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Utilisateur:Leonard Fibonacci/Histoire de l'alphabet arabe

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L'histoire de l'alphabet arabe montre que cet abjad ne s'est pas écrit depuis les origines tel qu'on le lit actuellement.

On considère que l'alphabet arabe est un dérivé de l'alphabet araméen dans sa variante nabatéenne ou bien syriaque, lui-même descendant du phénicien.

Ordre de l'alphabet

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L'ordre alphabétique ancien, dit ordre levantin, représenté par les autres écritures, a été modifié. Si cette fois-ci on classe les lettres en respectant l'ordre numéral (consulter Numération arabe, Numération grecque et Numération hébraïque pour plus de détails), on constate que l'ordre sémitique ancien est restauré.

Modèle archaïque

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La première attestation d'un texte en alphabet arabe remonterait à 512 de l'ère chrétienne. Il s'agit d'une dédicace trilingue (grec, syriaque, arabe) trouvée à Zabad, en Syrie. Le modèle utilisé ne comprend que vingt-deux caractères dont seuls quinze ont un tracé différent, servant à noter vingt-huit phonèmes.

L'alphabet est une évolution soit du nabatéen, soit du syriaque (thèse cependant moins répandue).

Il semble que l'emprunt de l'alphabet nabatéen par les Arabes se soit déroulé comme suit :

  • VIe-Ve siècles avant l'ère chrétienne, installation de tribus nord-sémitiques et fondation d'un royaume centré autour de Pétra, en Jordanie actuelle ; le peuple en question, nommé maintenant Nabatéens (du nom d'une des tribus, Nabaṭu), parle vraisemblablement une forme d'arabe ;
  • au IIe siècle de l'ère chrétienne, première attestations du nabatéen. La langue écrite se présente comme un araméen (langue de communication et de commerce) teinté d'arabismes. Les Nabatéens n'écrivent donc pas leur propre langue. La graphie est celle de l'alphabet araméen qui continue d'évoluer ;
  • la graphie se sépare en deux variantes : l'une destinée aux inscriptions (dite « nabatéen monumental ») et l'autre, plus cursive et dont les lettres se joignent, pour le papyrus ; c'est cette variante cursive qui, influençant de plus en plus la graphie monumentale, pourrait avoir donné naissance à l'alphabet arabe ;
  • la langue arabe remplace à l'écrit la langue araméenne ; la dernière inscription en nabatéen (araméen arabisant) date du IVe siècle ;

l'inscription de Zabad est la première, au VIe siècle, à marquer la résurgence (ou l'émergence) du nabatéen maintenant devenu de l'arabe ;

  • au VIIe siècle, l'alphabet arabe est parfaitement attesté.

C'est surtout le temps considérable qui s'est écoulé entre la dernière inscription en nabatéen (355-6) et les premiers textes sûrs en arabe (VIIe siècle) qui permet de douter d'une telle évolution ; l'inscription de Zabad (512) pourrait être le chaînon manquant entre les deux et le temps de « silence » de l'écriture s'expliquer par le fait que c'est le nabatéen cursif qui a donné naissance à l'arabe ; de fait, une telle écriture s'employant surtout sur des matériaux périssables, comme le papyrus, il n'en est pas resté de nombreux témoignages.

Ambiguïtés et ambivalence des premiers modèles

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Le modèle nabatéen (si l'on considère qu'il s'agit bien du modèle de départ) était déjà, à force d'évolutions, caractérisé par de nombreux caractères devenus fortuitement semblables. Évoluant à partir d'une cursive, le prototype de l'alphabet arabe accentue encore plus ces ressemblances. À cela s'ajoute que si le nabatéen comprend vingt-deux phonèmes, l'arabe en a vingt-huit ; ainsi, parmi les vingt-deux lettres héritées, sept sont ambiguës et six phonèmes n'ont pas de lettre consacrée : il a donc fallu utiliser des lettres préexistantes, devenues de fait ambivalentes.

Les lettres du modèle archaïque sont, dans le tableau suivant, encore placées dans l'ordre levantin traditionnel mais écrites dans leur tracé actuel, pour des raisons de simplicité. Les caractères ambigus sont signalés par un fond coloré. La deuxième valeur des lettres ambivalentes est indiquée après virgule.

En définitive, si l'on ne garde que les tracés différents, lettres ambiguës ou ambivalentes confondues, l'on n'obtient que seize caractères indépendants, quatre lettres ambiguës et six ambivalentes (l'ambiguïté et l'ambivalence ne s'excluant pas).

Si on compare avec l'alphabet hébreu :

Les ordres alphabétiques sont, mutatis mutandis, identiques, ainsi que le nombre de lettres. On le voit aisément, cependant, l'alphabet arabe est riche en ambiguïtés graphiques (signalées dans le tableau au moyen des couleurs) : il n'est par exemple pas possible de différencier bāʾ, nūn et tāʾ, tous représentés par ں (un ب sans point). De plus, tous les phonèmes de la langue actuelle ne sont pas transcrits.

Ajout des points

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C'est au VIIe siècle que l'on prit conscience des limites d'un tel alphabet trop ambigu et ne comprenant pas assez de signes pour les sons propres à la langue arabe : le modèle araméen possède moins de phonèmes que l'arabe et l'écriture des origines a donc dû confondre par une même lettre plusieurs phonèmes. De vingt-deux signes, l'alphabet dut passer à vingt-huit (la hamza étant une invention encore plus récente et servant à remplacer ʾalif, dont la valeur phonologique s'est estompée).

On créa donc de nouvelles lettres, simples variantes des anciennes, que l'on distingua par des points sus-, sous- ou inscrits et que l'on plaça à la fin de l'alphabet (de même que les Grecs ont placé à la fin du leur une lettre créée tardivement comme Ω oméga). L'utilisation de tels diacritiques — qu'ils servent soit à distinguer des lettres déjà présentes comme ب bāʾ, ت tāʾ et ن nūn, soit à en créer de nouvelles comme غ ġayn ou ض ḍād à partir de ع ʿayn et ص ṣād — est vraisemblablement une imitation du syriaque et du nabatéen :

L'alphabet se composant alors de vingt-huit lettres, cela permit de l'utiliser pour noter les nombres : de 1 à 10, puis de 20 à 100 et de 200 à 1000 (consulter Numération arabe). Les arabophones se sont contentés de plaquer les valeurs en question sur les lettres, en respectant l'ordre dans lequel elles se présentaient. On obtint donc les équivalences suivantes :

En gras les nouvelles lettres : ʾalif (1) bāʾ (2) ǧīm (3) dāl (4) hāʾ (5) wāʾ (6) zāy (7) ḥāʾ (8) ṭāʾ (9) yāʾ (10) kāf (20) lām (30) mīm (40) nûn (50) sīn (60) ʿayn (70) fāʾ (80) ṣād (90) qāf (100) rāʾ (200) šīn (300) tāʾ (400) ṯāʾ (500) ḫāʾ (600) ḏāl (700) ḍād (800) ẓāʾ (900) ġayn (1000)

Réorganisation de l'alphabet

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Une grande modification intervint moins d'un siècle plus tard quand les grammairiens arabes réorganisèrent l'alphabet, pour des raisons pédagogiques, en plaçant les nouvelles lettres à côté des anciennes dont elles étaient graphiquement tirées, au détriment de l'ordre numéral, lui-même concurrencé par l'utilisation des chiffres arabo-indiens (voire grecs dans certains cas). Ils favorisèrent l'apprentissage en regroupant les lettres par similarité formelle :

Ce faisant, la valeur numérale était conservée, de sorte que l'alphabet numéral ne suivait plus le nouvel ordre alphabétique. De plus, les grammairiens d'Afrique du Nord changèrent celle des nouvelles lettres, ce qui explique les différences entre les alphabets d'Orient et du Maghreb.

Enfin, quand de nouveaux signes vinrent enrichir l'alphabet, ils reçurent la valeur de la lettre dont ils étaient tirés où dont ils étaient une variante : le tāʾ marbūṭa prit celle de d'un tāʾ normal, par exemple (et non d'un hāʾ). De même, les nombreux diacritiques n'ont aucune valeur : une consonne redoublée, ce qu'indique une šadda, ne compte pas doublement.

Origine et développement de l’écriture arabe

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L'arabe est un langage sémitique, lié à l'akkadien (assyrien et babylonien), au cananéen (phénicien, moabite, ugaritique, et à l’hébreu antique), ainsi que des langues aramaïques. Le langage parlé par le peuple de l'Arabie est mentionné sur des tablettes d'Akkadie du début du 1er millénaire avant notre ère.

L'arabe, comme de nombreux dialectes tels que le celte ou certaines langues, n’était pas écrit avec une écriture typiquement arabe. Les papyrus, les parchemins ou les inscriptions nous font connaître les dialectes écrits du 1er aux 4ème siècles de notre ère. On écrivait en grec à Palmyre, en araméen dans le royaume d’Édesse, en grec en Syrie et dans le Hauran, en nabatéen dans la Transjordanie, au Sinaï et dans le nord de l’Arabie jusqu’à Médaïn-Saleh au nord de Médine.

Le dialecte araméen appelé nabatéen a persisté jusqu’à l’Hégire. La preuve la plus évidente que le nabatéen était utilisé pour transcrire l'arabe est probablement cette pierre conservée au Musée du Louvre, à laquelle fait référence René Dussaud (dans son livre "La pénétration des arabes en Syrie avant l'islam"). Cette pierre est datée au plus tôt de l'an 328 et au plus tard du VIème siècle. Il s'agit de l'épitaphe, en langue arabe, du roi de Hîra, dont voici une partie de la traduction :"Ceci est le tombeau d'Amroulquais, fils de 'Amr, roi de tous les Arabes, celui qui ceignit le diadème (...)". Ainsi nous aurions là une preuve supplémentaire que l'écriture nabatéenne était utilisée par les Arabes, particulièrement après la chute de Palmyre.


Au sud de l’Arabie, on trouve des inscriptions dans 4 dialectes. Elles sont principalement minéennes depuis le VIIIème siècle avant notre ère, puis sabéennes et himyarites jusqu’à l’Hégire. Les lettres ne ressemblent pas au phénicien et proviennent du grec archaïque. Elles sont passées du Sud de l’Arabie à l'Éthiopie, et les migrations arabes les ont portées vers le nord de la Mecque et le Safaïtique dans le désert de Syrie.


Pour les besoins du commerce, il devait y avoir des scribes experts dans les langues qui avaient un alphabet : le grec, l'araméen, le nabatéen, le sud-arabique, l'éthiopien, le perse. Les maîtres portaient leurs sceaux pendu au cou, dans un petit sac et se bornaient à apposer ce sceau sur l’écrit (ancienne coutume biblique).

L’alphabet et l’écriture arabe.

Ce sont surtout les chrétiens qui ont créé des alphabets pour les peuples qu’ils convertissaient, et qui leur ont appris à lire et à écrire. L’arabe dit classique ne fait pas exception. Son alphabet est dû aux chrétiens, et c’est chez les chrétiens de Syrie que l’on trouve les plus anciens spécimens de cette écriture. L’alphabet arabe ne comprenait d’abord que 22 lettres comme l’alphabet syriaque et dans le même ordre (plus tard 15 graphies seulement constitueront la base des 29 consonnes que contient actuellement l'arabe).On a ajouté des lettres auxiliaires pour représenter des prononciations particulières. Beaucoup de ces lettres se distinguent par un ou plusieurs points, placés sur ou au dessous de la lettre. Les anciennes inscriptions (comme les plus anciens Corans) ne portent aucun de ces points. Ces textes sont donc illisibles ou sujet aux interprétations, car il y a plusieurs lectures possibles à partir des mêmes caractères graphiques .


La plus ancienne inscription arabe est peut-être la "bilingue grecque-arabe de Harran" que l'on trouve chez les chrétiens de la région du Hauran . Elle nous apprend qu’en l’année 568 de notre ère, Larahel, fils de Thalmou, phylarque des arabes, a construit un «martyrion» (temple) en l’honneur de Saint Jean. Une autre inscription arabe du 6ème siècle est celle qui figure sur ce qu’on nomme l'inscription «trilingue grecque-syriaque-arabe de Zébed» dans la région d’Alep. Mais ce n’est pas un vrai texte trilingue. Écrit en 512, il contient 5 noms arabes écrits sans les points diacritiques.A cette époque (donc environ 100-120 ans avant l’Hégire) , les Arabes chrétiens de Syrie avait un alphabet qui était utilisé localement, mais peu usité par d’autres, car il était illisible sans les points diacritiques.Longtemps d’ailleurs, les coutumes régionales syriennes furent conservées. Par exemple, alors qu’à l’époque les monnaies les plus utilisées étaient celles des Grecs et des Perses, lorsque les musulmans adoptèrent l’alphabet des chrétiens syriens, ils gardèrent sur leurs monnaies l’effigie de l’empereur grec et les insignes du christianisme de l’époque. Plus tard, ils ajoutèrent seulement le nom de la ville ou de la monnaie (Damas ou dirhem) en caractères arabes. Comme on peut le constater, l’influence des arabes chrétiens de Syrie fut importante. C’est seulement sous Othman (644-654) que son cousin Moavia, le futur calife et gouverneur de Syrie, fit frapper des monnaies purement arabes.Au sujet de l’écriture, un autre papyrus (daté) parmi les plus anciens est celui du Caire reproduit par Mme Lewis dans « Studia Sinaïtica » N° 12 pl. 1, de l’an 705 de notre ère, qui ne contient aucun point diacritique. Dans son étude sur les papyrus arabes, Mr Karabaiet n’a trouvé de point qui caractérise la lettre b que dans les documents datés de 81 à 96 de l’hégire (694-714) et le double point du y dans ceux de 82 à 89 (700-707).

La consonne nue représente les consonnes B, Y, N, T, Th :avant 694

La même consonne avec un point dessous = B an 694 -714

La même consonne avec deux points dessous = Y an 700-707

Actuellement l'arabe contient 29 consonnes et 3 voyelles. 15 graphies constituent la base des 29 consonnes que contient actuellement l'arabe

C’est chez les Arabes chrétiens de Hira-Coufa que l’on a imaginé la plus belle écriture arabe, le coufique, qui devint l’écriture des anciens Corans.


Et c’est chez eux que l’on a imaginé les premiers points diacritiques. Ainsi Othman (644-654), avec l’aide des scribes syriens envoyés par Moavia, a pu écrire le 1er livre arabe, le Coran. Othman avait des liens de parenté avec les chrétiens de Syrie par sa femme Nâ‘ila, qui était de la tribu chrétienne de Kelb. Le père de son épouse était également chrétien. Dés lors, l’arabe avait son écriture et devint très structuré.


En effet, le dialecte mecquois était déjà bien élaboré. Il était véhiculé parmi toutes les tribus grâce aux poètes et aux orateurs qui s'engageaient dans des joutes verbales lors des grandes foires annuelles. Celles-ci avaient lieu pendant les trêves sacrées durant lesquelles les guerres entre tribus cessaient. Mais il manquait à l'arabe son écriture et celle-ci fut élaborée et développée au VIIème et VIIIème siècles de notre ère.


Dès lors la littérature continua son essor, à commencer par les premières traductions d'écrits médicaux, astrologiques et alchimiques, faites à la demande du calife Khalid ibn Yazid Mu'awiya (Moavia). Elles voient le jour entre 685 et 704 (64 et 83 de l'Hégire).


Puisque les savants sont souvent ceux qui transmettent la culture et le savoir, nombreux sont les historiens qui voient là, en plus des preuves historiques et archéologiques, le fait probant de la naissance spontanée de l’écriture arabe structurée. Sinon, pourquoi les savants arabes auraient-ils pris le soin de traduire à partir du grec et du perse en écriture arabe leurs livres de sciences, de médecine et d’astrologie? Or, si quelqu'un devait plus que le peuple connaître l'écriture, il s'agit bien des savants arabes!


Pourquoi n'y en avait-il pas en écriture arabe? Les savants ne connaissaient-ils pas l'écriture? Ce n'est pas sérieux, à moins que cette écriture ne se soit étendue subitement, et qu’elle soit désormais devenue le nouveau véhicule de la connaissance à la place d'autres écritures comme le grec ou le persan. C'est du reste ce qui s'est passé. A ce sujet, il est utile de préciser qu’il y a deux écoles :

l’école anglaise qui s’appuie davantage sur des données philosophiques et religieuses l’école française qui s’appuie sur les données archéologiques, comme par exemple les deux pièces précitées et qui se trouvent au musée du Louvres.