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Utilisateur:Mentelle973/Brouillon

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  Athénodore Météran (Cayenne, 1841-Paris, 1887)


Aide-commissaire de la Marine, conseiller général, exploitant aurifère et écrivain de Guyane, est l’auteur, sous le pseudonyme d’Alfred Parépou, du premier roman en créole, Atipa : roman guyanais, publié en 1885. Si la paternité de l’œuvre fut longtemps débattue, elle ne fait plus de doute aujourd’hui.

1. Enfance et scolarité cayennaise (1841-1859) : métis affranchi avant l’abolition de 1848

2. Au service de l’administration de la Marine (1859-1874) : un agent très bien noté

Le 20 mai 1859, le gouverneur de Guyane le nomme écrivain provisoire de la Marine et le met à la disposition du contrôleur colonial. Il est titularisé à ce grade le 10 mai 1862, puis nommé aide-commissaire de la Marine le 1er février 1868.

Malgré des appréciations élogieuses unanimes de ses supérieurs, sa carrière n’évolue pas du fait du gouverneur Loubère.

3. Homme politique et exploitant aurifère (1875-1881) : l’émancipation intellectuelle

Météran démissionne de son grade d’aide-commissaire de la Marine. Sa démission est acceptée par décret du président de la République du 30 juillet 1875.

De 1875 à 1878, il devient propriétaire : 7 et 9 rue Royale, 34 rue Christophe-Colomb à Cayenne ; habitation Dorvilliers au quartier de l’Ile-de-Cayenne.

Météran se marie à Kourou avec Marie Louise Adélaïde Jean-Louis, fille légitime de Jean-Louis, décédé à Cayenne le 27 octobre 1855 et de dame Caroline Rivola, propriétaire, domiciliée à Cayenne[1].

Le couple donne naissance le 12 novembre 1878 à Cayenne au domicile conjugal 9 rue Royale à une fille prénommée Félicie[2]. La mère éprouvée par l’accouchement décède le 22 novembre[3].

Il s’engage dans la politique locale en devenant conseiller général du canton d’Approuague-Oyapock.

4. Son séjour parisien (1881-1887) : écriture et études

Météran embarque à Cayenne sur le vapeur-poste Le Venezuela à destination de la France métropolitaine. Il s’installe à Paris où il suit des études de droit à l’université de la Sorbonne.

Sa fille Félicie, âgée de presque 7 ans, le rejoint en 1885.

Pendant son séjour parisien, il continue de s’occuper de ses affaires minières qui lui assurent vraisemblablement une bonne part de ses revenus. Associé dans le placer Couriège, il est nommé administrateur du placer Enfin ! en 1886.

Il publie en 1885 son œuvre majeure Atipa : roman guyanais chez le libraire éditeur Auguste Ghio, situé 1-7 galerie d’Orléans au Palais Royal. Volume de 228 pages intégralement rédigé en créole guyanais, préface comprise, il est mentionné au catalogue général de la Librairie française.

Cette œuvre singulière, qui porte le nom de son personnage principal, est divisée en 12 chapitres qui sont autant de rencontres à Cayenne entre Atipa et des connaissances. Au cours de ses rencontres, des thèmes d’actualité sont abordés : langue créole / français, commerce, bagne, chasse, éducation, laïcité, etc.

Météran décède le 28 mars 1887 à l’hôtel Crébillon, à deux pas du théâtre de l’Odéon, dans le 6e arrondissement, à l’âge de 45 ans[4].

5. Sa postérité

Le décès de Météran est annoncé dans le journal La Guyane, publié à Cayenne le 29 avril 1887. Une rapide nécrologie rappelle : « .

Après le succès parmi ses proches de son « roman », l’œuvre tombe totalement dans l’oubli, mentionné seulement par le linguiste Hugo Schuchardt en 1896.

Oublié des érudits locaux, tels Paul Laporte ou Arthur Henry, l’œuvre ressurgit dans le journal La Guyane, fondé par Jean Galmot et imprimé par Emilio Gratien, libraire à Cayenne. A l’exception de la préface, les 12 chapitres sont proposés aux lecteurs sous la forme de feuilleton en 32 livraisons de juin 1936 à avril 1937. Cette réédition est annoncée par un article fondamental du journaliste Léon Bassières (1871-1938), qui atteste la paternité de l’œuvre :

Michel Lohier, instituteur, conservateur du musée local, éditeur et traducteur, réédite à son tour l’ouvrage dans la revue qu’il dirige, Parallèle 5, de juin 1954 à septembre 1955. Cette réédition, qui ne respecte pas l’organisation originale des chapitres et paragraphes, ne va pas au-delà du chapitre 8 en raison de l’arrêt du périodique. Jusqu’à la fin de sa vie (1973), il travaille sur la traduction de l’œuvre qui est publiée en 1980 à la suite du fac-similé de l’édition originale à l’occasion de l’année du Patrimoine 1980 par les Éditions Caribéennes. Cette nouvelle édition, introduite par des textes de Rodolphe Robo, Auxence Contout et Lambert Félix Prudent, s’insère dans la collection « Unesco-Œuvres représentatives de la littérature ».

Les Éditions L’Harmattan publient à leur tour en 1987 une édition d’Atipa à l’initiative de Marguerite Fauquenoy, linguiste canadienne de la Simon Fraser University, qui, outre une introduction scientifique, propose une traduction intégrale française en vis-à-vis, un appareil critique de notes et un index. En 1989, un collectif d’articles scientifiques est publié sous sa direction aux Éditions L’Harmattan, étudiant de nombreux aspects de l’œuvre.

En 2010 puis 2015, Francine Château Condé Salazar, passionnée de l’œuvre, réédite à compte d’auteur Atipa avec une nouvelle traduction et la première biographie de l’auteur[5]. Les recherches menées sur Athénodore Météran se concluent par la reconnaissance de l’auteur.

Le 28 octobre 2016, journée internationale de la langue et de la culture créole, la Collectivité territoriale de Guyane a lancé une année « Atipa, roman guyanais » qui courra jusqu’au 28 octobre 2017. Pour promouvoir l’œuvre et son auteur et en attendant une réédition enrichie, la Collectivité a fait réimprimer l’édition de 1987 par les Éditions L’Harmattan en faisant procéder à un changement de couverture.

[1] Archives territoriales de Guyane : acte n° 4 du 15 janvier 1878.

[2] Archives territoriales de Guyane : acte n° 167 du 2 décembre 1878.

[3] Archives territoriales de Guyane : acte n° 500 du 23 novembre 1878.

[4] Archives de Paris : D1M9 859*, table décennale ; V4E 5949*, acte n° 674 du 29 mars 1887.

[5] http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb444464692.