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Utilisateur:Jacques Paradoms/Bac à sable

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Ici, je fais n'importe quoi

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Il est permis de se demander s’il existe une littérature belge. L’ensemble des œuvres rassemblées sous cette appellation possède-t-il une cohérence et une autonomie suffisantes pour former un ensemble littéraire comme les littératures française, russe ou espagnole ? Dans l’affirmative, il faudrait encore en dresser les limites historiques, géographiques et démographiques.

Il faut rappeler que la Belgique est un État jeune, né de la révolution de 1830 visant à libérer du royaume des Pays-Bas auquel son territoire avait été rattaché après les guerres napoléoniennes. Malgré une historiographie nationale soucieuse d’ancrer l’existence de cet État dans un passé lointain, il reste le sentiment que la Belgique reste une construction politique contingente rassemblant des entités régionales qui ont pu avoir, à certains moments, une histoire commune, mais qui s’intégraient aussi dans des sphères d’influences différentes : Saint Empire germanique, royaume de France, États de Bourgogne, la dynastie des Habsbourg, l’Espagne, les Pays-Bas autrichiens, la France révolutionnaire et napoléonienne et, enfin, la famille d’Orange. Cette histoire complexe a finalement engendré une entité politique dont on peut se demander en quoi elle confère à la littérature produite sur son territoire une existence propre et indépendante.

Il faut aussi souligner que la Belgique se compose de deux communautés linguistiques principales : francophone et néerlandophone, auxquelles s’ajoute une petite communauté germanophone, dans l’Est. Ajoutons que, si les deux grandes régions sont désormais unilingues depuis […] le français a longtemps été la seule langue officielle, pratiquée par la bourgeoisie transrégionale qui dominait le pays. C’est pourquoi la littérature belge du XIXe siècle compte parmi ses plus brillants représentants une majorité d’auteurs flamands francophones (George Eeckhoud, Maurice Maeterlinck, Émile Verhaeren, Charles Van Lerberghe, …), alors qu’au XXe siècle, chaque région linguistique développe sa propre littérature. Faut-il dès lors considérer qu’il existe une littérature nationale, déclinée en deux langues, ou deux littératures distinctes [a 1].

La Belgique ne connut pas de véritable activité littéraire avant 1880. Ceci est dû au manque d’opportunité des élites qui devaient organiser le pays, et la dualité de la population et de la langue.

Avant l’indépendance, l’Observateur belge constate, en 1818, que « nous n’avons pas de littérature »[a 2]. À partir de 1830, le nouvel État doit s’organiser, se défendre, s’imposer à l’Europe, régler ses finances, préparer son essor industriel et commercial. Ces tâches accaparent l’élite politique encore seule participante à la vie intellectuelle . En outre, depuis le romantisme, un ensemble littéraire se conçoit dans la convergence idéale établie entre 3 ordres de réalités : nation, langue et littérature. Or, la Belgique est née à la suite des remembrements de l’espace européen consécutif aux guerres napoléoniennes, et son indépendance littéraire a pour principaux obstacles sont exiguïté territoriale et ses divisions linguistiques auxquelles s’ajoutent l’absence aussi bien de langue propre que de langue commune à toutes les provinces[a 3].

Si la possibilité de s’exprimer dans une langue internationale, le français, permet de s’adresser à un grand nombre de lecteurs sans passer par la traduction, elle oblige les auteurs nationaux à entrer en concurrence avec les écrivains de France. À cette époque, la contrefaçon répandue dans toute l'Europe, envahit le marché belge. Le public, qui a ainsi un accès facile aux grands noms du romantisme, ne s'intéresse pas aux Belges inconnus souvent à leurs premières armes[a 4].

Cependant, dans cet État créé au profit de la fraction supérieure des classes moyennes : professions libérales, magistratures, cadres – mais que le structures du royaume des Pays-Bas avaient exclues du pouvoir, ces couches sociales émergentes s'expriment dans une série de revues pas exclusivement littéraires mais qui portent aux lettres une importance soutenue : Recueil encyclopédique belge (1833-1834), L'Artiste (1833-1837), La Revue belge (1835-1843), La Belgique littéraire et industrielle (1837), La Revue de Bruxelles (1837-1850), Revue Nationale de Belgique (1839-1850)[a 5]. Deux thèmes émergent de leur discours : la place de la littérature dans le tissus social et « l'âme belge ». La littérature n'est pas considérée comme une activité autonome, ni comme même un développement intellectuel, mais comme une composante indispensable des caractéristiques d'un État moderne.

La littérature [...] ne tardera pas à se placer au même rang que l'agriculture, l'industrie, le commerce, [...] (Édouard Ducpétiaux 1836 cité par BERTRAND)[a 6].

À partir de 1880

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Notes et références

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BERTRAND, Jean-Pierre, Histoire de la littérature belge francophone : 1830-2000, Paris,, Fayard, 2003

  1. BERTRAND, Jean-Pierre, op. cit., pp. 7-9.
  2. BERTRAND, Jean-Pierre, op. cit., p. 26.
  3. BERTRAND, Jean-Pierre, op. cit., p. 25.
  4. BERTRAND, Jean-Pierre, op. cit., p. 29.
  5. BERTRAND, Jean-Pierre, op. cit., pp. 45-46.
  6. BERTRAND, Jean-Pierre, op. cit., p. 46.

Bibliographie :

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  • Histoire de la littérature belge francophone : 1830-2000/Ouvrage dirigé par Jean-Pierre Bertrand et al. Fayard 2003

Articles connexes :

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