Utilisateur:MarcPP

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

A propos St-Thomas d’Aquin, Wikipédia

L’article en général n’est pas trop mauvais, bien qu’il soit toujours possible donner une interprétation différente. C’est qui me gène surtout, c’est la première partie des généralités. La phrase suivante (à partir de « De son nom dérivent les termes » n’a aucun intérêt :

« thomisme » (système philosophico-théologique qui se réclame de Thomas d'Aquin, mais ne correspond pas en tout point à sa pensée historique) »

- c’est comme si quelqu’un voulait expliquer que « marxisme est un système qui se réclame de Karl Marx, mais ne correspond pas en tout point à sa pensée historique » ! de même pour tout le –isme ! Une approche pédagogique inutile.

La même inutilité pour la phrase entre les parenthèses: « La pensée de Saint Thomas d'Aquin (et non le thomisme post-thomasien) a été déclarée doctrine officielle de l'Église en 1879 par le pape Léon XIII, dans son l'encyclique Æterni Patris. » L’auteur de cet article se prend pour Thomas lui-même ? Chaque discours sur la pensée de quelqu’un est une interprétation. Nous sommes condamnés à être « thomistes » malgré nous, dès que nous parlons de l’œuvre de Thomas, puisque nous ne sommes pas Thomas lui-même.

Ce chapitre est inexact, d’autant plus que l’auteur dans le corpus de son texte nuance toutes ces affirmations. Pourquoi donc présenter au début des généralités qu’on va critiquer, aborder autrement ou nier ensuite ?  : « Dans la continuité du propos théologique d'Augustin d'Hippone (354-430), Thomas d'Aquin a proposé, au XIIIe siècle, un essai de synthèse de la raison et de la foi, notamment en tentant de concilier la philosophie réaliste d'Aristote et la pensée chrétienne. Il distingue les vérités accessibles à la seule raison, de celles de la foi, définie comme une adhésion inconditionnelle à la Parole de Dieu. La philosophie est qualifiée de servante de la théologie (philosophia ancilla theologiae), et les deux disciplines collaborent en vue d'une même fin. »

Sed contra : 1. Thomas a été dans la continuité du propos théologique en tant d’Augustin que de tous les pères d’Eglise. C’est un raccourci de parler de Thomas uniquement comme d’un théologien, car dans son premier traité « De ente et essentia », il cite 18 fois Avicenne, plusieurs fois Averroès, plusieurs fois « Liber de causis », mais pas une seule fois Augustin ! Peut-être l’auteur de cet article n’a lu que la « Somme de la théologie » ? (je plaisante) qu’il cite d’ailleurs comme « Somme théologique » ce qui n’est pas une bonne traduction du titre latin « Summa theologiae ».

2. Thomas n’a pas « proposé un essai de synthèse de la raison et de la foi » ! C’est encore une interprétation du XIX siècle ! C’est seulement à cette époque, après des déclarations gratuites de K. Marx et d’A. Comte que la philosophie n’existe pas et doit être remplacée par une idéologie, qu’on a construit cette opposition entre la raison et la foi. Heureusement Husserl et Heidegger ont essayé d’éliminer de la philosophie l’aspect idéologique ou psychologique. Si nous admettons que la foi est une manifestation de la vérité, alors il est insensé de la mettre en concurrence avec la faculté cognitive qu’est la raison. Historiquement parlant, c’était Proclus qui a proposé une synthèse de la raison d’Aristote et de la foi de Platon. En suivant les discours de l’école d’Alexandrie (Ammonius, Jean Philopon), cette voie a été reprise par al-Kindi, al-Farabi, Avicenne. Thomas a écrit deux synthèses : une théologique, puisqu’il était théologien, à savoir : « Summa theologiae », et une autre philosophique : « Summa philosophiae sive Contra gentiles ».

3. Dire que Thomas « distingue les vérités accessibles à la seule raison, de celles de la foi, » c’est donner raison aux articles de la condamnation parisienne de 1277 et ranger la pensée de Thomas parmi celle des averroïstes qui estimaient qu’il y a deux vérités : théologique et philosophique. L’auteur de l’article n’a pas lu « Contra averroistas » de Thomas, ou il n’a rien compris de cette œuvre.

4. Et ceci : « La philosophie est qualifiée de servante de la théologie (philosophia ancilla theologiae), et les deux disciplines collaborent en vue d'une même fin. » est aussi un anachronisme pris directement de l’idéologie du XIX siècle, à moins que cela soit une idéologie du post-modernisme. A la place de : « et les deux disciplines collaborent en vue d'une même fin » il sera mieux d’écrire : « de même que la mathématique est la servante de la physique ». Et une personne, pourvue d’un entendement sensé, n’ajoutera pas à la suite de cette phrase que « les deux disciplines collaborent en vue d’une même fin » !

En conclusion, voici la proposition de ce chapitre :

« Dans la continuité du propos théologique des pères de l’Eglise, Thomas d'Aquin a proposé, au XIIIe siècle, un essai de synthèse de la philosophie et un essai de synthèse de la théologie, en se comportant toujours comme un théologien. Il distingue scrupuleusement la philosophie de la théologie. La philosophie est qualifiée de servante de la théologie (philosophia ancilla theologiae), dans le même esprit que la mathématique est la servante de la physique. » --MarcPP (d) 5 octobre 2008 à 17:36 (CEST)