Utilisateur:Juju2000/Wotan

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Wotan : C'est sans doute le personnage le plus complexe de la tétralogie, le drame s'articule autour de ses actes et n'a lieu que par sa faute originelle. Pour beaucoup c'est le personnage le plus fascinant du Ring car il englobe dans sa personnalité plusieurs personnages et apparait lui-même sous plusieurs avatars. Certaines analyses font de Wotan l’unique personnage du Ring, l’œuvre ne serait qu’une immense métaphore du psychisme de Wotan et tous les personnages des instances de sa personnalité. Wagner déclarait sont attachement à ce personnage qui a failli nommé l’œuvre, le Ring est dit-t-il pour lui « tout ce qu’il est et ressent » ; Wotan serait en réalité Wagner et le metteur en scène Nikolaus Lehnoff place la scène dans le crâne de Wagner.

Wagner mettait en garde contre une interprétation au premier degré qui ne rendrai pas compte aux différents ressorts de sa personnalité. Malgré une analyse accablante la musique lui donne une réelle noblesse. Il apparait plus comme victime de sa corruption que fondamentalement mauvais.

Avant de devenir maître des dieux, il était l'air en tant qu'élément; il vit donc dans les hauteurs du Walhall et est accompagné de tempête, de la foudre et envoie ses corbeaux espionner. Par l’arc en ciel il s’élève et rejoint le Walhall.

Sa personnalité est dominé par l'instabilité et l'insatisfaction permanente, il est nomade dans l'âme, jamais satisfait il parcourt le monde inlassablement. Le manque ressenti par Wotan doit être comblé et il troque sa liberté pour le pouvoir, c'est ainsi qu'il commet la transgression originelle, en quête de domination il abandonne son œil gauche symbole de l'intuition et du sentiment; pour se faire il tarit la source de l'arbre monde et le mutile. Il asservit ainsi les autres éléments comme Loge représentant le feu qui dépend de l'air. Il prend le statut de dieux et devient le maître des dieux. Il est alors déjà aliéné, il aspire toujours à explorer de nouveaux horizons et c'est sous l'impulsion de Fricka et des dieux casaniers moqués par Loge qu'il fait bâtir le Walhall pour assoir sa puissance, il refuse le droit à Fricka de l'y enfermer au grand dépit de celle-ci lassée d'un mari si volage; c'est pourtant pour un pouvoir légaliste fais de conventions qu'il a choisit Fricka pour épouse au détriment de Freia déesse de l'amour. Il ne résidera donc que par intermittence au Walhall préférant mener divers projets sous des avatars. A la fin du drame, il ne voyage plus et reste fixé sur son trône comme l’aurait voulu Fricka, mais sa folie devint lors totale tel que décrit par Waltraute dans le crépuscule des dieux. En abdiquant totalement sa nature il perdra tous pouvoirs et jouissances. En contraste, le dieu encore jeune dans L’or Du Rhin et moins corrompu par un pouvoir encore en devenir ; il y apparait mieux portant et domine Fricka, cette dernière prendra le dessus sur la volonté originelle de Wotan durant la Walkyrie.

Son appétit de pouvoir est à la mesure de son instabilité, c'est un palliatif boulimique à sa dépression constante. Il a donc l'obsession du contrôle absolu, il n'accorde son amour qu'aux êtres s'incarnant dans sa volonté et néglige les autres. C'est ainsi qu'il vend Freia déesse de l'amour et symbole d'une liberté perdue comme il s’est lui-même vendu au pouvoir. Il abandonne Siegmund quand celui-ci ne peut plus accomplir ses plans, rejette sa fille chérie lorsqu'elle prend une initiative indépendante de lui et défie un Siegfried pas assez docile à son gout. Il fuit Fricka mais ne peux l'éliminer, celle-ci étant la gardienne de son pouvoir au sens ou elle incarne les conventions qu'il a lui-même voulu comme source de pouvoir.

Wotan fuit la vérité, se réfugiant dans ses multiples personnalités pour l'interpréter à son profit. C'est ainsi qu'il feint vouloir l'avènement d'Alberich dans la Walkyrie ou d'accepter que léguer son pouvoir dans Siegfried, une manière de garder le contrôle. Il est hypocrite et accepte immédiatement le sophisme de Loge comme quoi voler un voleur n'est pas voler ; il trouve des justifications douteuses pour conserver l'anneau ; Wotan se veut noble mais agit bassement, il prend un plaisir non dissimulé à martyriser Mime.

Malgré son apparat c'est un caractère faible, passant de l'excitation à la dépression profonde. Il agit comme un enfant, incapable d'assumer les conséquences de sa volonté, mais contrairement à Siegfried celle-ci est structurée. Wotan n'aura de cesse de vouloir conjurer sa malédiction originelle dont il ne prend conscience que tardivement entre L'or du Rhin et la Walkyrie, mais en voulant agir il ne fait que l'aggraver; dans la mise en scène de la mutilation de son œil s'aggrave au fur et à mesure du drame. S'il est autoritaire c'est pour masquer sa fragilité, quand sa puissance lui échappe il devient suicidaire. Siegfried brise sa puissance et son image ce qui le plonge dans la folie totale; il voulait pourtant cet avènement de son petit fils mais n'en a pas supporté les conséquences.

La Lance de Wotan : Arrachée à l'arbre monde, il y a gravé les runes de sa loi. Wotan est un légaliste extrême, contrairement à Alberich il ne tire pas son pouvoir de la tyrannie mais de ses propres lois auxquelles il est lui même soumit. Il s'oppose clairement à Donner et Froh en protégeant le contrat sacré; Fasolt et Donner sont pourtant des instances de la volonté de Wotan auxquels il renonce non sans peine, ces deux dieux réduit à des rôles figuratifs illustrent le conflit interne de Wotan. Fricka est la gardienne de la lance car en prônant le respect des conventions et la froide analyse, elle a une pensée juridique. Dans cette logique Fricka recadre souvent Wotan qui n'est pas adapté à ce rigorisme; Wotan le lui dit en voulant faire de Siegmund une exception à ses lois "Tes facultés n'embrassent, des choses, que leurs habituels rapports, tandis que ma raison cherche un ordre inconnu". Toute sa problématique découle de son devoir de respect de ses lois, sans quoi il perdra sa puissance; en pleine dépression au deuxième acte de la Walkyrie, il note lui même qu'il est ainsi le moins libre de tous. Détestant le pouvoir de la lance qui l'entrave, il tue Hunding fidèle appliquant de son pouvoir. La lance tue Siegmund formaté par le dieu, mais s'avère impuissante contre Siegfried, un être véritablement libre ignorant les lois de Wotan. Quand Siegfried brise la lance de Wotan il se fait révolutionnaire; pour Wagner, Wotan est le représentant de l'ordre ancien vaincu par la liberté et la quête d'amour de Siegfried.

L'analogie Wotan-Alberich : Ils ont tous deux en communs le même acte, négliger l'amour pour le pouvoir. Le pouvoir d'Alberich est celui de l'argent, celui de Wotan le politique. Mais Wotan à la différence d'Alberich n'a jamais voulu en payer le prix et refuse les conséquences, il n'aura de cesse de vouloir réparer sa mutilation. Wotan rejette son ombre noir Alberich mais agit comme lui, le thème musical du Walhall est par ailleurs issu de celui de l'anneau. Par ailleurs il ne réussit pas à lui vouer un véritable combat. Dans l'or du Rhin il lui rend la liberté dès ses besoins satisfaits, dans Siegfried il discute paisiblement avec lui. Il ne nomme lui-même "Alberich de lumière" au premier acte de Siegfried.

Le non-renoncement à l'amour : Il n'aura de cesse de fuir celui qu'il est devenu en se travestissant sous des avatars. En tant que Walse il a élevé montré un amour bien réel pour ses enfants qu'il condamne en tant que Wotan avant de les pleurer au cour d'une dernière étreinte à Siegmund en Walse. En tant Wanderer il recherche la sagesse avec moins de résultats, ne l'aillant jamais possédé, c'est un être de passions symbolisés par son tonnerre et l'arc en ciel. De plus il se montre réellement préoccupé par le cas de Freia, déesse de l'amour qu'il a vendu sous la promesse d'une ruse de Loge, ce fait ramène à son incapacité à assumer les conséquences de ses actes.

Ses avatars de Walse et du Wanderer : Sous ces deux formes il fuit le pouvoir qu'il a lui même voulu, Fricka ne manque pas de lui faire remarquer ce manque à ses obligations. En faisant l'éducation de Siegmund il rejette ses propres lois et conventions; il se lie sous cette forme à une humaine anonyme pour échapper à l'emprise de la déesse Fricka. En tant que Wanderer il voyage sans cesse et fais à ses dires preuves d'humilité en bénéficiant de la modeste hospitalité de ses sujets. En Wanderer, il ne commande plus mais observe le fait que ses lois soient dépassées.

La prise de conscience : Entre L'or du Rhin et la Walkyrie Wotan affirme à Brünnhilde avoir perdu son insouciance. Pour échapper aux charges du pouvoir il se ressource via un retour à la terre symbolisé par l'élément Erda ; cet acte est un retour à la nature face aux contraintes d‘un monde juridique négligeant le droit naturel. Il s'accouple avec elle, peut être la viole-t-il, afin de donner naissance à Brünnhilde qui hérite de l'intuition et de la sagesse de sa mère et de l’indépendance et de la grandeur de Wotan. Contrairement à son père, elle n'est pas aliénée dans sa capacité à aimer.

La père des combats "Walvater" : Pour contrer l'armée d'esclaves d'Alberich, Wotan forme une armée de héros aux Walhall, ceux-ci n'en demeurent pas moins pré-formatés par Wotan et ce dernier s'inquiète de les voir tomber face à une armée fascinée par le pouvoir de l'argent; la croyance des hommes dans les lois de Wotan est donc affaibli. Pour exciter et récolter ces guerriers, Wotan engendre des vierges guerrières : Les Walkyries. Au nombre de neufs, on ne sait si elles sont sœur ou demi-sœurs. Elles sont soumises aveuglément à la volonté de Wotan et ne vivent que pour lui, sa favorite Brünnhilde est qualifié par Wotan d'incarnation de sa volonté. Les Walkyries sont affranchies de l'influence de Fricka, ce que cette dernière reproche à son mari, elles sont le pendant de Walse s'élevant contre l'ordre de Wotan. Wotan-Walvater est encore un autre avatar de Wotan par lequel il s'affranchit, il est capable d'amour pour ses Walkyries et particulièrement Brünnhilde, on peut le qualifier d’amour narcissique. L'irruption de Fricka lors de la Walkyrie réveil son instabilité et sa schizophrénie. La supplication des Walkyries devant Wotan pour sauver leur sœur nous apprend que Wotan subit sur ce point un violent conflit interne. Redevenu le maître des dieux, les Walkyries ne reconnaissent plus la volonté du maître des combats et le supplient de revenir sur sa décision, elle représente l'amour encore constituant de Wotan mais celui-ci sera violemment réprimé, comme les Walkyries. La mise en sommeil de Brünnhilde symbolise le refoulement d’une instance de la personnalité de Wotan, son réveil n’en sera que plus brutal. Suivant cet événement il abandonne totalement cet avatar et les Walkyries errent au Walhall comme expliqué par Waltraute.

Un père tyrannique : Wotan, personnage narcissique et dominateur a le profil type du père narcissique. Il rejette son fils Siegmund quand celui-ci échoue dans les plans qu’il lui a assigné. Sieglinde est délibérément donné à Hunding, un autre patriarche ou elle est asservit à l’homme. Brünnhilde prend la place de Fricka et il l’aime réellement, mais le père ne supporte pas que sa fille grandisse et se démarque de lui ; quand celle-ci s’oppose à sa volonté il l’a rejette et lui inflige une punition sexuelle, être violé et soumise au premier homme venu, la cadenassant ainsi à reproduire le schémas patriarcal. Celle-ci devra user de tous ses charmes pour adoucir sa punition mais leur lien privilégié sera définitivement rompu. Il voudra léguer son pouvoir à sa descendance en la personne de Siegfried, mais il ne supportera pas que ce dernier soit différent de lui.

La névrose : Face à sa corruption il recourait à des avatars pour continuer à perpétuer sa nature profonde. Wälse échoue, Valvater est brisé par Fricka et Wanderer perd son sens après son échec avec Siegfried. Brünnhilde était une instance de sa personnalité servile, mais quand celle-ci s’oppose au maître des dieux elle devient active et divergente. Siegfried, l’homme libre souhaité par Wotan s’avère aux antipodes des nécessités d’un pouvoir légaliste. Fricka qui représente la corruption de Wotan et le péché originelle de celui-ci prend le dessus sur sa volonté. On le voit donc, toutes les composantes de la personnalités de Wotan se révèlent contradictoire et s’oppose de plus en plus violement. Quand la volonté de liberté de Wotan symbolisé par l’épée brise sa volonté de pouvoir incarné par la lance, Wotan qui n’a pas su faire la synthèse de ses désirs perd toutes raisons d’être. Il sombre dans une névrose de mort ; il perd l’usage de la parole, n’agit plus en rien et attend patiemment sa fin. Waltraute nous apprend qu’une dernière lueur luit au fond de ses yeux, c’est l’amour qui subsiste au fin fond du personnage ; l’amour ne peut jamais être détruit.

L’œil mutilé : Malgré des allusion fréquente, c’est un des aspect les plus obscur de l’œuvre, Siegfried s’amuse de l’explication de Wotan « Hahaha, tu me fais bien rire », symbole que sa perte découle d’un raisonnement du passé. Wotan vend son âme en échange de la conquête des runes qu’il grave sur sa lance, c’est la conquête de son pouvoir. Aillant acquis le pouvoir il peut s’allier au clan des dieux en prenant Fricka pour épouse, pourtant son pouvoir est fondé sur l’abdication du divin pour des lois bien réelles. Wotan rappelle à son épouse que c’est pour la conquérir qu’il a consenti à cette perte. La perte de l’œil est une métaphore, pour s’être trop rapproché de son objectif il s’y crève l’œil. L’œil peut être vu comme le prix à payer pour s’approprié une connaissance, cela nécessite de faire abstraction d’autres savoirs en recourant à une vision partielle. Cette perte est signe de force et de virilité comme le sont les cicatrices, mais il révèle également une fragilité. L’œil manquant était celui du sentiment et de l’intuition abdiqué pour la froide raison de Fricka d’où découle le pouvoir légaliste de la lance. Wotan déclare à Siegfried que l’œil qui lui manque est celui par lequel celui-ci le voit, en effet ce dernier est affranchi des lourdes lois de Wotan, il ne les comprends pas et en brisera le symbole sans même sans rendre compte. Pour Siegfried, quelqu'un lassé du « phraseur » Wotan à dut le lui crever et il menace de faire de même pour son dernier œil. En marchandant une partie de lui, Wotan risque donc de tout perdre. En mettant en gage son œil pour le pouvoir, qui est par nature éphémère, Wotan perd son immortalité. Pour conjurer ce fait il consomme les pommes d’or de Freia, mais assoiffé de pouvoir il met également celle-ci en gage pour un pouvoir matériel. Bien qu’il récupère celle-ci via un subterfuge, Wotan ne pouvant se résoudre à en payer le prix ; il est poussé par la pulsion de mort et cessera de consommer les pommes de Freia ; il vieillira tout au long des journées conformément aux instructions scéniques de Wagner. C’est pourtant pour ne pas perdre l’immortalité qu’il récupère Freia à grande peine, au détriment du pouvoir de l’anneau ; cela montre qu’il n’a pas abdiqué sa prétention au pouvoir de l’argent rejoignant Albérich.