Utilisateur:Leonard Fibonacci/Assomption de Moïse
- André Paul, Assomption de Moïse, sur www.universalis.fr
Dans l'univers religieux et culturel du bas judaïsme et du christianisme naissant, toute une littérature, en grande partie apocalyptique, fut attribuée à Moïse, en tant que héros et/ou auteur. Par le canal de cette « postérité » tardive et par l'artifice du procédé classique de la pseudonymie s'affirmait davantage la croyance en la révélation entière et définitive de la Loi israélite au Sinaï.
On appelle Assomption de Moïse ce qui n'est probablement qu'une partie d'une œuvre plus vaste, qui devait originellement comprendre deux livres distincts : le Testament de Moïse et l'Assomption de Moïse. L'unique texte que nous possédions aujourd'hui appartient au genre du « testament », probablement faut-il l'identifier avec le premier plutôt qu'avec le second des deux ouvrages primitifs. Telle quelle, l'Assomption de Moïse renferme une prophétie de type apocalyptique ; Moïse l'aurait rédigée et laissée à son successeur, Josué. On y retrace l'histoire du peuple élu, de l'entrée en Canaan à la fin des temps, autrement dit jusqu'à la période même à laquelle vécut l'auteur réel. Ce texte est habituellement daté du début du Ier siècle chrétien, entre ~ 3 (Hérode est mort) et 30 (le Temple est encore debout). Il serait contemporain de Jésus et aurait été composé dans un milieu de tendance pharisienne : on y est hostile aux Sadducéens et vivement nationaliste. Il reflète bien des aspects de l'espérance juive à l'époque de Jésus. Parmi d'autres, le passage suivant, à mettre en parallèle avec plus d'une page évangélique, en témoigne : « Et alors son Royaume [du Messie] apparaîtra d'une extrémité à l'autre de la Création ; et Satan ne sera plus, et la douleur s'en ira avec lui... » (X). Rédigé d'abord en hébreu ou en araméen, cet ouvrage subsiste dans une traduction latine, faite elle-même sur une version grecque dont on retrouve des traces chez les Pères grecs (Origène).