Utilisateur:Michelet/Manuel de l'inquisiteur/Torture
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Vocabulaire technique de la "torture"
[modifier | modifier le code]La formulation juridique type semble être "te supponendum tormentis & quæstionibus" : Quaestio & Tormentum. Il s'agit apparemment d'une expression juridique figée pour désigner un "interrogatoire dans les tourments", par opposition à une interrogation de type plus notarial. NB: Eymerich parle de questionandus avant la mise en oeuvre de la questio, ce qui semble montrer que l'idée de "question" peut traduire aussi bien une déclaration (type juge d'instruction) qu'un interrogatoire plus musclé (type arrière salle de police).
Le vocabulaire est varié, et il faut en respecter les nuances. L'adage de l'étudiant en droit, déjà à cette époque, est "ubi lex distinguat, distinguere debemus": là où la loi fait une distinction, cette distinction doit être respectée.
D'autre part, dans la mesure où ce texte peut être un témoignage sur la portée réelle de la torture au moyen-âge, il ne faut pas préjuger de ce que tel terme recouvre, et traduisant systématiquement par la version la plus "noire" de torture abominable: ce serait préjuger de la conclusion.
- Quaestio, onis
- Recherche (tibi ne quaestioni essemus) / (fig) Question, problème (aliquid in magna questione habere), parabole, état de la question / Enquête, interrogatoire (quaestionem exercere = interroger un prévenu, quaestionem exercere severius = poursuivre l'interrogatoire plus sévèrement) / Question, torture (quaestionem habere ex/de aliquo, quaestioni aliquem dare / offere = mettre quelqu'un à la question, soumettre à la question, à la torture.
- Globalement, l'idée d'interrogatoire "musclé" dans le contexte d'une enquête pénale médiévale capture assez bien le flou dans le degré de violence.
- Traduction "interrogatoire", soumettre à interrogatoire, plutôt que "question", plus connoté.
- Tormentum, i
- (cf torqueo) Machine de guerre (type baliste) / Corde ou chaîne de tension, câble (tormentum ferreum, chaîne de fer) / Sorte d'instrument de torture, d'où : question, tourments, torture / Cylindre ou presse pour sécher les vêtements après lavage / Coup (mauvais) de la fortune / Douleur physique, souffrance, accès, crise (tormenta intestinorum) / Torture morale, peine, angoisse, inquiétude / Tourments de l'amour.
- Globalement, Idée de treuil et de corde tendue. L'idée est de mettre sous une très forte tension (physique ou psychique) qui provoque une torture. Comparer l'expression "on va le faire chanter" comme une corde de violon que l'on tend.
- Traduction "tourments", de même origine, et qui capture bien l'idée.
- Torqueo, es, torsi, tortum, torquere
- Courber, fléchir, tordre (au propre et au figuré) / Tourner, rouler sur soi-même / Brandir, lancer, déchaîner (la tempête, un orage), émettre vivement (un son, un cri) / Tourmenter, affliger, chagriner / Tourmenter, mettre à la question, torturer / Mettre à l'épreuve, éprouver, sonder.
- Globalement, idée de torsion, de stress, de quelque chose qui arrive à une limite de rupture.
- Traduction: "Stresser" (?)
- Tortura, ae
- Action de tordre / Torture (cf vulgate: eccles 31:23, 33, 28) / Vive douleur (tortura ventris, grosse colique, gastro).
- Globalement: voir aussi tortus, a, um = tordu, et tortor, oris= bourreau. Idée de torturer par torsion.
- Traduction: "Torture", au sens commun du terme, suivant l'étymologie.
- NB: Eymerich semble employer ce terme dans le contexte "crainte de la torture", mais non pour décrire ce que doit faire l'inquisition. En revanche, cette distinction semble disparaître avec Peña, qui utilise ce terme plus volontier, dans un sens plus banalisé (?).
- Vexo, as, are
- Secouer / faire souffrir / malmener / maltraiter / traiter durement en parole.
- Traduction: "malmener".
Texte de Eymric
[modifier | modifier le code]Troisième fin d'un procès: par les tourments
[modifier | modifier le code]De tertio modo terminandi processum in causa fidei per tormenta:
- Sur la troisième manière de terminer une enquête dans les causes de la foi, par les tourments.
(151 - définition)
[modifier | modifier le code]La troisième manière dont les procès de la foi s’achèvent et se concluent est quand, du suspect d’hérésie les minutes du procès ayant été consciencieusement examinées, avec l’aide d’un conseil capable, on y découvre des choses incohérentes, ou ayant des preuves contraires, qui posent question, pour qu’il soit évident [que] exposé à la question et aux tourments, puisque l’interrogé n’avoue rien, il soit tenu pour exempt [de charge] et innocent.
- Tertius modus processum fidei finiendi & terminandi est,++ quado delatus de hæresi processus meritis diligenter consideratis, cum bono consilio peritoru, reperitur varius, vel habens indicia co[n]tra se ad quæstiones, ut scilicet exponatur quæstionibus & tormentis; ut si quæstionatus nihil cocesserit, pro immuni & innocente habeatur; ++[Sylues.de Strig.lib. 3.cap.4. pun.5. Tabien. verb. inquisitor. §.14. Siman.ca tbo. insti. tit. 65. nu. 13. Schol. 53]
- Delatio = dénonciation, déclaration ; Delatus : dénoncé (quand il s’agit d’une procédure délatoire) ou accusé (dans une procédure accusatoire), mais pour une procédure inquisitoire : suspect. Le terme « dénoncé » semble être un relent de la procédure dénonciatoire, sans indiquer spécifiquement qu’il y a eu une dénonciation formelle. Peritus = expérimenté, capable. Reperio, is, ire = découvrir. Varius, a, um : bigarré, varié, nuancé / Changeant, mobile / divers. Cocesserit ??? probablement « avouer », pas dans le dico.
- Tertius modus processum fidei finiendi & terminandi est,++ quado delatus de hæresi processus meritis diligenter consideratis, cum bono consilio peritoru, reperitur varius, vel habens indicia co[n]tra se ad quæstiones, ut scilicet exponatur quæstionibus & tormentis; ut si quæstionatus nihil cocesserit, pro immuni & innocente habeatur; ++[Sylues.de Strig.lib. 3.cap.4. pun.5. Tabien. verb. inquisitor. §.14. Siman.ca tbo. insti. tit. 65. nu. 13. Schol. 53]
Et cela est, quand le suspect n’a pas été confondu, ni [par] une réunion appropriée ( ? / association durable ?), ni [par] des faits évidents, ni [par] la production de témoignage légitime, et que les [éléments de preuve] ne sont pas d’une telle apparence, qu’on lui fasse abjurer l’hérésie. Cependant, celui qui est changeant dans ses déclarations ou [contre lequel] il y a des indices suffisants [va] à la question et aux tourments.
- Et hoc est, quando delatus non est deprehensus nec propria consessione, nec facti evidentia, nec testiu legitima productione, nec sunt indicia ad talem suspicionem, ut habeat hæresim abjurare: est tamen in suis cofessionibus varius, vel aliàs sunt indicia sufficientia ad quæstiones & tormenta.
- Deprehensio = prendre sur le fait, découverte. Proprius, a, um = propre à / approprié / durable. Consessione ~ Assemblée ( ?). Indicium, ii = Indice, preuve, déclaration, dénonciation…
- Et hoc est, quando delatus non est deprehensus nec propria consessione, nec facti evidentia, nec testiu legitima productione, nec sunt indicia ad talem suspicionem, ut habeat hæresim abjurare: est tamen in suis cofessionibus varius, vel aliàs sunt indicia sufficientia ad quæstiones & tormenta.
Pour ceux-là cette pratique doit être respectée. Mais dans ces cas, parce que la sentence interlocutoire est portée ( ?) sur dénonciation, et par eux ( ?), l’évêque et l’inquisiteur conjoints, la responsabilité ( ?) ne doit pas être disjointe, selon [les termes de] c. Multoru. in clem..
- Circa istum talis practica est servanda. In tali autem casu quia sententia interlocutoria est contra delatum fereda, & non pro eo, per episcopum & inquisitorem, conjunctim, & non divisim est ferenda, juxta c. Multoru. in clem.
Tout d’abord s’il s’est tenu fermement dans la dénégation, et rien ne peut faire( ?) (il est possible de l’inciter par des hommes respectables) qu’il veuille reconnaître la vérité, on apportera la sentence, pour [que soit vue et connue ?] la force de la sentence définitive par le moyen de la teneur qui suit.
- In primis si talis steterit in negativa firmiter, & nulla tenus (licet inductus per probos viros) fateri voluerit veritatem, feretur sententia, quæ videtur sapere vim diffinitivæ sententiæ per modum tenoris sequentis.
- Fateor : reconnaître, avouer, confesser.
- In primis si talis steterit in negativa firmiter, & nulla tenus (licet inductus per probos viros) fateri voluerit veritatem, feretur sententia, quæ videtur sapere vim diffinitivæ sententiæ per modum tenoris sequentis.
Forme de la sentence interlocutoire pour présenter à quelqu’un la question et les tourments
[modifier | modifier le code]Forma sententiæ interlocutoriæ ad supponendum aliquem quæstionibus & tormentis.
Nous, N, par la miséricorde divine évêque de telle ville, et frère N, inquisiteur dans les terres [ ???] soumises à ce seigneur, spécialement délégué par le saint siège apostolique,
- Nos N. miseratione divina Episcopus talis civitatis, & frater N. inquisitor in terris ditioni talis domini subjectis, à sancta sede Apostolica specialiter delegatus,
CONSIDERANT, les minutes du procès fait par nous contre toi un tel, de tel lieu, tel diocèse, ayant été soigneusement examinées, que tu es inconstant dans tes déclaration, et qu’il y a pas moins que de nombreux [éléments] qui sont suffisants pour t’exposer à la question et aux tourments ; A cause de cela, pour que la vérité provienne de ta propre bouche, et ensuite pour que tu n’offenses pas les oreilles du juge, à tout objectant (???) déclarons, jugeons et faisons sentence, que le jour présent et à telle heure, seront supportés par toi tourment et question. Ampliation a été faite de cette décision, etc.
- ATTENDENTES, meritis processus facti per nos contra te talem, talis loci, talis diœcesis, diligeter examinatis, quòd tu es varius in tuis confessionibus, & sunt nihilominus indicia multa, quæ sunt sufficientia ad te exponendum quæstionibus & tormentis; Ea propter ut veritas ab ore tuo proprio habeatur, & ut deinceps aures judicum non offendas; interloquendo declaramus, judicamus, & sententiamus die præsenti & hora tali, te supponendum tormentis & quæstionibus. Lata fuit hæc sententia, &c.
- Interloquor (jur) : faire une objection.
- ATTENDENTES, meritis processus facti per nos contra te talem, talis loci, talis diœcesis, diligeter examinatis, quòd tu es varius in tuis confessionibus, & sunt nihilominus indicia multa, quæ sunt sufficientia ad te exponendum quæstionibus & tormentis; Ea propter ut veritas ab ore tuo proprio habeatur, & ut deinceps aures judicum non offendas; interloquendo declaramus, judicamus, & sententiamus die præsenti & hora tali, te supponendum tormentis & quæstionibus. Lata fuit hæc sententia, &c.
Instructions très précises sur les choses relatives à l'interrogatoire
[modifier | modifier le code]Instructio accuratissima circa quæstiones reorum.
(153 - conditions de mise en oeuvre)
[modifier | modifier le code]Si l’interrogé a répondu de manière incohérente, et qu’en même temps il y a des indices suffisants pour la question, on les portera de plus dans la sentence, comme il est dit dans celle-ci. Mais si ces deux [éléments] n’y sont pas, mais qu’il y en n’a qu’un seul, par exemple l’incohérence sans d’autres indices, ou des indices sans incohérence, on mettra dans la sentence ce qui a été trouvé. Mais après notification la sentence sera ensuite exécutée, ou [du moins ?] son exécution sera simulée.
- SI quæstionandus reperiatur varius, & insimul sint indicia alia ad quæstiones sufficientia, ponatur utrumque in sententia, ut in prædicta positum est. Si autem hæc duo non concurrant, sed unum tantum, utpote varietas sine alijs indicijs, vel alia indicia sine varietate, ponetur in sententia ut invenitur. Sententia autem lata mox exequetur vel exequi simuletur.
Et cependant, qu’il n’y ait pas d’inquisiteur très désireux de soumettre quelqu’un à interrogatoire, car interrogatoires et tourments ne doivent pas être mis en œuvre, si ce n’est à défaut d’autre preuve ; et c’est pourquoi il doit rechercher avec soin d’autres éléments probants. + [Voir qu’il n’en soit pas facilement venu aux tourments, Scholie 53.]
- Non sit tamen inquisitor multum voluntarius ad quæstionandum aliquem;+ nam questiones & tormenta non inferuntur, nisi in defectum aliarum probationum; & ideo perquirat alias probationes. [+ Non facile veniatur ad tormenta Schol.53.]
- Perquiro = rechercher avec soin (cf perquisition).
- Non sit tamen inquisitor multum voluntarius ad quæstionandum aliquem;+ nam questiones & tormenta non inferuntur, nisi in defectum aliarum probationum; & ideo perquirat alias probationes. [+ Non facile veniatur ad tormenta Schol.53.]
S’il [l’inquisiteur] n’en a pas trouvé, et qu’il tient pour vraisemblable que l’inculpé est coupable, mais qu’il craint qu’il ne nie la vérité, d’une manière favorable et avec grande précaution (?), de temps en temps en faisant venir ses amis pour l’inciter à dire la vérité qu’il s’attache [+lire : l’inquisiteur] à obtenir la vérité de sa bouche, et qu’il ne se hâte pas à l’affaire. De fait, de fréquentes méditations, les malheurs de la prison, et les enseignements répétés des honnêtes hommes, incitent à faire la lumière sur la vérité.
- Quod si non invenerit, & tenet probabiliter, quod delatus est culpabilis, sed metu negat veritatem, bonis modis & [gr?]andoque cautelosis, & interdum adhibitis ejus amicis inducentibus ad veritatem dicendam, faciat suam diligentiam,++ ut ab ore ejus habeat veritatem, & negotium non festinet: nam meditatio frequens, & carceris calamitas, & replicata informatio proborum virorum, disponunt ad veritatem eruendam. [++ Notandæ inquisitoribus.]
- Probabiliter = de façon louable, avec vraisemblance (a donné le mot probabilité, attention au faux sens). Metuo, is, ere = craindre, redouter. Cautela, ae = précaution, défiance. Interdum = Parfois, de temps en temps, tantôt … tantôt. Negotium, ii = occupation, affaires, activités, tâche, objet d’intérêt. Eruo, is, ere = Tirer en creusant / mettre à jour / Détruire de fond en comble.
- Quod si non invenerit, & tenet probabiliter, quod delatus est culpabilis, sed metu negat veritatem, bonis modis & [gr?]andoque cautelosis, & interdum adhibitis ejus amicis inducentibus ad veritatem dicendam, faciat suam diligentiam,++ ut ab ore ejus habeat veritatem, & negotium non festinet: nam meditatio frequens, & carceris calamitas, & replicata informatio proborum virorum, disponunt ad veritatem eruendam. [++ Notandæ inquisitoribus.]
(154 - caractère trompeur et inefficace)
[modifier | modifier le code]Cela [étant ?], si après avoir convenablement attendu l’inculpé, et convenablement prolongé les délais, et multiplié les enseignements à l’inculpé, l’évêque et l’inquisiteur croient de bonne foi, tout bien considéré, que cet inculpé nie la vérité, qu’ils le questionnent avec modération [+ Voir référence xxx...], et cependant sans effusion de sang, en sachant que ces interrogatoires sont trompeurs et inefficaces.
- Quod si delato convenieter expectato, & tempore congruenter prorogato, ac delato multipliciter informato, credant bona fide episcopus & inquisitor, omnibus consideratis, ipsum delatum negare veritatem, quæstionent eum moderate,+ sine tamen effusione sanguinis, scientes quod questiones sunt fallaces & inefficaces. [+ Ita Ulpia nus in l. 1 §.in causa tributo ru. vers. questioni. ff. de quæstion.]
De fait, certains sont tellement mou de cœur et stupides que pour se soulager de toute torture ils avouent y compris ce qui est faux (?) . Mais certains sont tenaces au point que quelle que soit la manière dont ils sont malmenés, il n’est pas possible d’obtenir d’eux la vérité.
- Nam aliqui sunt ita molles corde & vecordes, quod ad levem torturam omnia concederent quæcunqe;[?] falsa: aliqui aute[m] sunt ita pertinaces, quod quatuncunque vexentur, ab eis veritas non habetur.
- Vecors, vecordis = égaré, fou / stupide / méchant.
- Nam aliqui sunt ita molles corde & vecordes, quod ad levem torturam omnia concederent quæcunqe;[?] falsa: aliqui aute[m] sunt ita pertinaces, quod quatuncunque vexentur, ab eis veritas non habetur.
Il y en a certains qui furent autrefois soumis à interrogatoire ; et de ceux là, quelques uns supportent mieux l’interrogatoire, parce que ils contractent et affermissent le bras (?) ; mais d’autres en restent affaiblis, et ainsi supportent moins l’interrogatoire.
- Aliqui sunt, qui fuerunt aliàs quæstionati; & istorum aliqui melius sustinent quæstiones, quia statim brachia trahuntur & firmantur: aliqui autem remanent debiliores, & sic minus sustinet quæstiones.
Certains sont même ensorcelés (?), et utilisent des maléfices pendant l’interrogatoire, lesquels, avant qu’il soient conduits (?) à reconnaître quelque chose, les rends comme pratiquement insensibles.
- Aliqui sunt etiam maleficiati, & in quæstionibus maleficijs utuntur, qui ante morerentur, quam aliquid faterentur: efficiuntur enim quasi insensibiles.
- Maleficiatus : ??? maudit, envoûté ? rare, & page manque à mon gros dictionnaire ! Utor, uteris ? utiliser. Morerentur ???. Fateor, eris : reconnaître, avouer, confesser.
- Aliqui sunt etiam maleficiati, & in quæstionibus maleficijs utuntur, qui ante morerentur, quam aliquid faterentur: efficiuntur enim quasi insensibiles.
C’est pourquoi l’interrogatoire doit être conduit avec la plus grande prudence, et en ayant la plus grande ( ?) attention à la condition de l’interrogé.
- Quare in quæstionibus cum maxima prudentia est agendu, & ad conditione quæstionandi quamplurimum attendendum.
(155 préparatifs - mise en condition)
[modifier | modifier le code]Quand donc la sentence a été promulguée, ensuite les assistants se préparent à l’interrogatoire du suspect. Et pendant qu’ils se préparent, l’évêque et l’inquisiteur, par eux-mêmes et par d’autres hommes bons et plein d’ardeur pour la foi, présentent au suspect son malheur [futur] jusqu’à ce que spontanément la vérité [soit dite]. S’il ne veut pas avouer, ils font venir les assistants pour qu'ils le déshabillent entièrement. Ceux-ci obéissent aussitôt, non pas joyeux, mais comme troublés, et promptement ils le déshabillent. Et pendant qu’on le déshabille, on l'exhorte à reconnaître la vérité. S’il refuse encore, il sera entraîné par quelques hommes probes vers ses vêtements ôtés, et encore incité. Et en l’incitant, on lui représentera qu’il ne sera pas livré à la mort [+Lire: tant qu'il ne retourne pas à son délit], mais qu’il [devra simplement] jurer de ne jamais en aucune manière retomber dans son délit.
- Cum autem lata fuerit sententia, mox ministri se disponent ad quæstionandum delatum: Et cum disponunt se, episcopus & inquisitor per se, & per alios bonos viros fidei zelatores, inducant quæstionandum ad fatem dum libere veritate: quod si fateri noluerit, mandent ministris quod expolient eum, & illi statim obtemperent, no læti,sed quasi turbati, & expedite expolient eum; & dum spoliatur, inducatur fateri veritatem:quod si renuerit, per aliquos probos viros trahatur ad partem spoliatus & inducatur, & inducendo informetur, quòd non tradetur morti,† sed jurabit ne de cætero revertatur ad delictu: [+Alias, dummodo amplius non revertatur ad delictum.]
- Induco, is, ere : Introduire / Faire paraître / Représenter / Prendre en compte / Entraîner / Tromper, abuser, mettre en tête. Fateor, eris = reconnaître, avouer. Expolio, is, ire : polir, lisser, (&~ Exspolio) : dépouiller entièrement. Renuo, is, ere : faire signe qu’on renonce, refuser, désapprouver.
- Cum autem lata fuerit sententia, mox ministri se disponent ad quæstionandum delatum: Et cum disponunt se, episcopus & inquisitor per se, & per alios bonos viros fidei zelatores, inducant quæstionandum ad fatem dum libere veritate: quod si fateri noluerit, mandent ministris quod expolient eum, & illi statim obtemperent, no læti,sed quasi turbati, & expedite expolient eum; & dum spoliatur, inducatur fateri veritatem:quod si renuerit, per aliquos probos viros trahatur ad partem spoliatus & inducatur, & inducendo informetur, quòd non tradetur morti,† sed jurabit ne de cætero revertatur ad delictu: [+Alias, dummodo amplius non revertatur ad delictum.]
Car il est certain (comme de nombreuses expériences me l’ont montré) que beaucoup avoueraient la vérité, s’ils n’étaient terrorisés par la crainte de la mort. Si on leur promet qu’ils ne seront pas livrés à la mort, ils avouent. L’évêque et l’inquisiteur peuvent prendre sur eux de lui faire cette promesse, parce qu’il peuvent [la faire] vérédiquement. En revanche ce n’est pas le cas pour le relaps ; à celui-ci il ne sera rien promis.
- Nam de certo (ut experientia pluries me docuit) multi faterentur veritate, nisi metu mortis terreretur: & si promittatur eis, quòd non tradentur morti, fatebuntur; & audacter episcopus & inquisitor promittant ei, quia possunt cu[m] veritate, nisi ageretur de relapsu: & tunc non est promittendum.
Si ni les exagérations (?) ni de telles promesses ne le font vouloir avouer la vérité, la sentence sera exécutée. Il sera questionné suivant les méthodes habituelles, non par [des méthodes] nouvelles, ni élaborées ; légèrement ou fortement, selon ce que la faute réclame du délinquant.
- Quod si nec minis, nec talibus promissis fateri voluerit veritatem, sentetiam exequatur, & questionetur consuetis modis, & non novis, nec exquisitis; levius vel fortius secundum quod crimen exigit delinquentis.
- Crimen, inis = accusation / cause réelle ou supposée / crime, faute. Exigo, is, ere = faire payer / réclamer / exécuter, transpercer, parfaire (cf: exegi monumentum aere perennius) / délibérer / achever. Delinquo = commettre une faute.
- Quod si nec minis, nec talibus promissis fateri voluerit veritatem, sentetiam exequatur, & questionetur consuetis modis, & non novis, nec exquisitis; levius vel fortius secundum quod crimen exigit delinquentis.
Et pendant qu’on le « stresse » il sera interrogé sur les quelques thèmes qui posent question. Et presque toujours, cependant, en commençant par les moins importants, parce que on avoue plus volontiers ce qui est peu important que ce qui est grave.
- Et dum torquetur super certis articulis, super quibus questionatur, interrogetur & frequeter, à levioribus tamen incipiendo, quia citius concedet levia, quam graviora.
(156 - exécution de la sentence)
[modifier | modifier le code]Et pendant que [les assistants] font cela, le notaire écrit tout de ce qui se passe, aussi bien comment il subit l’interrogatoire, ce sur quoi on l’interroge, et comment il y est répondu.
- Et dum hæc fiunt, Notarius totum scribat in processu, et quomodo questionatur,de quìbus interrogatur, & quomodo respodetur.
Si après avoir été raisonnablement soumis à interrogatoire, il ne veut pas avouer la vérité, d’autres sortes de tourments seront présentés à son esprit, en disant qu’il faudra bien qu’il passe à travers tout ça, à moins que la vérité ne se fasse jour, car si ce n’est pas le cas, il sera conduit [jusqu’]à [ou : il boira ?] l’épouvante ou à la vérité, le deuxième jour, ou au troisième autorisé, par la « poursuite » des tourments et non leur « répétition », certes il est interdit de les répéter (à moins qu’il ne se présente de nouveaux éléments contre lui, parce que c’est alors possible), mais rien n’interdit de continuer. [Assignation à continuer. « Les tourments peuvent être continués mais non répétés sans (&c.) : voir Scholie 54, « sur la prolongation des tourments ».]
- Quod si questionatus decenter, noluerit fateri verìtatem, ponantur alia genera tormentorum coram eo, dicendo quod oportet eum transire per omnia, nisi prodat veritate: quod si nec sic, poterit ad terrorem vel etia[m] ad veritatem secunda dies, vel tertia assignari, ad continuandum tormenta non ad iteradu: quia iterari non debent, nisi novis supervenientibus indiciis contra eum; quia tunc possunt:sed continuari non prohibentur.[Assignatio ad continuandu, Tormenta continuari possut sed non iterari nisi &c. Vide Schol. 54 De tormentorum continuatione.]
- Coram eo : dans son cœur, ici, dans son imagination.
- Quod si questionatus decenter, noluerit fateri verìtatem, ponantur alia genera tormentorum coram eo, dicendo quod oportet eum transire per omnia, nisi prodat veritate: quod si nec sic, poterit ad terrorem vel etia[m] ad veritatem secunda dies, vel tertia assignari, ad continuandum tormenta non ad iteradu: quia iterari non debent, nisi novis supervenientibus indiciis contra eum; quia tunc possunt:sed continuari non prohibentur.[Assignatio ad continuandu, Tormenta continuari possut sed non iterari nisi &c. Vide Schol. 54 De tormentorum continuatione.]
On formulera [alors] de la manière suivante. « Nous, N, évêque et [préfet inquisiteur ??], t’assignons untel, tel jour, à continuer l’interrogatoire, afin que de ta propre bouche la vérité soit avouée. »
- Dicetur ergo sic. Et nos N. Episcopus & inquisitor prefati, assignamus tibi tali, die talem ad questiones continuandu, ut à tuo ore proprio veritas eruatur.
Et tout sera inscrit dans le procès-verbal, et [jusqu’à?] la date ainsi assignée, [l’évêque] lui-même, et d’autres hommes honnêtes, l’inciteront à avouer la vérité. Mais s’il ne veut pas l’avouer, au jour fixé ils pourront continuer l’interrogatoire.
- Et totum ponatur in processu & infra tempus eidem assignatu, & per se, & per alios probos viros inducent eu[m] ad fatendum veritatem: quod si fateri noluerit, die assignata poterunt quæstiones continuari;
Et il sera ainsi soumis à interrogatoire, par des tourments de ce genre ou par d’autres, fortement ou légèrement selon que sa faute est grande ou d’une gravité minime.
- & sic quæstionetur eisdem vel aliis generibus tormentorum fortius vel levius secundum majorem culparum vel minorem gravitatem.
Et les juges pourront avec de grandes précautions s’en tenir aux choses permises, que ce soit dans les paroles ou dans les actions, pour que soit obtenue la vérité. C’est ce qu’enseigne plus l’expérience et le bon sens, et la variété des affaires [judiciaires], que les règles de l’art ou la doctrine.
- Et poterunt judices multas cautelas licitas adhibere, & in verbis & in factis, ut veritas habeatur, quas magis docebit experietia atque usus, & negotiorum varietas, quam ars alicujus, seu doctrina.
- Cautela, ae : précautions, défiance. Licitas = les choses permises. Adhibere = appliquer, faire venir, utiliser, employer, traiter comme, se comporter. Usus : usage, emploi, pratique, droit, utilité, besoin, habitude, familiarité.
- Et poterunt judices multas cautelas licitas adhibere, & in verbis & in factis, ut veritas habeatur, quas magis docebit experietia atque usus, & negotiorum varietas, quam ars alicujus, seu doctrina.
(157 - relaxe)
[modifier | modifier le code]Mais quand après avoir subi un interrogatoire convenable, et avoir été exposé à ces tourments, il ne veut pas dévoiler la vérité, il ne sera pas malmené plus avant, mais renvoyé pour partir libre. Et s’il demande aux juges qu’il soit renvoyé par une sentence, ils ne pourront le lui refuser. Ils porteront donc dans la sentence, que de tel crime, dont il avait été accusé, après examen attentif du dossier, il n’a pas été trouvé de preuve légitime contre lui. C’est ce qui est dit dans la première manière de conclure un procès, s’y reporter.
- Vbi autem decenter quæstionatus & tormentis expositus, noluerit detegere veritatem,+ amplius non vexetur, sed abire libere dimittatur:Et si requirat judices, quod per sententiam expediatur, ei non poterunt denegare; & tunc feretur sentenia, quo de tali crimine, de quo fuit delatus, meritis processus diligenter discussis, non invenitur probatu aliquid legitime contra eum, sicut in primo modo finiedi processu, & terminadi dictu est. Videat ibi. [+Tortus sussicienter, et per stas in negativa liber dimittatur.]
(158 – aveu)
[modifier | modifier le code]Mais si pendant qu’il est soumis à interrogatoire, il avoue la vérité, tout sera écrit dans le procès-verbal. Après l’interrogatoire, il sera conduit en un autre lieu, dans lequel il n’y ait rien qui ait l’apparence des tourments, et on lui lira sa propre confession, faite dans les tourments. On lui demandera alors soigneusement, une première fois et à nouveau, jusqu’à quel point on tient [à présent] la vérité.
- Si autem in questionibus prodiderit veritatem, scribatur totum in processu,[+] & post questiones ducatur ad alium locum, in quo non sit aspectus ad tormenta, & legatur sibi confessio, qua fecit in tormetis, & interrogetur etiam diligentius & semel, & pluries quousque veritas habeatur.[++] [+Cum in tormentis confitetur qd agedums.] [++De revocante confessione Schol. 54]
S’il ne persiste pas dans sa confession première, mais au contraire en outre nie la vérité ; s’il n’a pas été convenablement soumis à interrogatoire, il pourra (comme cela a été dit) de nouveau être soumis à interrogatoire dans les tourments, sans les recommencer, mais en les continuant. Si d’autre part il a été convenablement soumis à interrogatoire (comme cela a été dit) il sera renvoyé libre ; et si [dans ce cas] il est absolument requis de conclure par une sentence, il sera fait pour lui comme on vient de le dire.
- Quod si non perstiterit in prima confessione, immo adhuc negaverit veritatem, & non est decenter quæstionatus, poterit (ut dictu est) iterum supponi questionibus & tormetis, non iterando, sed cotinuando. Si aut decenter questionatus est (vt dictu est) libere dimittatur: & si omnino requirat per sententiam expediri, fiat sibi, ut dictu est statim.
- Immo = mais au contraire. Adhuc = en outre. Decenter = convenablement, décemment.
- Quod si non perstiterit in prima confessione, immo adhuc negaverit veritatem, & non est decenter quæstionatus, poterit (ut dictu est) iterum supponi questionibus & tormetis, non iterando, sed cotinuando. Si aut decenter questionatus est (vt dictu est) libere dimittatur: & si omnino requirat per sententiam expediri, fiat sibi, ut dictu est statim.
(159 - aveu confirmé)
[modifier | modifier le code]Si au contraire il persiste dans sa confession, et avoue (?) la vérité, reconnaissant sa propre faute, et demandant l’indulgence de l’Eglise, il est dans le même cas que [quelqu’un] pris dans l’hérésie de son propre aveu, mais pénitent (suivant [ce que dit la bulle] Ab abolenda, § præsenti. abjuret). Il sera jugé (?) comme [s’il avait été] pris sur le fait publiquement, et sera condamné de la manière dont on condamne les hérétiques [qui le reconnaissent] de leur propre aveu. Il est dit plus bas dans le huitième cas la manière de traiter ces coupables avérés, s’y reporter.
- Si aut perstiterit in ipsa cofessione, &[ †] prodiderit veritate, culpa propriam recognoscendo, & ab Ecclesia venia postulando, tamquam deprehesus in heresim propria confessione, sed penitens, juxta c. Ad abolenda.§.[++] præsenti. abjuret, & sententialiter ut deprehesus publice, codemnetur per modum, quo damnatur in heresim deprehensi propria confessione; ut dicetur infra in octavo modo expediendi hujusmodi deprehensos. Videatur ibi. [†Alias, ratisicaus rit.] [++Perseverans in confessione et pænitens abjuret.]
- Proprius, a, um = qui appartient en propre, caractère propre, approprié, stable, durable. Venia = grâce, autorisation, faveur, pardon, rémission.
- Si aut perstiterit in ipsa cofessione, &[ †] prodiderit veritate, culpa propriam recognoscendo, & ab Ecclesia venia postulando, tamquam deprehesus in heresim propria confessione, sed penitens, juxta c. Ad abolenda.§.[++] præsenti. abjuret, & sententialiter ut deprehesus publice, codemnetur per modum, quo damnatur in heresim deprehensi propria confessione; ut dicetur infra in octavo modo expediendi hujusmodi deprehensos. Videatur ibi. [†Alias, ratisicaus rit.] [++Perseverans in confessione et pænitens abjuret.]
Lorsque vraiment il a avoué (?) la vérité et ne se repent pas, mais persiste opiniâtrement dans l’hérésie ; [alors] s’il n’est pas relaps, il sera condamné (suivant la bulle Ad abolendam. §. præsenti.) et à défaut (?) [d’une solution ?] plus appropriée, et pour le formaliser (?) convenablement, il sera livré au bras séculier pour être traîné vers (?) son dernier supplice, comme décrit ci-dessous dans la dixième manière. Mais s’il est relaps, il sera condamné de la manière dite plus bas dans la onzième manière de terminer le procès : s’y reporter.
- [+]Ubi vero veritatcm prodiderit, & non penituerit, sed in hæresim pertinaciter perstiterit, & relapsus non fuerit, condemnabitur, juxta c. Ad abolendam. §. præsenti. & expectatus competenter, & informatus decenter,
tradetur brachio seculari ultimo supplicio feriendus, vt dicetur infra in decimo modo. Si autem relapsus fuerit, condemnabitur per modu de quo dicetur infra in vndecimo modo processum terminandi. videatur ibi. [+Si su impanitens, tradatur curis seculari.]
- fero, fers, ferre = porter / traîner / apporter / exporter / rapporter, prétendre. supplicium, ii = action de supplier à genoux les dieux / supplice, châtiment.
(160 - si en outre il y a de quoi abjurer)
[modifier | modifier le code]Mais ici il faut faire très attention à ce que celui qui est soumis à interrogatoire, avant les questions, parfois, n’a rien avoué contre lui-même, ou n’a rien de prouvé contre lui, et que pour cette raison, on ne peut ni l’obliger à abjurer l’hérésie, ni le condamner pour hérésie. C’est d’un tel cas que l’on traite ici, et ce précepte est ferme.
- Hic autem est diligentius attendendum, quod ille, qui quæstionandus est, ante quæftiones interdum contra se nihil confitetur; nec contra eum aliquid probatur, propter quod possit nec debeat hæresim abjurare, nec propter hæresim condemnari: & de talibus agitur hic, & dictum est statim.
- Interdum = parfois, quelquefois. Confiteor = avouer.
- Hic autem est diligentius attendendum, quod ille, qui quæstionandus est, ante quæftiones interdum contra se nihil confitetur; nec contra eum aliquid probatur, propter quod possit nec debeat hæresim abjurare, nec propter hæresim condemnari: & de talibus agitur hic, & dictum est statim.
Mais quelquefois le suspect a été pris en flagrant délit d’hérésie, ou encore il y a d’autres faits éprouvés contre lui, qui justifient qu’il doive abjurer simplement ; ou bien il est fortement soupçonné d’hérésie. Pour celui-là, il n’est pas soumis à interrogatoire, mais plutôt, celui qui [en outre?] nie quelque chose, qui n’est pas prouvé, mais [pour lesquels] les preuves sont suffisantes pour qu’il soit soumis à interrogatoire.
- Interdum autem ipse delatus est in hæresim deprehensus, [+] vel alias sunt alia contra eum probata indicia, propter quæ debet abjurare ut leviter; vel vehementer de hæresi suspectus, propter quæ non est quæstionandus: sed ultra hoc negat aliqua, quæ non probantur, sed sunt indicia sufficientia ad quæstiones. [+ Duranti in tormentis in negatius qn imungenda sit abiuratio]
Et quand en raison de cela (?) il est soumis à interrogatoire, et qu’il n’avoue rien par interrogatoire, celui-là ne doit pas être acquittés, mais on procède suivant ce qu’il y a de prouvé contre lui, et il abjure [pour se disculper] du soupçon ou des preuves, suivant ce que les qualités de l’affaire exigent et requièrent.
- Et cum pro talibus quæstionatur, si nihil propter quæstiones confiteatur, iste non est absolvendus, sed secundum probata contra eum procedetur, & abjurabit velut suspectus; velut deprehensus, prout processus merita exigunt & requirunt.
Si à vrai dire au cours de l’interrogatoire il avoue [cette faute], ou quelqu’une des chose sur quoi il est soumis à interrogatoire, alors il abjurera sa faute et le reste, et pour cette faute et le reste une sentence sera rendue.
- Si vero propter quæstiones confiteatur illa, vel eorum aliqua, propter que quæstionatur, tunc abjurabit hæc & illa, & pro istis & illis sententia contra eum est ferenda.
Commentaires de Peña
[modifier | modifier le code]SCHOL. LIII. In tit. De tertio modo terminandi processum in causa fidei per tormenta.(Pag.313 col 1. nv. 1 51.C)
Scholie 53 - Sur la section "troisième manière de finir un procès par tourments"
[modifier | modifier le code]Sur le même sujet, voir Tabiens dans [...§14 n°15], Jacob Sprenger dans le "Maillet des Sorcières" [3ème partie question 22], de nombreux passages de Umbertus Locat dans son travail sur le vocabulaire judiciaire, à "torture". Mais combien on regarde à cet endroit sur les choses relatives au "stress" (torquendo), et à partir de quels éléments de preuve il est permi de le faire, il faut voir Eymerich au paragraphe 3 question 61, où il est dit énormément.
- Idem tradunt Tabiensis in sum. verbo, inquisitor.§.14.nu.15. & Iacobus Sprengerius in malleo maleficarum 3. par. q. 22. multa Vmbertus Locatus in opere judiciali verbo, tortura. sed quantum ad hunc locu spectat de torquendis reis, & ex quibus indiciis id facere liceat, videndus est Eymericus infra par. 3.q.61. ubi dixi plenissime.
A: Et hoc est quando delatus
[modifier | modifier le code]¶ Et hoc est quando delatus, &c.(G3) nec sunt indicia ad talem suspicionem, vt habeat heresim abiurare, &c. vel aliàs sunt indicia sufficientia ad questiones & tormenta. Hic locus est obscurus, ita ut uix percipias quid sibi uelit Eymericus: hoc tamen uidetur concludere, tunc locum esse tormentis, cum uel uarius est reus, uel sunt indicia ex quibus possit torqueri, que tamen non sufficiant ad hæresim abiurandam. quæ doctrina no uidetur uera. Primum enim sola quæuis uariatio non sufficit ad torturam, ut dixi schol.118.hu ius 3.libri.§. prima regula est. Rursus, quia eade illa indicia, quæ sufficiunt ad torturam,uidentur etiam ut plurimum sufficere ad indicendam abiurationem,sicuti patet etia mediocriter eruditis.
Quare in hoc articulo ita clarius est dicendu:(G4) cum delictum est semiplene probatum, uel sunt talia indicia aduersus reum,ut non possit simpliciter absolui ab instantia seu accusatione:tunc ad diluendam delicti suspicionem, tria sunt in hoc tribunali prodita remedia: purgatio canonica, de qua egit auctor in superiori modo processum fidei terminandi: abiuratio de uehementi, seu le ui, de qua agit in sequentibus: & tormentum, de quo nunc disserit. hoc tamen postremum accom modatius est ceteris ad eruendam ueritate: nam purgatio, & abiuratio non tam sunt apta ad ueritatem indagandam, quàm ad suspicionem, & infamiam hæresis excludendam.
Itaque hoc remedium per torturam non differt præcipue ab alijs penes indicia aut suspiciones, ut hîc uidetur simpliciter uelle Eymericus, ita ut quæ non sufficiunt ad abiurationem, sufficiant ad torturam: quia generaliter id falsum est: sed differt quo ad modum infligendi, quamuis easdem ubique contingat adesse suspiciones & coniecturas. atque hec est uera & solida doctrina, comprobata etiam per Madrilianam instructionem anno Domini 1561. c.46.47.& 48.quæ suis locis retul imus.Non tamen propterea diffiteor euenire sæpe posse, ut talia indicia concurrant contra reum, ex quibus non possit tuta imponi abiuratio de uehementi, aut alia grauior, cum ea sit grauissima pœna ob periculum relabendi: ea tamen indicia sufficientia iudicab untur ad torturam infligendam, quæ non est adeo periculosa,ut per eam indagetur ueritas,& ab ore ipsiusmet delinquentis,si fieri potest,habeatur, ut tunc securius possit procedi ad iniugendam abiurationem,& alias penitentias. immo sepissime hoc fieri est necessarium, & hac fortassis ratione loquitur Eymericus.
Iam quando sit locus quæstionibus,trado copiose infra hoc 3. libro schol.118. ex quo tracta tio hec lumen accipiet, cui non est facile fidendu sine his adnotationibus.
B: In tali casu quia sententia
[modifier | modifier le code]¶ In tali casu quia sententia interlocutoria ect contra delatum serenda, &c.(G5) per episcopum & inquisitorem coniunctim, &c. hæc est uera & fana sententia, quam in terminis probat textus ab Eymerico citatus. illud addo non modo ad pronuntiandam
-notes- (G3)Tormetis quado sit locus ex Eymerici sentemia.
(G4)Ad suspicione baresis excludende tria oppor tunareme dia, & qualia.
(G5)Et in sententia tor turæ, et in eius executione, debet interuen re ordinari' cum inqui sitore. Text of page:592 tormenti sententiam, interuenire debere episcopum & inquisitorem:uerum etiam ad executionem cius, nisi per infirmitatem aut aliam iu stam causam alter excusaretur: hoc enim tutius est, & cautum ctiam in Hispania Madriliana instructione an.1561. c.48.in hec uerba: Ad pronuntiandam tormenti sententiam interueniant inquisitores, & ordinarius, & eodem modo ad eius executionem, ob varios casus, qui m tortura accidere possunt. hec ibi. Quod cumsit tutissimum,ubique mihi uidetur obseruandum; quod etiam apertissi me uelle uidetur auctor paulo post nu. 155. ibi: Et cum dispenunt se, episcopus & inquisitor per se, &c. inducant quastionandum ad satendum libere veritatem. quod est obseruatione dignissimum.
C: Si questionandus reperiatur varius
[modifier | modifier le code]¶ Si questionandus reperiatur varius.(G1) Hîc sentit apertissime auctor ob uarietatem solam reum posse torqueri: quod qua ratione sit accipiendu, explicui infra hoc 3. lib. schol. 118.§. ptima regula est. Quod omnino uideas, ne te hic locus decipiat, qui sano modo intellectus ueram doctrinam continet.
D: Non sit tamen inquisitor multum voluntarius ad questionandum
[modifier | modifier le code]¶ Non sit tamen inquisitor multum voluntarius ad questionandum. Hoc est saiuberrimum documen tum:quamuis enim indicia, ex quibus ad torturam deuenitur,sint arbitraria; non tamen proinde temere & in qualibet causa sunt tormeta usur panda: indicia enim talia csse debent, quæ iure subsistant & approbentur, aliter reijcienda sunt, vt plene dixi insra schol.118.
Iam tota hæc tractatio & obseruatio, quam hîc tradit Eymericus de torquendis reis absolutissima est, & multa prudentia,ac iudicio constituta.
E: Scientes quòd quæstiones sunt fallaces & inefficaces
[modifier | modifier le code]¶ Scientes quòd quæstiones sunt fallaces & inefficaces,(G2) &c. Insignis est hic locus desumptus ex Vlpiano in l.1.§.in causa tributorum. vers. questioni. ff. de quæstionibus. vbi ita scriptum est: Quæstioni fidem non semper,(G3) nec tamen nunquam ha bendam, conctitutiombus declaratur. etenim res est sragilis, & periculosa, & quæ veritatem fallat:nam plerique patientia siue duritia tormentorum, ita tormenta contemnunt, vt exprimi ab eis veritas nullo modo possit. Alij tanta sunt impatientia, vt quoduis mentiri quàm pati termentæ velint. ita fit vt etiam vario modo fateantur: vt non tantum se, verum etia alios(†) comminentur. hactenus ibi. Huc pertinet locus communis à quæstionibus, & contra quæstiones,de quo eleganter Quintilianus lib. 5.ora to. instit. circa principium. & Cicero lib. 2. de inuentione. & lib.2.Rheto. ad Herennium.
F: Aliqut sunt etiam malesiciati
[modifier | modifier le code]¶ Aliqut sunt etiam malesiciati, &c.(G4) Ipsemet explicat quid sibi velit esse malesiciatos,hoc est ipsi sponte deferunt malesicia, vt non sentiant sæuitiam tormentorum. nec putes hæc prorsus vana esse:(G5) nam & Paulus Grillandus causarum criminalium accr quondam iudex, in tract. de questionibus & tortura q.4. nu.13.& sequen.refert se expertum hec esse; idem testatur sibi contigisse Hippolytus Marsilius in repetitione. ff. de quæstio. Solent autem magna en parte huiusmodi malefici vti verbis & orationibus sumptis, vel ex Psalmis Dapidicis, vel ex alijs sacre seriptiæ locis, quæ miris interdum modis & superstitionibus describunt in chartis membraneis puris,quas ipsi chartas virgines vocant, intermixtis quadoque incognitis Angelorum nominibus, qualia nos superiori anno uidimus à quodam uili homine,dum ad carcerem duceretur, abstracta; in quibus inusitati quidam erant circuli, characteres, & figuræ prorsus admirandæ, & valde superstitiosæ.
Hæc omnia interdum in aliqua secreta corpo ris parte recondunt,vt cum torture admouentur, fiant quasi insensibiles:interdum vero solo verbo proserunt quædam voce submissa, ita vt proculdubio quandoque contingat quæ hoc loco commemorat Eymericus.
Aduersus has fraudes & incantamenta, quæ re media opem serant, nondum sum expertus: iuuabit fortassis cunctas vesies detrahere cum questionibus admouentur huiusmodi homines,quibus sæpe has figuras scriptas occultant.
G: Quòd non tradetur morti
[modifier | modifier le code]¶ Quòd non tradetur morti,(G6) sed turabit ne de cetero reuertatur ad dehctum. ita Barcinonensis impres sus, Eononiensis item & codex Cardinalis de Gambara, sed Sabellanus ita: Quòd non tradetur norti si confessus fuerit, dummodo amplius non reuertatur ad delictum.
H: Et quæstionctur consuetis modis
[modifier | modifier le code]¶ Et quæstionctur consuetis modis.(G7) Hic locus est ual de notandus: neque enim debent noua tormentorum genera excogitari, sed solita & vsitata sunt adhibenda, vt pulchre docet Antonius Gomez to.3. varia. resolu. c.13. nu.5. & dixi plene infra schol. 118. vbi totum hunc locum de tormentis copiese declaraui.
Scholie 54
[modifier | modifier le code]SCHOL. LIIII.(G8) Source
A
[modifier | modifier le code]Qvòd si quæstionatus decenter nolue rit satcri veritatem,ponantur alia genera tormentoru coram co,etc. Prima fronte vidctur absurdu quod hîc tradit Eymcricus, du ait eum, qui decenter est quæstionatus, debere perterresieri appositis coram eo nouis tormentis,(G9) ac etiam iure torqueri, quod est iniquum. quando enim quis decenter est tortus,iam vicit ac superauit tor menta, & ideo liberandus est, non amplius tenrendus, nec torquedus; quare ex sequentibus ver bis & tota horum verbotum serie hec colligitur Eymerici fuisse sententia,cum reus primo die decenter est quæstionatus, iuxta qualitatem torme ti, quod iudicatu est primo suffere ad eruenda veritatem, licet non sit datum cum debito rigore, vt fieri solet: nam semper à leuioribus tormen tis incipiendu est, nec fassus fuerit veritatem; liect pro illa vice ac die decenter sit questionatus, non tamen est sulsicienter tortus: & tunc ostendi illi poterunt noua tormenta, quibus amplius in sequentibus sit torquendus nisi sateatur: atque hoc consilium est laudabile & securum. no ergo loquitur de eo, qui iuxta qualitatem indiciorum omnia iam termenta superauit,sed de illo qui lieet semel fuetit pro illa vice sufficienter tortus,
-notes-
(†)crimine tur.
(G1)Pag. 313 col.2. nu.153. C Variatio, an sufficiat ad ter curam. Ibide. D. Non faci le venien du ad tor turam, & qualia de bent esse imdicia.
(G2)Pag. 314 col.1. A
(G3)Tortara res fragilis & mcerta.
(G4)Ibid B
(G5)Maleficia quæ tueniur à tortura, & qualiter diluatur.
(G6)Ibidem C Locus ani maduersus.
(G7)Ibidem D Solita tor menta vsurpada.
(G8)Pag. 314 col. 1. n.156. E
(G9)Locus de tormentis apud Eymerici obscurus, explicat.
Text of page:593 adhuc tamen secundum iura remanet torquendus, quod indicant apertissime illa uerba:Ad con tinuandum tormenta non ad iterandum.
Scio quæsitum esse an qut iure torqueri non possunt,(G1) terreri saltem possint, uelut milites, do colores,equites, & alij nobiles. Sed hec questio in hoc crimine locum non habet, cum omnes priui legiati & exempti à tortura in alijs delictis, in hoc torqueri possint, ut dixi infra hoc 3. libro schol. 118.
De illis uero qui uel propter immaturam æta tem & corporis debilitatem quales sunt impube res,(G2) aut propter senectutem non torquentur,dubium est an saltem terreri possint. & uerius est posse, cum leuiter etiam & cum moderamine, iuxta personæ & temperamenti corporis qualitatem,torqueri possint, iuxta textum singularem in l.1.§.impuberi.ff.ad senatusc. Syllanian.cuius uerba sunt: Impuberi autem vtrum in supplicio tan tum parcimus, an vero etiam in quastione? & magis est, vt de impubere nec quæstio habeatur, & aliàs solet hoc in vsu obseruari, vt impuberes non torquean tur: terreri tantum solent, & habena, vel serula cedi. hec ibi. Et tenet Simancas catho. institu. tit. 65. num.45.
Si quis autem alterius gratia iure torqueri pro hibeatur,(G3) vt mulier pregnans propter periculum partus; tunc nec terreri potest:quoniam ex terrore & cominatione posset sequi abortus: expectada igitur est donec pariat, si ueritas aliter quàm per torturam aut terrorem haberi non possit. de quo alibi fusius diximus.
Illa vero est cognitu necessaria, & huius loci propria disputatio,(G4) An confessio facta per terrorem & comminationem, absque ratificatione sit valida, & fidem faciat. in quo articulo qui ualde singularis est & notandus in hac causa, ita distin guere oportet: Aut terror, & comminatio realis est & actui ptopinqua, vtpote, cum reus accusatus vel inquisitus erat ligatus, vel spoliatus prope tormentum, aut sane in loco tormentorum: Aut terror remotus est a tormento, & verbis tantum illatus per iudicem comminantem reo, se miris modis eum excruciaturu, nisi veritatem fateatur.
Si primo modo per terrorem extracta sit confessio; tunc non valebit sine ratificatione: quia paria sunt confiteri in tormentis vel metu tormentorum. ita Baldus in.l.nouissime.uers.quid enim. ff. quod falso tutore aucto. quem sequitur ibidem Raphael Cumanus. Idem iterum repetit per eundem textum Baldus in l. interpositas. C. de transactio. nu.6. tradit Gandinus tract.de ma lefi. in rubrica, De quæstionibus. vers. quæ confes sio dicatur facta formidine tormentorum. & alij quos libens omitto. & hec sententia uera est & tuta, & obseruanda. hoc ergo casu, vt confessio valeat,ratificatio & perseuerantia exigitur,perinde ac si in tormentis sacta esset.
Sin autem quis secundo modo perterrefactus confiteatur,(G5) valet tunc çonfessio absque ratificatione,& tamquam spontanea & sine tormetis facta censen debet: nam fegula quæ dicit, paria esse torturam & terrorem,locum habet in terrore pri migeneris qui actui propinquus est, vt vere & singulariter adnotauit Antonius Gomez 3.tom. varia. resolutio. c.13. nu.4.uers.& ita debet procedere. tenet Bart. in l.1.§. diuus Seuerus.nu.2. ff.de quæstio. & Gandinus tract. de malesi. præcitato loco. hæc autem uerbalis perterresactio cuilibet & indistincte fieri potest,atque ex his pu to hunc Eymerici locum clara lucem accepisse.
B
[modifier | modifier le code]¶ Quòd si nec sic poterit ad terrorem,(G6) vel etiam ad veritatem secunda dies, &c. assignari ad continuandum tormenta, non ad iterandum. Singularis est & tutissima & penitus obseruada hæc Eymerici do ctrina, de non iterandis tormentis,nisi noua indicia superueniant. quam sententiam tradunt co muniter Doctores. Bartolus in l. umus.§.1.ff.de quæstio. Salycetus in l.2. C.de custo. & exhiben. reo. Baldus in l.decuriones.C.de quæstio.Guido de Suzaria tract. De indicijs & tortura nu.3.uers. quartum notandum. Franciscus Casonus tract. de tormentis. c. 14.nu.1. & seq. & hanc sententiam communem esse testatur loanes Ami.cons. 37. nu. 4.
Noua autem indicia uoco, quæ à primis differunt specie & substantia, ut optime tradit Aegidius Bossius tit. de tortura. nu. 12.
Verumtame quamuis noua superuenerint indicia, non est retorquendus reus, nisi in corporis fortitudine durauerit. l. unius.§. 1.ff. de quæstio. tradit Guido de Suzaria præcitato loco,quod est obseruandum, ne forte reus in tortura, dum retorquetur,examinatus concidat; nec refert etiasi leuiter primo fuerit tortus. sunt enim multi ita debiles,ut ex prioribus tormentis ita remaneant infirmi, ut probabiliter credatur eos non posse alia nondum inflicta ctiam leuiora sustinere sine graui iactura & periculo uel animi uel corporis, meminerint ergo iudeces se non esse carnifices, & fallaces esse quæstiones, ut paulo antea monuit auctor.
Ceterum,ut hic locus amplius lucem accipiat, uidendum est, quando tormenta repeti possint.(G7) que licet uulgaris sit questio, at est ualde utilis,& cognitu necessaria. Sit ergo hæc prima regula, Cum reus suit leuiter & molliter tortus, repeti potest in tormentis,ita ut sufficienter torqueatur. quo casu iudices solent cum iubent reum deponi â prima tortura, iubere notario ut scribat, se illum deponi iubere animo repetendi:(G8) & hæc no tam dicitur repetitio torture, quàm continuatio; quoniam uere & proprie loquendo repeti tunc dicitur tortura, quando reus suit sufficienter tortus, ita quòd priora indicia plene diluerit & superauerit, quòd si reus suit sufficienter tortus, & nihil est consessus, tunc non possunt tepeti torme ta, ut optime docuit idem Eymericus, nisi noua indicia superueniant. ita Albericus in rubrica C. de quæstio. num.8. ubi ita seruari asserit. & hanc opinionem uocat communem Alexander lib.1. consi.5.nu.4. & alij quos refert & sequitur lulius Clarus in pract. crimin. §.fin.q.64. uers. ultimo uidendum est. atque ita potest accipi hoc Eymerici dictum.
Sit secunda regula, Quamuis ex primis indicijs
-notes-
(G1)Qui iure torqueri nopossut, an possint saltem ter ren.
(G2)Impuberes & senes terrerri possunt & leuiter torqueri.
(G3)Mulier pgnms nec torqueda nec terreda.
(G4)Confessio per terro re facta, a ratificonda & quedo pul dora disputatio.
(G5)Tortura, et terrore terma esse qualiterireligeau.
(G6)Ibidem col. 2. n.156. A Tormeta nouis indi cijs accedentibus, an & qn iteranda.
(G7)Tormeta quando re peti possint.
(G8)Tortura proprie, quando di catur repeti.
Text of page:594 nemo debeat in tormentis repeti, quod com muniter teneri tradit Alexander lib.1.in d.consi. 5.num.4.hoc tamen sallit,quando prima indicia sunt multum vrgentia & manifesta: nam quamuis hoc casu secundum aliquos de iure tortura repeti non possit; nihilominus de consuetudine seruatur, vt tormenta repeti possint. Bart.in l. vnius.§.reus.num.2.ff.de quæstio. quem alij sequuntur, quos præcitato loco refert Iulius Clarus.sed cauendum hîc est, ne quid nimis seueru ratione huius opinionis committatur.sæpe enim contingit ob sæuitiam tormentorum multos fateri quæ non commiserunt. ego tutius putarem hoc casu non esse repetenda tormenta,si reus suf ficienter tortus fuerit, nec aliquid fassus fuerit: quamquam non ambigo in hominibus multum facinorosis, & robustis cum exquisitissima tame consideratione, hanc regulam quadoque locum habere posse.
Sit tertia & postrema regula, Cum reus in tor tura fuerit confessus delictum, & deinde ductus ad ratificandum, confessionem factam reuocaue tit;tunc repeti potest in.tortura,etiamsi alia indicia non superueniant, quia ea confessio primum facta in tormentis, dicitur nouum indicium.Bar tolus in l. vnius.§.reus. in fine. ff. de quæstio. & hanc opinionem dicit communem Bossius tit. de tortura num.34. & alij quos refert & sequitur Iulius Clarus in pract. crimi.§.fin.q.21.versi.vlterius quæro.& q.64.versi.vbi vero. & versi. vltimo videndum est.in fine.verum hoc casu fugien da est iudicum quorundam crudelitas, & immanis plusquam carnificum seuitia,qui tandiu reum detinet in tormetis,donec perseueret: hoc enim fieri non debet, nec potest, vt optime præcitato loco scrip sit Iulius Clarus.
Quotiens autem fieri possit hæc repetitio tormentorum ob reuocatam confessionem sactam in tormentis,paulo post aperiam.
C
[modifier | modifier le code]¶ Vbiautem decenter quastionatus,(G1) & tormentis expositus noluerit detegere veritatem, amplius non vexetur,sed abire libere dimittatur. Hic locus est obseruatione dignissimus contra sententiam Car dinalis in clemen.de vsuris. & Francisci Squillacensis tract.(G2)de heret.c.31. num.1. & quorundam aliorum asserentium, reum prius questionadum: & si nihil fateatur,purgandum;tandem ad abiurationem compellendum:que sententia velut nimis sæua explosa suit à nobis lib.2. Adnotatio. schol.11.§. atque ex hac. & §. seq. & Eymericus hoc loco sapientissime more suo sentit reum susficienter tortum liberandum esse absque aliis penitentijs. in quo quid sit obseruandum, docui præcitato scholio, quod omnino videas in hac causa.
Tunc autem dicitur reus tortus sufficienter,(G3) quando ita rigida inflicta est sibi tortura,vt iudicio prudentum considerata indiciotum qualitate ea ipsa indicia purgauerit, & nihil suit confessus,sed in tortura semp masit in negatiua. vt ergo intelligatur quado per torturam indicia sint purgata, comensuranda est qualitas rigiditatis inflictæ torturæ,cum qualitate grauitatis indiciorum.
D
[modifier | modifier le code]¶ Si autem in quæstionibus prodiderit veritatem,(G4) scribatur totum in processu, & post quæstiones ducatur ad alium locum,&c. Post inssictum tormentu & confessionem in eo extortam, vt virtute eius reus posit condemnari, necessarium est vt eam ratificet; quantum autem tempus transire debeat in hac causa nullo communi iure(quod ego seia) prefinitu est. Bartolus,Hippolytus Marsilius, & alij in l.1.§. diuus Seuerus. ff.de quæstio. & alij aliis locis putant id spatium esse debere vnius diei naturalis:quam sentendam comprobare videtur instructio Madriliana an. 1561. cap. 53. quam paulo post referam;sed hoc spatium ad mi nus debet transire.benignius tamen est,vt hec ratihabitio fiat post duos, vel tres dies postquam inflicta suit tortura, ne adhuc tormentorum dolor & vehemens animi perturbatio durare videatur.
Hæc ratihabitio quibus obseruatis fieri debeat, tradit hoc loco Eymericus, & præscripsit luculenter Madriliana instructio c.53. in hec ver ba à nobis latina facta: Transactis vigintiquatuor horis post tormentum, debet reus confessionem suam ratam habere.quòd si eam reuocauerit, vtendum erit iuris remedijs.& quo tempore tormentum infligitur, notarius debet horam seribere,& similiter factat tem pore ratificationis,ne si sequenti die fiat ratihabttio dubitetur, an sit facta post vigintiquatuor boras, vel ante.quòd si reus confessionem in tormemis factam ra tam habuerit,& inquisitoribus fuerit satisfactum de bona reorum confessione & conuersione, poterunt ipsum admittere ad reconciliationem; quamuis in tormentis confessus fuerit. Prudenter tamen animaduertere debent,qualiter huiusmodi homines recipiant,& considerare oportet hæresum quas confessi fuerant, qualitate,an eæs didicerint ab alijs, vel eas ipsi altos docuerunt ob periculum quod mde consequi potest. hæc ibi.
E
[modifier | modifier le code]¶ Et interrogetur etiam diligentius, & semel,(G5) & pluries,&c. Modus autem interrogationis talis esse solet: Recordaris corum quæ beri, aut ab bine dies duos in tormentis dixisti?nune die libere veritatem.& notarius seribat responsionem.quòd si ratam habuerit confessionem, plenissima tunc ei si des habetur,vt hactenus dictum est.
F
[modifier | modifier le code]¶ Quòd si non perstiterit in prima confessione, tmmo adbuc negauerit veritatem,& non est decenter quæstionatus,&c. Hic locus de reuocante confessionem factam in tormentis non est fine adnotatione omittendus,cum sit res vsu frequens,& cognitu necessaria. Eymerici sententia talis esse videtur.si is qui reuocat confessionem non est sufficienter tortus, iterum potest torqueri, non iteratis tormentis,sed continuatis;quòd si sufficienter est tortus,& reuocet confessionem,dimittendus est.Sentire ergo apertissime videtur Eymericus, ob reuocatam confessionem factam in tormentis non posse reum iterato torqueri, si sufficienter est tortus: contraquam dixerimus paulo antea.§.sit tertia & postrema regula. neque hac sententia audienda est,& vera sentetia est, quam in pracitato §.tradidimus.
Maior tamen dissicultas est, cum reus confessionem
-notes-
(G1)Pag. 314 col. 1. nu. 157.B
(G2)Reus susficienter tortus, si nihil fateatur,liberandus.
(G3)Tort' sufficieter qs dicatur.
(G4)Ibidem. C Nu.158. Quato te pore trasacto debeat ratifi cari coses sio in tormentis sa cta,et qua liter.
(G5)Ibidem.D Qualiter interroge tur re' ad ratificandum confessionem. Ibidem. Reuocans cofessione factam in tormentis retorquedus est.
Text of page:595 reuocat,(G1) quotiens repeti ad tormentum possit,aut debeat. & Iulij Clari sententia in pract. crimi.§. fin.q.21. uers. vlterius quæro. in fine . & Antonij Gomesii 3. tom. varia. resolut. cap. 13. num.27. & Carrerij in pract. crimi. nu. 194. & aliorum,quos refert Boerius decifione 163. nu. 19. & sequ. est, quòd cum reus bis tortus, bis confitetur & reuocat, tertio possit torqueri, & de integro quæstio haberi. Ceterum hæc senten tia multis videtur nimis crudelis, ac multis rationibus refelli potest. Primum, quia nulla lege certa nititur: rursus, quia confessio secunda facta in tormentis non generat nouum indicium, cum sit eadem cum prima confessione: tandem, quoniam qua ratione ter torquetur, posset & plu ties torqueri, cum nulla diuersitatis ratio commoda assignari possit.
Quare benignius & securius est,ne quis ob re uocatam confessionem tertio torqueatur: nam hoc præterquam quòd nulla certa lege cauetur, crudele etiam nimis, & inhumanum videtur. atque hæc sententia placuisse quoque videtur doctissimis & iurisconsultissimis viris Angelo tractat. de malefi. vers. fama publica. q. 9. Paulo Grillando tract. de quæstionibus & tortura q. 7. circa finem, & Iacobo Simancæ cathol. institu. tit. 65. num.82. nam nonnulli alij eorum, quos ille citat in hanc sententiam, aperte contrariam tuentur. addit tamen, quod & nos approbamus, tunc demum fortassis recipi posse superiorem sententiam de tertia torturæ repetitione, cum reus bis fuerit leuissime tortus, & in posteriore illa confessione, aliqua noua signa priori confessioni addiderit: quorum alterum si desit, nullo modo tertio torquendus est reus. & hæc videntur mihi in hoc articulo diligenter obseruanda, & hic Eymerici locus omnino est cauendus.
G
[modifier | modifier le code]¶ Et si omnino requiratur per sententiam expediri,(G2) fiat sibi, &c. Et hæc est uera sententia, quamuis enim Salycetus in l.si sibi. C. de adulter. & in l. 3. C. ad l. Iuliam maiestatis. & in l. ea quidem. C. de accusatio. & Paris de Puteo in tract. syndicat. in parte, viso de repetitione torturæ. & alij quos refert Antonius Gomeztom. 3. varia. resolut. cap.13. num.28. teneant reum pluries tortum negantem delictum, sub fideiussoribus relaxandum, & causam indecisam relinquen dam; at verior sententia est hoc casu, reum esse absoluendum, quia vulgaris est regula: quod actore non probante reus debet absolui. l.actor. C.de probatio. l.qui accusare.C.de ededo. quod tenet & probat latissime Antonius Gomez precitato loco. & Paulus Grillandus tract.de quæst. q.7. nu. 11.& alij quos in re aperta libenter omit tomeque ab hac sententia reccdendum est; quam intellige iuxta ca quæ dixi paulo antea.§.vbi autem decenter. & lib.2. schol.11.§.atque ex hac. & §. sequenti.
H
[modifier | modifier le code]¶ Hic est diligentius attendendum,(G3)&c. Hoc est accipiendum ruxta ea quæ diximus supra schol.53. in principio.vers. & hoc est,quando delatus.