Utilisateur:Leonard Fibonacci/Adiabène et Natounia
- J. T. Milik, A propos d'un atelier monétaire d'Adiabène : Natounia [article, Revue Numismatique, 1962, 4 p. 51-58
- J. T. Milik, A propos d'un atelier monétaire d'Adiabène : Natounia [pdf, Revue Numismatique, 1962, 4 p. 51-58
- Joseph Thaddée Milik, A propos d'un atelier monétaire d'Adiabène : Natounia, vol. 4, Paris, Revue numismatique, , 7 p. (ISSN 1963-1693, lire en ligne), p. 51-58.
Une monnaie de bronze conservée au British Museum, deux bronzes du trésor de Nisibe, une quatrième pièce récemment entrée
au Cabinet des Médailles, appartiennent à un même atelier mésopotamien[1]. La lecture de leur revers, progressivement améliorée, se présente comme suit :
- NaTou[...][(wv)]/-pbç τώ/Каπρω[2] (TO KAΠPO) — Londres ;
- NaTou[...]/oy.sp/xwv — Paris 3 (nouvel exemplaire) ;
- NaTouviff/(yapo/îtep[Ta)v/...] — Paris 2 (Nisibe 7) ;
- ....................][3] — Paris 1 (Nisibe 6).
L'indication topographique de l'exemplaire londonien permet de localiser la ville de Natounia, inconnue par ailleurs, sur le Petit-Zàb (ancien Diaba), affluent de la rive gauche du Tigre[4]. Son quasi-homonyme Adiaba, Anzaba, le Grand-Zàb, a donné son nom à la région que baignent ces deux fleuves, l'Adiabène des écrits grecs et latins, Hadyab et Hgdayab des documents syriaques[5]. Les considérations stylistiques de la frappe, notamment la disposition en carré de la légende, qui n'apparaît sur les revers parthes qu'à la fin du règne d'Artaban Ier (ca 128-123), jointes au fait que les deux pièces du trésor de Nisibe, enfoui peu après 32/31 av. J.-C, sont extrêmement usées, précisent les limites chronologiques de cette série monétaire[6].
Statue du roi Izatès
[modifier | modifier le code]Au cours des fouilles reprises par le Service des Antiquités de l'Iraq sur le site de Hatra, el-Hadr au sud-ouest de Mossoul, le dégagement d'un sanctuaire secondaire (« chantier n° 4 ») a fait apparaître en 1951 une belle statue en marbre, grandeur naturelle, dont le socle porte une inscription en écriture et langue « hatréennes »[7]. La sculpture, découverte à côté du mur ouest de l'antecella, à gauche de l'entrée du saint des saints, représente un homme barbu, coiffé d'une tiare très haute[8],[9], vêtu de pantalons longs, d'une tunique tombant jusqu'aux genoux et d'un manteau largement ouvert ; la main gauche est posée sur la poignée de l'épée, attachée au côté gauche à la mode parthe, et la droite est levée dans le geste de la prière.
Le texte, soigneusement gravé, se lit matériellement sans difficulté :
« SLM' DY TLW MLK' NTWN'SRY'
FLH 'LH' BRYK 'LH' DY
['QÝMLHxBRy ...]
Image de 'TLW roi Natûnêsarénien,
adorateur du dieu, béni du dieu, qu'
[a dressée en son honneur x fils de y ...]. »
Le nom propre du personnage, si l'on ne tient pas compte de la finale «arabe» -u/o, me rappelle le grec Ατταλος(rappelle le verbe arabe atala « être de noble origine »)[10], dont l'occlusive serait transcrite d'une manière inhabituelle, la même qu'on retrouve dans SLWK venant de SsXeuxó . A la ligne 2, le vocable 'LH' pourrait aussi bien se traduire par le pluriel « les dieux », mais le contexte archéologique de la trouvaille fait pencher pour le singulier, « le Dieu », ce titulaire du sanctuaire n'étant autre que Beelshamen.
Xavier Texidor lit "TLW MLK' NTWN'SRY'" comme Izatès roi d'Adiabène. Comme ici MLK = melchi = roi ; NTWN'SRY = Natounia = Adiabène ; TLW = personne noble = même sens que le nom Izatès + la tiare droite qu'Artaban III a autorisé à Izatès II et que ses descendants ont probablement continué à porter.
[...]
Natunisarocerta et Adiabène
[modifier | modifier le code]Rappelons que l'Adiabène est un terme géographique qu'on ne trouve point dans les textes rédigés en écriture et langue perses. Dans l'inscription trilingue de Sapor Ier Г 'AciaS/jvvj de la partie grecque traduit le moyen perse (pàrsïy, sassanide) Nwt-hštrkn et le parthe (pahlavïy, arsacide) Ntw-šrkn 2. D'après la légende de nos monnaies on vocalisera la première partie de ces mots Ntû(ri)-sar- ' peuple (et pays) de Natouniens ' 3 Par conséquent, une forme Nwťrthštrkn qu'on lit sur un sceau officiel de l'administration sassanide tardive, et qu'on vocalise NoS-ardaširakan, ne semble avoir avec Ardasïr (11e ?) qu'un rapport apparent et certaines spéculations de Markwart (suivi par Henning) et de Maricq perdent leur fondement matériel 4 Markwart cite encore les noms comme Notartaširakan dans la Géographie arménienne, Nôd-ardasir dans les historiens arabes et Nor-širakan chez les historiens arméniens, tous ces termes désignant le territoire de l'Adiabène. Il faut pourtant se rappeler que la province d'Adiabène se composait de deux cantons : l'Arbélitide 5 au nord du Kapros et le Bêth-Garmê, avec son chef-lieu Karkhâ daBêth-Salôkh, moderne Kirkûk, au sud du Petit-Zàb. La légende complète du sceau sassanide, mentionné ci-dessus, est comme suit : Glmykn (au centre) WNwťrthštrkn hm'lkly (au pourtour) — « Garmêkan и Nôb-ardasïrakan amârkar — « Trésorier (en chef) de Bêth-Garmê et d'Adiabène » e. Or, un évêché nestorien dépendant de la métropole de Bêth-Garmê portait le nom de Ša(h)- r(à)qert ; il apparaît fréquemment, sous des formes variables, dans les documents ecclésiastiques (comme les actes des conciles) et dans les textes hagiographiques 1. On reconnaîtra facilement dans ce toponyme la seconde et la troisième partie du nom de lieu transcrit en grec NaTouvwapoxep-a Ndtûni-saro-kerta «(Ville) faite par le peuple de Natouniens » 2. Dans une des formes syriaques, Šhqyrt, l'étymologie populaire a vu Šá(h)qert « Ville royale ». C'est la même Sâqird que mentionne Yaqût (III, 237), comme nom d'une petite forteresse, fameuse pour ses figues, située sur la route Baghdad-Mossoul.
Les textes chrétiens placent Sa(h)rqert entre Arbèles et Daqûq, moderne Ta'ûq au sud de Kirkûk. Toutes ces villes servaient d'étapes sur la route Baghdad-Mossoul et, plus anciennement, sur la grande route royale des Perses « pour qui monte de Sardes à Suse » (Hérodote, V 52). Or cette route passe le Petit-Zâb au lieu dit Altin Kôprii, ville bâtie pittoresquement sur une petite île rocheuse. Son nom actuel, « Pont d'or » en turc, ainsi que l'arabe al-Qantara « Arc (du pont) », vient d'un double pont construit ou restauré sous Murâd III 3. E. Herzfeld, qui a fait ces rapprochements (Šahrqert-Šáqird-Altin Kopru), y ajoute Siher de la Table de Peutinger (lire sans doute Sicher(t)) ; la distance de XXX m. p. entre Arbèles (déformé en Belnaf) et Siher correspond assez bien à 50 km de la distance réelle 4.
La ville de Natunisarocerta, Natounia en grec et Sharqert (et sim.) en syriaque et arabe, est donc identifiée et localisée. Il revient aux numismates de décider si cet atelier, en dehors de son nom écrit en plein, se retrouve sous les abréviations NAT (monnaie arsacide) et ND (monnaies sassanides) 5.
Numismatic et epigraphic evidences
[modifier | modifier le code]Comme nous l'avons vu dans notre analyse des sources littéraires, l'Adiabène antique était connue sous un certain nombre de noms différents: Adiabène, Assyria, Ḥadyaḇ (chapitre 8). C’est tout à fait naturel pour un pays comme Adiabene, situé au carrefour des cultures dont le mulitilinguisme a été un trait distinctif pendant des siècles. De plus, des découvertes épigraphiques et numismatiques révèlent que l’Adiabène pourrait être connu sous un certain nombre d'autres noms. Pour être plus précis, nous avons trois groupes de sources pouvant contenir des preuves pertinentes que nous analyserons. Ce sont les suivantes: l'inscription trilingue de Shapur I sur les murs du soi-disant Kaʿba-ye Zardošt près de Naqsh-e Rustam, inscription n° 21 des ruines de la ville antique de Hatra (ainsi que les inscriptions nos 113 et 114) et enfin un certain nombre de pièces de monnaies attribuées à l'Adiabene.
10.1. Inscriptions
[modifier | modifier le code]L'inscription de Shapur I énumère de nombreux pays ayant appartenu à son royaume, y compris l'Adiabene. Grâce à la nature trilingue de l'inscription, nous pouvons voir comment le toponyme grec VAdiabhnh a été traduit en langues parthe ("ntwšrkn") et en persan moyen ("nwthštrkn")1277. Il y a eu plusieurs tentatives pour comprendre la traduction iranienne. Selon Marquart et Henning, on pourrait remarquer le nom personnel d’Ardašir, roi de Perse (ou l’un des souverains d'Adiabène portant ce nom) dans le terme en débat 1278. Cette explication ne couvre toutefois pas tous les éléments du terme composé 1279. En outre, Maricq a associé ce nom à un nom ethnique connu des ethnographes grecs et latins: Si,rakej et au nom arménien: Nor-Širakan 1280. Enfin, Milik a suggéré que la traduction iranienne, ntū(n)-šar (plus un suffixe ag-an), signifie «peuple (et pays) de Natouniens» 1281. La lecture de Milik résulte de l’identification par Natounia d’un nom propre sur une pièce attribuée à l'Adiabene (voir ci-dessous, chapitre 10.2.). L’idée de Milik a eu beaucoup de résonance dans la littérature scientifique. Elle a été rejetée, entre autres, par Altheim / Stiehl 1282, Drijvers 1283 et Huyse 1284. En même temps, elle est couramment utilisée comme hypothèse de travail par les non-linguistes, principalement par les archéologues travaillant sur les monnaies dites Natounia attribuées à l'Adiabene, comme nous le verrons tous plus bas (chapitre 10.2.) 1285. Le principal problème de la théorie de Milik est qu’elle n’explique pas le sens de ce nom propre récemment suggéré, Natounia, qui n’est attesté nulle part ailleurs et dans la théorie de Milik, sa signification reste une énigme.
Qui plus est, les ruines d'Hatra ont révélé une statue placée dans le temple de Baal Shamin et a été complété par l’inscription qui se lit ʾtlw mlk ntwn šryʾ et cette lecture pourrait être parallèle au rendu iranien du toponyme grec VAdiabhnh, tiré de l’inscription de Shapur I 1286. L'inscription indique clairement le nom personnel (ʾ tlw) d'un roi (mlk) et une autre désignation (ntwnʾ šryʾ) 1287. Le dernier mot a été lu ntynʾ šryʾ par Caquot et Altheim / Stiehl 1288, mais ntwnʾ šryʾ par Milik, Vattioni et Beyer 1289. La deuxième lecture correspond bien au nom que nous connaissons de l’inscription de Shapur I 1290. Milik a renvoyé son interprétation des pièces de la légende à cette inscription de Hatra et a suggéré la lecture suivante: ʾtlw, roi du peuple (pays) de Natounia. Une proposition alternative a été faite par Beyer dans le dernier corpus d’inscriptions de Hatra qui suggère la lecture suivante: «König aus / von (der Stadt) Natūnʾ eššār (= Adiabene = DER- (GÖTTIN) - IS (S) AR -ÜBERGEBENER KANAAN. (Oder: aus der Sippe des N.) ”1291.
C'est une explication prometteuse, mais elle nécessite une correction. Selon l'opinion populaire, le participe natūn est absent en araméen, et c'est apparemment pourquoi Beyer l'interprète comme un participe passif de «type cananéen» 1292. Cette interprétation est controversée pour des raisons géographiques et historiques: elle suggère une forme de sémitisme occidental pour la région dominée par les langues de sémitisme oriental. Cependant, les deux participes qatūl et qattūl 1293 figurent dans l’onamasticon araméen de Babylone 1294 et la racine verbale ntn est attestée en araméen ancien et officiel 1295. Ainsi, la phrase en question est traduite par E. Lipiński par «Donné par Ištar». En conséquence, l'ensemble de la construction de Hatra peut être compris de la façon suivante: nttūn est compris comme une forme participative araméenne 1296, šr comme le nom propre de la déesse Ishtar 1297, et l’expression est terminée par un yud-gentilic: yʾ. Contrairement à la théorie de Milik, cette explication suggère de donner une signification au nom propre qui apparaît dans les inscriptions ce qui fonctionne également pour les rendus iraniens. C'est-à-dire que la seule irrégularité qui reste à expliquer est le manque de n dans le nwthštrkn parthe. Cela peut cependant être le résultat de l'assimilation de n en un double š. Dans cette optique, Adiabene, sous son nom sémitique ntynʾšr, signifie un pays connecté à Ishtar et ce fait cadre bien avec ce que nous savons par ailleurs de la grande popularité du culte d’Ishtar dans cette région.
Le nom de personne sur l'inscription est également problématique 1298. Teixidor a fait valoir que l'étymologie du nom d'Izates (VIza,thj) remonte à l'azada parthe ou azades signifiant libre, noble 1299. Etant donné que le hatrène istlw est compris comme la racine arabe ’alala (« être d’origine noble »), alors tlw serait simplement la traduction en araméen Hatréen du nom iranien 1300. En outre, Teixidor a suggéré que le vêtement porté par le roi, en particulier son diadème, était unique pour les rois parthes, mais qu'il pourrait également être utilisé par Izates puisqu'un privilège lui ayant été accordé par Artabanos II, selon Ant. 20:67. Toutefois, l’hypothèse de Teixidor est intenable pour bon nombre de raisons. D’abord, mis à part le fait que l’explication de Teixidor sur le nom d’Izates n’est pas hors de question (voir ci-dessous, p. 181-182), le lien entre les deux étymologies est purement spéculatif. De plus, la statue date de la seconde moitié du 2ème siècle CE ou le début du 3ème siècle (voir ci-dessous p. 195) 1301. En outre, la statue représente un adorateur de Baal Shaamin 1302 et ses vêtements de Parthe, en particulier son couvre-chef, ne sont pas exclusivement caractéristiques des rois parthes 1303. Enfin, Altheim / Stiehl suggère "Al" pour la lecture de ʾtlw 1304, mais Beyer lit le nom ’Aṭīlū 1305. Ces lectures pointent vers un dirigeant par ailleurs inconnu du 2ème siècle ou du début du 3ème siècle qui a contribué au temple de Baal Shaamin, et ce fait nous montre que Hatra pourrait jouer le rôle de sanctuaire super-régional 1306. Si les noms «nwthštrkn» et «ntwšrkn» dans les inscriptions de Shapur I sont parallèles à ntwnʾšryʾ de Hatra — et nous pensons qu'ils le sont — alors 'Aṭīlū doit être considéré comme un dirigeant d'Adiabène, non attesté par ailleurs, de la seconde moitié du 2ème siècle ou du début du 3ème siècle.
Conclusions (provisoire) pour la partie ci-dessus
[modifier | modifier le code]L'indication topographique de l'exemplaire londonien permet de localiser la ville de Natounia, inconnue par ailleurs, sur le Petit-Zàb (ancien Diaba), affluent de la rive gauche du Tigre[11]. Son quasi-homonyme Adiaba, Anzaba, le Grand-Zàb, a donné son nom à la région que baignent ces deux fleuves, l'Adiabène des écrits grecs et latins, Hadyab et Hadayab des documents syriaques[12].
Quelles que soient les traductions proposées Natunia et Natunisarocerta renvoient à l'Adiabène. Il y a par ailleurs débat pour savoir si le nom du souverain ayant eu une statue dans le temple d'Hatra est la traduction du nom Izatès, qui signifie très probablement "noble" ou « être de noble origine ».
10.2. Monnaies d'Adiabène
[modifier | modifier le code]Remarquablement, un nom propre similaire aux noms araméen (Hatra) et iranien (inscription de Shapur I) du toponyme, VAdiabhnh, apparaît sur certaines pièces de monnaie orientales attribuées à l'Adiabène (une des inscriptions a inspiré les interprétations de Milik mentionnées ci-dessus, p. 175) vers lesquelles nous tournons maintenant notre attention. Il existe en effet un petit nombre de pièces attribuées par certains spécialistes à l'Adiabene. Tout d'abord, il existe des pièces appelées «pièces Natounia». Ce problème est toutefois un peu complexe. Premièrement, il y a la question du nom "Natounia", pour savoir si l'inscription doit être lue de cette manière; et, deuxièmement, si cela peut ou non être attribué au royaume d'Adiabene. Troisièmement, le label «pièces Natounia» englobe en réalité quelques groupes de pièces et une discussion approfondie doit tenir compte de la diversité de ces pièces. Une distinction fondamentale doit être introduite entre les «pièces Natounia». Quatre éléments portent des inscriptions qui nous permettent sans ambiguïté de les identifier comme appartenant à un même groupe, tandis que d'autres n'ont pas de légende. Les inscriptions sont les suivantes 1307 : (1, 2, 3, 4)
- La pièce n° 1 est conservée au British Museum 1308. L'avers montre un buste de femme (tourné à gauche) 'coiffée d'une couronne à tourelle, le revers représentant une branche de palmier et une flèche, ainsi que de l'inscription ci-dessus 1309. Un buste de femme portant une couronne à tourelle est largement identifié comme étant Tyché, la déesse de la cité 1310.
- La pièce n° 2 a été publiée pour la première fois par le Rider 1311. La pièce aurait été achetée pour le compte du Cabinet des Médailles à Beyrouth. Il montre à nouveau un buste de Tyché à tourelles et diadémé (à droite) sur l'avers, le revers présente l'inscription, ainsi que des images d'un palmier et d'une lance (ou d'une flèche).
- Les pièces n° 3 et 4 proviennent du trésor de Nisibis (le gisement vers 32/31 AEC au plus tard) et ont été publiés par Seyrig (connus respectivement sous les noms de Nisibe n° 6 et Nisibe n° 7) 1312. Numéro de pièce 3 présente la tête à tourelle et diadémée de Tyché (à droite) à l'avers; le revers présente une branche de palmier et une lance (ou une flèche), ainsi que l'inscription. La pièce n° 4 présente également la tête à tourelle et diadémée de Tyche (à droite) à l'avers, tandis que le revers présente une palme, une lance (ou une flèche) et une étoile, ainsi que l'inscription.
Ainsi, quatre pièces, malgré quelques difficultés à lire leurs inscriptions, peuvent facilement être attribuées à un seul groupe. De plus, l'image de Tyché est répétée sur tous les exemplaires portant une inscription. De plus, il existe un autre élément iconographique qui apparaît sur tous les éléments, à savoir une branche de palmier; En outre, les quatre pièces de monnaie portent une lance ou une flèche. Il existe également un autre groupe de pièces étiquetées par certains spécialistes comme des «pièces Natounia». Tout d’abord, Seyrig a répertorié dix séries anépigraphiques de la réserve Nisibis qu’il appelle «monnaies orientales incertaines» 1313. Elles comprennent trois types. Premièrement, cinq séries présentent un buste masculin barbu à l’avers et un buste de Tyché au revers 1314. Deuxièmement, deux séries comportent un dromadaire au revers (et un buste radié et diadémé à l'avers) 1315. Troisièmement, deux séries montrent un buste de Zeus à l’avers et un buste de Tyché au revers 1316. En outre, Hoover répertorie quatorze pièces de monnaie anépigraphiques qui seraient récemment apparues «sur le marché et dans des collections privées» 1317. Cependant, la liste de Hoover comprend également quatre pièces déjà publiées dans le trésor Nisibis de Seyrig. Hoover distingue deux séries parmi ces pièces. Le premier contient neuf items (y compris trois pièces de la collection de Seyrig) 1318. L'avers présente une tête masculine jeune radiée (à droite), le revers présente un cavalier tenant une tige courte dans sa main droite tendue, monté sur un dromadaire (debout à droite) et un bord de guirlande (? couronne ?). La deuxième série compte cinq items (dont un exemplaire de Seyrig) 1319. L'avers montre une tête masculine jeune radieuse (à droite), le revers représente un dromadaire (à gauche) et une bordure de guirlande. Trois items sont surcomprimés par rapport aux numéros précédents, pour deux d'entre-eux l'original pouvant être déterminé (chacun dans une série) comme étant celui d'Antiochos VIII (125-96 AEC). Ces deux séries anépigraphiques sont apparemment liées l'une à l'autre à travers le rare élément d'une bordure de couronne. Comme le dit Hoover: «les feuilles sont si minces et grêles qu'elles ressemblent davantage à des aiguilles de pin que le laurier le plus couramment utilisé pour les marges de la monnaie à la période hellénistique» 1320. De plus, le motif d'une tête masculine jeune et radieuse et celui d'un dromadaire apparaissent dans les deux séries. Ainsi, il est clair que les deux séries proviennent de la même monnaie (et peuvent provisoirement être qualifiées de «pièces de chameau» 1321). La question qui se pose est de savoir comment associer les pièces portant l’inscription aux pièces anépigraphiques. De manière générale, nous pouvons distinguer deux groupes distincts parmi toutes les séries anépigraphiques. Premièrement, le premier groupe comporte un buste de Tyche et un buste d'homme barbu (parfois identifié comme Zeus) et peut donc être associé de manière relativement sûre aux items comportant une inscription (les pièces de monnaie Natounisarokerta) qui portent également l'image de Tyche. Le deuxième groupe anépigraphiques comprend les «pièces de chameaux» qui présentent les images d’une tête masculine radieuse (imberbe) et d’un dromadaire avec ou sans cavalier; les deux personnages sont identifiés comme étant l'image du dieu soleil Shamash et celle d'Arsou, le dieu de l'étoile du soir, respectivement 1322. Les deux divinités, souvent étiquetées en arabe 1323, sont bien attestées dans les panthéons de Palmyre et Hatra 1324. En conséquence, Seyrig considérait Palmyre et Hatra (et non Natounia ou Natounisarokerta) comme des endroits possibles où les pièces de chameaux étaient frappées 1325. D'autres chercheurs ont trouvé cette identification problématique, car les deux sites ne sont pas pas jugés suffisamment importants au 1er siècle BCE pour frapper leur propre monnaie 1326. Hoover a suggéré que tous les groupes anépigraphiques mentionnés ci-dessus sont liés les uns aux autres (et aux items avec inscription), par le biais du rare élément d'une bordure de couronne, et devraient par conséquent être attribués au groupe appelé Natounia 1327. Étant donné que toutes ces pièces disputées proviennent du même trésor, il s'agit d'un lien plausible, quoique pas indiscutable.
Nous revenons maintenant à la première question posée. Le nom figurant sur les légendes des pièces de monnaie peut-il faire référence au nom grec Adiabene? Tout d’abord, il est clair qu’il existe une différence entre l’inscription de la pièce no. 1 du British Museum qui ne contient aucun élément IS(S)AR et trois autres inscriptions qui en contiennent. Dans ce contexte, seules les inscriptions nos. 2-4 peuvent être parallèles aux inscriptions d'Hatra et Kaʿba-ye Zardošt. Si nous devons insister sur une interprétation des légendes des pièces de monnaie (qui semblent constituer un groupe d'une unique provenance), remarquons simplement qu’une occurrence (Natounia) compte moins de trois occurrences (Natounis(s)ar). La lecture de Natounis(s)arokertwn correspond bien aux inscriptions susmentionnées de Hatra et Kaʿba-ye Zardošt. En ce qui concerne les légendes des pièces de monnaie, le suffixe kert provient d’un élément typiquement iranien et signifie «fabriqué, construit», le grec omicron peut être considéré comme un conjugué grec commun et natounisar est parallèle à l’inscription d'Hatra. De cette manière, natounis(s)akert ressemble clairement à des constructions comme Tigranokerta - «construites par Tigrane». En résumé, les trois phrases (tirées de Hatra, les pièces n ° 2 à 4, l'inscription de Hatra) ont la même base commune, d'origine sémitique -ntwnʾ šr- donnée par Ishtar. Cette expression a été utilisée pour désigner une entité géographique ou ethnogéographique. Les légendes grecques utilisent déjà la version iranienne de ce nom sémitique dans laquelle un suffixe iranien - kert - est ajouté à un nom principalement sémitique, et la phrase entière a le sens suivant - "fait (ou construit) par le pays donné par Ishtar ”.
- ?
La dernière observation historique - l'ethnicon que l'on trouve dans les légendes des pièces de monnaie est linguistiquement identique à celle utilisée dans l'inscription d'Hatra, mais ne fait pas nécessairement référence à la même entité géographique, car l'ajout de l'appellation de la rivière, sur le Kapros, pourrait avoir été introduite afin de distinguer Natouniasarokerta sur le Kapros d'une autre, qui était probablement plus connue 1328. En outre, «les pièces Natounis(s)arokerta» sont toutes des émissions de bronze et ne constituent donc qu’un tirage local qui n’a pas à être interprété comme étant autorisé par des entités de type «État». Enfin, sa provenance dans le trésor de Nisibis signifie qu’ils représentent des émissions locales d’une ville située sur le Petit Zab au 1er siècle. BCE (???) (32/31 au plus tard) 1329. Puisque les pièces Natounis(s)arokerta ne sont pas des attestations de la fabrication de pièces de monnaie par le royaume d'Adiabène, cela signifie-t-il que nous ne connaissons aucune pièce de monnaie d'Adiabène? Au contraire, il semble que nous connaissions certaines pièces de Adiabene et que leur identification soit venue indépendamment de deux érudits - E. Lipiński et F. de Callataÿ 1330. En 1982, Lipiński a suggéré que le roi Abdissaroj, figurant sur certaines pièces attribuées à l’Arménie, soit considéré comme le roi d’Adiabène 1331. La suggestion était entièrement de nature linguistique et historique - le nom du roi suggérait un adorateur de la déesse Ishtar dont le culte était particulièrement répandu dans Adiabene 1332. En 1996, de Callataÿ réinterprète une légende de la pièce frappée au nom d'Abdissarès (appartenant au Cabinet des Médailles de Bruxelle) précédemment attribuée (pour des motifs exclusivement stylistiques) à l'Arménie ou à la Sophène - [BAS]ILE[WS] [AB]DISSAROU [A]DAIABHNOU 1333. Cette pièce appartient au type 2 de la monnaie d’Abdissares. Il n'y a pas d'indice quant à une date, les caractéristiques stylistiques sont proches de celles connues de la monnaie séleucide, aussi une date autour de 200 avant notre ère a-t-elle été suggérée, bien qu'une date plus récente remontant au début du 1er siècle BCE est également possible 1335. En résumé, les preuves épigraphiques et numismatiques révèlent l’existence de deux rois d’Adiabène qui ne figurent pas dans les sources littéraires - Abdissar [] 1336 et ’Aṭīlū. En outre, elles montrent que les dirigeants d’Adiabene pouvaient frapper leur propre monnaie, bien que cette question nécessite des études complémentaires. Ensuite, l'Adiabene était également connue comme le pays lié à Ishtar, ce qui confirme la grande popularité du culte d’Ishtar dans la région.
Monnaies et épigraphie in Marciak 2017
[modifier | modifier le code]- Michał Marciak, Sophene, Gordyene, and Adiabene: Three Regna Minora of Northern Mesopotamia, p. 307s
- et Sophene, Gordyene, and Adiabene: Three Regna Minora of Northern Mesopotamia, p. 315
Notes
[modifier | modifier le code]- G. F. Hill, BMC Arabia, 1922, p. cxvin s. (une bonne suggestion de E. S. G. Robinson), p. 147 et pi. XXIII, 22 ; H. Seyrig, Revue Num., 1955, p. 104 s. (fac-similé des légendes à la p. 105) et pi. I, 6-7 ; G. Le Rider, ibid., 1959-1960, p. 30-32 (fac-similé à la p. 30) et pi. III, 37 et C-E.
- TO KAΠPO
- vNTYNII/CAF
- Hill et Seyrig, II. cit.
- Voir RE, I, 1894, s. v. (Fraenkel) ; L. Dillemann, Haute Mésopotamie orientale et pays adjacents, 1962, p. 112 s. et passim (p. 326, index). Il ne faut donc pas corriger Diabas en Dyala et Adiabas en Adhaim ; réfuté essentiellement par Dillemann, /. c, p. 305-308 et 167.
- Le Rider, l. c, qui en plus fait ressortir les ressemblances entre nos pièces et les « monnaies orientales incertaines » du trésor de Nisibe de sorte que « les deux séries... pourraient fort bien sortir du même atelier, ou, sinon, d'ateliers voisins ».
- F. Safar, Sumer, VII, 1951, p. 181 de la partie arabe, n° 21 et fac-similé à la pi. VI ; N. Bey el-Asil, Illustr. London News, 17 nov. 1951, p. 807 et fig. 6; 25 déc. 1954, p. 1160, fig. 1 ; A. Caquot, Syria, XXIX, 1952, p. 101 (avec fac-similé de Safar) ; O. Kruckmann, Archiv fur Orientforschung, XVI, 1952-1953, p. 147 ; Safar, Sumer, IX, 1953, p. 13 (traduction anglaise, revue) ; D. Homes, Sumer, XVI, 1960, p. 39-44 passim (article négligeable) et pi. 2,2 (bonne photographie de la statue où l'inscription est bien lisible). Abréviations : S(afar, Sumer VII), C(aquot), K(riickmann), S(afar)Sum(er) IX.
- Tiare identique sur la tête de statue, trouvée dans la cella du même sanctuaire : ILN, 17 nov. 1951, p. 806 ; AfO, l. c, p. 140, fig. 12.
- Tiare identique portée par les rois d'Osroène et par Hérodien prince de Palmyre ; H. Seyrig, Ant. Syr., II, p. 44 s., 68 et pi. VI, 1 et 3 (Syria, XVIII, 1937, p. 3, 26 et pi. VI).
- С rappelle le verbe arabe atala « être de noble origine », par lequel G. Ryckmans, Noms propres sud-sémitiques, p. 47, explique le nom safaïtique Y'TL (attesté une seule fois et par copie ancienne, donc extrêmement incertain), ainsi que le nom propre syriaque ' TL Y « Otheli », qu'ont enregistré les Assemani dans le Catalogue de la Bibliothèque Vaticane, II, p. 239.
- Hill et Seyrig, II. cit.
- Voir RE, I, 1894, s. v. (Fraenkel) ; L. Dillemann, Haute Mésopotamie orientale et pays adjacents, 1962, p. 112 s. et passim (p. 326, index). Il ne faut donc pas corriger Diabas en Dyala et Adiabas en Adhaim ; réfuté essentiellement par Dillemann, /. c, p. 305-308 et 167.