Aller au contenu

Utilisateur:Klodeka/Brouillon

Une page de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Note sur les « anniversaires » de l’UNESCO

           L’Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) s’associe tous les deux ans à la commémoration d’événements historiques et d’anniversaires de personnalités contribuant à « façonner la civilisation que nous partageons par l'enrichissement mutuel des cultures, le dialogue et la paix, afin de leur donner une signification mondiale ».

Les anniversaires de l’UNESCO, un dispositif ancien mis à jour en 2014

           Depuis 1956, l'UNESCO inscrit tous les deux ans des anniversaires commémoratifs et des célébrations de personnalités ou d'événements historiques dans un programme d'anniversaire déterminé par des résolutions de la Conférence générale, en coopération avec les États membres. Lors de la 191ème session, c’est-à-dire en 2013, le Conseil exécutif de l’UNESCO a demandé à la Directrice générale, Irina Bokova, de procéder à une évaluation de ce dispositif depuis sa création, pour être présentée à la 194ème session. Ainsi, en 2014, le rapport de rendu pendant la 194ème session présentait les anniversaires comme un atout et un outil procurant une véritable visibilité aux États par le prestige dû à la célébration d’un anniversaire reconnu par l’UNESCO. Toutefois, il pointe également du doigt plusieurs défauts de poids : le manque d’équilibre géographique dans la répartition des anniversaires, la sous-représentation des femmes, et le coût élevé du dispositif, estimé entre 1,5 et 2,2 millions de dollars. Le Conseil exécutif a donc demandé à la Directrice générale de réviser le programme pour en améliorer la méthodologie, le financement, l’équilibre géographique et l’équilibre entre les sexes. Celle-ci a proposé une nouvelle procédure, officiellement révisée en 2014 au cours de la 195ème session. Elle établit de nouveaux critères de sélection et dicte de nouvelles recommandations aux Etats. Ceux-ci sont alors encouragés « à faire des propositions qui assureraient une meilleure répartition géographique ainsi qu'un meilleur équilibre entre les sexes, et à être plus sélectifs dans l’élaboration de ces propositions afin d’améliorer la qualité, la représentativité et la visibilité du programme ».

La procédure de sélection des anniversaires depuis 2014, une volonté de meilleure répartition géographique et d’un équilibre entre les sexes

                       Tous les deux ans, le Directeur général envoie une circulaire aux commissions nationales contenant un formulaire demandant des informations précises sur leur demande. Elle est envoyée au plus tard le 1er septembre et la date limite de réponse est le 1er décembre suivant[1]. Chaque Membre peut présenter au maximum deux demandes, dont une est de préférence liée à l’égalité des genres. Si possible, les demandes doivent être faîtes sous forme électronique, afin de réaliser une transition vers une procédure entièrement numérique. Le Directeur général doit ensuite approuver les demandes qu’il a reçu. Pour se prononcer, il tient compte de la contribution effective que la célébration de l’anniversaire peut apporter à la réalisation des objectifs des États dans les domaines de compétence de l’UNESCO, ainsi que dans le cadre des grandes priorités de la Stratégie à moyen terme et du Programme et budget approuvés par la Conférence générale. Il tente aussi d’équilibrer la répartition des anniversaires en accordant par exemple la priorité à l’Afrique ou aux pays les moins avancés, et à la promotion de l’égalité des genres. Enfin, il s’attache à limiter les anniversaires célébrés à un nombre raisonnable. Le Directeur général se prononce en fonction des recommandations du Comité intersectionnel chargé de suivre les propositions d’anniversaires. Celui-ci est chargé de sélectionner les demandes d’anniversaires. Elle se fait en fonction de différents critères :

1.                 L’anniversaire doit avoir un lien incontestable avec les idéaux et missions de l’Organisation dans les domaines de l’éducation, de la science, de la culture, des sciences sociales et humaines et de la communication et aller dans le sens du rapprochement des peuples, de la tolérance, des idéaux de paix, de dialogue des cultures et de compréhension mutuelle entre les peuples. Une préférence va aux anniversaires liés au programme et aux priorités actuels de l’UNESCO, et si possible étant rattachés à des événements de haut niveau déjà prévus.

2.                 Les propositions commémorant émergence, indépendance, ou régime institutionnel d'un État ne sont pas éligibles, de même que les anniversaires militaires.

3.                 L’anniversaire doit témoigner des idéaux, des valeurs, de la diversité des cultures et de l’universalité et doit ainsi se rapporter à des personnalités d’envergure universelle, présentées à titre posthume, et à des événements ayant une portée universelle ou au moins régionale, connus internationalement.

4.                 L’anniversaire doit être un cinquantenaire, un centenaire ou un multiple. Une exception peut être faite s’il s’agit d’État faisant partie des PMA ou en développement, ou si l’anniversaire promeut l’égalité des genres et une personnalité féminine, alors les multiples de 25 ans sont acceptés.

5.                 Les événements régionaux et internationaux doivent être planifiés à l'avance et les États liés doivent partager les ressources organisationnelles entre eux à cette fin.

6.                 Chaque anniversaire doit être proposé avec le soutien d’au moins deux autres pays ou groupe régional et les propositions d'anniversaire impliquant plus d'un État doivent être soumises par tous les États.

7.                 Les demandes portant sur des éléments du patrimoine immatériel ne sont pas prises en considération, car impossible à dater dans le temps.

           Les Organes directeurs examinent ensuite les demandes. Le Secrétariat prépare un document décrivant en détail le contenu de chaque anniversaire. Ce document est soumis au Conseil exécutif, lors de sa première session de la deuxième année. Le Secrétariat notifie aux États les anniversaires qu’il se propose de retenir ou d’écarter, et ses raisons. Ils disposent d’un délai de deux mois à l’issue de la session pour reformuler les demandes portant sur les anniversaires écartés. De plus, lors de la période de recours, les États des régions peu ou pas représentées peuvent introduire des nouvelles demandes. Le Conseil exécutif, lors de sa session qui précède l’ouverture des travaux de la Conférence générale, prend une décision sur les nouvelles demandes et les demandes qui ont fait l’objet d’une réclamation. La Conférence générale se prononce ensuite sur la liste adoptée par le Conseil exécutif sur les célébrations auxquelles l’Organisation peut être associée au cours de l’exercice biennal suivant.

           Les États qui mettent en œuvre seuls les célébrations et assument la responsabilité financière et administrative de l’exécution des événements. Toutefois, la résolution 30 C/58 permet à l’UNESCO d’apporter une contribution au titre du Programme de participation, qui reste un dispositif d’exception. Un calendrier d’exécution précis doit être prévu, les coûts estimés, et les financements promis, la création d’un support numérique envisagé. Les États planifient d’avance les principales manifestations et en informent le Secrétariat qui les publie sur le site de l’UNESCO. Pour renforcer leur portée mondiale, les manifestations organisées à plusieurs États sont encouragées. Les États rendent ensuite au Secrétariat un rapport d’évaluation sur les commémorations organisées[2]. Le Secrétariat présente ensuite au Directeur général, avant le 31 janvier suivant, un rapport d’activité de l’ensemble des résultats.

Les anniversaires de l’UNESCO en 2021, un bilan mitigé

     En 2021, 59 anniversaires ont été retenus. Il s’agit de 35 anniversaires répartis dans des pays européens, aucun en Amérique du Nord, 6 dans le groupe « États Arabes », 10 dans les pays d’Asie du Pacifique, 2 dans les pays africains, et 6 dans les pays d’Amérique latine ou des Caraïbes. La répartition géographique est donc encore extrêmement inégale, la révision de 2014 semble avoir peu eu d’effet. Sur ces 59 anniversaires, on trouve 42 hommes, 7 femmes et 10 événements. Là encore, les femmes sont très sous-représentée malgré les recommandations faîtes aux États. Seuls l’Allemagne, la France et la Macédoine ont un représentant de chaque sexe dans leurs anniversaires. Le fait est que nombre d’États, dans leurs propositions, ne présentent que très peut de femmes. La Turquie est assez représentative de cette situation. Pour la session 2020-2021, elle a présenté 39 propositions. 23 d’entre elles concernent des hommes et 5 d’entre elles concernent des femmes, le reste des événements. Sur les 39 propositions, trois ont été retenues. Il s’agit du 750ème anniversaire de la mort de Hacı Bektaş Veli (1209-1271), écrivain, poète, humaniste et philosophe, du 300ème anniversaire de la construction du monument dédié à Bilge Tonyukuk (monument, érigé par Bilge Tonyukuk pendant la deuxième période de l'État de Göktürk, qui fut le premier État turc à porter le nom turc en 720), et du 700e anniversaire de la mort de Yunus Emre, poète et philosophe soufi (1241-1321). A l’occasion de ce dernier anniversaire, le président Recep Tayyip Erdoğan a désigné l’année 2021 comme l’année « Notre Yunus ».


Les anniversaires prévus en 2022-2023, une amélioration insuffisante

           Dans sa lettre aux Ministres, la Directrice générale de l’UNESCO prend en compte ce constat et rappelle que « Chaque Etat membre pourra faire part de deux propositions, dont une devrait être relative à l'égalité des genres ». Pour les anniversaires 2022-2023, les 48 Etats membres avaient jusqu’au 20 décembre dernier pour soumettre leurs demandes. Le Secrétariat en a reçu 77, présentées par 48 États. 60 de ces propositions estimées recevables ont été soumis à la 211e session du Conseil exécutif dans le document 211EX/30, sous réserve que les États concernés présentent les rapports d’activités pour les célébrations organisées pendant les bienniums précédents. Les États souhaitant introduire des recours disposent ensuite de deux mois, jusqu’au 22 juin 2021, pour reformuler leurs propositions non retenues, et informer le Secrétariat des événements majeurs concernant les célébrations des anniversaires en 2020-2021. Les États des régions sous ou non-représentées ont aussi la possibilité d’introduire de nouvelles demandes. De fait, si toutes les régions ont, à cette session, soumis des propositions (6 pour les États arabes, 4 pour l’Amérique latine et les Caraïbes, 4 propositions pour l’Afrique, 11 propositions pour l’Asie et le Pacifique et 52 propositions pour l’Europe) la répartition géographique des anniversaires proposés n’est toujours pas équilibrée et tous les groupes exceptés l’Europe et l’Amérique du Nord peuvent reproposer des anniversaires.  Concernant de l’équilibre des sexes, sur les 77 propositions, 18 concernent des personnalités féminines (et seulement 8 propositions lors de l’exercice précédent). Sur les 60 propositions retenues, 13 propositions ont été reçus par le Comité et figurent dans la liste des anniversaires.

           Pour la session 2022-2023, la France célèbrera le 150ème  anniversaire de la naissance de Thérèse de Lisieux (1873-1897) et le 100e anniversaire de la mort de Gustave Eiffel (1832-1923). La Turquie fêtera, elle, le 600ème anniversaire de la mort de Süleyman Çelebi, philosophe et poète (1351-1422) et le 50ème anniversaire de la mort d’Âşık Veysel, poète et musicien (1894-1973).  


[1] Les États présentent leurs demandes au Directeur général par l’intermédiaire des commissions nationales pour l’UNESCO ou des délégations permanentes ou, à défaut de commission nationale ou délégation permanente, par la voie officielle adéquate.

[2]Qui doivent indiquer les acteurs institutionnels impliqués dans la célébration, les activités menées, l’estimation du nombre de participants, l’impact dans les médias et la contribution de l’anniversaire au programme et aux objectifs de l’UNESCO, y compris le nombre total d’anniversaires promouvant l’égalité des genres, et tout autre résultat mesurable en lien avec la célébration de l’anniversaire.