieux exposées jusqu'à Jarlin. 4° Lucidario in musica di alcime opinioni antichee moderne ; Venise, 1545, in~ï°. On ne trouve clans les ouvrages d'Aaron qu'un développement de la doctrine de Tinctoris et de Gussorio ; mais ils sont précieux, parce qu'il y a mis beaucoup d'ordre et de clarté. F-T-s.{RC}

AÀRON DE BISTRICZ (PIERRE-PAUL)[modifier | modifier le code]

religieux de l'ordre de Saint-Basile, et évéquede Foga- ras, siège principal cl es Grecs-Unis delà Transylvanie, se fit urne réputation de sainteté par sa piété, et écrivit plusieurs ouvrages en langue valaque ; le plus connu de tous est celui qui a pour titre : Definilio et, exor- dium sanclœ cl œcumenîcœ synodi florentines, ex anliqua grœco-lalina cditionc desumpla ; Balaslalvœ, in-12. M-DJ.{RC}

AARON-ABEN-CHAIM,[modifier | modifier le code]

rabbin, naquit dans la ville de Fez. Son vaste savoir, dont Aboab fait un grand éloge dans sa Nomologie, le plaça à la tête des rabbins de sa patrie vers le commencement du 17e siècle. Il fut aussi rabbin des synagogues d'Egypte. Le désir de livrer ses ouvrages à l'impression lui. fit entreprendre, en 1609, le voyage de Venise, où il en publia quelques-uns. Il mourut peu après, laissant très imparfait son Commentaire des premiers prophètes. Ses ouvrages sont : 1° un Commentaire sur Josué et les Juges, avec le texte sacré, sous le titre de Lcv Aaron, Cœur d'Aaron, Venise, 1609, rare ; Korban,Aaron, Y Offrande d'Aaron, commentaire diffus et savant sur le Siffra, ancien commentaire sur le Lévttiqiie. 11 parut dans le même format et en la même ville, la même année, et Fauteur y a inséré, sous le titre de Midolh Aa<ron,Qualités d'Aaron, un commentaire sur les treize façons dont le rabbin Ismaël interprète l'Ecriture sainte. Il travailla encore à, des commentaires sur le Sifri et le Melchita, etc. Tous ces ouvrages sont très estimes des juifs. V-VE.{RC}

AARONOWICZ (ISAAC)[modifier | modifier le code]

appelé aussi Isaac ben Aaron Proslyts, juif polonais, était imprimeur à Cracovie, où il mourut fort âgé, en 1629. On a de lui quelques ouvrages hébreux, relatifs à la religion juive. Les éditions les plus remarquables sorties de ses presses sont : 1° Le Talmud de Babylone, -15 vol. in-fol., une des meilleures éditions que nous ayons de cet ouvrage ; 2° Scphcr Mirwolh, -iSoO ; 5° Agngda ou l'Abrégé du Talmud, -1571 ; 4° Proverbes de Salomon, en hébreu, avec une traduction allemande en regard, J587 ; §°lePen(aleuqite,en\-\é]->Ye\i et chaldéen, enrichi de notes, 1587 ; 6° Talmud de Jérusalem, 1609 ; 7° la Bible en hébreu, avec des notes, par Raschi, 1610. A la même époque à 1627), Lévi Bar Abraham Kalonymus publia à Lublin, chez José Bar Israël Oestereicher, une autre édition du Talmud babylonien,-en 15 vol., d'après celle de Justinien de Venise ; il ne faut point la confondre avec celle d'Aaronowicz. L'imprimerie de celui-ci, si florissante tant qu'il vécut, tomba{RC} clans l'oubli quand elle ne fut plus soutenue par son savoir et par ses richesses. G-r. _{RC}

AARSSEN (CORNEILLE VAN)[modifier | modifier le code]

seigneur de Spijck, greffier des états généraux de Hollande, d'une ancienne famille du Brabant, naquit à Anvers en 1345. llobtint, en J5T4, lacharge de secrétaire de Bruxelles, et fut nommé pensionnaire en 1584. Dans la même année, on lui confia les fonctions de greffier des états généraux, qu'il exerça pendant quarante ans. Son grand âge et les troubles qui agitèrent la Hollande, en 1621 et en 1625, le forcèrent de renoncer à sa charge. Il mourut peu de temps après, laissant, sa mémoire souillée par sa conduite envers Glden-Bar- nevelt, dont il était devenu l'ennemi. Après avoir défendu longtemps avec lui les intérêts de sa patrie contre Maurice de Nassau, Aarssen avait fini par passer dans le parti de ce prince. D-G.{RC}

AABSSEN (FRANÇOIS VAN)[modifier | modifier le code]

ambassadeur hollandais, fils du précédent, naquit à la Haye, en 15T2. Son père le plaça dans la maison du prince d'Orange et sous la direction de Duplessis-Mornay, avec qui il avait des relations d'amitié. Le jeune Aarssen accompagna le prince dans ses voyages. Connaissant, bien la langue et les affaires politiques de la France, il fut nommé, en 1598, par les étals généraux, résident des Provinces-Unies auprès de Henri IV. Ce fut le pensionnaire Olden - Barnevell qui lui fit confier cette mission. Il s'en acquitta avec succès, se fit aimer à la cour de France, et reçut, en f 609, des états généraux et du roi Henri IV, le titre d'ambassadeur. Il prit place immédiatement après l'ambassadeur de Venise, et concourut aux négociations difficiles qui amenèrent enfin une trêve de douze ans entre l'Espagne et les états généraux, sous la garantie de la France ; mais, après la mort de Henri IV, il entra dans des intrigues de cour. S'étant uni à plusieurs grands qui faisaient ombrage à la reine mère, il s'opposa à quelques demandes de Louis XII i, se permit même de publier un libelle contre ce prince, et fut disgracié. Rappelé dans sa patrie en sa conduite fut aussi odieuse que celle de son père. Il se déclara contre Barnevelt, devint l'âme de tous les projets de Maurice de Nassau, et attaqua le grand pensionnaire dans des écrits pleins d1art et d'éloquence. Ce fut lui qui conseilla la convocation dû- fameux synode de Dordrecht, où furent condamnés Barnevelt et les principaux adversaires de Maurice. Ce meurtre judiciaire acheva de rendre Aarssen odieux à tous les partisans de cet illustre citoyen. Maurice étant devenu tout-puissant, Aarssen fut nommé, en ambassadeur auprès de la république de Venise. Pendant les troubles delà Bohême, il remplit plusieurs missions auprès des princes allemands et italiens. En 1626, il fit partie de la députation envoyée en Angleterre pour conclure un traité d'alliance, et. l'année d'après, il se rendit en France, chargé d'une mission semblable. Il gagna l'estime du cardinal de Richelieu, qui, de son temps, n'avait, disait-il, connu que trois grands politiques, Oxenstiern, Viscardi et Aarssen, En 1640, il passa une seconde fois en Angleterre pour négocier le ma-{RC} riage de Guillaume, fils du prince d'Orange, avec la fille de Charles Ier. Il mourut un au après ce voyage, à l'âge de 69 ans. Aarssen a écrit des mémoires inédits sur ses différentes ambassades ; ils sont pleins de détails intéressants ^ et prouvent une grande finesse d'esprit et cette souplesse dont les négociateurs se font un mérite sans oser la regarder comme une vertu, II fut rampant et ambitieux ; ou lui reproche avec raison d'avoir vendu sa plume à Maurice, et d'avoir trop aimé l'argent. Il laissa à sa mort un revenu de 100,000 liv.- Son fils, Corneille AAHSSEN, hé en 1602, et mort en J662, fut commandant de Nimègue et colonel d'un régiment de caAralerie ; il passait pour le plus riche particulier de là Hollande. - Son petit-fils, qui portait également le nom de Corneille, se rendit puissant à Surinam ; mais s'étant attiré la haine de ses soldats, il fut massacré par eux en 1688. - Enfin, son arrière-petit-fils, connu sous le nom de seigneur de Chastillori, mou- ru f avec le rang de vice-amiral. G-T.{RC}

AARSSEN (FRANÇOIS)[modifier | modifier le code]

seigneur de la-Plaate,run des petits-fils du précédent, se noya, passant d'Angleterre en Hollande, Fan \ 659, après un voyage de huit ans en divers endroits de l'Europe. On a de lui : Voyage d'Espagne, curieux, historique et politique, fait en l'année -1655, Paris, 1665, in-4°, et in-4° ; en Hollande, -1666, in-12, édition préférable aux précédentes et contenant quelques augmentations. Cet ouvrage est aussi imprimé sous ce titre : Voyage d'Espagne, contenant, entre plusieurs particularités de ce royaume, trois discours politiques sur les affaires du protecteur d'Angleterre, la reine de Suède et du duc de Lorraine, etc. ; Cologne, . Marteau, -1666, in-12. A-B-T.{RC}

AARTGEN ou AERTGENS[modifier | modifier le code]

peintre hollandais, né à Leyde en 1498, fut d'abord cardeur de laine. S'étant appliqué à la peinture, il eut pour premier maître Corneille Engelhrechtz. Il acquit bientôt une si grande réputation, que les meilleurs peintres de son temps s'honoraient de son amitié. Franck Floris, jaloux de le connaître, vint d'Anvers à Leyde à cette, intention. Lorsqu'il s'informa de la demeure d'Aart- gen, on lui indiqua une misérable petite maison. II s'y rendit ; Aartgen était absent. Introduit dans son atelier, Floris renouvela le trait d'Apelle, lorsque ce célèbre artiste alla chez Protogène ; il prit un charbon et dessina sur la muraille Févangéiïste saint Luc : Aartgen, de retour, s'écria que Floris seul pouvait avoir fait ce dessin ; et il alla le voir aussitôt. Floris s'efforça vainement de l'attirer à Anvers ; Aartgen répondit qu'il aimait mieux sa pauvreté : ce désintéressement s'alliait malheureusement à des habitudes de paresse et de débauche qui lui devinrent fatales : comme il rentrait souvent fort tard, et dans un état d'ivresse, il se noya un soir dans un canal, à l'âge de 66 ans, en 1564. G-T.{RC}

AARTSBERGEN ( ALEXANDRE VAN DER KA-PELLE,[modifier | modifier le code]

seigneur de ), gentilhomme hollandais, naquit vers la fin du 46e siècle, et se fit remarquer, étant encore étudiant à l'université de Leyde, par son goût pour le travail, et par ses heureuses dispositions. G. Yossius-, dans l'éloge d'Erpénius, dit{RC} que, non content d'étudier avec le plus grand zèle l'histoire et le droit, Kapelle, élève de ce savant, avait appris la langue arabe en quatre mois, dans les heures de récréation. Au sortir des études, il visita différentes contrées, et particulièrement la France, où il demeura quelques années. En 1624, il fut reçu dans l'ordre équestre du comté de Zutphen, qui le nomma successivement député de la chambre des comptes, et juge du district de Dœsbourg, etc. En 1676, il épousa la fille d'un gentilhomme qui lui apporta en dot la seigneurie d'Aartsbergen, dont il porta dès lors le titre. Les troubles auxquels la Hollande fut en proie dans les années suivantes lui donnèrent l'occasion de développer ses talents politiques. Lié d'amitié avec le prince Guillaume, il lui parlait avec franchise, et blâmait souvent la témérité de ses entreprises. Effrayée de la masse des dettes nationales, la province de Hollande avait résolu de diminuer l'armée ; le prince Guillaume II et les états des autres provinces s'opposèrent vigoureusement à cette mesure. Aartsbergen fut l'âme de ce parti. Dans un manifeste adressé à la ville de Dordrecht, il exhorta avec énergie les Hollandais à se réunir sous la direction du prince Guillaume, auquel ils devaient leur liberté. Des manifestes semblables furent adressés à d'autres villes ; mais Dordrecht n'en cessa pas moins de payer la solde des troupes. Aartsbergen publia alors un autre mémoire pour engager cette ville à ne pas se séparer de l'union. Wagenaar et d'autres historiens hollandais l'accusent de n'avoir été qu'un aveugle partisan du prince Guillaume, et de lui avoir donné de pernicieux conseils, entre autres celui d'arrêter les membres des états qui s'opposaient à ses projets. Il a réfuté lui-même une partie de ces accusations dans ses mémoires, publiés en 1778, 2 vol. in-8°, par sou petit-fils Rob. Gaspard van der Kapelle, qui a accompagné l'ouvrage d'une longue préface apologétique. Aartsbergen est mort à Dordrecht, en 1656. D-G.{RC}

AARTSEN (PIERRE)[modifier | modifier le code]

peintre hollandais, appelé communément Lange Pier, Long-Pierre, à cause de sa grande taille, naquit à Amsterdam, l'an '1507. Placé de bonne heure dans l'atelier d'Allart Klaassen, qui était alors un des plus fameux peintres de cette ville, il se fortifia sous sa direction, et s'accoutuma surtout à mettre beaucoup de réflexion et de patience dans son travail. A l'âge de dix-sept ans, il se rendit à Anvers, où il perfectionna sa manière, chez Jean Mandyn, qui imitait avec succès le genre de Jérôme Bos : il fut admis, en \ 555, dans la maîtrise des peintres anversois. Il peignit le plus souvent des objets peu élevés, tels que l'intérieur d'une cuisine, des mets, et autres objets semblables qu'il savait grouper avec art, et qu'il représentait avec tant de vérité, que peu de peintres ont pu l'égaler dans ce genre. Il peignit cependant aussi plusieurs sujets religieux pour les églises d'Amsterdam, Louvain et autres ; mais il eut la douleur de voir détruire ces tableaux, en 1366, par suite des troubles religieux. Aartsen soignait moins les tableaux d'une petite dimension que les grands ; la perspective et l'architecture lui étaient très familières ; il se plaisait aussi à repré-{RC} senter des animaux,dont le coloris varié produisait un très bon, effet. Il vendit ses ouvrages à bas prix, et s'occupa fort peu de sa fortune. Il mourut dans sa ville natale, en 1575j et fut enseveli dans l'église dite Oudelterk, auprès du chœur, où on lit encore son épitaphe. D-G.{RC}

ARÇON (JEAN-CLAUDE-ÉLÉONORE-LEMICHAUD D')[modifier | modifier le code]

naquit en 1733 à Pontarlier. Son père, avocat instruit, est auteur de plusieurs brochures relatives à des questions concernant la coutume de Franche-Comté. Afin d'inspirer à son fils le goût de l'état ecclésiastique, auquel il le destinait, il le fit pourvoir d'un bénéfice ; mais d'Arçon eut dès son enfance une passion dominante pour les armes. Au lieu d'étudier le latin, il dessinait et traçait des ouvrages de fortifications. Il se servit d'un moyen ingénieux pour faire connaître à ses parents l'erreur dans laquelle ils étaient sur sa vocation. On venait de faire son portrait : il substitua lui-même, de sa propre main, l'habit d'ingénieur à celui d'abbé, sous lequel il avait été peint. Le père entendit ce langage muet, abandonna ses premiers projets, et ne songea plus qu'à seconder ceux de son fils. Admis à l'école de Mézières en 1754, d'Arçon fut reçu ingénieur ordinaire l'année suivante. Il se distingua dans la Guerre de Sept Ans, et particulièrement en 1761, à la défense de Cassel. En 1774, il fut charger de lever la carte du Jura et des Vosges. Pour accélérer cette opération, il inventa une nouvelle manière de lavis à la sèche avec un seul pinceau, beaucoup plus expéditive, et produisant plus d'effet que le lavis ordinaire. Cette invention heureuse a été regardée comme une véritable conquête pour l'art. Doué d'une imagination inépuisable et d'une infatigable activité, d'Arçon s'occupait sans cesse des moyens d'accroître les progrès de l'art militaire. En 1774 et 1775, il se mêla de la querelle occasionnée par l'opinion du comte de Guibert, sur l'ordre profond et sur l'ordre mince, et il publia deux brichures intitulées : Correspondance sur l'art militaire. Dans ces écrits comme dans tous ceux du même auteur, on remarque une abondance d'idées et des traits de génie qui, malgré quelques néologismes et des incorrections, en rendent la lecture intéressante. Les obstacles ne faisaient qu'irriter son courage. Ce fut lui qui conçut, en 1780, pour le siège de Gibraltar, le projet audacieux dont l'exécution demandait des moyens si extraordinaires. Ce projet, qui fit tant de bruit en Europe, a été mal apprécié, parce qu'on ne juge que d'après l'événement. L'attaque de terre étant alors regardée comme impossible, il fallait sortir des règles communes. Convaincu de cette vérité, d'Arçon, après de longues méditations et quelques expériences sur la combustion, rédige son fameux projet des batteries insubmersibles et incombustibles, destinées à faire brèche au corps de la place du côté de la mer, en même temps que l'on devait, par d'autres batteries avancées sur le continent, prendre de revers tous les ouvrages que les batteries flottantes attaqueraient de front. Leur donner une construction analogue au but qu'il fallait atteindre ; les revêtir d'une fortee cuirasse en bois ; y ménager une circulation d'eau entretenue par des pompes, pour les garantir du feu ; établir un équilibre parfait, au moyen d'un lest capable de contrebalancer le poids de l'artillerie ; couvrir ces nouvelles machines de guerre d'un blindage assez fort pour résister aux bombes ; les faire revêtir d'un lit de vieux câbles, dont l'élasticiter devait annuler la chute des projectiles ; enfin, les soutenir par des chaloupes canonnières, des vaisseaux de ligne et des bombardes, manœuvrant sur plusieurs points pour occuper les assiéger et les obliger à plusieurs diversions : telles furent les précautions qu'ajouta la prudence à l'audace, et qui justifiaient la témérité du général d'Arçon. Cinq machines à deux rangs de batteries, et cinq autres à un seul rang, formaient une artillerie de cent cinquante pièces. La cour d'Espagne accueillit ce projet avec enthousiasme. Pour être plus sûr de la position de ses prames et de la justesse de ses calculs, d'Arçon s'était embarqué sur un frêle esquif exposé au feu de la place, afin de sonder lui-même en avant des fronts qu'on devait attaquer. En conséquence de ce travail, on détermina la route qu'auraient à tenir les machines et leur position définitive. L'expédition eut lieu le 13 septembre 1782, non comme on l'avait combinée, mais de manière à montrer l'intention évidente de la faire échouer. Deux des prames mirent à la voile, et furent suivies des huit autres, qui se portèrent beaucoup trop en arrière, de sorte que les premières essuyèrent sans partage tout le feu de la place. Au lieu de les faire retirer pour rejoindre les autres, on apporta, pendant cette attaque, l'ordre de les consumer toutes les dix, sous prétexte qu'elles pouvaient tomber au pouvoir des Anglais. Cette mesure, que l'envie et l'intention de faire manquer l'entreprise exliquèrent bientôt après, réduisit le général d'Arçon à un désespoir concentré, et il en conserva toute sa vie un profond ressentiment. La jalousie et le peu d'accord qui régnait entre les officiers espagnols et les officiers français firent échouer ce projet, qu'Elliott, défenseur de Gibraltar, sut apprécier, en rendant à l'inventeur un témoignage glorieux. D'Arçon fit imprimer une espèce de justification. On y voir une âme vivement affectée. Toujours occupé de son art, il écrivit et publia un mémoire sur les lunettes à réduit et à feux de revers, dont l'objet est d'établir une résistance imposante, quoiqu'à peu de frais, sur un très-petit espace isolé. Chargé, en 1793, de faire une reconnaissance au Mont Saint-Bernard, il fut dénoncé et obligé de se retirer à Saint-Germain ; mais on se souvint de ses talents, et on l'arracha de sa retraite pour exécuter le projet de l'invasion de la Hollande. Il enleva plusieurs places aux ennemis, entre autre Breda, et cette campagne dans un pays marécageux altéra sa santé. Dénoncé de nouveau, il se tint à l'écart, et rédigea dans sa solitude son dernier ouvrage, qui fut imprimé par ordre du gouvernement ; il est intitulé Considérations militaires et politiques sur les fortifications. Porté au Sénat par le Premier Consul, en 1799, d'Arçon y fut reçu par acclamation ; mais il ne jouit pas longtemps de cet honneur, et mourut le 1er juillet 1800, âgé de 77 ans. Il était membre de l'Institut. Girod Chantrans, officier du Génie, a fait imprimer une notice sur d'Arçon à Besançon (1801), in-12°. Les ouvrages qu'on a de lui sont :

  1. Réflexions d'un ingénieur, en réponse à un tacticien, Amsterdam, 1773, in-12° ;
  2. Correspondance sur l'art de la guerre, entre un colonel de dragons et un capitaine d'infanterie, Bouillon, 1774, deux parties, in-8° ;
  3. Défense d'un systême de guerre national, ou analyse raisonnée d'un ouvrage intitulé : réfutation complette du système de M. de Mesnil-Durand (1779), Amsterdam, in-8°, 283 p.
  4. Conseil de guerre privé sur l'événement de Gibraltar en 1782 (1785), in-8°
  5. Mémoires pour servir à l'histoire du siège de Gibraltar, par l'auteur des batteries flottantes, Cadix, Hernill, 1783, in-8°
  6. Considérations sur l'influence du génie de Vauban dans la balance des forces de l'État, 1786, in-8°
  7. Examen détaillé de l'importante question de l'utililté des places-fortes et retranchements, Strasbourg, 1789, in-8°
  8. Réponse aux mémoires de M. de Montalembert sur la fortification dite perpendiculaire, 1790, in-8°
  9. Considérations militaires et politiques sur les fortifications (an III, 1795), impr. De la République, in-8°, Paris.

Cet ouvrage, imprimé aux frais du gouvernement, est le plus important de ceux de d'Arçon ; il contient, pour ainsi dire, le résumé de toutes ses observations, et de tout ce qu'il avait écrit sur un art qu'il étudia toute sa vie. (D-M--T et WS)

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BOISY (Artus Gouffier de Boisy),[modifier | modifier le code]

comte d'Etampes, et grand maître de la Maison du Roi, était le fils du sénéchal de Saintonge, et frère de l'amiral Bonnivet. Il fut d'abord enfant d'honneur de Charles VIII, dont son père avait été gouverneur, et suivit ce prince à la conquête du royaume de Naples, en 1495. Il accompagna depuis Louis XII en Italie. Ses lumières, dans un siècle où la noblesse se glorifiait encore de son ignorance, lui méritèrent la faveur du roi, qui lui confia l'éducation de François Ier, alors duc d'Angoulême. Boisy trouva dans son élève un caractère plein de feu, capable de toutes les vertus et de toutes les passions : il eut de la peine à diriger ce feu, à la foi dangereux et utile, et c'est ce qu'il voulut signifier par la devise qu'il fit prendre au jeune prince ; c'est une salamandre dans le feu, avec ces mots : Nutrisco et extinguo. Ne pouvant tourner l'éducation du duc d'Angoulême vers la science du gouvernement, il dirigea ses dispositions du côté de l'amour de la gloire, cultiva en lui cette valeur et cette générosité qui caractérisaient la chevalerie française, et, en lui faisant aimer les lettres et les arts, il le disposa de bonne heure à cette protection éclatante qu'il leur accorda dans la suite. À son avènement au trône, François Ier signala d'abord sa tendresse et sa reconnaissance envers son gouverneur en le mettant à la tête des affaires, et en lui conférant la charge de grand maître de sa maison. Boisy accompagna le roi à la conquête du Milanais, et se trouva à la bataille de Marignan. Il conclut en 1516, à Noyon, un traité entre le roi et Charles Quint. Chièvres négociait pour ce dernier, dont il avait aussi été gouverneur. Le traité de Noyon n'ayant pu terminer tous les différends, les deux négociateurs s'assemblèrent encore à Montpellier, espérant trouver les moyens d'établir une paix solide. Boisy et Chièvres étaient amis, et désiraient sincèrement que leurs maîtres le fussent,: ils travaillèrent sans relâche et de bonne foi pendant deux mois à la discussion des points litigieux ; ils arrêtèrent le mariage de Charles avec la princesse Charlotte, fille de François Ier. Ils allaient terminer cette heureuse négociation, lorsque la pierre et la fièvre précipitèrent Boisy au tombeau, dans le courant de mai 1519. La négociation fut alors abandonnée. La perte de Boisy parut irréparable, et l'on crut généralement que s'il eût vécu, il aurait épargné le sang qui coula depuis. On regretta surtout cette sagesse ferme et tempérée qui balançait dans le conseil la trop grande autorité de la duchesse d'Angoulême. Bonnivet, son frère, le remplaça dans la faveur du roi (voyez Bonnivet). B-P.

BONNIVET-GOUFFIER (GUILLAUME, seigneur de), amiral de France, fils de Guillaume Gouffier de Boissy et de Philippine de Montmorenci, « fut, dit Brantôme, en bonne réputation aux armées et aux guerres, au delà des monts où il fit son apprentissage ; et pour ce, le roi ( François Ier) le prit en grande amitié, étant d'ailleurs de fort gentil et subtil esprit et très habile, fort bien disant, fort beau et agréable, comme j'ai vu par son portrait. » Le jeune Bonnivet se signala surtout au siège de Gênes, en 1507, et à la Journée des Éperons, en 1513. Après la bataille de Marignan, François Ier l'envoya en ambassade en Angleterre, pour corrompre Wolsey, ministre de Henry VIII, et pour décider ce monarque à se déclarer en faveur de la France. L'année suivante, Bonnivet parcourut toutes les cours d'Allemagne pour faire élire François Ier empereur. Peut-être se serait-il assuré tous les suffrages, s'il avait pu distribuer l'argent avec prudence, au lieu de le prodiguer avec un éclat indiscret ; il gagna quelques électeurs, et flatta longtemps François Ier de l'espoir du succès ; mais, à la nouvelle de la proclamation de Charles Quint, il sortit du château qui lui servait d'asile aux environs de Francfort, et s'enfuit plein de honte à Coblentz. Toutefois, il n'en fut pas moins bien accueilli à la cour ; et à la mort de son frère Boissy, grand maître de la maison de France, le remplaça dans la faveur du roi ; mais il ne succéda ni à ses vertus, ni à sa prudence (voyez Boissy). Il fut l'esclave de la duchesse d'Angoulême, mère de François Ier, et le flatteur de son maître ; soumis à tous les caprices de cette princesse altière, il obtint par son crédit, en 1521, le commandement de l'armée de Guienne, destinée à réparer les fautes et les malheurs de Lesparre dans la guerre d'Espagne. Bonnivet s'empara d'abord de quelques châteaux situés dans les montagnes de la Navarre, menaça ensuite Pampelune, et, par une marche habile, tourna tout-à-coup vers Fontarabie ; il passa la rivière d'Andaye à la vue de l'armée espagnole, enleva le château de Bohobie, et se rendit maître de Fontarabie, regardée alors comme une des principales clefs de l'Espagne. Au milieu de ces hostilités, des conférences s'ouvrirent pour la paix avec Charles Quint ; mais le présomptueux Bonnivet, enivré de ses succès, ne fut pas d'avis de restituer Fontarabie, qu'il regardait comme un trophée de sa gloire, et il promit même au roi de faire suivre la prise de cette ville par la conquête de Saint-Sébastien. François Ier garda Fontarabie, et les hostilités recommencèrent. Mézerai accuse le seul Bonnivet d'avoir fait rejeter la paix. « C 'est ainsi, dit-il, qu'un ministre visionnaire et ambitieux jeta son roi et sa patrie dans une suite infinie de calamités. » Bonnivet revint à la cour, et ne songea plus qu'à jouir de sa faveur ; de tous les amis de François Ier, il fut le seul auquel on donna le titre de favori. Il nourrit et servit la haine de la duchesse d'Angoulême contre le connétable de Bourbon, dont il s'était attiré le mépris. La cour allant au château de Bonnivet, en Poitou, dont l'amiral portait le nom, et où il étalait le plus grand faste, le roi y conduisit Bourbon malgré lui, et, arrivé à Bonnivet, il lui demanda ce qu'il pensait de ce château magnifique : « Je n'y connais qu'un défaut, répondit le connétable ; la cage me paraît trop grande pour l'oiseau. - C'est apparemment la jalousie, dit le roi, qui vous fait parler ainsi. - Moi, jaloux! répondit Bourbon ; puis-je l'être d'un homme dont les ancêtres tenaient à honneur d'être écuyers de ma maison? » En effet, la maison de Gouffier était originaire du Bourbonnais. Devenu dès lors l'ennemi le plus actif du connétable, Bonnivet contribua aussi à la défection de ce grand homme. La duchesse d'Angoulême n'eut pas de peine à persuader au roi que Bonnivet réussirait mieux que Lautrec en Italie. Il eut le commandement de l'armée française et pénétra en 1523 dans le Milanais. La plupart des historiens soutiennent qu'il fit une faute inexcusable en ne marchant pas droit à Milan ; il se contenta d'en faire le blocus, dans l'espoir de l'affamer ; mais l'armée impériale vint entreprendre de l'affamer lui-même dans son camp. Bonnivet se retira au delà du Tessin, et par ses mauvaises dispositions, il fit battre à Rebec le fameux Bayard (voy. ce nom), qui lui dit : « Vous m'en ferez raison en temps et lieu, maintenant le service du roi exige d'autres soins. » Bonnivet ne répondit pas à ce défi, et ne crut pas devoir irriter Bayard, l'oracle de l'armée. Pressé par le marquis de Pescaire, il confia même la retraite à Bayard, qui sauva l'armée à Romagnano, et se fit tuer. L'évacuation du Milanais fut entière. Les historiens voient une nouvelle preuve du crédit excessif de la duchesse d'Angoulême dans l'accueil que le roi fit à Bonnivet au retour de cette campagne malheureuse. Lorsqu'en 1524, François Ier entreprit en personne la conquête du Milanais, ce fut encore par le conseil de Bonnivet qu'il résolut de faire le siège de Pavie. Bonnivet s'indigna de l'idée d'une retraite, proposée par les généraux les plus expérimentés, et, voulant épargner au roi la honte d'une fuite, il fit dans le conseil, pour déterminer la bataille, une harangue que Brantôme nous a conservée : il eut le malheur de persauder le roi. Voyant ensuite les déplorables effets du conseil qu'il avait donné, et l'inutilité de ses efforts pour arracher son maître aux périls qui l'environnaient, il lève la visière de son casque, et, jetant un triste regard sur le champs de bataille, il s'écrie : « Non, je ne puis survivre à un pareil désastre. » et court se précipiter au milieu des bataillons ennemis, le 24 février 1525. Le connétable de Bourbon, voyant les restes sanglants de son ennemi, s'écria, en détournant les yeux : « Ah! Malheureux! Tu es cause de la perte de la France et de moi-même! » Ce favori, dont le nom ne présente plus aujourd'hui que l'idée d'un courtisan gâté par la faveur, n'était pas sans mérite ; il avait au moins un grand courage, un caractère ferme et décidé ; il était spirituel et galant ; jamais homme ne fut si téméraire dans ses galanteries. Brantôme assure que la comtesse de Chateaubriant était infidèle au roi en faveur de Bonnivet, et que le roi l'ayant surpris un jour chez elle, il n'eut que le temps de se cacher. Bonnivet aimait la duchesse d'Alençon, sœur du roi, qui, connaissant cette inclination, ne s'en offensait point ; mais ce favori, ne pouvant toucher le cœur de la princesse, s'introduisit pendant la nuit par une trappe dans sa chambre ; la duchesse se défendit avec tant de courage, et fut secourue si à-propos par sa dame d'honneur, que Bonnivet se vit contraint de se retirer honteusement. Elle raconte elle-même cette aventure dans l'Heptaméron (4e nouvelle : sous des noms supposés ; mais Dreux du Radier démontre la fausseté de cette anecdote dans un de ses ouvrages manuscrits. On conserve à la Bibliothèque Royale, sous les n° 8552 et 8553, un recueil de lettres (manuscrites) de l'amiral Bonnivet, ambassadeur extraordinaire en Angleterre en 1519, 2 vol. in-fol°. B-P.

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Tome XXXVII.

SANNAZAR (Jacques),[modifier | modifier le code]

Poëte célèbre, naquit à Naples, le 18 juillet 1458. Sa famille, originaire d’Espagne, s’était établie à San-Nazaro, château situé entre le Pô et le Tessin, non loin de Pavie. Un de ses chefs avait suivi Charles III de Duras à la conquête du royaume de Naples et il avait obtenu de ce prince des concessions et des privilèges que ses héritiers ne gardèrent pas longtemps. Jeanne II, en montant sur le trône, n’épargna pas les favoris de ses prédécesseurs, et les San-Nazaro n’avaient plus qu’un beau nom et un patrimoine borné, lorsque Jacques vint au monde. Il commença ses études sous Giuniano Maggio, célèbre instituteur napolitain ; mais bientôt l’amour s’empara de son cœur à un âge inaccoutumé. A huit ans, il aima une noble damoiselle dont le nom n’est pas bien connu, quoiqu’il en soit souvent fait mention dans ses vers (1). Obligé de s’éloigner de la capitale pour suivre sa mère en province, le jeune Sannazar éprouva de bonne heure les chagrins de l’absence. Pendant tout le temps qu’il vécut dans le petit village de Santo-Mango, d’où sa mère tirait son nom et son origine (2), il ne fit que regretter son amie et son maître. C’est au milieu de ces montagnes, à l’ombre des forêts, dans le silence de la nature, que son imagination se développait, en rêvant au bonheur et aux occupations des bergers. Le besoin d’élever ses enfants ramena la mère de Sannazar à Naples, où elle le replaça sous la direction de son ancien précepteur, qui lui apprit en peu de temps le latin et le grec. La passion du jeune élève hâta ses progrès. Maggio parla de lui comme d’un prodige à Pontanus, qui témoigna le désir de le connaître, et il le prit tellement en affection, qu’après lui avoir ouvert sa maison, il ne le crut pas indigne d’appartenir à son académie. Le zèle de Pontanus, les travaux de ses collègues et la protection dont ce corps était honoré par les Princes aragonais, l’avaient élevé au plus haut degré de splendeur. Mais Sannazar, trop malheureux dans ses affections, qu’un excès de timidité l’empêchait de manifester, n’était pas en état de jouir à ces distinctions ; et ce fut au milieu même de son triomphe qu’il fut sur le point d’attenter à son existence. Mieux inspiré, il prit la résolution de quitter son pays, espérant trouver dans les voyages quelque soulagement à ses peines. On a prétendu qu’il se rendit en France, dont on suppose que l’Arcadia, un de ses ouvrages les plus estimés, offre le tableau et les mœurs. Mais pour donner de la vraisemblance à cette opinion, il faudrait prouver d’abord que les palmiers de l’Egypte (1) ombragent le sol de la France, et dériver les eaux de l’Alphée (2), dont, à son retour à Naples, le poète est obligé de suivre le cours. Le seul souvenir qui reste de ce voyage, c’est celui d’une grave maladie dont Sannazar fut atteint et qui, dans un moment de danger, lui fit craindre de mourir loin de sa patrie, hors des bras de sa mère et sans avoir eu le temps de retoucher les écrits qui auraient pu lui procurer une gloire immortelle. A peine fut-il rétabli, qu’il se décida à retourner à Naples, où de nouveaux chagrins l’attendaient. Charmosyne (3) (tel est le nom sous lequel il désigne quelquefois sa maîtresse) n’existait plus ; et son amant ne put que répandre des fleurs tardives sur la tombe qui la dérobait à ses yeux. Il eut aussi bientôt à pleurer la mort de sa mère, qu’il avait toujours aimée tendrement. Cédant alors aux conseils de ses amis, il alla passer quelque temps à Montella, chez le comte Cavaniglia, son confrère à l’académie de Pontanus. Ce séjour fut consacré par les crayons d’André de Salerne Voy. SABBATINI), qui, chargé de peindre un tableau pour un couvent de cette ville, eut l’idée de grouper aux pieds de la Vierge les hôtes de Cavaniglia, dont il emprunta les traits pour retracer ceux des apôtres (4). En attendant, Sannazar acquérait tous les jours plus de considération. L’accueil que le public faisait à ses vers les rendit célèbres à la cour, où l’auteur fut bientôt appelé. Il vécu dans l’intimité des princes aragonais, auxquels il se dévoua entiérement. Voulant flatter leur goût, il composa plusieurs de ces comédies connues sous le nom de Gliommeri (Glomerus) ou peloton, peut-être à cause de l’art avec lequel l’action en était déroulée. Une de ces pièces fut représentée sur le théâtre de la cour pour célébrer la prise de Grenade et la chute des Maures en Espagne (1). C’est de toutes ces farces de Sannazar la seule qui soit arrivée jusqu’à nous. Elle est écrite en italien, à la différence des autres, qui étaient, dit-on, en dialecte napolitain (2). Sannazar ne se bornait pas à amuser ses protecteurs ; il savait aussi les défendre. Lorsque le duc Alphonse se mit à la tète d’une armée pour envahir les Etats de l’Eglise, Sannazar le suivit (3) dans cette désastreuse campagne, qui fut une des causes des malheurs de la maison d’Aragon. Le faible Alexandre VI se contenta de travailler, avec Ludovic Sforza, à appeler en Italie les armes de Charles VIII ; et la conquête que ce monarque fit du royaume de Naples sépara Sannazar des princes aragonais, qui s’étaient réfugiés en Sicile. Il leur resta attaché par ses sentiments et ne flatta pas, comme Pontanus, l’orgueil de leurs vainqueurs (4), dont le triomphe ne fut que momentané. Au retour de Ferdinand II, le courageux dévouement de Sannazar fut payé d’indifférence ; et ce ne fut que sous le règne du successeur de ce monarque qu’il en fut récompensé. Frédéric, en prenant les rênes de l’Etat, s’empressa d’y rétablir l’ordre public, d’éteindre l’esprit de faction et d’accorder une généreuse protection aux lettres et aux arts. Au milieu de ces graves occupations, les services de Sannazar ne furent point oubliés, et le roi lui fit présent de la villa de Mergellina, ancienne résidence des princes angevins, que le poète a immortalisée dans ses vers. Ces bienfaits attachèrent de plus en plus Sannazar à la fortune de Frédéric, qu’il accompagna dans l’exil, lorsque, attaqué par les armées combinées de la France et de l’Espagne, son sceptre se brisa sous les efforts de ceux mêmes qui auraient dû le défendre. Dépossédé de sa couronne, Frédéric vint chercher un asile en France, où il trouva dans Sannazar un compagnon dévoué et désintéressé de ses disgrâces.

Ce fidèle serviteur vendit la plus grande partie de son héritage au profit de celui qui avait contribué à l’agrandir ; et, après avoir fait des tentatives inutiles pour le replacer sur le trône, il revint à Tours afin de lui fermer les yeux, regrettant de confier ses cendres à une terre étrangère. Ce triste voyage ne fut pas sans avantage pour les lettres. Sannazar ramassa un grand nombre de manuscrits contenant des ouvrages peu connus ou ignorés d’anciens auteurs ; et c’est à ses soins que l’on doit les poèmes de Gratius Faliscus, d’Olympius Némésien, de Rutilius Numatianus, et quelques fragments d’Hippocrate, d’Ovide et de Solin. Après la mort de Frédéric, toutes les affections de Sannazar le rappelaient en Italie, où l’Arcadia venait d’être publiée. Cet ouvrage, malgré quelques défauts, obtint, lorsqu’il parut, l’assentiment général ; et soixante éditions, exécutées dans le cours du 16e siècle, déposent que ce succès contemporain ne s’affaiblit point sous les générations suivantes. Toutes les classes de la société s’empressaient de lire cette élégante production, à laquelle on ne trouvait rien à comparer dans la littérature moderne. Gonzalve de Cordoue, qui avait plus que tout autre contribué à la chute des Aragonais, mit en usage tous les moyens pour se rapprocher d’un si beau génie. Il aurait désiré lui faire célébrer ses triomphes ; mais celui qui avait quitté sa patrie pour suivre un roi dans l’exil n’était pas disposé à chanter les exploits de cet heureux conquérant. Sannazar tempéra la rigueur de ce refus en se rendant à l’invitation qui lui fut adressée par le grand capitaine de l’accompagner dans une tournée qu’il se proposait de faire à Pouzzoles et à Cumes, pour y admirer les derniers débris de la grandeur romaine. Jamais peut-être un plus illustre étranger ne s’y présenta assisté par un plus éloquent interprète. On rapporte que pendant le chemin Gonzalve lui parlait des victoires récentes de l’Espagne et que Sannazar lui rappelait la vieille gloire de l’Italie. « Il ne nous reste plus d’ennemis à combattre », disait le guerrier, « C’est ainsi que parlaient nos ancêtres », répondait le poète, en ayant l’air de lui en dire davantage. Sannazar, en rentrant dans sa patrie, y avait trouvé plus de réputation que de bonheur. Il n’y apercevait plus aucun des objets de son culte et de ses affections. En mettant le pied sur le sol natal, il aurait pu se croire encore sur une terre d’exil. Pontanus avait aussi terminé sa carrière en déshonorant par un acte de déloyauté les derniers jours de sa vieillesse. L’académie qu’il avait fondée lui avait survécu, et c’est parmi ses confrères que Sannazar vint chercher un dédommagement aux pertes douloureuses qu’il avait essuyées. On prétend qu’il en trouva même dans les bras de l’amour, où il osa se jeter de nouveau, malgré son âge avancé et ses premiers souvenirs. Celte inconstance peut s’expliquer par la trempe de son caractère, trop tendre pour n’être point passionné. Mais peut-être s’est-on trompé à l’expression de ses sentiments. Sous la plume animée du poète, chaque amie peut devenir une amante. C’est peut-être dans quelques vers adressés à une dame de la cour de Ferdinand II qu’on crut découvrir cette flamme, que les imitateurs de Pétrarque parviennent si difficilement à éteindre dans leurs poésies. Obligé de sortir de Naples pour ne mettre à l’abri de la peste qui s’y était développée en 1527, Sannazar, parvenu à un âge très-avancé, se réfugia dans un village au pied de Vésuve, non loin de la retraite où vivait Cassandra Marchèse, cette dame à laquelle on prétend qu’il avait consacré ses dernières pensées. Dès que la contagion eut cessé, il quitta cet asile et reprit ses occupations ordinaires, que la mort vint interrompre au bout de quelque temps. Il expira le 27 avril 1530, âgé de 72 ans (1). Ses restes reposent dans un magnifique tombeau élevé à grands frais dans une église (2) que Sannazar fit bâtir sur l’emplacement même de son palais de Mergellina. Ce monument fut exécuté a Carrare par Jean-Ange Poggibonsi, de Montorsoli (3), servite, d’après les dessins de Santacroce, sculpteur napolitain, qui a fourni le bas-relief et le buste. Bembo y lit graver le distique suivant :

De sacro crinari flores : hic ille Maroni Syncerus musa proximus, ut tumulto.

En entrant dans l’académie de Pontanus, Sannazar reçut le nom d’Actius Sincerus, qui lui est donné dans ce distique et sous lequel il a publié la plupart de ses ouvrages. Il en a composé en italien et en latin : ces derniers sont plus nombreux et les plus estimés. Dans les élégies, il s’est rapproché de Properce, qu’il s’était proposé pour modèle : il faut lui savoir gré d’en avoir su plier le style à exprimer d’autres peines que celles de l’amour. Sannazar sait les oublier pour pleurer la mort de ses amis et plaindre le malheureux sort de sa patrie. Dans un poème sur l’Enfantement de la Vierge, il s’est élevé avec ce sujet si délicat, et il a réussi à ne le point profaner, quoiqu’il se soit jeté dans tous les détails de ce mystère. Le seul reproche qu’on pourrait lui adresser, c’est d’avoir mêlé les rêves du paganisme au langage de la foi et d’avoir rendu l’enfer presque fabuleux, en y renouvelant les supplices de Tartare. Mais au siècle où Sannazar vivait, l’étude de l’antiquité exerçait une telle influence par la littérature et particulièrement sur la poésie, qu’on aurait cru violer les règles de l’épopée en lui refusant l’appui de la fable. Ces accusations, que depuis Erasme on reproduit chaque fois qu’on parle du poème de l’Enfantement, n’empêchèrent pas deux papes, le regardant comme un ouvrage édifiant, d’envoyer des témoignages d’admiration à l’auteur. On a prétendu que Sannazar, encouragé par l’exemple de Bembo, avait osé aspirer à la pourpre romaine. C’est une erreur qu’il est facile de détruire en rappelant que Bembo ne reçut le chapeau qu’en 1539, c’est-à-dire neuf ans après la mort de Sannazar. Son poème, qui n’a que trois chants, lui avait coûté vingt ans de travail : chaque vers était soumis à l’examen de Poderico, vieillard vénérable, devenu aveugle, mais d’un jugement sûr, et Sannazar était souvent condamné à refaire dix fois le même vers avant de réussir à contenter cet aristarque. Cet excès de sévérité pouvait ôter à l’ouvrage cette spontanéité qui est le mérite principal d’un poème. Cependant en lisant ces vers, si péniblement travaillés, on est étonné de n’y rien apercevoir qui annonce la contrainte. Ce poème, qui avait obtenu les éloges de Léon X, auquel il était destiné, ne parut que sous les auspices de Clément VII, qui en fit également témoigner sa satisfaction à l’auteur. Ces marques d’estime que Sannazar recevait de la cour de Rome ne suffisaient pas pour étouffer son ressentiment contre Alexandre VI et César Borgia, regardés par lui comme les instruments principaux de la chute des Aragonais. Les épigrammes dont il les accabla lui ont fait attribuer à tort un caractère haineux. Les traits lancés contre Politien partaient de la main qui avait juré une amitié éternelle à Marulli, auquel le favori des Médicis ne pardonnait pas de lui avoir enlevé sa maîtresse. Si l’on excepte les épigrammes contre les papes et le duc de Valentinois, on rencontre dans les écrits de Sannazar bien peu de pages qui puissent justifier cette assertion calomnieuse. Ce qu’on a dit de sa rancune contre le prince d’Orange n’est pas moins inexact. Sannazar, qui cessa de vivre en avril 1330, ne pouvait pas se réjouir de la mort de ce général, tué le 3 août suivant (Voy. ORANGE). Il était naturel qu’il fût mal disposé coutre le destructeur d’une maison de campagne à laquelle il était attaché par les plus touchants souvenirs, bien différent de la plupart des hommes en faveur, Sannazar ne se laissa jamais éblouir par la protection que son roi lui accordait. Il vivait auprès de lui plutôt en ami qu’en courtisan. Malgré toutes les calamités auxquelles il se trouva exposé sur le retour de liège, il sut conserver cette tranquillité d’âme, cette égalité de caractère, dont on aime à reconnaître l’empreinte dans tous ses ouvrages.

Sannazar a chanté avec le même transport les amours des bergers et les occupations des pécheurs, et pourtant l’Arcadia est l’ouvrage de sa jeunesse et les Eglogues un des fruits de son âge mûr. Par la première, il releva la poésie italienne de l’état de langueur où l’avaient jetée les froids imitateurs de Pétrarque ; et il donna dans les autres un modèle achevé d’un nouveau genre de poésie à peine soupçonné par les Grecs et entièrement inconnu aux Latins. Ses Eglogues pescatoris sont la source à laquelle on a puisé dans la suite, toutes les fois qu’on a voulu retracer les travaux et les mœurs des pécheurs. Sannazar, qui écoutait presque avec impatience les éloges prodigués à l’Arcadia, se glorifiait lui-même d’avoir été l’inventeur de la poésie maritime (Voy. ROTA). On a pourtant cherché à répandre des doutes sur l’originalité de ces Eglogues, en leur opposant une idylle de Théocrite (la 21e), qui se rapproche du genre sans en avoir les caractères : car les personnages n’ont de pécheurs que le nom, tandis que Sannazar déroule le tableau complet de la vie d’une classe d’hommes échappés à l’observation de l’antiquité. Il faut pardonner à Fontenelle le reproche qu’il lui adresse d’avoir fait un mauvais échange des bergers avec les pécheurs. Il est bien permis à un habitant de Paris de ne pas concevoir le charme que l’on éprouve, étant à Naples, à suivre de l’œil ce peuple de bateliers, empressés à gagner le rivage pour y déposer leur proie, y étendre leurs filets et se délasser de leurs travaux. Il ignorait, sans doute, l’effet ravissant de ces groupes balancés sur les vagues argentées d’une mer que la tempête embellit comme le calme.

Il existe un si grand nombre de réimpressions des œuvres de Sannazar, que ce serait une témérité de vouloir les indiquer toutes : nous nous bornerons à faire quelques remarques sur les plus estimées.

1e Arcadia, Venise, Vercellese, 1502, in- 6°, très-rare, mais dont on a eu tort de douter, car elle est citée dans le Catalogue de la bibliothèque Capponi. C’est la première édition de l’Arcadia exécutée sans l’aveu du poète, qui se plaignit même de cette publication prématurée. L’Arcadia fut réimprimée à Naples, en 1504, par Summonte, ami de l’auteur, et cette édition a servi de modèle à toutes les autres. Cet ouvrage est un mélange de prose et de vers à la manière de l’Ameto de Boccace, qui a été le premier à écrire dans ce genre. Sannazar y fit usage d’une espèce de vers que les Italiens appellent sdruccioli et qu’on pourrait nommer dactyles, dont il n’a pas été l’inventeur, comme on l’a cru, mais qu’il a maniés avec beaucoup de facilité et de goût. Il empruntait des mots sdruccioli à la langue latine toutes les fois qu’il n’en trouvait pas de convenables en italien, ce qui donne souvent à ses églogues un air tant soit peu bizarre. On doit à Jean Martin une traduction française de l’Arcadia, Paris, Vascosan, 1544, in-8e.

2e Sonetti e Cansoni, Naples, 1530, in-4., très-rare. Si dans ces poésies Sannazar ne s’est montré qu’un imitateur de Pétrarque, il faut convenir qu’il en a été le plus élégant. L’Arcadia, les Sonetti, les Cansoni, une petite pièce sur la prise de Grenade et quelques lettres qui composent le Recueil complet des ouvrages italiens de Sannazar, ont été publiés, en 1723, en un seul volume in-4, à Padoue, précédés de la vie du poète écrite par Crispe de Gallipoli.

3e De partu Virginie lib. 3. - Eglogae 5. - Salices et lamentario de morte Christi, Naples, 1526, in-4. Le poème de l’Enfantement de la Vierge ne fut achevé qu’après le dernier retour de l’auteur, ce qui n’empêche pas qu’il ait pu être commencé même avant son départ. Dans quelques éditions postérieures, on a inséré les deux brefs de Léon X et de Clément VII ; le premier rédigé par Bembo et l’autre par Sadolet. Ce poème, qui valut à Sannazar le titre de Virgile chrétien, a été traduit en français par Colletet, qui l’a intitulé les Couches sacrées de la Vierge, Paris, 1646 (1), et en italien par Giolito, Casaregi, Bigoni et Lazzari. Les Eglogues sont au nombre de cinq et probablement les seules que Sannazar ait composées. Ceux qui, sur l’assertion de Giovio et de Paul Manuce, ont cru qu’un pareil nombre s’était égaré pendant le séjour du poète en France n’ont pas réfléchi que la quatrième églogue est adressée à Ferdinand d’Aragon, retenu prisonnier à Madrid après la mort de son père, et la cinquième à Cassandre Marchese, à laquelle Sannazar ne s’attacha qu’après son retour à Naples. Le poème sur l’Enfantement et les autres poésies latines de Sannazar furent réimprimés ensemble, en 1719, à Padoue, in-4e, précédés de la vie du poète, écrite en latin par J.-Ant. Volpi. Cette édition contient, entre autres, les épigrammes que des éditeurs plus scrupuleux ont quelquefois supprimées, par égard pour la cour de Rome ; une des plus belles est celle que l’auteur composa pour Venise, et dont il fut noblement récompensé par le sénat de cette ville. Sannazar avait une telle prédilection pour Virgile et Properce qu’il célébrait tous les ans la tète du premier par un banquet, dans lequel un de ses valets lui récitait les vers du second. Ce domestique était un nègre, auquel le maître avait imposé son propre nom : ce qui a fait dire à Lenfant dans le Poggiana que le poète Sannazar n’était pas un chevalier napolitain, mais un affranchi d’Actius Sincerus. La vie de Sannazar a été écrite par Crispo, Giovio, Porcacchi, Volpi, et en dernier lieu par Mgr Colangelo, dont l’ouvrage a été réimprimé en 1820, in 8e. A-s-s.

(1) Crispo, Volpi et tous ceux qui les ont copiés ont donné à cette demoiselle le nom de Carmosina Bonifacio, Mgr Coanangela combat cette assertion en invoquant le témoignage de Fabrice de Luna, qui dans un dictionnaire imprimé à Naples, en 1636, dit positivement que la personne aimée par Sannazar était une fille de Pontanus. Malgré cette autorité, nous douterons encore de la déconcerte. Il nous parait en effet peu probable que celui qui jouait tous les jours et même a chaque heure (Voyez la 7e prose de l’Arcadia) avec la fille, fût resté inaperçu au père ; car Sannazar ne fut présenté à Pontanus, que peu avant d’entrer dans son académie.

(2) La mère de Sannazar

s’appelait Masella Santo-Mango et descendait d’une noble famille salernitaise. Devenue veuve, elle quitta Naples et se retira dans une terre appartenant à ses parents, et qui en portait le nom. Sannazar en parle dans une de ses élégies, où il dit : At mihi pagana dictant silvestria Musa Carmina ! ce qui a fait croire à quelques-uns qu’il avait habité la ville de Nocera de Pagena. Mais il aurait été facile d’échapper à cette erreur en consultant une autre élégie (la 2e du 2e livre) où Sannazar a consigné les souvenirs de son enfance. La description qu’il y fait de sa retraite ne laisse aucun doute sur celle que nous lui avons assignée. La terre de Santo-Mango est près de San Cipriano, dans le comté de Gifuni, à environ quatre lieues de Salerne ; les montagnes et les forêts y portent les mêmes noms que ceux qui lui sont donnés par Sannazar.

(1) La orientale palma (Arcad., 1ère prose),

(2) Voyez dans la 12e prose de l’Arcadia, la description du voyage sous-marin que le poète est obligé de faire en revenant à Naples.

(3) Sannazar l’appelle indistinctement Philis, Amaranthe et Chermosyne : ce qui prouve que ce sont des noms purement poétiques. Dans presque toutes les éditions on lit Hermosynen ; nous avons préféré Chermosynen [,  = joie, plaisir], qui en grec signifie joie, comme Philis [, ], amour et Amaranthe [, ,], immortelle.

(4) Ce tableau fait maintenant partie de la galerie Borbonia, à Naples.

(1) Il fut joué, le 4 man 1492, en présence d’Alphonse, duc de Calabre, au château Capurno.

(2) C’est Volpi qui l’assure ; il avait rassemblé plusieurs de ces Gliommeri, qui devaient faire partie de la belle édition de Sannazar ; mais, en ayant trouvé le style bas et vulgaire, il crut devoir les supprimer, craignant qu’elles ne portassent atteinte à la réputation du poète.

3) On s’est trompé en disant que Sannazar avait suivi Alphonse en Toscane. Il ne dépassa point la ville de Rome, comme il nous l’apprend lui-même dans la 1ère élégie du 11e livre. Le poète y raconte ce qu’il a vu dans le cours de cette expédition. Ipse ego quae vidi referum : et il ne vit que Tuscula latius (Tusculum ou Franscati, et non pas la Toscane ; limpha aniena : la cascade de Tivoli ; latios agros, la campagne de Rome ; araes nomentinas et magus Tyburia : les murailles de Nomentum et de Tivoli, dans la Sabine, etc. Il n’y a pas un seul mot qui se rapporte à la Toscane : et pourtant cette erreur a été partagée par tous ceux qui ont écrit la vie de Sannazar.

(4) Voyez la 8e élégie du 1er livre, adressée à Rochefort (Rocunfortia), grand chancelier de Charles VII (voy. Son article).

(1) On n’est pas bien d’accord sur la date de la mort de Sannazar. Crispo, Costanzo et Engenio le font mourir en 1532 ; Pucacchi, Capaccio et le Giovo, une année plus tard. Dans cette disparité d’opinions, nous nous en sommes tenus à l’année marquée sur son tombeau à Mergellina. Cette date est confirmée 1e par le cardinal Seripando, qui, dans son journal conservé à la bibliothèque royale de Naples, a écrit : 1520 Die 24 Aprilia Actius Sincerus maritur 2e par un avis au lecteur placé à la fin de l’édition des Sonetti et des Canzoni, exécutée à Naples en novembre 1630, où l’imprimeur Bultzbach s’excuse des fautes qui se sont glissées dans ce livre, à cause de la mort très-récente de l’auteur. Boccalini s’est trompé en le faisant périr de misère à Rome.

(2) Elle porte même à présent le nom de Santa Maria del parto, Ste Marie de l’enfantement.

(3) On ne comprend pas d’après quelle tradition un écrivain moderne, d’ailleurs très-exact, a pu avancer que ce tombeau était l’ouvrage de Basio Zenchi. Il a voulu dire sans doute Zanchi, dont il existe effectivement un Tumulus sur la mort de Sannazar ; mais ce n’est qu’une pièce de vers, car Zaschi n’était que poète. Voy. Barassi, qui en a écrit la vie.

(1) L’abbé de la Tour a donné une traduction française de ce poème (Paris, 1830, in 10e, en y joignant une notice sur la vie et les ouvrages de l’auteur. M. St-Marc Girardin a fait de ce même ouvrage l’objet d’une appréciation intéressante, Revue des Deux-Mondes, avril 1850. gelo, dont l’ouvrage a été réimprimé en 1820, in 8e. A-s-s.

Tome XXXVII.


BIOGRAPHIE

UNIVERSELLE ANCIENNE ET MODERNE.
XXXVIII.
PARIS – TYPOGRAPHIE DE HENRI PLON, IMPRIMEUR DE L’EMPEREUR
RUE GARANCIERE, 8

BIOGRAPHIE UNIVERSELLE
(MICHAUD)
ANCIENNE ET MODERNE,
HISTOIRE, PAR ORDRE ALPHABETIQUE, DE LA VIE PUBLIQUE ET PRIVEE DE TOUS LES HOMMES
QUI SE SONT FAIT REMARQUER PAR LEURS ECRITS,
LEURS ACTIONS, LEURS TALENTS, LEURS VERTUS OU LEURS CRIMES.

NOUVELLE ÉDITION,
REVUE CORRIGEE ET AUGMENTEE D’ARTICLES OMIS OU NOUVEAUX
OUVRAGE RÉDIGÉ
PAR UNE SOCIÉTIE DE GENS DE LETTRES ET DE SAVANTS.
On doit des égards aux vivants, on ne doit aux morts que la vérité.
VOLTAIRE
TOME TRENTE-HUITIÈME.
PARIS,
CHEZ MADAME C. DESPLACES,
EDITEUR PROPRIETAIRE DE LA DEUXIEME EDITION DE LA BIOGRAPHIE UNIVERSELLE
RUE NEUVE DES MATHURINS, 38
ET
LEIPZIG
LIBRAIRIE DE F. A. BROCKHAUS.

BIOGRAPHIE UNIVERSELLE.

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S[modifier | modifier le code]

SAPEY (JEAN-CHARLES),[modifier | modifier le code]

homme politique français, naquit à Grenoble, vers 1770. Après avoir fait de bonnes études, il était destiné, par la volonté de sa famille plutôt que par ses penchants personnels, à la profession ecclésiastique ; mais, la révolution ayant éclaté, il se montra !favorable aux idées nouvelles et s’ouvrit une autre carrière. Il fut successivement maire, commissaire du directoire près le département de l’Isère et président du canton de Lemps. Lors de l’organisation des préfectures, il fut nommé sous-préfet à la Tour-du-Pin. Il avait eu l’occasion de se lier avec Lucien Bonaparte, qui le protégea d’une façon efficace. En 1802, il entra au corps législatif, et il y resta six ans ; mais, regardé comme trop enclin aux idées libérales, il cessa de faire partie en 1808 de cette assemblée, dont le réels fut si peu animé, et il rentra dans la retraite. En 1815, pendant les cent-jours, les électeurs de l’Isère l’envoyèrent à la chambre des représentants, où il ne se fit nullement remarquer. Pendant la restauration, il lit long-temps partie de la chambre des députés ; il y siégea de 1817 à 1824, y rentra en 1828 et fut en diverses élections l’objet de nouveaux suffrages, qui le maintinrent au palais Bourbon jusqu’à ce que la chambre disparut en février 1858. Constamment libéral, Sapey avait voté l’adresse des deux cent vingt et un. Après 1830, il siégea au centre gauche ; mais avec le temps ses opinions subissaient des modifications qui le rapprochaient du système gouvernemental. En 1813, il avait été nommé conseiller-maltre à la cour des comptes. Ce vétéran des assemblées législatives comptait en 1844 quarante-cinq ans depuis son entrée dans les régions parlementaire s et devait nécessairement céder la place à des hommes nouveaux. Il ne fut donc question de lui ni pour la constituante ni pour la législative ; mais dès 1852, à la première promotion des sénateur, le gouvernement impérial se souvint du vieil ami de Lucien, et Sapey fit partie de ce grand corps de 1’Etat. Son âge avancé lui interdit d’ailleurs de s’occuper d’une manière un peu active des affaires publiques ; il mourut en 1836. Z.

SAPHIR (MOÏSE ou MAURICE GOTTLIEB),[modifier | modifier le code]

né à
XXXVIII.
Pesth, le 8 février 1795, appartenait à une famille juive. Il se livra d’abord au commercé ; mais sa vive intelligence, son imagination le décidèrent à se consacrer à la littérature. Ecrivain fécond et facile, doué d’une verve spirituelle èt d’un penchant décidé pour la satire, voulant amuser ses lecteurs, Saphir se concilia les sympathies d’un public nombreux, et il s’attira aussi beaucoup d’ennemis. Il résidait à Vienne depuis longtemps, lorsqu’en 1825 il reçut l’ordre de s’éloigner. Il se rendit à Berlin, où il rédigea pendant trois ans, de 1826 à 1849, l’Estafette de la littérature, du théâtre, et de la société. Cette feuille ne suffisant pas à son activité, il fonda, en 1827, le Courrier de Berlin, et il s’attira les sympathies d’un public nombreux. Son insouciance en fait d’affaires lui avant causé quelques embarras, il quitta, en 1829, la capitale de la Prusse et se transporta à Munich, où il créa deux journaux : le Bazar de Munich et de la Bavière, en 1830 ; l’Horizon allemand, en 1831. L’une et l’autre de ces feuilles ne vécurent pas au delà de 1833. En 1830, il fit un voyage à Paris, et eu 1832, renonçant à la religion de ses pères, il se fit baptiser et devint membre de l’Eglise protestante. Il fit en même temps paraître divers recueils, dans lesquels il rassembla une partie des nombreux articles qu’il avait disséminés d’une main prodigue ; c’est ainsi qu’on vit paraître les Œuvres diverses, Stuttgard, 1833, 4 vol. ; - Œuvres nouvelles, Munich, 1832, 3 vol., - Sottises, lettres, portraits et charges, Cyprès, correspondance littéraire et humoristique, Munich, 1834. Avant obtenu l’autorisation de revenir à Vienne, il entreprit, en 1837, la publication du journal 1’Humouriste, qu’il continua jusqu’à sa mort, en y joignant, depuis 1830, un Almanach populaire humoristique et satirique. Signalons encore, parmi les productions de cette plume légère, la Bibliothèque humoristique des dames, Vienne-, 1838-1841, 6 vol. ; - l’Album sérieux, enjoué, humoristique et badin, Leipsick, 1846, 2 vol. : 2e édit.. 1864 ; - les Soirées humoristiques, Leipsick. 1854 ; - le Dictionnaire de la conversation consacré à l’esprit, à la gaieté et à l’humour. Dresde, 1852 ; - les Roses sauvages, Leipsick, 1847, 3 vol. ; - Lettres parisiennes,
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Vienne, 1856 ; - Feuilles bleues consacrées à l’humour, à la gaieté, à l’esprit, à la satire, Vienne, 1855-1856. On ne peut contester à Saphis, la gaieté et l’esprit, et on lui a reconnu le le mérite d’être un causeur plein de saillies et d’entrain ; mais une longue suite de volumes destinés à provoquer le rire et à dire des malices finit par devenir fatigante ; les plaisanteries trop prolongées fusent ; elles s’attachent à des choses, qui ne sont pas toujours divertissantes, et dans les écrits que nous avons signalés, l’abus des jeux de mots se fait fréquemment sentir. L’humour de Saphir n’a pas d’ailleurs la spontanéité des Anglais tels que Swift et Sterne ; elle est trop allemande, trop autrichienne surtout, pour être bien goûtée en France. D’ailleurs, s’attaquant à des travers, à des ridicules que nous connaissons peu ; prenant pour victimes des gens obscurs et oubliés aujourd’hui, dont nous n’avons jamais entendu parler, les productions dont il s’agit n’ont pu amuser que les contemporains, que les compatriotes de l’auteur ; la postérité les laissera de côté ; elles ne sauraient passer dans un autre idiôme, et nous croyons qu’on n’a point tenté de faire connaître au delà de la Germanie les gaietés de Saphir par quelque traduction plus ou moins fidèle. Il voulut aussi se montrer comme poète ; mais il échoua dans le genre sérieux : quelques contes, quelques anecdotes comiques, qu’il mit en vers, ont obtenu un succès de rire, et c’est ce qu’il voulait. Ces poésies ont fait l’objet de deux de ses premières publications : Préludes poétiques, Pesth, 1821, et Poésies, Vienne, 1824, in-8° ; d’autres morceaux sont répandus dans quelques-uns de ses recueils. Saphir est mort le 5 septembre 1858, à Baden, près de Vienne. Son ami Frédéric Hebbel à entrepris de mettre en ordre les manuscrits qu’il laissait. Z.

SAPHO ou SAPPHO,[modifier | modifier le code]

nom d’une ou plusieurs femmes poètes dont quelques productions sont venues jusqu’à nous. L’auteur de ces fragments mérita d’être appelé la dixième muse. C’est à son sujet que le père de l’histoire, Hérodote, donne quelques détails. Il en résulterait que Sapho était native de Mitylène, qu’elle eut pour père un certain Scamandronyne, de famille aristocratique sans doute, puisque son frère Larichus, dont elle parle dans ses poésies, remplissait dans les repas du prytanée les fonctions d’échanson, exclusivement réservées aux enfants de bonne extraction. Sa famille devait être riche si, en effet, un autre de ses frères, du nom de Charaxus, eut, au rapport du même Hérodote, le moyen d’acquérir, pour l’affranchir ensuite, une esclave du nom de Rhodopis, ce dont Sapho lui fit d’ailleurs des reproches dans une de ses chansons. Quant à l’époque où elle ilortssait, on la peut placer vers 570 de 1.-C, ; peut-être plus tôt, puisque la Rhodopis dont parle Hérodote vint en Egypte sous le règne d’Amasis. A en juger même par une indication portée sur les marbres de

Paros, Sapho, par suite sans doute d’une de ces résolutions si fréquentes dans se patrie, se serait réfugiée en Sicile, antérieurement dès lors à l’an 570, où on la retrouve dans Mitylène. Mais rien dans Hérodote au sujet de ses derniers jours. Si la légende qui précipite une Sapho du haut du promontoire de Leucade eût eu alors quelque cours, le naïf conteur n’eût pas manqué d’en régaler son lecteur. Il paraît certain toutefois qu’elle fut aimée d’un autre grand poète, Alcée, son compatriote. « Pure Sapho, aux brunes « tresses, lui aurait-il dit un jour, dans un mou- « vement passionné, je te voudrais parler, mais « la honte me retient. » A quoi Sapho aurait répondu de manière à ne lui laisser aucun espoir. Que doit-on penser maintenant des autres détails plus ou moins romanesques qui ont accompagné Sapho à travers les siècles ? Doit-on supposer que l’auteur des fragments admirables qu’heureusement le temps n’a pas toua dévorés, se précipita en effet du Haut du promontoire de Leucade dans les flots, pour guérir, suivant la tradition, qui attribuait à cet effort suprême cette efficacité, de son amour malheureux pour Phaon ? Ou doit-on croire avec l’érudition moderne, représentée par les écrivains allemands et anglais Welcker, Ottfried Müller, Mure, Donaldson, que cet amour, ce désespoir, noyé dans les flots, aussi bien que l’inexprimable perversité prêtée à Sapho, fondée surtout sur ce que ses poésies s’adressent presque toujours à des femmes, que tout cela enfin fut l’œuvre des poètes comiques d’Athènes venus plus lard, sans souci de la vérité historique ? On le peut supposer. Ces poètes, en temps un auteur de comédies du nom de Platon, donnaient à la Sapho de leur imagination nombre d’amants. Rome corrompue renchérit, et Ovide a pu créer cette amante de Phaon à qui l’auteur de l’art d’aimer fait dire qu’elle a préféré son amant à cent jeunes filles qu’elle a aimées, au grand péril de sa réputation. Mais rien dans les anciens proprement dits ne justifie cette imputation. On a remarqué que le législateur d’Athènes, Solon, ne se fût pas proposé de lire avant de mourir les vers d’un auteur qui aurait précisé une passion que les lois devaient flétrir et condamner. Il est certain que la flamme qui circule dans quelques-unes des poésies de Sapho que nous ont léguées les siècles a dû singulièrement favoriser la légende dont elle a été l’objet. Dans l’ode à Aphrodite, qui nous a été conservée par Denys d’Halicarnasse, Sapho invoque en vers brillants la déesse qui jadis l’exauçait : « De beaux passereaux « rapides t’emportaient du haut du ciel vers la « terre noire, et toi, souriant de ta bouche « immortelle : « Qui veux-tu que j’enlace dans « ton affection ?.... qui t’a fait injure ? Si elle te « fuit, tôt elle te poursuivra.... si elle ne t’aime, « tôt elle t’aimera, même si elle ne veut. - « O déesse, délivre-moi de mes peines cruelles, et
SAP
« tout ce que mon cœur brûle de voir accompli, « accomplis-le et sois mon alliée. » Ces accents-là étaient loin d’être tièdes, ou prosaïques. Que dire encore de l’ode fameuse, citée par Longin, et que Boileau a imitée ? « Ma langue se brise, un feu subtil court rapide sous ma chair, mes yeux « ne voient plus rien, mes oreilles bourdonnent… » Puis beaucoup d’autres symptômes qui témoignent d’une exaltation qui parait tenir beaucoup des sens. Cependant Catulle, qui s’y connaissait, et Longin l’ont compris autrement. Il leur a semblé que tout cela n’était que le ravissement causé par la présence de la personne aimée. Il serait peut-être plus exact de dire que Sapho n’aimait pas faiblement ; que, s’adressât-elle à des personnes de son sexe, son affection prenait les tons les plus chauds : « J’ai à moi, « dit-elle dans un fragment, une jolie enfant, dont « la beauté est semblable à celle des chrysan- « tèmes, Cléis, ma Cléis bien-aimée, que je ne « donnerais pas pour toute la Lydie. Or, c’est d’une fille qu’elle aurait eue qu’elle parlait ainsi, et cette fille aurait été le fruit de son mariage avec un certain Cercolas, natif d’Andros. Mais ici, il faut bien le dire, le détail est assez équivoque pour le faire rentrer dans la légende imaginée par les écrivains comiques d’Athènes et par la corruption romaine. Les épithalames composés par Sapho sont empreints de cette même chaleur d’imagination. On y assiste à celle joute poétique entre garçons et jeunes filles qui caractérise les sociétés primitives, et dont le thème est presque invariable : le regret chez celles-ci à la venue du soir où Vesperus ravit la jeune fille à sa mère pour la livrer à l’ardeur de son fiancé, et le triomphe de ceux-là, pour qui la jeune fille est une vigne qui ne fructifie que lorsqu’elle est unie à l’ormeau. Dans les vers de Sapho, imités depuis par Catulle et ensuite par l’Arioste, la jeune vierge est l’hyacinthe que le berger foule aux pieds sur la montagne. Ce qui appartient tout entier à l’épithalame lesbien, c’est l’adieu à la virginité que fait entendre la jeune fille au moment de franchir le seuil du fiancé :
Virginité ! virginité ! tu vas donc me quitter !
- A toi plus ne viendrai, - plus ne viendrai jamais !
Ainsi répond la déesse invoquée. On sait que ces vers ont été imités par André Chénier. l.es fragments qui viennent d’être cités témoignent corn-bien est regrettable la perte des autres poésies saphiques. L’ardente Lesbienne, dont on vient de lire quelques-uns des plus chaleureux accents, fut assurément un grand poète. Les critiques Aristarque et Aristophane ont donné des éditions de Sapho, qui n’ont pas contribué à répandre ses poésies. Mais, plus occupés du mérite littéraire que du reste, ils n’ont rien dit de sa vie, et cette omission a laissé le champ libre aux conjectures. Quelques auteurs, Nymphis et Athénée,
SAP 3
ont parlé d’une Sapho d’Eresos ; Suidas et Elien mentionnent une Sapho courtisane. Seulement Suidas fait naître à Eresos la poëtesse et à Mitylène la courtisane, qui aurait aussi fait le fameux saut de Leucade. Mais on ne voit pas trop comment la courtisane se serait ainsi désespérée. Les grammairiens ont aussi voulu figurer dans ce grave débat : Servien, entre autres (Ad Eneid. 3, v. 374), fait allusion au saut de Leucade opéré pour l’amour de Phaon par une femme inconnue. Strabon trouve dans Ménandre une Sapho qui, la première, se serait précipité, du roc dans les flots. Enfin on voudrait trouver dans une médaille antique récemment apportée de Grèce, portant le nom de Sapho et les lettres Ereci entourant une tête de femme, la preuve que cette médaille s’appliquait à cette seconde Sapho. Y aurait-il en peul-être quelque troisième Sapho ? D’aucuns inclineraient à le croire. Mais l’existence de deux Sapho est déjà un fardeau assez lourd pour l’érudition. De tout quoi on ne saurait tirer qu’une certitude, c’est qu’il a des poésies admirables dues à une femme du nom de Sapho ; discuter sur sa vie, sur son identité est à peu près aussi oiseux que discuter sur la vie d’Homère, au sujet duquel on n’est pas mieux renseigné, ce qui n’empéchera personne d’admirer l’Iliade et l’Odyssée. Les poésies de Sapho ont enrichi et, jusqu’à un certain point, fixé la langue grecque. Elle diversifia le rhythme lyrique. Le dialecte éolique, dans lequel ses poésies sont écrites, contribue beaucoup à leur charme. Et la poétesse a fait mieux que d’employer l’hyperbole et d’autres figures, comme elle en est louée par le grammairien Demetrios. Elle a revêtu les sentiments les plus vifs du cœur humain d’une forme pénétrante, que la traduction même ne saurait affaiblir. Là est son mérite, que peu de poëtes ont surpassé. Les fragments de Sapho ont été publiés avec une version latine de Wolf, à Hambourg, 1733, in-4° ; à Leipsick, par H. F. Vogler, en 1810 : dans le Museum criticum, Cambridge. 1813, in-4°. Une édition estimée et complète en a été donnée en 1827, par un érudit allemand ; elle compte cent trente-neuf morceaux. Bloomfield, dont la leçon est plus correcte, n’en a donné que quatre-vingt-dix-sept. On peut encore consulter les Poetae lyrici de Bergk, Leipsick, 1853 ; la Lyra graeca de Donaldson, Edimbourg, 1854 ; la Critical History of the language and litterature of ancient greece de Mure. On lira encore avec inlérét une piquante étude de M. Deschanel (Revue des Deux-Mondes, juillet 1847) et un savant travail de M. Joubert (Revue européenne, août 1861. Sapho a dû inspirer les poëtes venus depuis. On a Sapho, poëme élégiaque, par Touzet, 1812, in-8° ; - Sapho, poëme en trois chants, par C. T. 1815, in-8° : - Sapho, opéra en trois actes, par madame Constance Pipelet, depuis madame de Salm, joué
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en 1795 ; - Sapho, ou le Saut de Leucade, tragédie lyrique en trois actes, par Fonvielle, non représentée ; - Sapho, tragédie en allemand, par Grillparzer, 1821 ; - Sapho, opéra représenté à Paris en 1822, mais déjà publié en 1818 ; - Sapho, drame lyrique, par Morvonnay, 1824, in-8°, à la suite des Elégies et autres poésies du même auteur ; - le Rocher de Leucade, par Marsollier, joué e 1799. Sapho ne figure point dans cette pièce, quoique son aventure prétendue en fasse le sujet. - Sapho, dramelyrique, paroles de M. E. Augier, musique de Gounod, joué en 1850, sans beaucoup de succès, à casse de l’absence de ballet. On a publié encore : Sapho, Bion, Moschus, recueil de compositions dessinées par Girodet et gravées par Châtillon, avec la traduction en vers, par Girodet, de quelques-unes des poésies des deux premiers poëtes et une notice sur Sapho, par Cousin, Paris, Didot, 1838-1839, in-fol. Là ne s’arrête pas la liste des auteurs qui ont voulu rendre les beautés de Sapho. Longepierre, en 1684 ; Gacon, en 1712 ; madame Dacier, en 1716 ; Denis, en 1757 ; Poinsinet de Sivry, en 1758 ; Moutonnet Clairfonds, en 1785 ; enfin Breghot du Lut, ont donné des versions de la poétesse de Lesbos. C’est presque toujours à la suite des odes d’Anacréon que l’on a imprimé les fragments de Sapho. H-en.

SAPHON,[modifier | modifier le code]

Général carthaginois, fils d’Asdrubal, envoyé en Espagne vers l’an 450 avant J.-C. pour contenir ce pays dans l’obéissance, réussit et engagea même les Espagnols à lui fournir des troupes pour châtier les rebelles d’Afrique. Saphon pacifia en effet la Mauritanie ; mais la paix ne dura pas longtemps. Il revint alors en Espagne, y leva de nouvelles troupes, et Carthage triompha de tous ses ennemis. Saphon, ayant conservé le gouvernement de l’Espagne pendant sept ans, s’acquit une grande réputation ; mais le sénat de Carthage, jaloux de sa puissance, le rappela sous prétexte de l’élever à la dignité de suffète, qui était la première charge de la république, et partagea le gouvernement de l’Espagne entre ses trois cousins, Himilcon, Hannon et Giscon, tous trois fils d’Amilcar, tué en Italie en 484. B-P.

SAPIDUS (JEAN WITZ),[modifier | modifier le code]

humaniste et poète latin, né en 1490 à Schélestatt, en Alsace, eut d’abord pour maître Beatus Rhenanus, qu’il accompagna à Palis, où il étudia encore sous le Febvre d’E-tapies et Basse Clichtove. Revenu-à Schélestatt, il y fut chargé de la direction du collége et inspira à ses élèves le goût des auteurs anciens, dont il donna des éditions estimées. Sapidus, s’étant déclaré pour les doctrines protestantes, fut obligé de se retirer à Strasbourg, où il obtint la direction d’un collège. C’est là qu’il mourut le 8 juin 1560. Il était lié avec plusieurs savants de cette époque, notamment avec Erasme. Thomas Plater, qui avait été son disciple à Schélestatt et qui fut depuis recteur du gymnase de Bâle, parle de lui avec éloge. Outre ses éditions classiques, on a de
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Sapidus : 1e des Epigrammes et des Epitaphes en latin ; 2e des comédies sacrées, entre autres Anabion, seu Lazarus redivivus ; 3e Consolatio de morte Alberti, marchionis badensis. P-RT.

SASSI (PAMPHILE),[modifier | modifier le code]

poète italien, qui a joui au 15e siècle d’une grande célébrité, naquit à Modène vers 1455. Il avait une mémoire extraordinaire et improvisait des vers italiens et latins avec une grande facilité. Ayant quitté Molène par suite de revers de fortune, il alla s’établir dans un sillage d’où il faisait de fréquentes excursions à Vérone, ainsi qu’à Brescia. Ce ne fut qu’au commencement du 16e siècle qu’il revint dans sa cille natale. Il y faisait depuis plusieurs années un cours de littérature, particulièrement destiné à l’explication de Dante et de Pétrarque, lorsqu’une accusation d’hérésie l’obligea encore une fois de s’éloigner de Modène et de se réfugier en Romagne auprès d’un de ses amis, le comte Guido Rangone, qui lui procura un emploi à Lonzano. Ce fut là qu’il mourut en 1527. Il avait publié, entre autres ouvrages : 1e Brixis illustrata, poëme en l’honneur de la ville de Brescia, où il fut publié en 1498 ; 2e Epigrammatum libri quatuor, Distichorum libri duo, De bello gallico, De laudibus Veronae, Elegiarum liber unus. Brescia, 1500, in-4°. Le poème De bello gallico a aussi pour titre De bello tarensi, parce qu’il contient une longue description de la bataille du Taro. On l’a joint à quelques éditions de l’Histoire de Venise de Pierre Giustiniani. 3e Sonnets et capitoli, Brescia, 1500, in-4° ; Milan, 4502, in-4° ; Venise, 1504 et 1519, in-4° ; 4e Agislariorum vetustissimae geatis origo et de eisdem epigrammatum liber, Brescia, 1502, in-4°. Ce recueil est dédié au comte Agislario Cassacio de Sumaglia. 5e Ad Onophrium adrocatum patricium venetum carmen, in-4°, sans date ; 6e Vers en l’honneur de la lyre, Brescia, in-4°, sans date ; 7° traduction en vers italiens de la lettre de Lentulus, proconsul de Judée au sénat romain. On la trouve dans le Trésor spirituel imprimé à Venise par Zoppino en 1518. Le célèbre Tassoni avait eu le projet de donner une édition choisie des oeuvres de Sassi, mais il ne parait pas l’avoir mis à exécution. Les contemporains de ce poète ont porté sur lui les jugements les plus divers et les plus contradictoires. Le fait est que l’on trouve dans ses poésies beaucoup d’imagination, mais qu’elles manquent de cette pureté, de cette élégance de style qui seules peuvent sauver un écrivain de l’oubli. Cependant quelques sonnets de Sassi seraient lus encore aujourd’hui avec plaisir.

SAUMAISE (CLAUDE DE)[modifier | modifier le code]

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SAUVEUR (JOSEPH),[modifier | modifier le code]

naquit le 24 mars 1653 à La Flèche, où son père était notaire. Il fut muet jusqu'à l'âge de sept ans ; l'organe de la voix ne se développa ensuite chez lui qu'avec beaucoup de lenteur, et il ne l'eut jamais bien libre. Il fit ses études dans un collège de jésuites ; mais, avant qu'il y arrivât, son goût pour la mécanique s'était déjà manifesté. Dès l'enfance, il était machiniste, construisait de petits moulins, faisait des siphons avec des chalumeaux de paille, des jets d'eau, etc. « Il était, dit Fontenelle, l'ingénieur des autres enfants, comme Cyrus devint le roi de ceux avec qui il vivait. » Cette passion exclusive pour les objets de précision et de calcul le rendit un fort médiocre écolier de rhétorique : les chefs d'œuvre des orateurs et des poètes de l'antiquité n'avaient aucun attrait pour lui ; un mauvais traité d'arithmétique (celui de Peletier du Mans) lui tomba par hasard sous la main : il en fut charmé et l'apprit seul. La première ambition des jeunes français et même des étrangers, qui désirent se livrer aux sciences et aux arts, est de pouvoir habiter Paris : Sauveur s'y rendit à pied en 1670. Se trouvant à Lyon, il avait voulu entendre la fameuse horloge de la cathédrale de St-Jean, construite, en 1598, par le Suisse Nicolas Lippius. On sait que cette horloge offrait plusieurs phénomènes mécaniques à l'admiration de la multitude pour qui la mesure très précise du temps est de peu d'importance ; Sauveur, par le simple examen extérieur de ces phénomènes, devina le mécanisme intérieur. Un de ses oncles, chanoine et grand chantre de Tournus, lui avait promis de subvenir, par une petite pension, à son entretien à Paris : mais c'était sous la condition qu'il y ferait les études nécessaires pour entrer dans l'état ecclésiastique. Malheureusement le traité d'Euclide, dont il apprit les six premiers livres en un mois et sans maître, et les leçons du physicien Rohault attirèrent bien plus fortement son attention que ses cahiers de théologie. Il essaya d'abord de changer la carrière ecclésiastique contre celle de la médecine ; mais son oncle lui ayant retiré sa pension, Sauveur fut obligé d'enseigner les mathématiques, et s'adonna sans réserve à ces sciences et à leurs applications. À cette époque, le peu de personnes qui s'occupaient de géométrie étaient isolées de la société et semblaient former une classe à part. Sauveur fut moins sauvage que ses confrères. Sa sociabilité lui valut quelques connaissances agréables et utiles. Nous mentionnerons les services que lui rendit madame de la Sablière, qui pendant plus de vingt ans logea chez elle La Fontaine. Sauveur n'avait que vingt-trois ans lorsqu'un illustre élève, le Prince Eugène, le prit pour son maître de géométrie. Un étranger, de très-haute naissance, voulut apprendre de lui la Géométrie de Descartes : Sauveur ne connaissait pas encore le traité de ce grand philosophe. En huit jours et autant de nuits d'étude, il se mit en état de le professer ; il se livra pendant l'hiver à ce travail opiniâtre, bien plus par goût que par spéculation, ne s'embarrassant nullement si son feu était allumé ou éteint, et se trouvant à l'apparition du jour transi de froid sans s'en être aperçu. La chaire de mathématiques de Ramus étant devenue vacante au collège royal, Sauveur aurait pu concourir avec beaucoup de chances de succès pour l'obtenir, mais une condition imposée à chaque concurrent était de prononcer, de mémoire, un discours de sa composition ; et Sauveur, ne voulant pas ou n'osant pas s'y soumettre, se retira du concours. Il s'occupa, depuis 1678 jusqu'en 1680, de la résolution de divers problèmes relatifs à la théorie des probabilités applicable aux jeux. En 1680, il fut nommé maître de mathématiques des pages de madame la Dauphine et, en 1681, il alla faire à Chantilly, avec Mariotte, des expériences sur les eaux. Le grand prince Louis de Condé prit beaucoup de goût et d'affection pour lui. Il le faisait souvent venir de paris à Chantilly et l'honorait de ses lettres. Ce fut pendant le temps de ces voyages, et vraisemblablement par suite de l'impulsion que lui donnaient ses entretiens avec un guerrier illustre, qu'il entreprit la composition d'un traité de fortifications. Voulant joindre la pratique à la théorie, il alla au siège de Mons, en 1691. « Il y montait tous les jours la tranchée. Il exposait sa vie seulement pour ne négliger aucune instruction, et l'amour de la science était devenu chez lui un courage guerrier. Le siège fini, il visita toutes les places de Flandre. Il apprit le détail des évolutions militaires, les campements, les marches d'armées, enfin tout ce qui appartient à l'art de la guerre, où l'intelligence a pris un rang au dessus de la valeur même. » Revenu dans la capitale, il s'occupa de diverses recherches et travaux qui avaient pour objet l'application des mathématiques : méthodes abrégées pour les grands calculs, tables pour la dépense des jets d'eau, cartes des côtes de France, réduites à la même échelle et composant le premier volume de l'ancien Neptune françois ; concordance des poids et mesures de différents pays ; méthode pour le jaugeage des tonneaux ; problèmes sur les carrés magiques, etc. Il entendait la théorie du calcul différentiel et intégral, nouvelle de son temps, et il s'en est même servi, mais il n'en faisait pas beaucoup de cas. Il désignait par l'épithète d' infinitaires les partisans de cette théorie, que le 18e siècle a bien vengée de ses dédains. Il obtint, en 1686, au collège royal, la chaire de mathématiques, que la condition de la harangue à réciter lui avait fait manquer huit ou dix ans auparavant. Il n'écrivait point ses leçons, les improvisait au tableau et achetait à la fin de l'année une des copies manuscrites qu'on en avait faites sous sa dictée. Le plaisir de professeur, surtout quand il rencontrait des auditeurs attentifs et intelligents, lui faisait souvent oublier l'heurë, et il aurait prolongé indéfiniment ses leçons, si un domestique n'eût été chargé de l'avertir lorsque leur durée excédait certaines limites. Enfin, en 1696, il fut nommé membre de l'Académie des sciences. Ses droits à un pareil honneur étaient incontestables ; cependant, rien de ce qu'il avait fait jusqu'alors ne jetterait du lustre sur sa mémoire, si, à dater de sa réception à l'Académie, et pendant les vingt dernières années de sa vie, il ne se fût occupé à créer une nouvelle branche des sciences physico-mathématiques, qu'on désigne par le nom d' acoustique musicale, création qu'il est assez singulier de devoir à un sourd, et que l'on n'a pas, ce semble, assez fait saillir dans les notices biogrpahiques publiées jusqu'ici sur cet estimable savant. La théorie du son, envisagée sous le point de vue musical, était encore, à la fin du 17e siècle, à peu près au même point où les anciens nous l'avaient laissée. C'est à Pythagore qu'on doit les premières expressions, en nombre, des rapports des longueurs des cordes, qui, à identité de matière et à égalité de grosseur et de tension, font sonner à ces cordes les principaux intervalles. On sait d'ailleurs que, dans son école, les explications des phénomènes du monde, tant intellectuel que physique, se liaient à des notions généralisées de musique, d' harmonie, à de prétendues puissances des nombres. Cepndant les découvertes de Pythagore, malgré les développements qu'on leur a donnés après lui et les diverses applications qu'on en a faites, ne pouvaient point être regardées comm constituant une branche des sciences physico-mathématiques. Le domaine de ces sciences a été accru d'une importante conquête à la fin du 17e et au commencement du 18e siècle, et c'est à Sauveur qu'on doit cette conquête. Chose étonnante, ce savant, à qui nous devons l' acoustique musicale, avait la voix et l'oreille fausses ; il était obligé, dans ses expériences, de se faire seconder par des musiciens très-exercés à apprécier les intervalles et les accords. Cette position de Sauveur nous rappelle celle du professeur Saunderson, aveugle de naissance et commençant un cours de philosophie naturelle par des leçons sur la lumière (voy. Saunderson). Les premiers détails publiés sur ses recherches d'acoustique se trouvent dans le volume de l'Académie des sciences de 1700 (Histoires, p. 131 et suiv.) ; mais ses premiers travaux sur cette matière datent de 1696 : une partie des leçons qu'il donna au collège royal, en 1697, eut pour objet la Musique spéculative, dont il dicta un traité. Il se refusa aux instances qu'on lui faisait pour l'engager à publier ce traité, par diverses raisons qu'il expose dans son mémoire sur le système général des intervalles des sons, etc. (volume de l'Académie de 1701, p. 299 et suiv.) ; l'une desquelles est relative à l'attention qu'il avait donnée postérieurement aux phénomènes des sons harmoniques'. On savait avant Sauveur que lorsque, ceteris paribus, deux cordes avaient leurs longueurs dans le rapport de 1 à 2, ou dans celui de 2 à 3, ou dans celui de 3 à 4, etc., la plus courte sonnait respectivement l' octave, la quinte, la quarte, etc., du son rendu par la plus longue ; il était assez aisé d'en conclure que que les rapports entre les nombres de vibrations de ces cordes, pendant un même temps, une seconde par exemple, étaient les rapports inverses de leurs longueurs. Avec de pareilles notions, on peut, dans tous les temps et dans tous les lieux, disposer, sans le secours de l'oreille un système de cordes sonores, de manière qu'elles rendent entre elles des sons ayant entre eux des intervalles déterminés ; ainsi sachant que la lyre en trépied de Pythagore sonnait les modes dorien, lydien et phrygien, et consultant d'ailleurs les détails qu'Athénée nous a transmis sur cet instrument, on a les moyens d'obtenir une série de sons dans les mêmes rapports entre eux que ceux de cette lyre antique. Mais s'il s'agissait de réunir à la condition de l'égalité des rapports celle de l'identité des sons, la solution du problème serait impossible, les anciens ne nous ayant laissé aucun moyen de retrouver l'unisson d'une des cordes de leur système musical. Peut-être avaient-ils comme nous de ces instruments métalliques, connus sous le nom de diapasons, qui gardent et transmettent un son fixe. Mais ces instruments sont altérables et périssables, et le problème de la réhabilitation de l'unisson doit pouvoir se résoudre sans égard à la conservation d'aucun monument matériel. C'est ce que Sauveur a fait le premier, en assignant le nombre absolu ou effectif de pulsations ou de vibrations que fait, dans un temps donné et dans des circonstances déterminées, soit un tuyau d'orgue, soit une corde sonore. Ainsi il a trouvé que la cord sonnant l' ut double octave au dessous de l' ut de la clef, à l'unisson du tuyau d'orgue, à bouche de huit pieds ouvert, vibrait cent vingt-deux fois dans une seconde ; et comme sa solution fournit des règles certaines pour mettre une corde sonore quelconque en état de vibrer un nombre de fois assigné pendant un temps donné[1] (pourvu qu'elle ait la force de supporter la tension convenable), on saura dans tous les temps et dans tous les lieux reproduire l'unissons soit de notre ut, soit de toute autre corde de notre système musical, par des opérations absolument indépendantes de l'usage d'aucun conservateur matériel d'unisson. Un mot maintenant au sujet d'un premier moyen employé par Sauveur pour déterminer, par le fait, le nombre d'oscillations de la colonne d'air en mouvement dans un tuyau d'orgue qu'on fait résonner, moyen assurément original et ingénieux. Les facteurs avaient depuis longtemps remarqué le phénomène suivant : lorsque deux tuyaux d'orgue sonnent ensemble, le son résultant éprouve des augmentations d'intensité ou renflements périodiques et instantanés, qu'ils appellent battements ; ces battements ont lieu à des intervalles de temps égauxet d'autant plus longs que les intervalles musicaux entre les sons simultanés sont plus petits. Sauveur vit l'explication de ce phénomène dans les coïncidences périodiques des oscillations des colonnes d'air respectives en mouvement dans chaque tuyau ; lorsque ses coïncidences ont lieu, les deux oscillations contemporaines font sur l'organe une impression plus forte que lorsqu'elles sont successives. Supposons que le rapport des nombres respectifs d'oscillations soit celui de 8 à 9 ; chaque huitième oscillation du tuyau le plus grave et chaque neuvième du plus aigu auront lieu ensemble et frapperont l'oreille par un battement qui ne se reproduira qu'à la fin de la période suivante, de huit pour l'un et neuf pour l'autre. Or, le parti à tirer de ce fait pour en déduire le nombre absolu, par seconde, des oscillations qui ont lieu dans le tuyau, est manifeste ; il ne s'agit que de combiner les données qu'il fournit avec la théorie transmise par Pythagore, de laquelle on conclut, pour un intervalle de sons fixé à volonté, les rapports des nombres d'oscillations qui ont lieu dans un même temps et par conséquent entre deux battements. On peut toujours d'ailleurs opérer sur des sons assez graves et assez rapprochés pour que le nombre des battements, pendant une ou plusieurs secondes, puisse être compté, et ce nombre connu donne immédiatement le nombre absolu des oscillations entre deux battements. Soit, comme précédemment, le rapport des nombres d'oscillations contemporaines, celui de 8 à 9, répond à peu près à un intervalle de 1/6 d'octave, et supposons qu'on ait compté quatre battements par seconde de temps, on en conclura sur-le-champ que le plus grave des deux sons donne trente-deux oscillations pendant le même temps, et que le plus aigu en donne trente-six. On voit par là comment Sauveur a ramené à des quantités sensibles et appréciables des mesures qu'il eût été impossible d'obtenir immédiatement. Ce premier travail était fait en 1700 ; il a repris le problème appliqué aux cordes vibrantes dans son Mémoire sur les rapports des sons des cordes d'instruments de musique aux flèches des courbes et sur la nouvelle détermination des sons fixes (volume de l'Académie des sciences de 1713), et là il déduit a priori, sa solution des principes de la dynamique. Il est à remarquer que cette solution analytique lui donne, pour les cordes à l'unisson des tuyaux, des nombres de vibrations doubles de ceux des oscillations conclues pour les tuyaux ; mais il explique fort bien comment cette dissidence apparente confirme ses résultats au lieu de les infirmer. Les différents volumes des mémoires de l'Académie des sciences de Paris, qui renferment l'exposé des recherches de Sauveur sur l' acoustique musicale sont : (1700), Détermination d'un son fixe, détail sur les expérinces par les battements ci-dessus mentionnés ; - (1702), Application des sons harmoniques à la composition des jeux d'orgue ; - (1707), Méthode générale pour former les systèmes tempérés de musique, et choix de celui qu'on doit suivre ; - (1711) Table générale des ssystèmes tempérés de musique ; (1713) Mémoire sur les rapports des sons des cordes d'instruments de musique aux flèches des courbes et sur la nouvelle détermination des sons fixes. Le mérite d'avoir posé les bases de l' acoustique musicale met Sauveur en grande recommandation parmi les physiciens géomètres : les classements et les nomenclatures des divisions de l'octave n'ont pas perpétué son souvenir chez les musiciens praticiens, qui ne parlent plus, si toutefois ils en ont jamais parlé, de ses mérides, heptamérides, décamérides, etc. Le volume de l'Académie de 1703 renferme un Mémoire sur le frottement d'une corde autour d'un cylindre immobile ; la question était alors curieuse et nouvelle. Sauveur fut marié deux fois. Il fit, dit-on, rédiger et signer le contrat et convint d'ailleurs de tous ses arrangements avec la famille de sa future épouse, avant sa première entrevue avec elle, dans la crainte de ne pas être assez maître de lui-même après cette entrevue. Il fut plus hardi ou se possédait mieux lors de son second mariage. Il mourut le 9 juillet 1716, à l'âge de 53 ans.- Son fils, l'abbé SAUVEUR, est l'auteur d'un Calendrier perpétuel contenant les années grégoriennes et juliennes, présenté à l'Académie des sciences, qui en trouva la forme nouvelle, simple, ingénieuse et commode (Académie des sciences, 1732, H., p. 94). P-NY.

  1. Il s'agit de calculer le poid avec lequel la corde doit être tendue pour donner, par seconde, le nombre de vibrations demandé ; voici la règle de calcul. Le mètre étant l'unité de longueur, et le gramme l'unité de poids, faites le triple produit dont les facteurs sont : 1°) la longueur de la corde ; 2°) le poids de la partie de cette corde compris entre les deux chevalets ou points d'appui ; 3°) le carré du nombre de vibrations qu'on veut obtenir, divisez ce triple produit par le nombre 9,8088 et le quotient sera le poids cherché. Le nombre diviseur est, en mètres, le double de l'espace que parcourt, pendant la première seconde de sa chute, un corps grave tombant dans le vide, sans avoir reçu d'impulsion initiale.


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WILLAUMEZ (Jean-Baptiste-Philibert)[modifier | modifier le code]

, vice-amiral français, naquit à Belle-Ile-en-Mer le 7 août 1763; son père était officier d'artillerie : à l'âge de quatorze ans, il était embarqué; il fut d'abord mousse, mais sa capacité le fit bientôt distinguer de ses chefs; la guerre entre la France et l'Angleterre, à l'occasion de l'indépendance des Américains, lui servit d'apprentissage. En 1782, il était second pilote à bord de la frégate l'Amazone, que commandait alors le célèbre la Pérouse et il assista aux batailles des 9 et 12 avril; le 29 juillet l'Amazone, attaquée par des forces supérieures, fut forcée de se rendre aprés une défense opiniâtre qui coûta la vie à son nouveau capitaine, M. de Montguyot, et à plusieurs officiers, mais elle fut reprise le lendemain par une escadre française; Willaumez obtint, en récompense de sa conduite, le grade, alors fort important, de premier pilote; il avait que dix-neuf ans, et il y avait peu d'exemples d'un avancement aussi rapide. En 1791, la révolution ayant procuré aux roturiers l'accès à des emplois jusqu'alors réservés à la noblesse, Willaumez passa comme enseigne sur le vaisseau le Patriote commandé par d'Entrecasteaux. Cet officier supérieur ayant été mis à la tête d'une expédition envoyée à la recherche de la Pérouse, Willaumez partit avec lui, et le commandant était autorisé à lui remettre le brevet de lieutenant et la croix de St-Louis. Le voyage fut pénible et périlleux : le nouvel officier rendit de grands services; son activité ne se démentit pas un instant : d'Entrecasteaux mourut, et les frégates, opérant leur retour en Europe, vinrent toucher à Batavia : elles y apprirent les grands événements qui s'étaient accomplis, la mort de Louis XVI, la destruction de la royauté, la guerre de la France avec les contrées voisines. Les Hollandais voulurent séquestrer les frégates, et le chef de l'expédition, d'Auribeau, très opposé à la révolution, ne leur résista pas. Les marins qui restèrent fidèles à la cause républicaine furent en butte à bien des mauvais traitements; Willaumez était du nombre, mais il finit par être relaché et il arriva à l'Ile de France. Cette colonie était alors bloquée par une division anglaise; on craignait la famine; il y avait à Port-Louis deux frégates, la Prudente et la Cybèle : on se décide au parti le plus courageux, elles sortent et vont livrer combat à deux vaisseaux anglais, Centurion et Diomède. Willaumez commandait en second la Prudente; l'affaire fut des plus vives et elle fit le plus grand honneur aux Français, qui, malgré l'énorme infériorité des forces, infligèrent aux vaisseaux anglais des dommages tels qu'ils les contraignirent à aller chercher au loin quelque port où ils pussent réparer leurs avaries. L'Ile de France se trouva ainsi délivrée. Après ce brillant succès, le jeune officier reçut le commandement du brick le Léger et revint en France, rapportant quelques débris de l'expédition de d'Entrecasteaux. Il fut assez habile et assez heureux pour échapper aux croisières anglaises; et bientôt il revint dans les mers qu'il avait quittées; il était capitaine de la Régénérée, frégate qui faisait partie de l'escadre commandée par le contre-amiral Sercey et dont la mission spéciale était de faire au commerce britannique tout le mal possible. Willaumez s'acquitta fort bien de ce dont il était chargé; ses prises furent nombreuses; il se distingua dans le beau combat que les six frégates soutinrent dans le détroit de Malacca contre deux vaisseaux anglais qui se virent contraints de plier devant de faibles adversaires qu'ils s'étaient d'abord flattés de l'idée d'écraser facilement. Aprés avoir désolé le commerce britannique dans les mers de l'Indo-Chine et avoir répandu partout la terreur tout en échappant aux nombreux croiseurs lancés à sa poursuite, la Régénérée, ayant besoin de grandes réparations, fut renvoyée en France et, prés des Canaries, elle rencontra une frégate anglaise qu'elle poursuivit et qu'elle aurait capturée sans doute, sans la perte d'un de ses mâts qui fut brisé par le vent. Arrivée en France, Willaumez fut apprécié comme il devait l'être par le premier consul: il fut désigné comme appelé au commandement d'une escadre de frégates en armement à St-Malo et sur laquelle on comptait beaucoup pour frapper de la façon la plus rude sur le commerce anglais. Ce projet se trouva abandonné par suite de la paix d'Amiens, mais une expédition pour reconquérir l'île de St-Domingue, alors au pouvoir des noirs, ayant été décidée, Willaumez y prit part, comme capitaine du vaisseau le Duguay-Trouin. Il donna dans cette campagne pénible, ou l'épidémie fit mourir tant de braves soldats, des preuves de sa fermeté et de sa sagesse habituelles; mis à la tête d'une station importante, il sut maintenir longtemps les noirs dans le respect, et il s'honora en refusant d'exécuter l'ordre de faire mettre à mort les captifs; un système barbare d'extermination et de représailles s'était introduit dans cette guerre funeste, Willaumez ne voulut pas jouer un rôle de bourreau. Il était passé sur la frégate le Poursuivante lorsqu'à la reprise des hostilités avec l'Angleterre, il fut attaqué par une escadre ennemie au moment où après une croisière il allait rentrer dans la rade du môle de St-Nicolas. Le vaisseau l'Hercule arriva à portée de la frégate dont le sort paraissait désespéré, car elle n'avait qu'un très faible équipage et son adversaire possédait une artillerie quadruple. Bien résolu cependant à ne point se rendre, Willaumez serra la côte de très près, mit habilement à profit une saute de vent, réussit à lancer au vaisseau anglais une bordée d'enfilade qui produisit de graves dommages et entra en rade au milieu des acclamations de la garnison accourue sur les remparts, tandis que l'Hercule s'éloignait humilié et maltraité. Willaumez revint en France sur cette même frégate, et il rencontra en route un vaisseau anglais dont il réussit à déjouer la poursuite grâce à 'habiles manoeuvres. L'empereur s'empressa de le nommer contre-amiral, et il l'envoya à Brest prendre le commandement de l'escadre légère qui formait l'avant-garde de la flotte réunie dans ce port sous les ordres de Ganteaume; cette armée navale faisant touours mine de sortir et attendant une occasion favorable qui ne se présenta point, retenait devant elle de nombreux vaisseaux anglais obligés de faire sur les côtes dangereuses de la Bretagne un très périlleux service. Dans une des feintes sorties qui se multiplièrent, Willaumezmena un jour son vaisseau l'Alexandre si près de la flotte anglaise qu'il fut en butte au feu de plusieurs vaisseaux à la fois, notamment à celui du trois-ponts l'Hibernia portant le pavillon de l'amiral Cornwallis. A la suite des revers éprouvés sur d'autres points par les flottes françaises, Napoléon, renonçant à ses projets de débarquement en Angleterre et attaqué en Allemagne par une coalition nouvelle, donna à la flotte de Brest une autre organisation; Il ne fut plus question de forcer le passage et de se porter dans la Manche; les vaisseaux les mieux installés durent former deux divisions destinées à prendre la mer et à agir au loin. Willaumez mit à la voile le 14 décembre 1803; il montait le Foudroyant de 80 canons et il avait avec lui cinq vaisseaux de 74, et deux frégates, le tout approvisionné pour six mois. Ses instructions lui enjoignaient de se rendre au Cap de Bonne-Espérance, de s'y ravitailler et de se diriger ensuite vers les parages ou il pourrait faire le plus de mal à l'ennemi, en s'emparant de ses convois, en attaquant ses possessions coloniales. Une grande latitude était laissée à l'amiral pour l'exécution de ce plan, en même temps il se trouvait placé dans une situation délicate par la présence à bord de son escadre d'un des frères de l'empereur Jérôme Bonaparte, alors destiné à la marine, avait reçu le commandement du vaisseau le Vétéran; il y avait des ordres formels de Napoléon de le traiter sans aucun égard pour sa naissance, ordres difficiles à concilier avec les prétentions d'un jeune prince qui était d'ailleurs fort contrarié de se voir éloigné de France pour plus d'une année. Sans rien sacrifier de son autorité, Willaumez agit avec tact et avec sagesse vis-à-vis du capitaine qui lui était imposé. Il se dirigea vers le cap de Bonne-Espérance, mais il apprit, presqu'au moment d'y toucher que les Anglais avaient enlevé à la Hollande cette position importante; il croisa, sans rencontrer les convois qu'il cherchait entre l'Afrique et l'Amérique, et se porta ensuite dans les parages de Cayenne; il fit quelques prises de peu d'importance, puis il se dirigea vers le Nord, avec l'espoir d'intercepter un riche convoi allant de la Jamaïque en Angleterre; il voulait ensuite se rendre à Terre-Neuve et détruire les établissements de pêche. Une tempête effroyable vint fondre sur l'escadre dans la nuit du 19 au 20 août 1806; elle la dispersa, la plupart des vaisseaux furent démâtés et éprouvèrent des avaries très considérables. Un des vaisseaux de l'escadre, l'Impétieux, périt sur les côtes des Etats-Unis; l'Eole et une frégate se réfugièrent dans la Chesapeake n'en sortirent plus et y furent démolis. Le prince Jérôme revint vers la France et fut assez heureux pour échapper aux croiseurs anglais et pour gagner, par une manoeuvre audacieuse, un petit port de la Bretagne. Le Foudroyant se dirigea vers la Havane, et le 15 septembre étant fort près de ce port, il eut un engagement avec la frégate de 44 canons, l'Ansom, qui cessa bientôt une lutte inégale. Aaprés avoir réparé ses avaries, il retourna en France, déjoua, par des manoeuvres habiles, les poursuites de quelques vaisseaux anglais et regagna la rade de Brest. Pendant les années 1807 et 1808, Willaumez commanda la flotte réunie à Brest, mais que les circonstances condamnaient à l'immobilité. Toutefois, au commencement de 1809, elle put croire qu'elle aurait enfin l'occasion de rendre d'importants services. Napoléon malgré les soucis que lui causaient l'Espagne et l'Autriche, voulut voir si la forrtune, juque-là si rigoureuse sur les mers à l'égard de Français, se montrerait enfin plud secourable: il donna à Willaumez l'instruction de sortir brusquement de Brest, de se porter devant Lorient et devant Rochefort, de détruire ou de disperser les stations anglaises chargées d'observer ces deux ports, de rallier à lui les vaisseaux français qui s'y trouvaient et de se diriger ensuite avec ces forces imposantes sur les Antilles, afin de frapper le commerce anglais et de mettre à contribution les colonies britanniques. Le plan était bien conçu; le début de l'exécution fut heureux; l'amiral effectua avec habileté et bonheur sa sortie du port de Brest; il donna le change à la croisière anglaise et se porta vers Lorient, mais l'escadre ennemie, avertie par ses bâtiments légers du mouvement des Français, avait opéré une retraite précipitée, et les vaisseaux qui étaient à Lorient ne se trouvèrent pas en mesure de sortir. Il en fut de même à Rochefort, et tandis que Willaumez, bouillant d'impatience, perdait quelques jours dans l'attente en dehors de l'île d'Aix, les croisières anglaises eurent le temps de se rallier et elles vinrent en forces supérieures menacer la flotte française qui dut se rapprocher du littoral. Willaumez profita d'un coup de vent qui avait forcé l'ennemi à prendre le large pour regagner Brest et il laissa sur la rade de l'île d'Aix et sous les ordres de l'amiral Allemand plusieurs vaisseaux qui, peu de temps après, furent l'objet d'une attaque de brûlots anglais audacieusement conduits par lord Cochrane, alors capitaine de frégate. Cette tentative vigoureuse infligea à la France une perte sensible. Napoléon reconnut que si les conseils de Willaumez avaient été suivis, cet échec eût été prévenu; il ne laissa pas l'amiral à Brest, où il n'avait plus rien à faire; il lui confia le commandement de la flotte réunie au Zuyderzée, et en vue des côtes britanniques, mais la guerre de 1812 et de 1813 appelèrent toute l'attention du maître, tous les efforts de la France, et il n'y eut pour l'intrépide marin aucune occasion d'agir. Pendant le cours de ses longues campagnes, il n'avait amais été gravement bléssé. La paix ayant été rendue à l'Europe, il ne fut plus employé à la mer, mais le gouvernement de la restauration eut le bon sens de le faire figurer dans diverses commissions chargées de l'administration et du perfectionnement de la marine. Willaumez se consacra avec zèle à des travaux qui avaient pour lui un vif attrait, et il se plut à faire effectuer à ses frais une importante collection de modèles de bâtiments de guerre. Le roi Louis-Philippe manifesta pour ce vétéran la plus sincère estime, et il le chargea en 1834 de l'inspection du matériel général des ports. Mettant à profit les loisirs que lui avait faits la paix, Willaumez avait rédigé un Dictionnaire de marine qu'il publia en 1820, en 2 volumes in-8° et qui reparut en 1825 et 1830, avec des additions et des améliorations importantes. C'est un ouvrage classique en son genre et qui jouit d'une réputation bien méritée. Devenu forcément arriéré par suite de la révolution qu'a introduite dans la marine l'application de la vapeur, il a été refondu par M. E. Bouet. Willaumez fut élevé au rang de pair de France et nommé grand-croix de la légion d'honneur. Il est mort à Suresnes près de Paris, le 17 mai 1845.